Une chambre à coucher dehors

Pendant des années, Thomas avait attendu l’été avec grande impatience. Synonyme de vacances scolaires, c’était surtout deux longs mois où il quittait la banlieue de Glasgow et retrouvait ses grands-parents et ses cousins dans les Highlands. Pour Thomas, ces deux mois avaient toujours eu quelque chose de mystérieux et secret : comme une part de sa vie qu’il devait occulter le reste du temps, dont il ne partageait rien avec ses amis moldus et assez peu avec son père qui ne souhaitait pas en parler. Car ses cousins et ses grands-parents étaient des sorciers ! Il existait, en parallèle de la grisaille écossaise, un autre monde bien plus enchanté et on avait autorisé Thomas à s’y faire une petite place le temps des grandes vacances. Par rapport à ses copains d’école, il y avait de quoi se sentir spécial…
Mais le jeune homme n’avait jamais pris la grosse tête. Quand il était plus petit, la plupart de ses cousins n’avaient pas le droit de faire de la magie hors de Poudlard, alors seuls ses grands-parents lançaient des sorts. Ses grands-parents, et leur maison aussi. Celle-ci était truffée de sortilège, la moitié des bibelots y avaient leur conscience propre, les tapis se plaignaient quand on y laissait tomber des miettes et la cheminée s’allumait d’elle-même lorsqu’elle détectait que vos chaussettes avaient atteint un trop haut niveau d’humidité.

Le plus incroyable – et les pièces préférées de Thomas – étaient certainement les chambres. Un long couloir (beaucoup trop long par rapport à la longueur extérieure de la maison, le jeune homme l’avait rapidement réalisé) était flanqué d’un nombre variable de porte. Lorsqu’il arrivait dans les premiers dans les Highlands, il n’y en avait qu’une ou deux, mais à mesure que ses cousins et cousines se faisaient plus nombreux, des portes s’ajoutaient, chacune portant gravée dans le bois le prénom de son propriétaire.

Plus fascinant encore : les chambres s’adaptaient à la personnalité des enfants. Sans qu’il ait jamais très bien compris comment, elles semblaient puiser dans leurs esprits des désirs et des envies profondes pour façonner, chaque année un peu différent, un intérieur sur-mesure.

Cela fonctionnait avec tout le monde, sauf pour Thomas.

Parce qu’il n’était pas sorcier, la magie de la maison semblait avoir du mal à lire dans son esprit et si la pièce se créait bien, elle était toujours vide au début. Heureusement pour le jeune homme, dès son plus jeune âge ses grands-parents avaient pris les choses en main et le premier jour des vacances d’été était toujours consacré à construire par la magie une chambre pour Thomas. Il pouvait demander presque tout ce qu’il voulait, ses grands-parents le matérialisaient à coups de sortilèges. Une année il avait demandé à dormir dans un bateau pirate et la porte de la pièce s’était retrouvée à donner sur l’océan, une petite échelle lui permettait de descendre sur le pont d’un grand galion où on avait tiré plusieurs hamacs. Incroyable !
Une autre fois il avait préféré les châteaux fort, alors sa chambre était devenue une tour en pierre d’où, lorsqu’il se penchait par la fenêtre, on pouvait voir en bas des chevaliers jouter. Ses grands-parents se donnaient toujours beaucoup de mal pour que sa chambre soit au moins aussi impressionnante que celle des autres, si ce n’est plus, et qu’il puisse, comme souvent le faisaient ses cousins chacun à leur tour, inviter les autres enfants Chastel à goûter dans un univers qui étaient le leur.

Cette année, cependant, était différente : Thomas revenait de Poudlard. Et il avait tant de choses à dire !! Tellement d’histoires à raconter ! Lui qui s’était retrouvé un peu exclu des conversations pendant ses jeunes années, ne pouvant partager que de loin le plaisir des autres qui ressassaient anecdotes et souvenirs de leur vie au château, à son tour il pourrait se joindre aux discussions et comparer – même s’il n’en avait pas – les mérites de telle ou telle maison, et de tel ou tel professeur !

Il était tellement excité qu’il était arrivé presque le premier dans les Highlands, seulement précédé de Gwendolyn et Natasha, les filles de sa tante Martha. Comme le voulait l’usage, après avoir embrassé tout le monde, Thomas avait filé vers sa chambre vierge pour réfléchir à la manière dont, cette année, celle-ci serait décorée.
Il y avait un peu réfléchi sur le trajet de l’allée et se disait qu’un intérieur de navette spaciale pourrait avoir son charme, lorsqu’en poussant la porte à son nom il eut la surprise de constater que l’intérieur n’était pas vide.

Sous ses chaussettes s’étendaient un long tapis d’herbe grasse, de trèfles et de luzerne et Thomas constata qu’il venait de pénétrer dans une clairière. Le soleil y tombait de biais, alternant un grand cercle de lumière et l’ombre des feuillages et une demi-douzaine de lapins s’ébattaient autour de lui, sans sembler le craindre ou l’éviter. Songeur, il en attrapa un qui se frottait contre ses chevilles et entreprit de le caresser tout en cherchant une explication. Ses grands-parents avaient-ils pris l’initiative de transformer la pièce sans le consulter ? A moins qu’il ne se soit trompé de porte ?
Il revérifia, mais s’était bel et bien son prénom qui était gravé dessus.

Un peu plus loin, à l’orée du bois, de grands tissus avaient été tendus pour former une sorte de cabane en drap et en dessous étaient empilés une petite montagne de coussins qui servaient de couchage. Sur l’un d’eux reposait une grande arbalète en bois sombre, tendue et prête à tirer.

Les yeux de Thomas s’étaient illuminés : il ne s’était pas trompé de chambre, non, c’était bien la sienne !! Sauf que pour une raison qui devait s’expliquer d’une manière ou d’une autre, parce qu’il avait été mordu, la magie lisait dorénavant dans son esprit, comme pour ses autres cousins.

Thomas déboula dans le salon, le lapin terrorisé toujours au creux de ses bras. Ses grands-parents devaient être dehors, il n’y avait que sa cousine.

- « Gwendolyn !!! Viens voir !! »

Et il lui attrapa la manche, l’entrainant sans ménagement vers sa chambre.

@Gwendolyn A. Chastel

Gwen & Thomas

Une chambre à coucher dehors

Depuis toujours les Chastels se rassemblaient autour des grands-parents pendant des les vacances d’été. Bon vent, mauvais temps; c’était aussi immuable que la course du soleil dans le ciel. La matriarche et le patriarche les accueillaient, heureux de rassembler les petits enfants tous ensemble et de passer un moment avec toute la colonie. Car on parlait bien d’une colonie! Avec 5 enfants ayants donner au minimum 1 enfant chacun, la maison se remplissait à chacune de leur visite. Remplir était un terme assez controversé après toute la maison s’adaptait à la quantité de gamin présents. Les unes après les autres, les chambres des apparaissaient le long du couloir qui s’allongeait de plus en plus à chaque fois que l’un d’entre eux arrivait. Il faut dire que par le passé, les maisons pouvaient accueillir plusieurs générations de sorcier en même temps, maintenant il n’y avait plus que Grand-mère et Grand-père qui l’habitait continuellement, leur enfant ayant décidé d’avoir leur propre domicile, décimé un peu partout en Grande-Bretagne. La demeure dans les terres était très loin de ressembler à ce que sa mère Martha avait choisi pour sa propre demeure, tout comme l’emplacement et à chaque visite, la Serpentard ne pouvait que se sentir légèrement déstabilisé par leur différence.

Cela faisait quelques jours qu’elle et Nat était arrivées. Prit par le travail, Martha et son époux avaient suggérés qu’il s’y rende plus tôt. Elle avait un peu de mal à figurer si c’était parce qu’elle avait invité quelqu’un sans leur accord ou si c’était vraiment la vérité mais la jeune femme de 16 ans n’avait pas eu grand-chose à redire sur un départ hâtif et avait opté pour prévoir ces bagages dans le délais requis. Au salon, Gwen recherchait un nouveau volume à débuter parmi ceux que grand-mère affectionnait particulièrement quand Thomas, passant tout juste le cadre de porte du salon, s’approcha et lui attrapa la manche droite de son chemiser écru pour l’amener avec lui, je-ne-sais-où. Au passage, elle ne put qu’observer la petite bête dans le creux du second bras de Thom avait stupéfaction. Elle eut la peine de temps de repousser le volume à demi dans le mur de livre qu’elle emboîtait le pas à un cousin particulièrement joyeux.

Je te suis. Tire-pas Dit-elle en riant. En même temps, elle qui était de nature curieuse s’amusa qu’il ait l’impression de lui montrer quelques choses qu’elle n’ait jamais vu dans cette maison. Car avec les années, elle pensait vraiment l’avoir passé au peigne fin. Elle lisait tous les nouveaux livres dans la bibliothèque qu’elle remarquait, plus jeune était passé par toutes les portes et les racoins même ceux que les portes lui disaient de ne pas franchir. Elle avait eu si envie de découvert qu’elle en avait très souvent oublié sa propre sécurité.

Tu peux me dire ce que tu fais avec un lapin, pour commencer ? Ils franchirent une volée de marche et activement prit la rampe pour se hisser plus vite à la suite du jeune homme avant de s’arrêter devant la porte fermée avec le nom de Thomas écrit dessus. Encore là, rien de très étonnant. Tu sais que Grand-mère va remettre ce lapin dehors cette nuit ? Elle ne va pas vouloir qu’il traine dans les couloirs. Elle balaya d’un regard le jeune apprentis garde-chasse particulièrement intriguée par son comportement excité. La porte de sa chambre était en face de la sienne cette fois-ci. Et celle de Nat était à côté de la sienne.

La demeure était certes magique, le tapis se plaindrait du poils ou de sentir qu’on le gruge, mais il n’était pas complètement autonome et l’animal devrait être récupéré pour être mis à sa bonne place; soit sur l’herbe à l’extérieur ou il pourrait sauter et manger sans contrainte et surtout sans avoir l’air de se mourir dans les bras du jeune homme.

@Thomas Chastel

Manifestement amusée par son attitude, sa cousine se laissa entraîner sans résister, protestant simplement qu’elle était capable d’avancer toute seule sans besoin d’être tirée par la manche, ce qui la fit lâcher à Thomas qui raffermit au passage sa prise sur le lapin. Ce dernier commençait à glisser et s’il avait le bon goût de ne pas se débattre, tremblait de tous ses membres.

- « C’est ça qui trop cool ! » répondit-il aux objections de Gwendolyn quand celle-ci lui fit remarquer qu’il ne pouvait pas garder l’animal à l’intérieur, sans réaliser à quel point sa réponse pouvait être cryptique.

D’ailleurs il ne prit pas la peine de s’expliquer, la situation parlait d’elle-même : arrivés devant la porte de sa chambre, Thomas en poussa la poignée, ouvrant sur l’intérieur de clairière. Il y fait deux pas et s’écarta de la porte qui s’ouvrait dans un arbre pour laisser passer sa cousine, débordant d’excitation à l’idée de voir sa réaction.

- « C’est pas papy et mamy qui l’ont faite ! » précisa-t-il au cas où ça ne soit pas clair. « C’est MA chambre. Comme vous !! »

Non mais franchement est-ce que ce n’était pas un truc de dingue ?? Pendant des années il s’était demandé à quoi pouvait bien ressembler sa chambre idéale, se satisfaisant à moitié des efforts du reste de sa famille pour lui proposer des décors grandioses mais qui ne lui correspondaient en définitive jamais complétement. Petit garçon, les bateaux pirates et les donjons de chevaliers le satisfaisaient pleinement, bien sûr, mais à présent qu’il avait mis les deux pieds dans l’adolescence Thomas se préoccupait beaucoup d’apprendre à se connaître, savoir qui il était vraiment, et pour cela une pièce capable de matérialiser un décor vous correspondant parfaitement, c’était vraiment parfait !

Autour d’eux s’abattaient toujours une douzaine de lapins blancs et Thomas relâcha celui qu’il tenait dans ses bras. La pièce n’était bien sûr pas un reflet fidèle de l’esprit des enfants Chastel, mais elle matérialisait assez efficacement le décor le plus susceptible de leur faire passer une bonne nuit.

- « Je suis sûr qu’on voit les étoiles quand le soleil se couche. » dit-il d’un ton rêveur.

Gwen & Thomas

Une chambre à coucher dehors

Thomas était adorable et adorablement hyperactif. À côté de lui, il n’y avait que trop peu de Chastel qui débordait de son énergie communicative. On aurait dit que s’il y avait eu un flacon avec tout dedans, il avait distribué le tout à lui et Nat à part égale. Ainsi Gwendolyn était habituée à cette humeur et cette énergie bien qu’elle-même était définitivement plus posé et moins communicative. Après s’être assuré qu’il ne mettrait pas son haut en lambeau et l’avoir sermonné sur le fait d’avoir un lapin dans la maison, il était maintenant tous les deux devant la porte de chambre Gwendolyn d’un côté et celle de Thomas de l’autre. Jusque-là, rien de particulièrement anormal, et à son expression, il était clair que ce n’était pas d’avoir la chambre en face de la sienne qui le mettait dans cet état. D’ailleurs, elle aurait eu bien du mal à comprendre pourquoi si c’était le cas. Elle n’était pas vraiment la cousine la moins disponible de la famille, bien qu’étant peut-être un peu moins énergique l’association avec le garçon s’était toujours bien passé.

La porte s’ouvrit sous le regard d’un Gwen sceptique qui ne comprenait pas vraiment pourquoi il était si excité. Papy et Mamy avaient fait une chambre en l’honneur de son poste d’apprenti ? Elle percevait vaguement le décor, bien qu’il fût assez clair que contrairement à sa propre chambre d’où le sol était tapissé d’un adorable et duveteux tapis le sien était comme du gazon. Elle prit un moment pour analyser avant de retourner son regard vers le garçon toujours joyeux et débordant d’enthousiasme. Comme écho aux questions dans la tête de la blonde, Thomas fût cette fois plus précis.

Tu veux dire que le couloir des chambres t’a reconnu?

Ça pourrait sembler étrange de dire ainsi, mais les chambres apparaissaient comme des champignons à l’étage. La série d’enchantement pour atteindre se résultat devait être absurdement incroyables. Elle avait posé des questions à ses grands-parents alors qu’elle était haute comme trois pommes mais à défaut de savoir précisément ce qui avait été lancé il y a de cela beaucoup trop d’année, elle pouvait me dire que c’était très complexe et que la maison avait toujours été comme cela de son souvenir. Son besoin de comprendre étant qu’à moitié comblé, elle s’était alors lancée dans la lecture des volumes dans la maison en espérant y trouver quelques sources, au mieux cette question était toujours en suspens dans sa tête et lui revenait à chacun de ces passages ici. C’était un peu comme la Salle sur demande de Poudlard, clairement dupliqué et beaucoup plus complexe si on y pensait.

Et dire que j’avais toujours cru que le bateau de corsaire avait été ton préféré…

Elle ne jugeait pas, elle n’émettait que son impression qu’elle avait toujours eu à voix haute. Passant le cadre de porte, elle vit d’où Thomas avait pris la bête et après quelques pas dans l’herbe, souleva un regard pour noter le voile qui aurait dû être le plafond de la chambre.

Et le lever du soleil. Elle baissa son regard vers le gamin accroupi en train de libéré le lapin pour qu’il rejoigne ces congénères. Le regard un peu brillant, elle se souvenait tous ces étés ou il quittait le gamin qui lui n’aurait pas la chance d’aller à Poudlard. Elle avait toujours trouvé cela assez injuste et intriguant. Né cracmol, cela n’avait jamais fait aucune différence pour les cousins et cousines Chastel que Thomas ne puisse pas utiliser la magie. Du moins, jusqu’à ce que son année vienne et que sa lettre elle n’arrive pas. Tout le monde savait qu’il ne pratiquerait jamais la magie, mais ça ne l’avait pas empêché comme à d’autre cousin de vouloir le trainer dans leurs valises. Le pire ayant probablement été à la rentrée de sa sœur. Maintenant qu’il y était, on aurait dit à Gwen que les choses avaient repris leur cours normal. Elle n’avait, certes, jamais souhaité qu’il se fasse mordre, mais elle ne pouvait pas non plus dire qu’elle n’était pas contente de le croiser dans les couloirs et bénéficier de l’éducation qu’eux avaient reçu et partager avec eux les incidents de l’école, certaines connaissances aussi. Comme Michaela. Que le ciel lui vienne en aide, elle n’avait aucune idée comme elle allait gérer de voir cette fille autour de son cousin. Encore que pour le moment, elle n’avait rien vu. S’il l’aimait bien, elle était déjà un peu heureuse pour lui.

Je suis sûr que cela va être magnifique! Qui sait, on viendra peut-être se faire une soirée de camping dans ta chambre. Dit-elle d’un ton amusé. En sécurité dans la maison, sous la voute étoilée, il y avait clairement du matériel pour une soirée pyjama entre cousin.

@Thomas Chastel

Confirmant à sa cousine que sa chambre avait bel et bien changée sans qu’il y ait besoin d’intervenir, Thomas hocha vigoureusement la tête avant de balayer la mention du bateau pirate d’un geste de la main.

- « C’était pour les gamins. » trancha-t-il pompeusement. « Ça, c’est le vrai moi ! »

En vérité, le jeune homme découvrait en même temps que tout le monde ce qui se logeait dans sa tête. Le sortilège de ses grands-parents n’était pas réellement assez puissants pour lire profondément dans l’intimité de leurs inconscients, mais il en captait l’état d’esprit général et plus sûrement savait assez bien façonner une chambre capable d’assurer aux enfants Chastel un sommeil paisible et agréable.

L’idée d’accueillir tous ses cousins pour une soirée à la belle étoile lui plaisait beaucoup. Symboliquement, c’était l’occasion de marquer le coup et de célébrer ce qui, pour Thomas, était vraiment un grand événement. Il n’avait jamais réellement ressenti d’aigreur dû au fait d’être laissé à part, faute de pouvoir faire de la magie et intégrer Poudlard, mais ne pas avoir de chambre à lui lui avait toujours un peu pesé sur le cœur. C’était comme si la maison de ses grands-parents le rejetait un peu, même involontairement, et cette idée l’attristait. A présent, il avait rejoint la bande !

L’affaire aurait pu en rester là. Thomas était heureux d’avoir montré sa chambre à sa cousine mais maintenant il voulait l’explorer, fouiller un peu dans l’intrigant coffre qui reposait aux pieds d’un arbre, jouer avec les lapins et regarder si l’arbalète qui reposait sur les coussins était une vraie. Un petit rendez-vous avec lui-même, en somme.

Il avait fait deux pas de plus dans la clairière, promenant un regard brillant sur ce nouvel environnement, quand un très léger bruit de feuilles, une sorte de craquement discret se fit entendre à leur gauche. Attiré par le son qui par certains aspects lui évoquait les bruits qu’il entendait parfois lors de ses excursions nocturnes dans la forêt interdite en compagnie de Benjamin Duncan, il se mit à scruter le sous-bois.

Celui-ci était plus sombre qu’il ne l’avait cru de prime abord, moins accueillant que n’aurait dû l’être une chambre d’enfant, même s’il était désormais dans l’adolescence. Décidément, passée l’orée de la clairière, la forêt devenait tortueuse, rapidement entremêlée de ronces sauvages et d’ombres étranges que projetaient des souches et des branches tordues. Thomas ressentit un vague sentiment de malaise.
D’habitude la maison de ses grands-parents ne matérialisait pas ce genre d’intérieurs-là. Même si certains décors pouvaient parfois être impressionnants, particulièrement lorsqu’ils reflétaient l’esprit de cousins au tempérament aventurier ou casse-cou, ils n’étaient jamais inquiétants ou dérangeants.

A force de promener son regard sur le sous-bois, il apparaissait de plus en plus clairement que celui-ci n’était pas hospitalier et la clairière ensoleillée, ses chants d’oiseaux, ses lapins et sa cabane de coussins paraissaient soudain un refuge bien dérisoire.

A nouveau, Thomas entendit ce bruit étrange, mélange de feuilles sèches qui craquent, foulées par un pied. Ou une patte.

L’espace d’un instant, il l’aperçue. La forme, les angles de la créature, Thomas ne pu que les deviner mais aussi brève qu’il avait vu passer au loin un peu de fourrure, il avait su. Un loup. Il y avait un loup qui rôdait dans cette forêt, qui se dissimulait à leur vue et les épiais dans l’ombre.

Le garçon s’était figé, ne pouvant détourner le regard de l’endroit où la bête avait disparu.

- « Tu l’as vu ? » souffla-t-il à sa cousine « C’était… »

Une part de lui-même, assurément, mais sauvage et hostile, et qui tournait autour d’eux.

Gwen & Thomas

Une chambre à coucher dehors

La découverte de la nouvelle chambre de Thomas amusa beaucoup Gwendolyn qui voyait les choses d’un bon œil ce changement. Comme futur garde-chasse, cet environnement semblait tout simplement merveilleux. La nature de gauche à droite, un endroit bien calme et des lapins. Les petites bêtes duveteuses bondissaient joyeusement de gauche à droite dans le cercle de lumière que leur offrait la prairie verdoyante. C’était mignon comme tout! Elle sous-entendit de faire une soirée pyjama dans la chambre sous la voute étoilée qu’offrait le faux plafond de Thomas voyant un bon moment avec son cousin à venir; pour autant qu’il veuille partager son décor. Intriguée, Gwen observait Thomas observé le fond du décor avec une attention particulière. En suspense, la blonde reporta son regard elle aussi à ce qu’il semblait cherché. Plissant les yeux, elle fit un pas devant cherchant à se rapprocher de la source de leur attention. Était-ce le fait que Gwen n'avait pas de second nature animal qu’elle ne percevait pas autant le malaise que Thomas vivait ou était-ce parce qu’elle était habituée à foulée des terrains dangereux en cours d’enquête et réponse à ces mystères, mais elle avançait quand même.

Vu quoi ?

Alors qu’elle faisait dos au branchage et qu’elle reportait son attention sur son cousin, inconsciente de la sombre moitié animal de Thomas qui rôdait, car elle rôdait bel et bien. Elle passa sa main dans ces cheveux blonds, insouciante.

Des branches qui bougent ? Tu as probablement perdu un lapin, Tom.

Mais les petites touffes de poils ne semblaient pas vouloir quitter outre mesure le côté lumineux de la chambre du gamin. Rationnelle comme toujours, elle fit un pas vers lui, rebroussant le cours de chemin qu’elle avait parcouru, mais Thomas continuait à scruter les ronces et les fourrés sombres, comme hypnotisé par quelques choses qu’elle avait clairement ratés. Il aimait câliner les lapins, il ne se serait pas montré si concentré, si rigide si cela en aurait été un. Il n’y avait jamais rien de dangereux dans les chambres des Chastel, leur imagination se butait à un environnement sécuritaire ou ils se sentiraient bien; c’était même insensé qu’il en soit autrement. Alors pourquoi Thomas continuait à fixer le vague avec autant d’intensité ? Comme si un danger la guettait, comme si le fixer aurait pu le faire reculer ou le maintenir en place. Il avait perdu de la brillance de cette excitation dans le regard laissant place à quelques choses de plus grave et plus … inquiet.

Il y a quoi derrière moi ?

Après tout, il fût plus logique de poser la question que de chercher. S’il avait trouvé quelque chose qui l’angoissait, autant le savoir avant d’y faire face elle aussi, non ?

@Thomas Chastel

Non, pas un lapin. Certainement pas un lapin. La silhouette, les ombres et une forme de conscience sourde et logique de ce qui devait rôder en liberté dans son esprit ne menaient qu’à une seule la conclusion : le loup. Un prédateur dans la maison des Chastel.

- « Je crois… que c’est un loup. »

Il en était sûr, mais en le disant, ce fut comme une prise de conscience, celle que dans cet environnement parfait qui reflétait par magie tout ce dont l’adolescent pouvait avoir besoin pour passer la nuit la plus confortable possible, dans cette pièce créée magiquement pour lui plaire, rôdait un danger.

Ou plus exactement, il était un danger, car la maison des grands-parents de Thomas et de Gwendolyne avait toujours été un endroit agréable à vivre, si on excluait parfois quelques bagarres et prises de têtes entre cousins et le mauvais temps de la région. Un endroit de paix où, même alors qu’ils gagnaient en âge, les enfants et adolescents aimaient à revenir l’été pour profiter de quelques jours, semaines ou mois de tranquillité.

Mais soudain, il y avait un intrus dans la clairière, et en même temps qu’il voyait le loup, Thomas se contemplait lui-même, l’animal tapis dans l’ombre et les lapins qui s’ébattaient innocemment dans la clairière, à la lumière du soleil, inconscients du danger…

- « Il y a un loup dans ma chambre… » répéta-t-il, sans qu’il soit clair si sa voix exprimait de l’épouvante, de la fascination ou juste quelque chose de sentencieux, dont il fallait se résoudre dans un excès de sagesse et de maturité. En tout cas, il avait pâli.

Puis le jeune homme refit surface et il attrapa le bras de sa cousine, comme il l’avait fait à l’allée. « Viens on sort. »

Thomas doutait que l’animal puisse réellement s’en prendre à eux, le sortilège de ses grands-parents n’allait pas jusque-là, mais il ne voulait plus rester dans la clairière pour autant. Il se sentait nauséeux, présentement, la vision l’avait secoué.

- « C’est sûr qu’il va manger les lapins. » fut la seule chose qu’il trouva à ajouter et soudain lui vint le désir impératif de les prendre avec lui pour les emmener en sécurité à l’extérieur.

moon & howl

Gwen & Thomas

Une chambre à coucher dehors

Thomas et sa chambre magique chez Grand-père et Grand-mère était tout simplement merveilleuse. Du moins, les premiers moments qu’elle y avait passé. L’ambiance que la magie de son cousin avait créée était d’une grande beauté. La voute du ciel étoilé avait quelque chose de particulièrement charmant, ainsi que le coin chaleureux semblait particulièrement confortable. Proposé de faire un pyjama party avait été la première idée qui lui avait passé par la tête. Ça serait charmant et très agréable de tous se retrouver à discuter jusqu’à tomber endormi. Ça ou s’envoyé des coussins par la tête. Ils avaient passé tant de temps cette année à se tenir les uns les autres éloignés que de se rassembler sans contrainte avec quelque chose de salvateur.

Alors qu’elle se tenait dos à l’ambiance de la chambre, Thomas sembla soudainement particulièrement sur ces gardes. Pensait-il avoir perdu un lapin ? Les boules de poils étaient particulièrement mignonnes pour autant qu’elle restait dans sa chambre. Il pourrait probablement les garder pendant tous son séjour, mais s’il dépassait la porte, aucune garanti qu’elle ne finisse pas cuite pour le souper par un elfe de maison assisté de grand-mère. Elle se retint de le lui signifier pour autant. Après tout, elle lui avait juste dit dans le salon que le lapin finirait probablement remis dehors à grande vitesse.

Un loup ? Répéta-t-elle, confuse mais cessant néanmoins de faire de grand mouvement ou même se retourner. Elle contemplait l’air de Thomas quand il reprit sa phrase à nouveau pour lui signifier encore la présence de l’animal. Elle avait un peu compris qu’il y avait un loup dans sa chambre, à défaut de savoir ou en revanche. Il lui prit le bras, sortant d’une sorte de transe. Gwendolyn ne savait pas trop si Thomas avait observé l’animal du regard, un combat de qui baisserait le regard avant l’autre, ou si finalement il était tout simplement fasciné sa présence. Bonne idée. Elle lui laissa gérer de la sortir de cette situation, incertaine de ou venait le danger. Était-ce un danger en soit ? Il y avait tellement de question qui lui traversait l’esprit, mais aucune ne valait la peine qu’elle reste tranquille à attendre que la bête se décide à l’attaque ou non.

La réplique de Thomas dédramatisait tout, absolument tout ce qu’elle avait ressenti quant à la crainte d’une attaque. Tu veux aller les chercher, sans blague? Elle affichait un visage amusé. Je ne peux même pas les rapprocher de nous, j’ai pas le droit d’utiliser ma baguette, j’ai encore la trace jusqu’à l’an prochain. D’autant qu’elle se voyait mal expliquer son usage de la magie pour sauver des lapins apparus surnaturellement suite à un charme de décoration. S’il voulait aller les chercher, il faudrait s’avancer et se mettre à courir derrière les petites bêtes duveteuses. Ça c’était à condition que qu’il ne décide pas que le fond non éclairé de la clairière était plus intéressant pour eux que de finir par les bras des deux adolescents.

@Thomas Chastel

Gwendolyne avait peut-être l’air de trouver la situation amusante, mais Thomas lui en était pas mal chamboulé. L’apparition de ce prédateur au milieu d’un endroit si doux et tranquille, en plein cœur de la maison Chastel qui – excepté quelques cris et pleurs de temps en temps – avait toujours été un endroit paisible, avait valeur de métaphore. Littéralement, on avait fait entrer le loup dans la bergerie, et le loup, c’était Thomas.

Un peu agacé que sa cousine lui réponde sur le ton de la rigolade, et véritablement inquiet pour le sort des lapins restés à l’intérieur, le jeune homme se mit à piétiner sur place, sur les nerfs.

- « T’as l’air de croire que c’est une blague… » lui reprocha-t-il, coléreux « J’ai vraiment vu un loup, je le jure ! »

Il adressa un regard soucieux en direction de la porte qu’ils avaient refermé sur eux. Est-ce que l’animal rôdait toujours de l’autre côté ? Certainement… il fallait faire quelque chose.

- « On va mettre les lapins dans ta chambre. » décida Thomas « Mesure d’urgence, allez ! »

Et pour la troisième fois de l’après-midi, il entraina sa cousine pour re-rentrer dans la chambre, jetant autour d’eux des regards furtifs. De loup, pas trace, mais Thomas pouvait quand même sentir sa présence, comme une part de lui-même, indistincte mais qu’il savait être là. Sans attendre, il attrapa un lapin qui était venu bondir à ses pieds et le passa sous son bras. Il s’empara ensuite d’un autre, puis d’un troisième, ce qui commençait à faire un peu lourd, d’autant que les animaux avaient tendance à se débattre.

- « On va faire plusieurs voyages. » expliqua-t-il à Gwendolyne « C’est où ta chambre ? Tu pourras faire pousser de l’herbe pour qu’ils aient à manger ? Je crois qu’il y a un sort pour ça, Duncan m’en a parlé pour accélérer la croissance des plantes ! »

moon & howl

Gwen & Thomas

Une chambre à coucher dehors

Elle croyait Thomas quand il disait avoir vu un loup mais l’anxiété avait changé son émotion pour diminuer les craintes qu’elle avait. Il s’emporta contre elle et elle ne put pas faire grand-chose outre que noter que son attitude était la cause de sa colère et qu’il était tout à fait justifier qu’il s’emporte. Néanmoins, elle resta prise sur cette émotion plutôt que de se mettre proprement à paniquer. La panique l’aurait rendu incapable de bien agir alors que son cousin avait l’air vraiment déterminer à effectuer le sauvetage de lapins magiquement créer par l’univers de sa chambre.

Je sais que tu ne blague pas, Tom.

Au moins, elle pouvait lui assurer qu’elle le croyait. Quand il décida que les lapins iraient dans sa chambre, Gwendolyn accepta sans broncher, c’était le minimum à faire après lui avoir donné l’impression qu’elle se moquait de lui et puis c’était vraiment mieux que les laisser dans les couloirs à la merci de grand-mère qui aurait du mal à comprendre ce qu’il faisait là. Elle le regardait en mode survie et étrangement il avait l’air d’avoir muri; pas parce que Tom était avait été un gamin fantasque mais parce quand il prenait les choses en main, il semblait avec une farouche détermination que la crainte n’avait pas l’air de vouloir ébranler. À côté de lui, elle avait l’air d’être simplement son assistante; une assistante particulièrement détestable vu qu’elle ne cessait d’avoir un sourire amusé sur les lèvres malgré l’inquiétude réelle que lui avait sur le visage.

Il ouvrit la porte une nouvelle fois. Avança dans le décor avec Gwen dans son sillage. On aurait dit que les petites boules de poils s’élançaient vers lui comme pour trouver un refuge, mais à les regarder se débattre autant dire que la Serpentard n’était pas tout à fait certaine que ça avait été leur intention finale; peut-être voulait-il simplement se laisser caresser. Un, deux puis trois boules dans les bras, Thomas avait l’air particulièrement chargés. Gwendolyn s’approcha pour prendre deux bêtes duveteuses de manière maladroite. Pendant leur absence, courte soi dit en passant, il avait dû se passer quelque chose car le nombre de lapin avait dramatiquement diminué. Était-ce le loup qui avait profité de leur absence pour se repaitre et chasser ? Gwen l’ignorait, mais chose était certaine, elle ne voyait plus qu’un dernier lapin tout au fond de la clarière qui semblait vouloir se diriger vers les hautes herbes. Mauvais choix petite créature. Très mauvais choix. Elle ne voyait pas ou se tenait le loup et puis, son travail était surtout de mettre en sécurité les bêtes que Thomas avait réussi à attraper avec une facilité déconcertante.

Je crois que le loup à profiter de notre absence pour passer à son repas. J’en vois plus qu’un, là-bas. Foncièrement mal à l’aise que leur sauvetage soit finalement aussi peu glorieux. Ma chambre c’est celle d’en face. Il faudrait qu’elle se creuse un peu la tête pour trouver l’enchantement que Thomas lui parlait, vu qu’elle n’avait pas l’habitude de la pratiquer souvent, d’autant qu’à moins que grand-père et grand-mère soit dans le coin, faire pousser de l’herbe s’avérerait problématique.

Un lapin couleur chocolat et l’autre blanc tacheté dans le creux de ces deux bras frottait doucement leur truffe dans le repli de ces coudes, innocent et théoriquement irréels. Gwen trotta jusque devant la porte de sa chambre pour aller déposer les deux bêtes en un mouvement rapide de l’autre côté de la porte en bois. Elle n’alla pas plus loin, car au final l’urgence était à gérer ceux qui n’était pas en sécurité contrairement à sa chambre paisible qui leur offrait un refuge. Outre Encre, Gwen n’avait jamais eu d’autre animal de compagnie, ça lui faisait l’impression d’accueillir un zoo, mais c’était un moindre mal.

@Thomas Chastel

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