Est-ce un au revoir…

C’est d’un pas rapide que je me rend au point de rendez-vous que Daria m’a donné, soit devant ma cabane. Je presse un peu le pas, intrigué et légèrement inquiet par les courriers de ma meilleure amie. Celle-ci m’a annoncé vouloir parler de quelque chose avec moi tout en me certifiant que ce n’est rien de grave mais je n’aime pas le côté urgent de la demande. Je sais qu’elle ne va pas très bien depuis un moment et que les restrictions et punitions injustes de cette année ont beaucoup joué sur son moral. Alors oui, je m’inquiète. Sans vraiment savoir pourquoi, j'ai le cœur qui bat vite.

J’arrive en bas de ma cabane plus vite que prévu. Daria n’est pas encore là. Cela me laisse le temps de cogiter encore plus sur ce qu’elle a me dire. Peut-être que je me fais tout simplement des idées et qu’elle veut me parler de ce qu’elle a prévu pour les vacances, de comment se sont passés les quinze premiers jours avant le voyage scolaire. C’est stupide de me part de m’inquiéter pour rien. Mais lorsqu’il s’agit de ma meilleure amie, j’ai tendance à m’inquiéter lorsque je sais que ça ne va pas de base.

La serdaigle arrive quelques minutes après moi, alors que je commence à faire les cents pas au pied de l’arbre où est niché ma cabane. Je m’arrête lorsque je l’aperçois et lui fais un signe de la main tout en souriant. Elle me le retourne mais le sien semble être sur la réserve ce qui me fait doucement froncer les sourcils. Le silence s’installe de lui-même alors que nous restons là, au point de rendez-vous. J’attend qu’elle parle en premier étant celle à l’origine de cette rencontre urgente. Ce qu’elle fait en me proposant de marcher un peu.

Ok. Tu veux aller quelque part en particulier ?

Peu importe où on va pour moi tant que ça lui convient. C’est bizarre. Je la sens nerveuse et ça me met mal à l’aise. Elle qui d’habitude est tout sourire et virevolte presque en marchant, se retrouve à marcher à mes côtés les mains dans les poches sous mon regard inquiet. Mais je ne dis rien, tentant de me convaincre que ce n’est que mon imagination. Je ne vois pas ce que Daria pourrait m’annoncer de grave de toute manière. Je soupire à sa question, exaspéré de repenser à cette histoire de coloc.

Blaze m’a forcé la main pour que je change de cabane pour être avec son pote. Je me retrouve coincé avec Artémis et tu sais ce que je pense de lui… Heureusement que je passe la majorité de mon temps dehors.

Moins je vois la tête du Serpentard, mieux je me porte et je suis certain que s’en est de même pour lui.

Et toi ? Tout se passe bien ? Tu as dit que tu voulais me parler de quelque chose.

Est-ce un au revoir…

Je suis anxieux, sans raison apparente. Je ne comprends pas pourquoi mon coeur bat aussi vite en attendant ma meilleure amie. Pourtant, dans son courrier, elle me disait bien qu’elle voulait juste me voir, qu’il ne s’agissait rien de grave. Les bras croisés, je me mords les lèvres en attendant qu’elle arrive. Cette dernière ne tarde pas à arriver. Je lui fais un signe de la main, qu’elle me retourne avec un sourire plutôt discret. Je fronce les sourcils à ce constat. Elle me propose rapidement de marcher un peu, ce que j’accepte sans hésitation tout en lui demandant si elle souhaite aller quelque part en particulier. Non, elle veut juste marcher.

...D’accord. Marchons simplement. Je répond tout en la regardant du coin de l'œil. Je ne la sens pas dans son assiette. Quelque chose semble l’ennuyer mais je ne suis pas capable de mettre le doigt dessus. Ma meilleure amie n’est généralement pas aussi introvertie avec moi, voire mal à l’aise. Pourtant, c’est ce qui ressort d’elle actuellement, me mettant également dans un état de malaise. J’enfonce mes mains dans mes poches afin de camoufler mon inquiétude. Je me trompe sûrement. Il n’y a peut-être aucune raison de s'inquiéter de la sorte.

Finalement, Daria me demande comment cela se passe avec mon colocataire et un soupir s’échappe d’entre mes lèvres. Blaze m’a forcé à changer de cabane et je me retrouve maintenant avec ce crétin d’Artémis. Ma meilleure amie me demande pourquoi je n’ai pas envoyé le Serdaigle sur les roses. Je souris légèrement face à la véhémence de ses propos à son encontre. Il est clair que Blaze est un crétin qui se croit au-dessus des autres mais j’ai besoin de ce crétin dans l’équipe malheureusement.

C’est ce que j’ai fait dans un premier temps mais il insistait tellement que j’ai fini par accepter mais avec des conditions.

fut un temps, je n’aurai jamais osé faire ce que j’ai fait avec lui. Mais depuis ma discussion avec Roxy, j’ai décidé de prendre mon courage à deux mains et d’arrêter de me faire marcher sur les pieds. C’est à moi de faire mes preuves et de me prouver que la seule personne qui m’empêche d'avancer, c’est moi seul.

Après un court silence, je relance le sujet de son courrier, lui rappelant qu’elle avait quelque chose à me dire. Je suis pourtant de nature patient mais l’inquiétude continue à semer le doute en moi et j’ai besoin de savoir rapidement ce dont elle veut me parler afin de me rassurer et ne plus me sentir aussi mal à l’aise. J’aurai aimé que Daria me regarde en secouant la main, un sourire aux lèvres, tout en me disant que ce n’est rien d’important, qu’elle voulait juste me voir. Mais au lieu de ça, celle qui m’accompagne depuis nos débuts à Poudlard se met à hésiter, bégayer, un regard paniqué dont les larmes semblent vouloir déborder. Presque affolé, je m’arrête et me tourne vers elle. Je pose délicatement mes mains sur les épaules et la force à me faire face.

Daria… Qu’est ce qui se passe ? Je vois bien que quelque chose ne va pas.

Je cherche son regard, l’inquiétude bien présente dans le mien. Puis, sans prévenir, je finis par l’attirer vers moi tout en refermant mes bras autour d’elle, ma main caressant ses cheveux pour la réconforter contre un mal dont je ne connais pas la source.

Tu sais que je suis là pour toi.

Est-ce un au revoir…

Nous quittons notre lieu de rendez-vous pour entamer une marche sans but. Je nous trouve étrangement silencieux et un certain malaise semble planer autour de nous. Je finis par mettre mes mains dans mes poches afin de camoufler mon anxiété mais je ne peux m’empêcher de jeter quelques regards inquiets en direction de ma meilleure amie. C’est cette dernière qui entame la conversation en me demandant comment cela se passe dans ma cabane et c’est dans un soupir que je lui explique que je ne suis plus avec Blaze mais avec ce crétin d’Artémis. J’ai accepté de changer de colocataire mais pas sans conditions. Cela semble la surprendre, car elle répète l’information que je viens de lui donner. C’est vrai que d’ordinaire je n’aurai pas osé m’imposer de la sorte mais cette année m’a tellement irrité que j’ai la sensation d’être un peu en roue libre.  

Oui. Pour le Quidditch notamment. Qu'il ne doit pas me faire chier de l’année et que je peux lui mettre mon poing au visage à la moindre de ses remarques. Étonnement, mon attitude lui a plu… Je lui explique cela tout en haussant les épaules, un demi sourire sur les lèvres. J’avoue, je suis plutôt fier de moi sur ce coup. Mais au fond j’espère que ce crétin de préfet va tenir parole. Si je le laisse briser une des conditions, il ne me prendra plus jamais au sérieux et il n’hésitera pas à en profiter et à me ridiculiser devant les autres.

Nous continuons à marcher et je décide de relancer le sujet de son courrier. Daria s’arrête, me forçant à en faire de même. Je la vois lutter contre quelque chose qui m’échappe avant de fondre littéralement en larme. Affolé, je m’approche d’elle, mes mains sur ses épaules, cherchant à comprendre ce qu’il ne va pas, avant de la prendre dans mes bras. Je la serre plus fort alors qu’elle se blottit contre moi, secoué par des sanglots qui me dépassent. J’attend, inquiet, qu’elle se calme et m’explique ce qu’il se passe. Ma main traçant des ronds réconfortants dans son dos. Le temps passe et ma meilleure amie finit par se calmer doucement et commence par tout simplement s’excuser.

Pourquoi tu t'excuses ? Ma voix est douce. SI c’est pour avoir pleurer, elle n’a pas besoin de s’excuser. Mais, ce mauvais pressentiment me rappelle petit à petit à l’ordre et je sens mon cœur battre un peu plus vite alors qu’elle s’éloigne de moi et sort des mots que j’aurai préféré ignorer. Mon cœur manque un battement tandis que mon regard se fronce. Je suis incapable de parler et mes bras tombent le long de mon corps. C’est faux n’est-ce pas ? Je tente de chercher son regard pour espérer y voir qu’elle me fait simplement marcher. Mais sa tête basse et la distance qu’elle met entre nous m’accablent plus qu’autre chose. Je détourne le regard, comme cherchant une porte de sortie mais mes pieds restent enracinés dans le sol. J’ai la nausée.

Où… ? Je demande difficilement après de longues secondes. ... Quand ? J’ai envie de pleurer.

Est-ce un au revoir…

Blaze n’est pas juste bizarre mais également énervant. Pourtant, je sais que j’ai besoin de lui dans l’équipe. C’est un pilier et il a cette prestance qui attire les autres. A moi maintenant de faire comprendre que malgré tout ce sont mes règles et mes indications qu’il faut suivre. Je hoche la tête à la remarque de ma meilleure amie, clôturant ainsi le sujet sur le préfet. Un autre bien plus important nous attend et permettrait de calmer l’inquiétude que j’ai depuis le départ. Je n’y vais pas par quatre chemins et demande directement à la Serdaigle ce dont elle voulait me parler aujourd’hui. Son attitude ne fait qu’accroître mon inquiétude plutôt que la diminuer. Daria fond littéralement en larmes devant moi, mon regard ébahi et je fini par la serrer dans mes bras pour la réconforter tout en cherchant à comprendre la raison de ses larmes. Nous restons ainsi un temps, jusqu’à ce que ses sanglots se calment légèrement et qu’elle s’excuse de je ne sais quoi.

Elle finit par s’écarter de moi, le reste baissé, les larmes sillonnant toujours ses joues. Et c’est là que bombe s’écrase, me laissant les bras ballants, sous le choc de l’annonce qu’elle me fait. Dans un premier temps, je ne veux pas y croire et tente de chercher son regard pour confirmer qu’elle se moque juste de moi. Mais ce veine espoir disparaît face à la distance qu’elle met entre nous. J’inspire une fois, deux fois, le regard cherchant un moyen de fuir les émotions qui commencent à serrer mon cœur. Je sens ma gorge se nouer au point d’avoir du mal à lui demander où et surtout quand. J’ai envie de pleurer et je me mords l'intérieur des joues pour ne pas le faire. C’est peine perdu. Ses réponses sont comme des poignards et je ferme durement les yeux pour retenir cette eau qui veut juste déborder. Je ne dis rien, incapable de parler. Je ne peux que l’écouter me donner des explications entrecoupées par de léger sanglots. Je suis vaincu. Ma tête tombe et mon bras se colle immédiatement sur mon visage, camouflant du mieux possible les larmes qui débordent. Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi, à distance, incapables de consoler l’autre.

Je sais… Mais… Je finis par répondre d’une voix cassée, après avoir rageusement essuyer mes larmes et détourné à nouveau le regard. Bien sûr que je veux la voir, encore et encore, même si ce n’est que pendant les vacances. Mais j’ai peur… Tu vas finir par m’oublier… Trouver de nouveaux amis, un autre meilleur ami… Putain, cette école me prend tout… J’ai envie de crier mais je me contente juste de serrer les poings, les yeux et de tourner sur moi-même, tiraillé par l’envie de partir et rester le plus longtemps possible avec elle. Notre temps est compté maintenant.

Je me calme difficilement. Et ce n'est que quelques instants plus tard que je repose enfin mon regard sur elle. Je dois être pitoyable à regarder. Cette annonce me bouleverse mais par-dessus tout les larmes qui coulent sur le visage de ma meilleure amie me déchire le cœur. alors, dans un élan que je ne contrôle pas, je l’attire à nouveau à moi, calant mon visage dans son cou. Je ne t’en veux pas… Je comprends… Ça me brise le cœur de savoir que tu ne seras plus là à la rentrée… Mais je veux que tu sois heureuse… Je t’aime Daria… Soit juste heureuse ok ? Même si je suis triste, que j’ai peur.