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Nos océans de vagues à l'âge (Silas & Daisy)
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Message(#) Sujet: Nos océans de vagues à l'âge (Silas & Daisy) Nos océans de vagues à l'âge (Silas & Daisy) EmptyMar 5 Déc - 3:19


Nos océans de vagues à l'âme
@Silas Jørgensen


Les oiseaux piaillaient gaiement, on aurait dit le début d’un film Disney. Les rayons fatigués de l’après-midi s’immisçaient timidement entre les feuilles rougeoyantes, dans un halo doré qui fit plisser les paupières de la jeune fille alors qu’elle finissait d’installer le décor. Une jolie nappe champêtre, à carreaux rouges et blancs, un panier en osier rempli de de clémentines, rosbeef et fromage, un peu de pain, aussi, parce qu’elle savait qu’un garçon aurait plus d’appétit qu’elle et que l’estomac de Silas était probablement moins grognon que le sien. Elle prenait soin de remplir deux jolis verres de jus d’airelles quand une légère brise s’éleva sur l’herbe, emportant quelques feuilles déjà mortes dans un tourbillon qui lui arracha un éclat de rire amusé. Le cadre était de fait enchanteur sans qu’elle n’ait rien eu besoin de préparer ; l’automne était magique dans ses couleurs, dans sa simplicité, dans sa paix, aussi, car finalement, rien ne s’était encore détruit dans la précarité pourtant évidente de l’année. C’est vrai, il y avait Selene qui était proche de Dash, il y avait Dash qui tenait soudain beaucoup à Selene et il y avait aussi Kenneth qui montrait tout son intérêt pour elle en omettant sa propre personne, il y avait la solitude, également, le sentiment de décalage renforcé par tous ces mouvements adolescents auxquels elle ne participait pas, préférant encore le charme de l’enfance ou plus exactement, le repos des rêves. A force de considérations, Daisy avait désormais les yeux rivés sur un joli chêne qui ondulait sous le vent, le geste figé avec une bouteille qui ne coulait plus, un verre qui ne se remplissait pas davantage. Oui, il y avait l’envie, le besoin de repos après ces ultimes péripéties et d’ailleurs ce sentiment ne s’était jamais envolé comme les cadavres des feuilles autour d’elle, non, il était resté là, niché entre deux idylles et trois espoirs. Sa mèche décolorée se coinça entre ses cils pour la porter à la raison dans des paillettes blanches. Daisy reposa alors bouteille et verre pour ramener ses cheveux en arrière avant de les attacher en un semblant de chignon que ne tiendrait pas la prochaine brise. Blanche-Neige l’aurait félicitée, Aurore aurait dansé et sûrement que Cendrillon aurait admiré la jolie robe fleurie qu’elle avait mise pour l’occasion, trop légère dans sa mousseline, mais parfaitement adéquate à ce piquenique. Observant le bout brillant de ses Baby devant elle, les jambes tendues, Daisy croisa les bras dans son large manteau Teddy Bear comme pour mieux retourner à ses idées décousues et pourtant joliment filées.

Elle ignorait pourquoi elle était contente de retrouver Silas. Il n’avait jamais été son ami, tout au mieux un complice dans un humour ombragé qu’ils étaient peu à comprendre, mais son retour à Poudlard avait scellé des échanges étrangement compréhensifs, plus que ce à quoi elle aurait pu s’attendre du jeune homme. C’était le meilleur ami de Dash, bien sûr qu’ils devaient avoir des choses en commun ; mais cette tendresse partagée dans la marginalité d’une école qui ne savait que faire d’eux était particulière, assez pour l’organisation d’un picnic dans les dernières températures clémentes de l’année. Il faisait bon, et il n’y avait pas de voix, constat qui tira une certaine crispation sur la pâleur de sa mâchoire. Elle n’avait pas de raison de ressentir cette mélancolie quand elle allait bien et pourtant, son regard n’évoquait-il pas un curieux vide, celui-là même dont elle ne venait de s’échapper que par l’appel de ses cheveux désormais tirés en arrière ? Il revenait, souvent, sans cesse, et c’était peut-être même celui-là qui l’avait projetée sur cette nappe avec Silas. Il ne parvenait pas à en sortir lui non plus, en dépit de son retour à Poudlard, en dépit de la lumière de ses mots. “Un jour viendra, je partirai, je partirai sans aucun reg…” Mais une nouvelle bourrasque emporta l’air fredonné pour lui amener la démarche hésitante de Silas. Daisy releva aussitôt les yeux pour croiser son regard. Le sourire qu’elle lui offrit n’eut qu’une seule seconde de décalage. “Silas !” s’écria-t-elle en levant le bras pour le saluer. Le mouvement, couplé au vent, renversa à nouveau ses cheveux et elle s’affairait à les ramener à une nouvelle fois en arrière tandis qu’il parvenait à sa hauteur. “J’ai fait de mon mieux, j’espère que ça t’ira ? Tu aimes le rosbeef, toi aussi?” demanda-t-elle avec une réelle inquiétude dans les vagues de son regard. “Papa en ramène toujours quand on piquenique ensemble en été. Oh, je t’ai aussi servi un verre de jus d’airelles, c’est très bon pour la santé” ajouta-t-elle en lui tendant aussitôt sa coupe. Ses cheveux tenaient dans un fragile équilibre derrière l’élastique qu’elle venait d’y coincer, presque la même instabilité qui colorait ses joues rosies de fraîcheur par delà la délicatesse de son humeur. Mais elle n’était pas malheureuse, loin de là. Il y avait de la félicité à rencontrer une âme aussi errante que la sienne.
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Message(#) Sujet: Re: Nos océans de vagues à l'âge (Silas & Daisy) Nos océans de vagues à l'âge (Silas & Daisy) EmptyDim 10 Déc - 15:42

( Nos océans de vagues à l’âme )


‎‎  ‎ C’était incongru, invraisemblable même, comme parfois la vie menait à des chemins inattendus. Silas était toujours lui-même, au fond, mais cette année d’absence l’avait changé – bien plus qu’il n’avait voulu l’admettre en début d’année. Elle ne l’avait pas endurci ; au contraire, elle l’avait fragilisé, fracturé comme un vase brisé dont on aurait recollé les morceaux. Ils tenaient encore dans une mosaïque grotesque, mais pour combien de temps ? Que resterait-il une fois qu’il aurait admis qu’il ne ressemblait plus exactement à celui qu’il était ? Est-ce que le motif lui plairait toujours ? Questions lancinantes et entêtantes auxquelles il tentait d’échapper entre deux baisers volés à Teddy qui lui vidait la tête après que Dash l’eut remplie à ras bords du souvenir de ses lèvres sur les siennes. Jeu dangereux auquel il s’était prêté comme un idiot désespéré qui savait qu’il n’aurait plus jamais l’occasion d’y goûter. Tête à nouveau pleine à craquer du récit de la sortie de Dash et Selene ; tête qu’il venait vider cette fois avec la jolie Daisy, princesse désabusée qui évoluait dans une autre réalité. Daisy qu’il n’avait jamais côtoyée que par amitié pour son Gryffondor préféré, Daisy avec qui il n’avait toujours qu’échangé des mots ténus, tendus par le fil d’un humour en demi-teinte que peu saisissaient. C’était étrange comme, à présent, ils semblaient partager cette sensation d’exister en dehors du monde ; de tendre vers un basculement morbide dans un néant qu’ils toisaient tous les deux sans un mot. Aucun besoin de mettre en mots ce qui était évident quand on scrutait le fond des yeux vitreux d’un mort-vivant.
‎‎  ‎ Agacé par ses pensées qui caressaient à nouveau le sinistre vide entre ses côtes tremblantes, Silas enfonça ses doigts dans les accoudoirs de son ronronroulant pour s’ancrer à cette réalité qui s’échinait à lui filer entre les doigts comme du sable – non, de la poussière ; poussière d’un souvenir qui n’avait plus de réalité que le nom. Bane ne frémit même pas, trop conscient de la tempête qui grondait sous les lourdes paupières de son maître perdu dans la brume d’un esprit trop agité. L’artefact se contenta de poursuivre sa route vers l’endroit éloigné du parc que les deux adolescents avaient désigné pour se retrouver. Ses pattes griffues écrasaient dans un craquètement mélodieux les feuilles roussies qui tapissaient l’herbe grasse tout autour d’eux ; les arbres fumaient encore des feux du soleil, feuilles dorées miroitant sous la lumière comme si elles n’allaient pas elles aussi tomber en spirales élégantes sur le sol pour y mourir en silence. L’automne était une jolie saison pour les âmes mélancoliques ; toute heure du jour et de la nuit était toujours accordée à leur humeur. Matin frissonnant sous la brise fraîche, premiers rayons auroraux qui réchauffaient les joues froides de la nuit glacée ; midi triste sous une lumière déjà déclinante ; après-midi confinant déjà la solitude d’une soirée seulement percée des derniers rais vespéraux ; soirée plongée dans l’ombre qui s’épaissirait jusqu’aux plus sombres heures de la nuit.
‎‎  ‎ Enfin, Jørgensen aperçut sa rencontre du jour ; assise d’un air rêveur sur une belle nappe de pique-nique garnie d’un panier en osier bien rempli, faisant face à un vieux chêne majestueux comme l’illustration d’un étrange film dramatique. Tandis qu’il se redressait pour se tenir sur ses deux jambes sur les derniers mètres, il saisit les bribes d’une chanson vacillante portée par une voix fragile comme du cristal – à l’image de celle qui fredonnait. Claudiquant péniblement en prenant garde à ne pas glisser sur les feuilles – mignon spectacle du moment qu’il n’avait pas à l’affronter de ses pieds mal assurés –, le jeune homme rejoignit l’adolescente dont les yeux voletèrent comme deux papillons joyeux mais timides vers les siens. “Silas !” l’accueillit-elle avec enthousiasme en dressant un bras inutile, comme pour signaler sa présence pourtant bien visible dans sa petite robe adorable enveloppée d’un épais manteau molletonné. “Daisy !” mima l’idiot en levant à son tour un bras avec une voix exagérément grave. Sa pitrerie lui valut toutefois de manquer de tomber, fanant son sourire un instant pour lui arracher un éclat de rire lorsqu’il se retrouva à demi courbé pour finir à quatre pattes sur la nappe à carreaux heureusement à proximité. Derrière lui, Bane avait recouvré sa forme féline pour se lover près de son propriétaire – non sans un regard vraisemblablement agacé. Daisy, quant à elle, bataillait avec ses cheveux battus par le vent. “Tu chantais quoi ?” l’interrogea l’impertinent en se dandinant pour trouver une position assise confortable en dépit de sa jambe tordue. Probablement un truc de Disney, la connaissant, mais on chantait toujours un air accordé à la couleur de son humeur.
‎‎  ‎ “J’ai fait de mon mieux, j’espère que ça t’ira ? Tu aimes le rosbeef, toi aussi ?” s’enquit la jeune fille dont l’inquiétude paraissait vive dans son regard trop bleu. “Papa en ramène toujours quand on pique-nique ensemble en été. Oh, je t’ai aussi servi un verre de jus d’airelles, c’est très bon pour la santé” ajouta-t-elle en lui tendant un verre déjà rempli d’un liquide paré de timides rougeurs scintillant sous la lumière automnale. Il s’en saisit pour la débarrasser, d’abord, agitant sa main libre pour signifier qu’elle s’en faisait pour rien. “C’est parfait, t’inquiète” la rassura-t-il aussitôt, se gardant bien de ne pas grimacer à la mention de son père. Pour une raison qu’il ignorait, sa mention lui était toujours désagréable. Daisy avait toujours idolâtré son père, mais pas de la façon dont Silas admirait sa propre mère ; il y avait trop de naïveté dans cet amour-là, ou une autre émotion qu’il avait du mal à cerner mais qui le mettait éminemment mal à l’aise. S’il éprouvait une profonde empathie pour l’adolescente prisonnière de sa propre délicatesse, il avait parfois l’envie irrépressible de la secouer pour la sortir de cette torpeur qui paraissait parfois prendre possession du cheminement de ses pensées bien décidées à l’écarter de la route censée relier son existence à celle des autres. Leur discussion au sujet d’Appleton avait soulevé une sensation de malaise identique, qu’il était prêt à remettre sur le tapis en dépit de la contrariété qu’elle éprouverait sans nul doute. S’il ne connaissait pas son père, il savait parfaitement que le Poufsouffle était tout sauf le garçon qu’il lui fallait ; il la briserait en mille morceaux sans l’ombre d’un doute.
‎‎  ‎ Silas trempa le bout de ses lèvres dans le jus d’airelles, avant de boire une gorgée pensive qui lui réveilla les papilles. L’acidité avait l’étrange pouvoir d’apaiser ses sens ; ou peut-être de les concentrer sur une sensation plus aiguë que la douleur sourde dans sa jambe et l’angoisse bourdonnante de son crâne fissuré. Il émit une petite exclamation appréciatrice en passant le bout d’une langue rose sur la chair tendre et désormais humide. “Ça faisait tellement longtemps qu’j’en avais pas bu que j’me rappelais même plus du goût, mais c’est bon !” lâcha-t-il avant de reporter son regard perçant sur le visage de poupée qui lui faisait face. Il n’avait pas oublié qu’il avait mentionné la volonté de se confier à l’oral ; loin des mots figés sur le papier. C’était un peu plus simple lorsque les phrases se diluaient dans l’atmosphère sans qu’on puisse les retenir ; ils ne nous appartenaient plus tout à fait, en quelque sorte. Mais ça restait difficile, indéniablement. Alors, il fallait trouver des parades pour les faire sortir, pour les amener un peu plus naturellement qu’en les extrayant de force pour les mettre sur la table comme des viscères encore chaudes et sanglantes. Ça ne donnait envie à personne, ce genre de confidences. Un soupir fit frémir sa bouche, qu’il emplit à nouveau d’une nouvelle gorgée pour réveiller l’acidité bienvenue qui glissait le long de sa gorge nouée. “Ça va mieux, d’puis la dernière fois ?” choisit-il de demander, référence élusive à ses échanges difficiles avec Dash, auxquels il n’avait pas tout compris. Il n’avait pas vraiment cherché à gratter le vernis déjà écaillé par son meilleur ami, conscient que le sujet était encore trop brûlant pour les deux concernés. Peut-être que cette fois, cependant, il était temps.
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Message(#) Sujet: Re: Nos océans de vagues à l'âge (Silas & Daisy) Nos océans de vagues à l'âge (Silas & Daisy) EmptyVen 19 Jan - 12:12


Nos océans de vagues à l'âme
Le camaïeu automnal s’accordait à son âme, rouge d’enthousiasme, orange de gaieté, jaune de folie ; et, quelque part, les feuilles mortes comme son innocence, la naïveté fanée de la déception. Elle oscillait fragilement sur une brindille secouée par les vents adolescents, et ne se raccrochait que de souvenirs encore vifs qu’elle aspirait à voir éclore en avenir. C’était insensé et c’était pourtant tout le sens qu’elle trouvait à ses jours alors que la lueur du soleil perçait entre les feuillages du parc. Ses nuits étaient souvent plus absurdes encore, peuplées de rêves qui tutoyaient les cauchemars, sans frontière comme sa propre morale. Grise. Son sourire était gris, lui aussi, mesuré par des sentiments contradictoires, bonheur et sans espoir. Il étincela cependant sous la salutation enjouée de Silas qui en perdit l’équilibre. La Serdaigle se pencha précipitamment comme pour le retenir d’une chute déjà entamée, vainement ; il se retrouva à quatre pattes en riant et elle gloussa à son tour, soulagée de le voir vainqueur de ce qui ressemblait pourtant à une défaite. Il prit place, confortablement, et elle continuait de le regarder en souriant, sincèrement guillerette de le retrouver, quand il lui demanda ce qu’elle chantait à son arrivée. Elle ne pensait pas pouvoir être entendue, c’est qu’elle fredonnait souvent sans que personne ne soit interpellé (ou sans que personne ne daigne la deviner), et ses joues rosirent sous ce qui pouvait être une simple brise rafraîchissante, ou une gêne inconsciente de se livrer à ce garçon qui n’était ni une connaissance, ni un ami. “Partir là-bas” répondit-elle dans un timide sourire ; mais Silas ne sembla pas réagir et elle réalisa ainsi qu’il était un hérétique comme il en existait hélas de trop sur cette planète. “La Petite Sirène” précisa-t-elle alors. Et, parce que l’heure était vraisemblablement très grave, elle se pencha en avant sans se défaire de son regard. “Tu connais au moins ?” lança-t-elle d’un ton un peu inquisiteur, comme refusant d’avance toute réponse négative.

Mais elle restait une bonne hôte dotée d’une éducation sociale rigoureuse ; aussi lui présenta-t-elle le pique-nique en espérant que les victuailles lui conviennent. Il le lui confirma, accompagné d’un “t’inquiète” qui l’adoucit aussitôt. Oui, elle s’était inquiétée parce qu’en vérité, elle ne le connaissait pas si bien et avait craint commettre un impair en lui proposant un aliment duquel il était potentiellement allergique… Il ne fallait pas qu’il pense qu’elle avait envie de le tuer, c’était même tout le contraire. Elle avait voulu bien faire, comme lui avait bien fait en prenant soin d’elle. C’était par notes interposées et sûrement répliquerait-il qu’il ne s’était pas agi de grand chose ; mais elle avait été touchée de ce geste spontané et généreux. Sûrement s’en voulait-elle un peu de ne pas avoir été plus présente au cours de son absence, à présent qu’il se montrait disponible pour bien moins. Et la nourriture était un excellent moyen de se racheter, en tous cas, c’était ainsi qu’on procédait autour d’elle. Papa lui préparait toujours d’excellents petits plats quand elle était contrariée, et si elle était différente, bizarre, incapable de considérer ce geste à sa juste valeur en s’empêchant de toucher ces pâtes qui lui perforaient le ventre, elle n’en demeurait pas moins sensible au geste. Alors, elle espérait que Silas ne soit pas aussi ingrat qu’elle, non, elle le savait ; il apprécierait ces plats, parce que tout le monde n’était pas aussi ridicule, misérable qu’elle.

Ils plongèrent chacun dans leur verre de jus d’airelles et Daisy esquissa un franc sourire quand le jeune homme émit une exclamation de plaisir. C’était aussi une boisson qu’elle appréciait, l’acidité suscitant une curieuse sensation dans son palais qui tirait toujours ses commissures vers le haut. Mais elle était ravie d’avoir visé juste pour lui, car de fait, il ne s’agissait que de le remercier. “Ça faisait tellement longtemps qu’j’en avais pas bu que j’me rappelais même plus du goût, mais c’est bon !” Elle acquiesça en prenant sa coupe de ses deux mains pour la tenir sur ses cuisses. “C’est encore mieux en été, quand il fait très chaud, mais c’est bien aussi d’en profiter à l’automne. Ça change des jus de citrouilles.” Il y avait une obsession des citrouilles qu’elle ne s’expliquait pas mais allons, à chacun ses manies, elle aurait été bien en peine de juger.  “Ça va mieux, d’puis la dernière fois ?” La question, légère, pesa soudain sur son estomac vide. Même le sucre de la boisson ne se défit pas de l’appréhension qui y battait soudain. “Oui” répondit-elle sobrement dans un sourire de circonstances qu’elle renvoyait toujours à son miroir avant de descendre dans la réception donnée par Papa. C’était censé être sincère, elle n’avait pas cherché à se donner une quelconque contenance, pas à l’abri du parc, pas en présence bienveillante. Mais c’était tout de même sorti en demi-mensonge, suffisamment pour lui faire pincer les lèvres alors qu’elle reprenait une gorgée de jus d’airelle. “Enfin, je crois. On s’est réconciliés. C’est juste que parfois…” Les mots sortaient tout seul, l’un à la suite de l’autre, comme les feuilles s’arrachaient sans bruit à leur branche à mesure que l’automne frémissait autour d’eux. “Ben, parfois, je m’inquiète toute seule, pour rien. C’est bête, parce qu’il a suffi d’en parler. C’est juste pas toujours évident de parler, hein ?” Elle ne doutait pas qu’il comprendrait, sans même s’expliquer cette certitude. Il avait quelque chose d’elle, ou elle de lui, et c’était encore au-delà de leurs cheveux blonds, de leurs yeux bleus ou de leur peau pâle. C’était cette sensibilité exacerbée, à grande peine retenue pour supporter un monde trop rapide où ils n’avaient pas la moindre accroche. “Et toi, comment ça va ?” reprit-elle pour éloigner la discussion de sa personne, déjà bien trop secouée par le froid qui s’installait. “Oh, et sers-toi, je t’en prie, c’est là pour ça” ajouta-t-elle en désignant d’un geste de la main le panier d’osier. Si jamais il avait besoin de couvrir les protestations de son estomac, lui aussi.
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Message(#) Sujet: Re: Nos océans de vagues à l'âge (Silas & Daisy) Nos océans de vagues à l'âge (Silas & Daisy) EmptyMar 23 Jan - 17:05

( Nos océans de vagues à l’âme )


‎‎  ‎ Malgré les vents contrariés qui soufflaient sur son intériorité décimée par cette rentrée chaotique, la vue du sourire éclatant de Daisy lui insuffla un peu de ce soleil que Dash dispensait dans sa vie. Il n’eut cependant que peu de temps pour s’en imprégner, car il trébucha et se rattrapa pour finir à quatre pattes sur la nappe de pique-nique soigneusement garnie par sa camarade – sans avoir besoin, finalement, de l’aide que cette dernière paraissait avoir voulu lui apporter en se tendant vers sa silhouette déséquilibrée. Son autodérision gagna la jeune fille, qui se joignit à son hilarité sans plus revenir sur l’incident – c’était ce qu’il préférait, au fond, qu’on ignore les conséquences de son handicap lorsqu’il pouvait se débrouiller seul pour les gérer. Et il en était capable, il le savait. Il fallait simplement le laisser faire.
‎‎  ‎ Sa question, somme toute assez légère, fit rosir la délicate Serdaigle. Elle consentit à livrer le nom de la chanson – qui ne lui tira aucun “ah !” de compréhension, aussi ajouta-t-elle “La Petite Sirène. Tu connais au moins ?” L’adolescente s’était penchée vers lui d’un air si grave qu’il en fit naître un sourire amusé sur les lèvres joueuses du garçon, dont la gorge émit une petite exclamation rauque. “C’est un Disney, je parie ?” Il laissa filer quelques secondes pour observer l’expression déçue de Daisy, avant d’éclater de rire. “Mais oui, je connais, je te charrie. C’est juste pas mon préféré ; genre les trucs de princesses en général, je t’avoue que…” Il n’acheva sa phrase qu’en étirant une grimace sans équivoque. Pensivement, il rabattit l’une de ses mèches peroxydées en arrière, agacé qu’elle lui barre les yeux – charriée par une brise taquine. “Enfin, j’adore leurs fringues. Les robes, là ! Trop belles.” Au fond, il avait toujours rêvé de dessiner des robes somptueuses ; au lieu de quoi, il habillait Selene pour la transformer en vampire. Ça restait très amusant, mais ce n’était pas tout à fait ce dont il rêvait.
‎‎  ‎ À mesure que la discussion avançait, tranquille, il sembla au jeune homme que sa camarade se détendait ; de prime abord, elle avait paru enchantée et anxieuse, peut-être un brin distante – donnant l’impression d’être en pleine représentation. À présent, elle paraissait plus naturelle, plus à l’aise. Jørgensen se demandait si cela avait un rapport avec Dash ; leur relation, leur proximité, ce qu’ils dégageaient ensemble – ou peut-être ce que Silas, tout court, dégageait. Il se savait parfois intimidant pour les personnes réservées ; bruyant, têtu, affirmé – c’est qu’il prenait de la place, le gamin. Il aurait voulu lui dire qu’elle n’avait pas à s’en faire, qu’elle pouvait être elle-même avec lui ; parce qu’il n’était pas intéressé par un pique-nique avec quelqu’un d’autre que cette Daisy Gibson qu’il avait découverte entre les lignes manuscrites. Il y avait bien une forme de connexion qui s’était établie entre eux, non ? Quelque chose qui avait sonné si juste que c’en était déstabilisant.
‎‎  ‎ Le jus d’airelles était délicieusement acidulé, mais, si Silas s’en réjouit, il ne poursuivit pas la discussion – laissant la remarque météorologique de la jeune fille s’éteindre dans un hochement de tête approbateur. C’était typiquement le genre de phrases qui lui donnait l’impression que Daisy s’appliquait à jouer un rôle plutôt que de s’autoriser à livrer un peu d’elle – il ne comptait pas vraiment l’encourager sur ce chemin, car il le trouvait non seulement triste, mais aussi barbant. Il n’existait aucun monde dans lequel il tenait une conversation sur un jus de fruit – sauf s’il s’agissait d’une énième bêtise dont Dash et lui avaient le secret. Aussi préféra-t-il s’enquérir de son état sans détour ; après tout, ils n’étaient pas à un dîner mondain – juste deux élèves paumés dans un château trop grand pour leur mélancholie. Un premier “Oui” élusif fit se froncer les sourcils bruns du jeune homme, avant qu’elle ne presse ses lèvres l’une contre l’autre, les trempant dans sa boisson avant de répondre plus franchement. Faire preuve de franchise paraissait lui coûter beaucoup plus qu’à son camarade. “Enfin, je crois. On s’est réconciliés. C’est juste que parfois… Ben, parfois, je m’inquiète toute seule, pour rien. C’est bête, parce qu’il a suffi d’en parler. C’est juste pas toujours évident de parler, hein ?” Un acquiescement silencieux accueillit sa question. Parfois, c’était même impossible. Il y avait des choses qui étaient plus effrayantes en mots qu’en images – comme si les lettres scellaient l’immuabilité de la réalité, comme si poser un nom sur l’image la rendait plus vraie. “Ouais… Y a des trucs…” commença-t-il avec une certaine hésitation, funambule incertain sur un fil tout juste tendu au-dessus d’un vide sans filet de sécurité. “Y a des trucs qui sont plus flippants à dire qu’à voir.” Par exemple, “ma mère est dans le coma, peut-être qu’elle ne se réveillera pas”.
‎‎  ‎ L’échange dériva vers Silas lui-même ; comment allait-il ? Bonne question. Il profita de l’invitation de Daisy pour enfourner quelques victuailles bienvenues dans sa bouche trop déserte pour esquiver la question sans paraître désagréable. Mais une fois sa dernière bouchée avalée, il n’eut pas d’autre choix que de poser ces mots si difficiles qui raclaient une gorge déjà à vif. Sa pomme d’Adam yoyotta un instant, ses prunelles dérivant vers un océan tempétueux qu’il n’était pas encore parvenu à dompter. Devait-il évoquer… Une idée jaillit pour éluder le complexe exercice de verbalisation de son mal-être ; un peu brutale, mais peut-être moins que de l’exprimer – pire, la détailler. Silencieusement, il remonta ses manches sur ses avant-bras couturés de cicatrices nettes et régulières ; plus élégantes que les pensées amères qui les avaient fait éclore. “Pas dingue” ne put-il s’empêcher de lâcher ; besoin obsédant de relativiser la situation par une pirouette sarcastique. “Ils savent.” Les adultes ; un “ils” au ton évident. Grâce à Dash, en réalité. La terreur qu’il avait lue dans ses yeux l’avait poussé à se confier à Armitage – pour ne plus être écrasé de culpabilité à l’idée que son meilleur ami doive traîner cette charge morbide. Il ignorait complètement si c’était une initiative stupide de s’en ouvrir si crûment à Daisy, mais, d’entre tous, c’était la seule qui avait l’air d’évoluer en fantôme tangible – comme lui, incapable de choisir entre cette vie et le néant.
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Nos océans de vagues à l'âge (Silas & Daisy)
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