Allez savoir si c’était les tours qui l’inspiraient, ou si Skyler lui ayant confié ne pas avoir le moral, Blaze s’était senti d’humeur romantique ce soir-là. En tout cas, renouant avec ses vieilles habitudes qui consistaient à ne pas faire les choses à moitié, il avait filé en direction des escaliers sans perdre de temps, baguette en main et l’imagination tournant à vive-allure. Ces-derniers temps, il avait surtout eu l’occasion d’utiliser ses talents de manière assez belliqueuse, dans un soucis de revanche, de manipulation ou pour enfreindre les règles. Une énergie négative, qui avait tendance à ronger mais qu’il abandonna progressivement en sautant les marches vers les plus hauts étages de l’école, comme on abandonne derrière soi un poids lourd à porter. Comme si la perspective de mettre ses dons au service pour rendre quelqu’un d’autre heureux l’avait poussé dans le dos.

Si certaines tours étaient occupées par des salles de cours ou des appartements d’enseignants, celle de la volière était plus désertée et, en bifurquant dans les couloirs avant d’atteindre le pigeonnier, on pouvait trouver des pièces inutilisées qui offraient une vue panoramiques sur le parc. Souvent, des ados venaient se bécoter ici, imitant les chouettes, mais les températures de plus en plus basses à mesure que l’hiver s’approchait avaient tendance à faire fuir les amoureux transis de froid qui préféraient leurs confortables salles communes à ces lieux excentrés.

En pénétrant dans une pièce vide, Blaze la jugea appropriée. Skyler devait sans doute être en chemin, mais sauf si elle courait, il avait encore quelques minutes devant lui. Il ne lui fallut pas longtemps pour se décider à quoi faire. Il portait toujours sur lui une fiole de la potion que Judith et lui avaient créé, une création secrète, qui décuplait la force magique de celui qui l’ingérait. Blaze la gardait au cas où il se retrouve à nouveau face aux Sherwin, mais au vu des circonstances, il jugea qu’il pouvait en avaler une rasade pour réussir son plan.

Orchedeus : 1ère année
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➤ 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 = réussite sans soucis, Blaze connait bien ce sortilège
6 = les plantes poussent mais fanent aussitôt...
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En l’honneur de leur premier ‘rendez-vous’, plus exactement du défi qu’il lui avait lancé dans un couloir, et parce que le jeune homme avait toujours apprécié ce sortilège, il balaya la pièce d’un orchedeus et celle-ci se couvrit d’une gazon épais et moelleux, et sur les murs lierre, plantes grimpantes et fleuries poussèrent comme une vidéo accélérée. En un instant, la pièce austère était devenue un concon de verdure. Les seuls endroits qui n’était pas couvert de plantes étaient les fenêtres qui laissaient passer le soir.

Blaze hocha la tête d’un air satisfait. Skyler prenait le quidditch très au sérieux et s’il ne partageait pas son implication dans ce sport – mis à part que perdre l’agaçait – il comprenait qu’elle ne vive pas très bien son premier match se soldant par une défaite. Qui plus est contre l’équipe de Serdaigle, mieux valait la jouer diplomatiquement…

Avisant la pièce, il se demanda ce dont elle pouvait manquer encore. La potion dans les veines, le potentiel des sorts les plus anodins se trouvaient démultiplié. Le soleil tombait dehors, il ferait bientôt sombre. Levant sa baguette au-dessus de lui, il se concentra pour se rappeler les variantes des sortilèges de métamorphose et d’invocation. Avis pour les oiseaux, il pouvait certainement improviser quelque chose. Rien n’était impossible quand on était amoureux.

- Luvis !

Luvis : sortilège inventé, variante d'avis
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1 = des petites fées bleues amicales sortent de sa baguette
2 ; 3 ; 4 = de sa baguette s’échappent des lucioles qui viennent danser dans la pièce
5 = rien ne sort sa baguette, faudra faire sans
➤ 6 = c'est un essaim de guêpes qui sort de sa baguette !
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- Shiii...!!

Alors ça c'était pas prévu ! Amplifié par la potion, la magie improvisée devient incontrôlable et plutôt que les lucioles attendues, ce sont des guêpes qui s'échappent de la baguette de Blaze. Celui-ci n'a que le réflexe de s'échapper de la pièce et d'en refermer la porte, alors que dans l'escalier se font entendre les pas de Skyler.


@Skyler P. Mills

Ok ça ne s’était pas passé exactement comme prévu mais c’était l’intention qui comptait, hein ? A un moment si on voulait faire des choses grandes ou belles, il fallait accepter que cela puisse échouer en chemin, sinon on ne tentait jamais rien.

Prudent, Blaze secoua un peu sa baguette pour s’assurer qu’aucune guêpe n’en sortait plus et constatant que le danger était écarté, adressa un sourire idiot à Skyler genre « tadaaaa ! ». Celle-ci ne semblait heureusement pas avoir pris ombrage de quoi que ce soit et il eut à peine le temps d’ouvrir la bouche qu’elle déposait ses lèvres contre les siennes et il lui rendit son baiser. Puis se prit une tape sur la tête.

- Eh !

Bon il l’avait peut-être un peu mérité mais ce n’était pas une raison pour le traiter comme un enfant de huit ans qu’on aurait surpris la main dans le bocal à cookies…

- Hm, à la base c’était censé être des papillons. Ou des lucioles. Enfin un truc qui matche avec l’ambiance.

Il soupira, mélodramatique, espérant lui arracher un sourire.

- C’est quand même malheureux d’être à ce point puissant en magie que le moindre sortilège devient une catastrophe nationale.

Il savait à quel point le quidditch comptait pour Skyler, et qu’après avoir remporté la coupe l’année précédente, commencer la saison sur une défaite n’était certainement pas quelque chose qu’elle digérerait aisément. Contrairement à lui, la jeune fille se projetait dans ce sport, victoires et défaites avaient un poids autrement plus lourd qu’une simple affaire d’ego froissé.

- Maintenant que tout danger est écarté, me ferez-vous l’honneur… ? demanda-t-il en s’effaçant pour la laisser pénétrer dans la pièce. « La soirée est à toi, c’est moi qui invite. »

Affichant soudain l’air d’un sommelier qui présenterait le menu, il prit un air songeur.

- Je peux vous proposer un pique-nique aux chandelles, une soirée jeux de société, un tir au pigeon depuis le haut de la tour – si on vise bien on peut péter les vitres de la cabane du garde-chasse, quelques jeux coquins pour te changer les idées ou bien je peux te lister tous les truc qui font de Jasper un petit être médiocre et sans avenir ?

« Rien dans le crâne, rien dans le crâne » elle exagérait un peu… tout ça pour un sortilège échoué, ça pouvait arriver à tout le monde, non ? A la manière d’un gentleman, il s’effaça pour la laisser entrer dans ce petit nid d’amour fait sur-mesure. Et tant pis pour les lucioles. Tandis que Skyler découvrait la place, il fermera la porte et se mit à énumérer les différentes possibilités pour la soirée, allant de la plus innocente à la plus coquine, en passant par quelques idées bien mesquines. Blaze n’avait aucun scrupule à jeter Jasper sous les roues du bus si cela pouvait lui permettre de faire passer une meilleure soirée à sa copine, et que son camarade soit aussi son co-équipier de quidditch n’y changeait strictement rien. De toute façon il n’avait jamais pris ce sport tant que ça au sérieux. Tout dépendait des gens dans l’équipe adverse.

Espérant la faire sourire, il y était parvenu mais nota bien que la mention de Jasper eut plutôt l’effet inverse, et contrairement aux fleurs qui couvraient les murs de la pièce, le sourire se fana. La question qu’elle lui adressa alors lui provoqua un pincement au cœur. Il hésita sur la manière de répondre. Quelques mois plus tôt, il se serait contenté d’ironiser, ou de la rassurer, quelque chose qui ne mangeait pas de pain mais faisait plaisir à entendre. Mais on n’en était plus là et l’âge aidant, leurs discussions devenaient plus sérieuses. Il s’assombrit.

- Ou s’en fout de ce qui se passe dans cette école Skyler, c’est juste un terrain d’entraînement.

Il eut un regard pour la fenêtre, l’extérieur. « Tu crois que les grands sorciers, ceux qui réussissent, ont tous eu de bonnes notes et remporté tous leurs matches ? Ce qui va se passer après, ça c’est vraiment important, tu le sais comme moi. »

Pas besoin d’épiloguer. Ils avaient déjà beaucoup parlé de certaines menaces, certaines angoisses, ce passif de Blackman qu’ils partageaient.

- On va avoir nos ASPICS et après on verra, mais tu sais quoi ? Je suis pas inquiet deux secondes pour toi.

Il hocha la tête.

- Parce que de ce que j’ai vu à Poudlard, le monde extérieur fait clairement pas le poids.

Il le pensait. Sinon pourquoi se serait-il intéressé à elle ? Blaze était sans doute une personne narcissique et égocentrique, mais cela impliquait également qu’il prenait grand soin de bien s’entourer. Et il n’avait jamais regretté de s’être mis avec Skyler, pas une seule seconde, quand on voyait les autres filles…

- En fait, rectification, nous deux ça compte. Et, regarde-moi, c’est déjà une sacrée réussite non ? ne pu-t-il s’empêcher de conclure d’un ton plus léger.

Parfois le sérieux pouvait provoquer plus de joie qu’une plaisanterie, s’il y avait un enseignement à tirer de ces sept années de collège, c’était au moins celui-ci. Ne pas craindre d’aborder les sujets qui fâchent, prendre les choses à bras-le-corps, la vie en main avec énergie. A mettre ses angoisses sous le tapis, on gâchait tout et pire, on s’y rendait vulnérable lorsque, implacables, elles ressurgissaient.

Le sourire et l’expression de Skyler laissaient peu de doutes quant au fait que cette fois-ci, les mots étaient tombés justes. Peut-être précisément parce que Blaze n’avait pas cherché à ce qu’ils le fassent. Il avait exprimé sa pensée, avec sincérité, quitte à prendre le risque de paraître naïf, ou grossier, mais c’étaient ses idées et il les assumait.

L’atmosphère s’était un peu allégée, paradoxalement. Comme souvent Skyler fit le choix de ne pas répondre directement, mais c’était sa manière à elle d’exprimer ses sentiments et des deux, elle était sans aucun doute la moins expressive. Les années avaient appris à Blaze à lire un peu plus correctement les indices et les gestes qui témoignaient des pensées qui n’étaient pas dites à voix haute.

Au lieu de ça, elle passa ses bras autour de ses épaules – il l’avait toujours dépassé de quelques centimètres – rebondissant sur sa liste de divertissement. Pas sur n’importe quel point, d’ailleurs, ce qui lui arracha un sourire. A leur âge, les pique-niques et soirées jeux de société avaient un peu perdu de leur intérêt… ou demandaient à être revisités.

- Peut-être, peut-être, soupira-t-il d’un air faussement pensif, avant de déposer un baiser sur le haut de son front. « Sois ma muse pour ce soir parce qu’il faut que j’en invente du coup. »

Cela ne devrait pas trop poser de problèmes cependant, Skyler et lui avaient toujours eu l’imagination fertile en matière de défis et de mises à l’épreuve, y rajouter une composante un peu sexy n’était pas la partie la plus difficile de l’affaire.

- Tu sais que j’ai appris à faire pousser des fleurs directement sur la peau ?

Lui et ses maudites fleurs, heureusement que Skyler n’y était pas allergique, il s’en serait trouvé assez frustré.

Il se pencha un peu plus sur elle, tout en en profitant pour baisser un peu la voix d’un ton qu’il espérait assez sensuel.

- Je pourrai t’en faire une garde-robe.

La discussion qu’ils avaient eu cet été avait eu l’effet bienvenu de simplifier un peu les choses entre eux. Blaze marchait moins sur des œufs et Skyler… semblait aussi plus à l’aise. Peut-être était-ce juste le temps passé ensemble qui faisait son œuvre, mais le jeune homme voulait croire que la maturité payait et qu’ils passaient bel et bien des paliers dans leur relation. En parlant de paliers, le temps des hésitations et des pudeurs adolescentes semblait également derrière eux, ce qui n’était pas pour déplaire à Blaze qui – il fallait bien le dire – vivait sa meilleure vie de jeune adulte depuis un moment.

Il était en cela aidé par des goûts simples et une curiosité sans failles pour tout ce qui lui était intrigant. Il aimait les fleurs, les origamis, l’exploration, le pouvoir, être aimé et aussi sa copine, qui cumulait pas mal de ces choses-là, enfin, à condition d’être d’accord pour le suivre dans ses délires, ce qui avait l’air d’être son humeur ce soir. Que demander de plus ?

La jeune fille semblait en effet y trouver son compte, suggérant même qu’elle ne se trouvait pas dans les meilleures conditions pour se prêter à l’expérience. Un problème qui n’en était pas vraiment un, pour qui avait deux neurones à brancher, et Blaze n’était pas stupide pour manquer une invitation aussi explicite.

- Un vrai drame, soupira-t-il d’un air faussement désolé. « J’imagine qu’on ne peut rien faire pour y remédier ? »

A qui se sentait en terrain conquis la confiance venait aisément, et aussi le luxe de pouvoir faire un peu durer le plaisir. Par un réflexe pudique néanmoins, il jeta un coup d’œil en direction de la porte, vérifier que celle-ci était bien fermée avant de reporter son regard vers Skyler.

- Ou alors ?

Une espèce d’idée comme ça, qui lui était venue en tête, au-delà de leur petit jeu de séduction, quelque chose de beaucoup plus terre-à-terre, mais cela impliquait de la magie.

- Je pourrai essayer le sortilège evanesco ? J’ai jamais testé sur des fringues !

Curiosité quand cela vous prenait.

Dans l’ordre des choses qu’il préfère faire, lancer des sortilèges et déshabiller sa copine se disputent les premières places. Avec sans doute une petite variable selon son humeur et la pression atmosphérique. Aussi, la perspective de mêler les deux avait le don de susciter chez lui un émoi difficilement descriptible.

Il ne faut pas être fin limier pour sentir que Skyler n’est pas tout à fait sur la même longueur d’onde. Sur certains sujets futiles, la différence de maturité se fait parfois sentir. D’un autre côté, la jeune fille a également du mal à relâcher un peu la pression quand il faudrait. Un équilibre à trouver donc, qui a fait le succès de leur couple, mais aussi ses aléas.

Alors qu’elle met en balance plusieurs alternatives pour la suite de la soirée, lui retrouve un peu des sensations des confiseries où, la pelle à la main, on lui laissait le choix de ce qui lui plairait le plus. A ceci prêt qu’il n’est plus question de pelle en cette fin d’après-midi.

- Moi qui me faisais un plaisir de jouer avec ma baguette, soupira-t-il d’un air faussement désolé.

Blaze se définissait un peu comme un expérimentateur. Si on l’avait laissé faire, il aurait mis sa magie au service de la science, et, dans ce contexte, du plaisir. Mais il comprenait également qu’un certain trop plein d’enthousiasme pouvait être mal perçu, ou malvenu selon les gens. N’empêche que… pour la blague…

Tâchant de masquer l’ombre d’un sourire sur son visage, il pointa en direction du jean déjà pour moitié déboutonné et annonça : « Alohomora. »

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1 ; 2 ; 3 = ma foi... ça fonctionne
➤ 4 ; 5 = nop, c'est pas fait pour ça
6 = fiasco laissé à l'imagination
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Il fallait croire que tous la magie n’était définitivement pas appropriée à toutes les situations. Un brin déçu, Blaze haussa les épaules avec une petite moue.

- Rien ne vaut la technique classique j’imagine.

Disant cela, il se rapprocha de la jeune fille et l’embrassa. Entre ça et les abeilles, il devait se résoudre au constat que, pour l’heure, l’imagination et l’interprétation qu’il donnait à ses sortilèges avait des limites. N’empêche qu’avec un peu d’entraînement, il y aurait sans doute moyen de pimenter un peu tout ce potentiel magique.