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The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY
Dashiell Dashner

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Message(#) Sujet: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyLun 27 Mar - 22:22

the most
beautiful star

en tout bien tout honneur
ft. @Charles T. Ehrlich & Sidney Driscoll
Je pousse péniblement le tableau qui sert de porte aux cuisine et file dans le couloirs, les bras chargés du dîner à venir. Rien de ouf, en soi, juste des sandwichs, comme à Londres, et du chocolat, et du pop-corn au caramel, et du thé, j'ai essayé de décrire aux elfes celui qu'il avait ramené la dernière fois mais bon... je suis pas hyper calé alors je sais pas s'ils ont hoché la tête parce qu'ils ont compris ou juste pour pas me vexer... J'espère que je me suis pas trop planté, en tout cas. J'ai envie qu'il passe une soirée aussi bonne que l'a été ma journée. Et autant dire que la barre est vachement haut ! Inatteignable, presque ! Et juste cette constatation me tire un sourire stupide. Il faut dire que c'était parfait. Presque mieux que Londres... peut-être même mieux, même si on a fait moins de trucs géniaux. Parce que c'était ni bizarre ni tendu ni rien... C'était juste exactement comme c'est d'habitude : doux, tranquille, rassurant. Évident, un peu. Un nouveau sourire stupide. N'empêche, c'est dommage qu'on ait pas fait ça plus souvent. Des journées entières, je veux dire... sans rien prévoir, juste à rajouter des trucs et des trucs parce que ça nous faisait plaisir sans prendre la peine de réfléchir à si c'était une bonne idée, ou si vraiment ça valait le coup de se re-re-retrouver alors qu'on devait déjà dîner ensemble et tout... J'aime bien que ça se soit fait sans qu'on s'organise. Que ça se soit glissé dans la conversation... et qu'il ait proposé un peu, aussi. J'ai l'impression qu'il en avait autant envie que moi, en vrai. Mon sourire stupide flanche un peu... et il meurt complètement alors que je croise mon reflet dans une vitre un peu crasseuse. J'ai pris la peine d'aller me changer... et de me coiffer aussi... et sûrement que si j'avais été une fille, j'aurais mis une éternité à me maquiller... exactement comme je l'ai fait pour rejoindre Blaze... Je me sens mal, tout à coup. J'aurais dû garder mon pull d'uniforme. Je passe la main dans mes cheveux et y fout vaguement le bazar, comme pour me donner bonne conscience. Ça fait pitié, en vrai. Je fais pitié. Je secoue vaguement la tête et reprends mon chemin. Il y a pas grand monde dans les couloirs, on profite encore de ce début de printemps pour comater au soleil, et c'est tant mieux. Je suis pas sûr qu'on ait le droit d'aller prendre ses repas là-haut. Avant, j'aurais dit que si Charles était d'accord pour le faire c'est que c'était réglementaire mais je suis plus sûr de rien maintenant. Mon sourire revient en même temps que les souvenirs de son dortoir. Cette impression incroyable d'avoir rien à foutre là mais d'être exactement là où il fallait que je sois en même temps. Et l'odeur de la pièce, son poids sur le matelas – comme dans ma chambre, il y a au moins une vie de ça – cette intimité à la fois hyper naturelle et en même temps presque gênante. En vrai, il se passe pas grand chose dans mon existence mais c'est comme si tout avait changé, que tout arrêtait pas de bouger. C'est flippant. Autant que c'est grisant. J'ai l'impression d'être vraiment ado pour la première fois en dix-sept ans. Je crois que j'ai bien fait de revenir, finalement. Vraiment bien fait de revenir.

Et ça a l'air plus clair encore quand j'arrive en haut de la tour, les joues rouges et tout essoufflé des centaines de marches à grimper. Je suis sûr qu'on me frapperait pour ça mais je jette à peine un regard à la vue. Franchement... je m'en fiche. C'est vrai que j'étais jamais venu en dehors des cours d'Astro et tout mais... mais c'était juste un prétexte. Et rien que de le penser aussi sincèrement me fait tomber un poids dans l'estomac. Faut être con, quand même... Et je me dis qu'à force, il va finir par réaliser que c'est pas aussi innocent que ça le devrait... Enfin, si, j'attends rien, vraiment, on est amis, et je veux rien d'autre, je vous jure ! Mais en même temps... plus les jours passent et plus j'ai de mal à supporter une journée sans qu'on passe rien que cinq minutes ensemble, sans qu'on s'écrive, sans que son regard croise le mien le matin à l'heure du petit-dej, comme un « passe une bonne journée <3 » silencieux. Bon, d'accord, peut-être que j'invente un peu le cœur mais vous comprenez l'idée ! J'abandonne le dîner dans un coin et étale soigneusement la couverture sur le sol avant d'y mettre des coussins pour que ce soit confortable. En vrai, il manquerait juste des petites bougies et ça ferait grave décor de séries nulles... Je vois d'ici le truc en mode « ils ont quitté le bal de fin d'année un peu plus tôt pour se retrouver loin du monde et... » ...et des bruits de pas se font entendre dans l'escalier. Je me sens con, d'un coup ! Je réalise à quel point « il manque juste des petites bougies » et si j'ai juste envie de tout ranger bah j'ai plus le temps... et puis ce serait grave dégueulasse... Genre je l'invite à passer la soirée là et lui il est assez gentil pour me tenir compagnie et j'en ai juste rien à secouer au point de même pas faire l'effort de rendre le machin confortable. Alors tout ce que j'arrive à faire c'est de rester planté là, au milieu des coussins, l'air en plein bug, les yeux rivés sur la porte, quelque part entre l'impatience totale et l'envie de mourir sur le champ. Mais bon... Pas le temps de sauter sur la porte grince sur ses gonds et que le visage souriant de Charles apparaît de l'autre côté. J'en oublie les bougies, et mon pull d'uniforme que j'aurais dû garder, et la question trop précise d'Hayden pour que ça soit du hasard... et tout le reste, en fait. Je suis juste capable de sourire comme le pire des crétins. Et comme sur le quai de la gare, j'ai juste envie de lui sauter au cou et de le serrer contre moi, comme si ça faisait des mois qu'on s'était pas vus alors qu'on s'est laissés il y a deux heures à peine.

Salut, je lâche bêtement alors que j'agite la main dans un geste aussi nerveux que maladroit, enfin... re.

Re-re-re-re même... et ça suffit à me faire sourire de plus belle. Rougir un peu, peut-être aussi.

Ça fait longtemps qu'on s'est pas vus, tu m'as manqué, ahah.

Et jamais un « ahah » a eu l'air de sonner aussi faux... Tellement faux, même, que j'en viens à détourner les yeux et à me détourner tout court d'ailleurs. J'abandonne les coussins et vais m'appuyer contre le parapet, offrant pour la première fois depuis que je suis arrivé toute mon attention à la vue.

Hayden avait raison en vrai, c'est grave beau.

… et ça c'est grave pathétique... Mais bon, faut bien s'accrocher à ce pourquoi on est là, ahah...
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyVen 31 Mar - 18:24


THE MOST BEAUTIFUL STAR
Sa vie s’étiolait. Ce long fil un peu rugueux, qui s’était noué à plusieurs reprises, commençait effectivement à s’étirer de trop, laissant quelques filaments s’échapper de sa raideur en petites peluches désordonnées. Le reste du cordon continuait de se dérouler dans un épuisement progressif, lassé, forcé. Et c’était peut-être sous cette contrainte que le visage de Charles était si marqué. Les crispations de sa mâchoire étaient devenues courantes, partie intégrante de traits renfrognés. Il n’avait pas de cernes car il dormait plutôt bien, mais son cerveau n’en demeurait pas moins brouillé, à l’image de ses commissures tirées vers le bas. Tout allait vers le bas. Ses rêves qui n’en étaient plus à présent qu’il réalisait qu’il ne pourrait jamais mener une carrière moldue avec ses lacunes, sans pour autant avoir les compétences pour être un sorcier accompli ; son avenir qui semblait toujours plus hors de portée tandis qu’il avançait à sa poursuite ; son bonheur qui s’enfonçait dans un déni dont il avait paradoxalement conscience. Il n’était pas heureux de sa vie, ou plutôt, de cette vie - un long fil un peu rugueux qui s’étiolait à force de tirer dessus. Il se forçait à garder le cap sans même savoir où il allait. Élève d’une école qu’il n’avait jamais vraiment aimée, préfet de camarades qui ne l’avaient jamais vraiment aimé, copain d’une fille qu’il n’aimerait jamais vraiment. Tout n’était qu’une question de désordre dans un quotidien qui avançait pourtant à l’endroit. Peut-être parce qu’il était né à l’envers, à contretemps, différent, isolé, seul - sauf quand il y avait Sidney pour éclairer un peu cette obscurité toujours plus aveuglante, pour l’entourer, pour l’inclure, pour lui faire tenir le rythme. Il n’y avait que Sidney pour qu’il se sente mieux, pour oublier qu’il n’avait sa place nulle part, ni ici, ni avec les autres, ni avec elle. Le plus étonnant, c’est que Charles était parfaitement conscient de ce qui n’allait pas - sans parvenir à y changer quoi que ce soit. Il se plaisait à croire que c’était de la lâcheté, qu’il ne valait pas mieux que ses regrets. C’était en vérité un abandon. Il n’avait pas envie de lutter pour obtenir ce qu’il voulait, pour y mettre un mot, même. Il avait déjà lutté contre les injustices, contre le malheur, sans jamais rien gagner dans une vie jouée d’avance. Alors, Charles avait laissé tomber, s’empêtrant dans un fil tendu qui n’avait du ressort qu’en compagnie de Sidney. Et c’était pour ça qu’il avait choisi, dans toutes ses indécisions, dans toute son impossibilité à changer quoi que ce soit, de le rejoindre pour le dîner ; après l’après-midi, après le déjeuner, après toutes ces soirées films à deux, après tous ces mots échangés pour tuer le temps et pour ne pas regarder cette corde qui ne cèderait jamais, qui continuerait à être étirée comme s’il n’avait pas juste envie de lâcher prise.

Parce qu’il ne savait pas quoi faire en attendant l’heure convenue du rendez-vous, ayant déjà terminé tous ses devoirs et collé les deux élèves récalcitrants qu’il avait juré de punir en cas de récidive, Charles s’était replié dans son dortoir, allongé sur son lit où Gédéon l’avait rejoint. Le chat ronronnait de plaisir sous les caresses de son maître, paresseusement blotti contre lui qui gardait les yeux plantés sur la voûte de son plafond. D’ordinaire, il y promenait des rêveries qui duraient des heures ; il n’eut pas une seule seconde de divagation. Tout le ramenait aux deux certitudes qui étouffaient ses jours ; celle d’être profondément malheureux, celle de ne trouver du réconfort que chez le Serdaigle. Il n’était pas encore devenu une obsession par respect de sa personne (et quelle personne ! C’était un garçon incroyable qui méritait un tas de choses toutes aussi incroyables), mais enfin, toutes ses réflexions ne dérivaient que sur lui. D’un ami curieusement semblable, il s’était érigé en un véritable échappatoire, sans que Charles ne sache si tous ces sentiments étaient réels ou un vulgaire transfert. Avait-il besoin de lui parce qu’il incarnait cette bouffée d’air qui lui manquait pour vivre ? Ou avait-il besoin de lui parce qu’il ne pouvait tout simplement en être autrement ? Et à cette imprécision qu’il devinait clairement, se mêlait au contraire le flou de questions inavouées et le spectre fantomatique d’Eléonore. Elle était devenue cette chimère dont il ne voulait pas, qui le poursuivait contre son gré et, Seigneur, qu’il s’en voulait de ne pas parvenir à l’éloigner ! Il aurait dû être capable de lui révéler cette appréhension qu’il ressentait à l’idée de la rencontrer, parce qu’il avait l’impression de lui faire perdre son temps, parce qu’il savait qu’il ne serait pas foncièrement à l’aise, parce qu’il pensait ne rien avoir en commun avec ses beaux sourires angéliques. Mais il en était incapable, par lâcheté, pensait-il toujours ; par abandon d’une lutte dont il ne voulait pas, plus exactement. Laisser Eléonore, c’était admettre qu’il était anormal. Qu’il était seul. Qu’il ne serait jamais rien de bien, comme ses longs cheveux d’or, comme sa gentillesse délicate. Qu’il ne projetait jamais ses yeux grands yeux bleus derrière ses paupières avant de s’endormir, mais ceux, cobalt, sécurisants, brillants, d’un ami qui ne méritait même pas ce nom, car Sidney méritait tout. Charles ne pouvait rien lui offrir. Et dans un pincement de lèvres pour retenir le chagrin qui avait serré sa gorge, le Poufsouffle abandonna sur le pelage de son chat une dernière caresse avant de se redresser, les prunelles absentes. Baby ne venait presque plus, sauf en quelques rares occasions où il passait en coup de vent pour récupérer des affaires qui ne revenaient pas plus que lui. Et il pouvait ainsi être lui-même entre ces quatre murs ; la pâle copie de ce qu’il ne serait jamais, le mirage d’un garçon qui espérait encore tenir quand il ne lui restait en vérité plus grand chose.

Il décida de se changer, comme pour troquer sa peau suintante de honte avant de rejoindre Sidney. Échangeant ainsi son uniforme scolaire contre un pull à col zippé qu’il remonta jusque sous son menton comme pour mieux disparaître, Charles enfila un pantalon de velours avant de lacer ses derbies. Gédéon sauta du lit pour se frotter à ses jambes, quémandant une ultime attention qu’il lui offrit d’un baiser sur le crâne avant de lancer sur ses doigts le sortilège de protection. Sidney était probablement l’un des rares seuls à ne jamais avoir zieuté ses gants et pourtant, il était l’un des rares seuls pour qui il était prêt à faire cet effort et, choses encore plus précieuse, le seul avec qui cela fonctionnait. Il n’avait même pas réalisé qu’il avait ses doigts nus lorsque ses phalanges avaient malencontreusement frôlé les siennes, un soir où ils regardaient Twilight en plongeant leurs mains dans le seau de pop corn ! Un sourire souleva ses lèvres à ce souvenir alors qu’il quittait sa chambre. C’était le genre de maladresse récurrente qui ondulait sous ses yeux la nuit venue et qui ne le quittait plus. Comme le soir où il s’était endormi devant un énième film avant de se réveiller la tête sur son épaule… Ou les regards croisés à la dérobée entre les étalages de la bibliothèque. Des souvenirs embarrassants qui irradiaient pourtant une chaleur nécessaire dans le froid de ses nuits. Et c’était peut-être par cette même flamme que ses joues rougissaient à mesure qu’il approchait de la tour d’Astronomie ; par cette même incandescence qu’il avançait toujours plus vite, manquant de courir sur les dernières marches. Charles arriva à bout de souffle, le cœur tambourinant, dégoûté de lui-même et en même temps assuré. Ce n’était qu’un autre dîner avec le Serdaigle, une nouvelle entrevue privée, une énième rencontre pour alimenter leur complicité. Et pourtant, il ouvrit la porte avec la même félicité que lorsqu’il l’avait retrouvé après leur dispute. Celle de savoir qu’il serait derrière la porte et qu’il pourrait ainsi, le temps de leur conversation, oublier qu’il détestait sa vie, qu’il se détestait lui-même, d’ailleurs, qu’il détestait tout. “Salut, enfin... re” l’accueillit le jeune homme d’un geste de la main. Dans un sourire, Charles lui rendit la salutation sous un “Re” à peine murmuré, avant de consulter le décor autour du Serdaigle pour ne pas fixer que ses prunelles et satisfaire de trop son envie de s’y perdre. Une jolie nappe était étendue sur le sol, couverte de quelques coussins à proximité de plusieurs mets qui réveillèrent sa faim. C’était trop, tout ce mal donné pour sa seule personne. Son estomac passa de la faim à une acidité plus ferme, plus âpre, aussi. “Ça fait longtemps qu'on s'est pas vus, tu m'as manqué, ahah” reprit son camarade alors qu’il croisait à nouveau son regard. “Fallait pas faire tout ça pour moi” répondit-il, ou plutôt, observa-t-il, ne répondant pas à son humour d’un trop plein de malaise. Sidney avait vraiment monté tout ça rien que pour lui ? “Tu vas encore râler, mais… Merci. C’est vraiment gentil.”’ Il esquissa un sourire pour ce remerciement qui ferait sûrement rouler des yeux le Serdaigle, avant de considérer la vue derrière lui. “Hayden avait raison en vrai, c'est grave beau.” Charles hocha la tête à cette remarque qui s’alignait précisément avec sa pensée, rejoignant Sidney près du parapet qui les retenait d’un vide immense, vertigineux et magnifique à la fois. “A couper le souffle, oui.” Les collines s’étendaient autour du lac, en dessous des nuages, à côté de la forêt interdite, dans une vue dégagée qui laissait croire à mille horizons. “Comme quoi, Hayden n’a pas toujours tort” ajouta-t-il avec un brin d’ironie. C’est qu’il avait aussi insinué que Judith voulait quelque chose de Sidney… Cette seule pensée figea un instant ses commissures. Heureusement qu’il avait démenti. Rien n’était pire que les faux jugements - à part une sorcière puriste entichée de Sidney. “Alors, t’as fait quoi depuis tout à l’heure ?” reprit-il sur le ton de la conversation en glissant à nouveau ses yeux sur le jeune homme à ses côtés. C’était le seul avec qui il pouvait discuter de la pluie et du beau temps sans rougir - c’était même le seul dont la réponse à une question aussi pathétique l’intéressait vraiment. C’était le seul. Tout simplement.
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyDim 2 Avr - 14:06

the most
beautiful star

en tout bien tout honneur
ft. @Charles T. Ehrlich & Sidney Driscoll
Je réalise un peu tard que le décor laisse à désirer... enfin, non, c'est mignon, et sûrement qu'on sera bien installés... mais c'est digne d'une comédie romantique... ou de Twilight, même, s'ils avaient eu une tour d'Astro sous la main. Je suis sûr que Bella et Edward se seraient fait leurs plus belles déclarations dans un coin comme ça ! Et c'était pas du tout le but recherché, je vous promets. Je voulais juste... je sais pas même pas. Faire un effort assez visible pour qu'il soit content d'être venu et qu'il se sente attendu... Mais en fait, même ça, c'est débile... On est potes et on s'est vus toute la journée – littéralement – est-ce que je suis censé être impatient de le retrouver ce soir en plus du reste...? ...je sais pas. Mais c'est plus fort que moi. Manque de chance, j'ai pas le temps de changer quoi que ce soit que le bruit de ses pas se fait entendre dans l'escalier. Je sursaute, je panique, j'ai hâte, tout à la fois. J'en oublie de bouger, d'essayer de limiter les dégâts, de rendre le truc comme un « salut bro » et pas « j'attendais que toi <3 »... Je suis juste capable de fixer la porte, le cœur battant à tout rompre, le cerveau en compote repassant en boucle les beaux moments de notre journée... Je crains le pire, j'espère le meilleur, j'arrive pas à me fixer. Et puis je me dis que si Hayden qui me connaît pas depuis longtemps et qui nous a jamais vu ensemble s'est rendu compte qu'il y avait quelque chose qui clochait, Charles qui est loin d'être débile va le réaliser aussi. Surtout que c'est cliché, comme endroit. Et que c'est sûrement pour ça que je l'ai choisi... Pourquoi j'ai fait ça, sérieux ?! On aurait pu aller dîner dans le parc ou même dans les cachots, on s'en fout de l'endroit, ça aurait été bien quand même et au moins ça nous aurait évité le coin à rencards connu par toute l'école... J'ai envie de disparaître, de pas avoir à supporter l'incompréhension qu'il va y avoir dans son regard, le malaise, la gêne, tout ça. Ça va être un carnage. Un poids tombe dans mon estomac juste au moment où il pousse la porte... et son sourire me fait oublier littéralement la catastrophe dans laquelle on fonce. Peut-être que c'est pas si grave... et que c'est juste moi qui imagine le pire... qu'en soi c'est juste un endroit comme un autre, pour un dîner comme un autre, et que c'est juste parce que moi je sais que ça a l'air particulièrement dramatique. Il s'est changé, lui aussi. J'aime bien comment il est habillé, ça lui va bien... même si la fermeture de son pull donne envie de tirer dessus dans l'espoir débile de le pousser à sortir un peu de sa coquille... mais à aucun moment j'imagine quoi que ce soit derrière cette constatation. Il s'est changé juste parce que l'uniforme ça va bien cinq minutes... là où je l'ai fait parce que je venais le rejoindre. Ça aurait été n'importe qui d'autre au monde, je sais que j'aurais pas pris cette peine... et ça fait pitié.

Re.

Et son regard m'échappe, se posant finalement tout autour de nous. Il y a une seconde de flottement, un petit quelque chose d'angoisse qui me pousse à ouvrir la bouche une nouvelle fois...  C'est pathétique, je m'en rends bien compte... mais une fois que le son de ma propre voix me revient  presque de loin... C'est pas un mensonge : il m'a manqué... mais je crois qu'il était définitivement pas obligé de le savoir... et la nervosité qui se fait sentir derrière cette phrase débile laisse entendre à quel point ça peut être vrai. Je suis beaucoup trop débile. Sérieux, y'a un moment faut m'achever !

Fallait pas faire tout ça pour moi.

C'est pas froid, c'est pas chaleureux, ça répond même pas à ma bêtise... C'est juste une constatation qui tombe lourdement entre nous, presque un reproche qui n'en a pas trop l'air, finalement. Je reste bête, je baisse les yeux, je suis incapable de savoir comme réagir. Je sens ma gorge qui se serre un peu. J'ai envie de lui dire que je le sais. Que j'aurais pas dû, que j'ai pas réfléchi, ou plutôt qu'après, que ça veut rien dire – mensonge – qu'on peut aller ailleurs s'il préfère, ou même juste pas dîner ensemble si vraiment il a plus envie... C'est pas grave, la journée était déjà parfaite et tout... et puis c'est ma faute, j'ai tout gâché. Je vois bien qu'il est mal à l'aise, et c'est normal, je le serais sûrement aussi à sa place... Je veux dire, si je m'étais rendu compte que Judith espérait un truc quand on a été à Pré-au-Lard la dernière fois, j'aurais été au bout de ma vie... Je retiens un « désolé » de toute mes forces et me contente de hausser les épaules.

Tu vas encore râler, mais… Merci. C’est vraiment gentil.
De rien, j'ose à peine souffler sans trop savoir si c'est un merci qui en est vraiment un ou juste de la politesse.

Nouveau flottement. Là où tout a été évident durant la journée, j'ai l'impression que c'est à peine si on se connaît ce soir... et sérieux, je m'en veux de nous imposer ça... Parce que si j'avais juste proposé autre chose, on en serait clairement pas là. Tout  ce que je peux faire en attendant, c'est de nous rappeler pourquoi on est là : parce que la vue est jolie. C'est pitoyable, on est d'accord, mais j'ai pas mieux en stock pour l'instant... alors je me détourne et m'appuie contre le parapet, comme si le paysage était plus intéressant que lui. Et là aussi, je m'en veux, parce que ça se fait moyen... mais j'ai l'impression qu'il y a zéro bonne solution, de toute façon...

A couper le souffle, oui.

Je hoche la tête alors que je le sens se rapprocher. Je croise les bras sur le muret en pierre et pose le menton dessus, les yeux rivés sur ce domaine qu'on croit connaître alors que finalement on doit en parcourir même pas un tout petit bout... En vrai, ça donne envie de partir à l'aventure. De voir ce qui se cache de l'autre côté de la forêt, d'aller jeter un œil au-delà des collines. Je sais que je le ferai jamais, parce que déjà monter jusque là ressemble à une aventure... mais quand même... Et dans un monde parfait, peut-être qu'on irait ensemble comme on a fait pour le tour du lac, et pour Londres... Je retiens un soupir un peu triste, un sourire pas plus heureux alors que j'enfonce mon nez dans le tissu de mon sweat. Sauf que c'est pas un monde parfait. Hayden avait raison, en vrai... ça va être pesant, à la longue. Et comme si Charles lisait dans mes pensées, il reprend :

Comme quoi, Hayden n’a pas toujours tort.

Je tourne la tête vers lui, plus surpris que je veux bien l'admettre. Je suis à des années lumières de penser à Judith, j'avoue, aussi, durant une seconde, je me demande ce qu'il peut savoir de nos conversations, je doute, même, de la confiance que je peux avoir en mon camarade de maison, comme s'il était capable de tout aller balancer. Qu'est-ce que j'en sais, dans le fond, hein ? On se connaît pas tant que ça... et c'est pas parce qu'il raconte des trucs qui sont potentiellement honteux – s'ils sont vrais, ça aussi, qu'est-ce que j'en sais ? – qu'il serait pas capable d'aller tout balancer en imaginant que j'en saurais jamais rien ou en se sentant en sécurité parce qu'il a confié que de la merde. ...et en même temps, je sais que ça a pas de sens. Je veux dire... il me trahira pas, j'en suis certain. Je sais pas pourquoi, je sais pas comment, je sais même pas si j'ai raison mais... avant cette seconde précise, ça a toujours eu l'air d'une évidence. Je finis par reporter mon attention sur la vue, me perdant entre les collines, vers le soleil qui disparaît doucement.

Il a souvent raison, même, c'est un peu flippant parfois...

Il vise trop juste, il me comprend trop bien. Il appuie presque systématiquement là où il faudrait pas, pour te forcer à avoir des trucs que tu voudrais jamais raconter, te raconter, même, mais avec une telle bienveillance que tu sais que c'est le bon endroit pour tout balancer...

Alors, t’as fait quoi depuis tout à l’heure ?

J'ai été me changer dans l'espoir débile que tu le remarques... j'ai attendu désespérément qu'il soit l'heure de dîner... j'ai fait ce que j'ai pu pour que tu passes une super soirée, pour te remercier de tous les moments géniaux que, toi, tu me fais passer... j'ai rêvassé à toutes les façons incroyables dont ça pourrait se passer mais à aucun moment j'ai imaginé que ce serait aussi gênant, pour tous les deux... Mais tout ça, je me vois pas franchement lui dire, même si c'est plus vrai que tout ce que je pourrais trouver à répondre. Ça le ferait fuir sur le champ. Et c'est pas le but... Alors je hausse les épaules une nouvelle fois, hésitant.

Baaaah... j'ai été enquiquiner les elfes alors qu'ils préparaient le dîner ? Je crois que ça les a fait un petit peu chier mais ils ont été cool quand même. …je les trouve drôle avec leurs grandes oreilles, n'empêche, je raconte sans trop y faire attention, conscient que sans mentir, je fais l'impasse sur plein de trucs. Et toi ?

Ma question n'attend pourtant pas de vraie réponse... Je veux dire, je me doute qu'il en a profité pour rejoindre Eléonore et pour passer du temps avec elle, pour qu'elle se sente pas délaissée parce que je l'ai accaparé toute la journée... et même si c'est normal, et que c'est bien pour eux, et que je devrais être content qu'il ait trouvé une fille – sortie de nulle part, en un mois à peine – qui le rend heureux et avec laquelle il se sente bien... bah j'ai pas envie de l'entendre me le rappeler. Ami en carton, bonjour... mais pour ma défense, on est en haut de la tour d'astro, faut éviter de me donner envie de sauter, ça pourrait être dangereux.
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyDim 16 Avr - 9:16


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La brise fraîche du début de soirée qui courbait les pins, les rayons horizontaux du soleil qui rasaient les collines, ou le léger mouvement des cheveux de Sidney qui menaçaient de glisser sur ses yeux… Quelque chose dans l’air semblait s’être ralenti, interrompant le fourmillement de pensées qui l’avait étouffé précédemment au profit d’une accalmie qui sembla l’étreindre. De fait, Charles desserra imperceptiblement la mâchoire, prit de plus grandes inspirations, laissa courir ses yeux sur l’horizon sans plus craindre de divaguer. Il n’avait pas de réponses à des questions toujours plus pressantes, mais il n’avait pour autant plus l’impression d’urgence qui l’avait fait courir en haut des marches. Peut-être que le temps de cette rencontre, il pouvait laisser ses débats en bas des escaliers, sur terre, loin des rêveries suspendues en haut de cette tour. Y avait-il seulement de véritables questionnements, ne s’agissait-il pas plutôt de futiles craintes qu’il entretenait par seul ennui ? Si ça se trouvait, tout allait relativement bien et il s’en faisait une montagne par seule lassitude du plat de son existence. Après tout, il avait un rôle de choix dans cette école où il ne lui restait plus tellement de temps, une jolie copine, un meilleur ami et… Un sourire souleva l’ombre de ses commissures. Tout était plus facile à la hauteur de la tour d’Astronomie où il pouvait prendre du recul, tellement plus facile qu’il comprit aussitôt qu’il faisait fausse route. Il avait une autre perspective de là-haut. Bien sûr qu’en bas rien n’allait plus et qu’il s’était enlisé dans une vie qui ne lui convenait plus, qui ne lui avait même jamais convenu. Ici, dans la brise fraîche, les rayons horizontaux du soleil, le soubresaut des mèches brunes de Sidney, tout faisait sens, un alignement tranquille loin de la collision brutale qu’il redoutait. Pourquoi avoir peur de ce qu’il pensait vraiment alors qu’il lui suffisait de respirer tranquillement ? Au grand air, l’évidence était aérienne, légère, libre et sauvage, loin de la boule névralgique qui secouait ses entrailles entre les quatre murs resserrés du château. Sidney répondit par un simple de rien à son remerciement qui fut rapidement emporté par une nouvelle bouffée d’air. Bizarre, il ne rebondit même pas à sa petite blague où il avait anticipé un râlement de sa part... Une petite mèche glissa sur sa joue, dont Charles suivit le mouvement un instant avant de reporter son attention sur la vue en contrebas. Il observa aussitôt que c’était à couper le souffle, comme pour vite changer de sujet avant d'analyser de trop la retenue du garçon, mais s’en repentit rapidement, réalisant qu’au contraire, il respirait mieux ici et qu'il aurait même était préférable de lui faire comprendre ça. Il ajouta alors, à sa façon, qu’Hayden avait bien fait de les conduire jusqu’ici, dessinant en filigrane les contours de ses insinuations comme pour mieux les expier autour d’eux. “Il a souvent raison, même, c'est un peu flippant parfois…” souligna le Serdaigle qui avait posé son menton sur ses bras. Charles garda le silence, connaissant trop peu le jeune homme en question pour se permettre de surenchérir, notant cependant que son camarade semblait avoir partagé avec lui bien des aveux. Il se demanda s’il était lui-même au fait de ces confidences, ou si Sidney lui avait privilégié certains secrets quand ses lèvres se scellèrent un peu plus, étouffant une curieuse amertume. Quoique, n’était-il pas juste d’être un peu jaloux de cette complicité ? Il avait espéré avoir un lien particulier avec Sidney, non, il savait avoir un lien particulier avec lui. Se pouvait-il que lui en ait plusieurs ? L’espace d’un flottement, à peine une seconde, l’imminence qu’il ressentait habituellement à Poudlard, celle-là même qui lui serrait le ventre d’idées oppressantes et qu’il l’avait cloué sur son lit comme le Christ, entre agonie et silence, sembla onduler sous ses yeux qui ne virent plus vraiment le spectacle du soleil couchant devant eux.

Mais ici il n’était plus un martyr, il avait le droit de respirer, bon Dieu, d’être lui-même sans besoin d’être le Saint qu’il jouait là-bas, l’insupportable insigne plaquée sur son uniforme qu’il avait même retiré pour n’être plus que celui qu’il aspirait à être simplement. Alors, il chassa cette ombre malvenue en interrogeant Sidney sur son après-midi, portant son regard sur le profil qu’il lui accordait à ainsi détailler l’air autour d’eux. Sa peau était moins pâle que d’ordinaire, colorée par la fin d’une journée orange, rosée et presque rouge. C’était dans cette polychromie qu’il était le plus beau, certainement parce qu’elle reflétait fidèlement les rêves qu’ils s’échangeaient à l’abri du monde, tissant leur lien d’une chaude sincérité qui ne lui fit même pas réaliser qu’il le trouvait effectivement beau, d’un esthétisme qui n’avait rien à voir avec celui d’une Eléonore, d’une Bella ou même d’un Baby. Ces derniers étaient des blonds souriants avec de grands yeux bleus océans, où des tempêtes effrayantes pouvaient se dessiner en cas de chagrin, de colère ou de contretemps - des vies pleines et miroitantes où il était incapable de se refléter lui et sa morosité, lui et ses doutes. Sidney était un brun plus taciturne dont chaque éclat était miraculeux, imprégnant le cobalt de ses prunelles d’un enthousiasme communicatif. C’était dans le reflet tranquille de ces regards-là qu’il se sentait chez lui, à l’abri, parce que tout ne changeait pas trop vite, parce qu’il y était pleinement lui-même. “Baaaah... j'ai été enquiquiner les elfes alors qu'ils préparaient le dîner ? Je crois que ça les a fait un petit peu chier mais ils ont été cool quand même.” Charles acquiesça, esquissant un sourire amusé à cette remarque. “…je les trouve drôle avec leurs grandes oreilles, n'empêche” ajouta-t-il non sans lui arracher un rire. “C’est vrai qu’ils ont une sacrée tête” confirma-t-il, se rappelant son propre visage étiré de surprise à leur première rencontre lorsqu’il était arrivé à Poudlard.  “La première fois que je les ai vus j’ai vraiment flippé, mais en fait, ils sont tellement gentils que maintenant je les trouve même plus agréables que certains sorciers…” Leurs traits difformes cachaient plus de bonhomie que les courbes les plus seyantes d’un Baby, par exemple. “Et toi ?” “Hm ?” Charles prit une seconde avant de comprendre que le jeune homme lui retournait simplement sa question. “Ah, euh, rien de particulier” reprit-il alors en s’étirant un peu contre le muret, les bras tendus et le dos droit penché en avant. “Je suis allé dans mon dortoir pour finir un devoir et je me suis changé” précisa-t-il en baissant les yeux sur sa propre tenue. Remarque stupide dans la mesure où le garçon avait déjà probablement observé son changement vestimentaire mais soit, il avait au moins répondu à la question avec un mensonge de moins, puisqu’il n’avait pas touché à ses exercices déjà finalisés depuis des jours. Il ne pouvait seulement pas lui révéler toute la vérité, à savoir qu’il avait perdu des heures à triturer des songes absurdes qui l’avaient paralysé sur son lit et que cette activité peu lucrative lui arrivait de plus en plus fréquemment, ballotté de terreur, esseulé dans une chambre qui lui appartenaient toute entière. Il détestait son colocataire, mais celui-ci avait au moins le mérite d’occuper l’espace désormais peuplé de ses seules appréhensions. “Et sinon, Gédéon s’est encore endormi sur le lit de Baby en laissant tous ses poils sur sa couverture mais bon, je lui dis plus rien, ce chat en fait qu’à sa tête et de toute façon c’est pas comme s’il était souvent là.” Il esquissa un sourire coupable. Son chat avait la fâcheuse tendance à s’approprier tout l’espace comme en territoire conquis, et s’il l’avait plusieurs fois disputé à dormir sur le lit de Baby et à y laisser les preuves de son crime, il avait fini par capituler ; surtout qu’il s’était levé de son matelas pour venir se blottir contre lui en témoignage de sa véritable loyauté. “En vrai, je crois qu’il t’aime vraiment bien, tu sais. T’as de la chance, il est pas comme ça avec tout le monde.” Il se souvenait encore de son expression ahurie quand la petite bête était venue réclamer des caresses à Sidney en lui sautant dessus en plein film. Même Eléonore n’avait pas eu droit à ce traitement de faveur ! Quoique, avait-elle même rencontré Gédéon ? Il rougit en réalisant que de fait, il n’était même plus en mesure de se rappeler un éventuel échange entre la Poufsouffle et son chat. Pourtant, il déambulait souvent dans la salle commune et cette rencontre avait dû avoir lieu… Il retint un soupir d’agacement. Pourquoi était-il comme ça ? C’était pathétique et pourtant emblématique d’une vie d’incohérences. Sidney dans sa chambre, Sidney dans sa tête ; Eléonore ailleurs, Eléonore nulle part.
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyDim 16 Avr - 13:25

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en tout bien tout honneur
ft. @Charles T. Ehrlich & Sidney Driscoll
En haut de cette tour où on aurait dû pouvoir respirer encore mieux qu'en bas, l'atmosphère a quelque chose de lourd, de tendu, de presque pénible... Et je sais que c'est entièrement ma faute, que j'aurais dû faire ça autrement, lui préparer la meilleure des soirées mais la meilleure des soirées qui ne le mette pas mal à l'aise, qui ne devait pas le pousser à se demander ce qu'il fout là... Alors que celle-là... C'est Charles, évidemment qu'il dit rien, mais j'ose même pas imaginer la  gêne qu'il doit ressentir... Et je me déteste pour ça. Tout était parfait aujourd'hui, vraiment, il n'y a pas eu la plus petite seconde malaisante ou le moindre blanc gênant. Rien. Juste une évidence tranquille et l'amitié la plus incroyable de l'univers. Je retiens un soupir tandis que mon regard se force à détailler les arbres au loin pour ne pas avoir à se poser sur lui, juste à côté de moi. Le silence se joint à nous... et là où il est généralement agréable, il me dérange. J'aimerais trouver de quoi le combler, n'importe quoi, raconter la vie de je sais plus qui que j'ai dû résumer pour un devoir d'Histoire ou parler du tatouage kiwi du gars de la carte de chocogrenouille d'Hayden... mais tout me semble tellement ridicule que je refuse de lui imposer ça. J'ai dû mal à nous reconnaître, à reconnaître la journée qu'on a passé. Où sont nos rires débiles et nos regards complices et nos blablas naturels et un peu sans intérêt parfois ? Ces moments géniaux où le monde n'existe jamais... là, j'ai presque envie que quelqu'un débarque pour briser ce qui ne se dit pas, entre nous. Encore que je suis pas sûr que l'idée serait brillante, parce que vu le décor ça jaserait. Ça me rappelle Noël. Enfin... le Noël d'avant... La peur qu'on raconte n'importe quoi sur lui, que sa réputation en prenne un sacré coup... et ce serait encore pire maintenant. Qu'est-ce qu'elle dirait, sa copine, si elle apprenait qu'il venait dîner avec moi en haut de la tour d'Astro et que, clairement, ça ressemble plus à dîner aux chandelles qu'à un pique-nique amical ? J'ai pas envie de lui attirer des emmerdes et qu'ils s'embrouillent pour rien. Je fais vraiment n'importe quoi. Genre j'aurais pas pu réfléchir avant, non ? …non, évidemment. Finalement, c'est Charles qui a le bon sens de relancer la conversation... mais je crois que sans le savoir, il aborde un sujet gênant. Qu'est-ce qu'il veut que je lui dise, sérieux ? Que j'ai passé nos deux heures de « pause » à attendre de le retrouver alors qu'on venait juste de se laisser ? Bordel, qu'est-ce que ça fait pitié ! Alors, sans vraiment mentir, je tente bêtement d'avoir l'air détaché, de me concentrer sur le côté pratique. Genre... il fallait bien aller chercher de quoi manger. Mon commentaire maladroit sur les elfes lui tire un rire. Je sais pas si c'est parce qu'il est bon public ou si c'est pour dédramatiser la situation. Un peu les deux, peut-être... J'y réponds par un sourire plus absent que je l'aurais voulu.

C’est vrai qu’ils ont une sacrée tête.

Je hoche la mienne sans un bruit.

La première fois que je les ai vus j’ai vraiment flippé, mais en fait, ils sont tellement gentils que maintenant je les trouve même plus agréables que certains sorciers…

Ah bah ça... Il faut dire que les gens de ce monde-là ont l'air sacrément gratiné ! Mais on en revient toujours au même, dans le fond. J'ai l'impression qu'on a eu cette conversation un bon nombre de fois déjà. « Pourquoi on reste ?_Parce qu'on a rien d'autre. » et même si c'est pas si vrai que ça pour moi, toujours est-il que j'y suis encore... J'ouvre la bouche, le souvenir du premier elfe que j'ai jamais vu sur le bout de la langue... Mais c'était à Noël... enfin... le Noël d'avant. Et je m'arrête avant de jeter entre nous un autre moment gênant... qui fera sûrement écho à cette année, qui n'est pas, à mes yeux, un meilleur moment, bien au contraire... Je revois encore ses lèvres sur les siennes et le vide glacial que j'ai ressenti et le bug total de mon cerveau et le temps que j'ai mis à comprendre ce qui se passait et son silence et son absence et les vacances qui ont suivi... C'est bête parce que j'ai un peu vécu l'Enfer, l'an dernier... L'injustice du système de Sørensen, et l'isolement auquel on avait droit, et la présence menaçante de Blaze et tout ce qu'on veut... mais je crois que c'était moins pire que les quelques semaines entre Novembre et Janvier. Le problème venait d'ailleurs, on était tous dans le même bateau ou presque... alors que là... C'était différent. C'était la personne avec laquelle je me sentais le plus en sécurité qui décidait soudainement que je méritais pas son amitié. Le problème venait de moi et j'étais même pas en mesure de comprendre pourquoi... Pour la deuxième fois en moins de deux mois d'ailleurs... J'aimerais dire que les choses ont changé et qu'on a tourné la page... mais ce soir, j'ai peur que ce soit pas le cas. Qu'il décide, en descendant de là, que cette soirée était trop ambiguë pour notre amitié et qu'il valait mieux en rester là. Je pourrais même pas lui en vouloir en plus parce que, concrètement, c'est vrai. J'aurais sûrement pas fait différemment si c'était un rencard, alors que je sais que c'en est pas un. Je veux dire... vraiment, je le sais. Et j'attendais rien de ce dîner sinon qu'on rigole comme on l'a fait toute la journée. C'était juste... inconscient, je crois... jusqu'à ce que ça me saute aux yeux et que je ne vois plus que ça. Alors, au lieu de nous pousser vers des souvenirs qui ne feraient que nous enfoncer un peu plus, je me contente de lui retourner sa question sans être certain d'avoir envie d'avoir des réponses. J'imagine qu'il a été retrouvé Eléonore, qu'ils ont profité de ces deux heures pour jouer les amoureux transis et qu'ils ont eu du mal à se lâcher pour qu'il vienne me rejoindre ici. Et même sans qu'il n'ait rien dit, je le vis mal. Je lui en veux, à cette fille, d'avoir pris une place que j'ai pourtant jamais occupée dans sa vie... mais j'imagine que c'est surtout parce qu'elle est à l'origine de tout ce qui a merdé entre nous que je la déteste... la simplicité de notre amitié, les belles promesses de la fin de l'année, les projets débiles de cet été...

Hm ? Ah, euh, rien de particulier.

Un mouvement me pousse à tourner la tête vers lui, juste à temps pour le voir s'étirer. Je le détaille sans même le réaliser. Mon regard glisse sur chaque muscle tendu sous le tissu de son pull, remontant jusqu'à ces doigts qui ont souvent frôlé les miens au-dessus d'un bol de popcorn. Je détourne les yeux, mes mains se resserrant sur mon sweat comme elles auraient sûrement voulu le faire sur les siennes. Je me fais pas d'illusions, hein, comme je m'en suis jamais fait quand c'est arrivé : c'était pas exprès. Il n'y avait qu'à voir les regards gênés et les sourires à mi-chemin entre le « désolé » et le rougissement pour le comprendre. Mais quand même... je crois que ce soir plus que n'importe quel autre soir – sûrement parce qu'il n'y a eu que nous depuis ce matin, qu'on a passé la journée dans une bulle, que j'étais un peu sa priorité – j'aurais donné cher pour avoir le droit de glisser mes doigts entre les siens. Mais, en même temps, il y a quelque chose dans son hésitation qui me rappelle que je l'aurais jamais. « Rien de particulier » comme dans « j'en ai profité pour reprendre le cours normal de mon existence sans que tu t'imposes ». Je hoche la tête, les yeux suivants sans les voir deux hiboux qui quittent la volière.

Je suis allé dans mon dortoir pour finir un devoir et je me suis changé.
Oh... si t'avais des trucs à faire, j'aurais compris tu sais ? T'étais pas obligé...

...de venir, de me faire passer avant tout le reste, de prendre du retard dans tes devoirs pour un dîner... Parfois, j'ai encore un peu l'impression qu'il veut tellement se faire pardonner de m'avoir lâché après Halloween qu'il ferait n'importe quoi pour me faire plaisir... Et je me sens mal, parce que je lui en veux pas à ce point. Je suis pas sûr de lui en vouloir encore. J'allais dire « c'est pas sa faute » mais si, un peu... Mais je veux dire, je sais pas comment j'aurais réagi à sa place. J'aurais peut-être fait pareil...

Et sinon, Gédéon s’est encore endormi sur le lit de Baby en laissant tous ses poils sur sa couverture mais bon, je lui dis plus rien, ce chat en fait qu’à sa tête et de toute façon c’est pas comme s’il était souvent là.

J'étouffe un rire idiot en l'entendant. En même temps, il aurait tort de s'en priver, il a un lit pour lui tout seul puisque personne dort dedans. N'importe quel chat au monde aurait été ravi de pouvoir y mettre tous ses poils je suis sûr !

Tous les autres chats doivent être jaloux du panier géant qu'il a rien que pour lui.
En vrai, je crois qu’il t’aime vraiment bien, tu sais. T’as de la chance, il est pas comme ça avec tout le monde.

Je ricane un peu nerveusement alors que je sens mes joues chauffer. Franchement... J'aime pas trop les chats. J'avais rien contre eux avant que je réalise à quel point Blaze, dans ses pires moments, me faisait penser à l'un d'entre eux. Joueur, cruel et imprévisible, toujours là à profiter de la panique de sa proie, à l'enfoncer, à la laisser s'enfuir juste assez pour pouvoir s'amuser à la rattraper... Mais Gédéon est mignon. Je l'aime bien. Sûrement parce que c'est le sien.

Tu pourras lui dire que je suis flatté et que si un jour il se perd vers Serdaigle, il a le droit de venir mettre des poils sur mon lit s'il veut.

Et puis si Charles veut venir le récupérer, au moins, il saura où il est... Enfin... je suis pas sûr qu'il en ait très envie, en vrai, sinon avec le nombre de fois où j'ai squatté son dortoir, il aurait bien trouvé l'occasion de proposer qu'on passe un aprem dans le mien pendant que Jasper était ailleurs...
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyDim 16 Avr - 16:21


THE MOST BEAUTIFUL STAR
Charles songea, le regard perdu sur le vide autour d’eux, qu’il n’avait senti ce vertige étourdissant qu’à un seul autre endroit, sur la petite plage où il avait passé ses étés avant le décès de sa mère. Le roulement des vagues, si hautes pour sa taille d’enfant, le va-et-vient qui semblait l’inviter à s’y jeter, les frétillements lumineux sur la surface aveuglante… Il en oubliait parfois de respirer, paralysé par ce spectacle qui n’attendait que sa participation, un peu comme lors de cette seconde suspendue où le paysage au contrebas hurlait son nom, l’implorant à vivre. Ses phalanges se resserrèrent sur le muret en pierre contre lequel il se tenait. C’était plus tranquille ici qu’en bas, dans le dédale sombre du château, mais c’était aussi plus sauvage, féroce. Si sa mère n’était pas morte trop tôt, il aurait peut-être eu le temps de forger son caractère autour de ce sentiment pressant, continuant à tutoyer les eaux à chaque canicule. Au lieu de quoi, son cadavre avait emporté avec lui ces escapades estivales, enfermant le Poufsouffle dans une maison coincée au milieu des terres où il n’avait appris qu’à se cacher, comme il l’était toujours d’une certaine façon, le menton renfrogné dans le col de son pull pour ne pas se dédier entièrement à cette brutale envie de sauter, de se mêler au décor, de rattraper cette existence qui lui filait au bout de ses doigts désormais blanchis de crispation. “Oh... si t'avais des trucs à faire, j'aurais compris tu sais ? T'étais pas obligé…” Bien sûr qu’il aurait compris, Sidney comprenait toujours tout et il ne se sentait par conséquent jamais obligé de rien. Il aimait passer du temps avec lui. Rien qu’avec lui. “Non, t’inquiète, c’était pas grand-chose” répondit-il plus sobrement, incapable de formuler verbalement ses pensées par lâcheté, ou par crainte d’en dire trop, ou par terreur de se perdre. “Et puis, je suis content d’être là” enchérit-il néanmoins en croisant son regard. C’était déjà beaucoup et peut-être même trop, si bien que le jeune homme rougit presque aussitôt. Il ne voulait créer du malaise pour personne, à commencer pour Sidney qui avait déjà accepté de le pardonner et de lui refaire une place dans sa vie comme s’il n’était pas un foutu imposteur, allant jusqu’à lui offrir ce superbe dîner comme s’il n’était pas non plus d’une insupportable compagnie revêche. Alors, par décence envers ce camarade qui lui offrait tout quand il n’était pas fichu de lui donner ce qu’il méritait, Charles embraya sur un autre sujet, plus léger, plus simple, son chat, cette petite boule de poils pour s’éloigner des énormes noeuds qui nouaient son ventre d’une gêne qui venait de le rattrapper ; se terrer sur la tour d’Astronomie lui avait permis de souffler quelques minutes et la voilà déjà derrière la porte, à lui rappeler que cette entrevue n’était qu’une illusion pour ne pas supporter une vérité latente qu’il s’obstinait à refuser dans l’opacité des couloirs. Il se mit ainsi à évoquer la manie de Gédéon de s’endormir sur le lit de Baby comme s’il lui appartenait, et à y laisser impunément traîner ses poils. Il ignorait si son colocataire lui en tiendrait rigueur ; quoique pour ça, il fallait encore qu’il daigne revenir dans son dortoir… C’était à se demander ce qu’il pouvait bien faire, toutes les nuits. Il ne se voyait absolument pas dormir tout le temps avec Eléonore ! Ni jamais, en vérité ; et cette pensée manqua de l’étouffer tout à fait.

“Tous les autres chats doivent être jaloux du panier géant qu'il a rien que pour lui.” La voix de Sidney était si tranquille en comparaison à la nervosité croissante qui tirait ses muscles, malgré sa vaine tentative d’étirement, malgré ses inspirations précédentes, qu’une pointe de culpabilité vint appuyer ses maux. Mais au lieu de cracher cette bile et de faire confiance à la complicité évidente qui s’étirait de leur regard partagé, Charles s’enfonça dans la superficialité qui recommençait à coller à sa peau sous son nouveau pull pour acquiescer d’un air prétendument dépité. C’est que Gédéon séparait tout son environnement selon trois catégories : un lit, de la nourriture, des esclaves ; n’importe où, n’importe quoi, n’importe qui. Il poursuivit ainsi en précisant que son chat appréciait justement Sidney, lequel ricana à cette remarque. “Tu pourras lui dire que je suis flatté et que si un jour il se perd vers Serdaigle, il a le droit de venir mettre des poils sur mon lit s'il veut.” “C’est gentil, mais mieux vaut pas lui souffler l’idée” répondit-il alors en arquant un  sourcil déconfit. “Il serait capable de traverser tout Poudlard rien que pour en profiter éhontément…” Malgré lui, son regard coula à nouveau sur le visage du Serdaigle ; et Charles rougit de plus belle. Lui aussi, non ? Lui aussi l’avait invité dans son dortoir, et à maintes reprises, pour profiter éhontément de la proposition du jeune homme. Il avait sauté sur l’occasion des films pour qu’il vienne dans son dortoir - contre le règlement ! -, pour qu’il s’installe sur son lit - contre la politesse ! - pour qu’ils partagent des moments en toute intimité rien qu’à deux - contre la morale ! - et le voilà même à présent à profiter de lui encore, dans ce splendide décor où il était traité comme s’il valait vraiment quelque chose. Toutes ces pensées, à la fois confuses et nettes, à la fois douloureuses et brûlantes, le mirent un peu plus mal à l’aise. Il quitta ainsi sa posture pour s’approcher du tapis où avaient été déposés quelques coussins moelleux et leur dîner. “Encore merci pour cette organisation, c’est vraiment un bel endroit et ça a l’air super bon” reprit-il avant de prendre place sur l’un des coussins en tailleur. “Je crois pas encore avoir eu la chance d’un rendez-vous pareil.” Il n’en avait même jamais été à l’origine non plus. Ses lieux de fréquentation habituels se limitaient à la Grande Salle, au parc et à la salle des Préfets au besoin. A son dortoir aussi, pour regarder quelques films et manger du pop-corn… Mais il ne s’était pas donné tant de peine, et se demanda par conséquent si Sidney lui en voulait de ne pas avoir fourni plus d’efforts. Sans un mot, il s’empara de la théière pour servir deux tasses fumantes. “Sérieux, je vais devoir me bouger pour trouver mieux.” Et ce qui était un compliment commençait à l’angoisser plus que de mesure. Pourquoi n’était-il pas capable de rendre la pareille et pourquoi n’avait-il jamais rien fait de semblable ni pour Sidney, ni pour sa propre copine qu’il ne visualisait même pas dans sa chambre ? Et pourquoi autant penser à elle maintenant alors qu’elle n’occupait jamais son esprit ? Et pourquoi le malaise était-il parvenu à les rejoindre ici, à l’abri du monde ? Une brise souffla à nouveau et Charles en profita pour dézipper légèrement le col de son pull, à la recherche d’un peu d’air. Ses lèvres se trempèrent sur le bord de se tasse mais l’eau brûlait encore. Presque autant que son crâne en ébullition.
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyMer 19 Avr - 15:25

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Parfois, j'ai l'impression qu'on a réussi à revenir en arrière, comme si jamais rien ne s'était passé... et à d'autres moments, c'est comme si tout avait changé et qu'on était incapables de se débarrasser de cicatrices un peu gênantes. Comme là, en fait... Si ça se trouve, il a plein de trucs à faire et je sais qu'il aurait été prêt à se mettre en retard ou à sacrifier sa nuit pour les faire, juste pour pas me blesser et pas avoir à annuler notre soirée... C'est adorable, vraiment, mais en même temps, c'est pas nécessaire. Sûrement que si on s'était pas vus de la journée, je l'aurais un peu mal pris mais c'est même pas le cas. On a passé littéralement la journée ensemble ! Un soupir idiot m'échappe rien que d'y repenser. J'aimerais bien que ça arrive plus souvent. Peut-être qu'on pourrait faire ça pour la prochaine sortie à Pré-O' ? Se retrouver pour prendre le petit-dej dans le parc et puis se balader dans le village en zyeutant les vitrines et puis se trouver un truc à manger et se poser sur un banc et puis revenir tranquillement en longeant le lac... Mais sûrement que tout ça, c'est ce qu'il fait avec elle quand y'a une sortie d'organiser. Ce serait logique. Il faut que j'arrête, sérieusement. Mais c'est plus fort que moi. Pourtant, j'aimerais même pas vraiment être à sa place. J'aime notre amitié comme elle est et j'ai pas envie que ça change... j'aimerais juste qu'elle y soit pas non plus, à cette place, retrouver ce qu'on avait avant qu'elle apparaisse dans sa vie comme par magie.

Non, t’inquiète, c’était pas grand-chose.

Je hausse les épaules. Peut-être mais quand même... J'ai pas envie qu'il en vienne un jour à regretter de m'avoir fait passer avant le reste et qu'il m'en veuille pour ça ! Mais j'ai même pas le temps de réaliser à quel point ça peut sonner vrai que son regard se plante dans le mien. Je le soutiens, quelque part entre la gêne, la maladresse et l'impression que c'est exactement pour ça que je suis monté jusque là.

Et puis, je suis content d’être là.

Mon cœur loupe un battement. Je souris. Je rougis. Il rougit aussi. Et je détourne les yeux le plus pitoyablement du monde. Durant une seconde, c'est presque comme si le temps avait arrêté de filer. Mais pas dans le bon sens. Genre, cette seconde de malaise total est tellement interminable qu'elle donne envie de sauter. Est-ce qu'il s'est rendu compte que c'était pas le truc à dire et qu'il sait plus comment se rattraper pour pas que je me fasse des films ? J'ai envie de lui dire que je m'en fais pas, que c'est ok... mais ce serait avoué qu'il aurait des raisons de se poser des questions, et j'ai pas le courage. Même si, faut bien être honnête, toute cette soirée est clairement un aveu, et sauf s'il est aveugle ou complètement débile – ce qu'il n'est pas – il a pas pu passer à côté.

Cool, je souffle d'une petite voix intimidée qui aurait très bien pu dire « je suis content que tu sois là » ou « je suis content d'y être aussi » que le message aurait été tout aussi évident.

On en reste là. Et dans le fond, j'imagine que ça suffit. Rappeler que même après une journée entière ça fait toujours plaisir de passer du temps ensemble et puis voilà... Charles change complètement de sujet et agite son chat en guise de conversation. Je le suis sans broncher. J'ai rien contre lui, il a l'air gentil, il a l'air câlin... Il a pas essayé de me bouffer ni espérer pouvoir me regarder me vider de mon sang après un coup de griffe trop bien placé, c'est toujours ça. Alors je m'entends lui proposer – au chat, rien qu'au chat – de venir squatter mon lit si un jour il est dans le coin. Sans penser à mal, je vous jure ! J'ai bien compris que son maître n'était pas du genre à s'éloigner trop de son territoire et ça me va ! Mais je crois que lui ne l'a pas pris comme ça parce que sa réponse me fait l'effet d'une douche froide :

C’est gentil, mais mieux vaut pas lui souffler l’idée.
Oh.

C'est rien d'autre qu'un hoquet surpris, un peu déçu peut-être. Ça a le mérite d'être clair, au moins.

Il serait capable de traverser tout Poudlard rien que pour en profiter éhontément…
Ouais, je vois, ahah.

Mais j'ai plus envie de lui demander si c'est grave, plutôt... Genre, ce serait dramatique à ce point que son chat traverse le château pour venir squatter un endroit où il dérangerait personne ? En dehors de mon chien en papier et toujours sans nom qui traîne parfois sur ma table de nuit ou qui joue avec une boulette sur mon bureau, je veux dire... Sûrement que oui, sinon il aurait pas laissé entendre qu'il ne voulait pas. Ou alors il pense que je vais attirer son chat dans mon dortoir pour l'y attirer, lui aussi ? Sérieux...? Je ferais jamais ça. Déjà parce que c'est débile. Et puis parce que j'en ai pas besoin. Y'a qu'à voir aujourd'hui. Si j'ai envie de le voir, j'ai juste à lui proposer de faire un truc. Je suis pas désespéré au point de monter des plans foireux juste pour deux secondes d'une intimité qu'on a toujours très bien trouvée ailleurs. Mais là encore, je dis rien. Parce que ça voudrait dire qu'il aurait raison... Et puis, sans prévenir, il abandonne le parapet. Je me retourne, un peu perdu. Je m'attends presque à ce qu'il me souhaite une bonne soirée et mette les voiles. Je pourrais comprendre en vrai... mais non. Il va juste s'asseoir sur l'un des coussins. Je le regarde faire, presque comme si ça n'avait aucun sens, alors qu'en soi, c'est exactement pour ça qu'on est là. J'en oublie de le suivre.

Encore merci pour cette organisation, c’est vraiment un bel endroit et ça a l’air super bon.
J'ai pas fait grand chose, je rappelle dans un ricanement un peu nerveux. L'endroit, c'est Hayden. Et la bouffe, c'est les elfes. C'est pas moi qu'il faut remercier, c'est eux.

Un nouvel haussement d'épaules avant que mes propres mots n'atteignent enfin mon cerveau. Mais qu'est-ce que je suis con ! Et s'il y allait vraiment...? Genre s'il croise Hayden en cours puisqu'ils sont dans la même classe et qu'il lui balance un truc « t'avais raison, c'était sympa la tour d'astro » ou je sais pas quoi ? Bon, ok, les risques sont proches de zéro mais quand même !  Je sens venir la connerie... Vraiment, faut être débile... Mais je suis débile.

Je crois pas encore avoir eu la chance d’un rendez-vous pareil.
C'est p-

Mais ma phrase n'a aucune fin. C'est pas un rendez-vous... Si. Enfin concrètement non... mais sérieux... il est pas assez con pour croire le contraire. Et j'ai pas envie de mentir. Alors il croira ce qu'il veut, tant pis. J'en ai dit assez pour laisser entendre que je le voyais pas comme ça, pas assez pour qu'on puisse me reprocher d'avoir vraiment baratiné. Il faut attendre qu'il fasse le service pour que je me décide enfin à reprendre le cours normal de notre soirée. J'abandonne le mur à mon tour et vais me laisser tomber sur le coussin à côté du sien, tout en soufflant un « merci » pour la tasse de thé.

Sérieux, je vais devoir me bouger pour trouver mieux.

J'ai du mal à comprendre où il veut en venir. Si c'est pour moi, c'est pas la peine, je m'en fiche, j'aime bien les moments qu'on passe ensemble d'habitude... mais en même temps, je vois pas pourquoi il voudrait trouver mieux pour moi... Et si c'est pour sa copine, c'est pas la peine, j'ai vraiment aucune envie d'avoir à l'aider à trouver une idée de rencard sympa, ni d'en écouter le débrief... mais en même temps, je vois pas pourquoi il aurait soudainement envie de m'en parler alors qu'il prononce à peine son nom d'habitude... Je sais pas. Je sais vraiment pas...

P-pourquoi faire...?

Ma question est maladroite, hésitante aussi... mais nécessaire, je crois. Autour de nous, le vent se met à souffler, je frissonne, resserre les mains autour de ma tasse pour me réchauffer le temps que ça passe... sauf qu'à côté, Charles tire sur le zip de son pull. Je suis son geste des yeux, je repose bêtement ma tasse sans y avoir touché. ...mais quand même, il fait pas chaud...

Ça va pas...?

Et c'est comme ça que je me retrouve bêtement à espérer qu'il est pas malade... et pire encore qu'il n'a pas attrapé froid pendant qu'on se baladait tout à l'heure... ou que cette soirée va aggraver son cas. On peut encore tout annuler, je m'en fiche, on repousse à plus tard – ou à jamais même – je veux juste pas qu'il attrape la crève à cause de moi.
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyDim 23 Avr - 20:36


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Les remerciements n’étaient jamais contraints, plutôt nécessaires. Dans une vie entière où il dérangeait constamment les autres, par son sérieux, par sa rigueur, par son inutilité face à l’assurance de ceux qui savaient vraiment ce qu’ils attendaient de leur existence, Charles sentait le besoin de dire merci. Merci à qui avait daigné lui accorder tout le précieux de son temps, merci à qui s’était arrêté une seconde dans l’effervescence de ses jours pour sa seule personne. Merci à Sidney, bien sûr, d’avoir fait tout ça, et de le refaire encore et encore à mesure qu’ils arpentaient les couloirs du château. Le Serdaigle lui avait fait remarquer son excès d’usage de cette gratitude, Charles ne parvenait pas moins à s’en défaire. De fait, il ne s’agissait pas que d’une simple manie qu’il pouvait maîtriser, c’était une imminence impérieuse à chaque geste tendre, à chaque mot docile. Il ne valait rien de ces attentions. Il ne pouvait que les accepter d’un simple merci qui en vérité ne suffisait même pas à exprimer la chaleur de ces manières. Mais Sidney ne semblait pas entendre ce point de vue, davantage résolu dans le refus systématique de ces remerciements. Dans ses notes d’abord, où il lui avait explicitement demandé de ne plus lui écrire ce mot, sur cette tour ensuite alors qu’il répétait qu’il n’était pas vraiment à remercier. ”J'ai pas fait grand chose” signala-t-il en conséquence. “L'endroit, c'est Hayden. Et la bouffe, c'est les elfes. C'est pas moi qu'il faut remercier, c'est eux.” Charles haussa des épaules, dans un sourire somme toute peu convaincu, mais qui conservait une lueur courtoise face à cette manifestation d’humilité. S’il était incapable de ne pas remercier celles et ceux qui s’arrêtaient en chemin pour lui, Sidney était pour sa part figé d’une modestie démesurée, ne voyant ni son potentiel, ni le bien dont il était capable. C’était absurde. Charles aurait voulu lui retourner un miroir capable de refléter  chacune de ses qualités  - et Dieu sait qu’une glace pareille devait exister dans ce monde sorcier ! - mais il ne pouvait que lui asséner de nouveaux mercis abattus sous l’épaisseur de sa réserve. Ils faisaient un piètre duo, Charles en avait conscience, mais il s’en émanait quelque chose de touchant. Les gens aussi humains étaient rares, surtout dans un univers divisé entre mages mégalomanes et moldus prétentieux. Il aurait voulu revenir à la simplicité du monde où il avait grandi, celui-là même auquel semblait également appartenir le jeune homme dans toute la douceur qui s’échappait de ses commissures. Il lorgna dessus un instant sans même s’en apercevoir. “Et toi, t’en as été le coordinateur, c’est pas rien… Tu sais, y a des gens qui sont payés pour ça” répondit-il en laissant échapper un rire. Il ne savait pas comment lui expliquer que, si, il méritait ces remerciements, car, oui, il lui avait fait plaisir, il lui faisait toujours plaisir, il était rare, précieux, de ces gens humains dont il aimerait être entouré sans interruption, du petit-déjeuner dans la grande salle à ce dîner sur la tour d’Astronomie ; et il ajouta ainsi, plus sobrement, qu’il n’avait jamais eu la chance d’un rendez-vous pareil.

Sans penser à mal, il ne regretta cependant pas de s’être installé à même le sol pour accueillir le poids de ses mots. C’est qu’échappés entre ses lèvres, ils lui semblèrent soudain plus pesants, plus lourds d’un sens qu’il n’avait même pas perçu. En réalité, ce fut surtout la réaction de Sidney qui lui fit l’effet de ciment dans l’estomac. ”C'est p-” Une simple réplique qui n’eut pas de fin, une simple hésitation interrompue par une réflexion qui n’était pas la sienne. C’est pas un rendez-vous ? Pourquoi Sidney avait-il eu le besoin de préciser ce point, avant de revenir sur cette décision, et pourquoi Sidney était-il justement revenu sur cette décision ? Rendez-vous. Le mot était aussi neutre que franc, aussi éloquent qu’ennuyant. On avait rendez-vous avec un médecin, avec un ami, avec n’importe qui, de l’impersonnel au plus proche… Mais ici, à des centaines de mètres de hauteur, sous une brise, sous le soleil couchant, n’avait-il finalement pas un sens plus épais que la finesse lexicale envisagée ? Bien évidemment, et c’était ça qui avait arraché ce semblant de riposte de la part du Serdaigle. Le ciment s’épaissit dans son ventre jusqu’à le faire déglutir pour effacer cette sensation écrasante. Peut-être rougit-il, peut-être pâlit-il, à dire la vérité, il n’en sut rien ; il préférait simplement ignorer ce double-sens saisi trop tard, à contretemps, qu’il n’avait pas voulu attraper au vol et qui venait pourtant de se planter droit dans son ventre. ”P-pourquoi faire...?” La voix de Sidney s’éleva à nouveau entre eux, le tirant du fourmillement de pensées qui avaient résolument franchi la porte, qui l’avaient en fin de compte rattrapé ici, dans ce petit havre où il avait cru pouvoir s’échapper. Quel idiot, force était de constater qu’il n’avait gagné qu’un peu de temps, juste assez pour croire en l’illusion d’une paix là-haut, juste trop peu pour passer une soirée à l’abri de ses inquiétudes. Charles s’apprêta à lui répondre quand une brise, plus forte que le souffle continu qui s’immisçait sous la toiture, tournoya entre eux, emportant le malaise ou au contraire, rapportant un embarras encore plus tangible dans la nervosité atmosphérique. Il ouvrit le zip de son pull, à la recherche d’un air pourtant écrasant. “Pour toi…” répondit-il finalement en fixant pourtant ses chaussures. “Enfin, pour te rendre la pareille.” Par gratitude, nécessairement, par envie, également. Mais avait-il droit à cette envie-là, au juste ? Devait-il rendre la pareille, à l’identique, quand il ignorait même les codes exacts qui régissaient ce rendez-vous ? Il n’aurait jamais cru que sa peur le rattrape si vite, et il se retrouva soudain prisonnier dans le seul endroit où il avait cru à la liberté. Ça demeurait quand même une jolie cage. Confortable, avec une vue dorée, en compagnie de la seule personne qui le faisait vraiment sentir chez lui.

Ses phalanges se serrèrent sur sa tasse tandis que Sidney reposait la sienne. ”Ça va pas...? “De quoi ?” Et à nouveau, il comprit à contretemps, quelque part entre ici et en bas, entre là-haut et le fourmillement parasite de son dortoir, entre mensonges enrobés de vérités et pop-corn noyé de caramel. Il devait avoir l’air misérable, bien sûr, il avait toujours un air pathétique qui lui collait à la peau qu’importe les vêtements glissés par-dessus sa peau suintante de honte ; mais là, alors que tout allait bien toute la journée, il devait paraître si lamentable, la question n’en était que plus légitime ! Il ne devait pas sembler en forme, tout bonnement parce qu’il ne l’était pas du tout, malgré une bonne matinée, malgré une belle après-midi. “Si si…” affirma-t-il alors d’un ton cependant hésitant. C’est qu’il allait objectivement bien, c’est qu’il se sentait subjectivement très mal. Mais que pouvait-il lui concéder ? La forme grisonnante d’anxiété qui suivait chacun de ses pas, ou simplement le mensonge prémâché qu’il recrachait chaque jour à son reflet, à Eléonore, à la terre entière, juste pour se convaincre qu’il n’était pas traqué, et détraqué ? Le temps sembla se suspendre alors qu’un silence s’engouffra entre eux, à peine plus fort que le vent, à peine plus long qu’une envolée de vapeur de sa tasse fumante. “En fait…” Les mots se coincèrent dans sa gorge avant même de parvenir sur les portes de ses lèvres scellées. Il ne savait pas comment nommer ces troubles informes, il ne savait même pas s’ils existaient tout à fait de les avoir si longtemps retenus. Son regard fuyant, porté sur le seau de pop-corn, remonta vers Sidney comme pour lui témoigner ce qu’il était incapable de nommer. Charles n’avait pas toujours un visage très expressif, préférant la colorimétrie de son imaginaire aux masques superficiels de la réalité ; mais pour Sidney, il fut capable d’un sourire curieusement triste, d’une crispation étrangement douloureuse. Et sous ce frétillement de mâchoire, sa parole se débloqua à nouveau. “Pas tout à fait.” Il hésita à nouveau. “Mais t’inquiète pas hein, ça va… C’est juste que…” Il déglutit une fois de plus, cherchant à alléger un ventre qui de toute évidence n’aurait même pas toléré une seule gorgée de ce thé entre ses doigts. Ses prunelles s’y reportèrent, si bien qu’il sembla désormais s’adresser à sa boisson. “Je sais pas, je me pose plein de questions, en ce moment, je sais plus trop ce que je veux…” Oh, il ne l’avait même jamais su. Mais jamais ses hypothèses n’avaient autant vacillé que ces derniers jours, non, ces derniers mois où il s’était senti obligé de suivre une voie qui ne lui appartenait pas. “Je remets un peu tout en cause, mais je suppose que ça arrive à tout le monde ?” Probablement pas. L’assurance de Bella, à la soirée de la Saint-Valentin ; l’impétuosité de Baby, dans leurs confrontations ; la joie d’Eléonore, dans leurs rencontres. Tous semblaient confiants, longue route tracée d’une destinée plus scintillante que des étoiles, quand il ne parvenait même pas à ramasser les paillettes laissées sur le sol. Charles porta la tasse à ses lèvres, se brûla la langue, jeta un regard craintif à Sidney. De quoi avait-il l’air ? Il lui adressa un sourire qui se voulut décontracté, qui se fit évident de peine. Rien n’allait vraiment, qu’importe la force avec laquelle il essayait bêtement de se persuader du contraire.
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyLun 24 Avr - 22:02

the most
beautiful star

en tout bien tout honneur
ft. @Charles T. Ehrlich & Sidney Driscoll
J'aurais dû compter les mercis de ces derniers mois... Je crois qu'on doit atteindre un nombre assez incroyable en vrai. C'est qu'il y a presque pas un jour où il le dit pas... et perso, j'ai un peu de mal avec l'idée. C'est pas méchant, je sais bien, et je suis pas assez débile pour mal le prendre mais ça me gêne à chaque fois... Parce que ces mercis, je les mérite pas. Je veux dire... je fais rien. Rien qu'un ami ferait pas, en tout cas. Rien que j'ai pas envie de faire. Et chacun d'entre eux me laisse l'impression que c'est pas normal. Que je devrais pas. Que c'est pas comme ça que ça fonctionne. Et sûrement que c'est vrai, dans le fond, j'en sais rien. Alors, une fois de plus, j'essaye de lui faire comprendre que, vraiment, ça sert à rien... Mais il a pas l'air particulièrement réceptif. Pire encore, son sourire a l'air tout sauf convaincu. Ça me fait lever les yeux au ciel en ricanant. Non mais il pourrait faire un petit effort ! En vrai... je crois que ça me dérange moins que j'aime à le penser. Et que même si ça me ferait vraiment plaisir qu'il finisse par admettre qu'il mérite les quelques attentions/mots/ce qu'on veut encore que j'ai pour lui, bah ça me fait plaisir quand même de voir qu'il les remarque assez pour me remercier à chaque fois. Même s'il est définitivement pas obligé parce que j'attends rien, même pas ça, et que je le ferai de toute façon. Est-ce qu'il le sait, ça, d'ailleurs ? ...que même s'il le fait pas, ça ne changera rien...? Je sais pas trop. J'espère.  

Et toi, t’en as été le coordinateur, c’est pas rien… Tu sais, y a des gens qui sont payés pour ça.

Je ricane de plus belle. N'importe quoi ! C'est carrément rien, déjà ! Et ça m'étonnerait que les gens soient payés pour écouter des conseils foireux et ramener du popcorn. Mais j'ai pas le courage de le contredire alors je me contente simplement de hausser les épaules avant d'entrer dans son jeu.

Bah je suis payé. Et bien payé même ! Regarde, j'ai la meilleure des compagnies pour dîner, ça vaut tous les salaires du monde !

Le regard que je coule vers lui est amusé, ou en tout cas il s'accroche à l'espoir d'avoir l'air de l'être... mais il le supplie aussi de ne pas me contredire. Pas sur ça. Parce qu'il aurait tort, de toute façon. Parce qu'il n'y aurait personne d'autre avec qui j'aurais voulu passer cette soirée, cette journée, cette année même si c'est approximatif... Je suis content qu'on ait réussi à se retrouver un peu. Enfin... non. J'en suis pas content, j'en suis heureux. J'ai à peine le temps de réaliser à quel point que l'ambiance change brutalement. Il parle de rendez-vous et c'est un peu la fin du monde. Parce que c'est pas un rendez-vous. Pas vraiment. Je l'ai pas pensé comme ça en tout cas et ça me met dans tous mes états qu'il puisse croire le contraire... mais en même temps... Bordel, y'a qu'à ouvrir les yeux pour voir que si, c'est un rendez-vous ! Y'aurait rien eu de différent si ça avait été le cas ! Sauf qu'on serait sûrement en train de se dévorer des yeux avec des sourires idiots et les joues écarlates. Je m'applique à fixer mes chaussures le temps d'avoir envie de nier mais pas la lâcheté d'aller jusqu'au bout... Hayden a raison. Ça va être invivable pendant deux ans. Je sais que c'est pour la bonne cause, je sais qu'il mérite que je fasse comme si y'avait rien parce que ce serait trop bizarre et qu'il a le droit d'avoir un ami qui tient à peu près la route... mais ça va être un enfer. Enfin, en attendant d'en arriver là, je quitte le muret et la vue pour rejoindre Charles et les coussins. Je me laisse tomber à côté de lui, fais attention à garder un semblant de distance pour pas nous enfoncer. C'est débile en vrai... parce que sur son lit, on s'en foutait. La question s'est même jamais posée et il avait pas franchement l'air au bout de sa vie. ...et moi non plus. Ça avait l'air tellement naturel, tellement... je sais pas. Tellement exactement ce qui se serait passé dans une série pourrie. Vous avez vu Heartstopper ? Jugez pas. Bah clairement, les petites étoiles et les petits éclairs en dessins là, y'en aurait eu partout, je vous jure ! Mais on était pas dans une série pourrie... alors y'avait juste des regards en coin un peu gênés parfois et des sourires qui avaient l'air de dire « t'inquiète, c'est pas grave ». Parce que non, c'était pas grave. Et c'était bien. Et j'aurais pu continuer comme ça encore longtemps s'il n'avait pas soupiré qu'il allait devoir se bouger pour faire pareil. La question sort presque automatiquement... alors que dans le fond, je sais que je veux pas avoir la réponse. Je veux pas l'entendre dire qu'il veut faire plaisir à sa connasse, que c'est le genre d'endroit qu'elle aimerait bien, qu'elle mérite tous les dîners/rendez-vous du monde...

Pour toi…

Si on passait sur Netflix, on entendrait mon cœur battre hyper fort et hyper vite en arrière-plan. On entendrait que ça, même. Parce que, moi, j'entends plus que ça. Ça et ces deux mots qui passent en boucle dans ma tête comme si c'était un CD rayé.

Pour moi...? je répète si bas que je ne suis même pas certain que ça soit audible.
Enfin, pour te rendre la pareille.
T'es pas obligé, tu sais...

C'est sûrement l'équivalent de ses mercis, je crois. Je ne sais pas combien de fois je lui ai rappelé qu'il était obligé de rien mais sûrement un sacré paquet... et je crois qu'aucune fois n'a été aussi vrai, aussi juste que celle-ci. J'ai pas fait ça pour avoir quoi que ce soit en retour. « Ça » quoi, de toute façon ? C'est juste du thé et de quoi manger, c'est bon, on s'en fiche ! Mais quand même... il a dit « pour moi »... Je me sens bizarre rien que d'y repenser. À la fois plus nerveux que j'aurais jamais cru l'être en montant jusque là, et comme sur un nuage. J'ai mal au ventre. Mais la douleur est agréable. Je me demande si c'est ça les papillons dont tout le monde parle...? J'aurais voulu me poser la question pendant des heures, juste pour disséquer ces dernières secondes encore et encore... mais Charles a l'air pas très bien et cette constatation s'impose avec tellement de force dans mon esprit que le reste ne compte plus.

De quoi ? … Si si…

Le ton de sa voix ne colle pas avec ce qu'il raconte. Je gigote un peu sur mon coussin. Si la nervosité est toujours là, elle n'a plus ce quelque chose de plaisant qu'elle a eu ces dernières secondes. Charles va mal.

T'es sûr...?
En fait…

Son regard croise à nouveau le mien. J'ose à peine respirer, comme si ça pouvait lui faire peur et le faire renoncer à continuer. Le sourire qu'il m'adresse est si triste qu'il en est douloureux. Je ne l'ai jamais vu comme ça... et je comprends pas ce qu'il se passe. D'accord, il a dit plus d'une fois que ça se passait pas bien avec son colocataire mais il est jamais là d'après ce que j'ai compris, et que son rôle de préfet était pesant mais ça avait l'air moins pire ces derniers temps... Il va mal et moi j'ai rien remarqué. Je me sens nul. Indigne de passer tout ce temps avec lui. Il devrait le passer quelqu'un qui fait attention à lui. Quelqu'un qui le met au centre de son monde... Une petite voix me souffle le nom d'Eléonore et je sais qu'elle a raison. Il l'a dit, ça aussi... elle le rassure, elle est là pour lui... Elle devrait être à ma place. Et cette phrase toute bête sonne si vraie que ça me file la nausée.

Pas tout à fait. Mais t’inquiète pas hein, ça va…

Je secoue la tête, pour le rassurer... mais évidemment que je m'inquiète. Et que je m'en veux aussi.

C’est juste que…

Nouveau silence. Je ne sais même pas quoi faire pour le rassurer. J'aimerais tellement qu'il se sente en confiance, en sécurité, qu'il réalise qu'il peut tout me dire, que je le rejetterai jamais, que je le jugerai jamais... Quoi qu'il se passe, quoi qu'il ressente, quoi qu'il ait fait, même, si jamais... Je le lâcherai pas. Je peux lui jurer, s'il le veut !

Je sais pas, je me pose plein de questions, en ce moment, je sais plus trop ce que je veux…

Ça me rappelle quelque chose sans que je n'arrive à savoir exactement quoi. Mon cerveau tourne au ralenti, aussi. Mes deux neurones sont tout entiers occupés à ne fonctionner que pour l'écouter, que pour espérer pouvoir faire quelque chose pour lui... alors les souvenirs tirés d'on ne sait où...!

Je remets un peu tout en cause, mais je suppose que ça arrive à tout le monde ?

Je hoche la tête sans prendre la peine d'hésiter. Évidemment que ça arrive à tout le monde ! Sans trop réfléchir, je rapproche imperceptiblement mon coussin du sien, la tête un peu penchée pour essayer de capter un regard qui a l'air de me fuir. J'en oublie mes craintes qu'il pense que cette soirée avait un but moins louable que celui de profiter de la présence de mon meilleur ami, j'en oublie le tourbillon chaotique de mes pensées. Plus rien ne compte, littéralement. Je me fiche de tout. Il y a infiniment plus important.

T-tu veux en parler...? je lui demande d'une voix aussi douce qu'intimidée. Je ne veux pas qu'il se sente forcé ou qu'il pense que je prendrais mal un refus. Seulement qu'il réalise qu'il a une oreille prête à l'écouter. T'es pas tout seul, Charles... tu le sais, hein ? ...je suis là... enfin... si t'as besoin...
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyVen 28 Avr - 21:02


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Il y avait des brises glacées, il y avait des brises réconfortantes. Celles qui s’engouffraient sous les manches de son pull pour tirer sa chair de poule, celles qui apportaient un air de renouveau dans le pollen d’un printemps imminent. L’air qui s’infiltra entre eux à ce moment-là, alors qu’ils se contentaient d’échanger des bêtises pour entretenir une complicité déjà affirmée, était de ces brises légères, presque chaudes. Ses cheveux frémirent un peu, à l’image de ses commissures étirées dans un air espiègle. Il n’avait ces sourires qu’avec Sidney. Dans le reflet d’une vitre de métro londonien, sur la surface lisse du lac qui bordait le château. Peut-être parce qu’il n’avait cette connivence qu’avec lui, la liberté d’être lui-même, dans ses silences, dans ses blagues. Il ne pourrait jamais être jugé dans l’écho de ses prunelles, et même lorsqu’il l’avait été, il ne s’était agi que d’une juste sentence en retour de son comportement. Dans le fond, Sidney était toujours juste. C’était sa vie qui ne l’était probablement pas. Si le Serdaigle ne s’était jamais vraiment confié sur son existence, laissant dans l’imaginaire qu’il s’en faisait quelques trous ici et là, Charles se doutait que son ami n’avait pas que de belles histoires. C’est que ces péripéties jamais citées brillaient dans le fond de son regard parfois morose, répondaient dans les écho de son timbre de voix souvent hésitant. Son passé avait façonné l’image qu’il renvoyait et si Charles était curieux de connaître l’autre côté de ce miroir, il ne s’y aventurerait jamais sans l’invitation du jeune homme. Parce qu’il miroitait la même peine et qu’il savait combien les glaces étaient plus faciles que le mur opaque qui se cachait derrière. Renvoyer ce qu’on attendait pour ne surtout pas montrer qu’il n’y avait rien, derrière. Rien d’autre que des fissures qu’on voudrait oublier, de la poussière sur des fêlures profondément ancrées. “Bah je suis payé. Et bien payé même ! Regarde, j'ai la meilleure des compagnies pour dîner, ça vaut tous les salaires du monde !” Son ton était enthousiaste, son regard, amusé. Alors s’il ne voulait pas se confier sur ces failles, ce n’était pas grave, bien au contraire, il se satisferait toujours de ce bonheur affiché parce qu’il était sincère et qu’il n’avait pas besoin de beaucoup plus que de cette simplicité aussi agréable que la brise entre eux. Charles éclata de rire, dénouant ses traits, lui rendant l’âge qu’il avait. “Ravi de savoir que moi, modeste élève de sixième année fauché, je suffis à rémunérer ton dur labeur. Mais quand même… Tu devrais demander une augmentation. Tu mérites mieux !” Et le nouveau rire qui s'ensuivit fut moins spontané, moins candide. Parce que dans le fond, il le pensait. Sidney méritait mieux que cette compagnie qu’il lui offrait. Il méritait plus que cette amitié.

Ce fut peut-être ce qu’il chercha maladroitement à justifier en lui indiquant qu’il lui fallait rendre la pareille. De bon cœur, cette annonce finit par résonner plus sérieusement, comme un fait impossible à nier mais que Sidney décida cependant d’ignorer. “T'es pas obligé, tu sais…” Charles esquissa un sourire. Sidney lui reprochait ses excès de remerciements, il aurait été en mesure de lui reprocher son manque de confiance. Évidemment qu’il n’était pas obligé et évidemment qu’il le savait, pour la simple et bonne raison que Sidney n’avait jamais eu besoin de le forcer de rien. Tout était naturel entre eux, mieux, tout lui faisait plaisir avec lui. Ce n’était en rien de l’obligation, c’était de l’envie. Un désir manifeste, inexplicable, sorti de nulle part et pourtant envahissant, explosif, partout. C’était obnubilant ; alors comment Sidney pouvait-il décemment croire qu’il se sentait obligé ? Il y avait un côté agaçant à ce qu’il s’obstine à croire le contraire. Il aurait voulu lui faire entendre la vérité, celle-là même qu’il essayait d’étouffer au fond de lui et qui revenait sans cesse toquer aux portes ; dans le château, dans sa chambre, et ici, sur cette tour. Il aurait voulu qu’il sache la lire dans ses yeux, qu’importe que son regard lui ait échappé, porté au loin comme pour s’enraciner dans un horizon plus flou que le clair de ses craintes. Il aurait tout voulu, pourvu que le rien qui l’enchaînait à son malheur s’arrête. “Je sais bien” répondit-il dans un murmure, plus pour la forme. Il n’était pas nécessaire de répéter sans cesse qu’il savait qu’il n’était pas obligé, mais peut-être que Sidney en avait besoin, lui. Et puisqu’il était incapable de lui offrir ce qu’il méritait vraiment, puisqu’il était enchainé à ce rien qui caractérisait sa personne, Charles n’insista pas davantage. Il se contenta de retrouver, silencieux, le regard de cet ami qui n’en était pas vraiment un.

A défaut de lire le tourment qui valsait dans les brises autour d’eux, Sidney parut deviner un semblant de malêtre, s’enquérant aussitôt de son état. Charles tourna autour du pot, comme il savait si bien le faire, à l’affût du moindre mouvement qui aurait rebuté le Serdaigle. C’est qu’il ne voulait rien lui imposer, jamais, ni cette proximité sans nom, ni ses propres soucis, déjà bien trop lourds pour lui. Au lieu de quoi, Sidney s’agita sur son coussin, hochant la tête pour confirmer que ça arrivait à tout le monde, les remises en cause, ancrant ses yeux dans les siens pour assurer qu’il était là, attentif à ce que Charles ne pouvait même pas affronter. “T-tu veux en parler...?” risqua-t-il doucement. “T'es pas tout seul, Charles... tu le sais, hein ? ...je suis là... enfin... si t'as besoin…” J’en ai besoin. La réponse aurait voulu courir entre ses lèvres, au lieu de quoi, elle s’immobilisa sur une langue qui lui préférait des sonorités plus habituelles. “Merci” souffla-t-il ainsi par automatisme. “Je…” Il coinça à nouveau, bloqué dans une brise qui venait à nouveau de tourbillonner entre eux, emportant la rationalité loin, très loin, ne laissant qu’un vaste champ chaotique où hurlaient ses craintes, ses doutes, ses préoccupations, toutes ces peurs qui n’étaient rien mais qui en vérité représentaient tout, dans un tournoiement effrayant où il lui sembla impossible de respirer, s’envolant loin comme le vent pour observer, pendu au milieu du vide, ces mêmes collines, ce même horizon, toutes ces accroches lointaines au milieu desquelles il s’apprêtait à chuter dangereusement, vertigineusement, fatalement. “Je crois que j’aime pas Eléonore.” Et tout retomba d’un seul coup brutal. Mais il était sur cette tour, il était à l’abri, au calme. Retenu par le regard cobalt d’un garçon auprès duquel il ne risquerait jamais rien. “Enfin, je veux dire, bien sûr que je l’apprécie… C’est une fille formidable, et -” Il réalisa son erreur, se souvenant un peu trop tard du ressentiment de Sidney envers cette adolescente qui l’avait presque insulté par lettre. “En tous cas, quand elle tient à toi” précisa-t-il aussitôt en détournant le regard. “Elle est toujours là pour moi, elle est patiente… Mais…” Les mots ne venaient pas, Charles hésitait à chaque phrase. C’était un exercice nouveau que de décharger les idées qu’il n’avait toujours eu qu’à ressasser. “Mais j’ai pas de sentiments pour elle” avoua-t-il finalement avec plus de fermeté. Il retrouva alors les yeux du garçon où il se perdit un instant, comme pour essayer d’y trouver un semblant de ce jugement dont il le savait pourtant incapable. “Sérieux, c’est pas ridicule ? N’importe qui en aurait pour elle… Mais pas moi. Tu crois qu’y a un truc qui cloche chez moi ?” glissa-t-il en guise de conclusion, le ton soudain plus fébrile. C’est que s’il était sûr de ce qu’il ressentait, il ignorait qui il était. Trop d’impostures, trop de mensonges, à commencer envers lui-même. Et peut-être que dans ces prunelles qui guettaient ses traits devant lui, il trouverait un brin de vérité… Cette même vérité qu’il caressait pourtant déjà, nichée entre eux dans les quelques centimètres qui les séparaient encore.
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptySam 29 Avr - 13:29

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beautiful star

en tout bien tout honneur
ft. @Charles T. Ehrlich & Sidney Driscoll
Bien sûr, c'est une plaisanterie de dire que je suis – bien – payé pour le travail fourni, d'autant plus que je ne vois pas vraiment de quel travail il est question... et tout en moi le laisse entendre, de mon regard amusé au sourire qui me lâche pas... Et en même temps, ça sonne hyper vrai. Même si on m'avait proposé tout l'argent du monde pour organiser cette soirée, j'en aurais pas voulu. J'aurais voulu rien d'autre que d'un Charles content d'être là. Et il en a l'air. Je dis pas que c'est parfait depuis qu'il est arrivé, qu'il n'y a pas de ratés ou de moments un peu gênants... Mais je veux juste ça. Rien que ça. Et j'espère sincèrement qu'il le sait. Comme à chaque fois, son rire me tire un sourire immense. Je crois que même le jour où on quittera l'école, et qu'on se verra moins – parce que ça arrivera, faut pas se mentir – je l'entendrai encore aussi clairement que là. Il est à son image, en vrai : doux et rassurant.

Ravi de savoir que moi, modeste élève de sixième année fauché, je suffis à rémunérer ton dur labeur. Mais quand même… Tu devrais demander une augmentation. Tu mérites mieux !

Je ne peux retenir un gloussement stupide à sa bêtise. Je mérite mieux que quoi ? Qu'un ami qui me fait me sentir à ma place les trois quarts du temps ? Trois quarts et demi, même... Je suis pas sûr. Je vois pas ce que je pourrais avoir de mieux, de toute façon. Une bourse de gallions, ça fait vraiment pas le poids.

T'as raison, je finis par répondre en hochant la tête d'un air convaincu, je vais demander une augmentation. Du coup, est-ce que je peux avoir ta compagnie pour le petit-déjeuner de demain en plus du dîner de ce soir ?

Si je fais genre je suis innocent, le regard que je pose sur lui se fait un brin suppliant. Je suis très nul pour les négociations. Vous vous souvenez du truc de la Saint-Valentin ? Je sais que si j'avais rempli mon truc moi-même, j'aurais mis carpette, sans la moindre hésitation ! Mais d'un autre côté, j'essaye de la jouer détaché, un minimum, qu'il ne se sente pas obligé de dire oui alors qu'on a passé toute la journée ensemble aujourd'hui et qu'il a explicitement dit qu'il avait des choses à faire. Et puis, il y a sa copine aussi, même si j'ai envie d'oublier jusqu'à son existence, j'ai aucun mal à imaginer que lui ne la partage pas forcément. C'est bête parce que c'est cool qu'il ait trouvé une fille qu'il aime et qui l'aime, tout ça... mais c'était quand même mieux, cet été, quand on abordait le sujet en mode « blablabla, par défaut, blablabla »... Je pensais pas que les rôles s'inverseraient à ce point entre elle et moi. Ok, j'exagère. Je suis pas à plaindre depuis qu'on s'est engueulés. Vraiment pas. Mais les deux mois d'avant... c'était autre chose. Enfin... J'imagine qu'on s'en fout, c'est du passé...?D'autant plus quand il admet qu'il va pas bien. D'un coup, le reste n'existe plus. Le monde arrête de tourner. Il n'y a littéralement plus que lui qui compte. J'aimerais qu'il se sente soutenu, entouré. Qu'il réalise qu'il a le droit de se confier s'il veut, que même si je suis pas sûr de pouvoir être de bons conseils, je peux au moins être l'épaule sur laquelle il se repose en cas de besoin. Je suis là pour ça. Enfin... non. J'ai envie d'être là pour ça. Pour lui.

Merci.

Nouvel hochement de tête. Je ne prends même pas la peine de râler ou de lui rappeler que ça sert à rien de me remercier. On s'en fiche. Qu'il le fasse s'il en a besoin, je peux faire avec, moi.

Je…

Et puis plus rien. Je m'attends à tout, j'avoue. À ce que tous les malheurs du monde lui soient tombés dessus, à ce qu'on doive se battre contre l'humanité toute entière pour une raison qui m'échappe – oui, « on », parce qu'il va de soi que je ne le laisserai pas batailler tout seul – mais à aucun moment je me suis préparé à la bombe qu'il est sur le point de lâcher :

Je crois que j’aime pas Eléonore.

Et ce silence-là n'a rien à voir avec celui qu'il y a eu jusque là. Il est assourdissant. Je suis sûr que c'est un comme ça qui vient après la fin du monde. C'est comme s'il vidait la Terre de son air... et moi, je reste là, comme un abruti de poisson hors de l'eau, les lèvres entrouvertes et les yeux rivés sur un Charles qui n'a pas l'air dans un meilleur état. J'aurais dû m'en réjouir. Sérieusement. Je n'aime pas cette fille et, quelque part au fond de moi, je trouve que c'est particulièrement mérité. Le karma, je vous jure ! Mais il n'y a qu'à le regarder pour comprendre que c'est pas si simple. Il le vit mal, lui. Et puis, il avait l'air content avec elle, elle avait l'air de correspondre à ce qu'il attendait d'une fille. De ce qu'il en disait, en tout cas... j'ai du mal à comprendre comment il a pu passer de « heureusement qu'elle est là » – à peu de chose près – à « je l'aime pas »... D'accord, déjà à la Saint-Valentin c'était bizarre... qu'il sache pas si elle y allait, qu'il soit prêt à passer la soirée avec une autre fille, tout ça... mais quand même ! J'aurais jamais cru que... Son regard croise le mien et je ne peux retenir un sourire encourageant. Aucun jugement, aucune question, rien. Il dit ce qu'il veut, comme il veut, je suis juste là pour l'écouter.

Enfin, je veux dire, bien sûr que je l’apprécie… C’est une fille formidable, et -

Il s'arrête brusquement et détourne les yeux. Mon genou vient discrètement chahuter le sien pour le rassurer. Je l'aime pas, c'est un fait. Et j'imagine qu'elle m'aime pas non plus. Mais c'est pas parce qu'on est pas potes que je peux pas comprendre qu'il l'aime bien, lui. J'avais du mal à l'entendre, la dernière fois, parce que c'était entièrement sa faute si on s'était disputés et qu'il prenait sa défense alors que c'est clairement la reine des pouffes... mais c'est bon, j'ai pas trois ans d'âge mental tous les jours. Je ne pense définitivement pas qu'elle soit formidable, je suis même pas sûr que ce soit objectivement possible, mais peu importe. Ce qu'il veut comme il veut, on a dit...

En tous cas, quand elle tient à toi.
Eh, t'inquiète. T'es pas obligé de te justifier.
Elle est toujours là pour moi, elle est patiente… Mais…

Mine de rien, ça fait tomber un poids dans mon estomac. Une fille formidable pour laquelle il a pas hésité à tirer un trait sur notre amitié... sûrement parce que j'étais pas assez là pour lui ou... je sais pas. Je sais que je viens de dire que c'était du passé, tout ça tout ça... mais j'aurais  voulu savoir ce que j'ai fait de travers ou pas assez bien pour qu'il cède si facilement... Au moins pour pouvoir me rattraper et être sûr que je recommencerai pas les mêmes erreurs. J'aimerais être un ami aussi bien pour lui qu'il l'est pour moi. En attendant, je m'accroche à ce « mais » de toutes mes forces. « Mais t'avais raison c'est une connasse », « mais elle veut trop faire sa loi dans ma vie », « mais » n'importe quoi en vrai tant que ça tranche définitivement avec ce tableau de la fille parfaite qui n'existe probablement que dans sa tête.

Mais j’ai pas de sentiments pour elle.

« Elle est parfaite mais je l'aime pas »... j'imagine que ma jalousie peut s'en contenter. J'aurais préféré qu'il finisse par reconnaître que cet ange tombé du ciel avait des défauts mais tant pis... Avec un peu de chance, elle s'est au moins éclatée sale en arrivant sur Terre. Je suis désolé mais ce serait grave mérité. C'est l'enfant de Satan, je vous jure ! Le regard de Charles me revient, se plante dans le mien comme s'il y cherchait quelque chose. Je le soutiens sans broncher, pas décidé à dire quoi que ce soit sur cette fille, sur leur relation, sur son aveu. J'ai trop peur de faire une boulette, de le vexer, de le blesser, de le pousser à la rejoindre sans le vouloir.

Sérieux, c’est pas ridicule ?

Je secoue la tête. Oh non, c'est pas ridicule ! Et même pas parce que c'est elle. Juste parce que c'est la vie. Ça arrive de plus aimer quelqu'un, j'imagine, ou de se planter. C'est triste, à la limite, mais pas ridicule... S'il veut des trucs ridicules, je peux lui raconter comment j'ai crushé sur mon bourreau ou comment je suis tombé amoureux de mon meilleur ami hétéro... mais évidemment, je le garde pour moi.  

N’importe qui en aurait pour elle… Mais pas moi. Tu crois qu’y a un truc qui cloche chez moi ?
Non, je réplique sans prendre la peine de réfléchir ou même de laisser place à la moindre discussion. C'est un fait, point. C'est juste pas la bonne ? Ok, c'est dommage... Et ça me tue de dire ça, je vous assure ! ...parce que de ce que t'en disais vous vous entendez bien et tout... mais ça veut pas dire qu'il y a un truc qui cloche chez toi ou que t'es pas quelqu'un de bien ou je sais pas quoi. T'as le droit. Et c'est pas grave. ...d'accord ?

Et puisqu'on en est dans les trucs ridicules, on en parle du fait que je joue les apprentis conseillers sentimentaux alors que ma vie amoureuse se limite littéralement à du pelotage sans le moindre sentiment ? Et que Charles est probablement la dernière personne au monde avec qui j'aurais voulu tenter ce rôle-là ? Pourtant, je ne dis rien et m'y tiens le plus docilement du monde. Je veux être là s'il a besoin de moi... et s'il a besoin de moi pour ça et bien on fera avec, tant pis. Tant qu'il se sent pas tout seul, c'est tout ce qui compte.

Tu devrais peut-être lui en parler ? Au moins pour qu'elle évite de se faire des films... non...?

Et mine de rien, ça me fait de la peine pour elle... Parce que si elle y croit vraiment, aussi détestable qu'elle puisse être, elle va tomber de haut... et elle mérite pas ça, même si c'est la pire connasse que j'ai jamais rencontrée...
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyDim 30 Avr - 18:00


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Parfois, il lui arrivait de croire que le monde tournait au ralenti. Dans l’effervescence de ses pensées inquiètes, Charles considérait le temps trop lent, les secondes, démesurées. Dans le fond, le soleil se couchait toujours à la même vitesse et le vent balayait les plaines à la même cadence ; mais quelque chose d’interminable qui s’étirait à l’infini le paralysait souvent. C’était au-delà de ses préoccupations montées de toute pièce. C’était une énergie paresseuse, en décalage avec la ferveur avec laquelle il entreprenait les choses. Il aurait voulu que tous les problèmes se résolvent tout de suite, que tous les doutes trouvent réponse quand en vérité, tout prenait plus de temps, et si les journées avançaient à la même allure, elles lui semblaient toujours au ralenti. Et dans le fond, c’était peut-être à cause de la cadence suspendue de son quotidien qu’il restait souvent parlaysé. Il voulait courir, il était contraint de ramper. Il voulait tout décharger, du poids sur ses épaules à ses plus outrageantes confidences, il ne pouvait que serrer les dents, le temps que les années passent et qu’enfin, ce fardeau soit trop pénible pour être encore supporté. Dans l’attente, il était coincé. Et quelle attente ; sans fin, il n’en voyait pas le bout et se demandait même s’il en arriverait à la fin, un jour. Un jour où il ne serait plus en avance, ou à la traîne, à l’arrière d’une vie qu’il ne voyait plus avancer. “T'as raison” répondit Sidney, “je vais demander une augmentation. Du coup, est-ce que je peux avoir ta compagnie pour le petit-déjeuner de demain en plus du dîner de ce soir ?” Et puis il y avait ces moments miraculeux où, le temps d’un repas, le temps d’une entrevue, il reprenait le rythme, il était en accord avec les secondes et tout allait bien. Il respirait. Il vivait. Comme à Londres cet été, comme dans son dortoir certaines nuits où la solitude avait été remplacée par une odeur de pop corn au caramel. “Rhaaa, t’es vraiment dur en négociations…” Charles fit mine d’hésiter une seconde, juste pour le théâtre, juste pour le plaisir de faire durer cette blague qui prendrait bientôt fin et qui le ramènerait à ses pensées parasites, toutes ouïes d’un malheur qu’il se complaisait à entretenir. “Bon d’accord, marché conclu” conclut-il d’une voix traînante pour étirer chaque syllabe d’une nonchalance qu’il n’avait évidemment pas. Sidney était sa pause dans une course ratée. Un répit qui l’accueillait à chaque essoufflement et qui lui permettait de garder le cap quand bien même il n’avait pas d’objectif. Curieusement, il semblait même le faire poursuivre dans le bon sens, même sans destination finale. Comme un alignement. Tout prenait sens quand il partageait son espace. Tout était plus facile quand il souriait, comme en ces quelques secondes d’une complicité qu’il aurait voulu garder encore des années.

Oui mais voilà, la brise s’engouffra à nouveau sur leur tour, plus froide que les précédentes et paradoxalement brûlante. Charles ouvrit le col de son pull, à bout de souffle, prisonnier de nouveaux songes plus aiguisés encore, alors que ses doigts serraient nerveusement sa tasse. Sidney lui demanda ce qui n’allait pas et il déballa tout, si aisément qu’il en eut le tourni, perdu au milieu des collines tout en restant bien figé sur son coussin. Il ne pensait pas que le temps était venu et d’un autre côté, il n’aurait pas préféré un meilleur moment que celui-ci, reclus en hauteur, dans toute l’intimité que pouvaient conférer les grandes prunelles attentives du jeune homme. Il s’y était toujours senti en sécurité, de leur premier regard dans le miroir des toilettes du deuxième étage à cette soirée déclinante où plus rien ne faisait vraiment sens, qu’importe que le soleil se couche au même rythme que la veille et que le lendemain, qu’importe que les oiseaux retournent à leur nid pour y mener la même vie animale que ces derniers siècles. Il évoqua ainsi ses sentiments, ou plutôt ses non-sentiments pour Eléonore, dans un silence qu’il ne prit pas la peine d’examiner. Il ne voulait pas connaître les pensées de Sidney autant qu’il les attendait, le souffle court, les yeux rivés sur son visage impassible. Sa langue encore brûlante de la gorgée de thé ratée continua à se délier sans la moindre interruption du jeune homme, si bien que lorsque sa voix retomba, Charles se réfugia à nouveau dans sa boisson fumante sans même se soucier d’heurter son palais. Tout ce qu’il voulait, c’était une conclusion à des aveux qu’il n’avait même pas envisagé d’amorcer et qui venaient pourtant d’inonder la tour, gelant leurs rapports à peine maintenus par un genou qui frôlait doucement le sien. Mais ce n’était pas d’un genou dont il voulait ! C’était de ses bras, de cette chaleur étourdissante qui l’avait enveloppé quand il avait posé sa tête sur l’épaule du Serdaigle en s’endormant devant un énième film. C’était cette proximité-là, douce et cajolante, cette dernière parenthèse que ses angoisses ne parvenaient pas à franchir et paradoxalement, qu’elles entretenaient de leurs plus insidieux murmures. Charles se raidit, terrorisé par cette réflexion et par le silence gênant qui allait nécessairement faire suite à ses confidences, terrorisé par lui-même. Il s’attendit à tout dans cette demi-seconde qui suivit sa conclusion ; au dégoût de Sidney, à sa moquerie, à sa fuite, à une fin du monde, à l’explosion du soleil, là-haut. En vain. La bombe qu’il avait lâchée ne détonna pas. “Non” répliqua simplement Sidney. Non, il ne pensait pas que quelque chose clochait chez lui ? “C'est juste pas la bonne ? Ok, c'est dommage...parce que de ce que t'en disais vous vous entendez bien et tout... mais ça veut pas dire qu'il y a un truc qui cloche chez toi ou que t'es pas quelqu'un de bien ou je sais pas quoi. T'as le droit. Et c'est pas grave. ...d'accord ?”

Non, Charles n’était pas d’accord. Mais ce n’était pas une vraie question, Sidney n’attendait pas une vraie réponse. Il voulait juste lui passer un message, qui resta cependant décousu sous son regard hagard, incapable d’en tisser la logique. Ce n’était pas grave ? Mais il répudiait une fille incroyable, belle, intelligente, douce, que n’importe qui au monde aurait chérie ! Elle l’avait mise en confiance d’un seul regard, d’une seule main tendue. Et lui ne parvenait pas à se sentir à l’aise ? Qu’est-ce qu’il lui fallait de plus ? Qu’est-ce qu’il lui fallait d’autre ? Sidney - Sidney - encore et toujours Sidney. Mais elle n’était pas Sidney ! Aucune autre fille ne serait lui… Et cette pensée l’enterra dans un silence plus long encore, appuyant sur son ventre d’une vérité suffocante. Aucune autre fille ne serait lui, jamais. Il ne trouverait personne comme lui ! C’était aussi évident que terrifiant. Et si la vue dégagée depuis la tour ne lui avait pas vraiment suscité de vertige dans l’assurance d’être protégé par un muret solide, cette prise de conscience l’étourdit sauvagement. Quel muret y aurait-il pour l’empêcher de tomber, au juste ? Il ne voulait pas Eléonore, il ne voudrait d’aucune autre fille. Il ne voulait que ce qu’il y avait avec son ami… Son ami, Seigneur, celui de qui il ne pourrait précisément jamais rien attendre, aussi bien par bienséance que par respect. Il n’y avait qu’un tordu pour penser comme il le faisait actuellement… Et si Sidney assurait que rien ne clochait chez lui, bon Dieu, ce n’était qu’un piètre mensonge, rien n’allait, jamais, il avait toujours été bizarre, décalé, courant à contretemps et à présent, pensant à l’envers. Rien à voir avec ses crises d’angoisse qui effectivement lui faisaient avaler plein de couleuvres. Il était sûr, à présent, qu’il était différent. Spécial. Anormal. Et il était là, à s’en plaindre à un Sidney qui refusait obstinément de voir qui il était réellement. C’était ridicule, non, grotesque, mieux, pathétique. A son image, quoique, non, celle-ci était pire, fissurée, complètement fêlée. “Tu devrais peut-être lui en parler ? Au moins pour qu'elle évite de se faire des films... non...?” “Oui.” Ce ne fut qu’un souffle, aussitôt emporté par une nouvelle brise, juste pour ne pas se faire reprocher son manque de réactivité, juste pour prétendre qu’il avait encore de l’intérêt pour une conversation qui en vérité, ne concernait même plus Eléonore. “Mais comment lui en parler quand j’ai littéralement rien à lui reprocher ?” reprit-il en cherchant dans le visage du jeune homme une réponse qui ne l’intéressait plus vraiment. “Genre, j’ai aucune raison valable de… de la quitter.” L’expression lui fit serrer les lèvres. Il allait devoir la quitter, elle qui ne méritait aucun abandon, lui qui ne supportait pas l’idée d’en être à l’origine. “C’est moi le problème. Je suis juste nul. Insatisfait. Jamais content de rien” chuchota-t-il, honteux, en détournant aussitôt le regard. Il se réfugia dans sa tasse, un peu moins brûlante, un peu moins savoureuse. Il n’avait plus envie d’être là, ou plus exactement, il n’avait plus envie de parler de tout ça. Il avait encore plus révulsant à déballer, mais ce crachat-là ne pourrait jamais sortir de sa gorge serrée. C’était absurde. C’était dégoûtant. Et si Eléonore était victime de sa pestilence, il était hors de question de contaminer Sidney. Pas lui. Surtout pas lui.
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyDim 30 Avr - 19:19

the most
beautiful star

en tout bien tout honneur
ft. @Charles T. Ehrlich & Sidney Driscoll
Depuis que je suis arrivé dans cette école, j'ai toujours eu l'habitude des montagnes russes émotionnelles. M'inquiéter pour rien, réaliser que c'est pour rien, douter que ce soit vraiment pour rien, oublier que je m'inquiétais... Et ce soir n'y échappe finalement pas trop. Même si je sais qu'on a tous les deux sous les yeux tout ce qui cloche chez moi, il arrive à me les faire fermer assez longtemps pour plaisanter avec une sincérité et une innocence bienvenues. Juste Charles, moi, et des bêtises comme on en sort souvent. Et, dans le fond, comme j'en sors presque qu'avec lui... Avec Hayden, parfois, mais c'est différent... parce que j'ai pas peur de le perdre, Hayden. C'est méchant parce qu'il est adorable mais... mais j'en sais rien. C'est différent. Alors que lui... Rien que l'idée qu'il puisse disparaître à nouveau me donne mal au ventre. Parfois, le soir, j'y repense, je me rappelle qu'il n'y a rien qui me prouve que c'était qu'une fois, que ça recommencera pas... et ça me rend malade. Vraiment. Physiquement. Je suis terrorisé par le fait qu'il pourrait partir. Et pourtant, je fais presque tout pour que ce soit le cas. De ce rencard qui n'en porte même pas le nom à des plaisanteries douteuses dans l'espoir de le garder un peu plus longtemps avec moi... ça fait pitié, en vrai. Je me serais sûrement déjà barré à sa place... mais lui ne le fait pas. Il reste là, il me supporte, il me répond... J'ai de la chance de l'avoir comme ami...

Rhaaa, t’es vraiment dur en négociations…
Ah bah qu'est-ce que tu veux, les affaires sont les affaires, hein, je rétorque d'un air connaisseur, comme si j'avais l'habitude de négocier autrement qu'en acceptant n'importe quoi pour un peu qu'on m'abandonne pas.
Bon d’accord.

Durant une seconde, rien qu'une toute petite, je m'attends à ce qu'il se mette à rigoler et me fasse savoir qu'il faut pas trop abuser non plus... mais rien ne vient. Je sens mon cœur qui s'emballe un peu. Ça ferait une journée presque et demi entière...

« D'accord » genre... d'accord d'accord ou...?

Je me retiens de préciser que c'est trop tard pour changer d'avis, de toute façon, et que si je le vois pas dans la Grande Salle je viendrai le chercher moi-même... mais je sais pertinemment que je le ferai pas. Parce qu'il a le droit de pas vouloir. Que ce serait même normal, en vrai. Et que je suis personne pour m'imposer à ce point... Alors je me contenterai d'être déçu, et un peu triste, et de continuer ma journée comme si rien n'était jamais arrivé. Eh, on connaît hein ! Et puis tout change brusquement. Son attitude, l'atmosphère, le temps... Autour de nous, c'est comme si le monde avait disparu. Il ne va pas bien. Il n'y a rien d'autre dans ma tête que ces cinq mots qui tournent en boucle, encore et encore. J'ai rien vu. Rien remarqué. On se voit quasiment tous les jours et je suis littéralement passé à côté. Je me sens nul. Je m'en veux. Je suis quel genre d'amis, hein ? Certainement pas de ceux qu'il mérite... il mérite tellement mieux. Quelqu'un qui fait attention à lui, quelqu'un qui remarque ce genre de choses, quelqu'un qui le connaît et le comprend tellement bien qu'il n'a même pas besoin de parler... Et bêtement, c'est le visage de peste de sa copine qui s'impose. Elle est là pour lui, elle le rassure, elle est parfaite... Mais sans prévenir, il fracasse tout. Mes certitudes, celles qu'il avait lui-même construites, les heures passées à haïr cette fille qui occupe une place que je ne veux pas sans vouloir que quelqu'un l'ait pour autant... Charles n'aime pas Eléonore. Charles n'a pas de sentiments pour Eléonore. J'aurais dû m'en réjouir. C'est même pas le cas. J'aurais cru que j'attendais que ça, moi, qu'elle se fasse jeter comme ça a été mon cas, qu'elle souffre autant que moi, qu'elle se sente comme la pire des bouses sans comprendre ce qu'elle a pu faire d'assez mal pour en arriver là. Mais c'est même pas le cas. En réalité, j'ai presque de la peine pour elle. Parce que je sais qu'elle sait ce qu'elle va perdre. Parce qu'on le sait forcément quand on a passé du temps avec quelqu'un comme lui. Et même si c'est une garce, et même si elle mérite un peu ça, bah je me rends compte finalement que je suis pas assez horrible pour le lui souhaiter. Mais pas assez con pour le pousser à réfléchir à la question. S'il dit qu'il l'aime pas, c'est qu'il l'aime pas. Point. Pas de « t'es sûr ? », pas de « qu'est-ce qui te fait dire ça ? », rien de tout ça... Rien du tout, même. Je suis incapable de prononcer le moindre mot, conscient de marcher sur un fil, de pouvoir tomber à chaque syllabe... Je ne veux pas lui faire de mal en disant un truc maladroit. Je ne veux pas le faire fuir, lui faire regretter de s'être confié. Ce n'est que quand il se risque à me poser une question, directement, que j'ouvre vraiment la bouche. Et c'est assez naturel. Comme si je savais de quoi je parlais. Comme si j'avais la moindre expérience dans le domaine. ...comme si j'étais poussé par l'envie violente de le rassurer, de lui faire comprendre que tout allait bien. Parce que dans le fond, c'est le cas. C'est triste, ok. Ça craint, ok. Mais ça va, c'est pas le premier à casser avec une fille, ce sera certainement pas le dernier non plus. Faut relativiser deux secondes. Et puis, objectivement, elle est même pas si bien que ça. Elle a pas grand chose pour elle, même. Elle est pas moche, j'avoue, mais des filles pas moches il en trouvera à chaque coin de couloirs, pas la peine de s'acharner avec celle-là.

Oui.

… et plus rien. Je hoche la tête, sans trop savoir à quoi j'acquiesce. Je tends maladroitement le bras et attrape quelques popcorns dans le bol. Le « crunch » brise le silence une demi-seconde à peine mais il revient aussi vite. J'ai l'impression d'avoir dit quelque chose qu'il fallait pas. D'avoir donné à ses aveux une dimension trop vraie pour être acceptable tout de suite. Pourtant... il va bien falloir qu'il lui dise, s'il l'aime vraiment pas... Enfin... je crois. J'aimerais qu'on me le dise, en tout cas. Qu'on ait le courage d'être honnête. Si on peut pas décider des sentiments, on peut au moins décider de pas pendre l'autre pour un con.

Mais comment lui en parler quand j’ai littéralement rien à lui reprocher ?

Je hausse les épaules. Je sais pas trop... j'ai jamais eu à faire ça... Blaze l'a fait, plus ou moins... Doucement, gentiment. Juste assez franchement pour me faire comprendre qu'il y aurait jamais rien, même s'il m'avait laissé me faire des films pendant une éternité. C'est pas exactement le même contexte mais finalement, le résultat est le même... Mettre un terme à un truc qu'on a entretenu alors qu'il y a pas vraiment eu de pas de travers à sanctionner...

Genre, j’ai aucune raison valable de… de la quitter.
Mais... t'as pas besoin de raison. T'as le droit de juste plus vouloir. Tu lui as pas juré amour et fidélité éternels, si...?

Et même dans ce cas-là, j'imagine qu'il a le droit de changer d'avis quand même... mais l'image d'un Charles amoureux promettant l'éternité à une fille aussi détestable me retourne littéralement l'estomac. Je détourne les yeux et fourre de nouveaux popcorns dans ma bouche d'un geste plus nerveux que je l'aurais voulu. J'aime pas cette conversation. Vraiment. Elle me met mal à l'aise. Je pense qu'elle m'aurait gêné avec n'importe qui mais là... Je me sens comme le pire imposteur du monde. Presque de jouer pour mes propres intérêts plutôt que pour les siens... alors que j'ai rien à gagner dans l'histoire ! Quand ce sera plus elle, ce sera une autre... ça changera rien à ma vie. Je trouverai une raison de pas l'aimer non plus, la prochaine, et je râlerai dans les lettres à Hayden et il me dira des trucs genre « non mais t'es con de rien lui dire, aussi » et je lui répondrai que c'est mieux comme ça parce qu'au moins Charles peut se reposer sur notre amitié. J'ai envie de mourir, je vous jure.

C’est moi le problème. Je suis juste nul. Insatisfait. Jamais content de rien.
Mais t'arrêtes de dire n'importe quoi ? je m'offusque en l'attaquant avec le dernier popcorn qu'il me reste dans la main. Il lui rebondit sur le bras et retombe de l'autre côté, une tache claire et brillante sur la couverture. Mon geste me surprend et je lutte un peu pour retenir un ricanement hébété. T'es pas nul. T'aimes juste pas cette fille. On s'en fout, Charles, sérieux, c'est pas grave ! Elle va faire la tronche deux jours et ira faire les yeux doux à un autre gars, comme toutes les filles de seize ans. Je te jure, c'est comme ça dans toutes les séries... et j'en ai regardé des tonnes ! En vrai, elle s'en remettra. Et toi aussi. Y'en aura d'autres, des avec qui ça matchera mieux, et puis voilà.

J'essuie maladroitement mes doigts sur mon pantalon et pose les mains derrière moi avant de tendre les jambes. Mon lacet commence à se défaire. Le soleil commence à se coucher. Cette soirée est vraiment bizarre. Sans regretter d'être là, j'aurais bien voulu que ça se passe autrement. Ne jamais poser cette question stupide. Pourtant, je suis content qu'il se sente assez en confiance avec moi pour se confier... mais j'ai l'impression de lui mentir, de jouer un rôle, d'être mal honnête. Et j'ai peur qu'il m'en veuille le jour où il s'en rendra compte.

T'es pas nul, je répète dans un souffle. Et tu pourrais quitter toutes les filles du monde les unes après les autres que tu serais pas nul quand même. Et si elle est pas débile, elle l'oubliera pas. Et elle gardera en tête que t'es un gars génial. Parce que tu l'es. Et que tu le resteras quoi que tu fasses. Ok...? Et espère même pas le nier, parce que c'est pas niable.

Mais bon... Objectivement, je pense qu'elle réagira avec lui comme elle l'a fait avec moi : elle ira chouiner sur l'épaule de la première personne venue en se faisant passer pour une pauvre petite victime alors que c'est la reine des pouffes... et ce sera un peu triste, même si c'est elle...
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyLun 1 Mai - 15:47


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”D'accord genre... d'accord d'accord ou...?” Charles esquissa un sourire que Sidney ne put probablement pas deviner, le visage tourné de l’autre côté pour guetter un recoin somme toute peu intéressant de la tour. C’est qu’il était véritablement heureux et s’il n’y avait pas à avoir honte de ce bonheur, il ne pouvait lui laisser entrevoir toute l'authenticité de cette joie-là. Ce n’était pas qu’un amusement anodin face à une réplique de blague - c’était une félicité sincère, celle de réaliser que Sidney s’étonnait de sa réponse qu’il avait attendue, si bien qu’il ne le croyait pas. Il avait envie de partager ce prochain petit-déjeuner avec lui, malgré ces douze dernières heures passées ensemble, malgré les douze prochaines qui les attendaient peut-être si cette nuit s’éternisait, si le crépuscule laissait place à l’aube. Et heureusement qu’il lui cachait ses traits ; il n’aurait certainement pas voulu entrevoir le rouge qui lui monta aux joues, disgracieux d’un méfait coupable. C’est que la perspective de passer potentiellement la nuit sur le sommet de cette tour n’aurait pas dû le réjouir. C’était contre le règlement qu’il incarnait (et approuvait), contre la bienséance et contre la raison, même. Pourquoi vouloir passer ces douze prochaines heures ici, dans le froid d’une nuit qui se lèverait bientôt, dans l’inconfort d’un sol dur là où les attendaient des matelas moelleux ? Parce qu’il ne se sentait bien qu’ici, justement, dans le froid d’une autre nuit passée avec Sidney, dans l’inconfort d’un sol dur où ils pourraient tendre leurs rêves. Absurde, il était absurde, il aurait dû avoir honte et en vérité il était déjà honteux ; mais subsistait en lui une curieuse résignation, comme une flamme rebelle dans la glace de ses réflexions. Il en avait envie ! Il était heureux ! Il ne l’était jamais, mais à côté du Serdaigle, les brises qui s’engouffraient en guise de prémices du printemps apportaient un vent de renouveau. Il pouvait faire froid qu’il serait bien, il pouvait faire chaud comme à Londres qu’il était bien également, peu importe. Ce n’était pas une question de physique, c’était au contraire une question d’essence. Et la sienne s’égouttait au rythme de celle de Sidney, parfait miroir de qui il était sans pour autant savoir comment briser la glace. Peut-être parce qu’elle n’était pas destinée à être brisée, seulement à refléter leurs silhouettes dans l’espoir un peu fou qu’une fêlure finisse par courir pour laisser entrevoir ce qu’il s’obstinait à retenir ? “Genre d’accord d’accord” répondit-il dans un rire avant de retrouver les prunelles de son camarade, un stupide sourire toujours flanqué sur ses lèvres. “Tu peux avoir ma compagnie quand tu veux.” Il marqua une courte pause, sincèrement persuadé d’avoir conclu cette blague qui dégoulinait pourtant de non-dits. “A la stricte condition que ce droit soit réciproque” ajouta-t-il à sa propre surprise. Le droit de disposer de Sidney quand lui aussi l’espérait. Cette nuit, par exemple. De toute manière, le noir du ciel suffirait certainement à cacher le rose qui pincerait ses oreilles à l’entendre murmurer près de lui.

Et la conversation tourna au gré du vent. De ces aveux amusés pour en ternir la virulence, ils poursuivirent sur Eléonore qui n’était pas là et qui pourtant, emplissait l’espace. C’était le propre des anges de s’envoler pour briller de partout, jusque dans les pires parts d’obscurité. Charles aurait adoré pouvoir reluire de sa clémence. Au lieu de quoi, il devait être trop sombre pour accéder à ce miracle, condamné comme il l’était à un amour qui ne serait jamais vivant, enterré dans une tombe à des centaines de kilomètres de là. Il était incapable d’offrir à la Poufsouffle tout ce qu’elle méritait, un peu comme il ne pouvait donner à Sidney ce qu’il aurait dû acquérir de droit. Il n’était suffisant pour personne, une défaite constante malgré ses envies de réussite. Il avait vraiment voulu construire quelque chose avec elle, il avait échoué, réalisant avec dépit que, quelques mois plus tard, il n’était pas parvenu à ressentir le moindre sentiment pour ses sourires de chérubin. L’admettre était une tâche ardue, le comprendre en était une encore plus délicate. Pourquoi ? Une question sans réponse qui ne lui apportait de fait aucune solution. Un peu comme ce genou contre le sien qui ne voulait rien dire tout en étant pourtant chargé de sens sous son regard fuyant, braqué sur cette connexion. “Mais... t'as pas besoin de raison. T'as le droit de juste plus vouloir. Tu lui as pas juré amour et fidélité éternels, si...?” Charles secoua la tête en signe de négation. Bien évidemment, il ne lui avait jamais rien juré. C’était même à se demander s’il lui avait parlé, une fois ! … Ils étaient doués pour échanger des banalités et pour se réconforter dans les petits coups de mou, en tous cas, elle l’était. Mais lui n’était pas à l’aise dans les échanges, surtout affectueux. Il ne lui avait jamais rien démontré, en dehors d’un premier baiser un peu raté et de quelques caresses de mains maladroites. Nécessairement, c’était lui le problème, lui, le toqué. “Mais t'arrêtes de dire n'importe quoi ?” Charles eut juste le temps de relever les yeux pour apercevoir une petite tache blanche se jeter sur son bras. Il suivit le pop corn qui rebondit pour s’immobiliser sur le drap tendu au sol. Ce ne fut que le ricanement de Sidney qui le ramena à lui, le visage penaud. “T'es pas nul. T'aimes juste pas cette fille. On s'en fout, Charles, sérieux, c'est pas grave ! Elle va faire la tronche deux jours et ira faire les yeux doux à un autre gars, comme toutes les filles de seize ans.” “Tu crois ?” s’entendit-il murmurer alors même qu’il n’était pas le moins du monde convaincu. “Je te jure, c'est comme ça dans toutes les séries... et j'en ai regardé des tonnes ! En vrai, elle s'en remettra. Et toi aussi. Y'en aura d'autres, des avec qui ça matchera mieux, et puis voilà.” Et puis voilà. L’espace d’une seconde, rien que d’une seconde, tout sembla soudain si simple, comme ce petit pop-corn niché entre deux plis du drap. Il suffisait de le prendre et de le remettre dans le seau. Personne ne se serait jamais aperçu qu’il avait fui les rangs… Mais s’il ne voulait pas être mélangé, s’il était parfaitement heureux loin de la troupe, solitaire sur ce drap, en haut d’une tour où il pouvait enfin être lui-même ?

“T'es pas nul” répéta Sidney, le sortant aussitôt du ridicule de ses pensées. “Et tu pourrais quitter toutes les filles du monde les unes après les autres que tu serais pas nul quand même.” Charles esquissa un sourire résolu, parce que dans le fond, il était toujours aussi peu convaincu, mais il remarquait l’effort, mieux, il l’appréciait, il l’adorait, même. Il adorait Sidney, la fermeté de sa réponse tranchée avec la nonchalance de sa posture, les jambes tendues comme pour dégourdir des membres depuis trop longtemps serrés. La netteté de ses paroles qui contrastait avec le flou de sa situation. La sincérité, aussi, qui s’émanait de ce qui ressemblait à un constat. Et puis voilà. Il n’était pas nul, ce n’était pas grave, elle s’en remettra. Il avait le droit d’être différent. “Et si elle est pas débile, elle l'oubliera pas. Et elle gardera en tête que t'es un gars génial. Parce que tu l'es. Et que tu le resteras quoi que tu fasses.” Il voulut répondre quelque chose, même un simple et bête “merci” comme il savait si bien le faire, mais ses lèvres n’en furent même pas capables, soudain secouées d’une émotion qu’il ne s’expliquait pas. “Ok...? Et espère même pas le nier, parce que c'est pas niable.” “Tu le penses vraiment ?” chuchota-t-il presque aussitôt, toujours en décalage avec ses interlocuteurs, toujours déphasé par leur assurance qui n’avait rien de sa transparence. Évidemment qu’il le pensait - il n’avait en vérité même pas besoin de cette confirmation, tout en Sidney suintait cette certitude presque outrancière par rapport au malaise qui l’avait saisi en admettant ses torts. Tout semblait si simple dans sa bouche qu’il avait presque envie d’y croire. Comme si les angoisses autour de lui n’étaient rien d’autre que du pollen rapporté des vallées que demain, l’été écraserait de ses rayons pour réchauffer sa peau palie d’inquiétude. Son rayon de soleil à lui. Sans trop savoir ce qu’il en ferait, Charles se redressa pour reposer sa tasse encore pleine à côté de lui. “Je veux pas toutes les filles du monde” se sentit-il presque obligé de préciser, le regard posé dans celui de son ami à ses côtés. Il n’y avait plus son genou contre le sien, alors il espérait bien repêcher cette connivence dans ses iris. “Je sais pas vraiment ce que je veux” reprit-il dans un souffle, un timide sourire désabusé sur les lèvres. Parce qu’il ne voyait personne à la place de Sidney mais que Sidney était juste son meilleur ami. Même au milieu de la nuit qu’ils n’avaient pas encore passée. Même au milieu de ses rêves les plus inavouables. Charles se recula à son tour pour se poser sur son coude, faisant ainsi face au jeune homme. “Ça aussi, c’est OK, tu penses?” Car s’il n’était pas nul de ne pas vouloir Eléonore, il était peut-être nul d’être encore aussi perdu à son âge quand des Baby, quand des Bella savaient parfaitement ce qu’ils voulaient ? Il consulta les traits du garçon, plus proches à présent qu’il s’était presque allongé à ses côtés. Il aurait bu tout ce qu’il lui aurait dit, pourvu qu’il garde cette douceur assurée de qui brillait autant que l’horizon devant eux.
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Dernière édition par Charles T. Ehrlich le Lun 1 Mai - 18:49, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyLun 1 Mai - 18:37

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ft. @Charles T. Ehrlich & Sidney Driscoll
C'est bizarre de s'étonner encore de quelque chose qu'on nous a pourtant promis. Il y a une vie, au moins, dans une infirmerie trop calme, il m'a dit que cette année serait mieux parce qu'on serait ensemble. Parce qu'on se lâcherait pas. Et si ça n'a pas été évident jusque là, peut-être qu'en fin de compte, c'est exactement de ça dont il parlait. De ces heures à la pelle passées au bord d'un lac, en haut d'une tour, sur une table de bibliothèque... de ces regards complices, amusés, rassurés... de ces sourires un peu gênés, plus parlants que tous les mots du monde... Parce qu'il n'y a qu'à l'écouter rire ou à voir ses yeux se plisser un peu en souriant pour comprendre qu'il a autant de plaisir à passer ces heures avec moi que j'en ai à les passer avec lui... et j'ai beaucoup moins de mal à le croire que s'il se contentait de me le dire, de me le répéter, encore et encore... C'est facile de mentir, ça l'est beaucoup moins d'avoir l'air content à ce point. Ou, en tout cas, j'ai envie de croire que ça l'est pas. Qu'il le fait pas. Qu'il l'est juste vraiment.

Genre d’accord d’accord.

Et le mien, de sourire, se fait immense. Il s'agrandit encore alors que son regard se plante à nouveau dans le mien. J'imagine à peine cette suite qui se dessine pourtant. Le quitter ce soir, cette nuit je sais pas, sur un « à demain » qui sonnera trop vrai pour ne pas réveiller toute l'impatience du monde. Un peu comme cette veille de Londres où j'ai raccroché en sachant qu'on allait se voir, pour de vrai, que ça n'était pas un « à demain » plein d'incertitude, de flou, de manque. Et me dépêcher, demain, de descendre toutes ces marches pour le rejoindre dans la Grande Salle, pour reprendre ces heures sans fin comme si on ne s'était jamais laissés rien que l'une d'entre elles. Et là, quelque part noyé dans ses yeux, je ne peux m'empêcher de me demander ce que ça ferait si on ne se laissait pas. Genre... si on restait là, jusqu'à ce demain. Je me fiche pas mal de pas dormir ou que ce soit pas l'endroit le plus confortable du monde. J'ai pas envie que ça s'arrête.

Tu peux avoir ma compagnie quand tu veux.

Sur mes lèvres se presse un « tout le temps ? » que j'ai le bon sens de garder pour moi. Non. Pas tout le temps. Il a une vie, le pauvre. Déjà, ça fera presque vingt-quatre heures entières. Peut-être même vraiment entières si on reste là. Enfin, on le fera probablement pas... mais ça me fait plaisir de l'imaginer. D'y croire un peu. Juste assez pour ne pas désespérer de sentir les secondes s'enfuir.

A la stricte condition que ce droit soit réciproque.

Je glousse bêtement, à la fois surpris et faussement outré qu'il puisse poser ses conditions alors qu'il est quand même question de la juste rémunération de mon dur travail... ou je sais plus exactement ce qu'il a dit tout à l'heure. Mais mon air choqué tient pas plus de trois secondes avant que je ne hoche la tête, les joues un peu plus rouges que je l'aurais voulu.

Marché conclu, j'accepte finalement en tendant vers lui une main sérieuse et professionnelle. ... mais sache que tu viens de faire salement arnaquer parce que ça a toujours été le cas. T'as qu'à demander, perso j'attends que ça...

Ma voix meurt en même temps que le rire stupide qui l'accompagne alors que je réalise vraiment ce que je suis en train de raconter. C'est la vérité, en soi. Je vis depuis le premier jour pour les petits mots laissés derrière le robinet, ou les notifications de ses SMS sur l'écran pixelisé de mon téléphone, ou ses coucous dans les couloirs... Pour chaque geste, chaque attention, chaque seconde où il se souvient de mon existence. Et puis le reste d'innocence qui pouvait s'accrocher à nous meurt, lui aussi, alors que Charles lâche des aveux qui font l'effet d'une bombe. C'est tout ce que je pensais presque éternel qui explose littéralement devant moi. Il n'aime pas Eléonore. J'ai beau me le répéter, ça sonne faux... et pire que ça, il a l'air au bout de sa vie d'en être arrivé là. Il a l'air sincèrement mal. Comme seul lui pourrait l'être à ce point. Ça me fait de la peine de le voir comme ça... autant que ça me fait de la peine pour sa copine... ou son ex-copine, peu importe. Parce que je sais ce que ça fait de tomber de haut, de se faire lâcher du jour au lendemain par la personne en laquelle on a le plus confiance, la seule qu'on imagine jamais partir... Mais entre elle et lui, le choix est fait, évidemment. Et s'il faut minimiser ce qu'elle risque de ressentir, elle, pour le rassurer, lui, et bah tant pis. C'est la moindre des choses et, dans le fond, un juste retour de bâton. Je n'aurais jamais cherché à foutre le bazar entre eux, mais on ne va pas en plus me demander d'essayer d'arranger les choses ! Alors j'endosse un rôle dont je n'ai jamais voulu et qui ne me va absolument pas et joue les apprentis conseillers sentimentaux pour tenter de faire revenir un sourire, ou un semblant de sourire, sur ses lèvres. Je tâtonne un peu, je me répète, j'ai l'impression d'être ridicule... Mais, pour lui, je m'accroche.

Tu crois ?

Je hoche la tête. …non, bien sûr, j'y crois pas vraiment... Ça se passe comme ça dans les séries mais j'ai eu tout le loisir de me rendre compte que ça n'avait pas grand chose à voir avec la vraie vie. Mais c'est pas vraiment utile de le préciser. Je suis sûr qu'il le sait aussi bien que moi, lui aussi, et que le lui rappeler ne ferait que l'enfoncer. Et y'a rien que je veux moins que ça... Puis, sans trop savoir pourquoi, mon discours se fait plus personnel, plus intime aussi. Il quitte cette idiote pour ne plus le concerner que lui ou presque. Lui et les qualités à la pelle qu'il peut bien avoir. Lui et l'ami incroyable qu'il peut être. Je réfléchis même pas, c'est juste... normal. ...naturel. Je veux qu'il sache que quoi qu'il se passe avec elle, qu'importe la manière dont il s'y prend, il restera toujours aussi génial à mes yeux qu'il l'a été jusque là. Et que si, moi, j'ai pu garder en tête celui qu'il est vraiment, même si ça a été compliqué entre nous, rien ne dit qu'elle ne le pourra pas, elle non plus.

—  Tu le penses vraiment ?
Évidemment, je réplique du tac au tac en levant les yeux au ciel comme si j'étais désespéré à l'idée qu'il puisse poser une telle question.

Je ne pense pas que je serais là si je ne le pensais pas. J'aurais tiré un trait sur ce gars lunatique, capable de me tej pour les beaux yeux d'une connasse – qu'il n'aime même pas, en fin de compte, je vous jure ! – et serais passé à autre chose comme s'il n'avait jamais pris la peine de traverser mon existence. Parfois, je me dis que ça aurait été plus simple… et parfois que je serais passé à côté de la plus belle chose que mes années à Poudlard pourraient m'apporter. Je veux dire... je voulais être un ado comme les autres, avoir une vie normale... et c'est exactement ce qui se passe avec lui. Je me souviendrai toujours de ce moment hors du temps lorsque ma mère a râlé parce que j'avais pas lâché mon téléphone de l'été... et que j'ai réalisé que je lui devais absolument tout. Sûrement que c'est bizarre dit comme ça mais dans les escaliers grinçants, sur le chemin de la cuisine, ça m'a semblé évident. ...une évidence de plus dans la longue liste de celles qu'on a connues, je crois. Je ne sais plus pourquoi j'en suis venu à penser ça... mais ça me fait du bien quand même. Voir le chemin parcouru et le fait qu'on est toujours là, assis côte à côte... J'ai hâte de voir les vacances et l'année prochaine aussi. Et tant pis si Hayden dit – à raison – que je vais en chier, et que ça va être pesant, et que je risque d'en souffrir un peu. J'ai hâte quand même.

Je veux pas toutes les filles du monde.
Non mais je me doute bien que tu les veux pas « toutes », c'était juste une façon de parler !

Je ne peux m'empêcher de rire, stupidement amusé, rien qu'en imaginant mon discret et timide Charles entouré de toutes les filles du monde, à choisir sa copine de la semaine pour pouvoir la jeter ensuite. Ça n'a aucun sens. Mais dans son regard qui me revient, il n'y a pas la même lueur un peu gamine. Mon rire s'éteint mais mon sourire reste. Il se fait aussi rassurant que possible, rempli de « tout va bien » que je ne trouve pas utile de prononcer. Parce que ça aussi, c'est évident. Tout va bien. En haut de cette tour, en tout cas, tout ira bien. Parce que personne ne viendra nous chercher et que la vraie vie ne nous atteint pas vraiment. Pendant quelques heures encore, il n'aura pas à aller  chercher Eléonore pour lui dire que c'est terminé, ni à supporter le mal que ça lui fera sûrement, il n'aura pas à faire face au jugement de qui que ce soit, ni au poids débile des rumeurs dans les couloirs. Il peut juste raconter tout ce qu'il veut en ayant la certitude d'être en sécurité.

Je sais pas vraiment ce que je veux.

Je sais qu'il est sûrement question de quelque chose qui m'échappe mais ça fait tellement écho à des conversations que j'ai eues, avec Blaze, avec Hayden, avec moi, que j'ai du mal à plaquer ses doutes sur autre chose. Et puis, comme à chaque fois, l'enchaînement ne me permet pas de deviner autre chose. Je reste un peu bête. Tellement même que je ne sais pas trop quoi répondre à ça. Venant de n'importe qui d'autre, j'aurais seulement haussé les épaules avant de lâcher un « c'est pas grave, t'as le temps de le découvrir au pire » des plus sincères. Mais il n'est pas n'importe qui d'autre... et tout ce que j'arrive à penser c'est « j'ai dû mal comprendre, c'est pas possible autrement ». Et ça passe en boucle, encore et encore...

Ça aussi, c’est OK, tu penses ?

Je hoche la tête dans un geste instinctif, presque mécanique. L'air se fait rare, non ? Il s'est réchauffé, aussi, vous trouvez pas ? Je me sens mal, ridicule, tellement peu digne de ses confidences. Je plaque sur lui ce que je peux bien penser, moi, ce que je peux bien espérer – je l'espère même pas vraiment ! – sans même chercher à creuser davantage ce qu'il peut bien vouloir dire. Ça fait pitié. Je fais pitié.

Oui, je suis sûr que ça aussi c'est ok.

Le silence retombe. La nuit aussi, doucement, lentement. Le ciel prend de belles couleurs mais je dois me forcer pour les observer tant c'est pas sur elles que j'ai envie de poser les yeux. Un soupir se coince dans ma gorge. J'ose à peine bouger, à peine respirer. Et puis sans trop me laisser le temps de réfléchir, de changer d'avis, de repousser encore et encore, je reprends :

J'ai mis une éternité à savoir, perso. J'aurais voulu avoir l'air plus assuré, que ma voix arrête de trembloter. ...enfin, je savais, je crois, mais j'espérais encore me planter... tu vois le genre ? Ça fait un peu pitié quand même, ahah.

Et même si je fais comme si de rien n'était, je n'en mène pas large. J'ai envie de vomir, d'un coup. Je crois que je pourrai m'évanouir ou me mettre à pleurnicher, aussi... C'est con parce qu'avec Blaze, ça s'est fait presque tout seul... et avec Hayden la question s'est pas vraiment posée... Alors que là, j'ai l'impression de jouer ma vie alors que j'ai même pas eu le courage de dire les choses clairement... P'tain, c'est moi tout entier qui fais pitié plutôt, ouais... Ahah.


Dernière édition par Sidney Driscoll le Lun 8 Mai - 11:28, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyMer 3 Mai - 12:08


THE MOST BEAUTIFUL STAR
La nuit s’élevait lentement au-dessus d’eux, quelque part entre l’horizon cramoisi du soleil et la pointe pâlie du ciel. Vénus, couramment appelée étoile du Berger alors qu’il s’agissait au contraire d’une planète, reluisait déjà dans un coin, petite lueur d’espoir pour qui craignait le noir. Charles se surprit à s’attarder sur son éclat, considérant effectivement que ce n’était pas une étoile, n’en déplaise aux abus de langage. La différence était peut-être insignifiante pour autrui, mais à ses yeux, c’était cette précision qui conférait à cette parcelle de lumière toute sa beauté. Parce que Vénus avait sa propre trajectoire autour du soleil, un parcours déjà tout tracé dans un système solaire où elle n’était qu’une planète parmi les huit autres, petite boule qui n’était même pas la première dans l’alignement, qui n’avait pas non plus la taille la plus grande, qui ne présentait en définitive rien de particulier pour la démarquer d’une Mercure, d’une Jupiter, d’aucune de ses consoeurs ; ce n’était qu’une planète comme il en existait d’autres. Et pourtant, elle était la plus remarquable ici bas. Elle brillait de mille feux, tant et si bien qu’elle se confondait parmi les étoiles, mieux, qu’elle s’illuminait avant les autres, qu’elle était immanquable, particulière, quand bien même elle n’avait rien de particulier. Un constat certainement anecdotique qui lui vaudrait la moquerie de ses camarades, mais qui pour Charles, ce soir, scintillait autant que la lueur de Vénus devant ses yeux. Il y avait une forme de poésie dans l’Astronomie, qui réunissait la raideur scientifique et l’imaginaire fantastique. C’était inspirant et il avait justement besoin de respirer. L’espace d’un instant, Charles se sentit plus détendu, ses épaules s'affaissèrent même une seconde comme il aurait oublié de se crisper pour tenir bon. Dans le fond, il n’avait plus vraiment besoin de tenir bon, sur cette tour. Son regard glissa sur Sidney à ses côtés. “Marché conclu” répondit ce dernier en lui tendant la main en symbole professionnel. Charles esquissa un sourire amusé avant d’accepter cette main dans la sienne. Il en oublia même qu’il n’avait pas son gant, que c’était la peau de Sidney qu’il touchait à même son épiderme, trop occupé à soutenir son regard. “... mais sache que tu viens de faire salement arnaquer parce que ça a toujours été le cas. T'as qu'à demander, perso j'attends que ça…” Si le Poufsouffle éclata de rire à la mention de l’arnaque dont il avait été si facilement victime, sa voix retomba au même moment que celle de Sidney. Soudain, leur regard n’émana plus la même aisance, et Charles oublia de respirer une seconde. “Je demanderai sans hésiter” s’entendit-il répondre dans un souffle qui aurait probablement pu être le dernier si leurs mains ne s’étaient pas déliées d’elles-mêmes. Ses doigts se mirent à le picoter comme s’il avait été foudroyé. “Ça aussi, c’est marché conclu” conferma-t-il avant de détourner le regard. C’est qu’il craignait soudain que ses yeux reflètent les mêmes éclairs qui venaient de le transpercer.

La tension ne retomba évidemment pas. Il aurait été illusoire de l’espérer quand le sujet abordé concernait ses sentiments envers Eléonore, d’une part parce que cette dernière n’était certainement pas son sujet de prédilection avec Sidney au vu des conflits qui les séparaient, d’autre part parce que Charles n’était clairement pas à l’aise avec l’expression franche de ses pensées. Il préférait tout retenir à l’intérieur, car tant que c’était enfermé en lui, rien n’était encore réel, il subsistait une petite chance d’erreur, une probabilité infime de s’être trompé dans son raisonnement. Il pouvait penser les choses les plus abstraites puisque rien n’était franchement concret. Néanmoins, il parvint à déballer ses idées avec une facilité qui le déconcerta lui-même. Il hésita, buta sur plusieurs mots, mais réussit tout de même à couler ses sentiments dans le béton, si bien que ce dernier se solidifia sur une vérité désormais bien tangible. Il n’aimait pas Eléonore, sans rien avoir à lui reprocher - il ne l’aimait pas, point final. En effet, ce qu’il ressentait n’était en rien de l’amour, du moins, pas celui auquel aspirait la jeune fille. Il aurait voulu être son plus fidèle ami, continuer à la voir sur le banc du parc sous les feuilles mortes de l’automne pour la rassurer et être rassuré, car elle avait une voix qui l’enveloppait plus chaleureusement encore que ses étreintes, car elle avait des allures d’ange protecteur et qu’il aurait tout fait pour la protéger en retour. Mais il voulait que cette relation s’arrête à leurs lèvres, qu’elles ne s’ouvrent que sur des confessions et non contre leur propre bouche. Cette seule pensée le redressa, loin de sa détente précédente. Il n’avait tout bonnement pas envie de l’embrasser et s’il parvenait généralement à échapper à ces démonstrations affectives, il ne pouvait pas la rejeter sans cesse. Le tout sans savoir précisément ce qui le dérangeait. Il se sentait anormal, monstrueux, même, de ne pas accepter dans sa vie un ange comme elle. Quelque chose devait clocher chez lui - mais Sidney arrêta d’une voix ferme ses préoccupations, assurant que non, que ça arrivait, qu’il n’était pas nul et mieux, qu’il était même un gars génial. Charles ne le croyait pas ou plus exactement, ne voulait pas le croire puisqu’il avait tout de même une confiance inébranlable en ce Serdaigle qui ne lui avait jamais menti. C’était trop dur de comprendre que ses doutes étaient seulement trop forts, qu’il n’était pas la bête noire qu’il s’était figurée ces derniers mois. La nuit montait doucement au-dessus d’eux et Vénus brillait plus fort encore. Quelques étoiles, peut-être jalouses de son aura, commençaient à pointer autour d’elle. Charles demanda d’une petite voix si Sidney pensait vraiment toutes ces choses. “Évidemment” répliqua-t-il sans le moindre doute. Charles esquissa un sourire avant de reporter son attention sur Sidney à ses côtés, lequel leva les yeux au ciel en signe d’agacement. Son sourire s’élargit à cette vision. Evidemment sonnait bien entre ses lèvres. L’exaspération de ses traits, quant à elle, avait quelque chose de réconfortant.

Le réconfort avait cependant un goût d’interdit, et pour cause : avait-il réellement le droit à tous ces encouragements quand il lui semblait ne pas avoir été tout à fait honnête ? S’il avait su développer le sujet de ses sentiments envers sa petite-amie (et ce mot serra douloureusement son ventre), si le ciment frais s’était déjà durci autour de quelques vérités, il ne se sentit pas soulagé pour autant. C’est que le sujet était en vérité plus complexe encore, du moins, c’est ce qui se dégageait de tous les troubles qu’il ressassait sans cesse dans le château. Il n’était pas question que d’Eléonore, il le savait puisque ses pensées allaient encore au-delà de la jeune fille. Il était incapable de cerner clairement la problématique et par conséquent, de projeter des hypothèses ; mais ces aveux étaient inachevés, nécessairement. Le cas échéant, il n’aurait pas continué à se sentir aussi agité. Ses angoisses auraient rampé en arrière pour retourner à son dortoir le temps de parler à Eléonore, sans poursuivre leur valse sous ses yeux fuyants. Il s’entendit préciser qu’il ne voulait pas toutes les filles, dans la mesure où effectivement, aucune de leurs camarades ne venait à son esprit quand il s’imaginait avec une autre compagnie. Même la jolie Bella, qui avait été si charmante lors de la Saint Valentin… Il ne voyait en elle qu’une autre Eléonore, ce genre de fille de toute évidence idéale avec qui il n’avait pourtant pas envie de passer tout son temps, avec qui son ventre se serrait encore à la seule pensée de frôler leurs doigts. Il se sentait coincé avec la Poufsouffle, il se sentirait tout aussi pris au piège avec Bella. Il n’y avait qu’avec Sidney, en vérité, qu’il se sentait si libre. “Non mais je me doute bien que tu les veux pas « toutes », c'était juste une façon de parler !” Sidney appuya sa remarque d’un rire et Charles étira un sourire juste pour la forme. Il se doutait bien tout en se doutant mal. Et lui-même ne se doutait pas vraiment de quoi que ce soit. Seulement d’une curieuse forme de mal être qui n’avait pas de sens quand on venait enfin d’expier ce qui pesait. Peut-être parce qu’il s’agissait d’un malaise plus global, plus généralisé, et il précisa ainsi qu’il ne savait pas vraiment ce qu’il voulait et pour preuve, il ne savait même plus quoi penser. Il chercha naturellement l’approbation de son ami, comme pour s’entendre dire que oui, c’était normal aussi d’avoir des moments d’incertitude sur tout, qu’il n’était pas fou de se sentir mal quand tout aurait dû aller, à présent. “Oui, je suis sûr que ça aussi c'est ok.” Sa voix fut douce et Charles laissa échapper un triste sourire. Ça faisait du bien à entendre. Sans rien panser, c’était juste ce qu’il lui fallait, là, à demi-allongé sur cette tour que contemplait docilement Vénus là-haut. Qu’est-ce qu’il aurait donné pour être à son image. Commune et sans relief, brillante et unique.

“J'ai mis une éternité à savoir, perso” poursuivit soudain Sidney, d’une voix hésitante. Charles tourna son regard sur lui, mais il lui préférait les ombres des premières étoiles. “...enfin, je savais, je crois, mais j'espérais encore me planter... tu vois le genre ? Ça fait un peu pitié quand même, ahah.” Son cœur manqua un battement et son sang afflua violemment sur ses joues, soudain aussi rouges que l’horizon quelques minutes plus tôt. A sa propre stupeur, tout sembla soudain faire sens, dans un alignement brutal comme s’il venait de trouver un emboîtement cohérent pour toutes les pièces jusque-là confusément disséminées dans son esprit. Il avait sa problématique, il avait son hypothèse, et Sidney lui offrait même la conclusion. C’était logique, mais fulgurant, et le raisonnement était trop profond pour ne pas lui laisser un violent sentiment de vertige qui se dessina dans ses traits encore rougis d’émotion. “J-je…” Rien d’autre ne s’échappa de ses lèvres, ni même de son regard soudain figé sur la tasse fumante qu’il avait laissée de côté. Après l’afflux de pensées, le vide. Un silence démesuré qui bourdonnait plus encore que le fouillis cacophonique de ses inquiétudes précédentes. C’était terrifiant et il avait envie de pleurer, au sens premier du terme : il aurait voulu pleurer pour exprimer cette peur panique qui lui paralysait les membres. Mais il n’y parvint même pas, les yeux à peine brillants, comme si son corps refusait expressément ce que son cerveau lui hurlait. “Je vois totalement le genre” acquiesça-t-il finalement en hochant la tête. Et c’était bien ça le plus effrayant. Il se demanda dans une seconde de lucidité folle s’il avait mal compris, s’il était possible qu’il ait inventé la tournure de cette conversation et s’il n’était tout bonnement pas en train de repartir dans l’une de ses énièmes surinterprétations qui le mettaient toujours dans cet état d’angoisse. Non. Il savait qu’il avait raison, il sentait qu’il était dans le juste. Ce n’était pas simplement de la peur, c’était une certitude froide, si froide qu’elle anesthésia son ébullition pour le laisser sonné. “Et… ça fait pas pitié, tu sais. T’as été super courageux de finir par l’admettre.” Sa voix s’enroua mais il eut du mal à déglutir, laissant dans sa gorge une sensation serrée alors même qu’il ne pleurait toujours pas. “Mais c’est pas…” C’est pas mon cas ? La bonne blague. Il pouvait être mortifié, il ne pouvait cependant pas être de mauvaise foi. Il n’avait jamais été de mauvaise foi… Et de toute évidence, il n’y avait aucun sens à faire machine arrière maintenant. Encore moins pour Sidney qui venait de lui faire une confession qu’il se devait de protéger. Il connaissait son ami et il était hors de question de ne pas être à sa hauteur, aussi misérable se sentait-il de tous ces sentiments contradictoires qui popaient ça et là dans son esprit comme les petits pop-corns enrobés de caramel entre eux. “Comment… Comment t’as su ? Y a eu un déclic ?” Ou une explosion, peut-être ? A l’image de la sienne qui le laissait ainsi assommé, figé dans sa posture, les yeux osant à peine croiser ceux de Sidney, préférant considérer son corps comme s’ils pouvaient ainsi omettre qu’il était tout proche de lui. Il ne comprenait pas comment la situation avait pu lui échapper à ce point. Tout avait été dynamité en quelques phrases, dans une détonation plus éclatante encore que Vénus qui semblait désormais bien dérisoire parmi l’élégance des étoiles au-dessus d’eux.
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyLun 8 Mai - 13:30

the most
beautiful star

en tout bien tout honneur
ft. @Charles T. Ehrlich & Sidney Driscoll
Et les doigts de Charles se resserrent autour des miens comme nos rires autour de nos bêtises. La chaleur de sa main me fait baisser les yeux, presque machinalement, et je ne peux m'empêcher de rougir en remarquant qu'il n'a pas ses gants. C'est pas la première fois, en soi, mais je crois que c'est la première fois qu'il y a un geste aussi franc entre nous sans qu'il soit « protégé »... En vrai... je crois que c'est la première fois qu'il y a un geste aussi franc entre nous tout court. Je me souviens de notre première conversation, dans les toilettes... de la distance, de cette poignée de main qui ne nous serait juste jamais venue à l'idée... de nos regards échangés au travers du miroir parce que c'était plus facile que d'avoir à le faire en face... Si on m'avait dit qu'on en arriverait là, un jour, je suis pas sûr que je l'aurais cru. Et pourtant... je vois pas trop comment ça aurait pu en être autrement. Du moins, jusqu'à ce que je fasse encore n'importe quoi. Ma voix s'éteint, remplacée par une panique que j'arrive pas à faire taire. Moi non plus, j'arrive pas à me faire taire. J'ai l'impression de faire que des pas de travers, ce soir, d'être le roi des abrutis. Je voulais juste qu'il passe une bonne soirée et je suis en train de tout gâcher.

Je demanderai sans hésiter.

Je hoche la tête, intimidé. J'aime bien l'idée. Sa main lâche la mienne sans même que je le réalise, trop occupé à me rendre compte qu'il n'est pas en train de prendre la fuite alors qu'il aurait toutes les raisons du monde pour le faire. Le froid se fait sentir, des picotements engourdissent le bout de mes doigts, je regrette que ça ait été si court sans oser me dire que j'aurais voulu que ça dure plus longtemps. Et mon bras retombe mollement le long de mon corps, le souvenir de sa peau contre la mienne y diffusant une douce chaleur.

Ça aussi, c’est marché conclu.

Son regard m'échappe alors que je hoche la tête une nouvelle fois et je ne trouve rien de mieux à faire que de l'imiter, observant avec un intérêt à l'agonie l'inégalité des pierres à moitié recouverte par la couverture. C'est un moment bizarre. Pas désagréable pour un sou sans être très agréable pour autant. Gênant tout en m'ayant l'air presque normal. Bien sûr, j'aurais dû me taire, bien sûr, j'aurais dû lui éviter ça. Mais en même temps, c'est un malaise à l'image de notre relation, je trouve. On a eu ça tout le temps. Depuis le début. Des moments de flottement où on sait pas comment réagir... et d'autres suivent avec ses aveux. Si j'avais pu m'attendre à plein de trucs, je me serais jamais à ça. Parce que tout ce qu'il a dit jusque là ne collent tellement pas à cette fin brutale que ça a presque l'air de sortir de nulle part. Eléonore était belle, drôle, intelligente, rassurante, toujours là pour lui, une fille adorable, parfaite, dont il ne fallait dire aucun mal et incapable du moindre truc douteux... et là, d'un coup, sans vraiment chuter de son piédestal, elle n'était plus assez parfaite pour s'attirer l'amour de son petit copain. Il y a sûrement quelque chose qui m'échappe. Une étape que j'ai loupée... je sais pas... Mais, même sans tout comprendre, je m'applique à jouer le rôle qu'il attend de moi. À être une oreille attentive, une épaule sur laquelle s'appuyer... J'essaye de le rassurer comme je peux, sans lâcher un « cheh ! » à l'attention de cette garce qui a essayé de ruiner notre amitié... parce qu'en vrai, je le pense même pas, ce « cheh »... même s'il serait mérité. J'ai de la peine pour elle. Je sais même pas si elle s'y attend ou si ça va lui tomber dessus comme ça a été le cas pour moi lorsqu'il m'a écrit en mode « j'ai plus besoin de toi maintenant que je l'ai elle, bon courage pour la suite »... J'espère qu'elle a compris ce qui se tramait. Qu'elle tombera pas de trop haut... ou au moins qu'elle aura quelqu'un pour la rattraper. Mais je n'ai pas vraiment le temps de m’apitoyer sur son sort : Charles a besoin de moi. Et je suis assez fier de le voir esquisser un sourire alors que j'affirme une fois de plus que c'est quelqu'un de bien et qu'il le restera même après avoir largué sa pouffe. Un poids quitte mes épaules. J'ai l'impression d'avoir fait quelque chose de bien. D'avoir été utile. Mieux ! De lui avoir été utile, à lui. Et puis d'un coup, sans prévenir, le drame. Quelques mots balancés au détour d'une énième confidence. Il sait pas ce qu'il veut. Ça fait écho au « je suis perdu » d'un Blaze plus humain que je l'ai jamais vu, aux secrets partagés avec Hayden... à cette lutte stupide pour ne pas avoir à poser les yeux sur la vérité... J'ai envie de fuir, de disparaître sans écouter un son de plus venant de lui. Le malaise revient. J'ose à peine bouger. Mon cœur bat n'importe comment, mon cerveau tourne au ralenti. Il a l'air mal. Je le comprends. Je le comprends trop bien. Et je crois que j'aurais aimé quelqu'un soit là, pour moi, juste pour me dire « je suis passé par là, t'inquiète, ça va bien se passer »... Blaze a eu presque ce rôle-là, cette main tendue, rassurante... Parce que même sans partager tout ça, il a au moins eu le mérite de me faire comprendre – lentement, péniblement – que c'était pas grave. Alors, avant d'avoir eu le temps de changer d'avis, je me risque à être cette personne, à avouer enfin ce que j'aurais dû lui dire il y a des mois déjà, alors qu'on quittait Poudlard pour rejoindre le lieu de la Saint-Valentin. J'ai mal au ventre. J'ai peur, en réalité. C'est stupide, j'en ai bien conscience, mais c'est plus fort que moi. J'ai pas envie que ça change quoi que ce soit entre nous, je veux pas qu'il s'imagine que j'attends quoi que ce soit de lui... c'est pas vrai. Je veux juste qu'il réalise qu'il est pas tout seul à avoir douté, à s'être posé des questions... et qu'on survie quand même, même si on obtient pas les réponses qu'on espérait à la base.

J-je…

Je crois que j'aurais encore préféré qu'il réponde rien ou qu'il change de sujet. Oui, c'est ça, j'aurais voulu qu'il fasse comme si j'avais rien dit. Je n'arrive pas à savoir comment interpréter cette hésitation et ça me met plus mal à l'aise encore. Je m'agite nerveusement sur mon coussin, je pose les yeux n'importe où tant que c'est pas sur lui. J'aimerais disparaître. Revenir en arrière. Faire comme si ces dernières secondes n'avaient jamais eu lieu.

Je vois totalement le genre.
Oh...

Ce n'est rien d'autre qu'un souffle étrangement soulagé. Il n'y a pas ni rejet ni jugement. Je recommence à respirer.

Et… ça fait pas pitié, tu sais. T’as été super courageux de finir par l’admettre.

Sa voix a quelque chose d'inhabituel qui ravive mon angoisse. Ça sonne bizarrement. Presque un peu... je sais pas... comme un patpat. Comme s'il essayait d'être gentil, de pas me blesser, de me brosser dans le sens du poil... comme s'il le pensait pas vraiment, en fait. Je hausse les épaules alors que je ramène maladroitement mes jambes contre mon torse.

Mais c’est pas…

Il n'y a pas de fin mais je crois que j'en ai pas besoin. Mes bras se resserrent autour de mes genoux. « Mais c'est pas ce que je voulais dire », « mais c'est pas pareil pour moi », « mais c'est pas quelque chose que je peux accepter chez mon meilleur ami »... Je me sens vide, un vide soudain, douloureux. Chaque respiration fait plus mal que la précédente. J'aurais jamais dû rien dire. Je savais que c'était pas une bonne idée. Depuis le début, je le sais... Mais je pensais que... que quoi, d'ailleurs ? Que c'était le bon moment ? Que c'était ce qu'il avait envie d'entendre ? Tu parles ! Ma gorge se remplit d'aiguilles, mon lacet défait devient un peu flou.

Comment… Comment t’as su ? Y a eu un déclic ?

Je hausse les épaules à nouveau. Je sais même pas quoi répondre. Je sais même pas ce qu'il veut entendre.  N'importe quoi qui puisse lui assurer qu'il n'a pas en s'en faire, que je le vois bien comme un ami, rien que comme un ami...? Je me mords nerveusement la lèvre, comme si j'essayais de me retenir de mentir. Pourtant, ça ressemble à la seule bonne réponse possible... Nous tirer de cette tension bizarre, là... Ma nausée se fait plus forte alors qu'un nouvel haussement d'épaules.

C-c'est Blaze qui l'a remarqué, je lâche d'une voix blanche, presque désincarnée. Je ne mens pas. Je me contente juste de le rassurer. De pas le perdre. ...soit disant parce que... 'fin... parce que je le regardais dans les vestiaires...

Je n'arrive pas à savoir si je suis rouge comme une tomate ou blanc comme un linge... En tout cas, je suis sûr d'être à deux doigts du malaise. Je resserre mon emprise sur mes jambes pour pas laisser mes  mains trembler. Je déteste cette conversation et je me déteste plus encore d'en être à l'origine... J'aurais voulu que ça se passe autrement. Pouvoir être honnête. Ou mieux : que ça se passe pas. Mais au lieu de ça, je reprends, plus bas encore :

Il en a joué un moment... ...au début je niais mais... 'fin... c'était ridicule... J'avais juste l'air d'une ado débile qui voulait pas admettre qu'elle crushait...

Je m'efforce de lâcher un petit rire qui n'a rien d'amusé mais qui espère encore donner le change, un « ahah » si pitoyable que je me voûte un peu rien qu'à l'entendre. Mais au moins, j'ai essayé de sauver les meubles... Blaze, juste Blaze, rien que Blaze... Passer pour un abruti fini, peut-être, mais au moins pas massacrer notre amitié...
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Message(#) Sujet: Re: The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY The most beautiful star — CHARLES & SIDNEY EmptyVen 19 Mai - 15:52


THE MOST BEAUTIFUL STAR
Ce que Charles aimait le plus dans ses entrevues avec Sidney, c’était le réconfort qui s’en dégageait. Comme un cocon familier tissé par une personne qui en vérité, n’en savait pas tant que ça sur lui. Mais il lui semblait que le Serdaigle le connaissait malgré tout réellement, ou tout du moins assez pour lui apporter précisément ce dont il avait besoin. Chaque rencontre était une bouffée d’air frais quand il ne parvenait plus à respirer, et du sommet de cette tour balayée par un vent régulier, il lui semblait être suffisamment à l’aise pour en révéler un peu plus. Bien plus qu’il ne s’en admettait lui-même. D’Eléonore à son mal-être, de son mal-être à son égarement, il n’eut plus vraiment de limite, perdu dans un espace-temps de toute évidence suspendu dans le regard près du sien. Du pop-corn, un thé fumant, du silence. Des oreilles attentives à tous ses non-dits, des yeux qui sondaient ses traits avec une neutralité bienveillante dont il ne faisait même pas preuve envers son propre reflet. Il se demandait parfois, souvent, s’il méritait ce regard. Probablement pas, le sentiment de sécurité qui s’en émanait était trop agréable, comme s’il n’appréciait Sidney que pour cette bulle qu’il lui offrait. Dans le fond, il était bien égoïste de l’avoir en ami et il lui semblait de fait ne pas pouvoir lui renvoyer tout ce confort en retour, alors qu’il n’aspirait qu’à ça. A croire qu’il était mauvais pour tout, qu’importe qu’il soit le premier de sa classe et qu’importe qu’il ait été choisi en Préfet. Il étouffait sur une tour qui respirait la liberté, il avait chaud dans un pull ouvert. En décalage constant, en retard, même sur ses propres réflexions qu’il déliait à tâtons, incapable de comprendre où il s’aventurait en avançant ainsi dans ses confidences. Mais bien sûr, Sidney était là, Sidney était génial, et il le prit par la main dans ses secrets pour le guider précisément là où il devait aller. Charles resta sonné de cette direction, contemplant d’un air hébété le visage de son ami qui lui racontait ses propres incertitudes qu’il avait fini par surmonter. La surprise se brouilla progressivement en une admiration silencieuse, reluisant jusqu’au tréfond de son regard figé sur lui. Ses doutes s’étaient dissipés de la confiance de Sidney, cette jolie confiance qu’il ne pouvait que regarder, incapable du courage de son ami. Il lui signifia ainsi qu’il ne faisait pas pitié, bien au contraire, qu’il en fallait du cran pour affronter ses interrogations comme ça - et il enchaîna dans une vulgaire tentative de fuir, parce que c’était encore ce qu’il savait de faire de mieux en matière d’audace. Mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge, comme son propre corps l’aurait empêché de faire marche arrière. Sidney lui avait montré la voie. Il n’y en avait pas d’autres si c’était lui qui le guidait. Il redoutait cette progression ; mais il aurait toujours confiance en ce garçon qu’il l’avait mis à l’aise d’un simple regard croisé dans un miroir presque deux ans plus tôt.

Il lui demanda par pure curiosité comment il était parvenu à cette conclusion qui lui semblait encore à des milliers de pas de lui tout en étant droit devant eux, dans un horizon à la fois lointain et terriblement proche, et Sidney ramena ses jambes contre lui comme sur la défensive. Peut-être avait-il froid ? C’était absurde ; il mourait de chaud pour sa part, aussi bien dans ses veines que sur sa langue qu’il avait brûlée contre son thé délaissé à côté de lui. Le Serdaigle haussa des épaules et l’admiration dans les yeux de Charles brilla peut-être un peu plus fort encore. Il aurait aimé cette désinvolture au lieu de l’ébullition qui lui brûlait l’âme. “C-c'est Blaze qui l'a remarqué” annonça alors Sidney d’une toute petite voix. “Blaze ?” répéta-t-il bêtement sur le même ton. “...soit disant parce que... 'fin... parce que je le regardais dans les vestiaires…” Son ventre se noua et Charles se redressa en conséquence, ramenant à son tour ses jambes contre lui. La sensation de plomb dans son estomac le porta à resserrer la mâchoire, non, vraiment, il était impossible qu’il aille plus loin, ne pouvaient-ils pas faire une pause ? Il ferma les yeux une brève seconde de trop pour que ça semble naturel, pour que ça reste de l’ordre d’un simple battement de cils. “Ah. OK. Mais, euh, c’était pas vrai, du coup ?” s’entendit-il demander d’une voix qui feignait la neutralité quand ses lèvres tremblaient littéralement de devoir retenir son cœur. L’idée qu’un adolescent aussi immature et malsain que Blaze sous-entende quoi que ce soit d’infondé sur Sidney lui était révulsante, révoltante, même, s’il n’avait pas été aussi lâche. Qu’il s’en prenne à tous ces fous de sang-purs, à tous ces tarés qui cohabitaient impunément avec eux ; mais pas à des gens aussi gentils que Sidney, pas à des gens qui ne méritaient que la douceur du pop-corn caramélisé et l’amusement de sourires puériles dans les portes des métros pour passer le temps. “Il en a joué un moment... …au début je niais mais... 'fin... c'était ridicule... J'avais juste l'air d'une ado débile qui voulait pas admettre qu'elle crushait…” “Ah oui, donc c’était vrai” conclut-il aussitôt, laissant à peine le temps à Sidney de terminer sa phrase. Le plomb n’était plus lourd, il était en fusion, irradiant dans son ventre une sensation de brûlure qui le mit mal à l’aise. Il était en colère contre lui-même, de se reconnaître malgré lui dans ces confidences, il était en colère contre Blaze, de jouer de ses sentiments, de susciter tout ça en un Sidney qui valait infiniment mieux, et il était en colère contre Sidney, aussi, de lorgner sur un gamin quand il aurait pu réclamer tellement plus, un amour réciproque, un amour sincère. Aimait-il Blaze ? La question resta suspendue à ses lèvres alors que son regard se posa timidement sur le profil du jeune homme. Peut-être. Et dans cette incertitude pesaient toutes les craintes du monde, en équilibre précaire entre un non qui l’aurait soulagé de ses pires maux, et un oui qui aurait vidé toute l’atmosphère de son oxygène.

“Un jour, j’ai vu mon coloc, tu sais, Baby, en train de se changer et… Ben, je crois que j’ai regardé, aussi.” Il n’était pas sûr de savoir ce qui avait délié sa langue, ni même d’avoir vraiment énoncé ça à voix haute, et peut-être bien qu’il était même en train de rêver, et que cette rencontre n’avait jamais eu lieu, que Sidney n’était potentiellement pas amoureux du pire salaud de cette école et qu’il n’était pas lui-même en train d’admettre qu’il avait ressenti un petit quelque chose à la vue de son colocataire torse nu. Peut-être. Un oui ou non qui n’avait en vérité plus d’importance. Comme si toute cette anxiété qui avait pulsé en lui jusqu’alors venait brutalement d’éclater au-dessus d’eux, sous la chaleur des rayons du soleil, sous le froid de la hauteur de cette tour. Il ne se sentait pas serein pour autant, mais il ne se sentait plus chassé par quoi que ce soit, au contraire. Il venait de mettre de la distance entre ses préoccupations et son avenir, parce qu’il avançait, à présent, dans l’ombre d’un ami à qui il aurait voulu poser mille questions tout en se contentant respectueusement de ses silences. “Mais, je veux dire, il s’est déshabillé devant moi, aussi, et… Et tu crois que ça veut dire quelque chose… Toi qui sais… ?” Sa voix avait pâli au même titre que sa peau au fur et à mesure de ses mots. Il attrapa soudain sa tasse et pour en boire une longue gorgée. Le thé était désormais un peu moins chaud, ses pensées, plus nettes. Bien sûr qu’il ne rêvait pas, et quelque part, bien sûr qu’il avait bien fait d’admettre tout ça. Il n’était pas sûr qu’il s’agisse d’un épisode particulièrement significatif, après tout, c’était peut-être, peut-être une simple coïncidence, il avait regardé au mauvais endroit au mauvais moment et avait eu un coup de chaud par pur hasard - mais Sidney venait d’admettre tellement rien que pour lui, quand bien même il détestait ce qu’il avait entendu et l’image superposée de Blaze à l’intimité de cette conversation qu’il aurait voulu savoir n’appartenir qu’à eux sur cette tour, qu’il avait été obligé de lui offrir un secret en retour. Un secret, une anecdote ? Quelle importance. Il devait faire un effort dans cette course effrénée où il avait perdu le souffle, s’il voulait tenir le rythme de Sidney. Et il le voulait désespérément, parce que s’il se savait en retard pour tout et pour tout le monde, il refusait de perdre le Serdaigle de vue. Il voulait avancer à sa cadence, un pas après l’autre, parce qu’il n’y avait qu’avec lui qu’il se sentait réellement lui-même. Mal à l’aise, terrifié, mais confiant, malgré tout, de ce lien entre eux et de cette avancée. Il avait été paralysé si longtemps dans sa vie. Il lui fallait apprendre à marcher à nouveau, et il n’y avait qu’avec lui qu’il pouvait ainsi se sentir prêt.
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