Grosse journée pour Maxwell qui avait accepté de travailler toute la journée … mais cela était obligatoire pour se libérer sa soirée et la fin de son weekend pour Carla. En effet, grâce à Merlin, les emplois du temps des deux jeunes adultes s’étaient accordés pour qu’ils puissent passer tout un weekend ensemble. Depuis le début de l’année scolaire, il n’avait pas été tout le temps très facile de se voir. La plupart de ses weekends étaient pris par le travail : en effet c’était souvent le samedi et le dimanche qu’ils avaient le plus du monde au bar, et Max ne pouvait pas poser des jours de congés dés qu’il le souhaitait. Quant à Carla, elle se donnait corps et âme pour son stage au Ministère de la Magie. C’était une fille brillante, et forcément elle mettait donc toutes les chances de son côté pour mener à bien ce nouveau challenge que lui offrait la vie.

Mais il fallait l’avouer, c’était un peu étrange de ne pas avoir Carla autour de lui à portée de main. Après tout, pendant sept ans (ou presque), ça avait été le cas à Poudlard. Il pouvait la voir au détour d’un couloir, la croiser dans le parc, partager les mêmes cours avec elle … La vie d’adulte lui offrait une perspective très différente de ce dont il avait l’habitude. Cela faisait maintenant quelques semaines qu’ils ne s’étaient pas vus : la dernière fois étant pour les fêtes de noël. Et il avait l’impression que cela faisait une éternité …

La journée s’était bien passé, et il ne lui restait désormais qu’une petite heure à faire au bar avant de pouvoir ranger son tablier. Carla ne devrait pas tarder à arriver non plus. Et étrangement le garçon stressait un peu. Ce n’était clairement pas dans ses habitudes … Mais peut être était-ce le fait que tout ait changé … Le fait aussi que Carla avait une toute nouvelle vie à Londres loin d’ici, loin de lui, dont il ne connaissait pas tout, pas tous les détails. À tout moment, elle allait peut-être enfin se rendre compte qu’elle méritait bien mieux que sa personne. Après tout elle était une fille intelligente et ambitieuse. Et Londres grouillait surement aussi de type qui lui ressemblait bien plus que lui mentalement. Il secoua la tête … depuis quand lui arrivait-il de douter de lui de la sorte ? Ce n’était pas dans ses habitudes.

– Mon vieux Gayle, désolé de bousculer tes habitudes, mais il faut faire de la place pour la plus belle.

Elle était là désormais dans son bar, prête à passer le weekend avec lui. Et Maxwell n’avait pas perdu de temps pour virer l’un de ses habitués de sa place pour qu’elle puisse s’installer tranquillement en attendant que le garçon ne finisse ses quelques minutes de travail. Il lui adressa un petit sourire et un clin d’œil. Puis il disparut dans l’arrière-boutique pour se débarrasser de son tablier et de son tee-shirt qui lui servait d’uniforme. Il enfila à la place une chemise bleu ciel qu’il avait pendu là quelques heures plus tôt pour ne pas la froisser. Il se remit un peu de parfum, et l’instant d’après il était ressortit transformer, plus beau et plus frais. Il attrapa une bouteille derrière le bar, en faisant un petit signe de « capitaine » à son patron avant d’entrainer la jeune fille avec lui à une table un peu plus loin pour pouvoir boire un verre et se retrouver enfin. Et il avait oublié les verres … oups … il fit un signe à la jeune femme pour lui dire qu’il revenait et se dépêcha d’aller en attraper deux avant de revenir presque aussi vite en sa compagnie.

– J’ai prévu un weekend digne de ce nom. Prépare-toi à être subjugué par une imagination débordante et un charme incroyable.

Annonça-t-il en ayant visiblement retrouvé son assurance à toute épreuve. Il lui servit un verre, puis versa le liquide dans le sien. C’était complètement stupide d’être nerveux, non ? Il était complètement maboul ? Son cerveau avait disjoncté ou quoi ? Ce n’était pas comme si c’était la première fois qu’il se retrouvait en tête à tête avec Carla … Ridicule. Mais garder la face, ça il savait le faire.

– Alors Londres ? Tes collègues sont toujours aussi sympas ?

Oui ça c’était subtile et innocent, donc ça passait tranquillement, n’est-ce pas ? Mais en s’entendant parler, Maxwell ne pouvait que s’imaginer les pensées de Carla. Elle allait peut être le prendre pour un débile à commencer une conversation de cette manière comme s’ils étaient à un premier date ou à un entretien d’embauche …

– Le vin est bon, hein, genre sucré mais qui pétille sur la langue … intéressant.

Mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?

@Carla P. Yaxley

Elle était arrivée toujours aussi ravissante d’ailleurs. Et la nervosité du garçon avait refait surface. Heureusement maintenant qu’ils étaient adultes et en dehors de Poudlard, ils pouvaient boire à leur guise dans un milieu social. Chose qu’avait évidemment prévu Max en attrapant une bouteille derrière le bar. Il fallait bien qu’il y ait quelques avantages à passer les trois quarts de son temps dans ce bar, n’est-ce pas ? Il ne put s’empêcher de sourire en la voyant devant lui. Il se rendait compte qu’elle lui avait drôlement manqué ces dernières semaines. Il aimait évidemment bien travailler ici mais être loin de Carla était une chose dont il avait peiné à prendre l’habitude, encore maintenant d’ailleurs. Elle ne faisait plus totalement parti de ce monde, dans le sens où ils n’étaient plus en permanence dans le même lieu de résidence et ne pouvaient donc pas se voir dés qu’il en avait envie. Mais pour ce weekend, il s’en accoutumerait. Après tout, pour une fois, ils pouvaient passer l’entièreté de ces deux jours ensemble sans parasite extérieur.

Pour essayer de cacher un peu son stress et sa nervosité étrange qui venait de nulle part, il posa des questions à Carla sur sa vie. Comment se passait donc sa vie à Londres depuis qu’il s’était vu la dernière fois. Heureusement pour lui, la jeune femme avait toujours été assez bavarde. Il suffisait de la lancer sur un sujet pour qu’elle fasse la conversation, ce qui allait permettre à Max de souffler un peu et de reprendre ses esprits. Il ne pouvait décemment pas continuer à ressembler à un puceau de treize ans en route pour son premier date quand même … Il avait une réputation à tenir.

Max avait bien pris la peine d’omettre une réponse à sa question sur ses projets du weekend. Elle le découvrirait au fur et à mesure. Et il espérait un peu qu’elle soit impressionnée par sa capacité, pour une fois, à organiser des choses (qui ne soient pas des soirées clandestines à l’école). La jeune femme enchaina donc sur son stage, et lui expliqua qu’elle croulait sous le travail. Elle passait apparemment le plus clair de son temps au travail lorsqu’elle se trouvait à Londres. Un peu comme lui ici finalement. Même si son travail devait être nettement plus compliqué que le sien. Après tout, servir des verres à des gens, c’était plutôt tranquille et fun comme métier. Elle lui parla de son collègue Teddy, dont elle lui avait déjà parlé par le passé. Un type sympa askip. Du moins il avait l’air des dires de la jeune femme.

– Teddy c’est le type pas hyper ouf physiquement mais super sympa c’est ça ?

On se rassure comme on peut évidemment. Pas qu’il ne fasse pas confiance à Carla mais si ses collègues de boulot qu’elle aimait bien pouvaient être ingrat physiquement, ça arrangerait drôlement ses affaires. Surtout si ce fameux Teddy aimait se la jouer chevalier servant en défendant SA copine face aux mecs un peu relous de son boulot.

Il lui parla du vin. Mais pourquoi ? Drôlement étrange comme type. Maxwell n’avait jamais été du genre à commenter l’alcool. Au contraire, il était toujours de ceux qui le boive sans se poser plus de questions. Et Carla avait elle aussi tiqué sur cette réflexion. Elle hésita un instant avant d’acquiescer en faveur de la bouteille. Mais il reconnaissait son air suspicieux entre mille, et évidemment une question ne tarda pas à suivre. Elle avait ressenti sa nervosité … Et le garçon ouvrit de grands yeux ronds, un peu pris au dépourvu. Il bégaya un peu, n’étant pas très sûr de ce qu’il pouvait répondre à cela. Il hocha la tête rapidement, comme un enfant répondant à l’affirmative à une question qu’un adulte venait de lui poser. Cela n’aidait en rien son comportement. D’ailleurs la jeune femme essaya de pousser en lui demandant s’il y avait quelque chose dont il devait lui parler mais qu’il n’osait pas. Oh oh.

– Je … Non. Enfin si … mais genre … aaaaah. Rien de grave, vraiment. Vas y faut qu’on continue de parler d’autre chose, j’ai pas assez avalé de courage liquide pour me lancer.

Répondit-il entre deux bégaiements. Elle allait le prendre pour un taré. Pas qu’il soit le type le plus normal du monde d’habitude. Mais ce soir, même pour lui et ses standards, il avait quand même un comportement un peu étrange on ne pouvait pas le nier. Il attrapa son verre pour prendre deux grosses gorgées devant une Carla assez confuse, et à juste titre … vraiment.

– Rien à voir, mais petite news. Je sais pas si j’t’en avais déjà parlé mais mes darons m’ont offert l’une de leur propriété à Londres pour je cite « commencer du bon pied dans la vie d’adulte ». C’est un chouette endroit.

Changement de sujet, histoire de gagner un peu de temps pour gagner un peu de courage. Typique de Maxwell ça, en revanche.

– Ah oui Teddy, un chic type, je l’aime bien ce bon vieux bougre.

Répondit-il avec un sourire malicieux placardé sur son visage. Bien sûr qu’il était rassuré, c’était nettement plus sympathique d’imaginer Carla ami avec un daron trop occupé avec deux gosses et un crédit qu’avec un BG sportif de son âge. Et puis, Maxwell avait toujours eu un tempérament assez jaloux. Ou du moins, il n’avait jamais trop supporté qu’un mec ne s’approche trop près de Carla, et ça même à l’époque où ils n’étaient plus ensemble. Alors maintenant qu’ils l’étaient réellement, il était hors de question de se faire piquer la place à qui que ce soit, et de laisser l’opportunité à un boug de se rapprocher de sa copine.

Par contre, Maxwell n’avait pas été très malin en laissant sa nervosité prendre le dessus. En effet, il avait réussi à faire flipper Carla qui semblait désormais s’attendre au pire. Et en même temps comment lui en vouloir quand elle avait face à elle un mec au comportement aussi suspicieux. Sachant que la jeune femme n’était pas non plus connue pour être capable de lâcher l’affaire rapidement. Et ça, peu importe ce qu’il disait. De toute sa maladresse, il essaya de la rassurer en lui annonçant qu’il n’y avait rien de grave, mais qu’il avait besoin encore de quelques verres de courage pour se lancer. Et cette phrase n’eut absolument pas l’effet qu’il escomptait. Au lieu de détendre l’atmosphère et de rassurer Carla, il l’avait encore plus tendue. Son regard se faisait désormais impassible et tout son corps semblait s’être raidit presque sur le champ. Mais quel abruti. Il ne voulait certainement pas gâcher le début de leurs retrouvailles avec sa stupidité. Elle ne comprenait pas pourquoi déjà il avait besoin de boire pour lui parler tout en prenant soin de déformer légèrement ce qu’il avait voulu dire, avant d’enchainer sur des questions qui prouvaient son mécontentement. Oh non, la situation avait l’air d’être en train de lui échapper. Il ouvrit de grands yeux ronds, un peu surpris de la tournure qu’avait pris cette conversation. Et il n’était plus très sûr de la marche à suivre désormais.

– Ok, je suis con, pardon.

Il avait compris le message. Il était bête, et il avait failli. Il connaissait Carla, il aurait du savoir que lui donnait une bribe d’information sans réellement la lui donner ne pouvait que créer des ennuis et des complications inutiles.

– Hum … il faut que je te dise quelque chose sur notre relation … qui est positif ne t’inquiète pas, mais comme j’ai jamais fait ça, j’ai juste besoin d’un peu de temps pour me détendre.

Annonça-t-il en essayant d’être clair et en même temps d’exprimer sa pensée. Ce n’était pas facile tous les jours d’être un adulte, et aussi d’être dans une vraie relation, mais il faisait de son mieux, ce qui parfois évidemment n’était quand même pas suffisant. Il faut dire que l’ancien coureur de jupons avait encore beaucoup à apprendre … Mais il espérait néanmoins que la jeune femme soit sensible à cette tentative honnête.

Mais il avait quand même essayé de changer de sujet histoire de se faciliter la tâche. Après tout, quoi de mieux pour s’en sortir que d’essayer de détourner l’attention de Carla. Et pour se faire, il lui annonça une nouvelle : celle que les parents du garçon lui avait donné l’une de leur propriété qui se situait à Londres, l’endroit donc où travaillait Carla. Elle était étonnée par cette annonce d’ailleurs et n’essaya même pas de le cacher. Et elle avait du coup des questions sur le sujet. Premièrement, est ce qu’ils avaient beaucoup de propriétés, et deuxièmement la distance entre le village et Londres du coup. Elle était bien placée pour le savoir. Il faut dire que c’était elle qui faisait le chemin jusqu’ici. Maxwell ne s’était pas rendu à Londres depuis cet été.

– Alors moi non, mes parents en ont deux, mais il y en a une c’est de l’héritage ça compte à peine en vrai.

La famille Carter n’avait pas le même train de vie que la famille Yaxley qui possédait un manoir et surement plein de propriétés, bien plus que sa famille à lui d’ailleurs. Max les imaginait riche, puisqu’ils étaient une famille de SP. Mais maintenant il se demandait comment Carla voyait sa famille à lui. Est-ce qu’elle les pensait pauvre ? Bon par rapport aux Yaxley, ils l’étaient surement un peu quand même.

– Si un peu. Pour l’instant je bosse ici, donc c’est pas trop utile mais peut être que plus tard je pourrais me trouver un job à Londres quand tu auras ton fini ton stage ou quoi. Et en attendant, on pourra prendre possession des lieux si je viens te voir à Londres, non ? Ca sera plus fun que d’aller voir beau-papa qui essaiera de me buter dés que je lui tournerai le dos.

Dit-il sur un ton léger, plutôt fier de sa blague. Jamais de sa vie, il ne mettrait un pied dans le manoir des Yaxley. Notamment parce qu’il avait réellement la peur de ne pas en sortir vivant. Un accident était si vite arrivé qu’il ne voulait pas prendre le risque.

Maxwell avait définitivement adopté une très mauvaise stratégie en annonçant de but en blanc à Carla qu’ils devaient parler de quelque chose sur leur relation plus tard sans lui donner le moindre détail. Il la connaissait assez maintenant pour prévoir ses réactions. Et évidemment la jeune femme n’avait pas bien apprécié. Pire, elle semblait être désormais assez agacé par cette envie de faire des cachotteries. Au fond, le garçon était juste horriblement maladroit. Il stressait un peu et avait juste besoin d’un peu de temps pour remettre ses idées en place afin de ne pas avoir l’impression d’être totalement ridicule. Mais ça, il aurait très bien l’exprimer de vive voix, ou d’attendre un peu pour ne pas que la jeune femme sente cette tension étrange qui virevoltait dans l’air. Il essaya donc de la rassurer en lui indiquant qu’il s’agissait de quelque chose de positif. Mais elle ne comprenait pas. Pas étonnant, à vrai dire. Pourquoi diable faisait-il autant de manière s’il avait envie de dire quelque chose de bien sur leur relation ? Il faut dire que ces derniers mois, tout allait bien. Ou du moins, il n’y avait pas autant de problèmes qu’il y avait pu en avoir par le passé. Ils ne se disputaient plus, ou rarement (plus facile puisqu’ils se voyaient aussi nettement moins), et la communication semblait désormais bien plus ouverte entre eux. Du moins jusqu’à maintenant. La jeune femme prit une nouvelle gorgée d’alcool alors que lui se taisait, légèrement pris de court. Il porta son verre à ses lèvres également, avant d’entendre Carla faire une blague sur la potentielle adoption d’un chien imaginaire. Cette blague eut le mérite de le dérider un peu et de lui décrocher un pouffement puis un sourire.

Il but une nouvelle gorgée avant que la conversation ne s’éloigne sur des banalités. Peut être n’avait-il pas enchainé pour gagner un peu de temps, peut être pour que Carla ne s’énerve pas, peut être pour ne pas gâcher ce qu’il avait prévu, ce qu’il voulait dire. Il se sentait très bien dans sa relation avec la jeune femme. Et c’était bien pour cela qu’il ne s’était pas dérober à continuer cette relation malgré la distance et leurs emplois du temps un peu trop remplis. Et le fait que ses parents lui cèdent l’appartement à Londres pouvait possiblement les aider aussi. De cette façon, lui aussi pourrait venir la voir. Et elle ne serait pas obligé de faire à chaque fois les aller-retours. Après tout, ce n’était pas juste que cette pseudo-corvée tombe à chaque fois sur elle. Mais évidemment, jusqu’à présent, c’était bien plus pratique qu’elle ne le rejoigne puisqu’il n’avait nulle part où dormir à Londres, et il se voyait mal aller dormir dans le manoir des Yaxley … il ne tenait clairement pas à mourir jeune, avant même d’avoir vécu.

Il ne pût s’empêcher d’être surpris en entendant la réponse de Carla. Tout bonnement parce qu’il ne s’attendait absolument pas à cette réponse. Elle lui expliqua donc qu’elle n’habitait plus chez ses parents à cause d’une dispute qui remontait à cet été, à cause du fameux voyage auquel il l’avait invité. Il resta silencieux un instant.

– Je suis désolé, je voulais clairement pas qu’il y ait des problèmes à cause de moi.

Néanmoins, il ne pouvait pas dire qu’il ne s’y attendait pas. Après tout, même s’il ne les avait rencontré qu’une seule fois, Maxwell avait bien compris qu’ils n’accepteraient jamais que leur fille soit avec un type dans son genre. Car aux yeux de ces gens, il n’était qu’une crapule, un minable indigne de leur fille unique.

Elle avait haussé les épaules comme si cela ne lui faisait rien. Mais il sentait que ce n’était pas réellement le cas. Dans un autre sens, elle n’avait peut-être pas envie de s’attarder sur le sujet, et c’était la raison pour laquelle elle n’avait pas voulu aborder le sujet avant. Maxwell n’avait jamais été très bon pour ce genre de discussion. Et il savait pertinemment que la plupart des gens ne venaient pas vers lui pour de vrais problèmes. En revanche, il était meilleur quand il s’agissait de changer les idées à quelqu’un, non ?

– Changement de plan.

Dit-il avec un grand sourire avant de se lever, et de proposer sa main à la jeune femme. Elle lui attrapa. Et il puit la conduire jusqu’au bar, où il chipa évidemment une autre bouteille de vin, avant de se diriger vers l’arrière-boutique. Ils firent quelques pas, avant de pouvoir passer par une entrée qui leur permettait de rejoindre les habitations, et donc l’appartement de Maxwell. Ce n’était pas la première fois qu’elle venait, et Carla n’était donc pas surprise de la destination. Il s’arrêta devant le pas de la porte avant de lui voler un baiser. Il ouvrit ensuite la porte qui donnait presque immédiatement sur le salon. Et en entrant, la jeune femme pourrait apercevoir qu’il avait dressé la table, et disposé quelques bougies sur celle-ci dans l’espoir de donner un ton plus romantique à cette soirée. Evidemment, on pouvait se rendre compte que c’était un peu brouillon, pas aussi finement décoré que l’aurait fait une vraie artiste, mais l’idée et la volonté étaient cependant présentes.

– J’ai préparé un super repas pour nous. Enfin des trucs bons, je veux pas mettre la barre trop haut, je voudrais pas que tu sois déçu.

Dit-il avec une petite moue, puis un sourire malicieux si caractéristique de sa personnalité. Il attrapa une nouvelle fois deux verres dans son placard tout en invitant la jeune femme à s’assoir. Une fois servi, il posa les verres et la bouteille sur la fameuse table décorée pour l’occasion.

– J’ai un truc pour toi aussi. Tu veux avant ou après manger ?

Demanda-t-il avec un petit clin d’œil, alors qu’il prenait place à son tour sur l’une des chaises.

Donc Maxwell avait causé des problèmes dans la famille Yaxley. Et pour cause, Carla venait de lui annoncer qu’elle ne parlait plus avec ses parents, et qu’elle avait désormais son propre appartement à Londres. Il ne pouvait pas s’avouer totalement surpris de cette annonce. Il faut dire qu’il avait rencontré le patriarche par le passé, et il avait bien senti qu’il n’était certainement pas le bienvenu dans la famille. Il n’était qu’un bon à rien souillé aux yeux de gens comme eux. Indigne d’une fille comme Carla qui venait d’une dynastie de sang-pur. Alors non, il n’était pas surpris. Mais il se sentait cependant désolé pour Carla. Même si ses liens avec sa famille avaient souvent été compliqués, il ne souhaitait pas pour autant qu’ils soient totalement brisés. Et maintenant, même avec toute la bonne volonté du monde, il savait qu’il ne pouvait absolument rien faire. Au mieux rien ne changerait. Au pire, il ne ferait que compliquer les choses. Carla le rassura néanmoins en lui disant qu’il n’était pas le problème. Ce n’était pas tout à fait vrai en soit. S’il avait lâché la grappe de Carla des années plus tôt, elle ne se retrouverait sans doute pas avec toute sa famille à dos maintenant. Au fond, et très égoïstement, il n’avait pas non plus envie de s’éloigner pour qu’elle retrouve sa famille. Il ne tenait pas à se sacrifier au nom d’une doctrine qui n’était pas la sienne. Mais il n’avait pas non plus le droit à l’erreur. Pas maintenant que Carla avait tout sacrifié pour être avec lui.

Bon, il ne tenait pas à ce que la jeune femme passe une mauvaise soirée. Et s’il ne pouvait rien faire pour améliorer les choses côté famille, il pouvait essayer de lui remonter le moral à sa manière. Et ainsi, il lui annonça assez brutalement un changement de plan immédiat. Fini le petit verre dans le bar bondé, et direction son appartement où il avait essayé tant bien que mal de lui préparer une petite surprise. Il lui attrapa la main pour l’entrainer avec lui dans de nouvelles petites aventures. Mais qu’elle n’ait pas si peur, ils n’iraient pas très loin. Assez rapidement, ils se retrouvèrent dans son lieu d’habitation, que la jeune femme connaissait déjà évidemment puisqu’elle avait passé bon nombre de ses week-ends ici. Il avait vu les choses en grand (du moins de son point de vue), puisqu’il avait rangé l’endroit, mit quelques bougies, et essayait tant bien que mal de faire une jolie table. Maxwell sut qu’il avait gagné des points lorsqu’il aperçut un grand sourire se dessiner sur les lèvres de la demoiselle. Elle en était presque choquée d’ailleurs, n’arrivant pas totalement à se faire à l’idée que le jeune homme s’est donné un peu de mal pour la surprendre. Il sourit en entendant sa question. Pour qui aurait-il bien faire ça de toute manière ? A part elle … personne évidemment. Elle sauta presque dans ses bras pour le remercier, et l’embrassa avec fougue. Son sourire s’agrandit un peu. Il l’invita à s’assoir et sortit une bouteille de vin. Maintenant ils pouvaient réellement commencer leur petite soirée en tête à tête. Max avait essayé de préparer un bon repas. Espérons qu’elle ne soit pas déçue, même si tout ne serait pas parfait.

– Comment peux-tu douter que je suis l’homme parfait ?

Dit-il avec un sourire malicieux. Personne n’avait jamais qualifié Maxwell d’homme parfait. Parce qu’il était loin de l’être. Mais cette petite boutade le faisait rire, et sa bonne humeur ne pouvait être que contagieuse. Il lui annonça dans la foulée qu’il avait quelque chose pour elle. Mais le voulait-elle avait ou après manger ? Carla sembla presque hésiter alors qu’elle lui offrait une réponse légèrement prudente. Peut être s’attendait-elle à une énième maladresse de la part du garçon. Et en même temps comment lui en vouloir ? C’était assez caractéristique de sa personne … Alors le garçon se releva et disparut dans sa chambre pour fouiner dans son tiroir, laissant un instant de répit à la demoiselle. Puis il réapparut avec une petite boite dans les mains, et reprit sa place sur la chaise à côté de Carla. Il attrapa son verre pour en boire une gorgée. Puis il posa à nouveau son regard sur la jeune femme.

– Alors … je sais que c’est pas trop mon style d’habitude, mais je voulais juste essayer de te montrer que … t’es vraiment la plus grande partie de ma vie maintenant.

Et il bégayait un peu … même s’il essayait de faire l’homme et de la cacher. Il lui tendit la petite boite. Et il la fixait, attendant impatiemment et légèrement stressé qu’elle ouvre la boite et qu’elle en découvre son contenu. A l’intérieur se trouvait un petit médaillon en or, sur lequel était gravé des mots qu’il n’avait encore jamais dit.

– En plus c’est trop chelou, ça parait complètement fou que je te l’ai encore jamais dit et tout … je pense que tu le sais quand même mais–

Il laissa sa phrase en suspens, un peu gêné, peut être un peu anxieux en attendant une quelconque réaction de la part de la jeune femme.

Il connaissait Carla. En même temps, cela faisait maintenant des années qu’ils se fréquentaient de manière plus ou moins proches. Il savait qui elle était, ce qu’elle aimait, ce qu’elle détestait. Et pourtant, il lui était toujours compliqué d’anticiper les réactions de la jeune femme. Comme s’il y avait toujours une part de flou entre eux. Ce soir, il tenait à lui faire plaisir, il tenait à ce qu’elle passe un agréable moment avec lui après des semaines assez compliqués et remplis pour l’un et l’autre. Alors il avait essayé de tout prévoir, de préparer des surprises pour qu’elle se sente bien, aimé et apprécié. Pour le moment, il pouvait lire sur le visage de la jeune femme qu’elle appréciait le moment. Elle arborait un joli sourire, et ses yeux semblaient pétiller. Tout cela le mettait évidemment en confiance. Et puis maintenant qu’ils étaient seuls dans son appartement, il était bien plus simple de se rapprocher. Le diner était prêt, mais Carla semblait vouloir avoir sa surprise en premier, et qui donc était-il pour le lui refuser. Lui aussi était quelque peu impatient de voir sa réaction. Un peu stressé aussi évidemment.

Ce n’était pas son fort. Il se savait être dans une situation inconfortable. Il n’avait jamais été dans ses habitudes de se livrer, de parler, d’exprimer ce qu’il ressentait. Mais il savait pourtant que Carla avait besoin d’entendre certaines choses également. Et il voulait qu’elle soit certaine qu’il ne se fichait absolument pas d’elle. Il bégaya légèrement alors qu’il essayait de lui faire comprendre la place qu’elle prenait dans sa vie. Carla avait toujours été plus au moins au centre de son existence depuis qu’il l’avait rencontré, même s’il ne se l’était pas toujours avoué, même si parfois il avait tout fait pour la repousser. Il lui avait fallu du temps mais maintenant il l’avait compris, et il ne tenait pas à imaginer un monde dans lequel elle n’était pas là. Il lui tendit la petite boîte dans lequel se trouvait un médaillon sur lequel était écrit trois petits mots. Ces mots que l’on dit à la personne la plus importante dans sa vie. Des mots qu’il n’avait jamais encore prononcés, alors qu’il les avait souvent pensés. La peur surement. A vrai dire, il n’avait jamais été très courageux. Et il avait souvent eu de fortes difficultés à se montrer vulnérable. Il n’était pas très à l’aise. Ses joues avaient pris une teinte rosée et son genou semblait trembler quelque peu sous la table. Il attendait avec stress une quelconque réaction de la part de Carla. Elle resta silencieuse un instant avant d’arborer un sourire et le remercia.

Il souffla un peu, rassuré. Avant de laisser entendre qu’elle le savait surement déjà. Du moins c’était ce qu’il pensait. Pour lui il était clair que cela se voyait ou se ressentait. Carla ouvrit à nouveau la bouche pour lui faire comprendre qu’elle ne pouvait être sûre de ce qu’il n’exprimait pas. Il haussa un sourcil, un peu confus face à cette réponse. Est-ce qu’il avait fait un pas de travers pour qu’elle se raidisse de cette manière ? Max n’était pas sûr de la suite de cette conversation. Elle reposa le bijou sur la table. Et il prit une inspiration, son anxiété montant d’un cran par la même occasion. Mais elle s’approcha finalement de lui pour se poser sur ses genoux avant d’entourer son cou de ses bras. Ses yeux suppliants et sa voix douce … lui prouvait encore une fois à quel point il avait pu la faire souffrir dans le passé. Il posa ses yeux sur son visage.

– Je t’aime, Carla.

Il ne voulait effectivement pas que son supplice ne dure plus longtemps. Il avait déjà été suffisamment long lorsqu’elle avait dû attendre des années avant même d’avoir un semblant de réponse.


– Je sais que j’ai souvent été lâche et égoïste. Et j’exige pas de toi que tu me fasses complètement confiance mais j’espère qu’un jour, j’arriverais à te convaincre.

Dit-il calmement, avant de poser ses lèvres sur les siennes. Un baiser doux.

– Tu es vraiment magnifique.

Laissa-t-il échapper dans un murmure.

Cette soirée se devait d’être spéciale et Maxwell avait prévu de verbaliser ses sentiments pour Carla. Evidemment, elle se doutait surement déjà de ce qu’il voulait lui dire, et elle devait également se douter qu’il l’aimait. Après tout, il avait arrêté tous ses batifolages et cela faisait maintenant des mois qu’ils étaient à nouveau en couple. Quand il avait pris la décision de se mettre avec Carla, il savait qu’il abandonnait son côté joueur (du moins avec les autres filles) mais s’il y avait bien une fille qui en valait la peine c’était elle. Et il avait finalement ouvert les yeux après quelques années de rebondissements. Alors qu’il l’avait entrainé dans son appartement pour commencer cette jolie soirée, il lui avait également offert un présent : un pendentif avec les trois mots dessus. Mais il comprit que quelque chose n’allait pas, sans pour autant réussir à mettre le doigt dessus. Pourquoi semblait-elle donc déçue ? Maxwell n’avait jamais été très bon pour lire les émotions des autres. Et même Carla restait parfois pour lui une énigme. Mais elle lui expliqua. Elle avait besoin d’entendre ces choses. Car ne pas mettre de paroles sur ses sentiments pouvait engendrer une sorte d’anxiété. Le garçon comprit, il sourit un instant avant de lui dire qu’il l’aimait. Aucune hésitation. Cela n’avait pas lieu d’être de toute manière.

La jeune femme attrapa ses lèvres presque immédiatement, ce qui lui prouvait qu’il avait fait le bon choix. Carla était dans un état euphorique qui le fit rire. Elle semblait tellement excitée et heureuse. Et elle était plus belle que jamais comme cela. Elle laissa parler ses émotions en lui annonçant maintes et maintes fois qu’elle l’aimait aussi. Et il ne pouvait s’arrêter de la regarder, un sourire au coin des lèvres. Parce que la voir heureuse l’emplissait d’émotions également. Elle semblait tellement innocente à ce moment précis.

– Je t’aime Carlouche.

Répéta-t-il en rigolant alors qu’elle venait de lui donner presque un ordre … presque puisqu’elle l’avait transformé finalement en question. Peut être pour ne pas le brusquer, qui sait ? Il n’était pas toujours facile de comprendre ses émotions, d’analyser les différentes pensées qui nous traversent l’esprit, de comprendre la différence entre les ressentis. Ces trois dernières années, il ne l’avait pas dit à Carla. Et même lorsque la jeune femme s’était rendue vulnérable devant lui, les mots n’avaient pas pu sortir de sa bouche. Blesser Carla ne l’avait jamais amusé bien au contraire. Mais il n’aurait pas pu lui dire sans en être complètement sûr : sûr de ses sentiments, sûr de ses envies vis-à-vis des relations. Il n’était pas très stable à ces moments-là. Et plutôt que de lui donner des faux espoirs, il n’avait rien dit. La vérité était qu’elle avait toujours eu une place spéciale dans son cœur. Elle avait toujours eu la plus grande des places. Qu’ils soient ensemble ou non, il avait besoin d’elle dans son monde. Et il n’avait jamais pu se résoudre à la laisser partir.

Il avait toujours peur de la vulnérabilité. Evidemment … mais qui n’était pas effrayé à l’idée de se mettre à nu devant quelqu’un, de se donner entièrement à une personne … Mais il savait qu’elle en valait la peine. Cette fille c’était son monde. Et il avait bien l’intention de la garder auprès de lui pendant encore bien longtemps. Comment une fille aussi magnifique avait pu s’amouracher d’un tocard comme lui ? Ca il ne le savait pas, mais il ne poserait certainement pas la question. Il en profiterait simplement aussi longtemps que ça pouvait durer.

– Et si on passait directement au dessert ?

Dit-il avec un sourire rieur, malicieux, très fier de sa proposition. Car malgré tout, on ne pouvait jamais complètement changer une personne, n’est-ce pas ?