Raise your glass

À SAVOIR Arrivé(e) le : 04/04/2020 Parchemins rédigés : 1181 Points : 10

Raise your glass

@Skyler P. Mills

Comme tous les week-ends, Carla s’était rendue à Pré au Lard pour retrouver Maxwell. Ce n’était une surprise pour personne, elle avait déjà croisé certains de ses anciens condisciples, sans pour autant chercher à les rencontrer plus que cela. Ce n’était pas qu’elle ne se sentait pas isolée, le stage au ministère avait une moyenne d’âge assez élevée pour être certain qu’elle ne s’y ferait jamais le moindre ami et elle avait perdu la plupart de ses connaissances, mais elle avait justement besoin de digérer les derniers événements avant de recommencer à avoir des interactions sociales de base. Besoin de faire son deuil. On l’aurait eu à moins d’ailleurs, elle avait perdu en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire Casey, Cab et Finnbjörn. Les gens pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient, la vérité était qu’elle était attachée à chacun des trois de manière différente, mais bien réelle. Et chaque décès avait été une sorte de crève-cœur.

C’était Killian qui l’avait sortie de cette forme de repli. Il était venu pour présenter son métier et ils avaient réussi à trouver un créneau pour se voir, ce qui avait clairement illuminé sa journée. Le plaisir de voir qu’il allait bien, de papoter, d’avoir des nouvelles de Prudence … Tout avait été cool. Alors, revigorée, elle avait pris la décision de recommencer à vivre autrement qu’en autarcie avec Maxwell. Voilà comment elle avait, dans un élan de folie, envoyé un hibou à Skyler en lui proposant un verre. Ce genre de manœuvre était objectivement risquée. Mills s’était adoucie en fin d’année quand elle avait fait le choix de s’afficher clairement avec Maxwell, mais elle n’avait jamais dit qu’elle irait jusqu’à boire un verre avec elle. D’un autre côté, leurs derniers échanges écrits avaient été assez neutres pour qu’elle y voit une forme d’amitié naissante. Puis, finalement, c’était l’une des rares qu’elle avait envie de revoir. Les autres, qu’est-ce qu’ils lui auraient apporté ?

Voilà comment elle se retrouva assise tranquillement à une table aux Trois balais, attendant sagement que la Serpentard arrive. Elle sentait le regard curieux de Maxwell sur sa nuque, comme si lui-même n’en revenait pas qu’elle puisse boire un verre avec son ancienne capitaine. A sa décharge, il n’avait jamais rien compris aux relations qu’elle entretenait avec le reste du monde. Pour lui, les liens sociaux étaient si simples qu’il n’était pas capable d’y voir une once de complexité.

La porte s’ouvrit, attirant son attention et elle découvrit Skyler sur le pas de la porte qui semblait la chercher du regard. Elle se leva aussitôt pour lui faire un signe de la main, que la jeune fille capta immédiatement. En même temps, en match, elle était habituée à saisir des mouvements bien plus fugaces que cela.

Skyler n’avait pas changé. Il ne s’était pas non plus écoulé dix ans. Elle avait toutefois un air plus détendu, un peu moins sur la défensive qui rassura Carla. Elle-même n’avait rien de différent, même si elle était désormais capable de se fondre dans la masse des moldus. A force de côtoyer Maxwell, elle avait ajouté quelques jeans et tenues plus décontractées à sa garde robe et avait fini par investir dans un téléphone portable dont elle comprenait à peine les subtilités. Mais Max avait l’air de trouver cela amusant, alors …

- Skyler !

Elle lui offrit son plus joli sourire, mais évita sagement toute forme d’effusion de bons sentiments. Mills était capable d’apprécier un verre, pas une accolade. Elle se rassit, continuant son bavardage joyeux

- C’est chouette de te voir ! Enfin, ça fait bizarre aussi, mais dans le bon sens du terme. Comment vas-tu ? Quoi de nouveau pour toi ? Tu dois crouler sous le travail pour les ASPICs !

Là, elle devait surtout être assommée par ses questions.

Codage par Libella sur Graphiorum

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Skyler
&
Carla

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Je ne sais pas pourquoi j'ai accepté de boire ce verre avec Carla. J'étais plutôt du genre à l'éviter quand elle étudiait encore à Poudlard et voilà que, maintenant qu'elle est partie, je cherche à la revoir. Cela n'a ni queue ni tête ! Il faut dire que les visages amicaux ont sacrément disparu du paysage, depuis la rentrée. Maxwell travaille aux Trois Balais, Caleb n'est plus là ... A vouloir absolument dresser des barrières entre le monde et moi, je me retrouve à n'avoir guère plus que Blaze et - je n'arrive pas à croire que je vais dire ça - peut-être bien Murphy comme personnes fréquentables dans mon entourage. Peut-être que j'avais envie de me remémorer le bon vieux temps. Peut-être que j'avais juste envie de boire de l'alcool à l'oeil. Peut-être un peu des deux, allez savoir ?

Pour cette rencontre, j'ai laissé mes cheveux détachés. Cela n'arrive pas souvent : je préfère toujours les nouer en queue de cheval pour qu'ils ne me tombent pas dans les yeux. Je regrette immédiatement ma décision lorsque je me prends une bourrasque de vent dans le visage : je vais encore passer un temps infini à me démêler les cheveux ce soir, super ! Ca me rappelle justement cette fois où Yaxley m'avait coiffée, dans les toilettes des filles, quand je venais d'apprendre pour le baiser entre Sasha et Blaze. La blonde m'avait permis de passer ce moment difficile et de pouvoir ressortir des sanitaires avec toute la dignité qu'il me restait. C'est elle aussi qui m'a sauvé la mise lorsque Bluebell m'avait presque éventrée. Carla m'a tirée de bon nombre de situations inconfortables mais j'étais trop bornée pour m'en rendre compte. Je crois bien que j'ai plus d'une dette envers elle.

Lorsque je fais mon entrée aux Trois Balais, Carla est déjà présente. Je capte aussitôt son petit signe de la main. Avant de venir à sa rencontre, je salue Maxwell d'un check. « Comme d'habitude gros ! » Lui dis-je avant de rejoindre sa dulcinée. Je n'ai pas besoin d'en dire davantage, Maxwell me connait par coeur et mes goûts en matière d'alcool n'ont plus aucun secret pour lui. Carla se lève pour m'accueillir et m'adresse avec un sourire chaleureux. « Salut.» Je lui réponds en replaçant mes cheveux dans mon dos avant de m'installer. Toute forme de gentillesse me met automatiquement mal à l'aise, j'ai vraiment un gros travail à faire là dessus. La blonde, aussi bavarde qu'à son habitude, s'empresse de me questionner. C'est sérieusement possible d'avoir un débit de paroles aussi élevé ? « Mouais ... enfin bof, j'ai pas beaucoup de matières ... puis vol, j'ai pas vraiment à réviser tu vois donc ... ça va quoi. » Est-ce que je suis réellement prête à m'étendre sur mon avenir incertain alors que je n'ai même pas attaqué mon premier verre ? Certainement pas.

@Carla P. Yaxley

CODAGE PAR AMIANTE

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@Skyler P. Mills

Skyler entra, cheveux détachés. C’était rare de la voir ainsi, mais cela lui allait évidemment très bien. Elle avait oublié d’être moche comme fille et Carla comprenait sans mal ce que Blaze pouvait lui trouver. Le premier réflexe de la Serpentard fut d’aller saluer Maxwell avec une aisance que confère l’habitude. L’an dernier, l’idée qu’une fille qu’il appréciait puisse venir aux Trois Balais quand Carla n’était pas là aurait suffi à la faire vriller. Là, elle se contenta de contempler la scène avec un sourire. Elle n’avait pas lâché prise sur tout. Mais elle avait appris à se détendre sur ça. Depuis le décès de Cab et Casey, ils avaient vécu une période suffisamment replié sur eux-mêmes pour qu’elle estime qu’ils formaient un couple plus solide que ce qu’elle aurait pu imaginer. Il lui avait laissé de la place dans sa vue, ce qu’il n’était jamais parvenu à faire jusque là, alors en échange, elle lui avait laissé de l’espace. Elle était même contente qu’il puisse voir Skyler. Max et elle étaient différents. Il avait besoin d’amis, elle pouvait se satisfaire de lui. Et il n’avait plus grand monde. Une fois son check effectué, elle se dirigea vers elle.

Skyler n’était pas inamicale, ce qui était une bonne chose. Mais plus elle se rapprochait de la table, plus elle semblait ne pas très bien savoir ce qu’elle faisait là. A sa décharge, Carla ressentait la même chose. Elle était sincèrement contente de la voir, mais elle n’en revenait pas que la brune ait accepté. Et maintenant qu’elle était en face d’elle, elle ne savait pas réellement comment interagir. Skyler était généralement tellement sur la défensive que même la plus gentille des intentions pouvait lui donner l’impression d’une agression. Quant à Carla, elle savait pertinemment qu’elle pouvait être maladroite. Le combo était donc instable et potentiellement explosif.

Comme à chaque fois qu’elle était nerveuse, Carla partit bille en tête, essayant de caser le maximum de futilités en un maximum de mots, le tout avec un minimum d’oxygène. Elle excellait dans l’exercice. Assez pour que Skyler la dévisage avec incrédulité. Et comme toujours, fidèle à elle-même, elle mit à point d’honneur à répondre avec le moins de mots possible, en donnant le moins d’informations possible, le tout en ne posant strictement aucune question en retour, histoire de poser les bases d’une discussion chaleureuse. L’avantage, c’est qu’elles se connaissaient assez pour que personne ne s’en offusque. Max arriva à ce moment là avec leurs verres, échangea deux mots avec la brune, un sourire à Carla qu’elle lui rendit volontiers, avant de filer. Il y eut deux secondes de silence durant lesquelles chacune regarda son verre, un peu perdue. Carla releva la tête pour observer son interlocutrice et finit par constater d’une voix plus douce

- Je ne pensais pas que tu accepterais ce verre.

Autant énoncer les évidences qui flottaient entre elles. C’était soit ça, soit elle repartait sur les ASPICs et la météo, ce qui était sans doute la pire idée du monde.

- Et crois-moi ou pas, ça me fait plaisir de te voir. Cette fin d’année dernière, ces décès en chaîne … C’était bizarre. Alors je suis contente de pouvoir rencontrer les personnes que j’apprécie.

Elle but une gorgée de sa bièraubeurre et demanda prudemment.

- Comment ça va ? Bluebell en colocataire, ce n’est pas trop compliqué ? Et Blaze et toi … ?

Quand ils s’étaient quittés à la fin de l’année dernière, les deux étaient ensemble. Lors de ses week-ends, Max ne lui avait raconté aucun potin inverse. Mais il était souvent assez peu attentif à ce genre de choses et inversement, Skyler était secrète. Il valait donc mieux poser la question avec tout le tact possible pour éviter de commettre un impair.

- Au fait, ça te va bien les cheveux détachés.

Codage par Libella sur Graphiorum

Skyler
&
Carla

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Si l'on m'avait posé la question il y a quelques mois, je n'aurais pas parié une noise sur ce rendez-vous avec Carla. Quand elle était encore à Poudlard, je passais mon temps à la fuir comme la peste. Notre relation n'a jamais été simple : tantôt amies épistolaires, tantôt ennemies, tantôt soutiens discrets ... Si les filles sont des êtres complexes, alors nous en sommes le parfait exemple. Lorsque j'ai reçu son hibou, le souvenir de S. et de C. s'est rappelé à moi. Lorsque j'ai pris connaissance de son invitation, j'a finalement décidé de baisser les armes : pourquoi pas, après tout ? Je ne perds pas grand chose à tenter l'expérience. Et me voilà donc, quelques jours plus tard, à pousser la porte des Trois Balais, cheveux au vent. Carla m'attend déjà, assise à une table. Elle n'a pas changé depuis l'année dernière, du moins pas physiquement. Quant à Maxwell, il est fidèle au poste derrière le comptoir. Je lui passe rapidement ma commande avant de rejoindre ma camarade, sous l'œil amusé du barman qui connaît bien les virages de notre histoire.

Je m'installe et salue poliment la jeune femme. Cette dernière ouvre la bouche et, comme à son habitude, un flot de paroles s'en échappe avec un débit incroyable. Il faut que je me concentre pour réussir à ne pas perdre le fil de son propos. Plus je suis nerveuse, moins je parle. Je crois que Carla fonctionne à l'exact opposé de ma personnalité : plus elle stresse et plus elle va parler longtemps et rapidement. Sa première question porte sur les examens de fin d'année. Les ASPICS sont un cap important à passer dans une vie d'étudiant car ils posent les jalons d'une vie professionnelle future. En ce qui me concerne, l'avenir est incertain et je suis mal à l'aise en imaginant ce qu'il pourrait être. Je réponds donc à ma camarade sans m'étendre, en bafouillant un peu. Je finis ma phrase en portant mon verre à mes lèvres. Une douce chaleur descend dans ma gorge et me revigore un peu. Encore deux autres gorgées et ma langue finira par se délier, il faut que Carla fasse encore preuve d'un peu de patience. Et je sais qu'elle n'en manque pas.

La blonde poursuit en avouant qu'elle ne pensait pas que j'accepterais son invitation. « Moi non plus. » Je lui réponds du tac au tac, avec une franchise désarmante. Jusqu'au dernier moment, j'ai hésité trainer mon cul ici. Finalement je me suis fait violence et ce n'est peut-être pas plus mal, même si la discussion a du mal à démarrer. Carla enchaîne et annonce qu'elle prend plaisir à me revoir après une fin d'année plutôt chaotique. Elle touche du bout des doigts le décès de Casey - que je connaissais mal - mais surtout de Caleb, sans l'annoncer clairement. Je baisse les yeux et prends une nouvelle gorgée de mon breuvage. Je n'ai pas envie de repenser au Serpentard. Sa mort m'a fait de la peine mais je ne me suis pas rendue à ses obsèques : ma pureté n'y avait pas sa place. Est-ce que c'est ça, la vie ? Être condamné à voir ceux qu'on aime mourir sous nos yeux ? La blonde me demande des nouvelles, car il vaut mieux parler de ceux qui sont encore là. La vie a ses failles, ses fêlures mais elle est tout de même plus gaie que la mort.« Sherwin fait chambre à part, pour mon plus grand bonheur.» Je crois que Bluebell avait peur d'aller au bout de ses idées meurtrières si elle passait une année supplémentaire à roupiller à mes côtés. Le directeur a accepté qu'elle se casse de ma chambre, pour mon plus grand bonheur. Je n'ai jamais eu un sommeil aussi serein que cette année.

Carla me questionne prudemment sur Blaze. Elle sait que le sujet peut être sensible et qu'avec deux énergumènes comme nous, il faut s'attendre à tout. Je prends une dernière gorgée d'alcool et, comme prévu, ma parole se débloque un petit peu. « Toujours ensembles. » J'annonce dans un premier temps, pour rassurer la jeune femme. Il n'y a pas de grosse dispute à l'horizon ni de tromperie ou que sais je. Le sujet n'est donc pas tabou même s'il n'est pas dénué de tensions. « Jusqu'à la fin de l'année sans doute, après on verra. » J'annonce sur un ton qui se veut désinvolte alors qu'en réalité, il n'en est rien. Même si nous en avons déjà discuté tous les deux, je ne peux m'empêcher d'être préoccupée. Je n'ai pas beaucoup de proches et personne n'a percé mes défenses autant que le Serdaigle. Que se passera-t-il si nous ne pouvons plus être ensemble ? Est-ce que je finirai seule avec des chats à déprimer pour le reste de ma vie pendant qu'il deviendra Ministre de la Magie ? Est-ce dans un espoir vain de le séduire un peu plus que j'ai choisi de dénouer mes cheveux ? Carla me complimente en me disant que ce style me va bien. Evidemment, certaines choses ne changeront jamais et je me trouve encore une fois incapable de dire merci. « J'voulais changer. » Ceux qui me connaissent savent que si j'ai répondu au compliment, c'est qu'il a réussi à me toucher. Nul doute que Carla comprendra l'implicite qui se dissimule entre mes lèvres.

Désolée pour le retard Winslow

@Carla P. Yaxley

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@Skyler P. Mills

Skyler avait comme qualité l’honnêteté, c’était indéniable. Après se posait toujours la question de savoir si sa franchise brute n’en devenait pas un brin tranchante. En tout cas, elle laissa Carla silencieuse l’espace d’une seconde quand, au lieu de répliquer conformément à la bienséance qu’elle était heureuse d’être là, elle se contenta de confirmer qu’elle avait hésité à se présenter. La blonde se mordilla la lèvre, ne sachant pas réellement ce qu’elle était censée à répondre. Moi j’ai hésité à t’envoyer un hibou ? Je n’ai jamais su si tu me supportais ? Tout était inutilement abrupt. Elle finit donc par opter pour une nouvelle gorgée d’alcool et une constatation assez neutre

- Pourtant tu es là.

Elle n’avait pas besoin de la verbaliser pour que la question sous-jacente flotte entre elles. Pourquoi était-elle venue si elle avait des doutes ? Prudente, elle ne l’interrogea pas. Elle ne doutait pas que Skyler lui aurait répondu sans prendre de gants, mais elle n’avait pas envie d’entendre la réponse. Avec Maxwell, elle avait appris à se taire quand elle n’avait rien à gagner. C’était une conclusion un peu triste en un sens, mais c’était aussi une nouvelle forme de maturité. Elle qui se jetait sans réfléchir dans toutes les difficultés, elle avait fini par apprendre à choisir ses batailles. Elle esquissa un sourire quand Skyler la gratifia généreusement de sa plus longue interaction depuis le début de leur conversation, preuve de sa joie. Ainsi Sherwin avait déserté ? Ce n’était pas plus mal. Cela éviterait qu’elle se rende coupable d’un meurtre et que Mills y perde la vie. Toutes les deux avaient à y gagner, en un sens. Elle se demandait comment la sang-pure vivait la mort de Finnbjörn. Mal, évidemment, mais mal à quel point ? Elle n’aurait jamais l’information. Il aurait fallu qu’elle la lui demande et elle savait que Bluebell lui crèverait les yeux.

- C’est quasiment un miracle qu’elle ne soit plus là ! Au moins tu n’as pas à surveiller tes arrières.

Nouvelle gorgée d’alcool pour chacune d’elles. Du bar, Maxwell les couvait d’un regard mi interloqué, mi inquiet. Il avait toujours espéré qu’elles s’entendent suffisamment pour ne pas avoir à s’expliquer, mais il n’était pas assez fou pour ne pas surveiller la rencontre au sommet du coin de l’œil, comme s’il craignait que l’une puisse vriller et envoyer tout valser. Homme de peu de foi. Son sourire s’élargit quand Skyler lui confirma qu’elle était toujours avec Blaze. C’était mignon. C’était rassurant. Elle aimait l’idée que des histoires d’adolescents puissent devenir des amours adultes.

- Ca m’étonne pas, il est fou de toi.

Elle entrouvrit légèrement la bouche sous l’effet de la surprise quand la brune ajouta jusqu’à la fin de l’année. Comme si leur histoire avait une date de péremption annoncée.

- Pourquoi la fin de l’année changerait quelque chose ?

L’avantage de la sorcellerie était que malgré des emplois du temps complexes, les trajets étaient souvent réduits. Elle avait beau habiter Londres, elle n’avait guère de mal à retrouver Maxwell tous les week-ends. Elle aurait même été capable d’essayer de le retrouver en semaine si elle n’avait pas été consciente qu’elle l’aurait dérangé dans son travail et que l’étouffer était la meilleure manière de le faire fuir. Parfois le soir, elle se sentait seule. C’était un sentiment qui lui tombait dessus sans signe avant coureur et elle devait ensuite se débrouiller avec quelques heures de mélancolie. Rien d’insurmontable. Rien d’agréable pour autant.

- Regarde, on arrive à se voir Max et moi !

L’an dernier elle aurait bien plus facilement parié sur Blaze et Skyler que sur Max et elle d’ailleurs. Ils avaient passé une bonne partie de l’année à s’adresser la parole du bout des lèvres. Mills parut touchée par son dernier compliment et une forme de lueur de satisfaction apparut dans son regard.

- Le changement te réussit bien, alors.

Elle n’avait pas changé grand-chose. Est-ce qu’elle aurait dû envisager une nouvelle coupe de cheveux ? Elle avait l’impression que son quotidien était si nouveau qu’elle devait se raccrocher désespérément à ses anciennes habitudes.

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Skyler
&
Carla

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Et pourtant, je suis là. La remarque de Carla est sans appel, ne nécessite aucune réponse de ma part si ce n'est ce regard profond que je lui lance. Effectivement, l'une comme l'autre n'avons jamais eu une relation simple. Pourtant, à chaque fois que cela s'est avéré nécessaire, nous étions là. Au delà des apparences et des différences, il y a toujours eu ce petit truc qui nous reliait, depuis la première fois où nous nous sommes parlées. Nous sommes tels des aimants : attirées et repoussées l'une par l'autre. Ma présence ici n'en est qu'une preuve de plus. J'enchaine sur mon ancienne colocataire et accessoirement presque meurtrière. Cette dernière a demandé en début d'année scolaire à changer de dortoir, sans que je n'en sache la raison profonde. Je n'ai cependant pas de mal à imaginer ce qui a pu la motiver : elle ne voulait pas cohabiter avec l'ancienne dealeuse de son frère au risque de tenter à nouveau - et cette fois ci, avec succès - de la tuer de sang froid. Carla me fait remarque que c'est une bonne nouvelle car cela me permet de ne plus être sans arrêt sur le qui-vive. Si seulement. « C'est clair, au moins quand je suis dans ma piaule. » Avec ce qui s'est passé l'an dernier, ajouté au corps de Michaela retrouvé à la rentrée, je ne suis jamais sereine. Je me tiens encore plus sur mes gardes qu'avant. Peut-être suis la prochaine ? Allez savoir.

Une petite boule s'est formée malgré moi dans ma gorge. J'essaie de la faire passer en buvant une gorgée d'alcool. La chaleur me réconforte mais n'enlève cependant pas toute trace d'anxiété. Ce sera sans doute toujours ainsi, je me suis faite à l'idée. Nous basculons sur une discussion plus réjouissante avec l'évocation de mon couple. Je confirme à la blonde que je suis toujours avec Blaze et que notre relation semble solide, au moins jusqu'à la fin de l'année. Je n'ai jamais caché mes inquiétudes quant à l'après Poudlard. J'ai rejeté en bloc ce monde pendant si longtemps et, maintenant que je me suis faite à cette vie, j'ai peur que tout éclate à nouveau en sortant du château pour de bon. Carla me confirme que Blaze est fou de moi, ce qui me surprend tellement que j'en rougis. Je suis mal à l'aise avec les sentiments et les entendre exprimer de but en blanc, même par une tierce personne, ça me fait tout drôle. Ma camarade me questionne ensuite sur cette idée que la fin de l'année serait synonyme de changement. Elle fait remarquer, à juste titre, que Max elle sont encore ensemble et arrivent à se voir malgré leurs emplois du temps distincts. Je laisse courir mon doigt sur le bord de mon verre. Je crois que je sais pourquoi j'ai peur, je crois que je l'ai toujours su et que cela s'applique malgré moi à tous les aspects de ma vie. « Parce qu'il pourrait trouver mieux ailleurs, parce qu'il pourrait me laisser tomber d'un claquement de doigt. Juste parce que c'est possible. » Je contemple ma boisson, incapable de lever les yeux vers Carla. Elle est bien placée pour savoir que les garçons peuvent être du genre à papillonner. En cela, Blaze et Maxwell se ressemblent un peu. Maxwell a fini par se laisser passer la corde au cou mais en même temps, il n'a pas la tentation d'une vie étudiante. Blaze est incapable de résister à la tentation.

Carla finit par dire, fort à propos, que le changement me va bien. Encore une remarque à laquelle je ne m'attendais pas. Je crois au contraire que je suis totalement allergique au changement. J'aime tout prévoir, j'ai horreur de l'imprévu et l'inconnu me fait terriblement peur. Je n'aime pas le changement et pourtant, cette année 2029 en est truffée. Est-il possible que le changement m'aille vraiment ? « Je ne crois pas, non. » Je réponds assez abruptement. Je crois que le changement finira par avoir ma peau. Le changement m'a systématiquement blessée, à chaque étape de ma vie. Le changement est-il capable de changer ?

@Carla P. Yaxley

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