Haley resserra la fermeture de son sac et le jeta sur son épaule, quittant la bibliothèque avec une quantité astronomique d’ouvrages empruntés, sous l’œil un peu blasé de la tenancière des lieux : elle était coutumière de la boulimie livresque de la préfète de poufsouffle, surtout lorsque venait le week-end et avec lui une quantité toujours plus grande de devoirs à rendre pour la semaine d’après. Et la jeune fille ne faisait jamais les choses à moitié, encore moins lorsqu’il s’agissait de se présenter en cours avec un projet magique un peu plus abouti qu’une simple dissertation théorique : maniaque du travail bien fait et des bonnes notes, elle ne ménageait pas des efforts. Une bonne théorie était la clef pour parvenir à une pratique efficace, d’autant qu’elle avait toujours considérée que son principal atout en la matière était son obstination. Elle n’avait pas de don particulier en magie, s’estimant être dans une moyenne acceptable, mais elle finissait toujours par surpasser ses camarades grâce à son caractère appliqué.

Filant telle une comète, elle se donna tout juste le temps de remercier la bibliothécaire avant d’emprunter les escaliers pour monter jusqu’au quatrième étage : Gwendolyn et elle s’étaient données rendez-vous dans l’une des innombrables salles vide du château avant de travailler en paix. Peut-être était-ce idiot, mais elle stressait un peu : d’ordinaire, elle était toujours en binôme avec Rosalie ou Artemis, quoiqu’elle ait déjà pu travailler avec d’autres comme avec Daria, lorsqu’elle était encore à Poudlard. La serpentard, en revanche, c’était une première : il avait fallu qu’un prof un peu zélé, ou vaguement directif, ne se décide à casser les groupes habituels pour que les deux camarades soient ensemble. En soi, ça n’était pas absurde et la préfète appréciait suffisamment l’amie d’Artemis pour que ça ne soit pas une corvée insurmontable, d’autant qu’elle n’avait pas affaire à la plus nulle de la classe. Mais tout de même, ses habitudes étaient un peu chamboulées, et comme à chaque fois que cela arrivait, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une petite pointe d’anxiété.

Lorsqu’elle aperçut l’entrée de la pièce qu’elles avaient prévu d’occuper, l’Anglaise pressa le pas et s’y installa, sortant les livres qu’elle avait pris « au cas où » et le paquet de bonbons acheté à Pré-au-Lard quelques jours plus tôt... sa meilleure amie avait vraiment fini par déteindre sur elle, si bien qu’elle ne voyait plus comment faire un devoir commun sans grignoter quelques sucreries en même temps. Après tout, l’on disait bien que le cerveau avait besoin de sucre pour fonctionner ! Avec tous les escaliers qu’elle montait chaque jour et les entraînements de quidditch, elle n’avait de toute façon pas d’inquiétude à se faire quant à sa ligne.  

Haley s’affala dans un fauteuil, non sans avoir ouvert au préalable son manuel de métamorphose au chapitre qu’ils étudiaient ces temps-ci et qui faisait l’objet de leur exposé pratique. Elle n’avait plus qu’à attendre Gwen !

Plongé dans la relecture d’un chapitre de son manuel – quitte à attendre, mieux valait en profiter pour réviser un peu – Haley ne releva la tête qu’en entendant toquer à l’entrebâillement de la porte. Gwendolyn venait d’arriver, visiblement accompagnée d’une autre personne. Allons bon, elle allait ramener tout Poudlard pour leur devoir, ou lui fallait-il une suite qui l’encourage à chacune de ses actions ?

À la mention de son avance, la poufsouffle avisa sa montre. « Un peu, si. » avoua-t-elle dans un air faussement coupable, en haussant des épaules. « Je suis nulle pour arriver à l’heure, donc par habitude, j’arrive toujours en avance. » De quelques minutes à peine, la plupart du temps, mais juste assez pour avoir le temps de se poser et de donner l’air d’attendre depuis longtemps... non que ce soit particulièrement l’impression qu’elle veuille donner. Son visage se fendit d’un sourire : « Et comme ça, c’est toujours celui qui arrive en deuxième qui se sent coupable du retard, jamais moi. » Un peu de perfidie qui mériterait presque de l’envoyer dans la maison de sa camarade ! Cela étant, dix-neuf heures allaient bientôt sonner, elle restait relativement dans les temps.

La serpentard congédia finalement sa cour – enfin l’unique personne qui l’escortait – et pénétra dans la pièce. « Oh je sais, j’en profitais simplement pour réviser un peu. Entre les entraînements de quidditch et mes devoirs de préfète, le temps est devenu une denrée très rare chez moi. » Mais ça, elle ne pouvait pas vraiment comprendre, visiblement ; outre ce qu’elle en disait, elle avait aussi une énigme – sinon deux – à résoudre à Poudlard. Depuis qu’elle avait avoué à Misha l’existence de l’usurpateur, elle se sentait délesté d’un poids certain mais n’en oubliait pas que le coupable courrait toujours. Il était hors de question qu’elle termine sa scolarité sans avoir mis la main sur sa copie.

Haley déposa finalement son manuel sur la petite pile de livres, et désigna le sachet de bonbons. « J’ai pris ça pour nous donner du courage ! Tu en veux ? » Toujours commencer par les réjouissances : cela brisait la glace et motivait les troupes avant d’attaquer le cœur du sujet. Et il en fallait bien, du courage ! À présent que les BUSE étaient passées, ils commençaient à aborder la discipline de manière plus complexe et approfondie, insistant sur les métamorphoses humaines... un sujet qui intéressait tout particulièrement la préfète depuis qu’elle se savait imitée.

Haley opina du chef. Sur ce point, elles étaient d’accord : plutôt elles commençaient à s’atteler rapidement à leur devoir, mieux c’était. Elle détestait faire les choses à la dernière minute, particulièrement quand elle n’avait pas le choix que de les faire avec d’autres personnes. La difficulté était d’autant plus présente que Gwendolyn et elle n’avaient encore jamais réellement travaillé de concerts ; il fallait un petit temps d’adaptation et ce malgré les nombreuses années passées dans la même classe.

La poufsouffle laissa échapper un petit rire. L’idée d’être capitaine de son équipe était assez affreuse qu’absurde : elle n’était pas mauvaise à son poste – si ce n’était dire qu’elle était la meilleure, puisque personne n’avait attrapé plus de vif d’or qu’elle, l’année précédente – mais il fallait vraiment mal la connaître pour penser qu’elle puisse être un choix pertinent pour chapoter l’équipe. Elle n’avait pas la fibre d’un leader, de quelqu’un capable de pousser ses coéquipiers à s’entraîner plus dur : Misha, comme Erin, se débrouillait bien dedans. Il avait le mérite d’avoir assez de poigne tout en étant capable de légèreté, ce qui était parfait pour le moral des troupes. Haley, elle... eh bien, elle était très sévère avec elle-même, une compétitrice hors pair, capable de se motiver mieux que personne, mais elle était bien incapable de donner cette énergie aux autres. « Heureusement pour nous tous, ce n’est pas le cas ! Et il vaut mieux que ça soit Misha le capitaine, crois-moi. » Et c’était sans compter qu’il était pour le moins impossible de concilier ses fonctions de préfète avec celle de la direction d’une équipe de quidditch.

Les deux filles enfin installées et leurs sacs vidés des manuels, elles pouvaient s’atteler à plus sérieux que des trivialités comme le sport. Non pas qu’elle n’apprécie pas ce genre de discussion, simplement la jeune anglaise se fixait-elle toujours des objectifs précis et exigeant : il y avait un temps pour les bavardages et un autre pour le travail. « Quelque chose de précis, non... mais faire un exposé sur les métamorphoses humaines sans en faire une démonstration serait un manque d’ambition flagrant, non ? » Le professeur Forbes n’avait nullement parlé d’une obligation de magie pendant l’exposé : quelqu’un d’un peu fainéant ou de malhabile avec sa baguette se satisferait sûrement d’évoquer le sujet sans jamais trop s’aventurer à une quelconque démonstration, mais la poufsouffle voulait faire plus et surtout éclatant ! « Je pense que si on s’entraîne bien, on devrait pouvoir faire un exposé plus animé, et ça changera de tous ceux qui vont juste ressortir le contenu d’un ou deux livres trouvés dans la bibliothèque. » Elle avisa ses ouvrages ; certes, elle était la première à se ruer à la bibliothèque à la moindre occasion, mais avec les expériences de potions de van Aken, l’année dernière, elle avait appris à s’en détacher un peu. « J’ai pris quelques livres qui donnent des conseils en métamorphose et parlent des erreurs à éviter quand le sujet est humain. » Elle désigna quelques titres du bout des doigts, avant de plonger ceux-ci dans son sac de bonbon pour attraper une baguette magique en chocolat noir.

Avec ce devoir, elle faisait presque d’une pierre deux coups : elle pouvait espérer une bonne note et expérimentait ce qui permettait – peut-être – à son usurpateur de devenir une copie parfaite d’elle-même. Connaître son ennemi, pour mieux le piéger, voilà la clef de son plan.

Il allait sans dire que Haley était infiniment plus confiante à l’idée de faire des métamorphoses en compagnie de Rosa ou Artemis que de Gwendolyn... mais peut-être était-ce là le but du professeur que de les bousculer dans leur confiance et leurs habitudes. C’était bien le genre de chose que pouvait faire Aylmer, ou Thorstein dans le passé, il n’y avait pas de raisons pour qu’ils soient les seuls à détenir le monopole de la cruauté professorale.
Bien sûr, elle aurait pu tomber sur pire binôme, mais passée les BUSE, il ne restait plus en classe que les plus débrouillards dans la discipline... quoique, il y avait Hayden. Elle n’aurait peut-être pas pris le risque de proposer de la pratique un peu plus aboutie avec lui en métamorphose. C’était à se demander comment il avait fait pour obtenir une note suffisante pour réussir à rester en cours. « Bien sûr, il va falloir s’entraîner et être sûre de présenter quelque chose que l’on maîtrise ! » Il ne fallait pas qu’à trop vouloir fanfaronner et impressionner la classe, elles ne finissent par se ridiculiser.

La serpentard semblait plutôt apprécier son idée, du moins assez pour s’y pencher à son tour, en étudiant d’un coup d’œil ses manuels, avant de finalement énumérer les premiers points qui lui venaient en tête. « Tu as raison, mieux vaut prévoir quelque chose qui nous évite de nous retrouver à moitié nues en cas de pépin. » Machinalement, elle se mit à tapoter sur la couverture d’un manuel. « Une main ou un bras, par exemple. Et ça peut effectivement être utilitaire : au-delà de faire de la métamorphose, on montre en quoi elle peut se révéler utile ! » Une idée, un peu absurde mais plutôt rigolote vint à son esprit, dessinant un sourire coupable sur ses lèvres : allonger le cou telle une girafe serait bien pratique pendant les spectacles... mais métamorphoser un endroit comme celui-ci paraissait plutôt dangereux pour des novices. Non, les bras, c’était déjà bien.

La nouvelle question de Gwendolyn plongea la préfète dans une profonde réflexion. « Je ne sais pas trop... ça pourrait être intéressant de tenter sur un cobaye, mais dans ce genre de métamorphose, plus on connait le sujet, meilleurs sont les probabilités de réussites. Si tu fais une métamorphose sur moi, et moi sur toi, on aura eu le temps de s’entraîner avant, mais avec un cobaye, non. » Elle marqua une pause, avant de reprendre en rigolant. « Sans compter que ledit cobaye ne sera peut-être pas content. » Elles pouvaient toujours demander avant à quelqu’un s’il se portait volontaire, mais elles auraient l’air maline si personne n’acceptait de jouer les rats de laboratoire. « Qu’est-ce que tu en penses, toi ? »

À mesure qu’elles réfléchissaient à leur devoir, les questions qui l’accompagnait se faisaient de plus en plus nombreuses. C’était assez stimulant et Haley sentait monter en elle l’excitation ; tant celle de la bonne note qu’elle s’imaginait déjà que du résultat qu’elles pourraient obtenir avec leurs sorts, si elles s’entrainaient bien. En fin de compte, le binôme avec Gwendolyn n’était pas si absurde, quand bien même il était assez atypique. « Tâchons de faire une métamorphose utile ! Pas juste quelque chose qui soit censé être joli – un sourire fendit ses lèvres – ou moche d’ailleurs. » Aller au-delà de la simple métamorphose esthétique et s’essayer à des transformations qui puissent avoir une réelle pertinence... c’était sans doute plus simple à dire qu’à faire, mais la préfète croyait dur comme fer en leurs aptitudes. Elles avaient la volonté, c’était là le moteur de toute réussite ! « On pourrait transformer nos bras en ailes d’oiseaux ? » En imaginant  ce qu’elle pouvait faire de ses bras, c’était la première chose qui lui était venu : à la fois joli à regarder et assurément utile pour monter les étages de Poudlard. Encore qu’elle ne se risquerait sans doute pas à le faire, mais sur le papier, ça devait être très amusant de voler à travers toute l’école.

Avant de commencer les entraînements, encore fallait-il s’accorder sur le procédé et l’idée, un temps séduisante, de faire appel à d’autres camarades pour rendre le devoir plus ludique laissa finalement place chez la poufsouffle à un grand doute. « Participant cible ou cobaye, le résultat espéré demeure le même. Et les potentiels échecs qui vont avec. Je serais plus confiante à l’idée qu’on reste sur des expérimentations sur nous-même. » exprima-t-elle après quelques secondes de réflexion, rajoutant presque aussi sec : « Et ça ferait double dose de travail pour Artemis si on lui demandait, en plus. Son propre devoir et nos expérimentations. » Le serpentard avait assez de choses à faire ces temps-ci, entre ses devoirs de préfets et ceux à rendre, ainsi que ses magouilles annexes. Sans compter qu’elle avait quelques scrupules à lui demander de participer à leur exposé magique après l’explosion de la tour. Si elles échouaient et que cela lui causait encore un peu plus de tort, elle ne se le pardonnerait jamais.

Les choses sérieuses pouvaient commencer : trouver en quoi elles se métamorphoseraient, ne serait-ce que partiellement. Haley était partisane d’une approche aussi utile qu’élégante, cherchant à impressionner un peu son auditoire – et surtout le professeur Forbes – tout en se prouvant à elle-même qu’elle avait les capacités. La théorie ne lui avait jamais posé de problèmes mais ses sorts pouvaient parfois se révéler capricieux, aussi avait-elle besoin de s’entraîner et de progresser. D’ordinaire, le plus habile avec sa baguette, c’était Artemis, pas elle.

Gwendolyn avait donc commencé à énumérer quelques propositions provenant de son manuel, relevant par intermittence la tête en quête d’une réaction de la préfète. « Je n’ai pas la fibre artistique, je doute que des pinceaux à la place des doigts me soient très utiles. » nota-t-elle en rigolant. « Et les pagaies, j’ai déjà tenté l’année dernière pour l’intégration des poufsouffles, une fois mais pas deux ! » Bon, elle ne s’était pas foulé et avait favorisé de vraies pagaies aux sortilèges de métamorphoses. Le but n’était alors pas de transformer toute sa maison en canoés vivants, tout de même ! « Pourquoi voudrait-on transformer un doigt en passe-partout alors que y’a un sortilège plutôt basique sur cela… ? » Elle opina vigoureusement du chef. Les sorciers pouvaient se montrer très ingénieux, mais certains avaient le don d’inventer des sorts ou des potions qui n’avaient qu’une utilité discutable ; mais lorsque l’on manquait d’imagination et de talent, il fallait bien trouver des subterfuges pour marquer l’histoire. « On est d’accord... c’est pour ça que je pense que je vais vraiment tenter les ailes à la place des bras. » affirma-t-elle au bout de quelques secondes, d’un ton légèrement hésitant malgré sa détermination grandissante. « C’est beaucoup plus atypique et les enchantements qui permettent de voler ne sont pas légions. Et très complexes. » La métamorphose avait donc ici une véritable particularité, en plus de se révéler utile. Et des ailes d’oiseaux, c’était plutôt poétique.

Haley tira l’un de ses ouvrages et l’ouvrit, cherchant en index le chapitre qui se prêterait le mieux à ses aspirations. « Métamorphose animale », en page 158. Parfait ! Le manuel ne promettait pas une grande simplicité, mais elle était une adolescente ambitieuse lorsqu’il s’agissait de ses cours. Elle pouvait y arriver, elle en était sûre ! « Tu veux faire la même chose, ou t’essayer à autre chose ? » Ça n’était pas comme si effectuer deux sorts différents leur prendrait plus de temps que des métamorphoses identiques, après tout.

Le souci de Haley était qu’elle avait facilement tendance à se perdre en supposition et en réflexion ; elle mettait du temps avant d’agir, de commencer la pratique. En réalité, elle avait un besoin viscéral de faire le tour de la théorie, d’être certaine d’avoir tout dit et lu avant d’entamer la partie la plus importante – et risquée – de la discipline. Cela lui faisait parfois perdre du temps mais jusque-là, elle en avait toujours tiré de grands bénéfices. En Gwendolyn, elle avait trouvé une partenaire qui semblait lui être fort semblable en la matière : à deux, elles énuméraient toutes les hypothèses et prévoyaient chaque partie de leur plan, traçant ainsi les grandes lignes de ce qui allait être leur entraînement. La poufsouffle s’était donc finalement arrêtée sur son choix, ce qui tenait presque du miracle : il n’était pas rare qu’elle attende l’avis des autres avant de vraiment se décider. Ne restait donc plus que la serpentard, laquelle cherchait tout ce qui pouvait être un handicap dans leurs métamorphoses. « Quel est le rapport avec les sortilèges informulés ? Il ne s’agit ici que de transformer les bras, pas la bouche, il est donc tout à fait possible d’annuler un sort sans même avoir à se compliquer la tâche avec des informulés. » répondit finalement la blonde. Quand bien même avait-elle commencé à apprendre le domaine, il fallait reconnaître que c’était toujours plus compliqué de lancer un sort sans prononcer le moindre mot ; compte tenu de ce qu’elle voulait, il y avait déjà suffisamment de difficulté pour vouloir évité de s’en rajouter des supplémentaires. « Si le problème que tu vois est celui de la baguette, j’avais vu une solution quelque part... » La préfète tira l’un des manuels qu’elle avait apportés et l’ouvrit sur ses genoux, passant les pages par dizaines avant d’arriver au chapitre qu’elle cherchait. « Tiens, regarde ! » Elle tendit le livre à sa camarade. Celui-ci détaillait le processus de métamorphose animale. « Tu vois, ils font mention de la question de l’annulation de métamorphose corporelle : quand on métamorphose le bras et la main, la baguette peut-être comme incluse dans notre métamorphose. Un finite incantatem ou un reparifagex devrait donc fonctionner sans souci. » La baguette était comme une extension du bras du sorcier ; c’étaient des objets magiques dotés d’une forme d’autonomie particulière qui n’obéissaient pas tout à fait aux mêmes règles physiques que d’autres corps physiques. « Nul besoin d’apprendre à faire de la magie sans baguette... ce qui nous prendrait beaucoup trop de temps. » Sans compter que l’intérêt était discutable : les sorciers européens n’utilisaient que très peu ce genre de magie et ne valorisaient pas particulièrement ceux qui savaient en faire.

Finalement, Gwendolyn opta pour la même transformation que la poufsouffle. Ça n’était pas idiot : en travaillant sur le même sujet, elles sauraient mieux partager leurs expériences et ainsi appréhender la métamorphose. Un véritable travail d’équipe, en somme ! « Bon, comment on procède ? Mieux vaut qu’on s’y essaie à tour de rôle, comme ça, si ça dérape, l’autre pourra toujours intervenir. » Prudence était mère de sûreté. En outre, pendant que l’une lançait les sorts, la seconde pouvait observer et prendre des notes plus facilement. « Je me demande... à ton avis, c’est plus simple de lancer le sort sur soi-même ou de le lancer sur quelqu’un d’autre ? » Peut-être que tenter l’expérience maintenant était une bonne manière de le savoir ? Et ainsi, elles auraient toujours plus de commentaires annexes à rajouter à leur exposé ; mine de rien, il ne fallait pas perdre du regard le but premier de leur expérience. Il s’agissait d’un devoir commun, toute information supplémentaire était donc bonne à prendre si elles visaient la meilleure note !