Etre en sixième année était une véritable délivrance pour la Gryffondor qui se sentait nettement plus épanouie à l’intérieur du château maintenant qu’elle avait la possibilité de ne plus pratiquer la magie ou quasiment et donc de ne plus être le sujet principal des moqueries de ses petits camarades. Au départ, elle s’était montrée méfiante, comme à son habitude, d’ailleurs, craignant un retour de bâtons, elle n’était tellement pas habituée à être heureuse lorsqu’elle était à Poudlard que son bonheur actuel l’effrayait presque. Certes, la vie n’était pas toute rose pour la demoiselle qui avait déjà dû faire face à l’échec de sa relation avec Jesse et à une accumulation de devoir impressionnante mais au niveau scolaire, les choses s’arrangeaient et c’était le principal. Elle aimait toujours aussi peu se trouver au milieu d’une foule et craignait sans arrêt un mouvement de trop de la part de ses camarades, mais elle restait déterminée à comprendre ce qui lui arrivait et à tâcher de le maitriser. Bien sûr, elle n’était pas encore assez assurée pour se permettre de parler de son problème à qui voulait bien l’entendre, il restait un secret qu’elle voulait conserver à tout prix et qui continuait à lui peser au quotidien mais la rouge et or devait bien reconnaitre que la situation connaissait sa première vraie amélioration depuis qu’elle était arrivée à l’école. Elle n’avait donc aucunement honte de se raccrocher à ce maigre espoir pour continuer à avancer.

Malheureusement, ce n’était pas parce qu’elle continuait ses recherches concernant sa particularité qu’elle pouvait se permettre de négliger ses études, aussi continuait-elle à travailler régulièrement pour conserver un niveau correct. Avec l’absence du côté pratique de la magie, la rouge et or voyait ses notes monter en flèche ce qui lui permettait d’acquérir une confiance en elle qu’elle n’avait jamais eu auparavant. Sa manière de travailler s’en ressentait et les commentaires de ses enseignants montraient bien qu’ils s’en étaient rendu compte. Toutefois, Marlow restait une jeune fille relativement effacée en classe, elle n’avait pas pour habitude de lever la main et s’enfermait bien souvent dans son dortoir pour bosser dès la fin des cours. Depuis la rentrée, elle se faisait tout de même violence et s’obligeait à aller travailler un soir par semaine à la bibliothèque afin de se sociabiliser un peu. Elle en avait assez d’être la petite ermite transparente que personne ne voyait jamais et bien qu’elle soit obligée de prendre sur elle pour réussir à ne pas paniquer dans cet endroit où les mains se frôlaient inévitablement d’une table à l’autre, elle commençait progressivement à s’y faire. Bien sûr, la rouge et or n’était pas stupide et prenait toujours bien soin de choisir un soir idéal pour éviter trop de monde, mais c’était tout de même un pas en avant non négligeable.

C’est donc pour cette raison qu’elle se retrouvait en train de parcourir les rayons à la recherche d’un livre d’histoire utile pour son prochain exposé, un vendredi soir alors que la plupart des élèves fêtaient entre amis la fin d’une semaine aussi chargée que productive. Les trois élèves restants à la bibliothèque suffisaient pour qu’elle ait l’impression de voir du monde et avaient au moins l’avantage de lui éviter des crises de panique inutile. Ses affaires se trouvaient à une table isolée et loin des lieux de passages habituels de ses camarades. A force, elle commençait à connaitre par cœur l’agencement de la pièce et savait où elle devait se trouver pour ne pas se retrouver dans une situation déplaisante. Mais alors qu’elle tournait à l’angle d’un rayon pour continuer à suivre l’alphabet pour tomber au rayon « histoire », elle aperçut un jeune homme qu’elle n’avait pas vu depuis un bout de temps maintenant et qu’elle avait l’impression de connaitre sans trop connaitre finalement. Etaient-ils toujours en froid ? La jeune fille n’en savait rien mais les battements de son cœur allaient de pair avec son incertitude. Devait-elle l’aborder ou l’ignorer ? De toute façon, elle était obligée de passer à côté de lui pour avoir son livre. Il ne semblait pas l’avoir vue, trop absorbé dans ses recherches, probablement, ou peut-être dans ses pensées. Marlow hésita puis finit par prendre son courage à deux mains, elle avait placé tellement d’espoirs en lui, elle ne pouvait pas se permettre de renoncer aussi facilement.

« Salut… » Tenta-t-elle de prononcer de manière distincte alors qu’elle arrivait à sa hauteur. « Je ne voudrais pas te déranger, mais… Je voulais te dire que je suis désolée de la manière dont ça s’est passé entre nous, je ne voulais pas te mettre dans une situation inconfortable, j’ai fait ce que je croyais être le mieux et j’aurais sûrement dû te demander ton avis avant. »

En soit, elle le lui avait demandé cet avis, elle avait même hésité longuement avant de divulguer à Avril le secret qu’elle avait tenté de garder si longtemps, mais Marlow avait eu la nette impression qu’elle avait fait le bon choix et maintenant qu’elle avait appris par les journaux qu’une petite équipe de sauvetage avait été à l’origine du retour de la directrice, elle était de plus en plus persuadée d’avoir fait le bon choix. Toutefois, elle avait également conscience qu’elle devait des excuses à Absolem. Elle avait découvert le don de voyance du jeune homme complètement par hasard et aurait dû tenter de le protéger coûte que coûte. Au lieu de ça, elle l’avait balancé sans trop de scrupules, certes, pour une cause qu’elle croyait juste mais cette décision ne lui appartenait pas et elle en avait pleinement conscience. Malgré elle, la rouge et or avait donc forcé son camarade à affronter ses peurs, elle savait pertinemment qu’il n’était pas à l’aise avec ça et cette épreuve avait dû être douloureuse pour lui. Il la détestait maintenant, très probablement, et le silence radio dont il l’avait gratifié depuis sa dernière lettre voulait tout dire. Toutefois, Marlow gardait tout de même un faible espoir, les choses n’étaient pas bien parties, mais ils étaient unis par ce lien, ils étaient hors normes tous les deux et elle croyait encore que ça pourrait les rapprocher.

« Ce que tu as accompli est incroyable. » Ajouta-t-elle avec sincérité. « Je n’en aurais pas été capable à ta place. »

Ce n’était que pure vérité et elle ne tentait pas de le brosser dans le sens du poil pour qu’il aille dans son sens, loin de là, Marlow avait simplement tendance à penser que la sincérité serait ce qui leur permettrait de repartir sur de nouvelles bases bien plus solides que les précédentes. Mais seul le jeune homme pouvait leur permettre d’agir de la sorte, tout dépendrait de la rancune qu’il conservait toujours à son égard et elle était bien incapable de lire sur son visage ce qu’il pensait d’elle à l’heure actuelle.

Des cours, des cours et encore des cours. Sa vie se résumait à ça c'est dernier temps. S'il n'était pas en cours, il faisait une ronde et s'il ne faisait pas de ronde, il révisait, travaillait ou aidait des premières années perdus. Absolem n'éprouvait aucune joie particulière à être préfet. Il ignorait pourquoi on l'avait nommé à ce poste l'an dernier mais il savait une chose, on restait préfet jusqu'à son départ sauf si vraiment on faisait du mauvais boulot. Absolem n'avait pas l'impression d'être au top, mais au moins il faisait le minimum pour réaliser son taff. Peut-être que leur directrice a voulu faire un geste en lui laissant son grade cette année ? Pour avoir participé à son sauvetage ? Peut-être, ce n'était pas une hypothèse a exclure en tout cas. Peut-être aussi Yasha avait raison en prétendant qu'il se diminuait tout le temps, ça aussi c'était une possibilité. Ce qui était certains en tout cas, c'était qu'il ne serait pas élu Préfet de l'année.

Installé à la bibliothèque, Absolem bossait un devoir. Il n'avait aucune envie d'être là mais il n'avait pas franchement le choix. Ses notes n'étaient pas vraiment au beau fixe et s'il continuait à glander comme il le faisait si bien, il allait planter son année et autant les autres années, il s'en foutait autant aujourd'hui, ce n'était plus le cas. Il lui restait un peu moins de 2 ans avant de partir d'ici mais surtout de rejoindre peut-être Yasha à Londres. Il ne savait pas encore s'il irait à la fac, mais il savait que si sa relation avec Yasha évoluait comme elle avait l'air de le faire depuis quelques temps, il n'aurait qu'une seule envie, repartir sur Londres. Evidemment, il ne perdait pas de vue l'idée de sortir sa mère de l'asile où elle était internée. Il pourrait la ramener à Londres avec lui, il trouverait un petit appart' pour eux deux et il s'occuperait d'elle. Evidemment ce n'était pas une vie rêvée, mais il ne pouvait pas non plus se résoudre à l'abandonner pour les beaux yeux d'une fille. Il pourrait travailler à côté, rompre le contact avec sa famille et oublier qu'il a vécu l'enfer dans cette ville. Evidemment, il resterait toujours en contact avec Cathy, c'était après tout sa petite soeur ou la seule qu'il considère comme telle. Il verrait toujours Sunny, Ceyan et Asling et pourrait enfin vivre la vie dont il a toujours rêvé. Evidemment, ça, c'était le programme si Yasha & lui finissaient ensemble, seulement la vie leur a déjà démontré qu'entre eux, tout était de l'ordre du possible et peut-être que dans 2 ans, ils ne pourront plus se voir en peinture. Peut-être qu'il sera avec une autre, une dont il aurait jamais imaginé être - et dieu sait qu'il y en avait beaucoup dans ce cas là.

Pour l'heure, pas de Yasha dans ses pensées, pas d'hypothèses tordues sur sa vie future, rien, juste son devoir. Le jeune homme se leva pour aller chercher un ouvrage qui normalement devrait l'aider à avancer un peu. Il était plongé dans ses pensées, se demandant s'il allait pouvoir s'en sortir, s'il allait pouvoir être sérieux jusqu'au bout et si non, combien de temps encore lui restait-il avant d'abandonner sa bonne volonté pour partir rejoindre Ceyan. Son meilleur ami n'était pas le gars le plus sérieux de l'école, ce qui n'aidait pas certes, mais qui plaisait beaucoup au jeune Moriarty. Absolem n'entendit pas Marlow arrivait, il fut donc un peu surpris de la voir à sa gauche. Elle le salua, puis commença un long monologue, pour s'excuser, essentiellement. Cela faisait un moment que le jeune homme n'avait pas eu des nouvelles de Marlow. A son dernier souvenir, elle lui avait écrit une lettre pour lui annoncer qu'elle avait balancé à une autre personne son secret, bafouant ainsi sa promesse de tenir sa langue et ce fut une traitrise qui fut difficile à oublier pour le jeune homme, même encore aujourd'hui. Lui en voulait-il vraiment ? Au fond de lui, non. Elle avait agis pour le bien de tous, sans forcément penser à mal. Mais voilà, ça ne changeait pas le fait qu'elle l'avait trahi en donnant son nom et même si Astride, Avril, Yasha et Zora étaient dignes de confiance, ça ne changeait pas le fait qu'elles n'auraient jamais dû savoir. Absolem ne sut pas trop quoi dire, il garda donc le silence. Il ne savait pas trop quoi lui répondre et il ignorait si en lui répondant sa voix resterait calme ou s'il allait s'emporter de nouveau. C'était du passé, il n'avait pas repensé à cet épisode de sa vie depuis quelques temps maintenant. Grâce à cette révélation, les choses s'étaient arrangées avec Yasha, elle était celle qui en savait le plus sur lui. Certes, il vivait toujours avec la hantise d'avoir des visions, mais depuis cet été, il arrivait plus ou moins bien à les contrôler. Evidemment, ce n'était pas aussi facile et il arrivait encore aujourd'hui à avoir des visions quand il ne le voulait pas, mais il y travaillait dessus et espérait que ça finirait par être totalement gérable.

"Je n'ai pas fais grand chose, j'ai juste réussi à localiser le lieu où on la retenait..."

Finit-il néanmoins par répondre d'une petite voix, se tournant de l'autre côté pour vérifier que personne ne l'avait entendu. Il ne voulait pas que d'autres connaissent son don. Il le dirait à Ceyan et Asling en temps voulu mais en dehors d'eux, il ne voulait pas que les autres le sachent. Evidemment, il y aurait aussi Sunny a informer, mais ça, c'était certainement le plus facile car Sunny était vraiment une nana cool avec qui il s'était tout de suite bien entendu - un peu malgré lui d'ailleurs. Elle était celle qu'il avait le plus rejeté et pourtant c'était avec celle qu'il avait le plus d'affinité. Absolem savait qu'il n'en voulait pas à Marlow, il avait même eu envie de lui écrire durant les vacances, mais il n'avait pas eu le temps, puis avait oublié. Volontairement ? Peut-être ...

"Ecoute je ..." Les mots avaient dû mal à sortir, c'était tout de même un monde de ne pas être capable d'avouer à une personne qu'on ne lui en voulait pas ... "J't'en veux pas ... même si ... j'aurais préféré en effet que tu m'en parles avant."

"Je n'ai pas fait grand-chose, j'ai juste réussi à localiser le lieu où on la retenait..."

Elle ne trouvait pas étonnant que le jeune homme se dévalorise de la sorte. Elle ne le connaissait pas très bien mais ce qu’elle avait appris sur lui était suffisant pour qu’elle arrive à peu près à le cerner de ce côté-là. Il était plutôt discret et semblait aimer pouvoir se noyer dans la masse et ne pas se faire remarquer. Alors forcément, avoir été à l’origine d’un sauvetage d’une telle ampleur et devoir répondre aux questions des autres élèves devait être vraiment difficile à assumer pour lui. En même temps, Marlow ne pouvait que le comprendre, c’était comme si son don avait soudainement été mis sur la sellette. Le Poufsouffle avait plutôt bien géré les retombées que ça aurait pu avoir sur son quotidien, enfin il avait l’air. La rouge et or avait rêvé de pouvoir de nouveau l’aborder et lui présenter ses excuses mais elle n’avait pas osé de peur de se faire envoyer sur les roses. Tout était de sa faute finalement et la Gryffondor s’en voulait terriblement pour ça. Elle ne lui avait même pas laissé le choix en fin de compte alors que quelques jours auparavant il lui avait dit qu’il souhaitait avant tout rester en dehors de tout ça et oublier que son don avait existé. Marlow n’avait pas respecté ça et elle savait qu’elle aurait été dans une colère noire si quelqu’un lui avait fait ça, elle n’avait plus qu’à se mettre à genoux et implorer pardon pour ce qu’elle avait fait, mais elle doutait même que ça puisse suffire.

« Arrête… Toi et moi, nous savons que ce genre de chose demande un énorme effort et une concentration de tous les instants. Si tu détestes tes visions autant que je hais les miennes, je sais que ça a dû être un véritable calvaire et c’est vraiment fabuleux. » Reprit-elle totalement convaincue par ce qu’elle disait. « Et puis franchement, si tu n’avais pas été là, qui aurait pu jouer ce rôle à ta place ? Personne ne possède un tel don à part toi, Absolem, tu ne devrais pas minimiser ton acte, il a été courageux et essentiel. J’ai lu un peu les journaux… »

Marlow était tout simplement sincère, elle savait ce que ça représentait pour lui parce qu’elle vivait avec la même chose depuis de nombreuses années maintenant sans parvenir à s’en défaire. Peut-être avait-elle totalement tort mais très sincèrement, elle en doutait. Chaque vision était pour elle un supplice et si Absolem avait voulu occulter son don pendant si longtemps, c’était probablement pour une excellente raison que la jeune fille ne pouvait que comprendre. Alors oui, ce qu’il avait fait était vraiment courageux et surtout vraiment positif pour lui personnellement. Elle n’allait pas le laisser minimiser son acte, ça non. Toutefois, elle se sentait tout de même obligée d’expliquer ses connaissances sur ce qu’il s’était passé. En effet, les informations qui avaient été divulguées aux élèves avaient été relativement légères, sûrement pour ne pas inquiéter les étudiants héros de ce sauvetage, mais en sachant pertinemment de quoi était capable le Poufsouffle, Marlow avait pu lire entre les lignes et découvrir qu’il était à l’origine de toute l’opération ou presque puisque c’était vraisemblablement lui qui avait pu localiser précisément l’emplacement de la directrice. Ce n’était que pure déduction de sa part, mais la rouge et or avait également envie de lui montrer qu’elle ne s’était pas du tout désintéresser de son cas, bien au contraire, elle l’avait suivi de loin, espérant pouvoir se faire pardonner.

"Ecoute je… J't'en veux pas ... même si ... j'aurais préféré en effet que tu m'en parles avant."

Ces paroles bien qu’hésitantes avaient été un véritable soulagement pour Marlow. Elle avait surtout cru qu’il allait lui hurler dessus de toutes ses forces, choisissant délibérément d’exposer sa haine et sa fureur aux yeux de tous. Au lieu de ça, le jeune homme semblait calme et posé, rien à voir avec celui qu’elle avait rencontré dans le hall d’entrée quelques mois auparavant. Peut-être que cette expérience aussi douloureuse soit-elle avait pu lui ouvrir un peu les yeux et lui apprendre à relativiser ? Lorsque Marlow avait découvert le don du Poufsouffle, elle avait eu l’impression d’être un véritable monstre, il avait clairement été très désagréable avec elle, se montrant tout simplement incapable de comprendre qu’elle ne l’ait pas fait exprès ni même qu’elle ne puisse lui vouloir aucun mal. D’un autre côté, la rouge et or avait eu envie de lui crever les yeux en l’entendant parler d’elle de cette façon et en voyant qu’il était tellement buté qu’il était incapable de comprendre ce qu’elle pouvait bien ressentir. Cependant, ça ne l’avait pas empêché de placer de vrais espoirs en lui et encore aujourd’hui ils n’avaient pas faiblis et elle voulait le lui faire savoir.

« Je sais, j’ai carrément pas géré… » Répondit la rouge et or, penaude. « J’ai été paniquée, Avril a commencé par me demander mon aide dans un premier temps, mais je ne pouvais rien faire pour elle, moi, je ne maitrise rien, et surtout je ne peux rien voir avec objets, il aurait fallu que je touche la directrice pour que ça ait une utilité, bref ridicule… Sauf que ça avait l’air tellement important et pressant que j’ai pensé que ça serait la bonne solution. J’ai eu tort, je m’en excuse encore. Je suis vraiment heureuse que tu ne m’en veuilles pas, tu sais, c’est la première fois que je rencontre quelqu’un un peu comme moi, alors je sais que tu voudrais oublier ce que tu es, mais si tu avais envie d’en parler, je suis là. »

Elle n’avait aucune excuse, vraiment aucune mais il lui paraissait tellement important de se justifier qu’elle le faisait quand même. La jeune fille d’ordinaire discrète et très réservée parlait beaucoup plus qu’elle en avait l’habitude et n’arrivait pas à être elle-même surprise par sa soudaine éloquence. Tout ce qui lui importait était de convaincre Absolem et de repartir sur des bases certes fragiles mais nettement plus positives.

Absolem ne savait pas si Marlow était comme ça qu'avec lui ou si elle avait changé durant les vacances mais en tout cas elle était bien loin du souvenir qu'il avait d'elle. C'était une jeune fille discrète, timide, pas forcément asociale mais loin d'être la plus populaire de l'école. Si ses souvenirs étaient bons, elle était proche de Siobhan, une autre lionne qui était en train de faire tourner la tête de son meilleur pote Ceyan. Il n'avait pas le souvenir de l'avoir beaucoup entendu, sauf lors de leur dernière entre-vue où elle avait découvert son don. Il fallait croire qu'elle se sentait à l'aise avec le jeune Moriarty, sans que ce dernier sache réellement pourquoi. Après peut-être se faisait-il des idées, c'était également de l'ordre du possible. Marlow avait l'air bien décidé de parler de son don, ce qui dérangea beaucoup le jeune homme qui n'avait aucune envie d'en parler, ni avec elle, ni avec personne et certainement pas au milieu de la bibliothèque. Mal à l'aise, le jeune Moriarty se tourna un peu dans tous les sens pour vérifier que personne ne pouvait les entendre, ce serait le comble si la fuite venait de nouveau de Marlow.

"On est vraiment obligé d'en parler ici ?"

Finit-il par demander. Marlow pouvait voir que le jeune homme n'était pas du tout à l'aise avec cette histoire. D'une part, il n'avait aucune envie de parler de son don, ni de la façon dont les filles du groupe de sauvetage l'avaient appris. Et d'autre part, il ne voulait pas que par accident, les autres élèves de Poudlard apprennent pour lui. On lui avait promis que son nom ne serait pas divulgué et qu'on ne parlerait pas de la façon dont ils avaient découvert l'endroit où était faite prisonnière leur directrice. Il était hors de question que le monde entier sache qu'Absolem Moriarty avait un don de voyance et qu'il arrivait suffisamment à le maitriser pour choisir quand il voulait avoir ses visions. Ce fut un exercice extrêmement éprouvant et difficile, il s'était certes entrainé durant les vacances mais avec moins d'acharnement. Aujourd'hui, il savait qu'avec de la patience, du calme et une certaine maitrise de ses émotions il pouvait parvenir à provoquer ses visions, mais ça lui demanderait toujours autant d'énergie, voir plus, que lors de l'événement de la plage. Baissant la voix, il reprit.

"Les journaux n'ont pas dévoilé mon nom et j'aimerais que ça continue comme ça. Je n'ai aucune envie que les autres connaissent mon secret. Et là où toi tu vois du courage moi je vois juste une sorte d'obligation de faire quelque chose. Alors oui, ça m'a demandé beaucoup d'énergie et un énorme effort de concentration mais je pense avoir eu beaucoup de chance de réussir à avoir des visions utiles ..."

Si Marlow, qui elle même avait des visions, trouvait ce qu'il avait fait héroïque, qu'est-ce que ce serait si les autres l'apprenaient ? Absolem était un garçon discret, qui aimait être connu pour ses conneries et ses sautes d'humeur et non sur les choses biens qu'il faisait. Tout le monde rêvait de passer pour un héros, sauf lui. Penser que Marlow le lâcherait avec cette histoire était en tout cas bien naïf. La jeune rouge et or avait réussi à lui mettre la main dessus et maintenant elle ne comptait plus le lâcher. Elle voulait visiblement vider son sac et qu'il le veuille ou non, elle allait lui dire tout ce qu'elle avait sur le coeur. Elle avait l'air de mal vivre le fait qu'elle l'avait trahi, ce qui en soit était une excellente chose, même si il aurait préféré des excuses par lettre, ce serait moins gênant. Elle tenait à lui expliquer comment ça lui était tombée au coin de la gueule et comment elle avait décidé de gérer la situation. Enfin gérer ... balancer son nom à une fille qu'il ne connaissait pas et dont, au point de départ, il ne faisait aucune confiance, c'était vite dit. Certes, Avril c'était avérée être une personne digne de confiance, mais ça aurait pu ne pas être le cas. Marlow était pleine de bonnes volontés, Absolem en était bien conscient mais c'était difficile pour lui de ne pas lui en vouloir un petit peu. Elle l'avait balancé et maintenant elle tenait absolument à s'excuser, sans prendre garde si quelqu'un pouvait les entendre ou non. Qu'on la voit avec elle ne le dérangeait pas en soit, il n'avait rien contre cette fille, mais si son don devait être découvert par sa faute, il valait mieux pour elle qu'elle garde ses distances par la suite si elle ne voulait pas qu'il devienne violent. Toujours mal à l'aise par cette conversation qui était bien trop personnel à son goût, Absolem tritura les dos des ouvrages qui se trouvaient devant lui, comme s'il hésitait sur celui qu'il devait prendre.

"J'aimerais surtout oublier cette histoire ... Ecoutes c'est très gentil de ta part de vouloir faire amende honorable mais je ne pense pas que ce soit vraiment le lieu pour ça."

"On est vraiment obligé d'en parler ici ?"

Un peu rabat-joie le garçon, tout de même, mais elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, Absolem n’avait appris que très récemment que son don était encore là, certes enfoui mais toujours bien réel, ça ne devait pas être tous les jours très facile à gérer et elle était pleine de compassion envers ce garçon. D’autant plus qu’elle ne lui avait pas simplifié la tâche en l’obligeant à mettre quelques personnes dans la confidence contre son gré. Il n’avait pas pu gérer les choses à sa manière et à son rythme, étant précipité malgré lui dans des événements qu’il avait dû avoir un peu de mal à gérer malgré tout. Toutefois, il fallait qu’il se décoince sinon il ne parviendrait pas à encaisser bien longtemps la pression qu’il s’imposait malgré lui. Marlow savait que ce ne serait pas simple et qu’il n’écouterait probablement pas ce qu’elle avait à dire, mais elle trouvait trop bête de s’arrêter en si bon chemin. L’écouterait-il cette fois-là ? La jeune fille n’en était pas convaincue, il allait falloir y aller en douceur.

« Je suis prudente, j’ai bien réussi à garder mon secret toutes ces années, je sais que ça va sûrement te paraitre ridicule mais… Tu peux me faire confiance. »

Pourtant, avec toutes les rumeurs qui courraient à l’intérieur de Poudlard, elle aurait pu se faire démasquer depuis longtemps, d’autant plus que très récemment, un ou une élève de l’école avait jugé bon de viser très juste en disant qu’elle était voyante mais alors qu’elle s’attendait à se retrouver prise pour cible des petits plaisantins qui essaieraient de vérifier la théorie énoncée par de nombreux élèves de l’école, elle n’avait finalement pas subi la moindre agression et l’histoire s’était très vite évanouie dans la nature, comme si elle n’avait jamais existé. Alors oui, de temps en temps, elle avait peur d’être découverte, mais il lui paraissait normal d’avoir envie d’en parler à ses proches parfois et d’essayer de vivre le plus normalement possible même si ce n’était pas toujours évident. Absolem ne semblait pas réaliser qu’elle avait toujours fait preuve d’une extrême vigilance sachant pertinemment la bombe qu’elle tenait entre les mains, mais ça ne lui suffisait visiblement pas.

"Les journaux n'ont pas dévoilé mon nom et j'aimerais que ça continue comme ça. Je n'ai aucune envie que les autres connaissent mon secret. Et là où toi tu vois du courage moi je vois juste une sorte d'obligation de faire quelque chose. Alors oui, ça m'a demandé beaucoup d'énergie et un énorme effort de concentration mais je pense avoir eu beaucoup de chance de réussir à avoir des visions utiles ..."

Elle voulait bien croire qu’il souhaitait conserver son anonymat, elle aurait voulu exactement la même chose à sa place, mais elle avait du mal à comprendre pourquoi il lui disait ça maintenant. Pensait-il réellement qu’elle serait capable d’aller tout révéler à l’ensemble de ses camarades sous prétexte que ça faisait une rumeur sympathique qui l’attirerait au moins pour un temps, au centre de l’attention ? Non, pas du tout ça ne ressemblait pas à Marlow, d’autant plus que la jeune fille souhaitait tout autant que le Poufsouffle pouvoir rester dans l’ombre. Mais visiblement sa trahison était encore trop récente pour que le jaune et noir parvienne à voir les choses avec lucidité. Cette constatation lui fit un léger pincement au cœur, elle n’aimait pas l’idée d’avoir mal agi, même s’ils ne se connaissaient très peu. Elle n’avait pas l’impression d’avoir perdu un ami mais presque. Absolem lui glissait doucement entre les doigts.

« C’est sûr que la chance intervient dans le processus, mais tu aurais pu nier mes révélations et refuser catégoriquement de leur venir en aide aussi, tu as montré que tu avais un grand cœur, et je sais ce que ça représentait pour toi… Enfin je crois, alors c’est déjà énorme. »

Marlow n’avait pas le droit de nier qu’il y avait une part de hasard dans tout ça, il fallait avoir de la chance puisqu’Absolem, tout comme elle, n’avait pas l’air capable de contrôler les visions qu’il recevait. C’était un peu dommage puisque c’était un point sur lequel Marlow avait pas mal de questions à poser et elle aurait avoir à ses côtés une personne susceptible de l’éclairer, mais, à tort, sans doute, elle envisageait encore qu’une éventuelle complicité puisse se créer entre eux pour qu’ils parviennent à travailler ensemble et à chercher des réponses aux questions qu’ils pouvaient se poser et qui devaient être plus ou moins similaires. L’un comme l’autre semblait être totalement prêt à se débarrasser de cette particularité à la première occasion, mais la Gryffondor savait pertinemment que c’était impossible, en revanche une maitrise totale ou particulier de leurs capacités pourraient leur être d’un grand secours si seulement ils avaient su par quoi commencer.

"J'aimerais surtout oublier cette histoire ... Ecoutes c'est très gentil de ta part de vouloir faire amende honorable mais je ne pense pas que ce soit vraiment le lieu pour ça."

Encore un mur… C’était vraiment l’image qui lui revenait lorsqu’elle entendait Absolem lui parler, elle se trouvait en face d’un immense mur en briques rouges renforcé par du béton plus que solide afin que rien ne puisse filtrer à l’intérieur par mégarde. Il semblait toujours aussi incapable d’entendre ou d’écouter ce qu’elle avait à lui dire et pire que tout, le jeune homme avait toujours l’air sur la défensive lorsqu’il lui parlait, comme si elle allait d’un seul coup lui sauter dessus et l’étrangler entre deux étagères. Alors que non, c’était en toute amitié qu’elle était venue le trouver aujourd’hui, d’abord parce que le lieu était désert et leur offrait de bonnes opportunités de discussion mais également et surtout parce qu’elle n’avait pas eu, à ce moment-là, l’occasion de s’excuser et c’était quelque chose qu’elle devait faire absolument. L’idée était, bien sûr, de soulager sa conscience, mais il n’y avait pas que ça, Absolem méritait mieux que le traitement qu’elle lui avait infligé.

« Il n’y a personne aujourd’hui… Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu refuses de me parler, je suis comme toi, moi… J’ai passé ces dernières années à essayer d’avoir la moindre petite piste pour m’indiquer ce qui m’arrivait, à tenter de trouver une personne qui puisse partager cette particularité avec moi, n’importe quoi pour qu’enfin j’ai l’impression d’avancer. Jusqu’ici, je n’ai jamais été exhaussée et ensuite je t’ai rencontré. » Tenta-t-elle de lui expliquer en parlant à voix basse pour éviter qu’il s’angoisse davantage. « Je ne comprends pas que tu ne fasses pas plus preuve de curiosité, on a sûrement des choses à partager et à échanger. »

Si cette fois-ci il ne comprenait toujours pas, le mieux serait sans doute de jeter l’éponge, c’était déjà leur deuxième conversation et Marlow avait l’impression qu’ils en étaient restés au point de départ, à échanger les mêmes propos sans que rien ne change et qu’aucune progression soit possible. Elle avait beau vouloir se montrer persévérante, la jeune fille savait reconnaitre quand une cause était perdue et apparemment la situation semblait bloquée et impossible à démêler.

Qu'avait donc les gens à vouloir absolument que les autres leur fassent confiance ? C'était quoi le délire au juste ? Ils devaient atteindre un certain quota pour avoir une récompense ? Une place de choix dans leur nouvelle vie ? C'était quoi le délire au juste ? Demander à Absolem, le gars le plus méfiant au monde, d'avoir confiance, c'était comme de demander à la terre d'arrêter de tourner, c'était impossible. Evidemment, c'était un brin exagéré, bien évidemment, mais c'était un peu la sensation qu'avait le jeune homme. Plus on lui demandait d'avoir confiance et plus il se méfiait. Il n'avait rien contre Marlow, en soit c'était un fille plutôt sympathique et posée, mais il avait dû mal à comprendre pourquoi elle tenait tant à se rapprocher de lui. Il avait bien compris que cela n'avait rien à voir avec lui, à proprement parlé, mais plutôt parce qu'ils partageaient le même don. Que dire à tout ça ? Que faire ? Partir sans rien ajouter ? Elle risquerait de revenir à la charge plus tard ou à lui courir après, tenant vraiment à sa petite conversation. Lui dire que cela ne l'intéressait pas ? C'était ni vrai, ni faux, en soit il n'y avait jamais songé et il n'était pas sûr d'être prêt à faire confiance à quelqu'un d'autre. Elle était peut-être digne de confiance, en effet, mais avait-il envie de la laisser entrer dans sa vie ? Elle avait le don de pouvoir voir le passé, chose qui déplaisait totalement à Absolem. Non, il ne voulait pas qu'elle apprenne des choses sur lui, il aurait dû mal à le supporter. Cependant, il ne pouvait nier que c'était d'une certaine façon rassurant de savoir que quelqu'un d'autre avait le même don que lui et que par conséquent, il n'était pas seul au monde. Il n'était pas seul à en chier, ils étaient deux ...

"Y'a pas eu une rumeur sur toi ... il y a quelques temps ?"

C'était bas, Absolem lui même l'admettait, mais il fallait être réaliste. Il ignorait encore s'il avait envie de lui faire confiance ou pas, pour le moment à chaque fois qu'ils se parlaient, Absolem avait l'impression de subir de multiples attaques de la part de la jeune Marlow, afin de tenter de rentrer dans son intimité. S'il ne la connaissait pas un minimum, il aurait presque croire qu'elle était dingue de lui, mais heureusement, l'idée ne lui était jamais venue. Baissant les yeux, Absolem n'assuma pas complètement sa langue acerbe. Pourtant, il était plutôt bon quand il s'agissait de dire des choses qui pouvaient blesser afin de faire fuir les autres. Mais, même s'il était bon dans ce domaine, il n'y prenait jamais vraiment de plaisir, surtout pas face à Marlow qui, en dehors de sa ténacité et de son envie de rentrer dans sa vie, était plutôt sympathique. La discussion dériva sur le jour du sauvetage. Absolem tenta de minimiser son implication, parlant plus de chance que d'une réelle maitrise de son don. Evidemment, les choses étaient un peu plus compliqué que ça, il y avait en effet eu de la chance ce jour là, mais c'était aussi parce qu'il s'était acharné, c'était concentré du mieux qu'il le pouvait et qu'il avait laissé son don l'envahir de nouveau qu'il avait obtenu des réponses. Son don faisait partie intégrante de sa personne et même si durant des années il l'avait bloqué, il était bien conscient qu'il ne pourrait jamais s'en dépêtre.

"Il faut croire que ma mère m'a bien élevé."

C'était une volonté propre de bien souligner le fait que c'était sa mère qui l'avait élevé. Jamais il n'accepterait qu'on pense qu'il avait deux parents et qu'à égalité, ils l'avaient élevé ensemble. Non, son père a été absent de sa vie jusqu'à ses 12 ans et jamais il ne le laissera avoir une part de gloire dans sa vie. Il a trompé sa compagne de l'époque avec la mère d'Absolem, puis avait abandonné Grace pour revenir dans les bras de sa femme, comme si de rien n'était, sans se soucier qu'il allait avoir un enfant de sa maitresse. S'il avait eu un garçon, au lieu de deux filles, il n'aurait jamais repris contact avec son fils Absolem, l'oubliant à jamais, mais visiblement la vie était mal fait. Absolem a pendant longtemps cherché à en savoir plus sur son père. Comme n'importe quel enfant en manque d'une image maternelle ou paternelle, il avait besoin de combler ce manque par des réponses. Pourquoi n'était-il pas là ? Etait-ce de sa faute ? Le rencontrera-t-il un jour ? Sa mère n'avait pas particulièrement envie d'en parler, ce qui était compréhensible, elle savait que s'il revenait, ce serait pour le lui enlever, ce qu'il fit d'ailleurs quelques années plus tard. Aujourd'hui qu'il vivait avec son père, Absolem ne voulait plus rien à avoir à faire à lui.
Absolem était un peu flippé, il ne voulait pas qu'on puisse en apprendre plus sur lui. Yasha savait les grandes lignes de sa vie et c'était suffisant. Un jour, il parlerait à Ceyan et Asling, il ne savait pas quand, ni comment abordé tout ça, mais il le fera, mais pour le moment. Cela avait déjà été difficile à le dire à Yasha, la méthode avait d'ailleurs laissé à désirer, même si le résultat fut plus qu'honorable. Leur relation s'était arrangée, il leur avait fallu du temps mais Yasha avait compris un grand nombre de choses sur lui. Absolem n'avait pas très envie que de parfaits inconnus se pointent vers lui en lui demandant si c'était lui le voyant. Marlow tenta de le rassurer en l'assurant que la bibliothèque était quasiment déserte aujourd'hui et qu'il ne risquait pas grand chose. Elle avait peut-être raison mais rien ne leur assurait que personne ne pourrait réellement les entendre. Marlow continua en expliquant qu'elle avait passé ces dernières années à chercher des réponses et qu'elle ne comprenait pas pourquoi il n'était pas plus curieux. Elle avait accepté son don, lui non.

"J'ai passé mon enfance dans la totale incompréhension. J'ai cru que je tournais de la carte et crois moi, tout le monde a pensé la même chose. Ma mère pensait que j'avais beaucoup d'imagination et les autres me traitaient de tarés ..." Absolem allait ajouté que tout le monde n'arrêtait pas de lui dire qu'il était bien comme sa mère, qu'il était un profond demeurée et qu'il était atteint de schizophrénie ou de quelque chose s'approchant. C'était réellement traumatisant pour un enfant d'avoir peur d'être atteint d'une maladie mentale comme l'un de ses parents. Rejeter la personne qu'on aime le plus par peur, c'est réellement difficile à vivre, on s'en veut, on se trouve cruel mais on ne veut pourtant pas devenir comme elle ... Mais Absolem s'abstint, Marlow n'avait pas à savoir tout ça. "Ecoutes, je ne dis pas que je ne suis pas content de me rendre compte que je ne suis pas fou et que je ne suis pas le seul, mais je ne vois pas trop comment on pourrait s'aider mutuellement alors qu'on ignore tout de notre ... don."

"Y'a pas eu une rumeur sur toi ... il y a quelques temps ?"

Absolem marquait un point, la jeune fille ne pouvait pas franchement dire le contraire, mais cette rumeur n’avait pas fait beaucoup de dégâts finalement. Marlow avait eu de la chance dans son malheur et elle le reconnaissait sans mal, d’autant plus qu’elle avait eu à gérer une Siobhan complètement paniquée qui avait juste l’impression d’avoir fait la plus énorme erreur de toute son existence et était presque prête à se rendre au milieu de la grande salle à moitié à poil avec une collection de fouet pour se faire flageller devant toute l’école. Finalement, la pauvre Gryffondor n’y était pour rien s’il y avait toute une poignée de petits curieux dans les couloirs du château, les deux jeunes filles s’étaient montrées extrêmement prudentes et Marlow n’avait pas envisagé qu’une chose pareille puisse se produire, manifestement, elle s’était trompée et personne ne pouvait être blâmé pour cela, mis-à-part les petits plaisantins qui avaient cru bon de balancer son secret à l’école toute entière, mais ça, c’était une toute autre histoire.

« Si, mais j’ai réussi à l’éviter et personne ne s’est rendu compte de rien. D’ailleurs, on ne m’en a même pas parlé. » Répondit la jeune fille, non sans une certaine fierté. « Le tout est de de ne pas paniquer, il y a tellement de fausses rumeurs à l’école que si tu gères correctement, tu peux faire en sorte de te retrouver noyé dans la masse. »

Ce n’était pas de la prétention de sa part, Marlow n’avait pas ce défaut, elle était simplement très fière d’avoir réussi à passer entre les mailles du filet cette fois-ci et vu les nombreuses fois où elle avait été confrontée à ce genre de problème et était donc également heureuse de pouvoir partager son expérience avec une personne qui aurait certainement besoin à son tour de s’extirper d’une situation délicate. L’avantage d’avoir de nombreux secrets ou d’avoir des secrets lourds à porter comme pour la Gryffondor était de pouvoir jouer à l’anguille relativement facilement. Elle avait tellement peur de devenir la risée du château qu’elle trouvait préférable de mentir ou d’esquiver si jamais quelqu’un venait à lui parler de sa famille ou de son don en ayant l’air de s’y intéresser d’un peu trop près. Le mensonge n’était peut-être jamais la solution, mais dans le cas de Marlow, il aidait bien, elle n’avait aucun bouclier, aucune protection particulière si jamais tout le monde découvrait son secret, elle se retrouverait sans défense et c’était ça qui l’effrayait le plus.

"Il faut croire que ma mère m'a bien élevé."

Marlow n’en doutait pas une seconde, le Poufsouffle avait beau être un garçon renfermé qui ne laissait pas la porte ouverte à beaucoup de monde et en tout cas pas à elle, la rouge et or pressentait qu’il était droit et savait faire la part des choses entre le bien et le mal. Après tout, sous ses airs renfermés et légèrement acariâtre, il fallait bien l’admettre, il semblait être digne de confiance et avoir le cœur sur la main. Certes, la rouge et or ne le connaissait pas et quiconque l’aurait entendu penser une chose pareille aurait été en droit de lui demander d’où elle tirait de telles informations mais elles étaient une réelles évidence pour la jeune fille depuis ce qui était arrivé l’été dernier. Sachant qu’elle avait un peu vendu son secret, même sans le vouloir, il aurait pu vouloir se venger et divulguer le sien à l’ensemble des élèves, chose qu’il n’avait pas fait, à moins que la rumeur vienne de lui mais Marlow en doutait réellement, si ça avait été vraiment une vengeance de sa part, il ne se serait pas arrêté là en voyant le flop qu’avait fait sa révélation.

"J'ai passé mon enfance dans la totale incompréhension. J'ai cru que je tournais de la carte et crois-moi, tout le monde a pensé la même chose. Ma mère pensait que j'avais beaucoup d'imagination et les autres me traitaient de tarés ... Ecoutes, je ne dis pas que je ne suis pas content de me rendre compte que je ne suis pas fou et que je ne suis pas le seul, mais je ne vois pas trop comment on pourrait s'aider mutuellement alors qu'on ignore tout de notre ... don."

Enfin le Poufsouffle se dévoilait un peu, la jeune fille eut la nette impression de sentir un poids s’échapper doucement de sa poitrine, ça faisait des semaines et des semaines qu’elle attendait qu’un tel moment puisse avoir lieu, qu’ils aient enfin la possibilité d’échanger sur leur vécu et peut-être de partager différentes pistes pour apprendre à contrôler leurs dons respectifs. Il n’était pas simple pour Marlow d’aborder le sujet avec des personnes comme Siobhan ou encore Jesse, bien que le jeune homme soit complètement sorti de sa vie à présent, tout simplement parce que les autres élèves ne pouvaient pas réellement comprendre ce qu’elle pouvait bien ressentir. Evidemment, sa meilleure amie y mettait toute la bonne volonté du monde et Marlow appréciait les efforts qu’elle faisait, mais parfois elle ne pouvait tout simplement pas lui venir en aide. La rouge et or se gardait bien de le lui dire, consciente que ça devait être frustrant pour la sixième année de se sentir impuissante.

« C’est vrai qu’on a pas vécu les choses de la même façon… De mon côté, c’était plus mes parents qui l’acceptaient et essayaient de m’aider à vivre avec et moi qui le rejetais en bloc, c’est pour ça que je refuse catégoriquement de m’approcher des gens, c’est le seul moyen pour moi de prétendre que rien de tout ça n’existe. » Expliqua posément la rouge et or à son nouvel allié. « Je comprends que ce soit difficile pour toi d’envisager qu’on puisse se venir mutuellement en aide, mais personnellement, le fait de partager mon vécu avec toi et d’entendre ce que tu as à dire sur le sujet est déjà un atout énorme, les rares personnes à qui j’en ai parlé sont incapables de comprendre ce que je vis, toi si… Tu sais ce que je veux dire si je dis que l’on se sent affreusement mal et vidé après une vision, que l’on a l’impression d’être un intrus dans la vie de personnes qui ne nous ont rien demandé… J’ai tort ? »

Pour la première fois depuis leur rencontre, Marlow avait l’impression d’avancer, ils ne se parlaient pas encore à cœur ouvert et la rouge et or se doutait bien que ça ne viendrait pas tout de suite, mais au moins ils faisaient quelques pas en avant et elle n’avait pas besoin de le harceler de le convaincre de rester auprès d’elle, chose qu’elle faisait inlassablement lorsqu’elle se retrouvait en sa compagnie. Tout n’était pas encore gagné, mais ils étaient en bonne voie et la Gryffondor sentait doucement la confiance revenir.

Il était vrai qu'elle avait eu de la chance sur ce coup là, Absolem était persuadé que si la rumeur avait été sur lui, il n'aurait pas réagit de la même façon et les choses ne se seraient pas passées aussi simplement. Il se serait énervé, ça c'était évident, recherchant le coupable, souhaitant le trouver par tous les moyens. Il s'en serait pris à tous ceux qui lui auraient posé la question, savoir si c'était vrai et au final, par sa stupidité et son caractère trop emporté, il aurait lui même scellé son destin. Alors que Marlow était différente, elle avait joué sur la discrétion, elle avait fait profil bas, ne changeant certainement rien à ses habitudes et c'était passé comme une lettre à la poste. Non vraiment, ils étaient différents tous les deux, il n'y avait aucun doute. Absolem fixa le sol, silencieux, se demandant s'il serait capable lui de rester calme, de ne pas paniquer ? Non, il se connaissait trop pour savoir qu'il le vivrait super mal. Il savait que certaines personnes le soutiendraient quoi qu'il arrive. Cathy serait la première à faire front avec lui, même si elle ne risquait d'effrayer personne avec sa petite bouille innocente et son caractère rêveur. Ceyan, même s'il ignorait tout sur son don, le protégerait, ça Absolem en était persuadé, à l'instar d'Asling. Ils n'étaient pas ses meilleurs amis pour rien, même s'il n'était pas encore capable de leur parler, il savait qu'ils restaient des êtres dignes de confiance.

"Je doute de parvenir à faire ça ... c'est pas dans mon caractère de ... laisser couler. "

Absolem ne lui apprenait rien, il en était bien conscient, même si beaucoup ne le connaissaient pas, son caractère emporté et ses sautes d'humeur n'étaient pas inconnus de ses camarades. Certains d'ailleurs l'évitaient justement à cause de ça. Parfois, lui même aimerait s'éviter, ne se supportant pas toujours. Quel con il peut être par moment, il suffit de se souvenir de l'enfer qu'il avait fait vivre à Yasha quand il lui en voulait. Il aurait été capable de tout pour la mettre à terre, pour la blesser, juste pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Stupide, ça il l'était et cette période de sa vie ne le rend pas fière du tout, bien au contraire, il en a honte. Il a eu de la chance d'avoir une fille bien plus réfléchie et qui a su, au bout d'un moment, faire la part des choses. Ce ne fut pas facile, mais après un moment, ils ont su reprendre le dialogue. Etrangement, c'est d'ailleurs à cause de son don qu'ils se sont remis à ce parler, comme quoi, ça n'avait pas que des inconvénients. S'il en était là aujourd'hui avec elle, c'était parce que pour la première fois de sa vie, il s'était ouvert à quelqu'un et que ce quelqu'un l'avait écouté, sans le juger ou le rejeter. Parce qu'au final c'était de ça qu'Absolem avait le plus peur, le rejet et le jugement. Il avait connu ça étant gamin et ça l'avait bien traumatiser. Les gosses de son quartier n'étaient pas méchants en soit, leur but premier n'était pas de l'anéantir psychologiquement, ce n'était que des gosses, rien de plus, mais malgré tout, ça l'avait affecté bien plus qu'il ne l'aurait voulu et la suite de sa vie ne l'avait rendu que plus méfiant et plus craintif. Même s'il donnait l'impression d'être une bête enragée, il n'était qu'un animal blessé qui tentait de sauver sa vie coût que coût.

Se passant une main dans le cou, Absolem n'était pas réellement à l'aise avec cette discussion. Mais de toute façon, dès qu'on tentait d'entrer dans sa vie, Absolem dressait un mur. Non définitivement, il n'aimait pas parler de lui et même si Marlow était quelqu'un de très sympathique, il avait quand même du mal à la laisser faire un pas vers lui. Pourtant il ne craignait pas grand chose avec elle, fille discrète, il n'y avait que peu de chance qu'elle le trahisse. Mais malheureusement, elle l'avait déjà fait une fois et il avait du mal à lui faire confiance, même s'il n'avait pas tellement le choix. Fixant le sol un moment, il finit par s'appuyer le dos contre l'étagère qui se trouvait à sa droite. Mettant les mains dans ses poches, le jeune homme réfléchissait. Ce n'était certainement pas une situation très confortable pour Marlow non plus, elle ne devait pas parler de sa vie souvent et le silence pesant du jeune Moriarty ne devait pas l'aider non plus.

"A quel âge tu as découvert ton don ?"

C'était plus facile pour lui de parler si elle faisait le premier pas ... et les suivants également. C'était injuste de sa part, mais si elle se confiait plus à lui que l'inverse, peut-être que ça passerait mieux. Il n'y avait aucun risque qu'Absolem en parle à qui que ce soit, déjà qu'il ne parlait pas de sa vie, il se voyait mal commencer à parler de celle des autres. Peut-être que si Marlow s'ouvrait, ça allait encourager Absolem à le faire aussi, mais sans assurance pour autant. Mais Marlow avait néanmoins raison sur une chose, cela faisait du bien de ne pas se sentir seul, de savoir que quelqu'un, quelque part dans le château pouvait le comprendre. Même s'ils n'avaient pas eu la même vie, elle avait raison de penser qu'il serait la personne la mieux placer pour la comprendre. Mais c'était aussi perturbant de se rendre compte que finalement la personne qui pourrait être la mieux placée pour être proche de lui n'était pas une de ses amies ou un de ses proches. Pourquoi ne pouvait-elle pas être Sunny ? ... Non ce n'était pas une bonne idée de penser à Sunny, vraiment pas. Sa meilleure amie lui avait annoncé qu'elle ne reviendrait certainement pas après les vacances à Poudlard parce que ses parents avaient décidé qu'il était temps pour elle d'assumer pleinement son rôle de princesse. Elle allait intégrer une école prestigieuse moldue ... Comme si tout cela ressemblait à Sunny, pas celle qu'il connaissait en tout cas.

"Non ... je n'aime pas entrer dans la vie des gens de cette façon. Surtout qu'ils ne se doutent jamais de rien ..."

Avoir l'impression de violer leur intimité, voilà ce que ressentait Absolem a chaque fois qu'il a une vision. Il ne voulait pas savoir ce que réservait l'avenir des autres et les autres n'avaient pas forcément envie de savoir non plus qu'ils allaient avoir un accident, mourir ou perdre leur emploi. Ce n'était pas toujours négatif, il arrivait aussi parfois qu'Absolem connaisse le gagnant du loto avant que ce dernier ne le sache ou qu'une personne va avoir un nouveau job, rencontre l'amour ou retrouve un être cher. Mais même ça, ça mettait mal à l'aise Absolem.

"Je doute de parvenir à faire ça ... c'est pas dans mon caractère de ... laisser couler. "

Dans ce cas, Marlow se sentait réellement flattée qu’il ait réussi à lui pardonner pour les événements de l’année précédente. La jeune fille savait qu’elle avait mal agi et elle s’était attendue à devoir présenter des excuses pendant le reste de sa scolarité avant qu’il ne daigne lui accorder seulement un regard. Toutefois, malgré le fait qu’il se soit plus que bien comporté avec elle, la rouge et or ne doutait pas qu’il puisse être sacrément rancunier lorsqu’il le souhaitait. Leurs dernières conversations lui avaient laissé l’impression d’être en face d’un garçon borné et têtu incapable d’une quelconque ouverture d’esprit. Il n’avait d’ailleurs pas cherché à lui faire entendre le contraire et Marlow avait dû se contenter des maigres bouts d’informations qu’il avait bien voulu lui fournir presque sous la torture. La jeune fille n’était pas du genre à harceler ses camarades mais dans le cas d’Absolem, elle avait jugé que c’était un mal nécessaire et finalement, elle ne regrettait rien même si sa découverte avait engendré bien des problèmes.

« Je comprends. » Répondit la jeune fille en hochant la tête. « Je me pensais plus du genre à paniquer, en vérité, je crois qu’on ne peut pas savoir quel comportement on aura à l’avance face à ce genre de situation. J’ai eu beaucoup de chance. »

Marlow n’avait jamais vraiment su gérer les situations à risque, elle avait toujours eu besoin de se cacher derrière une timidité maladive dont elle n’était pourtant pas réellement victime mais qui l’aidait à préserver les secrets qu’elle avait voulu garder jusqu’à maintenant et qu’elle conserverait certainement encore longtemps. Alors quand sa vie privée avait été ainsi dévoilée au plus grand nombre, elle aurait très certainement pu s’écrouler et ainsi faire comprendre à tous que cette rumeur était véridique et ne venait pas de l’imagination d’un des tordus de l’école. Mais elle avait eu de la chance de parvenir, par elle ne savait quel miracle, à aborder le problème sous un autre angle et donc de s’en sortir quasiment sans égratignure. Ce souci avait été pour elle un signal d’alerte et elle s’était jurée, désormais, de se montrer bien plus prudente pour éviter qu’une autre mésaventure dans ce genre puisse lui tomber dessus de nouveau.

"A quel âge tu as découvert ton don ?"

La jeune fille fut vraiment surprise de la question posée par Absolem, non pas qu’elle ne voulait pas y répondre, ça faisait quand même des semaines, voire des mois qu’elle le poussait à avoir une vraie conversation avec elle au sujet de leur particularité sans grand succès jusqu’à présent. Mais elle était vraiment étonnée de se rendre compte que c’était justement au moment où elle jetait un peu l’éponge, faute de trouver des arguments convaincants pour le faire parler qu’il se décidait enfin à prendre la parole, donc à s’intéresser à elle pour éventuellement parler de lui par la suite, on pouvait toujours rêver un peu. Marlow ignorait tout de ses intentions mais une chose était sûre, elle n’allait pas passer à côté d’une telle opportunité. Elle voulait lui montrer qu’elle était une personne digne de confiance et ça passait forcément par lui accorder la sienne. C’était une étape primordiale et aussi un peu effrayante mais elle allait y passer.

« Je crois que je l’ai toujours eu. Ma mère me dit souvent que j’ai toujours détesté qu’on me prenne dans les bras, même bébé, je m’en souviens pas, évidemment, mais je suppose que ça a un lien. En tout cas, d’aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours été… particulière. » Lui expliqua-t-elle, butant sur le dernier mot qu’elle ne voulait pas rendre trop péjoratif. « Et toi ? D’après ce que j’ai vu, tu étais petit aussi. »

Lui rappeler qu’elle était entrée dans sa tête n’était probablement pas ce qu’il y avait de plus judicieux mais Marlow tenait à ce qu’aucun tabou ne demeure. De toute façon, ce qui était fait était fait et la jeune fille pensait l’avoir assez lourdement payé à son goût. Elle se souvenait parfaitement de la colère ressentie par le Poufsouffle qui n’avait pas envisagé de comprendre une seule seconde que ça puisse être un accident et elle se souvenait de la haine, la colère, la honte et la peur qu’elle avait pu ressentir consécutivement à cette même période. Mais tout cela était derrière eux, chacun avait commis des erreurs dans cette histoire et maintenant qu’ils avaient pu reprendre sur de bonnes bases, la rouge et or ne tenait pas à remuer le couteau dans la plaie, ça ne lui apporterait que des ennuis. Toutefois, elle ne pouvait pas non plus oublier cette vision et c’était la raison pour laquelle elle le cuisinait de cette façon, désireuse de savoir comment l’expliquer.

"Non ... je n'aime pas entrer dans la vie des gens de cette façon. Surtout qu'ils ne se doutent jamais de rien ..."

Encore un point commun ! Décidément, contrairement à ce que pensait le jeune homme, ils devaient en avoir un certain nombre et tant mieux. La rouge et or se sentait soulagée de se rendre compte qu’au niveau des ressentis, ils étaient à peu près sur la même longueur d’onde. Ils auraient pu voir les choses totalement différemment et alors là, pour le coup, un échange aurait été beaucoup moins constructif sachant que leurs dons respectifs s’exprimaient déjà de façon totalement différente, chose qu’elle n’expliquait pas du tout. Ce devait être une question de génétique mais elle avait cuisiné sa mère et remonté l’arbre généalogique de la famille, rien ne pouvait lui prouver qu’il y avait déjà eu une voyante parmi ses ancêtres, elle semblait être un cas unique et c’était bien ça qui la désespérait. Fort heureusement pour Marlow, le jeune homme avait fini par entrer dans sa vie lui redonnant une lueur d’espoir qui ne semblait pas prête de s’éteindre.

« Oh, en général ils s’en doutent pour moi vu qu’avoir des visions me rend malade… Glamour, je sais. » Continua la jeune fille qui se détendait de plus en plus alors que leur conversation avançait enfin. « Mais sur le principe, je suis d’accord avec toi, j’ai l’impression que c’est un moyen détourné d’espionner les autres et même si c’est involontaire ça me culpabilise. D’autant plus que ça ne sert à rien ! Toi au moins tu peux voir l’avenir et donc avoir une utilité pour la société, moi je vois des choses qui ont déjà eu lieu. D’ailleurs, est-ce qu’à partir de tes visions, tu peux modifier l’avenir ou est-ce qu’elles se réalisent forcément ? »

Il était intéressant de pouvoir partager son ressenti même si elle avait un peu honte de lui avouer qu’avoir des visions lui donnaient envie de rendre son déjeuner, mais il devait lui aussi avoir son petit handicap et elle aurait été bien curieuse de découvrir ce qu’il pouvait bien être. Qui plus était, elle se posait beaucoup de questions sur le don de son ami et des éclaircissements ne seraient pas de refus, s’il l’acceptait, bien entendu.

Peut-être que Marlow avait raison, peut-être qu'on ne peut pas savoir à l'avance la façon dont on va réagir face à ce genre de situation. Absolem ne pourrait l'affirmer mais au fond, ça paraissait logique. Lui qui avait un tempérament emporté pouvait très bien réagir de façon calme et rationnel pour X raison. Il l'ignorait et n'avait aucune envie de vérifier si les dire de la jeune fille étaient vrais. Surtout qu'Absolem était capable de ne pas prévoir ses propres réactions en général, il pouvait passer de la joie à la haine en une fraction de seconde et de la colère à la tristesse. Il avait pu voir avec Yasha qu'il était capable de perdre son calme alors qu'il n'avait pas vu l'orage arrivé. Peut-être serait-il capable de se contenir si son don était en jeu, il l'ignorait. Il lui était difficile de rester stoïque quant il s'agissait de la jeune Trust ou de ses proches mais quand il s'agissait de l'école dans son entier, il pouvait feindre l'ignorance. Il faisait déjà semblant de s'en foutre de tout et d'être un vrai bad boy, il pouvait bien feindre de n'avoir aucun secret, de ne pas avoir de visions, tant que personne ne le touchait ou qu'il arrivait à se concentrer suffisamment pour canaliser son don... l'espoir fait vivre non ?

"Tu as su qui avait lancé la rumeur ? "

Il était intéressant de voir si Marlow s'était renseignée sur ladite rumeur, avait fait son enquête et trouvé le coupable. Bien évidemment il lui aurait été bien difficile de confondre cette personne sans éveiller les soupçons, mais peut-être qu'avec l'aide d'une amie proche ou d'un camarade quelconque, elle pouvait déterminer en faisant la conversation avec cette personne comment elle a su pour son secret. Peut-être que ce n'était qu'une histoire de chance, après tout, soit la personne avait intercepté des lettres de Marlow à quelqu'un avec qui elle discutait de son don et c'était ainsi que cette personne a découvert le secret de Marlow. Soit elle l'a écouté en discuter avec quelqu'un et sans vérifier si c'était vrai ou non, a balancé la rumeur. Soit alors, et ce serait vraiment une question de chance, elle a inventé toute cette histoire juste pour mettre mal à l'aise Marlow ou pour une raison autre. Il serait quand même étonnant qu'elle trouve un secret vrai, même si elle l'ignorait mais on ne pouvait pas ignorer cette possibilité. Et maintenant qu'Absolem venait de poser la question, il se demandait qui cela pouvait-il être. Quelqu'un de la maison de Marlow ? Quelqu'un de son dortoir ? C'était les personnes qui avaient accès aux affaires de la jeune Berkeley, lettres, journal intime et autre. Qui était dans son dortoir ? Siobhan ? Non, peut de chance, elle n'avait pas le profil et elle était proche de Marlow si ses souvenirs étaient bons. Eléonore ? C'était une vraie fouine, elle l'avait suivi jusqu'à l'allée des Embrumes une fois, ça ne l'étonnerait même pas qu'elle soit du genre à fouiller dans les affaires de ses camarades pendant leur absence ... En dehors du dortoir, ça pourrait être qui ? N'importe quel serpentard, c'était évident. Des gens qui détestaient Marlow, des petites fouines ... tellement de possibilités, Absolem en avait le tournis.

Absolem demanda à Marlow quand elle avait eu son don. Le jeune homme ignorait tout sur cette capacité et il ne savait pas si c'était quelque chose avec laquelle on naissait et qui se déclenchait tout de suite ou après un certain temps. Evidemment on naissait avec, ce n'était pas un don qu'on acquérait avec le temps, comme être animagus ou vampire ou loup-garou. Il n'y avait aucun facteur extérieur qui pouvait provoquer tout cela, pas à la base. N'importe qui ne pouvait pas avoir des visions, mais n'importe qui pouvait les provoquer chez ceux qui était né avec le don. Visiblement, Marlow avait le souvenir de l'avoir toujours eu, ce n'était pas un sondage suffisant pour déterminer si oui ou non on l'avait toujours à la naissance mais c'était toujours un début. Elle lui retourna la question et Absolem hocha la tête à son tour, toujours attentif à ce qui l'entourait, laissant trainer ses oreilles pour vérifier que personne n'était prêt d'eux en train de les écouter. Il ne voulait pas être au centre d'une nouvelle rumeur.

"Du plus loin que je m'en souvienne, j'ai toujours eu ce don. Au début je ne savais pas trop ce qui m'arrivais, on me disait que j'avais trop d'imagination, on en riait, sans me prendre au sérieux, ce n'est qu'avec le temps que j'ai compris que ce n'était pas que dans ma tête, que ce que je voyais, arrivait vraiment."

Absolem ne pourrait pas dire avec assurance que tout arrivait forcément, mais certains événements en tout cas c'était réalisé et pas toujours les plus sympas. Absolem n'aimait pas se rappeler cette époque de sa vie, le choc fut assez grand quand il réalisa qu'il n'était pas fou, qu'il n'avait pas une grande imagination, qu'il avait juste un don unique. Sa mère s'en amusa, trouvant cela merveilleux. Elle riait mais ne l'écoutait pas vraiment. Avec le temps, le jeune homme comprit qu'il n'avait pas intérêt à trop en parler, que les gens ne le comprendraient jamais. Alors Absolem avait arrêté de prévenir les gens, d'en parler autour de lui. Les gamins trouvaient ses histoires amusantes mais le prenaient pour un barge, le digne fils de sa mère. Les adultes le trouvaient distrayants mais un peu trop envahissant. Personne pour le croire, seul toujours seul.

Marlow expliqua qu'elle était malade après ses visions et qu'en général ça se voyait. Absolem lui réalisa que ce n'était pas toujours le cas, cela dépendait des visions. Parfois il n'avait que de simples flashs, parfois ça allait beaucoup plus loin. Ses yeux se révulsaient, il avait le coeur qui battait vite, la respiration haletante, parfois même il saignait du nez quand elle était trop intense, mais c'était assez rare. La dernière fois qu'il avait saigné du nez, ce fut durant la mission secours de McGo, mais c'était parce qu'il avait utilisé un peu trop souvent son don, poussant ses limites à son maximum. Ses forces s'étaient affaiblies, Absolem avait été très fatigué et la tête lui tournait. Marlow continua en expliquant qu'elle était d'accord avec lui, qu'elle n'aimait pas avoir une vision, qu'elle avait l'impression d'espionner les autres. Elle rajouta que son don n'était même pas utile puisqu'elle voyait le passé, alors que lui, voyait l'avenir.

"Oh moins on n'attend pas de toi d'avoir de grandes responsabilités. Avant on ne me croyait pas, maintenant on me demande de sauver des gens ... Parfois j'ai l'impression de jouer à dieu, choisir qui doit vivre et qui doit mourir." Voir l'avenir n'avait pas que des avantages, loin de là même. "J'ai vu McGo mourir devant mes yeux, pourtant elle est là aujourd'hui à Poudlard, comme si de rien n'était ... " Absolem ne rajouta rien, la réponse était évidente. Oui, il pouvait changer le cour du temps s'il le voulait, mais cela reviendrait justement à jouer à Dieu et ça, il en était hors de question.

"Tu as su qui avait lancé la rumeur ? "

La jeune fille ignorait que ce sujet viendrait sur le tapis et honnêtement, elle avait presque honte de répondre finalement parce qu’elle n’avait tout simplement pas eu la curiosité de creuser plus loin que ça. Elle avait été obnubilée par l’idée d’étouffer cette stupide rumeur, de faire en sorte que personne n’en parle et que ça soit oublié le plus rapidement possible, maintenant que c’était chose faite, elle se voyait mal se lancer dans une véritable enquête qui risquait au mieux de lui montrer qu’une de ses amis l’avaient trahi, au pire de raviver les souvenirs des autres élèves et de faire éclater son secret au grand jour. Pour ne pas changer, Marlow se montrait affreusement lâche mais elle n’avait pas d’autre choix que de l’assumer. Et puis, elle ne parlait pas à n’importe qui mais au garçon qui était censé comprendre véritablement ce qu’elle ressentait, elle n’était pas sûre que ça fonctionne mais l’honnêteté lui semblait être un bon point de départ.

« Tu vas trouver ça bête mais je n’ai même pas cherché à savoir en réalité… » Répondit-elle en tournant la tête pour voir si personne n’arrivait. « En fait, quand j’ai vu à quelle point la rumeur était précise, j’ai réalisé qu’il y avait seulement deux possibilités, soit une des rares personne dont je suis proche a diffusé mon secret et je ne peux pas croire que ce soit le cas, soit quelqu’un a trouvé une de mes lettres et dans ce cas, il y a de fortes chances que ce soit une personne qui partage mon dortoir. J’ai peur de devenir paranoïaque Absolem… Alors je préfère fermer les yeux. »

Elle avait un peu honte quand même, elle avait peut-être un traitre dans son entourage et elle avait tellement peur d’affronter la réalité qu’elle n’avait même pas cherché à savoir de qui il pouvait s’agir, elle s’était contentée de s’assurer que tout s’oubli particulièrement vite, de rassurer Siobhan qui avait eu la nette impression que tout était de sa faute alors que pas du tout, elle était la meilleure amie idéale et même bien plus que ça, et de passer à autre chose le plus vite possible pour oublier cet événement. Tout élève normalement constitué étant frappé par de telles accusations, vraies ou pas aurait probablement cherché à savoir d’où elles pouvaient bien provenir et peut-être aurait-elle dû faire ce travail d’investigation mais il était certainement trop tard désormais.

"Du plus loin que je m'en souvienne, j'ai toujours eu ce don. Au début je ne savais pas trop ce qui m'arrivais, on me disait que j'avais trop d'imagination, on en riait, sans me prendre au sérieux, ce n'est qu'avec le temps que j'ai compris que ce n'était pas que dans ma tête, que ce que je voyais, arrivait vraiment."

Ils n’étaient pas si différents en réalité, ils avaient simplement connus des difficultés très différentes mais tous les deux avaient beaucoup souffert de cette particularité durant leur enfance et continuaient à avoir beaucoup de mal à vivre avec à l’heure actuelle. Pour Marlow qui avait pourtant le soutien de ses proches depuis qu’elle était toute petite, c’était surtout les visions incessantes et l’obligation de devoir faire attention à tout, tout le temps qui la handicapaient particulièrement, pour Absolem, c’était visiblement de ne pas être pris au sérieux qui avait été dur, il avait dû se sentir rejeté et la rouge et or se demandait ce qu’il se serait passé si elle avait dû supporter ça en plus de tout le reste. Très honnêtement, la Gryffondor avait conscience que sans le soutien de sa famille, elle aurait eu beaucoup de mal à le supporter, ils avaient été là pour elle et finalement, elle ne les avait jamais vraiment remercié.

« Personne ne t’a jamais cru ? » Demanda-t-elle presque en murmurant, en posant cette question. « Je comprends mieux… »

Elle n’avait peut-être pas le droit de dire une chose pareille mais ce n’était pas méchant du tout, si elle comprenait mieux quelque chose en ayant cette révélation, c’était simplement parce qu’elle avait constaté depuis leur première rencontre qu’Absolem peinait à faire confiance aux gens. Ça n’avait peut-être rien à voir, il était possible qu’il ait eu une enfance particulièrement compliquée, que sa vie de famille ne soit toujours pas simple à l’heure actuelle ou qu’il ait connu de douloureuses trahisons, Marlow pouvait le comprendre et elle avait sûrement tout ruiné en révélant son secret dans l’espoir de sauver une personne en danger. Il lui avait pardonné d’après ses propres dires mais lorsqu’on plantait un couteau dans le dos d’une personne qui avait déjà du mal à accorder sa confiance, le résultat pouvait être désastreux.

"Oh moins on n'attend pas de toi d'avoir de grandes responsabilités. Avant on ne me croyait pas, maintenant on me demande de sauver des gens ... Parfois j'ai l'impression de jouer à dieu, choisir qui doit vivre et qui doit mourir. J'ai vu McGo mourir devant mes yeux, pourtant elle est là aujourd'hui à Poudlard, comme si de rien n'était ... "

Absolem n’avait pas tort, le poids de son don pesait sur ses épaules parce qu’il était prédestiné à faire de grandes choses avec. Pas étonnant qu’il souhaite le dissimuler aux yeux des gens. Qui n’avait pas envie de savoir ce que lui réservait l’avenir ? Marlow elle-même ne pouvait pas se vanter de n’avoir jamais envisagé de savoir ce qui se passerait pour elle dix ou quinze ans plus tard, ça paraissait tellement plus simple de pouvoir être fixé tout de suite, de ne pas avoir à se poser trente-six milles questions, de devoir constamment choisir entre plusieurs chemins différents. Mais bien sûr, elle savait trop bien ce qu’impliquait ce genre de demandes pour Absolem et elle ne lui ferait jamais une chose pareille, ça ne pouvait que le blesser et évidemment elle n’avait aucune envie de ça.

« Dans un cas comme dans l’autre, ça ne doit pas être simple… Quand je vois que des choses se sont produites, je me dis que j’aurais aimé le savoir avant pour pouvoir empêcher ça… Mais il est trop tard et je ne peux absolument rien faire. C’est difficile de se sentir impuissant. » Expliqua la jeune fille enfin sereine face à la tournure que prenait la conversation. « Toi tu as trop de responsabilités et moi je trouve que je n’en ai pas assez… Je veux dire, à quoi ça peut bien me servir ce stupide truc ? Pourquoi je dois endurer tout ça si je ne peux même pas aider qui que ce soit ? C’est tellement injuste. J’aimerais pouvoir me dire que j’ai le pouvoir de rendre la vie plus simple aux gens, que je suis spéciale… Je dois paraitre affreusement prétentieuse, je suis désolée. »

Prétentieuse peut-être mais très honnête pour le coup. Tout le monde avait son petit truc qui faisait la différence, un talent, une compétence, ou même un signe physique qui permettait de se distinguer, de sortir du lot… Oh bien sûr, pas dans tous les domaines mais dans un secteur bien particulier. Marlow aurait aimé pouvoir ressentir ça rien qu’une fois, avoir ce petit déclic et pouvoir se dire qu’elle était enfin à sa place. Une vraie utopie.

Absolem comprenait la réaction de Marlow, lui n'aurait certainement pas réagit de la même façon, mais ils étaient tous les deux très différents. Absolem savait qu'à la place de la Gryffonne, il aurait cherché un coupable. Il aurait remué ciel et terre pour obtenir une réponse et pour péter la gueule à celui ou celle qui aurait osé rentrer dans son intimité sans y être invité et aurait balancé ensuite ce qu'il aurait trouvé. Cela aurait été certainement stupide car même si au bout il trouvait le coupable, tout le bruit qu'il aurait fait autour pour obtenir la réponse aura forcément éveillé les soupçons de ses camarades et au final ce qui n'aurait été qu'une banale rumeur perdue dans les autres se serait transformée en vérité. Tout le monde aurait su qu'il était voyant et il imaginait déjà les regards qu'il aurait eu le droit tout au long de sa scolarité et des nombreuses demandes de ses camarades pour qu'il regarde leur avenir. Marlow avait certainement bien réagit, aujourd'hui plus personne ne pensait à cette rumeur, soit ils s'en foutaient tous parce que c'était Marlow et pas une fille populaire de l'école, soit parce que la principale intéressée s'en était moquée alors ça devait être faux. Qui plus est, elle soulignait un point intéressant, si elle découvrait qui avait lancé la rumeur, cela pouvait détruire à jamais une amitié. Elle venait soit d'une personne proche d'elle, soit d'une camarade de son dortoir. Quel était la pire chose ? Qu'une amie l'avait trahie ou qu'une des filles avec qui elle partageait sa chambre depuis la première année l'avait balancé sans aucun remord ?

"Qui est au courant pour ton secret ?"

En repensant à cette histoire, Absolem se demanda si ses propres lettres étaient en sécurité ? Il les avait caché dans un coin de son dortoir, mais si on cherchait bien, on finissait forcément pas les trouver. Mais qui voudrait absolument connaitre ses secrets ? Chang ou Keith ? Non peu de chance, même s'ils n'étaient pas les meilleurs amis du monde, il les voyait mal fouiner un peu de partout pour les dénicher. Et puis en dehors de ses lettres avec Yasha, aucune autre ne parlait de son don, limitant ainsi les risques. De toute façon, en dehors de quelques personnes, personne n'était au courant et c'était mieux ainsi. Si l'école finissait par être au courant, il n'en ferait pas tout un fromage, mais il préférait garder ça pour lui. Parmi ses amis proches, Absolem n'avait aucun doute à avoir, ni Yasha, ni Ceyan, ni Asling ne balanceraient quoi que ce soit sur lui. Même s'ils venaient à le détester profondément, ils ne lui feraient jamais ça ... enfin en tout cas il l'espérait. Ce serait réellement la fin de leur amitié et le début de grosses emmerdes pour eux parce qu'Absolem était sympa mais il y avait des limites à ne pas franchir et il était capable de beaucoup de choses pour se venger. Pas de tout, bien entendu, le meurtre n'était même pas une idée qui lui viendrait à l'esprit, mais des coups foireux, ça c'était totalement son genre.
Le sujet dévia sur son don et sur le fait qu'il l'avait toujours eu mais que personne ne l'avait cru au départ. Pourquoi l'auraient-ils fait ? Personne n'était au courant que la magie existait et il vivait dans un cadre familial un peu atypique.

"Non personne ... mais c'est normal, je vivais au milieu de moldu et mon cadre familial était un peu particulier. Quand on prend ta mère pour une vielle folle, ça n'aide pas pour être crédible derrière avec une histoire pareille ..."

C'était la première fois qu'Absolem parlait aussi ouvertement de sa mère. Ce n'était pas quelque chose de facile, même ici, mais il ne pouvait pas ne pas en parler, il le fallait pour que Marlow comprenne pourquoi personne ne l'avait cru. Tout cela était loin derrière lui et même s'il avait envie de revenir dans son ancien quartier pour les narguer et leur montrer qu'il était réellement spécial, il ne le ferait jamais. D'une part parce que c'était interdit et d'autre part parce qu'ils ne réaliseraient jamais à quel point ils lui avaient gâché la vie. Au fond, il ne leur en voulait pas, ils n'étaient pas des mauvaises personnes, ils avaient juste été des gosses et avaient réagit comme tel. S'il devait les recroiser un jour, il les saluerait et leur donnerait des nouvelles, gardant un semblant de sourire. Il ne savait pas ce qu'ils étaient devenus mais il savait que lui s'en sortirait dans la vie, d'une façon ou d'une autre. Il n'aurait peut-être pas un job exceptionnel, ne gagnerait pas des millions, mais il serait entier, n'en ferait toujours qu'à sa tête, serait libre et c'était tout ce qui comptait.


"Je t'offre mes responsabilités si tu veux." Lui dit-il en plaisantant. Cela faisait étrange pour Absolem de plaisanter avec Marlow sur ce sujet là, il leur pourrissait pourtant la vie depuis toujours. Mais étrangement le fait d'être deux leur permettait peut-être de relativiser, de ce dire qu'ils n'étaient pas les seuls, qu'ils s'en étaient sortis jusqu'à présent et pourraient continuer ainsi, qu'ils pouvaient partager ce qu'ils vivaient pour mieux avancer et surtout qu'ils étaient les seuls à comprendre ce que vivaient l'autre. "Et tu peux peut-être pas voir l'avenir, mais tu peux comprendre certaines personnes. Comprendre le passé de certaines personnes permet parfois de les aider à avancer dans l'avenir. " Absolem se posa soudainement une question. "Tu as déjà vu le passé de quelqu'un ici ?"