snake's stare (SIDNEY ☉ HARRIET)

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

( snake's stare | SIDNEY ☉ HARRIET )

Première semaine de reprise et quelle reprise. Elle n’était vraiment pas de tout repos. Premièrement, chaque enseignant, sans aucune exception, débutait ses cours par une litanie inquiétante à propos des examens de fin d’année et d’à quel point ceux-ci importaient pour notre futur. Ambiance. Deuxièmement, l’ambiance restait morose depuis l’annonce de la disparition de Michaela O’Deele et je trouvais les rumeurs qui serpentaient dans les couloirs ainsi que les discussions sur le sujet complètement déplacées dans la majorité des cas. Troisièmement, reprendre un tel rythme après des vacances aussi intenses — certes, un peu de calme ne faisait pas de mal après toutes les disputes entre ma mère et moi — avait quelque chose de presque frustrant. « C’est le jour et la nuit entre ce cours et ceux que donnaient Thorstein l’année dernière, tu trouves pas ? » je lance à Sidney dès que nous quittons la salle de classe de Défense Contre les Forces du Mal, mes livres sous un bras, mon sac passé sur une épaule. Il faut dire que c’est bien plus facile de suivre des explications quand chaque regard ne vous donne pas l’impression de mourir sur place et quand vous n’avez pas peur de subir les foudres de l’enseignante à chaque question.

Du coin de l'œil, je relis l’intitulé du prochain cours. Simple vérification avant d’être parfaitement habituée à notre nouvel emploi du temps. Remarquable avancée comparé à l’année précédente, je sais où aller pour rejoindre le troisième étage et ne suis plus obligée de suivre le reste de mes camarades en espérant ne pas me tromper de groupe. Je suis assez impatiente de rencontrer la professeure Grant. Il se raconte qu’elle a enseigné à Uagadou avant de venir ici, à Poudlard, mais son visage et son nom ne me disent rien, ce qui signifie qu’elle a commencé lorsque je n’y étais plus. Néanmoins… Ça me donne l’impression d’avoir quelque chose en commun avec cette adulte que je ne connais même pas encore, ça me rappelle d’où je viens, ça ramène des souvenirs à la lisière de ma conscience, des souvenirs agréables. Je me demande si elle a rencontré maître Bade, si elle aussi s’était passionnée pour les adinkras, si elle était une animagus et quel était son animal totem dans ce cas. Tant de questions qui accompagnèrent mes pas confiants vers les deux prochaines heures de cours.

« Tu as déjà une idée des matières que tu aimerais garder, l’année prochaine ? » je demande à mon ami alors que nous arrivons à la porte du cours d’Histoire de la Magie. Ça aussi, on nous le rabâche depuis lundi. Chaque professeur y va de son avertissement sur les notes minimales exigées pour pouvoir poursuivre en sixième année. Comme si la perspective d’examens officiels et décisifs n’était pas assez pesante ainsi. Si, d’un côté, il semblerait que nous n’aurons pas trop le choix de garder uniquement des enseignements dans lesquels nos notes seraient acceptables, la question se posait tout de même. Surtout que cela allait avoir une incidence sur la suite et sur ce qu’on souhaitait faire, après. Un après bien lointain mais auquel on nous forçait déjà à réfléchir. Décidément, je regrettais vraiment la fin des vacances. Mon regard foncé glisse jusqu’au Serdaigle qui marche à mes côtés. Heureusement — enfin, c’était un peu égoïste de penser ça comme ça, parce qu’il allait peut-être regretter sa décision au vu des événements de la rentrée — qu’il avait décidé de revenir. Tout aurait été encore pire, sans lui.

Quelques uns de nos camarades sont déjà installés quand j’entre dans la pièce et l’enseignante est assise à son bureau, à l’autre bout de la pièce, le visage rivé sur un livre, ses doigts caressant distraitement un serpent. Génial. Si j’avais su, j’aurais demandé à amener Gaston avec moi. Quoique. Si je le tirais de ses couvertures chaudes des heures entières pour le simple réconfort de lui gratouiller le dessous de la mâchoire… Je ne suis pas sûre qu’il apprécie. Mieux valait le laisser dans le confort de mon dortoir. « Ici ça te v- » Ma question se meurt sur mes lèvres alors que je cherche Sidney des yeux. Est-ce qu’il avait décidé de s’installer ailleurs ? Je balaie la salle des classe : nulle part. C’est finalement de l’autre côté de la porte que j’aperçois sa silhouette, figée, son visage immobile et une expression qui ressemble à de la peur écarquillant ses yeux clairs. Je m’excuse auprès des élèves que je force à se décaler pour revenir sur mes pas et m’arrête à la hauteur du Serdaigle, dont toute l’attention est toujours rivée quelque part devant lui. Il est pâle, vraiment pâle, et ce n’est pas peu dire vu son teint déjà bien blanc. « Tout va bien ? » Je passe ma main devant ses yeux, comme pour vérifier qu’il est toujours conscient. C’est que j’ai un léger doute tant il a l’air absorbé par quelque chose. J’essaie de suivre son regard, mais à part la salle de classe quasiment pleine désormais et notre nouvelle professeure qui se lève justement, son serpent autour de son bras, pour débuter le cours, je ne vois rien de plus.

( Pando )

snake's stare
pire cauchemar

ft. @N. Harriet Karmali & Sidney Driscoll (+ @Professeur M. Grant pour information)

Depuis le premier soir, j'ai l'impression d'être coincé quelque part entre un cauchemar et la réalité. D'un côté, il y a la vie qui a repris son cours, où tout le monde fait plus ou moins comme si tout allait bien, les leçons qui se suivent, les conversations sur le Quidditch, les premiers murmures quant à l'ouverture des sorties à Pré-au-Lard... et d'un autre, il y a l'ambiance pesante et les morts qui planent au-dessus des couloirs... trop incertaines pour qu'on y pense en permanence, trop lourdes pour qu'on les oublie si facilement. Le pire, c'est la nuit. Parce que la journée, à la limite, ça va, on a pas trop le temps de réfléchir, on passe d'une salle à l'autre, d'un prof à l'autre... la routine... mais dès que Poudlard s'est endormi, le moindre bruit me fait sursauter. Si ça se trouve, c'est le meurtrier qui est pas loin...? Parce qu'en toute logique, si on était tous enfermés dans le même train et que personne a remarqué quelqu'un qui n'avait rien à faire là... c'est que c'est l'un d'entre nous... et qu'il est toujours là... quelque part... dans les couloirs... Machinalement, je jette un regard un peu inquiet autour de moi alors qu'on s'éloigne de la salle de Défense. Il y a un monde dans lequel ça aurait pu être Thorstein. Un accident et... Franchement, ça m'aurait pas étonné... Et ça aurait même été rassurant de se dire que c'est pour ça qu'elle était plus là, qu'on était enfin débarrassés d'un assassin potentiel... mais j'imagine qu'on est loin de ça. La voix d'Harriet coupe court à mes pensées stupides et me ramène à notre existence d'élèves lambda :

— C’est le jour et la nuit entre ce cours et ceux que donnaient Thorstein l’année dernière, tu trouves pas ?

Je hoche la tête. C'est clair, rien à voir. Juste le regard de Thorstein me donnait envie de décéder sur place. Le moindre pas de travers virait systématiquement à l'humiliation publique, rien que de savoir qu'il y avait ce cours-là dans la journée filait la nausée dès le réveil... Peut-être qu'on peut espérer une année normale de ce côté-là. Au moins de ce côté-là... Juste pouvoir aller en cours sans avoir l'impression que ça va être la dernière chose de notre existence. Ne plus avoir à sentir les regards moqueurs d'une bonne moitié de la classe parce qu'on s'est encore fait traiter de bon à rien par la prof... la base quoi...

— En même temps ça pouvait pas être pire, je crois.

Bon, si, d'accord, ici ça peut toujours être pire... Mais quand même. Harriet jette un œil sur notre emploi du temps. On a pas exactement le même parce qu'on a pas exactement les mêmes options mais dans l'ensemble, on peut se suivre toute la journée ou presque. Je risque un regard vers le papier juste le temps d'y lire « Histoire de la Magie ». C'est un cours pas trop désagréable, celui-là, je l'aime bien. Je suis pas hyper doué mais le fait qu'on ait pas à y faire de magie me plaît bien. Et puis Hatwell était sympa. Spéciale, un peu, mais sympa. Enfin... ça aussi, c'est de l'histoire ancienne. Elle n'était pas à la table des professeurs le jour de la rentrée. J'espère juste que sa remplaçante, Grant je crois, sera dans le même genre. Sympa, patiente, tout ça... Qu'on se retrouve pas avec une Thorstein bis dans un autre cours. On a réussi à échapper à la vraie, pas la peine de se farcir une copie.

— Tu as déjà une idée des matières que tu aimerais garder, l’année prochaine ?
— Euh... sortilèges...?

Je sais pas vraiment ce que je veux faire ou peux faire de ma vie... ni même si j'ai l'intention de rester dans le monde magique – y'a peu de chances – alors c'est une question difficile. Je veux pas délaisser des cours qui pourraient m'ouvrir des portes mais en même temps, j'ai pas envie de m'infliger des trucs si jamais ça me sert à rien après... Tout le monde nous rabâche les notes minimales qu'il faut avoir, l'importance des BUSEs tout ça... mais franchement, ça me semble tellement loin... Et puis, je suis à des kilomètres de les avoir, alors...

— Métamorphose...? Potions...? Vol...? Sérieux, je sais pas trop... Au pire je le ferai à pile ou face. Et toi ? Tu sais déjà ?

Je sens son regard se poser sur moi et je l'accueille avec un sourire un peu gêné. Oui, je sais, c'est débile... mais en même temps, elle est dans ma classe depuis l'an dernier, elle a bien vu que j'en chiais, je veux dire... y'a pas de suspense. Si ça se trouve, je vais faire des plans là et retaper à la fin de l'année alors autant pas trop espérer, ça sert à rien. Mais bon, j'imagine que la fin de notre conversation attendra que le cours se termine puisque la porte se dessine déjà. Les premiers se glissent déjà à l'intérieur et on se met à la suite pour rentrer à notre tour. Honnêtement, il y a des matières où je m'attends toujours au pire, je reste sur la défensive, par principe, près à supporter tout et n'importe quoi parce que je sais c'est que c'est exactement ce qui se passera... mais en Histoire, ça n'a jamais été le cas. Alors c'est presque détendu que je m'apprête à passer la porte juste après Harriet... mais je n'en ai pas le temps. Mon regard se pose sur la prof... puis sur le serpent qu'elle porte... et mon corps se fige, littéralement. Tous les signaux d'alerte de mon organisme se sont allumés d'un coup. Je suis incapable de faire un pas de plus. Les autres élèves râlent parce que je bouche le passage et n'hésite pas trop à me bousculer... mais ça change rien. Je me sens trembler comme une feuille. Des gouttes de sueur froide me coulent dans le dos. Plus je le regarde, plus j'ai l'impression d'étouffer. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, ce qu'il fait là. Je... je peux pas... C'est trop me demander, là, je... J'arrive pas à le lâcher des yeux, j'ai peur qu'il sente ma présence, qu'il abandonne la prof et qu'il se jette sur moi.

— Tout va bien ?

Sa voix me paraît venir de loin, je n'ai même pas vue qu'elle était revenue. Sa main passe devant mes yeux, me masquant l'horreur rien qu'une seconde. Je sursaute, j'ai l'impression de le sentir s'enrouler autour de ma cheville, comme un souvenir flou qui revient de loin. J'étouffe un gémissement paniqué et esquisse un pas en arrière quand je vois la prof se lever pour commencer son cours. Elle va venir fermer la porte. Elle va venir fermer la porte avec ça. Je veux pas qu'il s'approche... je peux pas... Alors dans un effort qui me paraît surhumain, je secoue la tête. Non, tout va pas bien. Y'a même rien qui va, en réalité.

— J-je suis désolé... le serpent... je... vas-y toi.

Et sans demander mon reste, je fais demi-tour. Tant pis, je rattraperai le cours, j'écrirai à la prof pour lui expliquer la situation, je sais pas... mais je peux pas rester. Vraiment. C'est au-dessus de mes forces. Là, mes jambes acceptent de coopérer et me laissent filer dans le couloir à une allure soutenue, mettant le plus de distance entre cette salle de classe et moi. Je frissonne à n'en plus finir, c'est aussi incontrôlable que désagréable... c'est un cauchemar dans le cauchemar...

(c) jawn

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines