Retenue dans les bois

Alors que le changement de service allait se faire - les grades aciers dont je fais parti allant prendre leur repas tandis que les autres quittent la Grande Salle - Le directeur Sorensen nous intime à tous de rester ici et de l’écouter. Surprise, je lance un regard en direction de Daria qui est à mes côtés, surpris. Les murmures s’entendent autour de nous mais se tarissent rapidement lorsque le directeur reprend la parole d’une voix claire. Mon visage s’assombrit dès ses premiers mots. Bien sûr, à quoi je m’attendais ? A ce qu’il nous dise de tout remonter dans nos dortoirs respectifs et que le grade acier n’existe plus ? Cela aurait été trop beau. Au contraire, il commence en nous rappelant ce qui s’est passé dans la tour privilège et les raisons de ses mesures drastiques. Même si ce qui s’est passé est intolérable et que je suis vraiment désolé pour ceux qui ont été blessés ce jour là, notamment Artémis -quand bien même je ne le supporte pas - je ne trouve toujours pas ça juste qu’une partie des élèves soient mis à l’écart car en bas du classement et sans aucune preuve que l’on puisse être responsable de cet incident.

J’ai un mauvais préssentiment alors qu’il déroule les événements de ce jour-là. S’il nous a tous réunis ici et en parle de cette manière c’est qu’il y a bien quelque chose derrière. Et ça ne loupe pas. Le directeur a eu vent de projets révolutionnaires au sein de notre dortoir et va donc mener une inspection de ce dernier. De plus, le courrier sera également contrôlé mais ce n’est pas le pire. Instinctivement, je referme ma main sur celle de Daria alors que le Directeur annonce que les grades aciers seront en retenus toute la nuit et qu’au moindre refus, il y aurait renvoi. C’est tellement injuste… je lâche entre mes dents d’une voix basse. Je suis tellement en colère par le traitement que l’on subit et surtout je ne le comprends pas.

C’est énervé et résigné que je sors de la Grande Salle avec mes autres camarades de dortoirs. J’écoute les consignes sans réussir à décolérer, la tête basse. Il n’y a qu’une chose de positive dans tout ça, c’est que je me retrouve avec ma meilleure amie. Je lui envoie un regard désolé avant de l’attraper par le poignet, à peine les indications terminées. Avec douceur je nous dirige vers l’entrée de la forêt interdite. Je me stoppe un peu en amont, le cœur battant, puis y pénètre, toujours autant résigné.

Ca me soule… Pourquoi on doit faire ça ?

Je tape dans une branche cassé au sol afin de chasser ma colère tout en m’engouffrant un peu plus dans la sombre forêt.

Tu as une idée de où on peut trouver ce qu’il veut ?

Retenue dans les bois

J’avais pourtant cru que cette soirée allait bien se passer. Mais ça c’était avant que les plans du directeur ne changent tout. Et nous voilà, nous, les grades aciers, devant l’entrée de la forêt interdite, en pleine nuit, afin d’aller récupérer des ingrédients pour le directeur en guise de punition pour un acte dont aucun de nous n’est vraisemblablement responsable. Dire que je suis en colère est un euphémisme. Je suis en rogne. Mais surtout désolé que Daria se retrouve dans la même situation que moi. J’aurai aimé qu’elle se retrouve avec Hayden, chez les bronzes, quand bien même me retrouver seul, sans mes amis, m’aurait donné un sacré coup au moral.

En binôme avec ma meilleure amie, je lui attrape la main pour rejoindre la forêt sans attendre plus longtemps. Plus vite la punition est faite, plus vite nous pourrons rentrer. Je suis terrifié d’être ici en pleine nuit et je n’ai aucune confiance en la direction concernant notre sécurité alors qu’il nous oblige à nous rendre ici alors que c’est formellement interdit dans le règlement intérieur et qu’on nous rabâche sans arrêt de ne pas pénétrer dans cette forêt. Enervé, je frappe dans un bout de bois avant de me retourner vers Daria qui est littéralement entrain de craquer à mes côtés. Sans prévenir, elle s’écroule dans mes bras pour pleurer de tout son soûl sous mon regard désolé. Je l’encercle dans une étreinte, tout en lui tapotant le dos pour la rassurer. Je sens ses larmes couler sur mon t-shirt, amplifiant la colère que j’ai contre la direction.

Je sais … Moi aussi…

Je lui souffle à l’oreille. Je n’ai pas les mots pour la réconforter. Je me sens tout aussi mal qu’elle et je ne sais plus quoi faire pour me sortir de ce merdier dans lequel on nous a jeté sans scrupule. Lorsque ses larmes se tarissent, je pose mes mains sur chacune de ses épaules et l’éloigne légèrement pour la regarder droit dans les yeux. Du bout du doigt, sans vraiment m’en rendre compte, j'essuie une de ses larmes sur sa joue.

On est ensemble, on va y arriver, ok ?

Je tente un sourire confiant mais je sais que cela ne donne rien. Je ne suis pas confiant mais je veux juste que Daria aille mieux. Elle finit par essuyer ses larmes et me désigner une direction. Je suis du regard la direction dont elle me parle avant d'acquiescer de la tête.

D’accord, allons par là alors.

Nous prenons sur la droite, dans l’espoir de nous rapprocher du bord du lac. Cela nous évitera d’un côté de nous plonger totalement dans l’obscurité de la forêt interdite. Quelques obstacles se dressent sur notre passage, et je passe la majorité d'entre eux en premier, tendant la main pour aider ma meilleure amie à passer les plus compliqués.

De ce dont je me rappelle, les veaudelunes aiment les endroits isolés aussi…

Je lance tout en marchant. Comme quoi se renseigner en avance sur certaines matières peut s’avérer utile certaine fois.

Retenue dans les bois

Mes bras autour des épaules de Daria, je tente tant bien que mal de la consoler alors que je me sens tout aussi vide et démuni qu’elle en ce moment. Cette punition est une goutte de trop dans un vase déjà bien rempli. Mais je ne peux pas m’effondrer à mon tour alors que ma meilleure amie a besoin de mon soutien en ce moment. Alors que ses larmes se tarissent, je pose mes mains sur ses épaules afin de la reculer et de chercher son regard. D’une voix à peine assurée et un sourire qui devait sûrement ressembler plus à une grimace qu’autre chose, je lui dis que tout ira bien car nous sommes ensemble ce soir. Les yeux encore humides, elle hoche la tête et répète la même chose. Je relâche la pression sur ses épaules avec douceur, un léger sourire compatissant sur le visage et acquiesce lorsqu’elle propose de suivre le chemin menant au lac. Je ne suis pas certain que nous allons trouver quoi que ce soit dans cette direction mais c’est toujours mieux que de s’enfoncer dans cette forêt lugubre.

tout en proposant ma main à plusieurs reprises afin d’aider Daria sur le chemin, je soulève le fait que les Veaudelunes préfèrent les endroits isolés. Peut-être devrions-nous dans ce cas nous diriger vers le coin du lac le plus proche de la forêt afin d ‘avoir une chance de trouver quoi que ce soit. Je mène la marche dans cette direction, ma main jamais loin de celle de ma meilleure amie jusqu’à ce que le chemin se fasse plus régulier, nous permettant de rester l’un à côté de l’autre durant notre marche. Je hoche la tête alors qu’elle me conseille de regarder vers le sol afin de voir si nous trouvons des signes de leurs passages, comme leurs déjections bien particulières. Mais avec la nuit qui se fait plus noire, il est difficile de voir clairement les choses. Je sors alors ma baguette de ma poche.

Lumos.

La pointe de ma baguette s’illumine dans un faisceau lumineux et je pointe celle-ci vers le sol afin de voir les choses plus distinctement, dans l’espoir de trouver rapidement un indice. Tout en marchant, je jette un coup d'œil à ma meilleure amie pour voir comment elle se sent. Elle semble aller mieux. Le passage des larmes n’est plus visible. Alors, je décide d’en profiter pour parler d’un sujet concernant notre situation de grades aciers.

Comment ça se passe dans ton dortoir ? Michaela t’a aussi demandé si tu étais prête à donner un coup de main s’ils mettaient un truc en place ?

Retenue dans les bois

La nuit se fait de plus en plus présente alors que nous empruntons un chemin moins accidenté afin de rejoindre le bord du lac. Sans attendre, j’attrape ma baguette et lance un Lumos afin d’y voir plus clair et surtout éviter que l’un de nous deux se retrouve au sol blessé. Cette nuit était déjà assez difficile à supporter avec cette punition totalement injuste, alors autant réussir à rester en un seul morceau. Puis, je n’ai surtout pas envie que Daria se blesse. Côté à côté, le regard légèrement pointé vers le sol, nous cherchons le moindre indice nous indiquant la présence d’un Veaudelune. Sans lui, il était tout simplement impossible de trouver ce que nous demande la direction et nous condamne à passer la nuit entière dehors, à proximité de la forêt interdite.

Dans cette attente, je décide de reprendre la parole et de discuter des conditions de ma meilleure amie dans son dortoir chez les aciers. J’en profite également pour lui parler du courrier que j’ai reçu de Michaela, me demandant si je serai avec eux en cas d’action menée contre cette injustice. Daria m’informe que la gryffondor ne l’a pas contacté se doutant surement de sa présence certaine en cas de besoin. J’hoche légèrement la tête de haut en bas, tout en réfléchissant. Peut-être que les deux filles en avaient déjà discuté ensemble, mais pour autant, je n’ai pas le souvenir que ma meilleure amie m’ait un jour dit vouloir participer à une rébellion, s’il devait y avoir une. Je sais qu’elle vit très mal la situation, surement plus que moi, mais jusqu’à présent elle m’avait seulement parlé de son possible souhait de ne plus revenir l’année prochaine si la situation ne changeait pas. Mon regard clair se pose à nouveau sur son visage alors qu’elle me demande, curieuse, ce que j’ai répondu à la demande de Michaela.

Qu’elle pouvait compter sur moi… J’en ai marre.

Marre de me retrouver dans des situations qui me brisent toujours un peu plus et qui ne font qu'accentuer la honte que je ressens vis à vis de moi. Marre de rester les bras croisés et d’attendre que d’autres se chargent de faire changer les autres. Bien sûr, ça m’inquiète, je ne sais pas si je serai capable de faire quoi que ce soit ou même d’être utile, mais je ne peux plus être simple spectateur non plus.

Retenue dans les bois

Alors que nous continuons de marcher à la lisière de la forêt interdite afin de rejoindre le bout de celle-ci non loin du lac, nous entamons une discussion des plus sérieuses. A la base, je voulais juste me renseigner sur comment ma meilleure amie se sentait dans son dortoir tout en mentionnant le fait que Michaela m’avait envoyé un courrier pour me demander si je serai des leur en cas d’action de leur part. Curieuse, Daria me demande ce que j’ai bien pu lui répondre et mon regard clair se pose à nouveau sur elle avant de lui répondre des plus sérieux que j'en ai marre de cette situation et si on me demandait de les soutenir et de les aider, je le ferai. J’ai envie d’être utile une fois et de ne pas être simplement un spectateur qui attend sagement derrière que les choses bougent. J’ai honte de ce qui m’arrive et de ne pas être capable de lever la voix comme d’autres le font si bien. C’est con à dire, mais j’envie presque Blaze de savoir se faire entendre même s’il reste un con fini pour moi. Je vois bien que ça inquiète ma meilleure amie et c’est aussi mon cas.

La brune s’arrête et me fixe avant de me demander, hésitante si je suis capable de tout.

Tu veux dire me battre ?

Ma voix est basse, comme si j’avais peur d’être entendue. Je ne sais pas vraiment de quoi je suis capable et si je suis même assez courageux. Je baisse finalement les yeux vers le sol, une main frottant ma nuque, anxieux.

Je sais pas… Je ne pense pas en être capable, même si je le voulais…

Je ne suis pas du genre violent et je n’aime pas être mêler à des bagarres en temps général. Mais ce n’est pas la même situation, ni le même contexte. Ce n’est pas une simple bagarre entre élèves qui peut se produire, mais contre un système.

Mais je ne veux plus me faire marcher sur les pieds…

Je relève mes yeux azure sur ma meilleure amie, une pointe de détermination au fond du regard.