Une Gryffondor sur un arbre perchée (Libre)

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Une Gryffondor sur un arbre perchée

En ce samedi de mars, il faisait beau, quoi que frais. Bien couverte et comme souvent, Sarah était partie se promener dans le parc. Normalement, elle se serait armée d’un livre de la bibliothèque ou encore l'un des siens. Mais, là, ce jour-là, ce n’était pas le cas. Pour une fois, elle savait qu’elle ne lirait pas. Non, elle voulait réfléchir. Et pour cela, rien de mieux que de grimper dans son arbre préféré au bord du lac, du haut duquel elle avait une vue imprenable sur les environs.
Une fois au pied de son arbre, elle agrippa le tronc et s’aida de ses genoux et des nœuds du tronc pour monter, puis des branches, jusqu’à atteindre une des plus hautes parmi celles qui pouvaient supporter son poids. Elle était montée rapidement, tel un écureuil dans son arbre. Elle s’installa confortablement et observa le paysage.

Pour l’heure, à part auprès de Cassi et de très rares élus, Sarah n’exprimait pas ses opinions, encore moins celles sur le directeur, la nouvelle décoration du château, les grades ou encore les histoires d’origines. Et si c’était déjà le cas l’année précédente, plus le temps passait et plus toutes les dérobades qu’elle devait faire pour garder ses opinions secrètes et la comédie qu’elle jouait lui pesait. Au contraire, avec le vent de contestation qui soufflait une nouvelle fois sur l’école et dont elle se sentait solidaire – bien qu’elle n’eût aucun problème de grade -, ses tentations de rébellion grondaient en elle. Elle n’avait cependant pas oublié que sa sœur de cœur lui avait intimé la prudence lorsqu’elles avaient parlé rebellion l’année précédente. Et vu le directeur en place, si elle voulait garder sa « couverture » le temps nécessaire à sa sécurité, elle ne pouvait de toute façon pas se joindre aux contestataires. Et elle en était parfaitement consciente.

Une nouvelle fois, l’enfant posa le regard sur le lac noir, étendue d’eau qui avait le don de l’aider à retrouver son calme ou à le garder quand elle le souhaitait. Et même si elle avait fini par partager ses angoisses et bien que cela lui eût fait du bien, elle n’avait pu les chasser complètement. Comme elle regardait le lac et était plongée dans ses pensées, elle n’avait absolument pas prêté attention au fait qu’elle n’était plus seule dans cette partie du parc.

(c) Kira pour Never Utopia

Une Gryffondor sur un arbre perché

Shayne T. Williams
Douglas BoothY a pas à dire : quelle poisse ! Déjà que la journée se passait plutôt mal pour Shayne, il semblerait que tout conspirait à son malheur. Ce samedi, Shayne avait espéré pouvoir se réfugier à la Bibliothèque après le déjeuner. Malheureusement pour lui, les choses ne se déroulèrent pas comme prévu. Alors qu'il était en chemin pour aller à son lieu de prédilection, il remarqua une foule d'élèves sortant en trombe de la Bibliothèque. Au moment où il se demandait ce que diable avait pu les pousser à évacuer la salle, une jeune élève de Serpentard tout près des lieux déclarait à qui voulait l'entendre que des première année s'étaient amusés à dissimuler des boules puantes sous le bureau de réception de la bibliothécaire. Cet incident parti d'une blague de très mauvais goût se révéla éminent car la puanteur s'était propagée dans l'ensemble du local, empêchant les élèves d'y travailler ou tout simplement d'y rester. La bibliothécaire après avoir retenu les noms des perturbateurs avait fait évacuer la salle, en précisant que la Bibliothèque ne serait accessible que d'ici deux heures maximum, le temps de réparer les dégâts et de sanctionner les élèves pris sur le fait. Shayne maugréa à la pensée de ses demi-portions : ne pouvaient-ils pas se retenir de faire les malins ne serait-ce que pour quelques minutes ? Ce n'était pas tant leur blague de mauvaise augure qui le dégoûtait car il fallait reconnaître que Shayne au cours de ses premières années à Poudlard s'adonnait aussi souvent au plaisir de faire des farces, notamment à ses supérieurs. Mais pourquoi de tous les lieux du château fallait-il qu'ils choisissent la Bibliothèque ? Déjà qu'il n'était pas d'humeur, ce n'était vraiment pas le moment de lui priver du seul moment de répit que la journée lui offrait.

En effet, Shayne avait eu peine à sortir de son lit mais ses autres camarades de dortoir réussirent à le tirer de sa couette malgré lui. C'est le week-end ! avait-il rouspété auprès de ses amis en se redressant après quelques secondes de réflexion, mais ceux-ci répondirent d'un simple haussement d'épaules avant de quitter le dortoir, leurs rires raisonnant au loin tandis que Shayne se remettait péniblement de ce brusque réveil. La première idée à laquelle pensa le quatrième année était la Volière : Catherine sa mère avait pris l'habitude de lui écrire six fois par mois pour avoir de ses nouvelles, mais pas plus pour ne pas trop l'embêter. Heureusement, ce fut Daryll son hibou qui se déplaça jusqu'à sa fenêtre au moment de son réveil pour lui transmettre la lettre tant attendue de sa génitrice. Il l'accueillit avec un petit sourire reconnaissant avant de lui prendre l'enveloppe de son bec. Mais en lisant les lignes écrites sur le parchemin, le sourire de Shayne se fana au fur et à mesure que ses yeux parcouraient le papier :

Shayne chéri,

D'abord, comment vas-tu ? Comment se passent tes cours ? Siggy n'arrête pas de jouer les impatients et souhaite plus que jamais aller à Poudlard. Entre nous, je ne souhaite pas que cet événement arrive aussitôt : l'école nous tient suffisamment loin l'un de l'autre toi et moi que je ne peux imaginer ce que je ferai sans la présence de Siggy à la maison. Vous êtes mes petits hommes, sans vous les journées sont longues et interminables.
Je sais que tu es toujours fâché contre ton père depuis ton dernier séjour avec lui. Mais sache que c'est très difficile pour lui ces temps-ci de vous écrire toi et ton frère. Je pense donc que ce ne serait pas mal si c'était toi qui lui écrivais de temps à autre. Je te l'accorde, il a fait sa vie, il a une famille, il a un travail, mais ça ne veut pas dire qu'il ne pense pas à vous. Qu'importe ce qui s'est passé entre nous, ça ne concerne que lui et moi. Mais c'est votre père. C'est ton père, Shayne, ne l'oublie jamais.

Je t'aime mon chéri,
Maman.

Shayne froissa le papier avec rage à l'issue de sa lecture avant de sortir sa baguette et d'un geste y mit le feu pour le réduire en cendres. Il était tout retourné : autant il était attendri par le premier paragraphe d'amour de sa mère, autant le reste l'avait raidi car il s'agissait de son père. Pour Shayne, géniteur serait le mot juste pour qualifier Matthew Williams. Depuis qu'il avait quitté sa mère, sa distance avait immunisé Shayne contre toute attente de la part de son père. Mais ce qui le mettait en rogne c'était la demande presque pitoyable de Catherine de le joindre. Le joindre, lui, alors qu'il avait refait sa vie.

Ce n'était pas tant son père qui posait problème mais le fait que sa mère continue de se préoccuper de ce qu'il ressent alors qu'ils n'étaient plus ensemble. Il comprenait maintenant pourquoi toutes ces années elle n'arrivait pas à tourner la page et refaire sa vie comme Matthew : il était évident qu'elle restait bloquée sur son passé avec lui, quand bien même elle n'était plus amoureuse. Mais cela restait un problème : la preuve, elle avait du mal à imaginer passer un mois sans ses enfants, alors qu'il était primordial que Siggy suive son frère à Poudlard comme c'était un sorcier. Toutes ces pensées lui avaient mis l'esprit en feu et il avait décidé de se distraire à la Bibliothèque. Ajouter à cela l'impossibilité de se rendre ce lieu qu'il avait tant convoité depuis son arrivée à l'école, le reste de la matinée s'avéra ennuyeuse et sans intérêt. Car qui dit samedi, dit pas de cours. Qui dit pas de cours, dit pas d'intimité. Qui dit pas d'intimité, dit pas de bol. Voilà le résumé de la journée du jeune Gryffondor.

Mais l'après-midi s'annonçait plutôt bonne pour lui, car il avait pris soin de conserver son livre du moment, Les Grands Sorciers du XXe siècle, alors il pouvait bien se passer de la Bibliothèque pour une fois. De plus son amie Lilith lui avait conseillé peu de temps avant un endroit près du Lac Noir dans lequel personne ne pourrait le déranger. Il s'y rendit aussitôt que l'idée lui vint en tête. En arrivant sur les lieux, il parcourut du regard l'horizon afin de trouver la place idéale. Et c'est là qu'il vit un grand chêne au berge du lac, et plus important encore... Personne ne s'y trouvait ! Il profita de cette occasion pour s'asseoir à cet endroit, adossé au tronc d'arbre, à moitié allongé et ouvrit son livre d'histoire. Le son calme du vent frais de la saison et le bruissement des petites vagues quasi-inexistantes du Lac Noir l'apaisaient. Il en fallait peu pour Shayne pour oublier ses tourments, surtout lorsqu'il s'agissait de se rendre en pleine nature.

Alors qu'il lisait tranquillement, un bruit se fit entendre, le faisant sursauter, et une feuille tomba sur son visage, puis une autre, et une autre... Croyant qu'il s'agissait d'une branche fragile qui n'arrivait plus à tenir ses feuilles, il se décala sur le côté, sans trop se préoccuper de la situation. Mais alors qu'il reprenait sa lecture, un autre bruissement de feuilles le fit bondir, et par curiosité il leva la tête. Oh non, encore ! Malheureusement pour lui, il constata la présence d'une jeune fille perchée sur une des hautes branches du chêne, qu'il ne connaissait que trop : Sarah. Sarah Davenport. Une Gryffondor mais aussi et surtout une cousine éloignée qu'il fréquentait peu ces temps-ci et qui était l'une des rares personnes de sa famille qu'il trouvait un peu plus que correcte. Bien qu'il n'avait pas ou peu de problèmes avec sa camarade - si ce n'était avec leur lien de parenté -, il ne cacha pas néanmoins son mécontentement au constat de sa présence.

« Tiens tiens, alors que je suppliais Merlin de m’épargner les méandres du lien de sang, il m’envoie la petite nièce préférée de mon géniteur… Que me vaut le plaisir de ta présence ici ? »

Codage par Libella sur Graphiorum

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Une Gryffondor sur un arbre perchée

Sarah ne s’était absolument pas rendue compte qu’elle avait fait tomber quelques feuilles en s’installant sur son promontoire. Pas plus qu’elle n’avait perçu la présence de son cousin, Shayne, du moins pas avant qu’il ne se fût manifesté. Aussitôt, l’enfant nota son mécontentement. Et à travers ses nons-dits, son allusion à son géniteur, aux liens du sang, elle devina qu’il s’était produit quelque chose de lié à son oncle. Elle savait que Shayne souhaitait éviter ce sujet, et elle ne lui forcerait pas la main. Il y avait un accord tacite entre eux qui consistait à ne pas forcer l’autre à aborder le sujet douloureux, de part et d’autre, des deux paternels.

« Bonjour Shayne. Comment vas-tu? »

Non pas qu'elle se posât franchement la question, mais par souci d'autrui, elle la posait qu'elle connût ou non son interlocuteur.

Avant de lui répondre, elle descendit prestement, rapidement, lestement, avec une agilité certaine. Ce serait tout de même de lui parler au même niveau que de crier du haut de son arbre.

« On a choisi le même endroit calme au même moment. Je comprends que ça tombe mal pour toi. Mais, il se trouve que c’est mon arbre préféré et quand j’ai besoin de réfléchir ou envie d’observer le paysage, je viens monter sur une branche. Ca offre au minimum une vue imprenable sur le parc et parfois un autre point de vue sur une situation. Il m’arrive aussi de venir lire ici »

Il suffisait de l’observer un instant pour devinait que la lecture n’était pas au programme de cet après-midi, de regarder d’un peu plus près pour remarquer de la fatigue et qu’elle avait beau dire, ce n’était pas non plus pour le paysage qu’elle était là en cet instant.
Elle ne cherchait pas à cacher ce qu’il en était à son aîné, mais ne voulait pas non plus lui imposer ses préoccupations alors que lui-même semblait ruminer.
Malgré ses propres problèmes, ses propres soucis, elle avait envie d’offrir une oreille attentive et son soutien à Shayne, mais c’était délicat car elle savait qu’il suffirait d’un rien pour le braquer ou risquer de briser cet accord qui était entre eux.

« Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là » dit-elle simplement, avec la douceur qui lui était coutumière, lui faisant comprendre par là que s’il voulait ne serait-ce qu’effleurer la surface de ce qui le mécontentait, elle lui laissait une ouverture. Mais, elle ne le questionnait pas, ne prononçait pas de mot lié à son oncle. C’est encore le meilleur compromis qu’elle voyait.

Elle avait bien vu qu’il lisait, forcément, elle ne pouvait que le remarquer, mais elle savait aussi qu’il ne souhaitait pas forcément mettre cela en avant, alors, elle se contenta d’observer le titre, de le noter dans sa tête pour éventuellement emprunter elle-même le livre plus tard, s’il s’avérait intéressant.

Détournant aussitôt la conversation de ce qui pouvait le préoccupait, tentant de lui offrir une échappatoire, elle rajouta :

« La vue sur le lac est très belle d’en bas aussi. Tu viens souvent ici toi aussi ou tu découvres ce coin du parc ? »

(c) Kira pour Never Utopia

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