Emrick essayait tant bien que mal de ne pas renverser la potion partout sur la table, se concentrant alors que Sunny lui disait de ne pas en mettre partout. «Shut. Tu me déconcentres. » Lui dit-il en souriant, trouvant la situation moins malaisant qu’elle l’était il y a quelques minutes. Honnêtement, il ne savait pas pourquoi il avait réagit ainsi, pourquoi le simple fait qu’elle l’aille touché le mettait dans un pareil état. Ce n’était pas comme si elle ne l’avait jamais fait, au fond, quelques minutes plus tôt il lui avait fait un câlin, alors les raisons de son agissement n’étaient pas nécessairement fondées. En autant qu’elle ne le faisait pas exprès, comme lui le faisait tout à l’heure, tout allait être correct pour lui. « Je ne joues pas l’incapable, je suis incapable. En fait, j’ai vraiment pas envie de me lever pour aller chercher ces trucs. » Il savait qu’elle exagérait ce qu’elle disait, alors il était entièrement capable de jouer le même jeu qu’elle. Au fond, c’était vrai, il était bien trop paresseux pour se lever et aller chercher les ingrédients. Il préférait rester assis et tout simplement lui dicter la liste de matériel qu’ils avaient besoin. Il prenait la méthode plus facile et la moins fatiguante, compte tenu du fait qu’il avait l’impression qu’il allait s’écrouler à tout moment. Il se sentait réellement fatigué, malgré qu’il ait dit cela en blague tout à l’heure. Il aurait préféré aller se coucher pour pouvoir profiter de la courte nuit de sommeil qui était devant lui, mais en même temps, ce n’était pas comme si la compagnie de Sunny était quelque chose qui le dérangeait vraiment. Au contraire, il aimait bien être avec elle, qu’il considérait comme une amie à présent, comme il avait dit quelques minutes plus tôt. C’était sûr qu’ils avaient tous les deux des personnalités quelque peu explosives, mais ils s’entendaient bien.

Voulant se débarasser de toute responsabilité, il lui refila le manuel alors qu’il versait la bile de tabou dans la chaudron. Il lui fit un sourire lorsqu’elle le remercia, puis un air interrogateur s’afficha sur son visage lorsqu’elle lui parla de sa mère « Il y a pas de quoi, ça me fait plaisir. Qu’est-ce qu’elle fait, ta mère, elle tient une boutique de potions ? » Sunny ne lui avait jamais réellement parler de sa famille, préférant peut-être garder cette information pour elle-même. De ce qu’il savait, elle avait un frère et une sœur, mais elle ne lui avait jamais parlé de ses parents. Le simple fait de penser qu’elle lui renverrait probablement la question le fit grimacer. Honnêtement, il n’avait pas envie de parler de sa famille à Sunny, pas qu’elle n’était pas digne de confiance ou quoi que ce soit, elle était quand même la seule personne à qui il avait dévoiler sa nouvelle relation, mais parler de sa famille était quand même un sujet délicat. Parler de son frère ne le dérangeait pas, s’il se souvenait bien il avait évoqué son nom lorsqu’ils étaient sur le bateau, mais lui dire à quel point son père se foutait de lui ou que sa mère n’était jamais présente n’était pas quelque chose qu’il prenait à la légère.

Il jeta un œil sur Sunny, toujours aussi épaté du fait qu’elle semblait super concentrée lorsqu’elle exécutait les instructions pour la potion. Elle semblait réellement y prendre un certain plaisir et il ne pu cacher sa surprise lorsqu’elle lui proposa d’écraser les scarabées. C’était peut-être un préjugé qu’il avait, mais il ne savait pas qu’une fille pouvait réellement supporter les insectes au point de vouloir les écraser elle-même. Habituellement, cette tâche revenait aux garçons, mais Emrick n’allait pas s’en plaindre. Il n’avait pas une grande affection par rapport à ces bestioles, alors broyer les racines était une étape qu’il préférait grandement. « Non, je ne tiens pas à les écraser. Tu peux le faire, si ça t’amuse. » Lui dit-il en riant, toujours aussi surpris de cette réaction. Pour sa part, il se contenta de broyer la racine sans trop de difficulté.

Le fait que l’atmosphère se détendait entre eux ne pouvait faire autrement que de rendre le jeune Poufsouffle heureux. Il savait que son comportement n’était pas toujours facile à saisir, avec ses sautes d’humeurs et ses émotions rarement diffusées aux yeux de tous, alors il aimait bien que la discussion tournait à la taquinerie plutôt qu’à de la méchanceté ou bien de l’embarras. Il appréciait la compagnie de Sunny, elle qui semblait bien supporter ses sentiments et ses humeurs pas toujours évidentes à saisir. Du coup, cela lui faisait penser à Callie, se demandant si elle avait bien fait d’accepter de sortir avec lui. Il savait que c’était simplement pour lui faire plaisir et que elle, plus que n’importe qui, le connaissait, était capable de saisir ce qu’il ressentait sans qu’il le dise clairement, mais est-ce que cela suffirait pour la faire rester avec lui ? La peur de la perdre était très présente chez le jeune homme, d’autant plus qu’il savait que leur nouveau statut amoureux pouvait compliquer légèrement les choses. Il savait que s’ils étaient ensemble, cela serait encore plus difficile pour eux de rester amis par la suite, une réalité qui était malheureusement présente chez les couples qui décidaient de se séparer. Il perdrait sa meilleure amie, chose qu’il n’était pas prêt de faire.

« C’est vrai que il n’y a pas grand gens qui sont capable de l’admettre. Mais je suis différent, moi, tu sais. Je suis exceptionnel, différent et parfait. » Lui dit-il alors qu’elle ramassait tout le matériel. Il commençait à prendre goût aux taquineries et à l’ironie de leur conversation. C’était amusant et pas routinier, tout ce qu’il lui fallait pour être heureux dans une amitié. Il l’écoutait lui parler de sa mère et ne pu que la comprendre. Il s’imaginait l’odeur qui devait régner dans sa maison lorsqu’elle ramenait les potions qu’elle avait préparées à la maison. Il fit une grimace, exprimant son dégoût alors qu’il versait la bile de tatou dans le chaudron. « Je te comprends, ça ne doit pas être nécessairement agréable. Même moi, j’aime les potions, mais je ne supporte pas réellement l’odeur de certaines d’entre elles. C’est assez répugnant. » Au moins, il était content qu’elle ne lui ai pas poser de questions sur sa famille à lui. Oui, il sentait qu’une certaine amitié s’était installée entre eux et qu’ils pouvaient se confier l’un à l’autre, mais certaines choses valaient mieux rester secrète, comme on disait. Étaler sa vie de long en large n’était pas quelque chose qu’il avait envie de faire en ce soir de semaine.

Emrick regardait à présent Sunny, qui semblait avoir un plaisir fou à écraser ces scarabées. Il lui faisait des gros yeux, un peu étonné, alors qu’elle comptait chacun des scarabées jusqu’à ce qu’elle les a tous écrasé. Non, franchement, c’était bizarre, il n’avait jamais vu une fille aussi à l’aise avec des insectes, surtout lorsqu’il venait le temps de les écraser. « Tu sais ce qui est répugnant, aussi ? Le plaisir fou que tu as à écraser ces petites bêtes. Honnêtement, j’ai jamais vu ça. » Dit-il avec un petit sourire, à la fois blagueur et apeuré. Il aurait bien aimé connaître les causes du plaisir malsain qu’elle prenait à écraser ces bêtes, mais se ravisa, se disant que c’était même peut-être mieux s’il ne le savait tout simplement pas.

Sunny reprenait maintenant la lecture de la préparation et Emrick l’écoutait attentivement alors qu’elle suivait les instructions, montant le feu pour éventuellement faire chauffer la bille de tatou juste avant l’ébullition. C’était quand même drôle, la voir aussi concentrée, prenant les devants pour finir la potion. « T’as un profil de leader, tu le sais, ça ? »

Le Poufsouffle affichait un sourire ravi, en partie à cause des confidences que lui faisaient Sunny. Bon, le mot était peut être exagéré, parler de sa famille n’était peut-être pas une preuve de confiance et d’aisance envers lui, mais il sentait que leur relation allait dans le bon sens. Ce n’était peut-être pas un des secrets les plus intéressants que de raconter ce que ses parents faisaient dans la vie, mais il savait que, à sa place, il n’aurait probablement pas dit ce genre d’information. Il trouvait que c’était assez personnel lorsque l’on ne connaissait pas réellement la personne à laquelle on s’adressait. En même temps, il se sentait déjà assez proche de la jeune fille, se disant que si tout allait bien, ils allaient finir par devenir de très bons amis. Il leur restait quand même trois ans à Poudlard, alors les chances qu’ils deviennent de meilleurs amis étaient évidentes pour le Poufsouffle. Bon, ce n’était pas comme s’il pensait qu’elle pourrait un jour remplacer la place que Callie avait, mais il se voyait bien développer une grande amitié avec elle. Il n’était pas fan du statut de « meilleur ami » et c’est pour cela qu’il en avait eu qu’une seule dans toute son existence, mais le terme « très bon ami » était quelque chose qui le rejoignait plus. Il trouvait cela étrange de désigner quelqu’un comme son ami « préféré, » s’il pouvait dire cela comme ça. Mais de toute façon, meilleurs amis ou pas, il n’était certainement pas près de parler de sa vie de long en large avec la Poufsouffle. S’il pouvait éviter le genre de conversations où on le prendrait en pitié, il le ferait sans hésiter. Surtout que le fait de se faire prendre en pitié par une fille plus jeune que lui l’enchantait encore moins.

Honnêtement, Emrick commençait à trouver Sunny légèrement étrange, avec son évident plaisir à maltraiter et tuer ces pauvres scarabées. Oui, il valait de soit qu’ils en avaient quand même besoin pour réaliser la potion, mais il y avait une légère différence entre exécuter ce qu’il fallait et avoir un plaisir malsain à maltraiter ces pauvre bêtes. « Sérieusement, t’as l’air assez dérangée. » Lui dit-il, essayant d’avoir l’air le plus possible amusé qu’il le pouvait en disant cette phrase. Le fait qu’elle ne voulait pas lui répondre rendait la situation encore plus perturbante pour le Poufsouffle, qui se contentait d’essayer de ne pas avoir l’air trop perturbé. Il feignait un petit sourire, à la fois intrigué, inquiet et malaisé avant de lui répondre. « J’ai juste jamais vu une fille se porter volontaire pour trancher une bestiole… » Dit-il en baissant le regard vers le couteau que tenait son amie. « C’est peut-être même mieux que je ne saches pas pourquoi tu aimes autant cela. Je vais m’abstenir. »

Elle semblait tout de même d’humeur joyeuse alors qu’elle finissait de décortiquer la dernière bestiole, suite à quoi le Poufsouffle lâcha un petit soupir de soulagement. Au passage, il lui enleva l’instrument qu’elle avait dans les mains, se disant que cela serait probablement mieux que le mortier ne reste pas si près d’elle. « Je vais te le confisquer, je crois… Et puis, je sais que tu fais que lire les instructions, mais tu as le potentiel d’un leader. Crois moi ou non, ça ne me dérange pas. » Il finirent pas transvider ce qu’il manquait dans le chaudron, mais puisque c’était Sunny qui avait le bout de bois pour tout mélangé, et qu’il n’avait pas nécessairement envie de le faire, il la laissa prendre les devants. « Tu peux mélanger. Dans quelques minutes, je crois qu’on aura finit. » Lui dit-il en lui souriant. Il avait aimé sa soirée, certes, mais son lit commençait à l’appeler littéralement, lui disant qu’il devrait aller se coucher. Il regarda sa montre au passage. Il n’était pas si tard que cela, mais comparé à l’heure à laquelle il se couchait d’habitude, oui. Il regardait Sunny, qui semblait absorbée par son travail. « C’est pas que je t’aime pas, et que je veux absolument m’en allé, mais deux potions me suffisent pour ce soir. » Lui dit-il d’un ton moqueur.

Spoiler:

Sunny commençait à être de plus en plus étrange plus le temps passait et qu’elle coupait ses scarabées. Surtout qu’elle lui faisait un de ses sourires angéliques, qui laissait tout de même transparaître des petites cornes. Au moins, son explication semblait fondée, elle avait une haine envers les animaux puisque eux semblaient la détester, pour une raison qui était évidemment inconnue à la Poufsouffle. Il lui sourit, ne perdant pas son air blagueur qu’il avait depuis un certain temps. « C’est peut-être que les animaux sont allergiques à toi. Alors ils se défendent. Il ne faut pas juger ce que l’on ne connaît pas. Tu pourrais être surprise, ma chère. » Encore une fois, il ne savait pas pourquoi il agissait ainsi, pourquoi il lui donnait des surnoms de la sorte, mais il ne cherchait qu’à s’amuser et rendre Sunny heureuse. C’était tout simplement impossible pour lui d’oublier ce qu’elle lui avait dit sur la croisière, la lettre qu’elle lui avait montrée et ce que celle-ci lui avait fait subit comme malheur. Il se reconnaissait dans la situation et s’il y avait une chose qu’il se devait de faire, c’était d’aider ses amis qui étaient dans le besoin, en leur apportant le plus de bonheur possible. Il fut rapidement tirer de ses pensées par le début d’anecdote qu’elle venait de lui raconter, mais il devait dire qu’il était assez insatisfait de ce qu’il venait d’entendre. « Qu’est-ce qui s’est passé avec ce Bandimon ? » Il ne savait pas si elle accepterait de lui dire ce qui s’était passé, le souvenir étant peut-être un peu trop gênant pour elle, mais il valait le coup d’essayer. « C’est pas que c’est épeurant, des insectes. C’est juste… Dégueu. »

Il rit à la remarque de Sunny, espérant quand même qu’elle n’avait pas l’intention de le couper en morceaux. Il fléchit quand même au mot « aimer, » pas que cela le fasse réellement réagir, mais ce n’était pas des mots que, lui, disait assez facilement. Il fallait que quelqu’un gagne sa confiance réellement pour qu’il lui dise ces trois mots, que cela soit tout simplement amical ou bien sous-entendant quelque chose de plus. Il se rappelait la fois où il avait dit à Callie qu’il aimait et, honnêtement, cela devait lui avoir pris une bonne demi-heure seulement pour penser à prononcer les mots. « C’est rassurant, au moins je sais qu’il me restera tous mes doigts lorsque je sortirai d’ici… Parce que s’il m’en manque qu’un seul, je te jure, je ne t’aiderai plus jamais à rattraper la matière que t’as manqué. » Il lui donna par la suite un petit coup de coude dans les côtes, pas trop fort pour faire mal mais assez pour qu’elle le sente. Il était d’humeur joyeuse, dire qu’en quelques instants, il avait passé par toutes les émotions possibles le faisait rire.

De ce qu’il avait vu et lu, les deux avaient effectués les directives correctement, la potion semblant donc pencher vers un résultat positif. En tout cas, c’est ce qu’il croyait jusqu’à ce que Sunny lui demande si la fumée de couleur brun-vert était normal. Il fronça les sourcils avant de se pencher vers le chaudron. Il pouvait voir une fumée en sortir, la mixture semblant légèrement instable, de grosses bulles éclatant directement sous ses yeux. Si c’était normal ? Non, aucunement. Sunny reculait du chaudron, visiblement inquiète, et il en fit de même, se disant que si elle cherchait à être rassuré, cela allait être peine perdue à cause de ce geste. « Non, pas du tout. » Il continuait de reculer, prenant le bras de la Poufsouffle pour l’attirer avec lui. Le mieux, c’était qu’elle ne reste pas aussi près de ce chaudron. « On est même mieux de reculer. Reste derrière moi, j’aimerais pas que ça t’explose directement au visage. »

 
Emrick était content de voir l’air amusé que Sunny semblait avoir lorsqu’il blagua sur le fait que les animaux étaient peut-être allergiques à elle. Au moins, elle pouvait toujours les regarder à distance, maintenant, si elle avait si peur d’eux. Quand à lui, il adorait les animaux, alors il ne s’imaginait pas à la place de la Poufsouffle, ayant si peur d’eux qu’elle ne pouvait même pas les approcher légèrement. Du moins, c’est ce qu’il avait comprit par rapport à sa « peur » envers le Bandimon. Elle finit par lui expliquer ce qui s’était passé avec celui-ci, et il haussa les sourcils à mesure qu’elle continuait ses phrases, se disant que c’était tout simplement impossible d’avoir une journée aussi mauvaise que celle-là. « Honnêtement, on pourrait en faire un film, tu pourrais soumettre le script à une agence. » Lui dit-il avant de continuer, d’un ton qu’il espérait reflétait la sympathie qu’il ressentait par rapport à cette situation. « C’est assez dégoutant, je dois t’avouer, et plus que ces stupides scarabées… Je suis content de ne pas avoir été ton ami lorsque cela est arrivé, tu aurais probablement voulu que je te fasse un câlin pour te remonter le moral. » Lui dit-il de manière ironique. Il était à moitié sérieux, car au fond, c’était vrai qu’il n’aurait pas aimer lui faire un câlin alors qu’elle couvert de vomi de Bandimon, mais il n’aurait pas préféré ne pas la connaître pour autant. « Je ferai gaffe lorsque je m’approcherai d’un Bandimon, dans le futur. »

L’ambiance était de mieux en mieux entre les deux élèves, même s’ils parlaient de choses dégoutantes et qu’Emrick préférait enlever les instruments dangereux qui se tenaient dans la portée de sa camarade. Il blaguait, évidemment, mais il tenait tout de même à garder tous ses doigts d’ici la fin de la soirée, et sourit lorsque Sunny éclata de rire, n’étant pas au courant qu’elle le trouvait si drôle que cela. Il n’avait pourtant pas dit quelque chose de si drôle que cela, mais sa réaction le faisait rire. « J’ai dis que l’on pourrait faire d’autres potions si tu ne me coupais pas tous les doigts. À ce que je sache, on n’a pas finit la potion, alors je préfères enlever les couteaux de ta portée. » Lui dit-il en riant. « En tout cas, je savais que t’aimais passé du temps avec moi. » Dit-il, suivit d’un clin d’œil discret.

Sunny regardait maintenant la potion, se disant que cela ne devait pas être normal, toute la fumé qui en sortait, ainsi que les grosses bulles que celle-ci faisait. Le Poufsouffle en profitant pour s’éloigner le plus possible du chaudron, ne voulant pas nécessairement que son amie se fasse aspergée de cette substance. Elle en avait déjà eu assez avec le Bandimon, pas vrai ? Elle lui pointa un couvercle du bout de ses bras, qui était situé dans une armoire, lui disant également qu’il serait préférable qu’ils ferment le feu. Il ne voulait cependant pas que Sunny prenne la situation en charge, l’éloignant encore plus du chaudron. « Tu restes là, je vais m’en occuper. »

Il se dirigea vers l’armoire, d’un pas rapide, ne voulant pas perdre de temps. Il récupéra rapidement le couvercle, qu’il se dépêcha de mettre sur le chaudron, alors qu’il ferma le feu. Il avait fait cela à une vitesse extraordinaire, qui pouvait indiquer à la Poufsouffle à quel point il avait peur que cela lui explose en plein visage. Il n’était pas du genre à montrer ses faiblesses à tout le monde, mais il ne savait pas l’ampleur des dégâts que cela aurait pu causer. Il retourna aux côtés de Sunny, puis, réalisant qu’il avait l’air affoler et beaucoup moins « mâle » que ce qu’il aurait voulu, il adressa la parole. « Eum… Désolé. »
 

Transparente, elle ? Ce n’était pas nécessairement ce qu’il avait voulu dire lorsqu’il lui avait répondu, mais plus il y pensait, plus il se disait qu’elle n’était pas du tout un jardin secret. Sans savoir pourquoi, il avait de la facilité à voir à travers son visage, à décoder les petites mimiques qu’elle faisait et ce qu’elles signifiaient. Ce n’était pas du tout compliqué, au fond. En fait, ce n’est pas qu’elle était littéralement transparente, mais il avait remarqué certaines choses qu’elle faisait dans des situations différentes. « Bah, je sais pas, tu as un tic, si je peux dire ça comme ça. Là. » Lui dit-il en touchant avec le bout de son doigt le haut de son sourcil gauche, puis le retirant, mal à l’aise. « Eum, désolé. » Il devait vraiment arrêter de la toucher, même s’il avait cru remarquer que cela ne la laissait pas indifférente et qu’au fond, cela l’amusait. C’était inhumain de faire une chose pareille, étant conscient des conséquences que cela pouvait amener. D’autant plus qu’elle venait tout juste de lui dire que c’était dommage qu’il la trouve barbante et même si cela avait été dit de manière sarcastique, il ne put s’empêcher de rouler légèrement les yeux avant de regarder le plancher, un sourire se formant au coin de ses lèvres. « Comme si je te considérais de la sorte. » Dit-il à voix basse, espérant qu’elle ne l’ait pas entendu. Il ne voulait pas lui faire de fausses attentes et qu’elle s’attende à quelque chose qu’il ne pourrait jamais lui offrir, mais il ne pouvait s’empêcher de dire le contraire de ce qu’elle venait d’affirmer. Au fond, peut-être qu’elle faisait cela de manière volontaire, voulant tout simplement qu’il lui dise le contraire.

La potion qui s’agitait de manière inquiétante le tira de ses pensées, le poussant à agir, malgré sa volonté, en petit héros. Il avait de la difficulté à camoufler la peur qui s’emparait de lui, se demandant si, d’un moment à l’autre, la potion allait leur exploser au visage. Il avait déjà fait cette potion, certes, et les instructions avaient été assez simples à suivre, mais il n’avait jamais réellement râté cette potion, ne sachant donc pas les effets d’un tel échec. Il se contenta d’essayer de rassurer Sunny, la tenant le plus loin possible de la potion, exécutant ce qu’elle lui demandait. Encore une fois, des explications claires, nettes et précises, mais qui devaient probablement être faites dans un laps de temps réduit. De plus, il se sentait de plus en plus impuissant, courant de gauche à droite et essayant de faire le plus vite possible. Si la potion devait littéralement exploser, il ne pourrait pas protéger Sunny des dégâts et c’est ce qui le tracassait le plus en ce moment.

Le feu fermé et le couvercle mit sur le chaudron, il se redirigea vers Sunny, se disant alors que l’expression qu’il devait afficher n’avait rien de réconfortant. Tout de même, l’étreinte de Sunny le surprit, il ne s’attendait réellement pas à ce qu’elle amorce se genre de rapprochements, s’il pouvait dire cela comme ça. Il serra Sunny dans ses bras avant de rouler les yeux à sa remarque. Elle le traitait comme un petit enfant effrayé, ce qui n’était pas réellement son but. Il se sentait comme la fille dans la situation et il se détacha rapidement de Sunny lorsqu’il en vint à cette conclusion. « Je sais que c’est terminé… J’avais juste peur que ça t’explose au visage. » Il regarda sa montre, puis grimaça. Il était rendu assez tard. « Il faudrait peut-être terminer le cours maintenant… Si tu veux pouvoir dormir un petit peu cette nuit. » Lui dit-il avec un petit clin d’œil.