Passer le flambeau [Noelia

Deux mois. Depuis la rentrée en fait. Deux mois que le nouveau directeur, Fergal Armitage, l’avait convoqué dans son bureau l’air un peu embêté pour lui expliquer qu’on n’avait pas encore trouvé de remplaçant à Benjamin Duncan, ce qui laissait l’école dans une situation un peu problématique. Sur le moment, Thomas pensait encore très fort à Michaela, sa copine morte, alors il s’était contenté de hocher la tête en disant « oui oui » et même, dans une espèce de mimétisme de l’attitude qu’il aurait aimé qu’on ait envers lui, s’était montré rassurant en expliquant qu’il pouvait sans doute prendre en charge quelques petits trucs en attendant que n’arrive le prochain garde-chasse. Franchement, il serait là d’ici deux semaines, non ?

Deux mois. Deux mois c’est assez long quand tout ce que vous connaissez du job étaient les enseignements bourrus de Benjamin Duncan, qui considérait que laisser Thomas le regarder faire tenait lieu de pédagogie efficace. Heureusement que sur la fin, le jeune homme avait commencé à mettre la main à la pâte – et pas que pour planter des graines de citrouilles magiques dans le potager – mais sa formation restait très très succincte.
Le seul avantage qu’il avait pour lui était qu’une partie des habitants des bois, en tout cas ceux doués d’une forme a minima primitive d’intelligence, savaient qui il était. Il ne risquait donc pas trop de se faire engueuler ou pire, piétiner par un centaure si on le surprenait à marcher dans la forêt interdite. Pareil pour les Selkis, les habitants du lac, dont certains étaient même une fois venu lui prêter main forte alors qu’il tirait sur les algues de la berge pour les arracher, les deux pieds dans l’eau.

Sacré boulot, quand même, mais très imparfait, ne serait-ce que parce que le directeur lui avait formellement interdit d’aller dans les coins profonds de la forêt. Fergal Armitage avait pris des pincettes mais Thomas avait rapidement compris qu’il s’inquiétait, en particulier parce que, incapable de faire de la magie, le jeune homme faisait une proie facile pour les prédateurs qui y vivaient. On avait trouvé un compromis en l’autorisant à emporter l’arbalète du garde-chasse – Thomas était ravi ! – et aussi ses grands-parents lui avaient offert un perroquet magique, rapidement nommé Haribo, dont la fonction était de rester sur l’épaule de Thomas et de lui bequeter les cheveux, et de s’envoler prévenir un adulte en cas de problème sans qu’on ait besoin d’écrire une lettre d’appel au secours. Thomas n’avait quand même pas le droit d’aller trop profond dans les bois, par précaution.

Finalement, du point de vue du jeune homme, ces deux mois avaient été épuisants, mais il lui semblait n’avoir pas fait trop de bêtises. Il y avait eu quelques ratés, mais comme personne n’était là pour les remarquer, Thomas s’était contenté de mettre la poussière sous le tapis et de croiser les doigts pour que les problèmes se résolvent tout seul. Il y avait par exemple eut cette fois où, trop bruyant, il avait fait fuir un troupeau de veaudelunes en direction des bois profonds et ne les avait plus revus depuis – Thomas ne pouvait qu’espérer qu’ils n’avaient pas croisé la route des araignées géantes – ou cette autre fois où, versant des restes de poisson dans le lac pour nourrir le kraken qui y dormait, le sac lui avait échappé des mains et Thomas en avait versé trois fois trop. Là aussi, il ne pouvait que croiser les doigts pour ne pas avoir provoqué une indigestion à la pauvre bête.

Le travail était plus simple quand il fallait juste planter des choses, plus simple et plus ennuyant si bien que, laissé sans véritable surveillance, le jeune homme tirait pas mal au flanc et avait pris du retard sur la saison des semis. Maintenant l’hiver approchait, et le gel menaçait d’un jour à l’autre de s’abattre sur le nord de l’Ecosse.

Même s’il appréciait cette liberté, Thomas se sentait également un peu seul, et n’était pas certain d’aimer les responsabilités qui allaient avec son travail – même provisoire. Le seul avantage était qu’il pensait moins à son deuil et que l’effort physique lui faisait beaucoup de bien. Un an à travailler dehors, après une adolescence de petit citadin, il se sentait déjà plus robuste et endurant qu’à son arrivée à Poudlard, et cela lui plaisait bien.

Quelle ne fut pas son plaisir, et son appréhension, quand un matin le directeur le prit à parti au moment du petit-déjeuner pour lui annoncer qu’on avait trouvé un remplaçant à Benjamin Duncan. Fergal n’en dit pas plus, sinon qu’ils avaient rendez-vous à 14h à l’entrée du domaine de l’école où le nouveau garde-chasse devait arriver en calèche.
La matinée fut fébrile, le début d’après-midi aussi. Pour une fois, Thomas ne fut pas en retard, et même en avance devant les grilles du domaine, trépignant sur place pour chasser le froid de ce début novembre, tout emmitouflé dans son épais manteau de travail, bottes, sac à dos, bonnet sur la tête et gants en peau de dragon, des fois que son nouveau patron soit aussi dur à la tâche que Benjamin Duncan et décide qu’on allait se mettre au boulot tout de suite, il valait mieux être prêt à tout.

@Noelia Hopkins

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Noelia Hopkins & Thomas Chastel

La décision avait finalement été prise bien rapidement, peut-être un peu trop, mais Noelia avait décidé d’arrêter d’être simplement spectatrice de ce qui arrivait à Poudlard et par addition à son petit frère. Elle avait quitté la ferme familiale, espérant que ses parents s’en sortiraient sans elle, même si la vieillesse et les problèmes physiques commençaient doucement à être problématique pour eux. Elle savait pertinemment qu’ils faisaient de leur mieux pour avoir cette force constamment, donner l’illusion, mais sans doute que le fait que la grande sœur puisse être proche pour veiller sur le plus jeune, permettrait au moins aux parents de souffler. Et au besoin, Noelia savait qu’ils arrêteraient, qu’ils vendraient la ferme pour couler de meilleurs jours à la campagne dans un maison plus petite avec toujours leur précieuse créatures pour leur tenir compagnie. Elle ne doutait pas qu’ils y arriveraient, même si ce fut avec des paroles de prévention qu’elle les avait quittés pour partir en direction de Poudlard. Son entretien remontait à peu, avec un concierge devenu directeur du jour au lendemain, une grande question qui semblait avoir travailler les esprits quand elle avait pu en saisir quelques discussions. Ce n’était sans doute pas le plus important, l’essentiel serait de voir comment le parc avait pu tenir sans que personne ne s’en occupe. Elle y avait jeté un coup d’œil quand elle était venue pour passer son entretien, elle avait regardé et à part un manque certain de main d’œuvre, elle s’était attendue à pire. On lui avait alors parlé d’un jeune, prénommé Thomas qui avait eu pour habitude d’aider le précédent garde-chasse, comme il le pouvait. Un Cracmol. Le regard qu’elle avait eu à cette annonce avait été un mélange de surprise et d’incompréhension. Autant un peu de rage s’en était presque mêlé comme si elle n’était pas assez douée pour se débrouiller toute seule, mais elle ne pouvait pas non plus refuser un peu d’aide alors que deux mois seraient passé et que le parc risquait d’avoir subit pas mal de transformations. Elle espérait simplement que le jeune homme n’avait pas fait trop de bêtises qu’elle se devrait de rattraper, mais au moins elle aurait quelqu’un qui pourrait lui expliquer comment avait fonctionner son prédécesseur. Ce n’était pas une mauvaise chose, avec un peu de recul, alors qu’elle y repensait dans le train qui l’emmenait jusqu’à Poudlard, caressant de sa main Alfred sur ses genoux, mais les questionnements continuaient de fuser toutefois dans son esprit, priant pour ne pas tomber sur un incompétent.

Pire, sans doute serait-ce l’un de ses adolescent arrogant, stupide et qui pensaient s’y connaitre sans rien savoir. Non, s’il avait aidé l’ancien garde-chasse, il ne pouvait pas être dénué de compétences, à moins que son prédécesseur ne fut un tyran qui ne faisait qu’aboyer des ordres. Les pensées semblaient nombreuses dans l’esprit de la jeune Noelia, mais elle ne pourrait surement jamais se faire une idée avant d’arriver, de voir ce qu’il avait put faire. Le train s’était arrêté et elle avait embarqué dans la calèche en compagnie de son chat, même si elle avait dû l’appeler après qu’il ait tenter d’attraper un oiseau qui avait eu le malheur de passer par-là. L’appréhension de son nouveau poste commençait à se faire sentir, autant que la rencontre, mais alors qu’elle jetait un coup d’œil sur le château qui se tenait devant ses yeux, elle remarqua au grillage un jeune homme qui sautillait sur place. Un comité d’accueil intéressant. La calèche s’arrêta et Noelia descendit. Elle s’était vêtue prête à commencer le travail, ne serait-ce que faire un tour de l’ensemble du domaine, ses bottes habituelles, un pantalon noir et un pull en laine qui lui arrivait au-dessus du jean. La garde-chasse n’avait même pas pris la peine de prendre une veste, savourant la fraicheur de l’automne. Se tenant de toute sa stature, elle observa le jeune garçon devant elle, appréciant le fait qu’il l’ait accueillis prêt à travailler. « Tu dois être Thomas ? » supposa-t-elle, le ton se faisant confiant, les bras croisés sur sa poitrine. Quelques secondes passèrent, sans doute donnant l’air de vouloir faire bonne impression, avant qu’elle ne décroise les bras pour tendre sa main au jeune garçon. « Noelia Hopkins. Tu peux m’appeler Noelia. » se présenta-t-elle avec un sourire. Il n’était pas question qu’il l’appelle Madame, elle allait faire une syncope. Le chat descendit à son tour, avant de venir se glisser dans les jambes de Thomas et de ronronner. « Et voici Alfred. » fit-elle en montrant son chat du doigt qui semblait ravis de faire la connaissance de l’apprentis. Les présentations étaient faites. Ne comptant pas rester là, Noelia se retourna pour prendre son sac dans la calèche, avant de finalement annoncer : « Aller, ne perdons pas de temps, faisons le tour du propriétaire ! » Avant de travailler, il valait mieux savoir dans quoi on mettait les pieds.

@Thomas Chastel

electricbird.

Fergal Armitage n’avait pas donné beaucoup d’informations à Thomas, si ce n’était une heure de rendez-vous et le fait que le remplaçant de Benjamin Duncan allait arriver en calèche, comme toutes les personnes qui venaient de l’extérieur de Poudlard. Au risque de se répéter, on ne pouvait pas transplaner à l’intérieur du château aussi fallait-il avoir recours à des moyens moins conventionnels pour sortir du domaine, et les véhicules tirés par les sombrals en étaient un.
Thomas regrettait toujours de ne pas pouvoir les voir des ses yeux, ce qui lui compliquait la tâche quand il fallait les nourrir ou s’en occuper, et il avait tendance à se faire bousculer par les animaux, plus grands que lui, dès qu’il s’approchait de leur enclos avec des réserves de foin dans les bras. D’un autre côté, pouvoir les voir signifiait qu’on avait vu la mort en face, et Thomas n’était pas certain de souhaiter une chose pareil.

Debout dans le froid près des grilles, il vit la calèche arriver de loin et sentit l’appréhension monter doucement à mesure que celle-ci parcourait le reste du chemin qui les séparait. A quoi allait bien pouvoir ressembler le remplaçant de Duncan ? Serait-il aussi bourru, aussi sévère ou aussi peu bavard ? Ou bien plus enjoué, et aussi plus terrifiant, à l’image du professeur de soin aux créatures magiques ? Comment savoir ?
Finalement, mettant fin au suspense, le véhicule s’arrêta devant les grilles qui s’ouvrirent magiquement et pénétra dans l’enceinte du parc avant de se garer dans un espace prévu à cet effet. Curieux, Thomas se dévissa la tête et… ah ba mince, c’était pas la bonne calèche ?

De la diligence une jeune femme, très jeune, venait de sortir sans manteau et si, certes, elle portait des bottes, elle n’avait pas DU TOUT une tête de garde-chasse. Le jeune homme fronça les sourcils, se disant qu’il devait y avoir une erreur, ou bien que la calèche du vrai garde-chasse allait arriver après, ou que le garde-chasse était toujours à l’intérieur et alors que la jeune femme marchait vers lui, il essaya de regarder s’il restait quelqu’un mais la diligence était vide.

La jeune femme vint se planter face à lui, et supposa correctement son nom. Fergal Armitage devait l’avoir prévenue que ce serait lui qui l’accueillerait aux grilles aussi hocha-t-il la tête et lui rendit sa poignée de main un peu maladroitement.

- Bonjour, bienvenue à Poudlard.

C’était bizarre, les choses ne se passaient pas comme elles étaient prévues et ça avait tendance à l’inquiéter. De la diligence, un chat venait de s’échapper et, très naturellement, vint se glisser entre les jambes de Thomas qui s’accroupit, ravis, pour lui gratter le cou.

- Salut toi.

La jeune femme en avait profité pour prendre ses affaires et Thomas s’apprêtait à lui demander qui elle était quand celle-ci lui demanda de l’accompagner. Non là, ça devenait trop compliqué, il secoua la tête d’un air contrits.

- Heu, désolé, je dois attendre quelqu’un encore.

Il indiqua le chemin de Pré-au-lard, puis celui de l’école, visiblement un peu confus.

- Je suis l’apprenti du prochain garde-chasse, il doit arriver bientôt, mais peut-être que si on demande à un elfe, il pourra aider pour les bagages ?

Les elfes étaient toujours très serviables, quand on prenait la peine de leur demander les choses poliment. Thomas n’avait pas le droit d’abuser de leur aide, bien sûr, mais on lui avait donné la permission de faire appel à eux pour des choses qui ne relevaient pas directement de son travail et aider la jeune femme à porter ses affaires jusqu’à l’école semblait une bonne occasion pour cela.

moon & howl

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Noelia Hopkins & Thomas Chastel

Elle n’avait jamais vu les sombrals, n’ayant jamais connu la mort d’un proche devant elle, heureusement pour elle, mais Noelia avait toujours put les sentir. Peut-être comme un sixième sombre de voir les choses invisibles qui si on regardait attentivement pouvait se laisser voir, ou simplement pouvait trahir leur présence. Les pas, les vrombissements sur les feuilles mortes de l’automne, le léger mouvement de sabot, qui bien que taris par le souffle du vent dans les arbres étaient perceptibles si on y faisait attention. Evidemment dans la calèche qui l’amenait au château, elle n’y avait fait que très peu attention, ce ne serait que bien plus tard qu’elle aurait besoin de faire appel à ses sens pour savoir où ils se cachait. Et elle pourrait sans doute faire appel à son assistant pour lui montrer tous les endroits utiles pour effectuer son métier. Noelia se souvenait quand elle était plus jeune, revoyant le château qu’elle avait quitté des années auparavant, de ses balades dans le parc de Poudlard. Elle avait toujours apprécié regarder les créatures qui s’y cachait, ceux dont personnes ne faisait attention, sous l’œil attentif du garde-chasse qui à l’époque était tout ce qu’il y avait de plus jovial. Un homme bon qui avait souvent appris des choses aux élèves les plus curieux, transmettant son savoir faire pour que de nouvelles générations puissent comprendre la beauté de la nature. Mais la jeune femme était certaine que son caractère ne lui permettrait pas d’être aussi attentive aux élèves, même si elle pouvait imaginer des jeunes tout aussi passionnés qu’elle l’avait été. Les enfants aimaient apprendre, pour la plupart, mais il fallait trouver les bons mots pour leur transmettre quelque chose. L’arrivée se fut plus rapide qu’elle ne l’aurait cru, Noelia descendant de la calèche pour faire face à son jeune apprentis garde-chasse, Thomas Chastel. Il l’avait attendus, prêt à l’accueillir ou à travailler, elle hésitait encore sur les raisons. Elle lui tendit la main, se présentant en l’ayant reconnu, avant de sentir la molle main de Thomas prendre la sienne. Cela commençait mal, il avait l’air ailleurs, comme perdu, maladroit. Elle espérait sincèrement que cette première impression ne se confirmerait pas avec le temps. Si elle avait hérité d’un garçon empoté les choses allaient s’avérer difficile. « Merci ! » répondit-il aux mots de bienvenue. Alfred profita que sa maitresse parle pour venir se coller aux jambes de Thomas, ronronnant de plaisir de se faire un nouvel ami. Elle les laissa faire connaissance, prenant son sac, prête à aller voir les catastrophes qu’elle allait devoir résoudre à la suite du départ de son prédécesseur.

Elle laissa la surprise transparaitre sur son visage, le genre de surprise mauvaise qu’on peut avoir, l’air un peu incrédule quand il lui informa qu’il attendait quelqu’un d’autre en secouant la tête. Noelia suivit du regard les chemins qu’il lui montrait, d’abord pré-au-lard, puis finalement l’école, avant qu’il en l’informe qu’il attendait le nouveau garde-chasse. Elle aurait pu clairement rire, éclater dans un grand éclat de l’entendre parler ainsi. Mais au lieu de sa la jeune femme resta fixer Thomas quelques seconde, cherchant presque à comprendre ce qu’elle venait de dire. Elle mit un moment avant de s’en remettre et de finalement avoir un sourire narquois. Elle aurait dû s’y attendre. « Oh ! On ne te l’a pas dit. » fit-elle une lueur amusé dans le regard. Noelia s’approcha alors de Thomas, bien plus petit qu’elle et se pencha légèrement, toute proche de lui. « Je suis le nouveau garde-chasse. » lui informa-t-elle, un léger sourire sur le visage, aussi fière et amusé qu’elle pouvait l’être. Malgré tout c’était quand même très vexant. Elle n’avait pas l’air surement avec sa tenue, elle ne devait pas avoir le physique de l’emplois comme beaucoup l’imaginer : botte, grand manteau, un visage fort et un air déterminé. Oui un peu bougon sur les bords, on pouvait imaginer sans soucis un homme grand, costaud et peu serviable prendre un tel poste. La jeune femme se redressa, venant finalement croiser les bras sur sa poitrine. « Ce n’est pas parce que je suis une femme ou que je suis jeune que je n’y connais rien. » reprit-elle, comme pour lui faire bien ancré dans l’esprit que les apparences pouvaient être trompeuses. Alfred en profita pour sauter dans les bras de sa maitresse, la jeune femme le rattrapant de justesse, habitué à ce qu’il n’aime pas quand elle croisait les bras de cette manière, laissant le chat venir se poser sur ses épaules. « Alors elle vient cette visite ? Ou faut que je découvre toute seule les catastrophes que je vais devoir résoudre ? » demanda-t-elle, le regard quelque peu inquisiteur. Noelia aurait pu être bien plus gentille, c’était un fait, mais elle avait essayé dans un premier temps, un peu de fermeté ne ferait jamais de mal.

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Pour Thomas, la situation était parfaitement confuse. Incapable d’imaginer l’idée que le remplaçant du garde-chasse puisse être UNE remplaçante, les pièces du puzzle peinaient à s’assembler dans son esprit, provocant presque littéralement un bug de son cerveau. Noelia Hopkins, face à lui, lui rendit un regard tout aussi confus et l’espace de quelques secondes ils se fixèrent réciproquement comme deux étrangers qui, ne parlant pas la même langue, auraient fait le constat de leur incapacité à se comprendre.

Ce fut finalement la jeune femme qui brisa l’instant de gêne avec un sourire narquois, avant de se pencher vers lui. « Je suis le nouveau garde-chasse. »

Le jeune homme se sentit pâlir. Tout se mettait à faire sens dans son esprit, bien que la différence physique qu’il y avait entre Benjamin Duncan et sa remplaçante lui paraisse toujours difficile à avaler, et il réalisa qu’il venait de faire une ENORME boulette.

- Ah.

Fut tout ce qu’il trouva à répondre, sur un ton un peu étranglé.

Noelia Hopkins s’était redressée à présent et croisa les bras d’un air que Thomas jugea sévère. Merde merde merde, il était trop con !!! Ne sachant quoi répondre lorsqu’elle lui expliqua qu’il ne fallait pas juger sur les apparences, le jeune homme hocha la tête, toujours un peu hébété autant par la révélation que par sa gaffe. Heureusement, lorsque la garde-chasse demanda si la visite allait mettre longtemps à arriver, ses paroles provoquèrent comme une sorte d’électrochoc et Thomas sembla revenir à la réalité.

- Oui ! Tout de suite ! Heu… désolé.

Pff, quel idiot, vraiment. Il rencontrait à peine sa nouvelle tutrice et il avait réussi à tout foutre en l’air au bout de cinq minutes. Est-ce qu’on pouvait commencer les choses plus mal que ça, franchement… ?

Complétement réveillé par l’adrénaline, Thomas prit rapidement le chemin de la cabane qui avait l’intérêt de se trouver à mi-chemin entre le lac et la forêt interdite. Comme il était stressé, il profita également du chemin pour se mettre à parler, moins pour faire la conversation que pour essayer de se rattraper aux yeux de la jeune femme en lui faisant le bilan de ce qu’il y avait à savoir.

- Alors là-bas c’est la cabane, c'est là que vous habitez sauf si vous voulez un appartement dans le château c’est possible aussi mais la cabane est confortable. Depuis que monsieur Duncan est parti il y a eut des problèmes avec les centaures parce qu’un de leurs petits s’est fait attaquer par un loup du coup ils veulent lui donner la chasse hors des frontières de leur territoire, j’ai dit non mais ils ne m’écoutent pas, aussi il faut s’occuper des algues dans le lac, ça dérange les selkis, je vais m’en occuper la semaine prochaine, on a eu une bonne récolte de citrouilles pour halloween mais je n’ai pas réussi à en cultiver autant que l’année dernière je ne sais pas pourquoi il y a toute une partie du potager qui est morte dix jours avant la fête mais ça allait le directeur a fait grossir celles qui restaient, ah et un élève a cassé une branche d’arbre à botrucs il y a trois jours ils sont super excité depuis.

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Noelia Hopkins & Thomas Chastel

Son regard se posait sur Thomas, attendant patiemment qu’il comprenne à qui il avait à faire, attendant que ça monte à son cerveau. Elle ne le jugerait pas sur ce point, personne n’aurait put prédire qu’elle allait prendre le poste et vu ce qu’elles avaient fait de ses dernières années, elle devait bien plus ressembler à une jeune professeure, peut-être même une infirmière plutôt qu’une personne habituée à mettre les mains dans la terre. Enfin si on se fiait au stéréotype bien sûr, ce qui semblait être le cas sans doute pour le jeune garçon, puisqu’il avait dû imaginer que le nouveau garde-chasse serait un homme, sans doute avec une carrure imposante plutôt qu’une jeune femme longiligne, les cheveux en batailles et qui ne payait clairement pas de mine face à n’importe quelle créature. La voir affronter un troll et beaucoup riraient, mais Noelia savait parfaitement à quoi s’en tenir, les bras croisés en expliquant simplement qu’il ne fallait jamais se fier aux apparences. Evidemment elle n’affronterait jamais un troll adulte, mais c’était un détail. Elle l’observa pâlir et lui répondre par une onomatopée comme si l’information venait parfaitement d’arriver au cerveau. C’était déjà un début. Elle lui demanda alors finalement si elle devait faire la visite toute seule ou s’il allait avoir la décence de le faire, l’entendant répondre en bégayant. Pour une première impression il faisait fort, mais au moins avait-il l’excuse de la jeunesse. Elle n’allait pas lui en tenir rigueur en fonction de ce qui allait ressortir des choses qu’elle allait devoir régler. Noelia lui emboita le pas, Alfred en faisant de même, alors qu’il la conduisait à travers le parc, lui montrant les différents endroits tout en parlant, principalement la cabane du garde-chasse. Elle allait devoir y jeter un œil, pour savoir si elle voulait vraiment habiter dans le château. Ce ne serait pas une bonne solution, si jamais elle devait réagir vite.

Les soucis vinrent à la suite, les problèmes avec les centaures, les algues qui gênaient les Selkis dont il allait s’occuper, les citrouilles qui n’avaient pas grossit, mais surtout le jardin qui avait dépérit avant de finir sur les Botrucs qui étaient existés – ou angoissé – à l’idée que leur arbre soit brisé. Noelia observa le parc, comme un retour à des sources bien ancienne, Alfred déjà en course après une abeille. « Tu parles beaucoup. » lui fit-elle remarquer, pouvant parfaitement mettre cela sur le coup de la panique, sans pour autant être plus attendrissante que nécessaire. La jeune femme s’arrêta finalement, bien loin d’avoir envie de courir toute la journée. Au fond elle lui avait demander une visite, mais le parc n’avait pas réellement changé, bien au contraire de ce qu’elle avait imaginé. Son regard se posa sur le jeune garçon. « Je t’avoue que je m’attendais à pire, mais ce ne sont pas des problèmes insolvables. » fit-elle remarquer. Les centaures étaient des créatures intelligentes, mais il fallait pouvoir être capable de leur donner une certaine justice, qui semblaient logique. Les selkis pouvaient surement attendre encore un peu pour le moment, le jardin lui était un peu plus préoccupant tout comme les botrucs. Elle se retourna brusquement vers Thomas, le regard fourmillant de suppositions. « J’ai plusieurs questions » commença-t-elle. « Un : Les centaures ne t’ont pas écouté, ce qui est normal, mais est-ce qu’ils se sont vraiment beaucoup agiter ? » Elle allait devoir se présenter et il valait mieux savoir dans quel état ils se trouvaient avant de le faire pour prendre toute les précautions possible. « Deux : Est-ce que tu sais pourquoi une partie du potager est morte ? » reprit-elle. Elle avait vu des cultures être gravement atteints, autant d’un point de vue magique que moldu, mais il fallait alors pouvoir prendre des précautions avant que ça n’empire. « Trois : Est-ce que tu sais qui a casser la branche d’arbre ? » finit-elle par demander. La personne devait au moins comprendre son erreur, être punis pour ce genre de chose, mais Noelia pouvait parfaitement ce douter de l’autorité inexistante de la part de Thomas Chastel.

electricbird.

Voilà, Thomas pensait avoir à peu près résumé les trois mois passés hors de toute supervision d’un adulte, et maintenant qu’il en faisait le bilan, il trouvait qu’il s’était plutôt bien débrouillé. C’était aussi sans doute dû au fait qu’il avait passé pas mal de temps à glander, ce qui limitait les bêtises potentielles, ou juste à se promener dans la forêt, mais non, décidément, il s’en sortait sans trop d'accidents graves, et ce n'était pas gagné !
Lui revint cependant en tête qu’il n’était pas complétement certain qu’une partie des sombrals ne s’étaient pas enfuie, étant incapable de les voir, et aussi que les hippogriffes lui faisaient la tête depuis qu’il avait malencontreusement comparé la blancheur de leurs plumes à celle des mouettes – mais juré dans sa bouche ce n’était pas offensant !

Noelia lui fit toutefois remarquer qu’il parlait beaucoup et le jeune homme referma la bouche à temps.

Ils s’arrêtèrent au milieu du parc, la jeune femme semblant réfléchir. Thomas attendit le verdict avec une pointe d’appréhension et souffla discrètement, soulagé, lorsqu’elle lui avoua s’être attendue à pire. Il avait bien fait de ne pas lui dire que depuis quelques semaines les fées attaquaient à vue toute personne qui osait pénétrer sur leur territoire, la faute aux attaques répétées d’un auguray qui avait presque mangé la moitié de leurs œufs. S’il mettait la main sur ce piaf…

Il commençait à se détendre un peu et sursauta lorsque la garde-chasse se tourna brusquement vers lui, précisant qu’elle avait des questions. Décidément il fallait qu’il se calme ! Il hocha la tête, bouche close, prêt à lui dire tout ce qu’elle voulait avoir.

- Heu oui, pas mal oui ! Je retrouve des flèches dans les arbres tous les trois jours alors… Je crois pas qu’ils essayent vraiment de viser quelque chose, c’est plus comme une sorte d’avertissement.

C’était son interprétation, tout du moins. D'ailleurs les flèches, il en avait fait un tas qu'il entreposait dans la cabane du garde-chasse, essayant à chaque fois d'en trouver une qui soit utilisable avec son arbalète.

- Ou alors ils sont vraiment nuls au tire-à-l ’arc… ne put il s’empêcher de faire remarquer.

Il secoua ensuite la tête d’un air contrit quand la jeune femme lui demanda pourquoi le potager n’avait pas tenu le mois d’octobre. Boooon… d’accord… il avait peut-être une petite idée… peut-être qu’il avait oublié d’allumer des feux pour éviter le gel et peut-être qu’un matin, la température était descendue en dessous de zéro, et la moitié de la récolte était morte… mais sans magie c’était pas si simple aussi ! Et puis personne ne l’avait prévenu qu’il allait geler en octobre !!

- Aucune idée. Peut-être une malédiction ?

C’était dit sans ironie, pour Thomas absolument tout pouvait trouver une explication magique dans cette école, parce qu’il peinait encore à estimer les limites des pouvoirs des sorciers adultes. Pour le moment, à ses yeux, tout était possible pourvu qu’on connaisse la formule appropriée.

La dernière question de la jeune femme lui arracha une grimace. L’affaire était… compliquée. Oui, Thomas connaissait le nom de l’imprudent mais de là à le balancer à un professeur… il était à peu près sûr que ça allait lui attirer des ennuis. D’un autre côté, casser la branche d’un arbre à Botrucs n’était pas anodin, les créatures étaient rancunières et si le jeune homme était parvenu à se faire apprécier d’elle, notamment parce qu’il faisait toujours bien attention en grimpant aux branches, et aussi parce qu’il leur faisait des petites atèles avec du scotch quand leurs bras se brisaient par accident, ce n’était pas le cas de tout le monde à Poudlard.

- N… non… articula-t-il lentement. « Enfin… »

Merde, il en avait trop dit. Et pas assez, du coup… Merde merde merde…

- C’était un accident, j’ai essayé de le leur expliquer mais ils ne veulent rien savoir ! Je ne suis même pas sûr qu’ils parlent l’humain en fait, les selkis oui, une fille m’aide pour les trucs de traduction, mais les botrucs c’est comme les fées, elles ont un foutu caractère !

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Noelia Hopkins & Thomas Chastel

Être garde-chasse n’était pas un métier sans accroc, ni même un métier qui pouvait s’apprendre en lisant des livres ou en pratiquant sur des bancs d’une école pendant des années. La plupart des gens qui faisaient ce métier avait un passif très prononcé avec la nature, mais c’était surtout des années d’expériences qui pouvaient jouer et réduire le nombre de catastrophe. Si Noelia apparaissait surement à Thomas comme rude dans ses questions, dans la recherche de ce qui avait put arriver aux alentours de Poudlard pendant les mois sans aucun adulte pour le superviser, c’était simplement pour savoir où elle mettait les pieds. Il valait donc mieux savoir que les centaures semblaient quelques peu agités, que les Botruc ne lui seraient pas forcément amical dans un premier abord et que le jardin comportait certains problèmes à régler de toute urgence plutôt que de voir ça sur le tas. Et Thomas faisait bien de lui dire tout ce qu’il savait, de ne pas essayer de le lui cacher, car chaque chose se découvrait au fur et à mesure. Mieux les problèmes étaient pris rapidement en main et moins le carnage se ferait violent. Les pas continuaient à avancer à travers le grand domaine que comportait Poudlard, la jeune femme observant les alentours comme si elle revenait chez elle après des mois d’absence, des années pour être plus exact. Et puis finalement elle s’arrêta, sentant l’air frais sur son visage du mois de novembre, venant poser une multitude de questions à Thomas pour en apprendre plus et savoir ce qui pouvait être le plus urgent à gérer. Il lui répondit, hochant la tête en affirmant que les Centaure agissaient de manière menaçante, les flèches volant autour de la forêt interdite. S’ils en étaient arrivés à ce point, les approcher allait s’avérer être une situation compliquée. Elle le fusilla dur regard en l’entendant ironiquement dire que peut-être ne savait-il pas viser. S’ils avaient voulu le tuer, Thomas serait déjà mort. Heureusement sans doute que son air changea en se rendant compte des propos tenus, faisant s’adoucir légèrement le visage de Noelia. « Même un enfant centaure restera plus doué à l’arc que la plupart des hommes après des années d’expérience. » fit-elle remarquer. Il avait beau être un cracmol, il devait être suffisamment conscient de tout cela, enfin l’espérait-elle.

La deuxième question fut finalement posée, venant à chercher ce qui avait pu toucher le jardin de cette manière et ainsi créer une exploitation médiocre au cours du mois d’octobre. Elle devrait peut-être contacter un botaniste pour être sûr de ce qu’elle découvrirait, ayant déjà bien des idées en tête. Thomas ne semblait pas en reste niveau idée, suggérant une malédiction, idée totalement stupide et en même temps pas dénué de sens. Qui voudrait maudire un potager réserver pour des élèves ? A moins d’avoir envie de tuer tous les habitants de Poudlard et même là il y avait des moyens plus efficaces à mettre en place. « Malédiction, mauvais entretien, plante invasive, potion raté jeté délibérément là où il ne fallait pas … les réponses sont trop multiples. Il faudra que je jette un coup d’œil. » fit-elle remarquer, la réflexion toujours présente dans son esprit. Peut-être que ce serait la première chose à regarder ? Même si au fond, en fonction de ce que cela pouvait être, la cause pouvait être grave ou minime. Un mauvais entretien par exemple. Il valait sans doute mieux s’occuper des centaures ou des Botrucs. Elle releva son regard à nouveau vers Thomas, sortant de ses réflexions pour lui poser une nouvelle question, concernant le malotru qui avait pu s’en prendre à l’arbre d’adorable créature. Noelia ne fut pas surprise de voir la grimace sur le visage de son apprenti, ni même d’entendre sa réponse, comprenant parfaitement qu’il connaissait le coupable. Il en disait trop et pas assez. Cela dit, il se reprit rapidement en essayant de justifier le tout par un accident. « Donc tu le sais. Tu pourras aller dire à cette personne, de se tenir éloignée de tout ce qui touche la nature, pour son propre bien. » répondit-elle. La menace était sous-jacente, autant de ce que pourrait lui faire les Botrucs, de ce que pourrait lui faire la garde-chasse si jamais elle découvrait de qui il s’agissait.

La punition serait sévère, sans aucun doute, mais le respect de ce qui nous entourait était une chose importante. On ne grimpait pas à n’importe quel arbre, on ne faisait pas n’importe quoi, on réfléchissait aux conséquences et on essayait de réparer du mieux qu’on le pouvait nos erreurs. « Les Botruc sont des créatures sous-estimés et intelligentes. Les émotions et les intentions, ils les comprennent. Il faudra leur apporter des cloportes en grande quantité pour essayer de réparer l’affront. » reprit-elle. Ils adoraient ça, et cela les distrayait, sans doute suffisamment d’ailleurs pour laisser le temps de jeter une potion sur l’arbre pour le rendre encore plus luxuriant qu’avant. Oui en soit la solution ne serait pas compliqué à trouver. Comme les centaures qui aimaient les traits d’esprits, les Botrucs aimaient eux les sucrerie – si on pouvait appeler ça ainsi. Trouver la parade pour mieux réparer. La jeune femme se remit alors finalement en marche. « Bien. Allons voir le potager, ensuite nous iront voir les centaures. Pour que je me présente. » proposa-t-elle, délogeant son sac de son épaule, pour chercher quelques fioles à l’intérieur tout en continuant de marcher, se laissant guider par le jeune apprentis.

HRP:

electricbird.

Thomas avait beau faire des efforts sincères pour ne pas décevoir celle qui allait être sa tutrice, il fallait bien reconnaître qu’il ne partait pas gagnant. Outre ses difficultés de concentration et sa flemme à suivre les cours de manière générale, il n’avait en tout et pour tout qu’une grosse année d’expérience de garde-chasse dans les pattes, dont les derniers mois avaient été gérés en autodidacte ce qui s’était révélé aussi instructif pour lui que problématique pour le domaine de l’école.
Fort de son immaturité adolescente, il préférait donc tenter sa chance en proposant des explications, parfois un peu saugrenues, aux problèmes qu’il avait rencontré avec les différentes créatures de la forêt, dont le fait que les centaures avaient tout simplement pu manquer leurs cibles en tirant dans les arbres, ce qui lui valu un regard noir de la part de Hopkins. Pas la bonne réponse, visiblement.

Thomas rentra la tête dans les épaules avant de la hocher d’un air assuré en écoutant la garde-chasse expliquer qu’il était peu probable que ces êtres fassent preuve de maladresse. Silencieusement, le jeune homme pensa qu’il faudrait peut-être qu’il leur demande conseil pour son arbalète, une fois ceux-ci calmés, mais préféra garder cette pensée pour lui de peur de dire une nouvelle bêtise.

Noelia reprenait son interrogatoire, demandant pourquoi le potager était mort. C’était entière sa faute mais il était hors de question de l’avouer et il suggéra plutôt les effets d’un mauvais sort. Après tout, dans une école de magie c’était une explication loin d’être improbable et contre toute attente, la jeune femme ne la rejeta pas, au grand soulagement du garçon, suggérant plutôt qu’elle irait jeter un coup d’œil par elle-même.

- De toute façon ce n’est plus la saison des citrouilles, non ? suggéra-t-il comme si cette constatation était de nature à minimiser son crime.

Malheureusement pour lui, la suite de l’interrogatoire prit une tournure plus compliquée et Thomas se retrouva à tenter d’expliquer par divers périphrase tournant autour du pot comment éviter de balancer l’identité d’un de ses camarades pour sa bêtise. Il n’avait pas envie de passer pour un cafteur, c’était un coup à avoir mauvaise réputation pour les quatre années à venir…

- Oui oui ! confirma-t-il, trop heureux qu’elle ne l’oblige pas à donner des noms. « Ils peuvent même crever les yeux des gens, je l’ai étudié en cours ! »

Il s’avérait que Thomas appréciait bien les botrucs, aussi parce que lui-même aimait monter dans les arbres et qu’il faisait toujours très attention de n’y rien casser. Dans les branches hautes, on croisait parfois ces petites créatures curieuses mais agressives si on avait le malheur de toucher à la nature. Au fond, elles ressemblaient un peu à des garde-chasses, elles aussi. Une idée qu’il s’empressa de partager.

- Ce sont des alliés naturels pour les garde-chasses, non ? Même s’ils ne restent que sur un seul arbre, si il y en avait tout autour de la forêt personne n’oserait plus y mettre le bordel.

Il grimaça à la mention de ce dernier mot, un peu familier, avant de filer en avant de Noelia pour lui indiquer le chemin du potager.

- Oh, d’ailleurs, je ne sais pas si on vous a dit mais je suis un loup-garou. Il jugeait plus intéressant de rappeler ça plutôt qu’il était un cracmol. « On ne me laisse pas sortir les nuits de pleine lune mais avec la potion que je prends je garde complétement le contrôle donc s’il y a besoin, je suis sûr que je pourrai être utile dans la forêt. »

Il espérait un peu que Noelia validerait son idée et plaiderait sa cause auprès du directeur. Passer la nuit enfermée dans la cabane hurlante, quand il n’avait qu’une seule envie, celle de courir à travers bois pour profiter de sa force et de sa vitesse, était assez frustrant. D’autant que la transformation le laissait complétement à plat les jours suivants, Thomas avait un peu l’impression de perdre son temps à chaque fois…

hrp:

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