La Chute de l'Aigle

La Chute de l'Aigle

Nicodemus ne comprenait vraiment pas pourquoi les premières années étaient privées de la sortie à Pré-au-Lard. C’était profondément injuste. Pourquoi attendre deux longues années avant de découvrir les confiseries et les merveilles dont tout le monde parlait avec tant d’enthousiasme ? Chaque fois qu'il entendait les récits enflammés des élèves plus âgés, cela le faisait trépigner d'impatience. L'idée de flâner dans les ruelles de Pré-au-Lard, d'entrer dans Honeydukes pour remplir ses poches de bonbons, le faisait vibrer.

Ce vendredi soir-là, alors que la plupart des élèves fatigués regagnaient leurs salles communes après une longue semaine de cours, une idée audacieuse traversa l’esprit de Nicodemus. Pourquoi attendre ? Pourquoi se plier à des règles aussi absurdes ? Il n’avait pas besoin de permission. Ce qu'il lui fallait, c’était un plan… et de l’audace.

Et l’audace, ce n’était pas ce qui manquait à l’aigle, quoiqu’en ait pensé le vieux Choixpeau rapiécé.

Son plan prit forme rapidement. Il ne lui manquait qu’un balai. Avec un balai, il pourrait survoler la Forêt Interdite, contourner le château, et se poser en toute discrétion dans une ruelle déserte de Pré-au-Lard. Le trajet ne prendrait pas plus d’une demi-heure, s’il évitait les mauvaises rafales de vent.

Nicodemus esquissa un sourire en caressant le précieux morceau de parchemin glissé dans sa poche. Plus tôt dans la journée, il avait trouvé une vieille carte de Pré-au-Lard, cachée dans un livre poussiéreux à la bibliothèque. Sans hésiter, il avait arraché la page, le cœur battant à l'idée de la découverte qu'il venait de faire. Cette carte allait lui être d’une aide précieuse pour se repérer et éviter les rues les plus fréquentées. Personne n’avait besoin de savoir qu'il l’avait... empruntée.

Il savait exactement où trouver un balai : le stade de Quidditch. Avec un peu de chance, il en resterait un près des vestiaires. Une fois équipé, il se glisserait dans les recoins les plus sombres du parc, là où personne ne pourrait le voir décoller. Tout devait se passer discrètement, pendant que les autres élèves seraient occupés à dîner dans la Grande Salle.

Il ajusta son sac en bandoulière, où il avait rangé des provisions pour la route, et la fameuse carte arrachée du livre. Son sourire s’élargit. Ce soir, il braverait les règles. Ce soir, il obtiendrait son gage de liberté.

Nicodemus quitta silencieusement la tour des Serdaigle, prenant soin de ne croiser personne sur son chemin. Il évita habilement les escaliers capricieux, descendit plusieurs volées de marches avant d’atteindre la grande porte du château. Une fois dehors, l'air frais de la soirée lui donna un frisson d'excitation. Le ciel, teinté d'un bleu nuit, offrait juste assez de lumière pour qu’il puisse avancer sans se faire repérer.

En longeant les contours du parc, il aperçut au loin les lumières du stade de Quidditch. Quelques joueurs s’entraînaient encore, leurs silhouettes se détachant contre le ciel sombre. Nicodemus se fit petit, se glissant dans l’ombre des gradins pour contourner le terrain sans attirer l’attention. Les cris enthousiastes et les sifflements des cognards couvraient tout bruit qu'il aurait pu faire, rendant son approche d'autant plus discrète.

Il arriva enfin devant les vestiaires. La porte n’était pas verrouillée, heureusement pour lui. Il jeta un coup d’œil derrière lui pour s’assurer que personne ne l’observait, puis la poussa lentement pour entrer. L’intérieur était sombre et désert. L’odeur familière du bois ciré et des balais usés embaumait l’air. Nicodemus se faufila entre les bancs, contournant les casiers des équipes, ses yeux fouillant l’espace à la recherche de ce qu’il était venu chercher.

Soudain, son regard s'arrêta sur un balai, un peu en retrait, couvert d’une fine couche de poussière. Un Nimbus 2001, pas exactement de la première jeunesse, mais encore en bon état. Le bois sombre du manche était griffé par endroits, comme s'il avait connu de nombreuses batailles sur le terrain. Nicodemus s'approcha, effleurant du doigt le manche poussiéreux. Un sourire se dessina sur ses lèvres.

Merci, Drago, pensa-t-il avec ironie en se rappelant les histoires de l’équipe des Serpentard qui, des années auparavant, avaient tous reçu ces balais. Saisissant le manche, il le souleva doucement, vérifiant que personne ne se trouvait à proximité. Le cœur battant d’excitation, il se faufila hors des vestiaires. L'entraînement se terminait, et les joueurs allaient bientôt rejoindre les vestiaires pour ranger leurs affaires.

Ne voulant absolument pas croiser leur chemin, Nicodemus se dirigea vers les gradins, espérant disparaître dans l'ombre avant qu'ils ne regagnent le bâtiment. Il grimpa rapidement, ses yeux scrutant le terrain en contrebas, mais alors qu’il avançait à travers les structures de bois, essayant de se faire aussi discret que possible, il manqua une marche et trébucha lourdement.

Il sentit son corps basculer en avant, et avant même de pouvoir se rattraper, il chuta lourdement. Son genou heurta violemment le sol, et son poignet se tordit sous le poids de sa chute. Le choc fut brutal. Dans sa glissade, il percuta une poutre sous les gradins, sa tête heurtant le bois avec un bruit sourd.

Une vague de douleur intense envahit son crâne, brouillant sa vision. Le monde autour de lui devint flou, les bruits des joueurs au loin semblant se dissoudre dans un bourdonnement sourd. Il tenta de se redresser, mais ses jambes ne lui répondaient plus. Un voile noir commença à recouvrir son champ de vision, tandis que la douleur pulsait de plus en plus fort dans sa tête.

La panique s'empara de lui brièvement. Son souffle se fit court, ses pensées devenant incohérentes. Puis, lentement, son corps cessa de résister à la douleur et à la fatigue. Les ténèbres l'enveloppèrent complètement, et tout devint silencieux.

Nicodemus perdit connaissance, son corps immobile et recroquevillé sous la structure des gradins, invisible aux yeux de tous.

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Kathleen s'avançait pensivement vers le terrain de Quidditch. Elle avait terminé de manger rapidement et elle s'était rendu sur le terrain, non pas pour satisfaire une brusque envie de voler sur un balai, mais parce qu'elle était inquiète, compte-tenu de la façon dont les choses se passaient depuis qu'elle était capitaine de l'équipe. Elle avait envie que cette année soit plus fructueuse, en conséquence de quoi, elle avait tout simplement décidé de se mettre dans l'ambiance et de réfléchir à une stratégie. Ce n'était certainement pas facile de se dire qu'elle avait la responsabilité de l'équipe sur les épaules, mais elle était déterminée à prouver qu'elle en était capable.

La soirée était calme et il n'y avait rien à dire. Elle entendait du bruit, vaguement, vers le terrain. Il y avait des joueurs qui s'entraînaient. Ce n’étaient pas les membres de son équipe. Elle ne savait même pas si c’étaient les membres d'une équipe ou simplement des personnes qui le faisaient sur un mode amical, mais ce n'était pas important. Elle n'avait pas besoin du terrain. Elle n'avait besoin que de ses pensées et de s'orienter dans la direction du Quidditch. C’était pour ça qu'elle était à cet endroit. Soudain, elle entendit un grand bruit et se précipita dans sa direction. Un petit élève de Première Année avait perdu connaissance sur le sol. Il y avait un Nimbus 2001 qui traînait à côté de lui et elle supposa qu'il avait voulu s'entraîner au vol tout seul. Ce n'était pas très prudent.

Elle se précipita à son côté et s'accroupit. Il respirait bien. Elle essaya de le réveiller tout doucement. La première chose à voir, c'était de savoir s'il était encore capable de réagir et de parler. Ensuite, il faudrait localiser les endroits blessés et appliquer peut-être des baumes ou quoi que ce soit qui pourrait lui permettre d'atténuer un peu ses blessures. Elle n'était pas certaine que cela suffirait et il était probable qu'il finirait la journée à l'infirmerie. Les plus jeunes étaient souvent impulsifs et imprudents. Kathleen avait bien l'intention de garder un œil sur celui-là.

« Est-ce que tu m'entends ? Si tu m'entends, serre ma main. Essaie d'ouvrir les yeux et si tu peux, de dire ton nom. »

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@Kathleen Kirte

D’abord, il y eut cette sensation étrange de quelque chose qui lui enserrait la main, puis une voix, distante mais ferme, qui parvenait à travers les brumes de la douleur. Nicodemus l’entendait sans vraiment saisir les mots. La voix insistait doucement, comme pour le tirer de ce voile qui obscurcissait son esprit.

Une onde de douleur lui traversa la tête, le ramenant brusquement à la réalité. Les bruits s’intensifièrent, et petit à petit, il distingua la sensation d’une main autour de la sienne. Quelque chose, ou plutôt quelqu'un, tentait de le ramener.
Il ouvrit finalement les yeux, clignant plusieurs fois pour se débarrasser du flou. Une silhouette agenouillée à côté de lui, inquiète, attira son attention. La préfète. Il déglutit en la reconnaissant, se sentant pris entre la honte et le soulagement. Bien sûr, il fallait que ce soit elle, une figure d’autorité qui le trouvait dans cette situation, alors qu’il avait tenté de braver les règles pour une escapade à Pré-au-Lard.

Il serra faiblement la main qui l’aidait, sentant l’étau douloureux de son poignet et de son genou, et murmura d’une voix faible : « N-Nicodemus… Nicodemus Quibbleton. » Chaque mot était un effort, la douleur pulsant à chaque syllabe.

Il referma les yeux un instant, le visage crispé par une vague de lassitude et d’agacement. La douleur lui lançait dans le poignet et le genou, lui rappelant avec ironie que son plan, aussi bien ficelé qu’il lui avait semblé, l’avait mené ici, sous le regard de la préfète, avant même qu’il ait pu entrevoir les ruelles de Pré-au-Lard. Il sentait monter en lui une colère sourde, non pas contre elle, mais contre lui-même pour avoir échoué si près du but.

Il inspira profondément, malgré le pic de douleur qui l’accompagnait, et tenta de calmer les battements rapides de son cœur. Ce n’était pas le moment de paniquer. Surtout pas le moment de se retrouver à l’infirmerie, avec tout un éventail de questions auxquelles il n’était pas prêt à répondre. Il frissonna à cette idée ; la honte d’être exposé devant tout le monde le dévorait déjà.

Mais, et surtout, il fallait trouver une excuse pour le balai. Comment justifier la présence du Nimbus 2001, surtout ici, alors qu’il n’avait aucune raison officielle de l’avoir emprunté ?

Peut-être qu’il pourrait dire qu’il s’entraînait à voler seul, que c’était pour « progresser » ? Cela expliquerait le choix du balai sans attirer trop d’attention sur la destination qu’il envisageait. Il s’efforçait de composer mentalement une version qui paraîtrait plausible, un peu bravache peut-être, mais tout de même crédible. Après tout, certains élèves s’entraînaient bien par eux-mêmes lorsqu’ils rêvaient de rejoindre une équipe de Quidditch, non ?

Son esprit tournait, jonglant entre la douleur lancinante de ses blessures et la hâte de tisser une explication cohérente. En serrant un peu plus la main qui le tenait, Nicodemus tenta de rassembler son courage, espérant que sa petite histoire tiendrait la route et surtout qu’il ne finirait pas par livrer accidentellement un détail qui trahirait ses véritables intentions

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Il avait réussi à serrer sa main, il avait réussi à prononcer son nom. Il était peut-être blessé, probablement, mais il était suffisamment conscient pour qu’elle puisse appliquer quelques soins sans devoir agir de manière plus radicale. Elle ne savait pas si c’était le choc, de la douleur, ou autre chose qui le faisait vaciller comme elle le voyait le faire, mais il n’était pas en état de bouger. Elle commença par le saisir avec délicatesse pour évaluer son poids. Elle ne pourrait évidemment pas le porter complètement, mais il n’était pas non plus excessivement lourd. Il était tout petit. Il valait quand-même mieux lui parler pour éviter qu’il ne se bloque.

« Je vais te déplacer un peu pour que tu ne sois plus sur le chemin et que tu puisses t’adosser au mur. Je vais aller le plus délicatement possible, mais cela pourra faire un peu mal. Je suis désolée. »

Elle avait quelques potions pour anesthésier la douleur, mais il fallait qu’elle le diagnostique avant. Sinon, elle ne pourrait pas agir. Elle passa les mains sous ses aisselles et tira le plus doucement possible pour le faire glisser vers un mur contre lequel elle l’adossa. Il avait l’air un peu dans les vapes, ou alors, c’était que ses pensées tournaient dans sa tête sans qu’il ne parvienne à leur donner d’ordre. Elle ouvrit sa trousse pour faire l’inventaire de ce qu’elle avait. Une potions antiseptique pour le genou, mais ce n’était qu’une écorchure. Il avait peut-être quelque chose de plus sérieux. Elle palpa le front afin de détecter les coups plus graves.

« Est-ce que tu es capable de me dire où tu as mal exactement ? Que je localise les blessures et estime leur gravité. Tu ne crains rien, je suis apprentie guérisseuse. Je vais bien m’occuper de toi. Je m’appelle Kathleen. Ca va aller, Nicodemus. »

A terme, il faudrait sûrement un passage par l’infirmerie. Mais elle était trop faible pour le porter et trop peu sûre d’elle et de son état actuel pour utiliser un sortilège de déplacement de corps. Si c’était nécessaire, elle irait chercher quelqu’un, ou alors elle finirait par le faire une fois les blessures stabilisées. Mais pour le moment, il était plus important de détecter les urgences. Il avait l’air confus, mais s’il pouvait dire ce qui n’allait pas, elle pourrait orienter ses premiers soins et ensuite, il se sentirait déjà mieux. En plus, elle pourrait lui donner un antidouleur.

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@Kathleen Kirte

Les yeux déjà ouverts, Nicodemus essayait de se raccrocher à la réalité qui l’entourait. Le monde autour de lui semblait flou, comme enveloppé dans un brouillard épais qui n’arrivait pas à se dissiper. Juste à côté, la silhouette de Kathleen flottait, incertaine dans son esprit embrouillé. Était-elle préfète ? Ou capitaine de Quidditch ? Il n’arrivait plus vraiment à se rappeler, mais il savait qu’elle était une figure d’autorité. Elle l’avait trouvé dans cette situation désastreuse, à moitié inconscient sous les gradins, avec son plan d’évasion avorté avant même qu’il n’ait eu la chance d’entrevoir les ruelles de Pré-au-Lard. La honte montait en lui, teintée d’une pointe de soulagement en voyant qu’elle s’occupait de lui avec une patience qu’il ne se sentait pas sûr de mériter.

Elle glissa une main sous ses épaules pour le tirer délicatement vers le mur le plus proche, cherchant à le stabiliser, mais au moment où elle le souleva, une douleur fulgurante éclata dans son genou droit, irradia vers sa jambe et monta jusqu’à son poignet. Un cri lui échappa, plus fort qu’il ne l’aurait voulu, et il se rattrapa aussitôt avec un rire nerveux, cherchant à cacher le malaise qu’il ressentait. « Ouille… finalement, ça fait un peu plus mal qu’un simple bleu, » lâcha-t-il en essayant de détendre l’atmosphère avec un sourire tremblant, même si sa voix trahissait encore la douleur. La moindre pression sur son genou faisait naître de nouvelles vagues de souffrance, tandis que son poignet gauche le lançait de plus en plus, chaque mouvement rappelant cruellement l’échec de sa tentative.

Une fois adossé contre le mur, il poussa un soupir en fermant les yeux un instant, sentant son corps se détendre légèrement, même si la douleur persistait. Kathleen s'était agenouillée près de lui, déjà concentrée, et il la regardait en silence alors qu’elle sortait une petite trousse de soins, manipulant flacons et bandages avec une dextérité qui le fascinait. Il n’avait jamais vraiment observé quelqu’un prendre soin d’une blessure avec autant d’attention. Elle s’affairait avec des gestes sûrs, comme si elle avait déjà fait ça des dizaines de fois, son expression sérieuse révélant une compétence qui le surprenait. Et ce calme… il n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi jeune se comporter avec autant de maîtrise, et l’idée même qu’une élève puisse être apprentie guérisseuse le laissait perplexe.

Malgré la douleur qui continuait de pulser dans son genou et son poignet, il sentit monter en lui une admiration sincère pour elle. Il baissa les yeux un instant, presque honteux, puis laissa échapper un soupir, prenant son courage à deux mains pour exprimer sa reconnaissance. « Merci, Kathleen… vraiment, merci, » murmura-t-il, cette fois avec une sincérité qu’il ne pouvait pas masquer. Un bref silence s’installa entre eux, mais il se risqua à rompre la tension avec une question, espérant détourner l’attention de son état lamentable. « Mais… comment tu fais pour être apprentie guérisseuse en même temps qu’élève ? Ça doit être… compliqué, non ? » Il accompagna ses mots d’un sourire maladroit, espérant qu’elle ne verrait pas dans sa curiosité une tentative trop évidente d’alléger l’ambiance.

Ses yeux se posèrent sur les flacons qu’elle avait alignés avec soin, et il se laissa fasciner par sa précision et son calme. Elle n’avait rien de la nervosité des élèves ordinaires, rien de l’hésitation habituelle devant une situation imprévue. Sa concentration, le soin avec lequel elle préparait le nécessaire pour soigner ses blessures, tout cela lui donnait l’impression qu’elle appartenait à un monde plus sérieux, plus adulte que le sien. C’était étrange, il se sentait à la fois rassuré et étrangement vulnérable devant cette assurance.

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Kathleen ne se sentait pas très à l’aise en voyant la souffrance du pauvre petit au moment où elle le déplaça mais elle n’avait pas le choix. Il fallait qu’elle l’éloigne au cas où quelqu’un passe. Il valait mieux s’efforcer d’éviter le suraccident. Mais au moins, elle ne mit pas longtemps à le stabiliser. Ce n’était pas si mal. Elle grimaça simplement devant le signe de douleur, il faudrait vraiment qu’elle fasse le nécessaire pour le soulager, même si elle ne pouvait pas l’emmener instantanément à l’infirmerie. Elle voulait faire tout ce qu’elle pouvait avant, en évitant de trop le déplacer, pour ne pas lui faire plus mal pour l’instant.

Il la remercia, et elle avait l’impression de voir un chaton blessé. Cela lui serra le cœur. Mais il n’avait toujours pas répondu à sa question et elle ne pouvait pas soulager sa douleur sans savoir ce qu’il fallait cibler avant. Elle s’accroupit et le poussa à la regarder. Il ne devait pas avoir les idées claires et s’il était confus, il n’avait peut-être pas saisi l’ampleur de la question. C’était important. Elle voulait qu’il se focalise, même si c’était toujours compliqué après une chute. En le forçant à se focaliser, elle pourrait lui permettre de le ramener à la réalité.

« Ecoute-moi, mon bonhomme. Je suis là pour t’aider. Je vais calmer la douleur, mais j’ai besoin de savoir exactement où tu as mal. C’est important, pour te soigner et te soulager correctement. Est-ce que tu comprends ce que je te demande ? »

Parler d’elle était peut-être un bon moyen pour lui faire oublier un moment qu’elle était en train de pratiquer des soins. C’était peut-être pour ça qu’il avait concentré son attention sur son apprentissage de guérisseuse. Elle se dit qu’entretenir la conversation pourrait aider son jeune patient improvisé alors elle sourit avec bienveillance. Elle ne voulait surtout pas qu’il pense qu’elle se forçait à parler. Cela dit, sa priorité restait avant tout le bien-être du garçonnet. Elle avait un peu peur qu’il doive être déplacé et elle n’avait pas la force pour le faire. Elle devait le sécuriser avant, surtout si elle devait aller chercher quelqu’un.

« Ma maman m’apprend depuis que j’ai sept ans. J’ai eu le temps d’étudier avant d’arriver à Poudlard. C’est comme ça, dans ma famille, tu vois. »

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@Kathleen Kirte

La lumière du crépuscule, douce et bleutée, glissait à travers les interstices des gradins, projetant des ombres longues et irrégulières sur le sol poussiéreux. L’endroit était désert, à l’exception d’eux deux, et chaque bruit semblait amplifié dans le silence oppressant : le craquement lointain d’un vieux bois malmené par le vent, le froissement de la cape de Kathleen lorsqu’elle se penchait vers lui. L’air, légèrement piquant, portait un mélange d’odeurs : la terre froide, les vestiges de matches passés et quelque chose de métallique que Nicodemus n’aurait su identifier.

Il tenta de bouger, juste un peu, mais la douleur lui arracha une grimace avant qu’il ne relâche son effort. Son genou droit lui lançait à chaque mouvement, et son poignet gauche, raide et engourdi, refusait de coopérer. Il soupira doucement, plus frustré qu’inquiet, et se força à relever les yeux vers Kathleen, qui l’observait avec cette expression d’attention sincère et bienveillante qu’il trouvait presque déconcertante.

« C’est… mon genou droit... » finit-il par murmurer, sa voix un peu rauque. Il désigna maladroitement son poignet gauche d’un geste limité. « Et mon poignet gauche. Je crois que je suis tombé dessus, ou que j’ai mal atterri. Mais… ça va. Enfin, je pense que c’est rien de grave. Juste… douloureux. »

Il tenta un sourire, plus pour elle que pour lui-même, mais son visage était encore crispé. L’atmosphère sombre et poussiéreuse n’aidait pas à rendre la situation plus légère. Pourtant, Kathleen ne disait rien, ne faisait aucun commentaire sur son imprudence ou sur ce qui l’avait mené à cette chute. Cela changeait tellement de ce qu’il avait l’habitude d’entendre qu’il se sentit obligé de parler.

« Merci » souffla-t-il, détournant brièvement les yeux pour fixer une araignée minuscule qui se faufilait entre deux pierres. « Merci de pas… me demander pourquoi j’ai fait ça, ou me dire que c’était stupide. Les autres… ils auraient sûrement déjà commencé. Mais toi, tu… tu dis rien. T’es juste là, à m’aider. C’est… c’est sympa. »

Il redressa un peu la tête en entendant ses mots sur son apprentissage. Il y avait quelque chose de captivant dans la simplicité avec laquelle elle évoquait ce que sa mère lui avait enseigné. « Alors comme ça, ta mère t’a appris tout ça ? Depuis tes sept ans ? » Ses sourcils se levèrent légèrement, trahissant son étonnement. Il laissa échapper un petit rire sec, sans réelle joie, avant d’ajouter, d’un ton un peu plus amer : « Moi, à cet âge-là… tout ce que je savais, c’était dans les bouquins de la bibliothèque familiale. »

Il s’arrêta un instant, puis esquissa un sourire un peu moqueur, dirigé autant contre lui-même que contre ce souvenir. « Tu sais, cette bibliothèque, c’est presque une légende chez nous. Mon père aime à dire qu’elle rivalise avec celle de Poudlard. » Il roula les yeux, manifestement peu convaincu. « Bon, c’est pas vrai, évidemment. Mais elle est… énorme. Des rayons remplis de livres sur tout, sauf sur comment aider les gens. » Il marqua une pause, puis ajouta avec un soupçon d’ironie : « Par contre, si tu veux apprendre à concocter des potions de sommeil ou des charmes d’invisibilité… là, y’a de quoi faire. »

Il détourna le regard, observant distraitement la lumière qui se glissait sous les gradins. Sa voix, plus basse maintenant, se fit presque hésitante : « C’est pas pareil, je suppose. Toi, t’as appris à soigner les gens pour de vrai. Moi… j’ai appris à me débrouiller tout seul, à… à rester discret. »

Il serra légèrement sa cape autour de lui, cherchant à repousser le froid mordant qui s’insinuait dans chaque recoin de leur abri précaire. Il releva finalement les yeux vers Kathleen, avec un sourire timide, presque maladroit. « Mais toi, tu fais ça bien. Je veux dire, on voit que t’es douée. C’est naturel, chez toi. »

Il laissa échapper un petit rire, plus sincère cette fois, et ajouta : « Enfin… sauf quand tu te mets à parler comme les adultes. ‘Écoute-moi, mon bonhomme.’ » Il imita sa voix de manière exagérée, puis grimaça en bougeant légèrement son poignet. « Mais c’est… bien. T’as l’air de savoir ce que tu fais. »

Il baissa la tête, ses mèches blondes légèrement poussiéreuses tombant devant ses yeux, avant de murmurer, presque à contrecœur : « Je suis un peu jaloux, je crois. Toi, t’as appris des choses qui comptent vraiment. Moi, j’ai juste appris à ne pas trop déranger. »

Il haussa les épaules autant qu’il le pouvait, et tenta une dernière fois de sourire, une lueur de sincérité dans son regard. « C’est… bien que tu sois là. Même si, entre nous, j’aurais préféré impressionner quelqu’un avec mes talents de vol sur balai plutôt qu’en me ramassant lamentablement. »

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