@Noah A. Wood

Alors que la journée de cours venait de se terminer, Léo resta échanger quelques mots avec une de ses connaissances, Alexander qui lui racontait qu’il avait trouvé un livre absolument fabuleux pour se dépêtrer du devoir de métamorphose auquel elle ne comprenait rien, comme souvent. A croire que ses BUSE relevaient plus du miracle qu’autre chose. Elle le remercia avec chaleur et leur conversation dériva sur leurs vacances, dans une conversation plutôt bon enfant. Brusquement, le visage d’Alexander se décomposa légèrement. Ce n’était pas particulièrement évident, mais pour Eléonore qui se trouvait en face de lui, elle vit distinctement son sourire se faner et ses yeux se hâter de trouver une porte de sortie. Manifestement, la seule qu’il trouva consista à faire un demi tour en bonne et due forme, de préférence le plus rapidement possible. Il lui marmonna qu’il la croiserait plus tard et tourna rapidement les talons, la laissant confuse en plus milieu du couloir. Est-ce qu’elle avait dit quelque chose qu’elle n’aurait pas dû … ? Pourtant, elle avait l’impression de n’avoir fait que gentiment plaisanter avec son camarade. Elle entrouvrit la bouche, comme pour protester, avant de se retourner. Noah se trouvait à quelques mètres. Voilà qui expliquait la réaction d’Alexander et qui innocentait entièrement la Poufsouffle. Elle dévisagea le garçon. Il ne semblait pas contrit le moins du monde d’avoir fait fuir son frère. A vrai dire, elle était incapable de dire quelle était l’émotion qui se trouvait au fond de ses yeux.

Fut une époque où ils avaient été amis. Elle faisait partie d’un groupe dans lequel gravitaient les jumeaux. Elle n’en avait jamais préféré un à l’autre, ils étaient très différents, bien plus que leur apparence ne le laissait penser. Puis une année, ils étaient revenus, comme fâchés à mort. Noah le secret s’était contenté de s’éloigner, sans aucune explication et Alexander s’était répandu en confidences. Aucune n’était en faveur du Serdaigle. Une histoire d’indépendance et de jalousie. Il avait conté sa mésaventure avec force de trémolos dans la voix, comme s’il était réellement affecté par cette distance et Léo n’avait pas su faire autrement que de le consoler. De prendre son parti. Elle détestait voir quelqu’un malheureux et Alexander avait l’air si triste. Sans compter que de son côté, le récit qu’il lui avait livré l’indignait. Elle qui avait une sœur n’avait jamais éprouvé la moindre jalousie à son égard. Pire, elle avait toujours fait en sorte que sa sœur puisse ne pas se sentir mise de côté du fait de ses pouvoirs magiques. Elles n’étaient pas forcément extrêmement proches avec Louise, mais elles s’entendaient bien. C’était mesquin de la part de Noah de se comporter ainsi, surtout quand on savait que c’était Alexander à l’époque qu’il faisait l’effort de l’entraîner partout avec lui. Elle avait donc réagi en accord parfait avec sa personnalité, elle qui détestait la tiédeur avait pris fait et cause pour l’un des jumeaux. Noah l’avait compris et ils n’avaient jamais essayé de reparler depuis. Peut-être qu’elle ne lui en avait pas non plus laisser l’occasion, tournant les talons quand il était dans les parages pour se rapprocher d’Alexander, comme pour témoigner silencieusement son camp.

Aujourd’hui, cela lui paraissait futile d’agir ainsi. Cela faisait quoi, presque trois ans qu’ils se toisaient ainsi ? C’était ridicule. Voilà comment, se décidant brusquement justicière là où elle aurait seulement dû se mêler de ses affaires, elle fonça droit vers le Serdaigle d’un pas décidé. Celui-ci sembla penser d’abord qu’elle allait le contourner et mit une seconde de trop à comprendre que la blondinette venait pour lui. Ce fut sans doute pour cette raison qu’il ne s’enfuit pas face à son air agacé. Elle se planta devant lui et le dévisagea

- Noah.

Il y avait de la surprise dans ses yeux, cette fois elle en était sûre. Avant qu’il puisse dire quoi que ce soit, elle lui demanda avec irritation

- Ce cinéma va finir un jour ?

Elle désigna d’un mouvement de tête l’endroit par lequel son frère s’était éloigné et reprit, toujours sur le même ton

- Ca fait trois ans que tu te comportes comme un idiot. Il en est malheureux, tu sais. Il serait peut-être temps de ravaler cette jalousie mal placée.

Le Noah de ses souvenirs n’était pas quelqu’un de sanguin, contrairement à elle.

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Quand elle repenserait à cette conversation aux allures d’altercation, Eléonore finirait bien par comprendre que, comme toujours, son principal défaut était de foncer tête baissée sans réfléchir. Elle aurait aimé être plus intelligente, plus posée, plus réfléchie. Cela lui aurait permis d’éviter bien des ennuis, mais elle en était incapable. Comme si le temps était toujours compté et que les remords valaient mieux que les regrets. Nul doute qu’elle allait pouvoir goûter à sa philosophie de comptoir.

Comme dans ses souvenirs, Noah l’observa arriver sans opposer de résistance. Il ne l’accueillit pas chaleureusement, mais ne la repoussa pas non plus, ce qui ne la surprit guère. Il avait toujours été ainsi, observateur, à regarder les choses se dérouler devant lui, comme pour en saisir le cours. C’était quelque chose qui la questionnait, à titre personnel. Elle qui brûlait la vie par les deux bouts, elle avait du mal à comprendre cette façon qu’il avait de seulement contempler la sienne. C’était une conclusion présomptueuse pourtant. Elle ne le connaissait pas assez pour savoir comment il menait sa vie. Il subit ses accusations un temps sans réagir, étonné. Elle ne considéra pas à cet instant précis qu’il était surpris de ses propos, mais plutôt du fait qu’elle soit au courant de la dispute entre son jumeau et lui. Et lancée dans sa tirade, elle ne se rendit pas compte que le timide Noah avait assez grandi et mûri pour ne pas se laisser accuser à tort par une blondinette haute comme trois pommes. Elle se trouva un instant désarçonnée quand il lui demanda si c’était une blague, s’arrêta, plissa les yeux à la recherche de ce qui pouvait laisser croire à une blague dans son discours et secoua la tête, agacée.

- J’ai l’air de plaisanter ?

Non, pas vraiment. Mais lui non plus, vu son regard furieux. Assez pour ne pas accepter docilement le sermon et se redresser en lui demandant de quoi elle se mêlait. Si les regards pouvaient tuer, elle serait sûrement morte sur le champ, fusillée. C’était bizarre de découvrir cette facette de sa personnalité. Elle ne la connaissait pas à l’époque, elle ne l’avait jamais soupçonnée aujourd’hui. Elle ne s’en plaignait pas, elle préférait qu’il se comporte ainsi que comme un chiot battu, mais elle ne pouvait pas nier que c’était étonnant.

- Alexander est mon ami, ça le rend triste et il m’en a parlé. Donc oui, je peux m’en mêler.

C’était de la mauvaise foi pure. A l’instant même où il lui avait signalé que ce n’était pas ses affaires, elle aurait dû acquiescer et battre en retraite. Elle n’avait pas besoin de s’ériger en chevalier blanc comme ça, persuadée de prendre la défense des opprimés. Alexander était un grand garçon, il n’avait besoin de personne s’il avait envie de s’expliquer. Alors par quelle sorte d’arrogance pensait-elle qu’elle pouvait arranger les choses, elle qui n’était que spectatrice ?

- Il m’a dit que tu avais l’impression de vivre dans son ombre et que c’est pour ça que tu avais pris ton indépendance. J’imagine que c’est une phase logique, mais c’est bête que ça dure éternellement, non ?

Elle avait essayé d’arrondir les angles. Elle y serait peut-être arrivée si Noah n’avait pas eu l’air de découvrir chaque mot qu’elle prononçait. Il semblait osciller entre déception, surprise et colère, au point qu’elle résista à l’envie de reculer d’un pas. Quand il semblait prêt à l’étriper, il faisait presque peur en fait.

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Noah avait toujours été le plus réservé des jumeaux, peut-être même le plus doux. Voilà pourquoi elle n’avait pas envisagé réellement la possibilité qu’il puisse devenir impressionnant dans sa colère. Plus elle parlait, plus chacun de ses muscles semblait se tendre et elle se demande presque un instant s’il n’allait pas essayer de la bâillonner juste pour l’empêcher de continuer. Elle ne s’inquiétait pas réellement qu’il le fasse, il n’était pas violent, du moins, elle ne le pensait pas. Mais c’était incongru, dissonant. Alors qu’il se décomposait au fur et à mesure de son discours, il lui demanda avec toute l’ironie dont il était capable si son frère était vraiment triste et elle pencha la tête sans comprendre. Oui, il avait l’air triste. C’était ce qu’il avait dit, c’était ce qu’il exprimait, ce qu’il dégageait quand Alexender parlait de son frère jumeau. N’était-ce pas logique ? Pourquoi ne serait-il pas malheureux d’être fâché avec la moitié de son âme, son double ? Ou alors c’était sa vision d’une relation fantasmée entre jumeaux. Cela n’aurait pas été si délirant d’ailleurs, après tout, elle n’avait pas de jumelle pour comprendre la situation.

- Pourquoi il ne serait pas triste ?

Quand Noah lui intima de se taire, son premier réflexe fut de gonfler légèrement les joues, comme si elle prenait son souffle et son énergie pour se mettre à tempêter que personne n’avait le droit de lui dire de se taire comme ça, alors qu’elle venait avec les meilleurs sentiments du monde. Oh il était évident que si elle s’était mise à s’énerver, il n’aurait jamais été possible d’améliorer quoi que ce soit et cela aurait été complètement contre-productif, mais elle n’avait jamais été excessivement patiente. Elle était même un chouïa susceptible. Ce fut quand il poursuivit en marmonnant qu’il ne comprenait pas pourquoi son frère racontait cela, visage baissé vers le sol qu’elle expira finalement sans rien dire, son agacement brusquement retombé. Elle le regarda en silence, cherchant un indice dans sa posture qui confirmerait son analyse première de la situation sans y parvenir. Pour une personne si orgueilleuse et jalouse comme le décrivait son frère, il semblait bien abattu. Pour une personne belliqueuse, il était très calme. Mais surtout, il était sincèrement et profondément surpris, comme affecté parce qu’elle venait de dire. S’il avait réellement tenu tête à son frère, il n’aurait pas dû être étonné. Il aurait dû au contraire essayer de se justifier ou nier la situation. Là, ce n’était pas le cas et elle en était perdue. Elle se balança d’un pied à l’autre, perturbée. Quand elle avait décidé de prendre les choses en mains, elle avait une représentation de la conversation à venir qui ne correspondait pas du tout à ce qui était en train de se dérouler.

- Qu’est-ce que tu veux dire ?

Au bout d’une poignée de secondes, elle avait opté pour la solution la plus prudente. Maintenant qu’elle commençait à entrevoir qu’elle n’avait pas tous les tenants et les aboutissants de cette histoire, s’énerver aurait un risque qu’elle n’avait pas envie de prendre. Se montrer brusquement douce et repentante non plus. S’il y avait bien une chose qu’elle ne supportait pas, c’était l’injustice. Si elle avait le sentiment qu’on s’en prenait injustement à elle ou à qui que ce soit, elle montait sur ses grands chevaux, prête à défendre la veuve et l’orphelin. C’était pour cela qu’elle s’était convaincue d’intervenir au début. C’était également pour cela qu’elle venait de décider qu’elle avait finalement besoin de plus d’informations. Si après cette étrange réaction, elle prenait le parti de Noah, elle risquait de commettre une injustice. Mais si elle s’arcboutait sur la position d’Alexender, le risque était aussi grand. Cette situation la mettait mal à l’aise. Profondément. Parce que si Noah avait un autre regard sur la situation, ce qui allait vraisemblablement être le cas, peut-être qu’elle s’était trompée. Et dans ce cas là, son comportement des dernières années n’était pas glorieux. Il allait même à l’encontre de la personne qu’elle aurait aimé être.

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Noah continua de se renfermer, sans pour autant répondre aux questions qu’elle venait de lui poser. C’était assez paradoxal, elle avait l’impression qu’il avait envie d’être n’importe où ailleurs et que cette conversation était loin de lui agréer, mais il ne la quittait pas. Il n’avait pas envie de lui répondre, mais il attendait manifestement d’elle qu’elle lui apporte des éléments qu’elle n’avait pas. Encore une seconde en arrière, elle aurait supposé tout savoir, mais rien n’était moins sûr et elle commençait à regretter de ne pas avoir d’indice sur ce qui se jouait. Il finit par lâcher que cela le saoulait, elle fut bien incapable de savoir s’il parlait de la situation en général ou directement d’elle. Un peu des deux sans doute. Elle se balança d’un pied à l’autre, entortillant une mèche de ses cheveux entre ses doigts. Elle était mal à l’aise. Et pour reprendre ses mots, ça la saoulait aussi de ne pas comprendre.

Elle le dévisagea quand il finit par lâcher qu’elle comme les autres avaient pris le parti d’Alex. Ce n’était pas faux. Alex était simple à suivre. Des deux, c’était lui qui était à l’aise avec les autres et qui entretenaient les liens sociaux, voilà pourquoi il avait été si simple de le suivre. L’histoire qu’il racontait était plausible avec l’humeur morose de Noah, son repli sur lui-même et son isolement. Elle n’avait pas creusé parce que tout s’imbriquait parfaitement. Peut-être trop, d’ailleurs. Elle croisa les bras et commenta

- C’est le seul qui a fourni une explication.

Ce n’était pas la bonne réponse manifestement, ou en tout cas, elle ne parut pas apaiser son interlocuteur un quart de seconde.

- Noah, du jour au lendemain, tu t’es éloigné, tu nous as évité sans que l’on comprenne. Alex a dit que tu étais en quête d’individualisation et qu’il fallait te laisser tranquille, c’était cohérent. Pourquoi il mentirait alors que tu es son jumeau ?

Toujours dans sa réalité fantasmée des fratries comme de la gémellité, elle n’arrivait pas à croire que l’on puisse souhaiter du mal à son double. Ils devaient bien être proches, non ? Surtout qu’ils l’avaient au moins été dans le passé, quand ils étaient tous amis sans qu’il n’y ait la moindre question de savoir qui avait une raison valable d’en vouloir à l’autre. Mais elle devait admettre qu’il avait raison et tort tout à la fois. Oui, c’était un fait objectif de dire qu’en trois ans, elle n’était pas venue le confronter. Elle n’allait pas le nier. Mais pourquoi la responsabilité de venir le trouver aurait dû incomber uniquement sur elle ? Il aurait pu venir aussi. Elle n’était pas la plus méchante du groupe. Elle était parfois un peu agitée, elle pouvait monter un peu vite en pression, elle le savait, mais elle redescendait aussitôt généralement et elle était assez empathique pour être en mesure d’écouter. Elle avait des torts, oui, mais il n’avait aidé en rien en se murant dans son silence, à observer tout le monde avec un air entre fausse indifférence et colère. Comment pouvait-il lui reprocher de ne pas avoir deviné ses pensées alors qu’il n’avait rien exprimé ? Elle n’était pas legilimens et elle n’avait aucune envie de l’être.

- Ouais, c’est maintenant. Je reconnaîtrai volontiers que le laps de temps est mauvais et j’en suis désolée. Mais tu sais quoi ? Rien ne t’empêchait de venir me parler non plus. Alors maintenant, on crève l’abcès. Maintenant je te le demande, il s’est passé quoi ?

S'il n'avait rien à se reprocher, pourquoi est-ce qu'il n'expliquait rien ?

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Cette conversation était partie de travers, chacun était énervé, sur la défensive. Mais il fallait au moins leur reconnaître une chose, ils étaient tous les deux tenaces à leur façon. Si un seul des deux avait choisi de se refermer comme une huître, il n’y aurait jamais pu y avoir le moindre échange. Mais colère contre colère, Noah décida de parler. Ses traits affichèrent un sourire moqueur, presque dédaigneux, comme si son interrogation n’avait pas de sens. Le fait qu’il soit son frère jumeau ne semblait pas lui conférer le moindre bénéfice du doute au regard de cette mimique. C’était aussi limpide que c’était dérangeant. Elle ne l’avait jamais vu avec ce type d’expression. Avant, il était le plus doux des deux. Maintenant, il lui semblait être le plus tranchant.

Le premier réflexe de Léo fut de tiquer à son amorce. Peut-être que c’était la réalité, mais, cela était brutal. Si elle s’était écoutée, elle aurait fait les gros yeux en le sermonnant de parler plus gentiment de son frère. Sauf que si le but était qu’il s’exprime, elle devait en retour tenir sa langue pour lui laisser un espace d’expression. Elle se contenta donc de pincer les lèvres. S’il sentit sa désapprobation, il choisit de ne pas en tenir compte pour continuer son récit. Dans une première seconde, elle ne comprit pas réellement à quel événement il faisait référence jusqu’à ce qu’il mentionne clairement l’incendie. Oh. Cet événement. Léo estimait qu’elle avait eu de la chance, elle n’avait jamais été au cœur du brasier, ce qui expliquait qu’elle n’avait pas été blessée et qu’elle n’avait aucune brûlure. Comme tout le monde, elle avait eu peur et elle avait perdu des affaires, mais ce n’était rien face au traumatisme de certains des grands brûlés du groupe. Elle savait que les jumeaux étaient plus proches qu’elle de l’épicentre. Elle savait également que Noah avait fait partie des blessés. Maintenant qu’il en parlait, c’était effectivement l’année suivante que la situation s’était dégradée, mais elle n’avait jamais fait le lien jusque là. Il y avait eu un été entre cet incident et son soudain besoin de solitude, si bien qu’elle n’avait pas cherché la moindre corrélation.

- Il n’est pas arrivé ensuite avec des secours ? Vous en avez reparlé ?

Elle s’était décomposée au fur et à mesure de son récit. Evidemment qu’elle n’aurait pas eu envie de brûler vive, personne n’avait ce genre d’ambition. Mais, elle n’aurait jamais abandonné Louise dans un brasier. S’il avait fallu qu’elles crament à deux, elle l’aurait fait sans souci, alors que ce n’était pas sa sœur jumelle. Voilà pourquoi elle comprenait de moins en moins la réaction d’Alex. Perdre son double, est-ce que ce n’était pas la pire chose qui puisse arriver ?

- Mais pourquoi toi tu ne dis pas la vérité ?

Elle ne remettait pas en doute sa parole. Noah était taciturne, généralement plus réservé que son frère, mais elle ne se souvenait pas de lui comme d’un mythomane en puissance. Cela ne signifiait pas qu’elle partait immédiatement du principe qu’il disait la vérité, c’était plutôt une sorte de statu quo. Elle avait besoin d’en savoir plus avant de se prononcer. Et la question principale était sûrement de comprendre pourquoi il n’avait pas rétabli la vérité. S’il avait raison et qu’Alexander était le méchant de l’histoire, il n’y avait pas de raison qu’il supporte cette situation pendant des années sans rien dire. Tout comme elle avait du mal à concevoir que l’on puisse être hostile dans une fratrie, elle ne comprenait pas très bien le principe du sacerdoce consistant à subir pendant des années. Il y avait une forme de complaisance dans la souffrance qui frôlait le masochisme à ses yeux.

- Pourquoi tu as laissé son mensonge s’installer ?

A moins qu’il ait lui aussi quelque chose à cacher ?