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Selene O. Paulet

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Message(#) Sujet: fading paths (selene ☉ silas) fading paths (selene ☉ silas) EmptySam 26 Aoû - 18:44






(selene ☉ silas)
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Sournois, un rayon de soleil qui était parvenu à se faufiler entre les lourds rideaux de la chambre glissa sur le parquet sombre, jusqu’au tapis cobalt qui en recouvrait une partie, escalada le bois du lit à baldaquin, dansa sur la courtepointe et s’attaqua au visage paisible de Selene endormie. Contrainte et forcée de quitter ses songes plutôt paisibles, elle grommela de mécontentement et tira la couverture jusqu’à disparaître dessous toute entière. Son corps protestait contre toutes les larmes versées la veille : ses paupières collées étaient lourdes, sa tête enflée pulsait d’une migraine étourdissante, ses lèvres asséchées par le sel picotaient désagréablement. Elle flotta un temps indéfini entre les rêves et la réalité, attendant sagement que le mal de  tête accepte de refluer, ballottée ici et là par tout un tas de pensées. Il y avait un cupcake bien emballé qui attendait dans son sac et le jaune du citron explosa, recouvrant toute le reste d’un goût sucré qui lui rappela le dessert de la veille, après la repas, après la répartition, après le long voyage en train dont la locomotive crachait une fumée qui se perdait jusque dans les nuages. Ils étaient plusieurs à tacheter le ciel, elle les voyait tandis qu’elle errait dans les couloirs de Poudlard, perdue de toutes les manières possibles et inimaginables. Ça avait été une drôle de rentrée. Pourtant, rien dans son désespoir de la veille ou dans son engourdissement de ce matin ne lui faisait regretter d’être ici. Après l’étroitesse de son appartement, il faisait bon de respirer librement. Le bruit de quelques pas légers la tirèrent un peu plus vers le matin qui luisait impitoyablement dans chaque recoin, l’arrachant à ses rêveries. Ce devait être Daisy. Elle était déjà endormie quand Selene s’était finalement glissée entre les draps de son lit, hier soir, tard, très tard. Si elle ne l’était pas, elle avait en tout cas fait semblant. Ce ne fut que lorsque la porte grinça puis claqua que deux prunelles bleues tentèrent timidement une sortie en direction de ce début de matinée. Pas de vague furieuse venant lui vriller douloureusement le crâne, pas de jolie princesse face à laquelle elle ne saurait pas vraiment comment agir, Selene était libre de quitter son cocon et de détailler sa nouvelle chambre, encombrée des valises qu’elle n’avait pas eu le temps de défaire hier.

Ne sachant pas vraiment si le petit-déjeuner était servi à des heures définies, ni combien de temps il lui faudrait pour se repérer et parvenir à trouver la Grande Salle, Selene repoussa à plus tard le moment de ranger ses affaires — non sans le noter dans son carnet — et délaissa son pyjama pour… pour quoi, d’ailleurs ? Dashiell avait été merveilleusement gentil de lui donner quelques indications concernant le train et les calèches mais elle n’avait pas pensé à lui poser les mille questions qui lui traversaient présentement l’esprit. Est-ce que l’uniforme était obligatoire en tout temps ? En même temps, c’était dimanche, s’il y avait un jour où les élèves devaient pouvoir s’habiller comme ils le souhaitaient, c’était celui-là, non ? Mais si elle se trompait et qu’elle était la seule à déjeuner sans la cravate aux couleurs de sa maison ? Mais si elle se plantait et qu’elle était la seule à errer dans les couloirs vêtue comme ils l’étaient tous hier ? D’une écriture penchée par la précipitation, Selene ajouta Demander à D. pour vêtements et heures repas à sa liste des choses à faire puis enfila un pull trop grand par-dessus sa jupe, fourra sa cravate dans son sac — elle se sentait rassurée à l’idée d’être parée à toutes les occasions — et ajouta son cahier de notes ainsi que son thésaurus personnel par-dessus. L’avoir avec elle la rassurait inexplicablement et, face à l’inconnu, elle n’était pas prête de se priver de quoi que ce soit de réconfortant.

Hier soir, elle n’avait pas vraiment prêté attention aux endroits où elle passait. Elle découvrait donc pour la première fois — la deuxième première fois — les contours et détails de sa salle commune. Avisant un groupe d’élèves plus âgés qui s’éloignait en direction de la sortie, elle pressa le pas, croisant mentalement les doigts pour qu’ils aillent eux aussi prendre leur petit-déjeuner. Son pari s’avéra payant et un bref soupir de soulagement lui échappa quand elle avisa l’immense hall d’entrée qui se dessinait en bas des marches. De ça, elle s’en souvenait, puisqu’elle l’avait emprunté hier pour se rendre jusqu’au lieu du banquet, émerveillée par tout ce qu’elle voyait, impressionnée par toute la magie qui égayait les vieilles pierres du château. Deuxième soupir soulagé quand elle constata qu’elle n’était absolument pas la seule habillée comme elle l’entendait — en fait, personne ne portait son uniforme — et c’est rassurée qu’elle se glissa sur un banc, s’abîmant presque aussitôt dans la lecture de son cahier qui recensait les choses qu’elle avait à faire, autant pour se les remémorer et s’organiser que pour faire taire cette lancinante impression d’être terriblement seule alors qu’une foule d’élèves bruissait tout autour d’elle. À en juger par la couleur du ciel que reflétait le plafond magique au-dessus de sa tête — elle n’était pas totalement ignare des secrets de Poudlard grâce à ses lectures estivales — il faisait gris, aussi gris que l’odeur de la pluie. Puisque son objectif de ce matin était de surligner la ligne Visiter Poudlard et mieux se repérer, Selene déjeuna assez rapidement et, une fois la dernière goutte de son jus d’orange avalée, la dernière miette de ses tartines de confiture effacée, elle se lança dans son exploration.

Sa montre indiquait onze heures seulement quand ses errances répétées mais parfaitement calculées — même si elle avait une petite idée, elle n’était pas tout à fait certaine de comment elle était arrivée jusqu’ici, il lui faudrait refaire le trajet une seconde fois pour vérifier son orientation — la menèrent jusqu’aux portes de la bibliothèque. Selene hésita une petite seconde, puis une deuxième. Elle commençait à avoir mal aux mollets à force, et puis, elle avait bien mérité une petite pause après tout ça, non ? Il lui faudrait définitivement plus qu’une matinée pour être à l’aise de ratifier son objectif concernant le château, ses étages et son dédale de couloirs. La lassitude combinée à sa curiosité, elle laissa là ses repérages et poussa doucement le haut battant en bois. Derrière, le calme régnait, ainsi qu’une douce pénombre parsemée de nombreuses bougies qui conférait à l’endroit une atmosphère sereine. Étonnée, Selene constata qu’elle n’était ni la première, ni la seule à avoir choisi de passer son dimanche matin entre les hautes étagères de livres. Là, deux filles penchées sur le même livre chuchotaient à toute allure, là-bas, un garçon disparaissait à moitié derrière une pile de vieux grimoires, ici, un autre garçon leva la tête au moment où elle terminait de jeter un regard aux alentours, derrière lui, une silhouette de dos griffonnait des notes sur un parchemin.

Faisant mine de savoir précisément où elle allait, elle décida de se perdre un peu plus vers la gauche, étudiant les rayonnages d’un œil curieux. Au bout de quelques pas, elle arriva à la conclusion qu’elle devait être dans la section des romans et tira un ouvrage au hasard. Shadow Copper, une élève solitaire de Poudlard, cache un intérêt secret pour la magie noire. Fjord Dove, charismatique membre de l'Ordre du Phénix, repousse sans cesse ses avances afin de la protéger. Lorsque Shadow découvrira la vérité, décidera-t-elle de se joindre à la lutte contre les forces obscures au nom de son amour ? Leur collaboration pourra-t-elle devenir une puissante alliance ? Dans un monde magique en danger, leur amour naissant démontre que même au milieu des ténèbres, l'espoir peut briller. Haussant un sourcil perplexe, elle le reposa, fit glisser ses doigts quelques secondes le long du bois, et répéta son tirage au sort. Artie Foxglove et Venus Molek, sont deux que tout oppose. Artie, intelligent et militant, est à mille lieues de la discrète Venus. Malgré leurs différences, pourront-ils découvrir que l’amitié transcende les préjugés ? « Un Chemin moins Emprunté » est une fabuleuse histoire de croissance, de compréhension mutuelle et d'engagement pour un monde plus juste. Le sourcil levé se transforma en une petite grimace avant qu’elle ne poursuive ses découvertes dans d’autres allées.

Finalement, elle échoua sur l’une des tables libres, entre la tour chancelante et l'œillade répétée, un livre sous le bras qu’elle commença à lire pendant un certain temps avant de remplacer les pages par du parchemin vierge et la couverture en cuir par une plume et de l’encre. Elle n’avait pas grand chose à écrire, juste quelques questions pour Dashiell et une demande d’entrevue pour un test de connaissances à son professeur de Sortilèges. Elle s’appliqua d’autant plus, prenant plaisir à tracer de belles lettres noires sur fond jauni. Son ouvrage terminé, sa montre consultée, elle se leva pour emprunter le livre, poussée par les légers gargouillis de son estomac. Elle appréciait les longs couloirs de Poudlard, se dit-elle en quittant la bibliothèque, il y faisait frais au point qu’elle n’avait pas besoin de remonter les manches de son pull, encore moins de l’enlever. Prête à plonger dans ses pensées, elle fut ralentie par le claquement étouffé des portes qu’elle venait de refermer, puis arrêtée par une voix inconnue qui appela son prénom.

@Silas Jørgensen
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Silas Jørgensen

Silas Jørgensen



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Message(#) Sujet: Re: fading paths (selene ☉ silas) fading paths (selene ☉ silas) EmptyDim 27 Aoû - 19:23

( I see a red door
and I want it painted black
No colors anymore,
I want them to turn black )
La nuit avait été courte. Pas parce qu’il s’était amusé – il avait quitté le banquet le plus tôt possible, saisi à la gorge par tous ces visages atrocement familiers qui posaient des regards d’inconnus sur lui – ou parce qu’il s’était tordu de douleur (enfin, ça, ce n’était pas tout à fait vrai, la douleur l’avait tenaillé plusieurs heures quand même), mais parce qu’il ne s’était pas attendu à ce que son changement de dortoir ne le fasse atterrir dans la même chambre que celle de Dmitri van Aken. La surprise avait été largement partagée, lançant une discussion inattendue ; au fond, Silas pensait qu’il en avait eu besoin. Au moins sa soirée ne s’était-elle pas simplement conclue sur le fait qu’il se sentait comme une abeille dans un essaim de frelons. Mais actuellement, ses paupières atrocement lourdes et ses yeux gonflés de fatigue le démangeaient tellement qu’il regrettait un peu de ne pas avoir pu dormir davantage. Lorsque la lumière du soleil réchauffa son visage froissé, il émit un grognement et remonta la couverture sur lui pour s’en protéger. C’était peine perdue, parce que non seulement sa jambe droite le lançait déjà, mais en plus Bane avait sauté sur le lit en miaulant à répétition pour forcer son propriétaire à sortir de là et faire ses étirements matinaux.

Ouais, ça va, j’ai compris, sac à puces, gronda l’adolescent en agitant brutalement les draps, manquant de faire tomber le chat aux grands yeux pleins de reproches. J’arrive, OK ? geignit-il pour gagner quelques secondes en levant les yeux au ciel.

Il savait depuis très longtemps que tenter de parlementer avec son ronronroulant s’apparentait à négocier avec un gardien de prison aphone. Pourtant, il aurait vraiment voulu lézarder encore quelques minutes ; voire quelques heures. Un miaulement impérieux le rappela à l’ordre tandis que ses cils papillonnaient sous l’effet de la somnolence qui s’emparait à nouveau de lui. « P’tain d’chat d’merde » fut tout ce qui émergea de sa bouche pâteuse et il se redressa en se frottant le visage avec lassitude. Le Serdaigle savait que Bane avait raison, qu’il ne fallait pas qu’il laisse sa jambe s’engourdir, mais ça faisait chier quoi. Une fois assis sur le lit, il grimaça en sentant une odeur de sueur remonter jusqu’à ses narines. Vraiment, les hormones : pire invention de l’humanité. Tu deviens con dès que tu vois une nana ou un mec sexy et tu schlingues, top. Dans un soupir de condamné, il jeta un œil aux rideaux tirés du lit jouxtant le sien pour s’assurer que Dmitri dormait toujours (comment ? aucune idée, étant donné le boucan que le duo faisait), puis retira son tee-shirt ensuqué avec un soulagement évident. Une bonne douche s’imposait.

Repoussant enfin les draps pour balancer ses jambes couvertes d’un jogging au bord du lit, son expression fut zébrée un instant du masque de la souffrance. Oui, il aurait dû écouter Bane. À regret, il fouilla dans le tiroir de sa table de nuit et en tira l’une des fioles que lui envoyait régulièrement Sainte-Mangouste en guise d’antidouleur. C’était absolument infect, mais son effet rendait ça à peu près supportable. Par réflexe, il chercha la poubelle après avoir bu la mixture d’un trait, avant de se souvenir en se renfrognant que cette tâche était échue aux elfes de maison de l’école.

Genre on est trop bien pour jeter nos propres merdes à la poubelle.

Pour l’instant, revenir à Poudlard était une expérience assez mitigée. Revoir Dash avait rallumé un soleil dans sa poitrine – un soleil qu’il croyait non pas éteint, mais mort –, mais le reste avait été une suite de montagnes russes un peu trop extrêmes à son goût. Il aurait bien goûté à un peu de tranquillité, ce matin. C’est pour cette raison qu’il chassa ses pensées parasites et se leva sur deux jambes mal assurées pour faire ses étirements – que Dmitri se réveille et le surprenne en position du pigeon seulement vêtu d’un jogging l’amusa beaucoup plus que ça ne l’embarrassa. Il devrait s’y faire, parce que Silas ne pouvait pas déroger à ses exercices quotidiens sous peine de voir sa malformation s’aggraver progressivement – et la douleur était pire lorsqu’il bougeait moins. Il appréhendait d’ailleurs les longues journées de cours qui le forceraient à l’immobilisation.

Une fois redressé prudemment, Bane vint se frotter à ses jambes en ronronnant, enroulant sa queue autour de ses mollets. Silas émit un petit rire agacé et l’écarta du pied. C’est bon, il n’avait pas besoin qu’on le félicite pour le moindre effort. Il décida de défaire sa valise et de ranger ses affaires avec un soin presque militaire, avant d’y récupérer ses affaires de toilette, sa baguette et ses vêtements pour migrer vers la salle de bains commune qui se trouvait plus loin dans le couloir des dortoirs. Silas croisa quelques élèves, qui pouffèrent parfois en le voyant se balader torse nu, et il leur rendit des clins d’œil faussement suggestifs pour les faire davantage rire. Il était conscient qu’ils se moquaient probablement de sa démarche grotesque, mais il s’en foutait. C’était presque rassurant de constater que ça n’avait pas changé depuis son départ.

Il ne s’attarda pas sous l’eau malgré le soulagement procuré par la chaleur sur sa jambe tordue ; il n’avait pas envie de croiser de camarades, ce qui le contraindrait à revêtir son pantalon directement dans la cabine de douche. Depuis sa première année à Poudlard où il avait eu la malheureuse naïveté de se contenter comme les autres d’enrouler une serviette autour de lui, laissant ses jambes nues, il était vacciné contre les regards, voire les mouvements de recul de ceux qui découvraient ce que dissimulaient ces larges pantalons qui ne laissaient deviner qu’une jambe tordue, sans avertir des os saillants et déformés, des cicatrices d’anciennes opérations et de la peau distendue. Heureusement, il ne croisa pas un chat – enfin, sauf Bane.

Dans la grande salle l’attendait son bonheur matinal : un petit-déjeuner en compagnie de son meilleur ami. Ça faisait des plombes qu’ils n’avaient pas partagé ce genre de petits riens du quotidien. Et le voir deux jours consécutifs lui faisait indéniablement quelque chose. Il lui avait tellement manqué que c’en était pratiquement viscéral. Pour ça, il était soulagé que seul le banquet de répartition les empêche de s’asseoir côte à côte. Il savait pourquoi on l’avait réparti à Serdaigle, mais quand on voyait les autres cassos qui y traînaient, ça le démangeait de poser quelques questions au Choixpeau. Enfin, peu importait, finalement… Les maisons, c’était que de la déco mythologique. Histoire de faire comme si Poudlard était un lieu historique et pas la geôle la plus sinistre inventée pour torturer des mineurs en toute légalité. Sérieux, il avait appris que Michaela était morte assassinée l’année dernière ? Franchement, il s’était retenu de ricaner en entendant ces histoires d’olympiades la veille. Encore une mascarade ministérielle. Il se demandait si le tout nouveau directeur – qu’il n’avait connu que concierge – avait vraiment son mot à dire dans cette histoire ou s’il s’agissait d’une marionnette sympathique qu’on agitait aux adolescents pour leur faire croire que leur avis avait une quelconque importance. Quoi qu’il en soit, il avait en tête de s’inscrire à cette débilité pour foutre un peu le boxon. Et râler pendant les cours de « dressage » d’hippogriffe. Il voulait bien voir à quoi ça ressemblait, d’essayer de dompter une bestiole pareille. Ils avaient des balais, alors pourquoi ils faisaient pas des courses de balais au lieu d’exploiter des pauvres bêtes pour faire les marioles ? C’était qui, les gamins, putain ?

L’esprit sérieusement agité de remous toxiques qu’il comptait bien mettre à profit pour saboter cet événement, il fut toutefois contraint de se discipliner et de se concentrer sur sa tâche du jour lorsque les pattes griffues de Bane l’amenèrent dans la bibliothèque. Le ronronroulant reprit sa forme de chat sitôt son maître assis sur une chaise et vint se lover à ses pieds tandis qu’il étalait quelques traités médicomagiques devant lui et sortait son journal intime de son sac, avec une plume autoencreuse. Sérieux, qui avait encore de l’encre en 2029 ? Il fallait se moderniser, un peu. D’ailleurs, ça serait bien que les sorciers s’inspirent des smartphones. Les hiboux, c’était franchement relou à la longue.

Chassant l’air grognon qui barrait sa bouche d’un pli amer, Silas fronça plutôt les sourcils sur la page dédiée aux antipoisons du troisième tome d’une série intitulée Des empoisonnements magiques. Remèdes, contresorts et levées de malédiction et commença à prendre des notes pour enrichir ses bricolages de recettes et ses expérimentations artisanales de l’été. Le temps passa à toute allure, sans qu’il prenne conscience que la bibliothèque se remplissait à vue d’œil à mesure que le soleil montait par la fenêtre. La porte s’ouvrit à nouveau sur une élève, à laquelle il ne prêta pas plus attention, mais le coin de son œil capta un visage familier qui lui fit relever le nez sur la nouvelle venue. Pull trop large, jupe et cheveux blonds ; Selene. Instinctivement, il baissa les yeux sur ses bouquins en faisant mine de ne pas l’avoir vue.

Viens pas me voir, viens pas me voir…

Elle ne vint pas. Mi-surpris, mi-soulagé, Silas leva la tête pour retrouver la tête blonde parmi les élèves. Elle s’était avancée vers un rayonnage, ignorant complètement celui qui, un an plus tôt, était l’objet de son attention. Le crush de Selene pour Silas était un secret de polichinelle ; à peu près n’importe quelle personne qui avait des yeux constatait aisément que la jeune fille en pinçait pour lui depuis plusieurs années. Ça lui était donc enfin passé ? Déstabilisé et un peu intrigué, le Serdaigle la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle disparaisse de sa vue entre les étagères.

Selene et lui, c’était un peu compliqué. Ce n’est pas qu’il ne l’aimait pas, c’est qu’elle était un peu… agaçante. C’était la meilleure amie de Daisy, qui était elle-même la meilleure amie de Dash, qui était lui-même le meilleur ami de Silas – vous suivez toujours ? Aussi ces quatre-là traînaient-ils souvent ensemble avant l’absence du jeune homme. Pendant ses deux premières années à Poudlard, Silas ne s’était pas le moins du monde intéressé aux filles, aux garçons… À qui que ce soit, en fait. Il s’en foutait comme de sa première crotte de nez. Ce n’est qu’en troisième année qu’il avait commencé à être travaillé par le sujet. Il aurait pu rendre son intérêt à Selene si… Enfin, le problème n’était pas physique. Elle était indubitablement très belle, vraiment. D’ailleurs, qui était moche dans cette putain d’école ? À croire que c’était une condition pour y être admis. Non… Le hic, c’était que Selene était d’un naturel si passif que ça lui tapait sérieusement sur les nerfs. Cela étant, il avait ravalé son irritation en la prenant un peu en pitié à cause de sa visible attirance pour lui et n’avait pas vraiment repoussé ses avances – pas plus qu’il ne les avait validées (enfin, pas consciemment du moins). Peut-être parce qu’il se sentait quand même un peu coupable de lui faire de la peine ? Quoi qu’il en soit, il l’évitait quand il le pouvait pour s’épargner de marcher sur des charbons ardents, entre son agacement difficilement réprimé et la gêne de la voir s’accrocher à lui comme une moule à son rocher. Encore que la moule et le rocher formaient une équipe productive.

Pour toutes ces raisons, son comportement était extrêmement inhabituel. Que ça lui soit passé, certes, très bien ! Parfait, même. Mais qu’elle l’ignore complètement ? Trop bizarre. À présent très perturbé, Silas attendit impatiemment que sa camarade repasse pour accrocher son regard et déclencher une réaction. Juste un sourire, un hochement de tête. Un truc, quoi. Si elle voulait lui tirer la langue ou lui faire un doigt, même, pourquoi pas. Cependant, lorsque la Serdaigle reparut et s’installa pratiquement à côté de lui, elle ne lui accorda absolument aucune attention malgré tous ses efforts pour l’attirer.

Elle me fait la gueule ?

Cette idée lui tordit salement l’estomac. OK, elle était franchement chiante par moments et il avait roulé des yeux un nombre incalculable de fois en la voyant sourire bêtement à l’autre bout du couloir, mais c’était une pote, non ? Enfin, c’était pas la guerre entre eux, quoi. Enfin… voilà, quoi. Est-ce que toute l’école le détestait d’avoir déserté une année ? Est-ce que des rumeurs avaient circulé ? Est-ce que Dash avait dit à tout le monde qu’il n’avait pas répondu à ses lettres ? Si c’était le cas, il pouvait parier qu’une bonne partie de Poudlard ne lui adresserait plus la parole… Tout le monde aimait Dash.

Silas ravala le nœud glacé qui se formait dans sa gorge et se força à baisser les yeux sur ses papiers. Impossible de se concentrer, évidemment. Des pensées intrusives tournaient en boucle dans son cerveau embrumé, engourdi par l’angoisse que le sentiment qui l’avait saisi en s’asseyant à la table des Serdaigle la veille soit une réalité. D’un autre côté, il pouvait comprendre que Selene ne veuille plus lui adresser la parole… Il était super chiant, super caractériel, il l’avait ignorée et… Ouais. Il comprenait. Mais il aimerait quand même avoir des explications. Être certain de la raison pour laquelle elle avait décidé de rayer son existence de sa vie. Et… Peut-être un peu parce qu’il n’avait pas envie que ça se passe comme ça.

Aussi, lorsque Selene quitta la bibliothèque, il s’empressa de ramasser ses affaires, les rassembla pêle-mêle dans son sac et se lança à sa poursuite sans attendre que Bane se transforme en chaise. Il trottina comme il le pouvait, attirant inévitablement des regards écarquillés sur cette allure étrange et difforme, et rattrapa la jeune fille dans le couloir.

Selene ! l’interpela-t-il pour la forcer à s’arrêter. Selene, attends !

Et elle l’attendit.

Il ralentit et parvint à sa hauteur, sans savoir quoi dire d’abord, puis lorsque Bane les rejoignit à son tour d’un air ennuyé en se glissant entre ses jambes, il étira un sourire de bric et de broc :

Tu me snobes ou quoi ?
ft. @Selene O. Paulet
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Message(#) Sujet: Re: fading paths (selene ☉ silas) fading paths (selene ☉ silas) EmptyLun 28 Aoû - 4:22






(selene ☉ silas)
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Son livre à peine entamé disparut entre les pans de son sac, bientôt rejoint par les deux lettres qu’elle venait de rédiger. Après le déjeuner, son objectif pourrait être de trouver la volière, cela lui permettrait de découvrir — et peut-être même de mémoriser — une autre partie du château tout en mettant la main sur un hibou pour transmettre ses petits mots. Joindre l’utile à l’agréable, ou bien, dans ce précis, l’utile à l’utile. Mentalement, elle visualisa sa liste de chose à faire et traça à l’encre de ses pensées une nouvelle ligne qu’elle se chargerait de compléter — deux, en réalité, une pour chaque destinataire dont le nom était précieusement cacheté, car ce serait deux fois plus de couleur à ajouter une fois son devoir terminé, ce qui lui donnerait un double sentiment d’accomplissement en plus de lui procurer une double dose de légère satisfaction. Ensuite, une fois qu’elle aurait teinté de vert, ou peut-être de violet, l’encre qui aurait eu le temps de sécher, elle pourrait peut-être revenir à la bibliothèque ? Marcher avait ceci d’inconvenant que l’activité laissait la place à tout un tas de pensées — encore plus lorsqu’on errait sans but à la poursuite d’une mémoire amputée — aussi Selene n’avait-elle pas spécialement envie d’y passer son après-midi. C’est qu’elle ne comptait déjà plus les heures passer en son for intérieur, alors penser à autre chose lui faisait du bien. Et puis, au moins, là-bas, entre les hauts rayonnages de livres et les tables rondes, le silence régnait et la solitude ne faisait pas tâche. En somme, elle s’y sentait un peu plus à sa place. Pas comme dans la grande-salle, pas comme dans sa salle commune, pas comme dans tous ces endroits où les autres se retrouvaient, parce que c’étaient ce que les adolescents normaux faisaient, du moins c’était ce qu’elle se figurait.

« Selene ! » Son prénom la tira brutalement de ses pensées. « Selene, attend ! » Elle pivota sur elle-même et ses yeux clairs se lancèrent à la recherche de la voix qui l’interpellait avec un tel empressement. C’était le garçon au regard perçant de la bibliothèque et, le temps qu’il parvienne à sa hauteur, elle eut tout le temps de le détailler. Il avançait d’un pas abîmé qui le ralentissait sans aucun doute, laissant dans son sillage les regards indiscrets de certains élèves qui passaient par là. Des mèches blondes qui encadraient un visage troublant, des yeux bleus qui la crucifiaient sur place et lui intimaient de ne pas bouger, il avait plus de prestance que les voyeurs qui s’éloignaient en chuchotant entre eux, malgré sa démarche singulière. Trottinant d’un pas léger, un chat noir le suivait comme son ombre. Selene se serait bien rapprochée pour lui éviter de fournir tout l’effort de la rattraper si elle n’avait pas été pas si décontenancée par cet étrange duo, par lui, avant tout, par son apostrophe inattendue, surtout. Ce n’était pas très poli de rester là, plantée à l’attendre, mais il l’avait surprise et les deux ne faisaient pas une paire très convaincante. Une seconde chassée d’un battement de cils et le garçon était là.

Il l’observa, elle lui rendit la pareille et un début de silence gêné se tricota autour d’eux, qu’elle s’apprêtait à déchirer quand il la devança d’un « Tu me snobes ou quoi ? » Selene resta interdite. D’accord, le fait qu’il l’appelle par son prénom aurait pu lui permettre de deviner qu’il la connaissait, mais ce qui la décontenançait surtout, c’était qu’il la connaisse assez pour se sentir ignoré. Plus elle découvrait ses anciens camarades, moins elle comprenait d’où venait ce glaçant sentiment d’avoir été seule toutes ces années  — encore plus après que Daisy ait décrété unilatéralement que leur amitié relevait du passé — cette solitude terrifiante qui hibernait entre toutes les pages de ses carnets. Comment la Selene d’avant voyait-elle le monde pour que cette impression ne la quitte jamais vraiment ? Parce qu’il n’y avait décidément pas que Daisy… Dash et elle n’étaient pas amis, pas ennemis non plus, mais ils s’entendaient bien, c’est vrai, c’était ce qui était noté dans ses journaux, mais c’était toujours associé au sentiment épuisant que ça n’était que parce qu’ils partageaient une amie. Azraël était bien plus avenant et chaleureux que ne le laissaient penser son écriture penchée, Jin n’y était pas représenté mais ce n’était pas si compliqué de lui parler, et maintenant ce garçon, qui jugeait que le désintérêt de Selene valait bien un tel effort, tout ça pour lui poser cette question.

Avalée par les yeux bleus du garçon qui ne la lâchait pas, elle trouva finalement une prise sur laquelle se raccrocher, en la silhouette ombragée du chat qui venait de lâcher un miaulement plaintif. Ses yeux clairs quittèrent brièvement ceux de son vis à vis et glissèrent jusqu’à l’animal, auquel elle adressa un sourire avant de reporter toute son attention sur son maître. « Non, pas du tout, pardon. » Un bref soupir réchauffa ses lèvres. Elle allait sérieusement considérer l’idée de se faire t-shirt — non, un pull, sinon il serait invisible aux yeux du monde les trois-quart du temps — avec une inscription quelconque pour notifier ses camarades de son amnésie, que plus personne ne s’offusque de ses regards qui glissaient sur les autres sans jamais les reconnaître. Parce qu’elle ne disait rien, pour ne pas faire de vagues — pour ne pas lui faire honte — mais ici, à Poudlard, ça causait finalement bien assez d’émois comme ça. Plus que l’inverse, peut-être. On pouvait croire qu’avec le temps passé à enlacer cette amnésie et la faire sienne, Selene avait réfléchi à une manière de la déclamer, pour des situations comme celles-ci. Ce n’était pas tout à fait faux, les heures passées les yeux grands ouverts à se repasser chaque seconde de ses échanges avec Daisy puis Dashiell en étaient la preuve, mais elle n’avait jamais trouvé une façon idéale, trouvant mille failles dans chacun des mots qu’elle pouvait prononcer. Finalement, maintenant que le temps était venu, elle se retrouvait bien dépourvue.

Ses doigts resserrèrent leur prise sur la lanière de son sac, la réajustant sur son épaules, ses prunelles se fichèrent dans celles du garçon. « Je ne t’avais pas reconnu. » C’était peut-être un peu brutal, ça. Heureusement, elle ne laissa pas le temps à un quelconque silence interloqué de se faufiler entre ces mots maladroits, enchaînant tout de suite, un sourire contrit ourlant ses lèvres. « J’ai eu un accident, au début de l’été, qui a, pouf, » Elle claqua des doigts à la hauteur de leurs yeux, dans un geste qu’elle trouvait décidément bien éloquent de ce qui lui était arrivé, quand bien même ce n’était pas exactement ça, mais une descente plus lente, plus douloureuse aussi, qui avait attrapé sa mémoire et, à défaut de la jeune fille, l’avait noyée toute entière. « avalé tous mes souvenirs. » C’était une jolie façon de dire, elle aimait bien ça, peut-être qu’elle allait garder ces mots-là. Mais, à en juger par la confusion qui étincela chez le garçon, ce n’était peut-être pas assez clair. Autant pour la poésie, alors. « En bref, je suis amnésique. » fit-elle, achevant d’éclaircir la situation, son sourire se transformant en une grimace et menant à un soupir : « C’est toujours aussi bizarre à dire à voix haute. » Est-ce que c’était une chose à laquelle on s’habituait ou bien est-ce que la même gêne pudique restait toujours la même ? Elle avait bien moins hésité que face à Dash, c’était une évidence, et l’absence de la haute silhouette paternelle n’y était sûrement pas pour rien. En revanche, son cœur se pinçait toujours d’appréhension, gonflant sa poitrine d’un sentiment d’insécurité à l’idée qu’il ne la croie pas, qu’il se moque d’elle ou qu’il maudisse sa faiblesse. Il y avait un quatrième choix, une étincelle allumée par un regard chocolat qui n’avait rien fait de tout ça, se contentant de compatir et de s’interroger, mais elle ne voulait pas trop y croire. « Du coup… non, je te snobais pas. » Selene avait failli lui demander son prénom mais une crainte indue l’avait retenue. Les pages de sa galerie des portraits dansaient dans son esprit, craignant d’avoir à s’arrêter sur l’une d’entre elles en particulier. Les grandes découvertes pouvaient s’avérer effrayantes, même avec un si joli visage.

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Message(#) Sujet: Re: fading paths (selene ☉ silas) fading paths (selene ☉ silas) EmptyMer 30 Aoû - 17:58

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L’espace d’un instant, Silas crut qu’elle ne se retournerait même pas ; qu’elle continuerait à l’ignorer, le faisant basculer dans ce gouffre qui semblait le séparer de tous ceux qui avaient poursuivi leur route en le laissant derrière eux. L’adolescent ne pouvait pas vraiment les blâmer ; il n’avait jamais été quelqu’un de très agréable, ni même de facile à côtoyer. Aujourd’hui, il était plus que jamais fragile, prêt à se briser en mille morceaux tranchants au moindre effritement, blessant toutes les chairs qui auraient le malheur de se trouver à leur portée. Mais Selene se retourna, le dévisageant d’un air surpris ; déstabilisé, même. Elle n’esquissa pas un geste avant qu’il ne réduise à néant la distance qui les séparait, Bane sur les talons. Tandis qu’un moment de silence s’installait, ils s’observèrent ; pas à la dérobée, mais franchement. Silas ignorait si elle allait le gifler ou l’insulter, tant son attitude le perturbait. La Selene qu’il connaissait ne l’aurait jamais détaillé de façon aussi décomplexée, avant. Aussi, il lança une question à moitié sérieuse pour tenter de dérider la surface de ce lac lisse et froid auquel il était confronté sans savoir s’il pouvait s’y baigner ou si quelque chose, sous l’eau, agripperait son pied pour l’entraîner dans ses profondeurs.

Un nouveau silence s’étira, et le bleu dans le bleu, leurs yeux s’affrontèrent encore. Elle n’allait donc pas décrocher un seul mot ? Ses longs cils pâles quittèrent le visage de Silas pour s’intéresser au chat entre ses jambes, auquel elle adressa un sourire. Plus désorienté encore par cette attitude qui, si elle ne sonnait pas faux, étrangement, n’était en rien semblable à celle dont il se souvenait, Silas entrouvrit la bouche pour l’interroger plus sérieusement. Cependant, il pressa ses lèvres l’une contre l’autre pour retenir la question brûlante qui enflammait sa langue lorsque la Serdaigle reporta enfin son attention sur lui.

— Non, pas du tout, pardon, s’excusa-t-elle en soupirant.

Elle réajusta la bretelle de son sac et planta à nouveau ses yeux dans les siens. Qui était cette fille ? Elle dégageait quelque chose de triste, de résigné, mais également de farouche qui allumait des alarmes partout dans son esprit. Silas ne reconnaissait plus Selene, alors qu’elle lui avait à peine adressé une phrase banale.

— Je ne t’avais pas reconnu, ajouta-t-elle pour se justifier.

Les yeux du jeune homme s’écarquillèrent et ses sourcils se haussèrent. D’accord, il s’était laissé poussé les cheveux, il avait grandi et s’était fait percer le nez ; et oui, OK, ses traits s’étaient durcis, mais il était quand même reconnaissable, non ?

Il n’eut pas le temps de s’étonner plus longtemps, car elle enchaînait aussitôt avec un petit sourire affecté :

— J’ai eu un accident, au début de l’été, qui a, pouf, avalé tous mes souvenirs, expliqua la Serdaigle en claquant des doigts pour illustrer cette révélation brutale. En bref, je suis amnésique.

Franchement, les yeux de Silas n’auraient pas pu être davantage ronds, tant il était effaré. À la mention de l’accident, il avait déjà tressailli, ramené à des souvenirs corrosifs, mais l’explication de son ignorance était pire encore. D’abord abasourdi, il se contenta de la dévisager, de poser ses yeux sur ce sourire qui se transforma en grimace, s’effaçant en soupir :

— C’est toujours aussi bizarre à dire à voix haute.

Pas plus que « Ma mère va probablement mourir, mon père est devenu dépressif et alcoolique et oh, au fait, je souffre tellement que j’en dors presque plus », songea-t-il avec une amertume doucereuse.

— Du coup… non, je te snobais pas, conclut Selene.

Silas ouvrit la bouche, la referma, puis croisa les bras en fronçant les sourcils avec perplexité. Il lui fallut encore quelques secondes pour que le flot d’informations qu’elle venait de lui balancer à la figure comme une vague traîtresse puisse être un minimum intégré dans son cerveau rempli d’échos du passé. Elle avait tout oublié ?

Et… Ça va ? ne put-il pas s’empêcher de s’enquérir en penchant la tête avec une inflexion inquiète dans la voix. Désolé, je… Je sais pas de quoi tu te rappelles, alors je sais pas trop quoi te dire. Moi, c’est Silas Jørgensen. Je suis le meilleur ami de Dashiell Dashner. On était potes, toi et moi, exposa-t-il après une brève hésitation.

Il se sentait vraiment ridicule de dire tout ça – peut-être qu’elle se foutait de sa gueule, en fait. Mais c’était vraiment pas le genre de Selene de faire ce genre de farce absurde ; et puis, ça n’avait vraiment rien de drôle. C’était même glauque et terrifiant, comme situation. Ses doigts pianotaient nerveusement sur ses avant-bras croisés, tandis qu’il la regardait d’un œil nouveau. Était-ce toujours la même Selene qu’il avait connue ? Allait-elle redevenir comme avant ? Ou était-ce une sorte de reboot de la machine, genre tous les composants originaux mais pas les apprentissages des dernières années ? Est-ce que… Est-ce qu’elle avait le potentiel de devenir une autre version d’elle-même ?

Une lueur de fascination s’alluma dans ses prunelles acérées. Tellement de questions se bousculaient derrière ses lèvres qu’il était difficile de les garder sur le bout de sa langue avide. Silas se mordit toutefois l’intérieur des joues pour les retenir, encore trop ébranlé par la nouvelle. Quel genre d’accident avait-elle eu ? Avait-elle des séquelles ? Ses proches en avaient-ils, comme ceux du Serdaigle, souffert ? Sincèrement, il espérait que ça n’était pas grave. Dans cette autre vie, qui lui paraissait à présent si lointaine – si fausse –, Selene avait beau lui taper sur les nerfs, il ne lui avait jamais souhaité le moindre mal. Autrement, pourquoi se serait-il échiné à ne pas heurter ses sentiments ? Silas savait qu’il pouvait parfois se montrer brute de décoffrage et même franchement agressif, mais il refusait d’être cette personne cruelle dont le fantôme se détachait parfois au cœur de ses pires crises de douleur. Il refusait de croire que cet incendie de haine qui embrasait dans ces moments-là chacune des cellules qui le constituaient était ce qu’il avait au fond des tripes.

Tu as besoin que je fasse quelque chose pour t’aider ? l’interrogea-t-il alors, la tête toujours inclinée dans cette contemplation métaphysique un peu trop crue.
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Message(#) Sujet: Re: fading paths (selene ☉ silas) fading paths (selene ☉ silas) EmptyVen 1 Sep - 15:38






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Il y avait, dans le fait d’être reconnue par une personne dont elle n’avait pas le moindre souvenir, quelque chose auquel Selene ne s’habituerait jamais vraiment ; un sentiment d’imposture qui laissait un goût amer derrière lui ; une petite voix perfide qui lui soufflait qu’elle n’était que la piètre doublure d’une autre qui avait vécu une vie qu’elle ne pourrait se réapproprier. Le questionnement du garçon s’étouffa dans le silence qui les étreignit tandis que Selene cherchait une prise à laquelle se raccrocher. À leurs pieds, la silhouette sombre du chat bailla, comme pour souligner l’ennui de son aphasie et Selene soupira une excuse, piètre offrande sacrifiée en faveur de quelques secondes pour rassembler ses esprits et organiser ses pensées. Il n’était plus question de tergiverser sur si, oui on non, elle devait parler de son amnésie, comme cela avait été le cas tout au long de l’été, mais plutôt de trouver les bons mots. L’ombre venimeuse de Père portait toujours sur sa fille un regard lourd de reproches inchangées, sauf que les attentes paternelles surplombaient désormais la manière dont elle disait les choses plutôt que les choses qu’elle nommait. Malgré le changement de cible, la pression restait la même et les mots profondément ancrés en elle rougeoyaient douloureusement. Selene s’était résignée à devoir franchir cette étape — celle où elle mettait des mots sur son regard aussi stoïque que limpide — plusieurs fois, même, sans parvenir à trouver une formule qui lui convienne assez pour consentir à la dupliquer. Aussi les mots coulèrent-ils hors de ses lèvres et de son contrôle, agitant à peine la surface ; rien de plus qu’une bise éphémère transmuée en sourire triste.

En face, en revanche, les bourgeons bleus ne pouvaient éclore plus au milieu de ce visage ciselé par la surprise. Ils la dévisageaient, suspendus entre les échos de ses aveux et le silence qui revenait de plus belle ; réchauffèrent un léger embarras chez celle qui se tenait là, tant elle n’était pas habituée à affronter un regard aussi magnétique, surtout pas un regard que les silences rendaient plus intenses. « Et… Ça va ? » Dashiell aussi lui avait demandé ça. La retenue de l’un n’avait rien à voir avec les exclamations spontanées de l’autre mais cette résonance suffisait à provoquer quelques remous. « O-Oui… » hésita-t-elle, prise au dépourvu par l’intérêt sincère qui transparaissait de ses prunelles plantées dans les siennes. « Désolé, je… Je sais pas de quoi tu te rappelles, alors je sais pas trop quoi te dire. Moi, c’est Silas Jørgensen. Je suis le meilleur ami de Dashiell Dashner. On était potes, toi et moi. » À ces mots, ses pensées s’emmêlèrent aussi facilement qu’une pelote de laine laissée entre les coussinets joueurs d’un chat géant. Au milieu des fils indistincts, les six derniers mots résonnaient difficilement. On était potes. Ce n’était pas ce qui transparaissait dans ses carnets. Ils étaient pourtant rédigés en anglais, et si Selene avait oublié bien des choses, sa langue maternelle n’en faisait partie. Elle ne s’était pas trompée, en lisant et relisant ces pages noircies d’encre, elle n’avait pas pu se méprendre sur la solitude qui s’en dégageait ; cette dernière année surtout. Autour de la lanière de son sac, sous la manche trop longue de son pull, ses poings se crispèrent. Si ce n’était pas elle qui se plantait, était-ce l’autre, la Selene d’avant, qui avait commis une erreur d’interprétation, perdue dans des sentiments trop grands pour elle au point de se laisser dévorer toute entière et de se croire plus esseulée qu’elle ne l’était réellement ? Était-elle si inquiète de l’abandon de Daisy que ça en avait teinté son monde tout de gris, atténuant les couleurs qui l’entouraient ou bien avait-elle été incapable de les voir pleinement, depuis toujours ? Elle se faisait des nœuds dans la poitrine à se poser tant de questions sans réponses, aussi s'agrippa-t-elle au premier fil qui dépassait de la pelote pour tenter de rattraper celui de leur conversation. « Dash, oui, je l’ai croisé cet été. » Ce souvenir évoqué avec un léger sourire lui offrit un semblant de stabilité, elle qui se sentait tanguer.

Entre ses doigts radoucis, la bobine se dénouait plus aisément, lui permettant d’en suivre le fil principal sans se laisser submerger. Selene se laissa guider jusqu’à la page de son carnet le plus intime, celui qui contenait toutes les personnes mentionnées dans les autres, qui compilait toutes les informations qu’elle avait un jour connues à leur sujet, à cette page, donc, où les lettres qui formaient le prénom de Silas se pavanaient, parées d’une belle calligraphie. Ses yeux s’écarquillèrent légèrement, la surface apathique se craquelant sous l’effet de cette découverte, laissant entrevoir un trouble curieux. Manifestement, son amnésie s’était débarrassée de ses sentiments au passage, car elle avait beau chercher, fouiller, tout retourner, elle ne sentait ni son ventre s’agiter sous l’effet de milliers de papillons, ni son cœur se tordre d’un trop plein d’émotions, ni son visage se réchauffer parce que leurs regards venaient de se croiser, rien de tout ce qui était noté dans ces pages écornées. Pourtant, elle avait fait sienne l’injustice qui marchait sur les traces de Daisy, c’était bien qu’il devait rester quelque chose, exister une compréhension entre les deux facettes qui faisaient de Selene qui elle avait été et qui elle était. « Silas », répéta-t-elle finalement, comme pour conjurer un sort quelconque, vérifier qu’elle était belle et bien exempte des émois qui l’avaient un jour agitée. « Ne sois pas désolé, tu pouvais pas savoir. Ce n’est pas comme si c’était écrit sur mon visage… » Sur le sien, en revanche, régnait la même expression que quelqu’un face à une énigme particulièrement tordue et qui en cherche désespérément la solution. Il dégageait un charme qui ne laissait pas Selene indifférente, ça, elle ne pouvait pas le retirer à ses petits carnets ; ses prunelles d’un bleu incisif n’y étaient pas pour rien.

« Tu as besoin que je fasse quelque chose pour t’aider ? » Ses lèvres s’entrouvrirent avant de se refermer. Décidément, en dehors de l’appartement des Paulet, le monde tournait d’une bien étrange façon. L’indifférence faisait place à la compassion, la réprobation à la compréhension, les espoirs à peine formulés à des mains tendues qu’elle ne savait pas comment saisir. Après s’être lamentablement échouée dans un couloir éloigné hier soir, elle commençait à entrevoir qu’elle n’était pas obligée de se recroqueviller en elle-même pour prendre le moins de place possible et qu’il n’y avait aucune honte à parfois se reposer sur un bras aidant. Elle pouvait jouer le jeu, juste un peu, voir ce que cela faisait. Et puis, si elle chutait, est-ce que cela serait vraiment plus douloureux que de s’écrouler, seule, sans personne pour la rattraper ? « C’est gentil de proposer. » Un nouveau sourire ombragea ses lèvres alors qu’elle profitait de cette réflexion pour laisser ses prunelles papillonner sur les pierres du couloir et reprendre un peu de forces loin de l’influence du regard pénétrant de Silas. « Je ne sais juste pas par où commencer pour savoir de quoi j’ai besoin ici. » Le château était trop vaste, les autres élèves trop nombreux, les nouveautés trop envahissantes. Elle n’avait aucun repère duquel se jeter à l’eau. Elle ravala un Je ne voudrais pas te déranger que la force de l’habitude tenta de lui faire cracher. Il n’y avait personne auprès de qui elle devait s’excuser de respirer, amnésique qu’elle était, ici. « Des suggestions ? » Si les informations consciencieusement rapportées dans son petit carnet qui ne la quittait pas étaient vraies, il était à Serdaigle, de la même année que Selene et… et n’avait-il pas été absent toute l’année passée ?

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Message(#) Sujet: Re: fading paths (selene ☉ silas) fading paths (selene ☉ silas) EmptyLun 4 Sep - 1:49

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Le choc qui l’avait ébranlé à l’annonce de son amnésie lui laissait un goût amer sur la langue, en même temps qu’une acidité un peu excitante. Très bien, Selene n’était plus Selene ; ou, à tout le moins, pas la Selene qu’il avait connue. Mais n’était-il pas lui-même un tout autre Silas, après cette année de parenthèse graissée de sang ? Ne s’était-il pas heurté à l’impression d’être devenu un inconnu pour toutes ces personnes qui étaient autrefois ses proches ? À la sensation d’avoir perdu un temps qu’il ne pourrait jamais rattraper, quand bien même il lui tendrait les deux mains pour en ramasser le plus petit grain ? Étonnamment, cette année de césure les avait peut-être plus rapprochés que les quatre années durant lesquelles ils s’étaient côtoyés tous les jours.

Lorsqu’il lui demanda si ça allait, elle répondit un timide « O-Oui… » presque étonné. Bon, il restait tout de même un peu de l’ancienne Selene introvertie et peu sûre d’elle-même, quelque part derrière ce joli minois. Mais si quelqu’un l’aidait à gratter suffisamment fort ce vernis déplaisant…

Sa présentation parut la rendre davantage confuse. Un léger temps de pause s’étira, durant lequel il saisit un peu de mouvement sous la manche de son pull recouvrant la lanière de son sac. Elle était si nerveuse… Comme s’il allait lui sauter à la gorge ou lui tourner le dos à la moindre erreur. Un petit pincement serra sa poitrine à cette constatation. Très bien, l’idée d’une nouvelle Selene était aussi séduisante que fascinante, mais il ne pouvait pas ignorer à quel point elle semblait perdue, abandonnée par un monde qui l’avait oubliée à la mesure des souvenirs qu’elle en avait perdu.

— Dash, oui, je l’ai croisé cet été, finit-elle par répondre tandis qu’un sourire s’étirait sur ses lèvres.

Les yeux de Silas s’éclairèrent à la mention de son meilleur ami. Tant mieux. Dash était l’une des meilleures personnes à rencontrer lorsqu’on avait perdu la mémoire ; il vous donnait l’impression que le monde était merveilleux et scintillant de mille possibilités, toutes aussi folles qu’amusantes. La chute pouvait être rude, néanmoins, lorsqu’on prenait conscience que pas grand-monde n’arrivait à la cheville de sa bienveillance. Silas le premier.

Il remarqua la façon subtile dont ses yeux s’agrandirent, comme si la jeune fille venait d’être frappée d’une révélation.

— Silas, répéta-t-elle son nom, ce qui lui fit un drôle d’effet.

Il n’était pas habitué à ce qu’on prononce souvent son prénom, encore moins avec cet air-là. Venait-elle de se souvenir de quelque chose ? De ce qu’elle ressentait pour lui ? Il brûlait de lui poser la question, mais il la retint par pudeur pour elle. Elle était déjà suffisamment secouée comme ça pour ne pas lui rajouter la brûlure cuisante d’une question intime.

— Ne sois pas désolé, tu pouvais pas savoir. Ce n’est pas comme si c’était écrit sur mon visage…

Franchement, les profs auraient pu faire un truc pour nous passer le mot, quand même. Ça doit être trop chiant de répéter le même discours à tout le monde, toute la journée. Comme si c’était pas déjà galère d’être amnésique, t’sais, soupira-t-il en levant les yeux au ciel.

Rien qu’à l’idée d’être à sa place, la tête lui tournait. Il réagirait probablement avec davantage d’agressivité que de réserve, se connaissant. Probablement, même, qu’il enverrait chier tout et tout le monde en permanence par simple lassitude.

Mais c’est pas déjà ce que tu fais tous les jours ? se moqua une voix dans un recoin de sa tête.

Silas lui demanda si elle avait besoin de quelque chose, et Selene parut interloquée – ce qui ne manqua pas de faire se hausser un sourcil sur le visage anguleux qui lui faisait face.

— C’est gentil de proposer, répondit-elle finalement, son regard échouant de côté. Je ne sais juste pas par où commencer pour savoir de quoi j’ai besoin ici. Des suggestions ?

D’un guide, peut-être ? Genre guide touristique de Poudlard, rit-il en posant une main maniérée sur son torse pour se désigner. En vrai, je suis chaud pour te faire une visite, si tu veux. Je te donnerai les trucs et astuces au passage – genre quels horaires éviter pour pas tomber sur Mimi dans les chiottes. On pourrait faire ça un peu tous les jours, morceau par morceau.

Il laissa sa proposition flotter dans les airs, mine de rien. Silas avait posé sa question sans arrière-pensée, simplement dans le but de venir en aide à une camarade égarée par le temps, mais l’idée lui plaisait beaucoup. Si, comme il le soupçonnait, son amnésie lui laissait la possibilité de lui insuffler un peu plus de mordant et de fierté, Selene pourrait bien se révéler comme elle ne l’avait probablement jamais fait auparavant. Un peu comme avec l’une de ses expérimentations minutieuses dans la salle de potions, il sentit l’excitation le gagner à cette perspective. C’était comme rencontrer une nouvelle personne, mais avec une carte précise de son intériorité en devenir. Il suffisait de faire les bons choix.
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Déboussolée et mal assurée, tirée de sa solitude par une rencontre qu'elle n'avait ni prévue, ni pensée, Selene peina à retrouver son chemin dans le brouillard de son esprit. Dashiell, Silas, Silas, Dashiell. Des prénoms connus, des visages qui se surposaient à des pages intimes, des souvenirs qui n'étaient en rien les siens et tout un nouveau monde à redécouvrir. La mention de son camarade qui était entré chez les Paulet pour une livraison lui offrit une prise à laquelle se raccrocher, quelque chose de connu dans ce flot de nouveautés. De là, la suivante était à portée de main et le prénom de celui qui lui faisait face roula sur sa langue avec une saveur particulière. Les sentiments oubliés rendaient cette deuxième rencontre plus étrange que toutes les autres, comme si, en plus de ne plus être vraiment elle, il n'était pas tout à fait la même chose non plus. Reprenant contenance, les traits perdus de Selene se précisèrent à leur tour et ses doigts serrés autour de la lanière de son sac lui offrirent un peu de l'assurance qu'elle avait fait tomber dans ce couloir. Si elle même avait tendance à s'excuser pour tout et tout le temps — le simple fait de respirer un peu trop fort pouvait être source de réprobation paternelle et les habitudes acquises durant cet été étaient encore plus fortes qu'elles étaient inscrites sur une feuille vierge de toute autre volonté — elle ne souhaitait pas que ses camarades en face de même. Ce n'était pas de leur faute, si elle était amnésique, pas de leur faute non plus s'ils n'étaient pas au courant. « Franchement, les profs auraient pu faire un truc pour nous passer le mot, quand même. Ça doit être trop chiant de répéter le même discours à tout le monde, toute la journée. Comme si c’était pas déjà galère d’être amnésique, t’sais. » Selene aurait voulu lui dire que le directeur avait pris les devants pour informer les professeurs et que c'était déjà plus que suffisant mais le décalage entre ce discours et celui auquel elle était habituée était si grand qu'elle ne parvenait pas à franchir le pas. C'était à elle de faire des efforts pour que sa condition ne pèse pas trop sur les autres. Après tout, devoir s'adapter à sa mémoire abandonnée dans ce lac aux eaux froides était une plaie pour son entourage, ils subissaient assez comme ça. En tout cas, c'était le discours sous-jacent aux regards noirs qui n'avait cessé d'être répété, jour après jour, de juillet à août. Sans compassion pour ses propres frustrations à elle que Silas exprimait pourtant si simplement, comme il le ferait d'une évidence. « Je pensais justement à me faire pull qui dirait ça. » fit-elle en tirant un peu sur celui qu'elle portait et dont les motifs actuels ne montraient de tout ça, dans une tentative d'humour qu'elle maîtrisait encore bien mal et qui ravala son sourire derrière une moue penaude. « Mais bon, même si je savais comment m'y prendre, c'est pas comme si tout le monde avait besoin de savoir. » Elle haussa les épaules, comme si elle cherchait à se convaincre elle-même, ou à se rassurer peut-être, en tout cas à faire disparaître la gêne de sa plaisanterie ratée.

Qui s'en préoccupait vraiment, de toute façon ? Lui, en tout cas. Et Dashiell aussi. lui souffla une petite voix sévère et agacée. Ce n'était pas qu'elle cherchait à tout prix la solitude qui transpirait de ses carnets, loin de là. Elle lui pesait sur le cœur, elle hantait ses soirées. C'était plutôt qu'elle avait passé de longues semaines avec ce seul témoignage du passé, sans rien ni personne pour venir le contredire, et elle était perdue, Selene, de se rendre compte que le monde n'était pas si austère et pas si éloigné. En réalité, elle n'avait qu'à tendre la main pour se saisir de celle des autres et suivre un tout autre chemin. Alors pourquoi pas ? Il n'y avait pas de père pour l'en empêcher, ni de mère pour le laisser faire. C’était décidé, elle allait faire des efforts pour que ces potes qu'elle découvrait sous un jour différent cessent de s’inquiéter et de subir son comportement indifférent. La proposition de Silas lui glissa des doigts et elle tenta de la rattraper, maladroitement, échappant quelques bouts sur le sol. « D’un guide, peut-être ? Genre guide touristique de Poudlard. En vrai, je suis chaud pour te faire une visite, si tu veux. Je te donnerai les trucs et astuces au passage – genre quels horaires éviter pour pas tomber sur Mimi dans les chiottes. On pourrait faire ça un peu tous les jours, morceau par morceau. » Son rire lui arracha un sourire qui se propagea jusque dans ses yeux clairs, eux qui restaient si souvent inatteignables. « D'accord. » Un simple mot et son cœur se serra, une simple décision aussi fine qu'une aiguille qui vint piquer la bulle de savon légère au sein de laquelle sommeillait son appréhension. Est-ce qu'il se montrait poli ou est-ce qu'il avait vraiment envie de l'aider ? Elle ne voulait pas le déranger, être un poids pour lui, rien de tout ça, surtout pas. Mais Selene ravala son anxiété et tout le reste qui menaçait de faire disparaître son sourire. Il fallait essayer, elle le devait, on tenait les promesses qu'on se fixait. « Tu fais quoi, là tout de suite ? J'allais manger mais si tu veux… » Sa proposition se perdit dans les airs. Ce n'était pas encore ça, c'était quand même un petit pas. « On peut y aller ensemble ou on peut commencer une première visite guidée. Enfin, c'est comme tu veux… » Tant pis, les mots étaient sortis, alors si elle en faisait trop et s'imposait plus qu'il ne le fallait, elle allait l'apprendre sur le tas.

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Message(#) Sujet: Re: fading paths (selene ☉ silas) fading paths (selene ☉ silas) EmptyDim 10 Sep - 23:53

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La révélation de son amnésie l’avait peut-être bousculé autant qu’elle l’avait intrigué, mais la conversation qui s’étirait entre un bord du passé et celui du futur lui faisait froncer des sourcils inquisiteurs. Pourquoi l’équipe enseignante n’avait-elle tout simplement pas averti l’ensemble du collège que Selene avait perdu la mémoire ? Ça lui éviterait sans doute un certain nombre de situations pénibles et de répétitions incessantes – en plus, peut-être, de lui garantir un peu d’aide de la part de camarades charitables, plutôt que d’errer comme une âme en peine dans un château dont elle avait vraisemblablement oublié toute la cartographie. Silas se souvenait qu’il avait mis deux bonnes années à arpenter l’école dans son ensemble avant de pouvoir s’estimer satisfait de ses connaissances en la matière. Lorsqu’on était prêt à mettre les mains dans le cambouis, il valait mieux connaître un certain nombre des secrets de Poudlard – et la lecture de L’Histoire de Poudlard s’était révélée utile sur ce point à de nombreuses reprises.

— Je pensais justement à me faire un pull qui dirait ça, lança la Serdaigle en tirant sur celui qu’elle portait avec un sourire timide. Mais bon, même si je savais comment m'y prendre, c'est pas comme si tout le monde avait besoin de savoir, ajouta-t-elle avec un pincement de bouche maussade, qui ne semblait pas savoir ce qu’il voulait.

Allons bon, s’agaça-t-il en observant Selene hausser les épaules sans conviction.

Le jeune homme leva les yeux au ciel. Hors de question de laisser l’ancienne Selene gâcher tout le potentiel fun de cette opportunité bien plus grande que ne semblait le saisir la pauvre fille.

T’inquiète, on va arranger ça, assura-t-il avec la tranquillité d’un félin s’avançant en territoire conquis. Je t’assure que ça serait plus facile si les gens qui te voyaient captaient le truc, alors faisons simple et efficace.

D’une main agile, il extirpa sa baguette de la poche de sa robe et combla sans même y penser la distance qui les séparait encore d’un pas claudiquant. Avec un geste impérieux, Silas tira sur le pull de la jeune fille en prenant garde à ne pas pincer autre chose que le tissu, puis appliqua le bout de sa baguette sur les mailles du pull en murmurant « Pigmentum textus ». Avec application, il traça en lettres élégantes d’un beau bleu accordé aux couleurs de Serdaigle une phrase évocatrice, puis la fit pivoter avec autorité et en fit de même avec son dos. Se reculant en boitillant pour admirer le résultat, un sourire satisfait en travers du visage, il croisa les bras en faisant tournoyer mécaniquement sa baguette entre ses doigts habiles. Un réflexe de crâneur qu’il n’avait jamais perdu, pas même après un an sans faire de magie.

Splendide, commenta-t-il. Je te gâche pas la surprise. On va plutôt te dégoter un miroir pour que tu t’admires en bonne et due forme.

Par la suite, Silas lui proposa spontanément de faire office de guide touristique du château. Après tout, pourquoi pas ? Elle en aurait bien eu besoin, la pauvre. Et ce serait probablement marrant, à condition qu’il veille à ce que sa camarade ne redevienne pas rasoir et tellement timide que c’en était écœurant. Il se souvenait de certains épisodes passés durant lesquels le Serdaigle avait senti sa poitrine s’enflammer de colère en voyant Selene s’aplatir au lieu de s’affirmer et de taper du poing sur la table. Quelque part, au fond de lui, il sentait qu’elle pouvait le faire, alors pourquoi ne franchissait-il pas le pas ? Ça le rendait dingue, à l’époque. Mais maintenant, il saisissait peut-être enfin sa chance de montrer à Selene qu’elle pouvait faire plus que respirer ; qu’elle pouvait exister. Et s’amuser aussi, sérieux, ce serait pas de trop.

À la vue du sourire qu’étira son propre rire sur le visage de Selene, il sentit quelque chose pétiller dans son ventre. Un mélange d’excitation, de joie et d’adrénaline ; le parfait cocktail de celui qui se lançait dans une compétition qu’il avait la possibilité mais pas la certitude de gagner.

— D’accord, accepta-t-elle pour son plus grand plaisir. Tu fais quoi, là tout de suite ? J'allais manger mais si tu veux… On peut y aller ensemble ou on peut commencer une première visite guidée. Enfin, c'est comme tu veux…

Silas avait envie de lui faire ravaler sa dernière phrase ; toutes ces hésitations qui ombraient ses iris pourtant clairs d’ordinaire, toute cette timidité qui menaçait de reprendre le contrôle et d’éteindre la moindre flamme d’enthousiasme qui aurait le malheur de naître. Elle l’avait peut-être oublié, mais le jeune homme ne proposait jamais son aide pour s’en dédire ; pas plus qu’il n’était un beau parleur ou un ramassis de superficialité comme certains élèves du bahut.

Là, tout de suite ? répéta-t-il en haussant un sourcil, se caressant le menton pour faire mine de réfléchir intensément. Laisse-moi consulter mon emploi du temps de ministre…, ajouta-t-il en plissant les yeux pour examiner sa paume parfaitement vierge de toute note. Ah, c’est bien ce qu’il me semblait ! Le programme c’est visite guidée et déjeuner avec Selene Paulet, mais peut-être que mon secrétaire s’est gourré, railla-t-il gentiment. Allez, va, l’invita-t-il en lui proposant son bras.

À dire vrai, il avait besoin de s’appuyer contre quelqu’un, mais c’était plus élégant de fanfaronner que de demander un peu d’aide – quoi qu’en disaient les grands yeux pleins de reproches de Bane, qui s’était assis en retrait. De sa main libre, il rangea sa baguette et entraîna la jeune fille vers la salle de classe dédiée à la défense contre les forces du mal. Se prenant immédiatement au jeu de la visite guidée, il commenta tous les tableaux devant lesquels il passait (« Lui, c’est un cafteur, accroupis-toi pour pas passer devant si t’as fait de la merde », « Elle, elle est marrante, elle est toujours bourrée. Si tu t’ennuies, tu peux lui faire taper la causette, mais faut pas avoir peur qu’elle te montre ses nibards »), lui indiqua les meilleurs horaires pour se rendre à la bibliothèque, lâcha d’un air de conspirateur quelques ragots au sujet des élèves qu’il croisait (« Salut Brian ! Ouais, c’est super, Brian. À plus ! Lui, c’est Brian Butters. Pour de vrai, je te jure que c’est son vrai nom ! Tu vois, il est con comme une brique – et encore, je pense que la brique est moins crédule… et moins moche. Ça le rend un peu attachant, c’est un peu… genre, ma brique de compagnie ») et, enfin, retira son bras du sien pour l’inviter théâtralement à pénétrer dans la salle de cours.

Si madame veut bien me suivre…, proposa-t-il en se fendant d’une courbette grotesque, qui accentua l’angle inquiétant de sa jambe tordue. T’as un miroir juste là, indiqua le jeune homme en désignant un grand miroir en pied abîmé et poussiéreux qui était poussé dans un coin.

En se regardant dans la glace, Selene verrait inscrit au dos du pull « J’ai perdu la mémoire » et sur le torse « Non, c’est pas une blague et le SAV est signé Jørgensen donc fais gaffe » assorti d’une élégante petite fleur de ciguë.

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Message(#) Sujet: Re: fading paths (selene ☉ silas) fading paths (selene ☉ silas) EmptyMer 13 Sep - 0:55






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Silas leva les yeux au ciel et Selene les baissa vers Bane, lui demandant dans une moue silencieuse si elle avait contrarié son maître. Loin de là son intention, mais que valait des intentions sans convictions ? « T’inquiète, on va arranger ça. Je t’assure que ça serait plus facile si les gens qui te voyaient captaient le truc, alors faisons simple et efficace. » Une objection se pressa sur ses lèvres mais la tranquille assurance du garçon lui noua la langue. Il avait l'air de savoir ce qu'il faisait et, plus important encore, il n'avait pas l'air de le faire sous la contrainte alors Selene ravala les hésitations qu'elle s'apprêtait à déposer entre eux deux, la distance se comblant de toute façon trop rapidement pour qu'elle puisse se le permettre. Ses pensées tergiversaient encore sur l'importance de n'ennuyer personne, de ne surtout pas causer désagrément, que le pas en deux mesures de Silas avait porté son visage à quelques centimètres du sien. Pour la seconde fois en quelques secondes, les prunelles bleutées de Selene jetèrent un point d'interrogation au chat noir impassible qui ponctuait cette fois le mal qui affectait la démarche de son camarade. Elle le croyait aveuglément quand il lui assurait que ce serait plus simple et plus efficace, il faisait partie de ces gens qui la voyaient, après tout. Sans autre protestation que celles qu'elle garda silencieuses, Selene se laissa faire, tournant sur elle-même au rythme imposé par la magie de Silas, masquant prestement la tiédeur qui s'étalait sur ses joues. C'est qu'il était proche, très proche, et que même si la chasse aux sentiments passés était restée infructueuse, les mots qu'elle avait un jour écrits dansaient vivement dans son esprit. Elle coula un regard curieux sur le devant de son pull dont les motifs premiers étaient maintenant entrecoupés de lettres bleues mais la voix de son camarade la ramena à lui avant qu'elle ne puisse en déchiffrer le sens. « Splendide. Je te gâche pas la surprise. On va plutôt te dégoter un miroir pour que tu t’admires en bonne et due forme. » énonça-t-il tandis que sa baguette tournait dextrement entre ses doigts. « J'espère qu'il y en a un pas loin parce que j'ai juste envie de voir ce que tu as écris. » Pour preuve, elle loucha sans y penser vers sa poitrine mais Silas l'en tint une nouvelle fois à l'écart en se proposant comme guide touristique.

Qu'importe les innombrables réconforts qu'elle caressait du bout des doigts la nuit, seule dans son lit, la réalité les balayait sans peine. Il était si facile de se convaincre soi-même quand il n'y avait rien ni personne pour faire voler en éclat les mensonges rassurants qu'on se répète sans cesse. Selene avait passé son été enfermée dans des carnets qui renfermaient eux-mêmes des souvenirs qui n'étaient plus tout à fait les siens, un été entier à se convaincre que ça n'était rien de les voir se rétablir. Au final, il lui suffisait d'une rencontre ou deux, de sentir à peine entourée pour qu'une sensation de bien être nouvelle ravage tout le reste. Sous les feux de l'attention du garçon, une douce chaleur l'enveloppait qu'elle voulait nourrir et voir grandir, comme ce sourire qui naissait spontanément à l'entente de ce rire. Quelques pas timides dans la direction de Silas dessinèrent une réflexion surjouée sur ses traits et Selene se pinça les lèvres pour ne pas sourire de nouveau, lui laissant le loisir de déployer ses talents d'acteur sans l'interrompre. Ses yeux, eux, pétillaient plus qu'ils ne l'avaient fait depuis longtemps. « Ah, c’est bien ce qu’il me semblait ! Le programme c’est visite guidée et déjeuner avec Selene Paulet, mais peut-être que mon secrétaire s’est gourré. » Était-elle sotte d'adorer un si petit rien ? En quelques mots il balayait son impression, pourtant tenace, d'être de trop et ravivait des élans joyeux qui ne demandaient qu'à la consumer toute entière. « Non c'est bien ça, j'avais pris rendez-vous, juste là. » badina-t-elle, pointant du doigt une ligne imaginaire sur la paume bien droite du garçon, se laissant prendre au jeu. « Allez, va. » Selene obtempéra avec un sourire amusé qui ne faisait que s'étirer et glissa son bras autour du sien.

Entraînée dans la valse décidée que Silas menait avec assurance captivante, elle abandonna sans un regard en arrière les ombres trop grandes pour elles, dont le poids tombé au sol lui allégea les épaules. Ils croisèrent plusieurs tableaux et tous eurent droit à leur petit commentaire que Selene nota précieusement dans sa mémoire. L'aura de son père qui avait voyagé avec elle lui soufflait à l'oreille qu'elle polluait son esprit de connaissances inutiles et qu'il n'était pas temps d'en perdre dans des découvertes si futiles mais elle ne l'écouta pas. Elle se plaisait étrangement au bras de son camarade et se surprenait à vouloir tout savoir des ragots concernant les tableaux animés, au moins autant que ceux qui concernaient les autres élèves qu'ils croisaient et dont les chuchotis allaient grandissants dès qu'ils passaient dans leurs dos. Selene tendait une oreille attentive, offrait quelques hochements de têtes approbateurs en même temps qu'une ribambelle de sourires qui n'en finissaient plus, même s'ils disparaissaient parfois, étouffés par un rire retenu, comme au moment où ils croisèrent Brian Butters. « Dix points pour l'originalité, tu es le premier que je rencontre qui possède une brique de compagnie. » D'accord, sa mémoire ne remontait qu'aux deux derniers mois, mais Selene voulait bien prendre le pari qu'ils n'étaient pas nombreux à pouvoir se targuer d'un tel exploit. Et tant pis si elle se trompait. Pour la première fois depuis son réveil, la crainte de dire ou faire une bêtise l'avait complètement abandonnée, la rendant si légère qu'elle avait l'impression qu'elle aurait pu s'envoler, n'était ce bras accroché au sien qui la maintenant tout proche de lui.

« Si madame veut bien me suivre… » Les mains dans le dos, Selene se fendit de ce qui lui semblait être une révérence pour saluer celle de Silas et pénétra après lui dans la salle de classe aux bancs parfaitement alignés. « T’as un miroir juste là. » Suivant son regard, elle arrêta le sien au moment où ses yeux croisèrent leur reflet. Elle s'en approcha, le nez plissé à mesure qu'elle essayait de lire les lettres inversées par la glace, tourna sur elle-même en se tordant le cou pour faire la même chose avec la phrase inscrite à l'arrière et deux fossettes réjouies lui creusèrent les joues. « C'est une menace de mort ou juste une jolie petite fleur ? » s'amusa-t-elle en passant un doigt sur les contours de l'ornement, croyant reconnaître une cigüe sans pouvoir en être certaine. « Clair, net, efficace, très bel ouvrage, monsieur le guide. » commenta-t-elle ensuite en portant derechef son attention sur les mots qui s'étalaient entre ses omoplates, ignorant la petite appréhension qui lui pinçait le ventre. « Je crois que t'inviter à déjeuner serait la moindre des politesses pour te remercier. » Son sourire plaisant accompagna le bras qu'elle lui proposa avec une étonnante spontanéité. La comédie pouvait bien s'étirer jusqu'à ce qu'ils rejoignent la Grande Salle et le repas promis, ou même durer une éternité si elle s'avérait capable de ne pas ployer sous autant de présences réunies. Et tandis qu'ils reprenaient leur chemin animé d'une bien jolie façon, Selene s'essaya à faire un pas à son tour plutôt que de se laisser encore porter tout du long, glissant une question sincèrement intéressée au garçon. « Content d'être revenu à Poudlard ? » lui demanda-t-elle, sans rien dire des souvenirs consignés dans le journal intime de l'année passée qui lui rappelaient que Silas avait été absent, des mois durant, une année toute entière. Il pouvait aussi bien lui faire croire que cette rentrée était la même pour tout le monde, sans circonstances aussi complexes que celles qui enveloppaient le retour de Selene, elle ne piperait mot.

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Message(#) Sujet: Re: fading paths (selene ☉ silas) fading paths (selene ☉ silas) EmptySam 16 Sep - 12:14

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Silas tirait une grande satisfaction du résultat qui s’étalait sur la poitrine et le dos de son amie – et encore plus de la curiosité évidente de cette dernière, dont les yeux tentaient de déchiffrer l’inscription barrant son torse, en vain.

— J'espère qu'il y en a un pas loin parce que j'ai juste envie de voir ce que tu as écris, déclara-t-elle, et cette simple phrase fit rayonner plus fort la lumière qui s’était allumée dans les yeux du garçon, avant de trouver une jumelle dans ceux de la fille.

Là, il la tenait dans ces prunelles pleines de bulles pétillantes ; la Selene curieuse, impatiente, qui laissait libre court à ses envies. Elle affleurait à la surface et il comptait bien la tirer de ce lac lisse et noir dans lequel elle semblait engloutie – de gré ou de force, il ne saurait le dire. Était-on si effacé par sa propre volonté ? Il en doutait. Le Serdaigle sentait qu’il y avait bien une glace à gratter, sous laquelle on distinguait quelque chose d’infiniment plus intéressant que la poussière de givre émiettée par ses ongles acharnés. Et cette forme qu’il discernait était non seulement plus séduisante aux yeux du monde, mais également à ses yeux à lui. Selene était déjà très belle, mais cet enthousiasme et cette spontanéité étaient tout ce qu’il lui manquait pour éclipser tellement d’autres filles que c’en était vertigineux. Cette constatation le troubla, lui qui n’avait jamais noué avec cette camarade autre chose qu’une amitié parfaitement platonique, mais n’était-ce pas logique que son intérêt soit attisé si Selene prouvait enfin qu’elle avait le potentiel de montrer les dents ? Il avait l’impression d’être passé à côté de son amie – et si cette pensée le chagrina, elle amena aussi une source de réjouissance, car c’était peut-être la naissance d’une toute nouvelle relation. De quelle nature, il l’ignorait encore, mais c’était précisément pour ça que c’était excitant. Il préférait encore qu’elle lui rentre dans le lard plutôt que de retomber dans cette passivité qui l’avait rendue si ennuyeuse.

Ses pitreries pseudo-ministérielles tirèrent un peu plus sur ce fil étendu entre eux, que la Serdaigle avait visiblement choisi de saisir.

— Non c'est bien ça, j'avais pris rendez-vous, juste là, répliqua-t-elle en entrant dans son jeu, ce qui nourrit l’excitation qui murmurait agréablement dans le ventre du garçon.

Elle indiqua même avec implication une note invisible sur sa paume, ce qui acheva de convaincre Silas que tout ça valait la peine ; qu’elle valait la peine. Amnésie ou pas, Selene restait son amie, non ? Il lui devait bien ça, à présent qu’elle semblait débarrassée de ce crush très gênant. Cette absence rendait d’ailleurs leur relation plus simple, plus naturelle et il se surprenait à singulièrement apprécier cette sensation. Après la journée qu’il avait passée la veille, un peu d’aisance n’était certainement pas de trop.

À son invitation, les commissures de la Serdaigle se hissèrent un peu plus et elle glissa volontiers son bras sous le sien. Pleinement contenté, Silas déroula alors un numéro de pitre savamment élaboré avec les années ; ce n’est pas qu’il était préparé, non, mais disons que l’improvisation lui devenait de plus en plus évidente avec le temps, tandis qu’il pratiquait assidûment l’art subtil de l’humour au quotidien. Ses commentaires aussi audacieux qu’impertinents eurent le mérite de captiver la jeune fille, dont il maintenait l’attention comme un fakir charmant son serpent ; à présent qu’il la détenait, il n’était pas résolu à la libérer, lui-même plutôt épris du petit jeu qui se tissait d’un bras enroulé à l’autre. La jovialité apparente de Selene n’avait rien de feint, comme les petits rires qu’elle tentait d’assourdir lorsqu’une remarque lui arrachait davantage de cette joie espiègle digne des petits comploteurs de cours de récré.

— Dix points pour l'originalité, tu es le premier que je rencontre qui possède une brique de compagnie, lui accorda-t-elle à la fin de ses petites présentations irrévérencieuses.

Si on avait des points pour l’originalité plutôt que pour nos maisons, je caracolerais en tête, fanfaronna Sila avec un clin d’œil malicieux.

Lorsqu’ils atteignirent la salle dédiée aux cours de défense contre les forces du mal, le jeune homme se fendit d’une révérence grotesque en l’invitant à entrer ; Selene l’imita sans tergiverser, gagnée par l’atmosphère légère qu’insufflait l’adolescent à chaque soupir. Ce dernier se surprenait à s’amuser ; aussi loin que remontaient ses souvenirs, il ne s’était jamais amusé en compagnie de sa camarade – en tout cas, pas seule à seul. C’était à la fois étrange et très plaisant de découvrir cette facette de sa personnalité… qui, par ailleurs, n’avait peut-être jamais fait miroiter une seule de ses véritables facettes ; peut-être n’avait-elle déployé que des facettes factices avant l’accident. Qui sait ? Pour quelles raisons aurait-elle agi de la sorte, en revanche, Silas l’ignorait. Peut-être en apprendrait-il plus, désormais.

Après qu’il lui eut indiqué le miroir, la Serdaigle s’avança et s’y contempla en fronçant son nez délicat, avant de pivoter en se tortillant pour déchiffrer l’intégralité des inscriptions. À la fin de son examen minutieux, deux fossettes apparurent, déclenchant un sourire victorieux chez son guide improvisé. La sensation de faire mouche était l’une de ses préférées au monde ; elle lui signifiait qu’il était capable de non seulement toucher les gens, mais surtout de toucher juste.

— C'est une menace de mort ou juste une jolie petite fleur ? s’interrogea-t-elle en caressant la fleur de ciguë.

Disons un avertissement, répondit sobrement Silas avec un sourire carnassier qui fit luire les deux billes bleues éclairant son visage anguleux.

Un dernier regard à l’inscription qui figurait dans son dos et Selene le félicita :

— Clair, net, efficace, très bel ouvrage, monsieur le guide.

Faussement modeste, le guide en question posa une main maniérée sur son torse et s’inclina avec un regard impertinent qui la suivit du début à la fin de son geste.

— Je crois que t'inviter à déjeuner serait la moindre des politesses pour te remercier, ajouta-t-elle avec un énième sourire en lui proposant à nouveau son bras.

Un instant déstabilisé par cette initiative surprenante de sa part, le Serdaigle chassa toutefois la surprise de son visage pour y inscrire un petit air de chat contenté. Il réduisit à nouveau la distance qui les séparait par quelques pas boiteux et glissa son bras sous le sien avec un plaisir non dissimulé. Jouer, c’était aussi l’une des choses qu’il préférait au monde. Tant que le jeu durait, il ne bouderait aucune tentative de Selene, aussi timide soit-elle. Il fallait bien l’encourager, non ?

Ça paraît pas mal, ouais, concéda-t-il en penchant légèrement la tête, comme s’il considérait un instant de refuser alors que leur curieux duo décrivait déjà les premiers pas vers la sortie de la pièce.

Ensemble, ils reprirent leur cheminement, agrémenté de nouveaux commentaires de l’adolescent. Oui, décidément, il pourrait prendre beaucoup de plaisir à remplir ce rôle aussi longtemps qu’elle le laisserait faire. Et puis, ça le changeait drastiquement de la sensation atroce d’être devenu un étranger qui l’avait étreint à l’en étrangler au banquet.

— Content d'être revenu à Poudlard ?

La question était tellement inattendue que Silas faillit trébucher. Il ne suffisait que d’un temps d’hésitation à sa mauvaise jambe pour devenir un poids capable de le faire basculer. Derrière eux, Bane émit un miaulement réprobateur, pour rappeler à son maître qu’il était peut-être temps de cesser de bomber le torse en faisant mine d’avoir deux jambes parfaitement valides. Mais Silas n’avait aucune envie de rompre ce contact, qui, il en était persuadé, était l’un des minces filets qui attiraient cette charmante Selene mutine à lui. Alors, il reprit le rythme comme si de rien n’était et fouailla dans son esprit à la recherche d’une réponse spirituelle qui chasserait l’ombre qui avait gagné son visage. L’adolescente se souvenait-elle de son absence ? Ou posait-elle cette question naïvement, comme on demande à un camarade s’il n’est pas trop triste de retrouver les bancs de l’école après deux mois de liberté ?

Quoi qu’il en soit, Silas n’avait aucune envie de mentir. Ça ne signifiait pas qu’il avait envie de se confier ou de lui étaler ses peurs les plus intimes sous les yeux, mais il pouvait au moins tendre une main sincère vers elle ; car si le semblant de fil qui les reliait désormais était suffisamment solide pour devenir intéressant – comme il l’espérait –, il ne pourrait jamais atteindre son plein potentiel si elle n’obtenait pas un bout de confiance de cet étrange initiateur. Et, sincèrement, il était également curieux de voir à quoi ressemblerait un aveu réciproque de Selene. Est-ce que quelque chose pouvait vraiment expliquer cette façon effacée de se comporter en permanence avant son accident ? Est-ce qu’il s’était jusqu’alors trompé sur toute la ligne, incapable de percevoir davantage que le rôle qu’elle s’évertuait à tenir pour il ne savait quelle raison ? Ou plaquait-il trop ses propres insécurités sur cette jeune fille qui paraissait capable de lui échapper à tout instant au moindre geste brusque ?

Il déglutit, sa pomme d’Adam effectuant un pénible aller-retour. Volontaire ou non, cet exercice restait difficile.

C’est compliqué, dit-il finalement. Je suis content de revoir des potes, mais c’est franchement badant d’avoir l’impression d’être devenu un inconnu. Comme j’ai raté l’année dernière, précisa-t-il au cas où elle l’ignorerait, en partie à cause de ce connard.

Il tapota son genou déformé pour illustrer son injure, sans interrompre leur marche côte à côte.

Et j’ai l’impression d’avoir des années-lumière de retard sur tout. Genre un an quand t’as quinze ans… C’est une éternité, quoi. Pendant un an, je crois que j’ai… oublié que j’étais un ado.

Silas fut lui-même déconcerté par l’honnêteté de cette confession. Mais c’était vrai. Hormis les quelques sorties avec Nora – qui avaient certes été rafraîchissantes –, il avait enterré toutes les considérations bêtement amenées par ses hormones, ce corps qui continuait de grandir sans lui demander son avis, toutes ces questions qu’il se posait sur son avenir, tous ces troubles qui l’avaient ébranlé en prenant conscience qu’il était un ado comme les autres qui avait envie d’attention, d’affection, de caresses et de plaisir. Il lui semblait que l’année écoulée n’avait été consacrée qu’à fixer la tache d’humidité qui s’étendait au plafond toisant son lit. Pas de petits mots échangés avec Dash entre deux ricanements, pas de ragots saisis au vol d’un cours ennuyeux, pas d’altercations testostéronées avec Rowle et Appleton, pas de questions triviales sur le meilleur endroit pour explorer tranquillement cette sexualité naissante… Non, rien que le vide, la peur et le chagrin. Et ces cicatrices qui zébraient l’intérieur de ses cuisses et de ses avant-bras.
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Il lui faudrait du temps pour comprendre qu'une marque d'affection aussi minime soit-elle pouvait faire toute la différence, si seulement elle le comprenait un jour. L'attention chaleureuse dont l'enveloppait le regard bleu vif de Silas faisait fondre les stalactites qui lui écharpaient la poitrine à une vitesse affolante. Un à un, les fils qui la maintenaient serrée dans une position artificielle se distendaient, liens sans attaches qui n'avaient plus de prise sur Selene. Un vent de liberté nouvelle soufflait, quoique trompeur. Telle une marionnette glissant des mains parentales à d'autres, elle ne faisait que danser au son d'une musique bien différente. Était-ce si terrible quand les notes joyeuses parvenaient à allumer des étincelles de vie au fond de ses prunelles apathiques, à faire fleurir des sourires sur ses lèvres blanchies par l'indifférence des autres ? Avec une spontanéité qu'elle découvrait en même temps que son camarade, elle entra dans la valse joueuse qu'il venait d'initier et se para d'un immense sérieux en s'engageant sur les pas de son guide. La concentration qui se lisait sur son visage était uniquement teintée d'éclats heureux impossibles à faire disparaître tant ils brillaient fort ; ici aux commissures de ses lèvres, là au centre de ses iris. À l'abri dans son sac, son petit carnet lui vrillait le flanc. Lui non plus ne comprenait pas pourquoi la Selene d'avant avait décrit Silas comme une silhouette qu'elle contemplait de loin sans jamais être capable de l'approcher vraiment. Il lui paraissait tout à fait abordable, leurs bras entremêlés et leurs bavardages inconséquents le prouvaient mille fois. Était-ce ces sentiments bordant les lettres de son prénom qui avait teinté à ce point sa perception ? Si tel était le cas, Selene se réjouissait de ne plus les ressentir, ces émotions qui enlaidissaient la réalité. Une volonté osée lui traversa l'esprit, écartant tout le reste : elle voulait lui plaire. Il n'y avait aucun amour caché derrière ce besoin qui venait d'exploser, non, ce n'était qu'une pulsion qui désirait plus que tout que le regard de Silas reste d'un beau bleu éclatant et ne devienne jamais aussi sombre que celui de son père. Pétrie de cette conviction surprenante, elle ne broncha pas lorsqu'il salua puis repoussa avec condescendance un autre élève, aveuglée par ce qu'elle avait décidé de voir, le suivant volontiers dans la salle de classe dont il ouvrit la porte pour la laisser passer. Rejeté dans un coin, un grand miroir se para de leurs reflets amusés. Selene s'en approcha pour mieux contempler les inscriptions qui couvraient désormais l'avant et l'arrière de son pull et deux fossettes creusèrent ses joues d'une douce sensation qu'elle était encore loin de maîtriser. Caressant les contours de la fleur qui évoquait de sombres menaces, elle ne pouvait s'empêcher de la trouver jolie. « Disons un avertissement, » précisa Silas, une ombre voilant brièvement son regard profond. Les fins pétales déclinaient peut-être une menace en filigrane mais peu lui importait, elle l'aimait bien et en aurait accepté un bouquet tout entier.

À défaut de tenir une gerbe de cigüe entre ses doigts fins — et ainsi de ressembler à une pantomime de mariée qui ne sait pas trop si elle est en train de se diriger vers l'autel ou la tombe — Selene proposa son bras à Silas, l'invitant à son tour pour continuer leur petite danse. Déambuler à l'écart de ses habitudes rendait chaque pas plus complexe mais elle se surprenait à s'en sortir pas trop mal, l'assurance désinvolte de son camarade n'y étant certainement pas pour rien. « Ça paraît pas mal, ouais. » Ragaillardie par un sursaut de confiance, elle les entraîna tous deux hors de la salle de classe et s'engagea dans le couloir avant de s'arrêter presque aussitôt et de lever une moue mi-rieuse, mi-dépitée vers le garçon à ses côtés. « C'est par où la Grande Salle, déjà ? » Elle pouvait initier autant de choses qu'elle souhaitait, elle avait tout de même besoin de quelqu'un pour attraper l'autre bout de ses tentatives jetées dans les airs afin de les mener à leur terme. Son assurance était légère, si légère qu'il suffirait d'une infime brise pour la déstabiliser toute entière, mais sans sa petitesse elle avait le mérite d'exister pour la première fois depuis qu'elle s'était réveillée dans cette chambre d'hôpital, au tout début de l'été. Et puis Silas était décidément une compagnie apaisante et rassurante qui ne faisait pas grand cas des temps morts provoqués par l'amnésie de Selene. Là où ces prunelles ténébreuses ne laissaient rien passer, pas la plus petite erreur, pas la moindre incertitude, blâmant la victime et la façonnant en coupable, tout était bien différent avec les camarades qui avaient déjà croisé son chemin.

Au cœur de cette petite bulle composée de sourires et de perceptions avenantes qui les avait enveloppés, ils poursuivirent leur conversation comme si de rien n'était, comme si ni la présence de l'un et ni l'absence de l'autre n'avait une seule fois fait défaut. Selene voulait s'intéresser à lui au moins autant qu'il s'intéressait à elle, le couvrir de la même attention et pourquoi pas voir des sourires similaires fleurirent sur ses lèvres grâce à elle. Ne sachant pas vraiment comment s'y prendre, passablement perdue entre ces envies insolites et ces apprentissages qui étaient tous à refaire, elle commença avec une banalité affligeante, cherchant à reconstituer le fil de ce qu'elle croyait savoir sur le garçon et ce qu'il était réellement. C'est qu'elle constatait déjà un fossé béant entre les descriptions qui pullulaient ses petits carnets et cette première expérience et n'avait donc plus aucune prise à laquelle se raccrocher. Dans leur danse insouciante, Silas manqua un temps, désorganisant leur marche parfaitement accordée. Sans un mot, Selene s'ajusta à sa cadence et jeta un sourire au chat noir qui venait pousser un miaulement plaintif, comme s'il reprochait quelque chose à son maître, promesse silencieuse de faire attention. Difficile de ne pas remarquer la démarche inégale de l'adolescent qui faisait écho à quelques mentions d'un passé oublié. Accident ou malformation de naissance, elle n'en savait plus rien, mais elle pouvait faire son possible pour rendre leur balade le moins désagréable possible. « C’est compliqué. Je suis content de revoir des potes, mais c’est franchement badant d’avoir l’impression d’être devenu un inconnu. Comme j’ai raté l’année dernière, en partie à cause de ce connard. » À cette mention, les yeux bleus de Selene suivirent le geste de Silas et se posèrent brièvement sur son genou droit avant de revenir à lui, toute son attention dédiée à ces ombres qui rongeaient discrètement ses joues. Inconsciemment, son bras se resserra autour du sien. « L'année entière ? » s'étonna-t-elle, sincère dans sa surprise. Elle savait déjà pour l'avoir écrit puis l'avoir lu qu'il s'était absenté tout ce temps mais elle n'avait jamais été au courant du pourquoi tapi derrière cette disparition. « Ça a dû être dur… » Elle ne pouvait qu'essayer d'imaginer ce que cela faisait, ses souvenirs dévorés par un lac endormi ne lui laissant rien d'autre que des suppositions, mais cette confession réveillait un drôle d'écho au fond de sa poitrine. Ce n'était pas tout à fait la même chose mais ça lui semblait résonner familièrement, comme la parole d'un ado abîmé qui en rencontre une autre. « Je peux pas imaginer ce que ça fait de revenir après un an, mais je vois pas comment on pourrait t'avoir oublié. C'est peut-être un peu étrange venant de ma part, » ajouta-t-elle avec une pointe d'auto-dérision et un petit rictus peiné. « mais même pour moi, tu as des airs familiers, alors pour tes amis… Tu as dû leur manquer. » Elle ne pouvait pas croire qu'un an d'absence suffise à effacer les souvenirs des moments précieux passés avec une personne ou peut-être l'espérait-elle si fort parce qu'elle y trouvait des similitudes tordues par ses propres perspectives. « Et j’ai l’impression d’avoir des années-lumière de retard sur tout. Genre un an quand t’as quinze ans… C’est une éternité, quoi. Pendant un an, je crois que j’ai… oublié que j’étais un ado. » Un nouvel écho, plus douloureux cette fois. Le cœur pincé par ce qu'il lui soufflait, elle sentit une tristesse familière lui brûler la gorge. Oublier qu'elle était une ado, entre autres choses qui s'étaient perdues ce jour-là sans que personne ne les empêche de s'enfoncer et disparaître dans la vase qui tapissait le fond du lac. « On m'a dit que pour retrouver des souvenirs, il fallait refaire des choses qu'on aimait, que ça pouvait réveiller des… des choses. Ça n'a pas vraiment marché pour moi, mais tu devrais essayer. » Elle se retrouvait comme avec Jin : volontaire mais désemparée face à cette empathie qui lui nouait le ventre et lui donnait envie de serrer l'autre dans ses bras en lui assurant que tout allait bien se passer, alors qu'elle-même n'était qu'un champ de ruines bien mal placées pour en reconstruire d'autres.

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Message(#) Sujet: Re: fading paths (selene ☉ silas) fading paths (selene ☉ silas) EmptyMer 27 Sep - 13:06

( I see a red door
and I want it painted black
No colors anymore,
I want them to turn black )
Cette Selene qui se redécouvrait dans le miroir, il avait envie de la retenir par la main – ou même du bout des doigts, juste ce qu’il fallait, ce qu’elle accepterait pour entrer définitivement dans cette curieuse danse qu’ils avaient entreprise à l’instant où ils étaient sortis de la bibliothèque. Il avait envie de l’inviter et de l’accompagner, sans nécessairement lui dicter sa conduite ; c’était même hors de question, car ça n’avait rien de drôle ni d’intéressant. Ce qui avalait sa curiosité avec avidité, c’était cette porte entrouverte sur un rai de lumière indéfinissable ; qui promettait tout à la fois le pire comme le meilleur, mais quoi qu’il en soit un rayonnement de nouveauté qu’il avait envie de capturer entre ses paumes pour en goûter la chaleur. À mesure qu’il évoluait aux côtés de cette jeune fille neuve et perdue, il entrevoyait mille possibilités, mille façons de faire éclore ce bourgeon encore bien vert qui ne laissait pas encore entrevoir sa forme définitive. Et le Serdaigle avait envie de rester suffisamment longtemps pour assister à sa naissance ; peut-être de cueillir cette fleur si elle lui plaisait autant qu’il le soupçonnait. Silas n’avait aucune idée de ce qu’il en ferait une fois arrachée du sol, mais cette perspective l’excitait suffisamment pour qu’il remette à plus tard la définition de cette aube amicale.

Tandis qu’ils quittaient la salle de classe, bras dessus bras dessous, avec un enthousiasme contagieux, le jeune homme accepta d’aller déjeuner avec sa camarade sans hésitation. Le petit jeu auquel ils s’adonnaient le séduisait bien assez pour se laisser tenter par davantage de temps en tête-à-tête. Mais alors qu’ils s’engageaient dans le couloir sans manquer d’entrain, Selene marqua l’arrêt – pas assez brutalement pour déséquilibrer Silas, mais suffisamment pour le faire papillonner des cils avec surprise. Il s’apprêtait à lui demander si elle avait changé d’avis lorsqu’elle releva vers lui un visage tiraillé par l’amusement et la résignation.

— C’est par où la grande salle, déjà ? s’enquit-elle, un rire dans la voix.

Avant de pouvoir y réfléchir, Silas avait déjà éclaté d’un rire franc et clair qui se répercuta en échos joyeux sur les murs du couloir qui s’allongeait devant le duo. Cette curieuse scène lui rappelait un très vieux film que son père adorait, mais au moins n’allaient-ils pas avec tant de gaieté vers le Mordor – simplement croquer un bout dans une vaste salle familière au plafond enchanté. Une fois son élan d’hilarité calmé, l’adolescent secoua doucement la tête et donna un petit coup d’épaule à Selene, les yeux pétillants de malice.

Tu vas bientôt plus pouvoir te passer de moi, à ce rythme. Faut vraiment que je te fasse une visite accélérée du château pour que tu gagnes un peu d’indépendance, la taquina-t-il, avant d’indiquer la bonne direction d’un long doigt délicat de pianiste.

Ils s’y engagèrent ensuite d’un pas déterminé – quoique claudicant pour le Serdaigle –, rattrapant la poignée de secondes de retard qu’ils avaient sur leurs petits commentaires de touristes. Les tableaux ne furent pas davantage épargnés que les élèves qu’ils croisèrent dans les couloirs (et même le concierge bizarre qui s’appliquait à prendre on ne savait quelles mesures d’une fenêtre pour une raison obscure). Dommage qu’ils ne croisent pas de profs, il aurait eu beaucoup de choses à dire ! Il fut toutefois coupé dans son élan par une question à laquelle il ne s’attendait pas, cessant même un instant d’avancer tant il était pris de court. Mais il poursuivit malgré tout, décidant d’être honnête plutôt que d’éluder complètement la question. Après tout, comment pourrait-il espérer faire émerger l’ombre menaçante qu’il distinguait sous la surface de ce lac lisse et bleu ondoyant dans les iris qui le détaillaient s’il ne donnait pas un peu de ses propres secrets ? L’aveu n’avait rien de plaisant, mais il s’y contraignit tout de même, plus vraiment à son aise.

— L’année entière ? s’étonna-t-elle. Ça a dû être dur…

Sans dec, grinça-t-il avant d’avoir pu s’en empêcher et de garder cette amertume pour ses pensées. Désolé, ajouta-t-il après avoir soupiré, détournant le regard pour éviter à ses lèvres de trop trembler. Ouais, l’année entière. Fin, y avait pas que mon genou de merde. Y a eu… un accident, aussi.

Sa voix se réduisit à un murmure et il se racla la gorge pour étouffer le sujet au fond de sa gorge. Il n’était jamais parvenu à dire tout haut ce qu’il s’était réellement passé – et ni Nora ni son père n’étaient là pour expliquer ce qui s’était déroulé sous ses yeux à sa place, cette fois. Il y avait bien les comptes rendus médicaux qu’il avait fait lire à Dash, mais ils étaient dans sa chambre et il n’avait aucune envie que Selene parcoure ces mots froids et durs qui fouaillaient dans ses peurs les plus intimes sans pudeur ni retenue. Silas n’avait aucune idée de ce qu’il était capable de résumer de l’événement sans s’effondrer complètement à la simple mention de l’état de sa mère – le jeune homme ne se sentait pas suffisamment en sécurité en plein milieu des couloirs, au bras d’une fille qu’il redécouvrait à peine, pour fondre en larmes dans ses bras sans prévenir.

— Je peux pas imaginer ce que ça fait de revenir après un an, mais je vois pas comment on pourrait t’avoir oublié, assura la Serdaigle avec un étonnant aplomb. C’est peut-être un peu étrange venant de ma part, mais même pour moi, tu as des airs familiers, alors pour tes amis… Tu as dû leur manquer.

Silas coula un regard étonné à l’adolescente accrochée à son bras.

Mes amis…

Il haussa les épaules pour chasser la rancœur qui grondait soudain dans son ventre.

J’ai manqué à Dash, ouais. Le reste, je crois qu’ils s’en foutent, lâcha-t-il, avec plus de fragilité qu’il ne l’aurait voulu.

Il aurait préféré sonner dur, indifférent ou froid – ou même évacuer le sujet par une blague bien sentie –, mais pas admettre d’un dessin ourlant ses lèvres qu’il se sentait seul et paumé. À nouveau, il détourna les yeux et déglutit pour chasser plus loin le nœud qui se formait dans sa gorge. Ses pensées s’étaient tournées vers le silence d’Azure et Dmitri, vers sa propre incapacité à répondre aux lettres de Dash, noyant ainsi le seul lien ténu qui le reliait à un peu de ce soleil autour duquel il gravitait sans jamais vouloir quitter son système. Il avait manqué à Dash, c’était certain, mais les autres… Oui, les autres n’en avaient rien à faire ; qu’il soit là ou pas.

Contre toute attente (à commencer par les siennes), Silas émit le regret d’avoir accumulé ce retard et perdu un an de cette adolescence dont il avait oublié le goût.

— On m’a dit que pour retrouver des souvenirs, il fallait refaire des choses qu’on aimait, que ça pouvait réveiller des… des choses. Ça n’a pas vraiment marché pour moi, mais tu devrais essayer, proposa timidement la jeune fille.

S’il fut tenté de balayer la suggestion d’un revers de la main négligent, elle lui fit finalement froncer les sourcils ; elle touchait avec une surprenante justesse un désir secret enfoui au fond de ses entrailles.

J’ai pas vraiment envie de réveiller des souvenirs – ou autre chose, d’ailleurs, révéla-t-il d’une voix un peu rauque. En fait, j’ai plutôt envie de faire des nouveaux trucs. Des trucs que j’ai jamais faits et qu’un ado normal de quinze piges fait, tu vois ?

Ses prunelles perçantes se levèrent vers le plafond qui défilait au rythme lent de leur marche accolée, pensives et adoucies par cette envie juvénile.

Genre embrasser des filles, boire avec des copains, se lancer des défis débiles… Se marrer, kiffer, essayer, résuma-t-il alors que ses iris se reposaient sur le visage délicat de Selene. T’aurais envie de faire quoi, cette année, toi ? l’interrogea-t-il avec un intérêt non dissimulé.
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Message(#) Sujet: Re: fading paths (selene ☉ silas) fading paths (selene ☉ silas) EmptyLun 2 Oct - 4:11






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Selene était sur un petit nuage, flottant hors de portée de ses doutes les plus bas. À l'instar d'un petit bourgeon arrosé par une pluie fine et amicale, un espoir fragile cherchait, tant bien que mal, à fleurir ; un vœu qui n'avait pas encore passé ses lèvres, ni même la pointe de sa plume, à peine la barrière de ses pensées. Les rencontres se succédaient et laissaient derrière elles des traces de leur passage, pavant la voie pour celles à venir. Plus elle recueillait les vestiges de ces traits un jour connus, plus elle en venait à croire que tout n'était pas aussi vide que ce que ses carnets lui laissaient croire. Peut-être bien que Daisy était l'exception, non pas la règle. Peut-être bien que les autres aussi lui retourneraient des sourires éclatants comme ceux de Dashiell, des rires communicatifs comme ceux de Silas, ou des états d'âmes intimes comme ceux de Jin. Peut-être, oui, elle osait l'imaginer, peut-être qu'il n'existait qu'un seul reflet de glace dans un monde plus chaleureux qu'elle ne le soupçonnait. Elle désirait ardemment découvrir si cette possibilité se confirmait à l'aune de ce lien retrouvé, aussi proposa-t-elle naturellement à son camarade qu'ils aillent déjeuner, l'entraînant avec une confiance ingénue dans la mauvaise direction. Cette audace lui paraissait improbable tant le décor de cet été avait planté sa silhouette dans le rôle de la fille obéissante qui courbait l'échine face aux reproches, marchant précautionneusement pour ne pas commettre d'erreur. Si le goût familier d'une crainte frustrée roula sur sa langue, ce ne fut que brièvement, avant d'être noyé dans le rire communicatif de Silas. « Tu vas bientôt plus pouvoir te passer de moi, à ce rythme. Faut vraiment que je te fasse une visite accélérée du château pour que tu gagnes un peu d’indépendance. » Le fallait-il vraiment ? Selene n'était pas effrayée par l'idée de ne plus pouvoir se passer de lui, il fallait dire qu'il se montrait parfaitement charmant et que ses sourires étaient enchanteurs, sa compagnie merveilleuse. Son esprit lui rappela la carte promise par le concierge et elle regretta presque avoir jamais formulé cette idée ; elle aurait ainsi pu garder le risque de s'égarer comme excuse pour tutoyer ce bien-être un peu plus longtemps. Alors elle se contenta de sourire bravement, masquant ses réels sentiments derrière un éclat qui n'était pas tout à fait feint, se laissant guider dans la direction indiquée par le garçon.

Ils croisèrent plusieurs élèves ainsi que de nombreux portraits, et même Septimus dont Selene ne croisa pas le regard, à son plus grand soulagement. Ce n'est pas qu'elle n'avait pas envie de le saluer, simplement qu'elle avait l'impression de baigner dans une journée ensoleillée dont elle voulait pleinement profiter alors que l'adulte représentait cette nuit lunatique passée à flirter avec les sinistres ombres. Elle choisissait le soleil pour le moment, se complaisant toute entière dans cette légèreté singulière. Sans se rendre compte que sa question tirait sur un fil relié à une bobine complexe et lourde d'au moins autant de ténèbres que la sienne, Selene chercha à faire la conversation, taisant les informations éparses consignées dans ces journaux intimes. Il lui confirma ce qu'elle pensait savoir, c'est-à-dire qu'il avait bel et bien été absent toute l'année dernière, et en effleura  la raison du bout des doigts et d'un regard amer. L'atmosphère s'était imperceptiblement alourdie d'une peine qui réveillait celles de Selene, nourrissant cette compassion qui lui serrait le cœur tandis qu'elle tentait de se figurer ce qu'il pouvait ressentir, de son côté. « Sans dec », répliqua-t-il avec sécheresse lorsqu'elle soupçonna à voix haute que cela avait dû être dur. Ses yeux clairs papillonnèrent jusqu'à se poser sur la pointe de ses pieds. Elle culpabilisait un petit peu de ne rien trouver de plus approprié pour le réconforter, se sentant aussi démunie que lorsque Jin s'était échoué, complètement brisé, dans son salon. « Désolé. Ouais, l’année entière. Fin, y avait pas que mon genou de merde. Y a eu… un accident, aussi. » Les derniers mots prononcés tout bas laissèrent un silence grave derrière eux. Selene déglutit, certaine de ne pas vouloir dire une nouvelle idiotie, incertaine quant à ce qui en serait une. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » À peine plus qu'un souffle parti à la recherche de Silas, assez bas pour qu'il puisse faire mine de ne pas l'entendre si c'était ce qu'il souhaitait, sans que ça ne soit tout à fait volontaire de la part de Selene. C'était juste compliqué d'observer les failles cachées derrière les sourires de Silas, c'était dur de trouver les bons mots, d'être à la hauteur. Elle n'avait pas d'exemple sur lequel s'appuyer, il lui fallait tout apprendre par elle-même, essayer quitte à se tromper, ce qu'elle n'avait pas le droit de faire sous peine de se faire sermonner.

Bâillonnant cette désagréable petite voix qui — à bien y réfléchir — avait certaines intonations semblables à celles de son père, elle décida de laisser éclore les émotions semées par les confessions de Silas. Il y avait suffisamment de larmes contenues dans sa poitrine — oui, même après la soirée de la veille — pour les arroser et leur permettre de grandir jusqu'à ce qu'elle puisse en recueillir une fleur à lui offrir. Les yeux dans le vague, les lèvres dans l'incertitude, elle essaya de déchiffrer les pensées inscrites sur les pétales, espérant très fort que le parfum qu'elle humait lui serait d'un quelconque réconfort. « J’ai manqué à Dash, ouais. Le reste, je crois qu’ils s’en foutent. » Moi je m'en fous pas ! faillit-elle lâcher avec une sincérité désarmante, avant de retenir de justesse cette confession qui aurait probablement été de trop. S'il lui parlait de tout ça, c'est qu'elle ne faisait pas partie de ces amis qui ne le reconnaissaient plus, alors de quel droit se serait-elle hissée à une place qui n'était pas la sienne ? Un sourire triste ourla ses lèvres alors que ses prunelles glissaient derechef en direction de ses souliers. Elle sentait l'humidité grandir derrière ses paupières et la pluie s'amonceler dans sa gorge serrée par le parallèle qui se traçait dans son esprit. Elle pouvait comprendre ce que ça faisait, cette idée que tout le monde s'en foutait. Toutes ces nuits étendue dans son lit à se demander pourquoi personne ne lui écrivait, pourquoi personne ne s'inquiétait, pourquoi personne ne savait. Fichue tristesse. Au moins il avait Dash, c'était une chance inestimable qu'il ne mesurait peut-être même pas. Ce fût la pensée de trop, celle qui fit rouler sur ses joues sèches une première bille translucide avant que d'autres ne suivent, silencieuses mais dévastatrices. Elle essaya tant bien que mal de les faire cesser, tournant la tête pour que Silas ne remarque rien, mais elle avait compris avec le temps que lorsqu'elles débordaient, c'était pour de bon. « Rah, pardon », fit-elle soudainement, récupérant son bras, tapotant ses yeux de ses manches pour réparer les dégâts. « Je suis super émotive depuis hier, je crois que je suis fatiguée. » D'une petite voix encore étranglée par les sanglots qu'elle s'évertuait à ravaler, elle minimisa tant bien que mal ces vérités qui lui écorchaient la poitrine. « C'est cool que t'aies Dash à tes côtés. Puis moi je suis contente de t'avoir re rencontré. » Verrouiller le reste, jeter la clef, braver la peine d'un sourire un peu trop grand, reprendre son bras et leur marche avec ça.

Quelques secondes furent nécessaires pour qu'ils retrouvent le tempo adéquat mais ils y parvinrent finalement après un nouvel aveu qui réveilla une nouvelle fois de drôles d'échos chez Selene. « J’ai pas vraiment envie de réveiller des souvenirs – ou autre chose, d’ailleurs. En fait, j’ai plutôt envie de faire des nouveaux trucs. Des trucs que j’ai jamais faits et qu’un ado normal de quinze piges fait, tu vois ? » Ses mots lui firent l'effet d'un ricochet dont l'impact agite l'onde de cercles parfaits. « Oui, je vois. » Elle hocha la tête en disant ses mots, comme si son corps approuvait lui aussi. Ses yeux se levèrent ensuite à la mesure des siens, observant ses espoirs les plus doux défiler entre les moulures du plafond. « Genre embrasser des filles, boire avec des copains, se lancer des défis débiles… Se marrer, kiffer, essayer. T’aurais envie de faire quoi, cette année, toi ? » Selene pouvait tendre le bras et toucher du bout des doigts les images rendues vivantes par les mots de Silas. Ils étaient si proches que c'en était étourdissant, comme s'il avait trouvé le coffre qui contenait les désirs qu'elle ne se connaissait pas encore. « Un peu tout ça. Savoir qui je suis, trouver ce que j'aime, me faire des amis et… » Sa voix, traîtresse, trébucha sur quelque émotion tapie entre ses cordes vocales. « On me presse de retrouver la mémoire mais je sais même pas si j'en ai tellement envie, j'ai pas l'impression de vouloir revenir à avant. » La boule qui n'avait cessé de grossir commençait à se faire douloureuse. Ses doigts passèrent nerveusement à l'endroit où se situait sa trachée, espérant qu'un bref massage qui tirait plus de l'étripage puisse l'en dégager. Elle était pourtant convaincue que les litres salés versés la nuit dernière l'avaient épuisée et qu'elle n'en avait plus en réserve, alors d'où sortaient donc ces nouvelles larmes qui menaçaient de déborder ? Guidée par Silas, elle venait de poser le doigt sur une peur encore informulée : et si elle récupérait tous ses souvenirs et qu'elle se retrouvait coincée dans la Selene d'avant ? Ce qu'elle lisait dans ses carnets ne lui plaisait pas tant que ça, elle ne voulait pas goûter cette solitude qui accompagnait les courbes des lettres par milliers, elle ne voulait pas revivre ces idées noires, replonger dans ces travers. Selene voulait essayer de nouvelles choses, en vivre d'autres qui n'appartiendraient qu'à elle, désolidarisée de celle qu'elle avait un jour été. « Je sais pas ce que je raconte », dédramatisa-t-elle avec un petit rire maladroit auquel succéda un reniflement pas franchement plus convaincant. « Garde ça pour toi… » Elle était stupide de déverser autant de petits bouts d'elle à droite et à gauche, comme si elle pouvait compter sur le monde entier pour la protéger et ne jamais rien faire remonter jusqu'aux prunelles paternelles. Elle était encore plus sotte de croire sincèrement que tout pourrait bien se passer, que ses petits secrets resteraient à l'abri et qu'elle continuerait de le tromper sans que les conséquences ne viennent la frapper.

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Message(#) Sujet: Re: fading paths (selene ☉ silas) fading paths (selene ☉ silas) EmptyDim 8 Oct - 19:37

( I see a red door
and I want it painted black
No colors anymore,
I want them to turn black )
En dépit de tous ses efforts pour être agréable, charmeur et drôle ; pour tirer sur le fil qu’il avait enroulé autour de ses poignets délicats afin de l’amener doucement à en éprouver la fragilité, espérant qu’elle s’en émanciperait d’un coup sec et libérateur ; eh bien, malgré tout ça, le sujet de l’année écoulée tomba comme un rocher décroché d’une falaise effritée et éclaboussa la mare de ses angoisses en déposant toute sa vase écœurante sur la peau fraîchement nettoyée de Silas. Son ton soudain cassant comme une branche tout juste échappée de l’incendie qui ravageait ses entrailles fit baisser le regard à la jeune fille dont il tenait le bras. Le Serdaigle s’en excusa immédiatement, entre parenthèses, avant d’éluder les événements par un joli qualificatif vague dans ce qu’il avait de grave et de passé. Mais si ce qu’il s’était déroulé sous ses yeux était grave, effectivement, ça n’avait rien de passé lorsque les réminiscences se superposaient à sa réalité pour lui arracher des sanglots d’angoisse et des gémissements tout aussi pathétiques que la première fois qu’ils avaient roulé le long de sa gorge à la vue de sa mère défigurée.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ? osa à peine demander Selene, dans un murmure quasiment inaudible.

Un soupir fila entre ses lèvres pourtant serrées, ramené à des souvenirs bien au-delà du déplaisant. Quand bien même il aurait voulu répondre à cette question, il ignorait s’il en avait les capacités verbales. Jusqu’ici, Silas s’était toujours montré incapable de formuler les événements dramatiques qui avaient effacé un an de sa vie à Poudlard ; un an et tous les gens qui auraient habité cette année si tout ça n’était pas arrivé.

Un truc suffisamment vénère pour que je sois pas foutu d’en parler et que j’aie vu douze mille psys à la con, là.

C’était le mieux qu’il puisse lui offrir, en toute honnêteté. Tout ce qu’elle avait besoin de savoir, c’est que c’était grave et que ça l’avait traumatisé au sens propre. Les détails importaient peu et, franchement, il n’avait aucune envie de s’y attarder alors que cette aube de relation improbable promettait des soleils aveuglants et des étoiles enchanteresses. Il avait envie de rire, de faire des conneries, de rouler des patins aux gens qui lui plaisaient, de se promener en compagnie d’un ami au silence confortable et aux sourires complices. Il n’avait manqué à personne, peut-être, mais Dash était là malgré tout et c’était ce qu’il y avait de plus important pour lui à cet instant ; ça et cette possibilité ondulante que représentait la jeune femme accrochée à son bras, qui lui faisait miroiter un futur qu’il n’avait plus espéré depuis des lustres ; qui lui faisait miroiter de nouvelles possibilités, de nouvelles amitiés ; qui lui faisait miroiter un peu de joie dans le chaos qui peut-être un jour en finirait. Il fut toutefois désarçonné en apercevant Selene détourner la tête, les joues soudain pleines de larmes dont elle s’excusa gauchement en retirant son bras du sien pour effacer les traces du crime qu’elle estimait avoir commis.

— Je suis super émotive depuis hier, je crois que je suis fatiguée, se justifia-t-elle d’une voix ténue et gonflée de sanglots réprimés qui pincèrent désagréablement la poitrine de Silas. C'est cool que t'aies Dash à tes côtés. Puis moi je suis contente de t'avoir rerencontré, assura-t-elle, prenant quelques secondes pour reprendre contenance comme elle le pouvait.

Hey, murmura doucement l’adolescent en s’approchant timidement d’elle, posant une main incertaine sur son épaule pour la presser. C’est pas grave, lui assura-t-il en enroulant des bras hésitants autour de ses épaules dans une ébauche de câlin maladroit, pas très assuré sur une seule jambe. Moi aussi chuis content de t’avoir rencontrée pour de vrai.

L’étreinte se défit d’elle-même au bout d’un temps difficile à estimer, dévoilant l’éclaircie d’un sourire sur la face un peu assombrie de cette lune timide qu’il découvrait encore. Ses doigts effleurèrent l’intérieur de sa paume comme ils retombaient le long de son bras, et il pressa à peine sa main pour l’assurer de son soutien avec un petit sourire qui, s’il était fragile, n’en était pas moins sincère. Silas avait tous les défauts du monde (et bien plus encore), mais c’était un ami fidèle ; de ceux qui pouvaient soulever des montagnes pour les personnes sur lesquelles ils avaient jeté leur dévolu. Et cette Selene, vraiment, il avait bien envie de devenir son ami.

Leurs bras se retrouvèrent naturellement et leur marche reprit d’un rythme qui se composa aisément au bout de quelques pas, seulement troublé par la réponse pleine de rêves adolescents du Serdaigle. Renouer avec le passé n’était pas au programme et il ne pensait pas qu’il le regretterait un jour ; c’était aller de l’avant dont il avait besoin. Aller de l’avant, embrasser tout et tout le monde, jeter ceux qui ne voulaient pas entrer dans la danse et se laisser gagner par l’ivresse d’une jeunesse qu’il avait fantasmée pendant un an, allongé sur ce lit étroit, ses yeux perçants rivés à la tache d’humidité qui s’étirait au plafond. Selene acquiesça à la question qui ponctua sa réflexion, l’air tout aussi pensive que lui en relevant des yeux pâles vers cette voûte constellée dont ils contemplaient l’absence avec une envie dévorante. Peut-être étaient-ils tous deux mus par cette même volonté innocente de dévorer la vie sans avoir à penser au reste ; aux autres ; à ceux qui demeuraient tapis dans les recoins obscurs d’un esprit qui avait sombré dans le passé et qu’ils tentaient vainement de maintenir dans les flots du présent – et un peu de l’avenir.

— Un peu tout ça, admit-elle en écho à ses ambitions. Savoir qui je suis, trouver ce que j'aime, me faire des amis et…

Sa voix s’écorcha sur ses vœux juvéniles – ou sur ceux du passé qui l’entraînaient par le fond, contre les rochers coupants et entre les algues gluantes qui s’enrouleraient bientôt autour de ce cou délicat de biche gracile et effarouchée.

— On me presse de retrouver la mémoire mais je sais même pas si j'en ai tellement envie, j'ai pas l'impression de vouloir revenir à avant, avoua Selene, avant de passer des doigts anxieux sur sa gorge comme pour chasser cette confession qu’elle regrettait jusqu’aux tréfonds de ses prunelles. Je sais pas ce que je raconte, rigola-t-elle nerveusement. Garde ça pour toi…

Un peu supplication, un peu appel à l’aide, un peu de tout ça qui soulevèrent des colères enfouies et des rages grondantes dans le ventre frémissant de Silas. Pourquoi avait-elle l’air de fuir quelque chose ; quelqu’un ?

C’est qui, « on » ? l’interrogea-t-il d’une voix rendue sourde par la suspicion qui grimpait jusqu’au fond de sa gueule hérissée de menaces tacites. T’sais…, ajouta-t-il précipitamment en s’arrêtant pour l’amener à l’imiter, dénouer leurs bras enlacés pour saisir ses deux mains avec une fermeté de frère, j’vais rien cafter à personne de ce que tu me dis. Chuis pas comme ça, soutint-il en plantant son regard dans le sien, presque dur. Et si t’as pas envie, tu fais pas, conclut-il sur le ton de l’évidence, ses mains quittant les siennes pour se poser sur ces joues froides comme une aurore trop grise. Personne a le droit de te forcer à quoi que ce soit, et surtout pas à ça. Même si tu retrouvais la mémoire et que ce que tu t'y trouvais te plaisait pas, bah t'es pas obligée de faire comme avant. T’es libre et t’es forte. C’est toi qui décides.

Et sur cette note puissante, qui fit vibrer sa voix d’une conviction inébranlable, il relâcha son visage sans pour autant détourner les yeux ; ses iris étaient agités d’une tempête sombre et sauvage, féroce et violente.

Et t’es pas toute seule, martela-t-il fermement. Si y a quelqu’un qui t’emmerde, je lui casse la gueule.

Et tout le sérieux de cette promesse tenait dans ces deux petits tableaux d’orage maritimes, comme autant de serments de déchaîner leurs eaux pour broyer ce qui se trouverait entre le bonheur et ceux qui comptaient pour lui. L’amour de Silas, c’était un amour déchaîné et sombre qu’il ne fallait pas se risquer à provoquer en duel.
ft. @Selene O. Paulet
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Message(#) Sujet: Re: fading paths (selene ☉ silas) fading paths (selene ☉ silas) EmptySam 21 Oct - 19:07






(selene ☉ silas)
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Les rires s'étiolèrent et les sourires fanèrent alors que les deux têtes blondes s'égaraient sur le chemin de leur déjeuner. La faute à ce fil sur lequel elle venait de tirer, inconsciente du voile sombre qu'il viendrait déposer sur ces instants ensoleillés. Les traits de Silas se durcirent sous le bleu de ses prunelles désolées ; désolées d'avoir abordé un sujet si lourd, désolées d'avoir convoqué des nuages si épais, désolées de se sentir si proches du chagrin qui virevoltait au fond de son regard clair. Selene n'avait pas manqué une année entière, elles s'étaient toutes fondues dans ce néant vertigineux, pas plus qu'elle n'avait passé autant de mois loin de ses amis, elle n'en avait même pas ; pourtant, la solitude de son camarade soufflait sur la sienne comme un vent du nord tourmenterait les braises rougeoyantes d'un feu éteint, l'exacerbant et lui confiant qu'elle n'était pas aussi seule qu'elle le pensait, l'exhortant à ne pas s'éteindre complètement. De là lui vint le courage de souffler une question pesante qui arracha un soupir à Silas et un nouvel éclat tourmenté à ces deux paires d'yeux qui se contemplaient en essayant de se voir tels qu'ils étaient vraiment. « Un truc suffisamment vénère pour que je sois pas foutu d’en parler et que j’aie vu douze mille psys à la con, là. » Ce qu'elle connaissait surtout, Selene, c'était les sourires qui fleurissaient à l'infini sur les lèvres des personnes dans son entourage, de ceux, pétillants de simplicité, de Dashiell à ceux, polis mais si lointains, de sa mère ; c'était cette froideur qui rendaient les prunelles glaciales, comme pour les grands yeux de biche de Daisy ou les terrifiantes iris noires de son père. Une fois seulement avait-elle assisté à des larmes qui paradaient sur des joues désemparées n'étant pas les siennes. Pour la première fois, elle rencontrait quelqu'un abîmé d'une façon qui se rappelait à elle, cabossé par un accident dont il ne savait pas comment parler. Était-ce insensible et égoïste de se sentir brusquement plus proche de ce garçon aux cheveux blonds dont elle ne connaissait plus rien une dizaine de minutes plus tôt ? La puissance de cette idée simple la laissa brièvement étourdie. Il existait en ce monde bien des étoiles capables d'illuminer les ciels les plus sombres, mais tout doucement commençait-elle à percevoir qu'elle n'était pas la seule petite lune égarée dans les vastes cieux. « Je suis désolée que ça te soit arrivé », fit-elle finalement, d'une voix qui peinait à s'extraire de cette poitrine compressée par les émotions mais qui en arracha néanmoins une sincérité désarmante. « C'est injuste. » Parlait-elle de lui ou bien de son propre cas ? Les deux se mêlaient pour ne former plus que le tout confus d'un tableau constellé de gris au centre duquel une silhouette adolescente mise à terre par un destin cruel tentait de se relever. Et peut-être bien que les mots qui échappaient à son contrôle étaient ceux dont elle-même aurait tant eu besoin tout au long de son été.

En fin de compte, même si elle était parvenue à éviter la douce compassion du concierge par crainte que le soleil ne se couche et que la nuit ne revienne se saisir de ces moments, la fatalité l'avait rattrapée, enveloppant son cœur d'un chagrin trop grand pour elle. Le sien, celui de Silas, les tourments s'entremêlaient et pesaient si lourds qu'ils débordèrent sans qu'elle ne puisse les retenir. Selene s'excusa tant bien que mal, la poitrine retournée et le souffle entrecoupé, tâchant d'imbiber les manches de son pull de ces larmes qui mettaient un peu trop de temps à s'arrêter à son goût. « Hey. C’est pas grave. » La seconde d'après, l'étreinte de son camarade acheva de la désarçonner en lui offrant un câlin réconfortant au goût de première fois. « Moi aussi chuis content de t’avoir rencontrée pour de vrai. » Vraiment ? Comme un bouclier protecteur, les bras de Silas empêchèrent les sombres doutes de ternir la magie de l'instant et les deux adolescents restèrent ainsi de longues secondes qui s'étirèrent en un temps indéfini, jusqu'à qu'ils se séparent naturellement, une fois les larmes de Selene asséchées et son sourire timidement de retour. Les doigts de Silas se pressèrent contre les siens avant que leurs bras ne se retrouvent, dans une succession de contacts aussi réparateurs que déstabilisants tant ils détonnaient avec la froide distance à laquelle on l'avait accoutumée depuis son réveil. Ils reprirent leur chemin, comme si de rien n'était, laissant derrière eux le fantôme translucide de ce qu'ils venaient de partager, auquel Selene ne cesserait probablement pas de penser une fois seule.

Pour l'heure, une paisible éclaircie promettait un horizon plus gai bien que les rayons rendus vaporeux par toute cette pluie paraissent éthérés au milieu des pierres grises des couleurs. Là, entre les semblants de promesses tissés par leurs voix écorchées, entre les sourires et les larmes, entre les murs froids du château et la chaleur de leurs espoirs partagés, ils se laissèrent aller à des rêveries toutes adolescentes. Est-ce que, si Selene tendait les doigts vers cette voûte constellée d'envies, elle pourrait les effleurer ? Rien qu'une fois, ou peut-être deux, goûter à ce que cela pouvait faire de ne pas avoir à surveiller chacun de ses gestes et chacun de ses mots, de sentir cette solitude s'éloigner, de faire mentir ces centaines de pages martelées d'une encre affligée. Les paroles de Silas résonnaient avec une justesse qui faisait mal : ne pas réveiller des souvenirs mais faire de nouvelles choses, c'était exactement ce qu'elle ressentait tout ce temps, alors que les prunelles glacées de son père la sommaient de ne pas lui faire honte. Un désir caché, pas même compris, qui éclosait joliment maintenant qu'elle n'était plus toute seule, bien que ses doigts graciles ne sachent pas trop quoi en faire. Elle avait bien envie de le montrer à Silas, en tout cas, mais sa maladresse déversa un peu plus de ses penchants qu'elle ne l'aurait voulu, éclaboussant telle vérité grignotée par les ombres, ou celle-la qui ne faisait pas exception. Elle était certaine qu'apprendre ce qu'elle dissimulait au fond d'elle aurait fait exploser son père de rage, lui qui n'attendait qu'une chose : que sa fille retrouve la mémoire et qu'il puisse oublier cet incident dans ses plans parfaitement millimétrés. La fille, elle, ne comprenait pas trop l'importance de son amnésie dans tout ça : ce n'était pas comme s'il comptait sur elle pour autre chose que pour faire bonne figure. Quelle importance ? Au début de l'hiver il lui faudrait retourner chez elle, puis encore à la fin de l'année scolaire, et ainsi de suite sans jamais pouvoir s'échapper vraiment de cette jolie cage dorée. Le firmament constellé de ses souhaits sembla s'éloigner, hors de portée et ses yeux retrouvèrent la pointe de ses pieds. « C’est qui, « on » ? » La voix de son camarade l'empêcha de se perdre plus bas que ça. Quelque chose qu'elle ne saisissait pas alourdissait son ton, plus encore que lorsqu'il avait évoqué sa terrible année. « Les médecins, m-mon… » Ils n'allèrent pas plus loin, elle dans sa réponse, eux deux dans leur marche. « T’sais… j’vais rien cafter à personne de ce que tu me dis. Chuis pas comme ça. » Il était très sérieux, ses prunelles claires plantées dans les siennes, ses mains la maintenant fermement face à lui, alors qu'ils s'arrêtaient en plein milieu d'un couloir pour la deuxième fois en très peu de temps. « Et si t’as pas envie, tu fais pas. Personne a le droit de te forcer à quoi que ce soit, et surtout pas à ça. Même si tu retrouvais la mémoire et que ce que tu t'y trouvais te plaisait pas, bah t'es pas obligée de faire comme avant. T’es libre et t’es forte. C’est toi qui décides. » Les doigts qu'il déposa sur ses joues froides furent tout ce qui retint Selene de laisser libre court à de nouvelles larmes. Une flamme sauvage dansait follement au centre de ses pupilles dilatées. Ça lui rappelait un peu le regard paternel quand celui-ci se déposait sur quelque chose de déplaisant qui enflammait sa colère, tout en étant radicalement différent. Ce regard qui se ficha profondément en elle n'avait rien d'inquiétant, il n'avait pas l'air capable de lui faire du mal malgré cette dureté qui s'étendait au reste de ses traits. De fait, elle ne parvenait pas à s'en détacher, incapable de baisser les yeux, comme elle l'aurait fait face à son père. Au contraire, elle s'y perdait un peu plus à chaque seconde, noyée dans la tempête de convictions qui la ballottait de droite à gauche. Comment ne pas se laisser emporter par cette assurance qui lui faisait défaut ? Dans les airs volaient les débris de ses doutes que cet ouragan inébranlable envoyait valser. Personne ne pouvait décider à sa place… Était-ce aussi vrai qu'il le disait ? La douce chaleur que ses doigts avaient abandonnée sur ses pommettes lui soufflait que oui. « Et t’es pas toute seule. Si y a quelqu’un qui t’emmerde, je lui casse la gueule. » Toutes ces années durant lesquelles l'ancienne Selene avait contemplé, de loin, cette nature qu'elle trouvait belle et de laquelle elle aurait aimé être plus proche, pour que ce soit finalement celle d'aujourd'hui qui se fasse emporter par ces élans décisifs. Un grand sourire, un vrai, se dessina sur le visage de la jeune fille, paré de la haute opinion que Silas avait d'elle. Les mots se bousculaient dans son esprit mais c'est finalement un simple « Merci », rehaussé d'un éclat réconforté, qui traversa ses lèvres avec une foi aveugle. Selene aurait pu ajouter bien d'autres mots mais la force et la plénitude de celui-ci lui convenait. Elle voulait prendre le temps de serrer très fort, tout contre elle, les paroles pleines d'assurances de Silas avant de laisser les siennes prendre la place, consciente sans vraiment l'être que les doutes qui rôdaient, toujours proches, jamais bien loin, n'attendaient que ça pour fondre sur elle et travestir toute la belle confiance dont il venait de l'envelopper.

ft @Silas Jørgensen

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