Promenade avec le loup (Ben et Thomas)

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Cela faisait un mois peut-être que le jeune Thomas était arrivé à Poudlard et donc que j’avais pu déléguer une partie du bêchage de mon potager à ce jeune homme. Sans me prévenir à l’avance, sans vraiment songer à me demander mon avis, on en avait fait mon assistant, espérant ainsi que je le forme à ce métier qui était bien peu passionnant. Personne ne m’avait jamais formé à être garde-chasse et donc j’avais l’impression que sous couvert de formation, on me demandait en fait de faire de la garderie d’un être qu’on ne pouvait intégrer nul part. Thomas n’était effectivement pas un sorcier et d’ailleurs, il n’avait pas de maison, il ne suivait pas la plupart des cours. Il était un cracmol qu’un malheureux hasard avait propulsé en-dehors du monde moldu. Je n’avais rien contre les cracmols bien entendu. Mais je voyais mal l’utilité de les faire entrer à Poudlard. Mais voilà, Thomas n’était pas un simple cracmol, il était loup-garou. Il cumulait les tares d’une certaine manière. Il n’avait donc aucun pouvoir magique mais il fallait bien le mettre quelque part et si les salles de classe de Poudlard n’était pas adapté, quelqu’un avait dû se dire que la cabane du garde-chasse le serait. Pas sorcier du tout et pas moldu non plus, il n’avait sa place nul part et donc, le ministère s’était sans doute dit qu’avec les véracrasses, le garde-chasse était le plus apte à accueillir tous les rebuts de la société sorcière.
Après, au fond, je n’avais rien contre lui. Je lui parlais peu, nous n’échangions que le strict nécessaire pour le travail qu’il faisait. Il ne tentait visiblement pas de se faire apprécier par un travail acharné mais il faisait à peu près ce que je demandais. Et pour le reste, je vivais ma vie et mes doutes – et ils étaient nombreux. Hilary ne me parlait plus non plus, cela m’attristait mais j’étais surtout en colère contre ceux qui avaient mené à cette situation. Et c’était là ma principale préoccupation. Alors le loup-garou cracmol restait au potager à s’occuper des citrouilles.
Mais cette situation n’allait pas pouvoir durer et il était sans doute temps qu’il découvre le coeur du métier et son lieu privilégié, à savoir, la forêt interdite. Ce jour était venu, il était presque 14h et j’espérais qu’il serait à l’heure. Ce serait un bon début.

En sortant de table cet après-midi, Thomas avait filé à toute vitesse vers sa chambre au rez-de-chaussée : aujourd’hui il avait un rendez-vous important ! Consciencieusement il fit un double-nœud aux lacets de ses chaussures, troqua sa chemise d’écolier pour un t-shirt de travail qu’il enfonça dans son pantalon, resserra sa ceinture, enfila un pull de laine chaud, mit son manteau, noua son écharpe autour de son cou, s’enfonça un bonnet sur les oreilles, voilà, il était prêt.

Et il lui restait encore cinquante-cinq minutes à attendre. Thomas s’assit sur son lit, fixa la porte de sa chambre en silence. Peut-être qu’il avait le temps de faire un somme, ça lui ferait certainement du bien et il ne savait pas trop à quelle heure il rentrerait ce soir alors autant prendre de l’avance, non ?

Cinquante-cinq minutes plus tard, le jeune homme émergea de sa sieste, il était en retard. Heureusement qu’il avait dormi tout habillé – malin ! – il n’eut qu’à traverser le Grand Hall en sprint et dévaler la colline qui séparait le château de la cabane du garde-chasse pour rejoindre tout essoufflé Duncan qui l’attendait.

- « Je ne suis presque pas en retard aujourd’hui ! » lui annonça-t-il avec un grand sourire, préférant souligner ses progrès significatifs en termes de respect des horaires plutôt que la récurrence de leurs manquements.

Alors qu’il retrouvait doucement son souffle il se déporta aux côté du garde-chasse, petite copie miniature de celui-ci singeant jusqu’à sa démarche dans l’espoir de faire correctement ce qu’on attendait de lui.

- « On va voir des animaux ? »

Il en avait marre des plantes.

- « Il y aura des licornes ? »

Il aimait bien les licornes et avait appris avec beaucoup d’enthousiasme que celles-ci habitaient dans la forêt, à quelques centaines de mètres de sa chambre.

- « Si je n’ai pas de baguette, je peux utiliser autre chose si on se fait attaquer ? »

Il espérait que Duncan n'allait pas lui répondre de simplement ramasser un bâton qui trainait. Thomas n’était pas spécialement belliqueux, mais comme beaucoup d'enfants de son âge les armes exerçaient sur lui un pouvoir d’attraction certain et il n’avait pas manqué de remarquer à chaque fois qu’il se rendait dans la cabane du garde-chasse la grande arbalète qui ornait l’un des murs, n’osant demander si celui-ci en faisait usage, craignant sans doute au fond que Duncan ne lui propose d’essayer sur lui.

A un moment, il avait également espéré pouvoir se transformer en loup sur commande, ce qui serait assez pratique pour se défendre, mais non seulement ça ne marchait pas comme ça et en plus la transformation était très douloureuse et éprouvante, vous passant l'envie d'y avoir recours plus que de raison.

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Il était l’heure et il n’était pas là. Je n’étais même pas étonnée, à peine agacé. Une ombre dévalait la colline. C’était sans doute lui mais je ne l’espérais même pas. Je n’avais pas tellement envie de le voir au fond. Mais j’avais décidé de l’emmener voir le coeur de mon métier, sans espoir que cela lui donne envie de s’investir mais simplement car il le fallait bien. Il n’était « presque pas en retard » comme il disait. Et je ne répondis rien. Je ne lui dis pas qu’il n’y avait pas de demi-mesure et qu’être presque à l’heure c’était déjà être en retard. Je ne voulais pas lui accorder l’importance qu’il n’avait pas. Alors je levai les yeux au ciel, l’écoutant déballer ses questions.
« On verra des animaux si on tombe dessus. Ou s’il nous tombe dessus, ça dépend. »
La plupart tentait plutôt de s’échapper au crépuscule. Mais nous n’étions à l’abri de rien. Les licornes pouvaient sembler inoffensives mais un coup de sabot était vite arrivé. Quant aux autres, il valait mieux ne pas en parler.
Vint la question de la baguette, ou plutôt de son absence. Thomas était cracmol, je le savais. Mais il lui fallait un moyen de se défendre sans doute, en tout cas, sur le long terme se serait inévitable. Tant que j’étais là, je pouvais m’assurer de sa sécurité mais j’espérais bien retrouver mon bateau au plus vite.
« Pour cette fois, je m’occuperai de notre sécurité. Mais la prochaine fois, réfléchissez à un moyen de défense. »
Je voulais bien faire des efforts mais pas trop quand même. Et s’il n’était pas capable de se servir d’une baguette, ce n’était pas ma faute. Alors je me mis à marcher en direction de la forêt, lui faisant signe de me suivre.
Ce n’était pas la partie la plus dangereuse, le parc était encore visible à travers les arbres, rares étaient les animaux qui s’aventuraient si proches.
« Mais quelle idée avez-vous donc eu de venir à Poudlard pour être garde-chasse ? »
C’était sans doute, la première fois que je lui posais ce genre de questions, que je lui parlais autrement que pour lui donner des consignes. J’avais fini par me faire une raison : autant que cette première visite de la forêt me permette de mieux le connaître.

Il aurait fallu être aveugle pour ne pas percevoir l’inimité que semblait vouer Benjamin Duncan au jeune Thomas. Le garçon ne se le fit d’ailleurs pas dire deux fois et interprétant un peu naïvement son retard comme étant la cause principale de l’agacement du garde-chasse, lui fit démonstration de contrition en prenant un air penaud et en écoutant attentivement ce que l’adulte expliquait.

Réponses lacunaires à ses questions pourtant très pertinentes – lui semblait-il – mais qui ne tardèrent pas à inquiéter un peu le jeune homme quand Duncan évoqua sans le dire la possibilité de se faire prendre en embuscade, car c’était bien de cela dont il s’agissait, par des bêtes sauvages. En plus, Thomas commençait à comprendre qu’on n’allait apparemment pas lui donner de moyen de défense ce coup-ci, aussi avisa-t-il un bâton qui trainait sur le sentier et s’en empara.

Mieux valait être ridicule que mort.

- « J’ai vu l’arbalète dans votre maison… » tenta-t-il un peu timidement. « Elle est pas mal. »

L’air de dire sans le dire qu’il se verrait bien apprendre à manier un truc pareil. Ses potes allaient être verts de jalousie quand ils apprendraient qu’il tirait des flèches avec un engin qui devait au moins dater du Moyen-Âge.

S’y voyant déjà, le ton de la question du garde-chasse le surprit un peu. Était-ce un reproche ? Ce n’était pas vraiment comme s’il avait eu le choix, mais tant qu’à faire il était très content de son sort alors les choses semblaient bien s’arranger. Sauf peut-être pour Duncan qui semblait décidément assez peu satisfait de la tournure des évènements.

- « J’avais dit ça pendant mon entretien d’orientation mais je pensais pas que ça allait vraiment marcher. »

Il dévisagea Duncan. Visiblement l’humour c’était pas trop son truc.

- « Bin, je crois que c’est un peu le seul métier qu’on peut apprendre sans magie, ici. Et puis j’aime bien les animaux magiques. J'ai eu un lapin quand j'étais petit, mais on l'a donné parce qu'il rongeait les fils de la télé... »

Triste souvenir d'enfance, était-ce une réponse satisfaisante pour Duncan ? Croyant bien faire, il renchérit.

- « Et vous ? Pourquoi vous êtes devenu garde-chasse ? »

moon & howl

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Thomas avait visiblement un peu plus d’instinct de survie que ce que j’avais imaginé. La bâton serait sans doute inefficace dans bien des situations mais il pouvait justement estimer que c’était toujours mieux que rien. Après tout, s’il poursuivait dans cette voie, il aurait bien besoin de se défendre seul. Et il semblait déjà avoir une petite idée sur la question.
« Je ne m’en suis jamais servie… Mais il y a toutes les chances qu’elle nécessite de la magie. »
Je n’avais aucune certitude sur la question mais j’imaginais mal mon prédécesseur installer une arbalète non-magique dans sa cabane. À vrai dire, j’imaginais mal un sorcier installer à Poudlard des objets moldus, même si je savais qu’il en existait. J’avais gardé un souvenir cuisant des tondeuses manuelles et de ce qui s’en était suivi. Alors, par défaut, cette arbalète devait être magique. Pour moi, cela ne changeait rien. Je n’avais pas prévu de m’en servir, je n’en avais jamais eu l’usage depuis mon arrivée. Et si je devais en user, je le pourrais sans problème. Même sans n’avoir jamais manié une telle arme, je savais que c’était à ma portée et à celle de ma baguette. Pour Thomas, la distinction était d’importance et cette considération avait d’ailleurs légèrement orienté ma réponse. Si l’arbalète était magique, cela mettait définitivement fin à ses espoirs de pouvoir s’en servir un jour. Il le savais parfaitement et moi aussi. Et si mon but n’était pas de constamment lui rappeler qu’il ne pourrait jamais maîtriser la magie, quand l’occasion se présentait et qu’il m’avait passablement énervé – ce qui pouvait arriver très vite – je ne me privais pas. La diplomatie n’avait jamais été mon fort et j’avais depuis longtemps abandonné dans ma vie de tous les jours l’idée de suivre les codes des mondanités sang-pures…
Ses explications me laissèrent perplexe. Qui pouvait bien avoir une telle idée lors d’un entretien d’orientation ? Si on m’avait demandé mon rêve professionnel à son âge, j’aurais tout répondu sauf garde-chasse – et concierge d’ailleurs. Même assistant bibliothécaire m’aurait paru plus noble, au moins les livres apportaient des connaissances, contrairement aux géraniums. La suite de ses propos éclaira sa position et me rappela douloureusement qu’effectivement, ici, je faisais un des rares métiers qui ne nécessitait pas la magie. Ça n’aurait pas dû m’affecter. J’avais vécu vingt ans, plus même, avec ma baguette au fond d’un tiroir. J’avais assumé avoir hésité à la détruire. La femme que j’aimais n’avait jamais rien su de mes pouvoirs. Mais je n’étais plus le même qu’en retournant à Poudlard. J’avais changé. La magie insidieusement s’était rappelé à mon esprit et avec elle, comme une drogue dont je me croyais sevré, d’anciens réflexes d’antan. Alors, je n’eus aucun doute, aucune hésitation à répondre quand il me demanda comment j’en étais arrivé là.
« Par erreur. »
Oui, c’était une erreur monumentale que d’avoir cru que je pourrais protéger Hilary en venant ici, que je pourrais retourner à Poudlard sans me perdre et sans la perdre.
« Bon, il est temps qu’on entre dans le vif du sujet, suis-moi... »
Et je pénétrais réellement dans la forêt, là où on ne voit plus le parc, là où tout semble plus oppressant, plus inquiétant, là où le moindre bruit devient suspect.

HRP:

- « Oui c’est normal, c’est une école de magie. » répondit Thomas d’un air détaché quand Duncan lui rétorqua que sans doute l’arbalète n’était pas conçue pour les moldus.

Si le garde-chasse avait voulu se montrer désagréable, force était de constater que l’intension était complètement passée par-dessus la tête du jeune homme. Pragmatique, Thomas avait rapidement compris qu’il allait falloir se faire une petite place discrète dans un univers qui n’était pas adapté pour lui MAIS qui restait beaucoup plus marrant que le monde moldu ! Alors à tout prendre, il n’allait pas se plaindre et faisait preuve d’une déconcertante philosophie depuis son arrivée à l’école.

Au fond, il était simplement déçu de ne pas avoir l’occasion de jouer avec l’arbalète. Apprendre à viser et tirer des carreaux lui aurait assurément bien plus, c’était en tout cas certainement plus amusant que de passer une après-midi à bêcher la terre ou coudre des bonnets de noël.

Suivant son aîné d’un pas rapide tout en cherchant à imiter sa posture et son rythme, petite réplique maladroite de l’imposant garde-chasse, Thomas répondit poliment à ses questions, osant peut-être une blague que Duncan ne releva pas. L’adulte se montrait taiseux et les rares réponses qu’il lui offrait tombait avec la brutalité d’un couperet.

« Par erreur. » Thomas déglutit et hocha la tête, sans chercher à en apprendre plus. Un frisson à l’arrière de sa nuque lui laissait penser qu’il pourrait bien ne pas trop apprécier la réponse que lui donnerait Duncan.

Heureusement, ce dernier semblait vouloir également couper court à la conversation et d’un pas brutal ils pénétrèrent dans la forêt. Ici, sous le feuillage, il faisait plus sombre malgré le soleil qui brillait quelque part au-dessus d’eux. Les ramures étaient denses, l’air humide et l’ambiance pesante.

- « D’accord. » souffla Thomas, clairement impressionné par l’atmosphère qui régnait à présent et sans y penser, il réduisit un peu la distance qui le séparait du garde-chasse.

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Je devais reconnaître une qualité à mon apprenti. Il finissait par comprendre quand ses questions étaient malvenues et ne se montrait pas insistant. J’aurais été bien embêté si j’avais dû m’expliquer sur « l’erreur » que je venais d’admettre. D’une certaine manière, Thomas disait qu’il était devenu mon apprenti parce qu’il n’avait pas tellement d’autres choix. J’affirmais au contraire avoir fait un choix et le regretter. C’était deux démarches très différentes, presque opposées, qui nous menaient pourtant aujourd’hui aux mêmes tâches pénibles. Thomas pouvait se plaindre des citrouilles – il le faisait d’ailleurs régulièrement – il devait pourtant se mettre dans la tête que moi aussi, à mon arrivée, j’avais eu des cloques aux mains. J’étais certes désagréable, j’assumais parfaitement ne pas lui simplifier la vie. Mais aucunes des tâches qu’il effectuait n’étaient inutiles et elles correspondaient toutes à son futur métier, si tant est qu’il poursuive dans cette voie.
Et il se lasserait de toutes. Aujourd’hui, pénétrer dans la forêt interdite lui semblait peut-être une aventure palpitante. Demain, dans le froid et le noir, ce ne serait qu’une corvée supplémentaire qu’il ferait par routine et par devoir. Le métier de garde-chasse n’avait rien d’exaltant et pour lui mais surtout pour l’école, je ne pouvais qu’espérer qu’il s’en lasse assez vite pour changer de vocation.
Mais si Thomas n’était pas explicitement décidé à me poser trop de questions, la meilleure manière qu’il ne finisse pas par se mettre en tête de le faire était encore de l’entraîner faire autre chose que discuter. Et puisque le thème de la journée était la forêt interdite, autant y pénétrer.
Thomas semblait avoir compris la situation. Il semblait vouloir mettre ses pas dans les miens et n’avait pas de velléités de s’éloigner. C’était sage. Il y avait assez peu de chances qu’on ait véritablement un problème mais il valait mieux être prudent.
« Dans la forêt, il faut toujours faire attention à trois choses : les traces sur le sol ou dans l’écorce, les bruits inhabituels et le sens du vent. »
Les deux premiers permettaient de repérer des créatures, le troisième permettait de savoir si on risquait d’être repéré et de quel côté. Je n’avais jamais chassé mais dans les magasins de pêche, quand je cherchais de nouveaux hameçons ou des casiers à crabes solides, j’avais croisé suffisamment de chasseurs pour pouvoir, aujourd’hui, m’inspirer de leurs conseils. Ici, on ne chassait pas. Mais par certains aspects, ça y ressemblait.
Mais j’eus à peine le temps de finir mon explication et de formuler la suivante dans ma tête – sans doute sur l’emplacement des mousses sur les troncs qui indiquent le Nord – qu’il y eut un frémissement et bien plus que ça un problème. Sans que je puisse comprendre pourquoi, une créature venait de se poster à quelques mètres de nous.
« Ah ça, c’est un hippogriphe... »
Je restai calme pour l’instant, ce n’était pas le plus dramatique. Il devait s’être échappé de son enclos en cours de soin aux créatures magiques. Et donc, Thomas allait découvrir comment le ramener au professeur.

- « Le sens du vent, d’accord, ok compris, heu, pourquoi ? »

Et pourquoi l’écorce aussi ? Les bruits inhabituel bon ça il comprenait, mais le reste lui semblait un peu cryptique, néanmoins il faisait confiance à Duncan pour savoir ce qu’il faisait et en attendant sa réponse leva le nez pour vérifier de quel côté ça soufflait.
Son enquête tourna court – de toute façon il n’arrivait pas à savoir d’où venait le vent – quand un bruit de côté le fit sursauter.

- « Un bruit inhabituel ! » lança-t-il à Duncan en écho à ses explications, au cas – improbable – où le garde-chasse n’ait rien entendu.

Thomas s’était instinctivement rangé derrière l’adulte mais n’eut pas le temps de se planquer complètement qu’à son grand émerveillement sortait de derrières les fourrés une… bête ?? Une espèce de cheval à tête d’aigle et avec deux grandes ailes et qui vous regardait comme on regarde un lapin et waaaaa !!!

« Un hippogriphe » commenta laconiquement Duncan et Thomas fut outré. Ce n’était pas JUSTE un hippogriphe – quoi que cela soit par ailleurs – c’était juste… waaaa !!

- « C’est génial !! » souffla-t-il d’un ton aussi étouffé qu’enthousiaste, craignant d’effrayer l’animal, ou plutôt d’attirer son attention sur lui, mais ne pouvant garder contenue l’excitation qu’il ressentait à cet instant précis.

Toujours à moitié planqué derrière Duncan, le garçon osa quand même un pas de côté, les yeux ronds comme des billes, pour mieux voir la bestiole.

- « Il est énorme. » commenta-t-il à l’intention de Duncan, au cas où celui-ci soit aveugle ou soit en train de penser à autre chose. Puis agitant un peu timidement la main en direction de l’animal, murmure un petit « Salut. » pas très fringant…

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« Le vent porte notre odeur, comme ça on sait de quel côté des créatures peuvent sentir notre présence »
Et aujourd’hui, on avait le vent dans le dos, assurément. Ce n’était pas si compliqué à savoir, il suffisait d’humidifier un doigt et de regarder sur quelle côté on avait froid. Ça marchait à tous les coups. Mais je n’eus pas le temps d’ajouter cette astuce à mes explications que Thomas m’indiquait qu’il avait entendu un bruit inhabituel. Jusque là, j’étais bien d’accord avec lui, il ne fallait pas être très perspicace pour l’avoir entendu, d’autant plus que nous n’eûmes pas la possibilité de réfléchir à ce qui l’avait provoqué qu’un magnifique hippogriphe se tenait devant nous – ou plutôt, devant moi, Thomas s’était opportunément cacher derrière moi. Il allait apprendre très vite à réagir, maintenant même. Et plutôt que de saluer la créature mi-cheval mi-aigle d’un geste de la main en poussant des exclamations propres à l’agacer, j’allais lui apprendre la seule méthode viable face à un tel animal.
« Bon, Thomas, tais-toi »
C’était sec mais nécessaire. Si nous voulions ramener la créature dans son enclos, si nous voulions aussi rentrer sains et saufs, il allait vraiment falloir qu’il fasse le moins de bruit possible et qu’il suive sans broncher mes consignes. Baissant d’un coup la voix, je continuai :
« Bon, ne reste pas dans mon dos, tu vas apprendre maintenant comment réagir. »
Normalement, à ce stade, il ne devait pas être rassuré mais avec lui tout était possible et comme il était encore derrière moi, je ne savais pas ce qu’il pouvait bien penser à l’instant.
« Un hippogriphe, c’est assez hautain donc il ne faut pas se montrer familier avec lui. Du coup, tu vas t’approcher lentement de lui, t’incliner bien bas »
Il n’y avait rien de mieux à faire. La bête était impressionnante et le seul moyen de rentrer dans ses bonnes grâces étaient de lui témoigner du respect.
« Ne t’en fais pas, lâche ton bâton, je te protège. »
Je n’étais pas un monstre quand même. Des deux je ne savais pas qui était le plus imprevisible. Et je devais donc parer toute éventualité et envisager de devoir réagir vite en cas de problème. Ma baguette bien en main, j’attendis de voir comment se débrouillait le jeune homme.

L’animal devait bien faire deux fois sa taille, et question envergure, on n’en parlait même pas. Deux grandes ailes repliées sur les flancs, des griffes qui raclent le sol et un de ces airs dignes de rapace, Thomas n’en menait pas large devant une telle prestance. Heureusement que Duncan était là parce que s’il avait croisé l’animal tout seul dans la forêt, il n’aurait vraiment pas su quoi faire.

Osant un petit geste en direction de la bête, Duncan le coupa dans son élan en lui disant de se taire, ce qui eut pour effet immédiat de faire fermer sa bouche au garçon qu’il avait jusque-là gardée entrouverte d’ébahissement.

Le garde-chasse, pour sa part, semblait préoccupé. Il avait baissé la voix et s’exprimait d’un air sérieux qui ne donnait pas trop envie de rigoler. Il ne fallait pas être un grand génie pour comprendre que l’hippogriphe pouvait faire des dégâts vu sa taille et celle de ses serres, mais un peu naïvement Thomas s’était imaginé que puisque c’était un oiseau, il devait être plutôt gentil. Apparemment les choses n’étaient pas si simples.

S’il avait volontiers laissé Duncan « réagir » pour voir comment il s’y prendrait, il ne protesta pas quand l’adulte lui intima de sortir de son dos et l’air penaud alla se positionner à ses côtés, non sans garder le regard rivé sur l’animal, des fois qu’il tente une dinguerie.

- « S’approcher ? » demanda le jeune homme à voix basse, mais d’un air un peu ahuris.

Il voulait être sûr d’avoir bien entendu parce que s’il s’approchait et qu’en plus il se courbait non mais alors il ne ferait plus qu’un tout petit tiers de la taille de l’animal… et puis ça voulait dire quoi « c’est assez hautain » ? Genre la bestiole allait se vexer s’il ne la vouvoyait pas ? C’était du délire !

Réalisant qu’il tenait toujours son bâton lorsque le garde-chasse l’invita à le lâcher, il lui rendit un rapide regard convaincu quand ce-dernier lui assura qu’il le protégerait. Dans ces conditions, d’accord.

Thomas avança d’un pas, puis d’un autre. C’est bon il était assez prêt là ? Le cheval-aigle n’allait pas râler ? Difficile de savoir ce qu’il y avait dans la tête d’un animal pareil franchement.
En tout cas, ce-dernier le fixait toujours avec une sorte d’intensité mystérieuse qui avait l’air d’en penser plus qu’il n’en disait.

- « Bonjour. » dit Thomas d’une petite voix.

Puis comme lui avait demandé de faire Duncan, il s’inclina, le plus bas possible sans tomber, se sentant un peu idiot quand même.

- « Je m’appelle Thomas et vous ? »

Espérait-il vraiment que l’hippogriphe allait lui répondre ? C’était difficile à dire, mais à Poudlard il fallait s’attendre à tout.

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1 ; 2 = l'hippogriphe s'incline en retour, ça a l'air de bien se passer
➤ 3 ; 4 = l'hippogriphe fixe Thomas quelques secondes puis tourne son regard vers Duncan, visiblement il a compris qui était la tête pensante du groupe
5 6 = visiblement Thomas a dit quelque chose qu'il ne fallait pas parce que l'animal se cabre en hennissant, manifestement contrarié
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Le membre 'Thomas Chastel' a effectué l'action suivante : Le Hasard

'Le Hasard' : 4

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Thomas semblait un peu dubitatif quand je lui demandais de s’approcher, ce que je pouvais concevoir. La créature était énorme et potentiellement dangereuse, il suffisait de voir ses serres pour s’en rendre compte. Mais il était temps que le jeune homme apprenne son métier et ça voulait dire qu’il ne pouvait pas se contenter de me regarder faire. Je fis tout pour lui faire comprendre que la situation n’était pas si compliquée à gérer. Surtout, il faudrait qu’il comprenne qu’un jour il aurait bien pire à gérer, et seul. Autant commencer maintenant.
Je le vis avec satisfaction s’approcher, dire quelques mots inutiles, s’incliner ensuite. L’hippogriphe n’en avait visiblement rien à faire, il avait sans doute compris que dans notre binôme, il était en train de s’adresser au second rôle. C’était la première hypothèse, qui considérait quand même l’hippogriphe comme un être doué de pensée. La seconde était plus plausible, dans mon esprit, qui voyait les créatures magiques comme des êtres légèrement sous-évolués : Thomas avait dû faire exprès, d’une manière ou d’une autre. Alors d’abord, j’allais lui montrer ce qu’il aurait dû réussir et ensuite… je verrais quoi faire.
Passant devant Thomas tout en lui faisait signe de reculer, je m’inclinais profondément, sans plus regarder l’animal, fixant mon regard sur les feuilles qui jonchaient le chemin. L’hippogriphe sembla hésiter un moment, peut-être décontenancé par le changement de personne face à lui. Mais il réagit comme il était censé le faire, s’inclinant à son tour. Désormais, tout était plus simple. Il suffirait de s’approcher, de le caresser, de le monter. Tout devenait possible. Mais c’était trop simple. Et s’il y avait bien une chose que je ne voulais pas que Thomas croit c’est qu’il y avait quelque chose de simple dans cette histoire. Demain, il serait seul, s’il était encore là. Et si je ne lui apprenais pas maintenant à bien se comporter, un jour il aurait un problème, un jour il tenterait de grimper sur un centaure, foncerait dans un Sombral qui ne pourrait pas voir ou autre. Alors autant qu’il sache dès aujourd’hui s’en sortir avec un hippogriphe. Sans un mot, sans un geste, je reculai à nouveau derrière Thomas. Il était temps de voir ses réactions en situation imprévisible.
« Bon, maintenant, pars, on n’a plus envie de te voir. »
A part l’insulter, on pouvait difficilement faire pire en parlant à un hippogriphe. Mais je savais pourquoi je le faisais. Et si Thomas croyait s’en tirer à bon compte en me regardant simplement, il se trompait lourdement.
"Je te laisse réessayer..."

Pair : L'hippogriphe releva la tête d'un air courroucé, fâché qu'on lui parle ainsi. Il faudrait s'incliner vraiment profondément pour lui faire oublier l'affront.
Impair : L'hippogriphe se cabre, esquissant un coup de serre droit devant lui, pas sûr que les courbettes suffisent...

Le membre 'Benjamin L. Duncan' a effectué l'action suivante : Le Hasard

'Le Hasard' : 5

Ne sachant pas combien de temps il devait rester incliné, Thomas patienta quelques secondes avant d’oser un peu relever la tête, le plus discrètement possible, pour constater que l’hippogriphe s’était désintéressé de lui. Ouf ! En revanche il fixait Duncan à présent et tout en faisant un pas de côté prudent, le garçon se demanda si le fier garde-chasse allait s’incliner également. Ca allait être marrant à voir !
Ce dernier s’avança à son tour et adressa un signe à Thomas pour lui demander de reculer, ce que le garçon ne se fit pas dire deux fois. Duncan, contrairement à lui, pouvait toiser l’animal d’égal à égal, au moins en termes de taille, et la confrontation de ces deux forces de la nature avait quelque chose d’un peu intimidant à observer. L’espace d’un instant, le petit lycanthrope se demanda s’il allait assister à une bataille de regard, voire un duel magique si les choses tournaient au vinaigre, mais contre toute attente le garde-chasse s’inclina humblement à son tour.

Ce qui suivit alors laissa Thomas bouche-bée ! L’hippogriffe, qui ne semblait pas du genre à se laisser intimider par qui que ce soit, baissa lui aussi la tête, relevant une de ses pattes griffues en arrière dans ce qui semblait bel et bien un salut de politesse. Alors ça ! Est-ce que Duncan venait de se faire un copain ? Tout d’un coup, Thomas avait bien envie de réessayer aussi, tient, si ça voulait dire que le grand animal allait également s’incliner devant lui…

Il faut faire attention avec les souhaits, des fois qu’ils se réalisent.

Pas un mot n’avait été échangé, le sous-bois plongé dans un silence majestueux depuis l’apparition de l’animal. Duncan s’était redressé à présent et en quelques pas vint se placer derrière Thomas qui fixait toujours l’hippogriphe avec fascination. Lui aussi avait redressé la tête et dardait sur eux ses yeux perçants.

Puis sans que rien ne le laisse présager, Duncan s’adressa à l’animal avec rudesse. C’était si inattendu que l’espace de quelques secondes Thomas cru que c’était à lui que le garde-chasse venait de s’adresser, ce qui somme toute était assez logique, vu l’espèce de connivence qu’il était parvenu à nouer avec le cheval-aigle, Thomas non plus n’aurait pas voulu s’encombrer d’un môme dans un instant pareil.

Mais non ! C’était bel et bien à l’hippogriphe qu’il venait de parler et ce-dernier ne s’y était pas trompé, semblait avoir plutôt mal pris cette rebuffade. En quelques secondes la situation semblait avoir dramatiquement dégénérée, sous les yeux de Thomas l’animal se cabra et cinglant l’air de ses serres acérées comme des rasoirs, le jeune homme fit un pas en arrière mortifié. Sauf que ça n’avait pas l’air d’être le projet de Duncan qui loin de lui dire de fuir, semblait penser que la situation était rattrapable et qu’il allait devoir s’y coller.

- « Mais c’est vous qui l’avez mis comme ça !! » se plaignit Thomas à moitié outré et confus.

Tout se passait bien pourtant ! Qu’est-ce qui lui était passé par la tête ??

Ouvrant de grands yeux face au monstre – car le noble animal avait désormais laissé la place à une créature des plus effrayante aux yeux du garçon – son regard allait du garde-chasse à l’hippogriphe, espérant sans doute trouver un compromis. Mais il n’y en avait pas.
Oh bien sûr rien ne l’empêchait de tourner les talons et de s’enfuir, dans tout un tas d’autres circonstances sans doute qu’il l’aurait fait, mais s’il désobéissait à Duncan, n’allait-on pas le renvoyer ? Rentrer à Poudlard en courant pour découvrir posé sur son matelas une convocation dans le bureau du directeur lui expliquant qu’il n’avait pas sa place ? Il ne devait se présence au château qu’à peu de choses et sa formation de garde-chasse en était une, assurément, s’il échouait est-ce que cela voudrait dire… rentrer ?

Alors que sa tête tergiversait encore, ses jambes, elles, semblaient avoir pris leurs décisions. Avec horreur, Thomas se vit faire un pas en avant, puis un autre, raccourcissant la distance qui le séparait de l’animal en furies, qui continuait de hennir et fouetter l’air devant lui avec ses grandes griffes.

- « DÉSOLÉ !! » cria Thomas. « UN GARDE-CHASSE NE DEVRAIT PAS SE COMPORTER COMME CA ! C’ÉTAIT TRÈS IMPOLI DE SA PART !!! »

En tant normal jamais il ne se serait permis de remettre en question le comportement de Duncan en face de lui, mais présentement l’hippogriphe l’effrayait beaucoup plus que le garde-chasse. Imitant ce-dernier, Thomas s’inclina de nouveau, le plus bas possible.

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1 = les paroles semblent trouver un écho aux oreilles de l'animal qui se calme un peu, puis après de longues secondes de réflexion consent à saluer le jeune homme.
➤ 2 ; 3 = peut-être est-ce dû à l'effet de surprise mais l'animal fixe Thomas avec intensité, avant de hennir. Est-ce qu'il est en train de rire ?
4 ; 5 = la stratégie et foireuse, l'hippogriphe ne décolère pas et face à ses coups de griffes qui fendent l'air, Thomas doit reculer.
6 = crier ne sert à rien, pire cela énerve l'animal, Thomas se prend un coup de serre au visage
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Les paroles du jeune homme, lancées à ses pieds puisqu’il fixe désormais le sol, semble avoir pour effet de faire cesser l’hippogriphe de cabrer. Et soudain, en réponse, un hennissement saccadé fend l’air, évoquant un peu un rire… est-ce qu’il faut se sentir vexé ? En tout cas Thomas n’ose pas relever la tête.

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Tout aurait pu bien se finir. L’hippogriphe s’était incliné devant moi, j’aurais pu m’en approcher, montrer à Thomas peut-être comment le monter et voilà. Mais non seulement ce n’était pas drôle et surtout le but n’était pas que je fasse mon boulot. L’objectif de la journée était que mon apprenti apprenne à gérer un hippogriphe et j’étais convaincu qu’il n’apprendrait rien en restant dans mon dos à me regarder. Alors, j’avais pris le parti d’agir différemment.
Thomas n’avait rien vu venir et c’était bien le but de la manœuvre. En rentrant, je lui expliquerais qu’un garde-chasse doit être prêt à n’importe quelle situation et donc que c’était pour l’aider que j’avais fait cela, quoi qu’il en pense et quoi qu’il en dise. Aujourd’hui, il était en train d’apprendre à gérer l’imprévu et à ne compter que sur lui-même. Ainsi, malgré son air un peu courroucé et surtout interrogateur, je ne comptais pas m’excuser.
« Oui, un jour il faudra que tu te débrouilles seul dans ce genre de situation. »
Sauf s’il m’annonçait finalement renoncer à être garde-chasse, dans ce cas, j’étais prêt à le laisser tranquille à planter des citrouilles jusqu’à la fin de l’année, sans problème. Et, à mon grand étonnement, il ne s’en sortit pas si mal. J’avais évidemment des choses à redire sur ses hurlements peu discrets et surtout sur la remise en cause de mes méthodes. Mais cela semblait au moins suffisamment efficace pour lui éviter un coup de serre et pour que l’hippogriphe arrête de cabrer. On pouvait même penser qu’il devait rire derrière ses hennissements.
Thomas semblait ne plus savoir quoi faire, se poser la question sans doute de partir. Mais il restait bien incliné, sans doute par peur de provoquer une réaction de la créature en bougeant.
« Maintenant, tu as deux possibilités : soit tu tentes de détendre encore l’atmosphère en disant une blague et on voit si ça marche, soit tu commences à reculer doucement en te relevant peu à peu. »
Je n’avais jamais tenté la première option et juste pour voir ce que cela donnait, j’aurais bien aimé que Thomas la prenne au sérieux. Mais évidemment, il pouvait choisir la deuxième, qui était sans doute la plus raisonnable – ou plutôt, la mieux documentée.

Que fallait-il faire à présent ? Combien de temps était-il censé rester courbé ? Si l’animal ne lui rendait pas son salut, allait-il resté bloquer comme ça pour toujours ? Non c’était stupide, mais peut-être reculer sans se redresser et décamper en courant, ça semblait une bonne stratégie là comme ça.

Alors que l’hippogriffe continuait de hennir doucement, la voix de Duncan résonna derrière lui comme une bouée jetée à la mer. Même s’il en voulait toujours au garde-chasse, Thomas agrippa à ses conseils sans se poser de questions.

- « Heu… ok ! »

A ce stade, Thomas n’avait pas du tout le recul suffisant pour savoir si son tuteur se moquait de lui ou parlait sérieusement. Tout à Poudlard était étrange et les enseignements de Duncan pas moins que le reste, alors franchement, il était prêt à le croire sur parole sans se poser de questions.

Des deux options, assurément reculer semblait plus raisonnable. D’un autre côté, maintenant qu’il avait vu le grand animal s’incliner devant le garde-chasse, persistait chez lui l’envie d’avoir aussi droit à ces courbettes. En plus, s’il devait un jour occuper les fonctions de Duncan, il ne pourrait pas toujours reculer devant l’obstacle. Malgré la méfiance que suscitait chez lui le sorcier, Thomas lui faisait confiance pour assurer leur protection à tous les deux si les choses tournaient mal.

- « C’est heu… » allez trouver une blague dans de telles circonstances… heureusement qu’on lui en avait raconté une rigolote il y a quelques semaines de ça. « Heu… c’est quoi un moldu avec une baguette ? »

Il patienta quelques secondes pour laisser une chance à l’hippogriffe de répondre, puis acheva :

- « Un français ! »

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1 ; 3 ; 5 = ça a l'air de plaire à l'animal, de là à savoir ce qu'il a réellement compris...?
➤ 2 ; 4 ; 6 = bof, pas de réactions, visiblement l'humour c'est pas son truc.
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Thomas avait donc pris au sérieux ma proposition de faire une blague à l’hippogriphe. Soit, je n’étais vraiment pas convaincu du bien-fondé de l’idée mais puisqu’à la base c’était ma proposition à moitié ironique, il fallait bien tenter. Il était hors de question que je me dédise. Mon jeune apprenti prit donc son rôle très à cœur, sans vraiment saisir l’absurdité de la situation. Il improvisa donc une blague d’un air pas très assuré. Il avait de quoi s’inquiéter. Depuis tout à l’heure, je le laissais se débrouiller avec la créature magique et je savais pertinemment que je n’étais pas bon pédagogue, encore moins quand je n’avais pas vraiment envie de faire des efforts, ce qui était clairement le cas avec Thomas. Il laissa même quelques secondes à l’animal pour répondre, sans capter sans doute que l’hippogriphe n’était absolument pas doué de paroles.
« Tiens, j’aurais dit un chef d’orchestre »
J’avais été une fois voir un concert à Londres et je m’étais longtemps interrogé sur l’utilité de ce monsieur qui agitait sa baguette sans rien dire pendant une heure ou plus. Mais ce n’était peut-être pas le moment de chercher à savoir pourquoi les Français avaient des baguettes, nous avions mieux à faire. Et à ce stade, j’avais bien envie de considérer que tout cela avait trop duré et qu’il était l’heure qu’on s’en aille.
« Bon, comme ça ne marche pas, on va reculer. »
Oui, c’était à cause de son échec si on en était réduit à cela. Du moins c’était ce que je voulais qu’il croie. Aucune chance que je puisse lui laisser penser qu’il avait agi correctement, puisqu’il s’était défilé.
« Maintenant, tu ne tournes absolument pas le dos à l’animal et tu marches tranquillement à reculons »
Les instructions étaient simples, j’espérais vraiment qu’il les suive à la lettre. Pourtant, j’avais un petit doute. Le garçon n’avait pas choisi cette option la première fois et il se pouvait qu’il veuille tenter encore, par témérité. S'il pensait que ça me le rendrait plus sympathique, il se trompait.

Thomas avait beau faire 100% confiance à Benjamin Duncan – faute de mieux diraient les mauvaises langues – n’empêche que sur ce coup-là son conseil n’avait pas fonctionné et que c’était lui, Thomas, qui se retrouvait en difficulté. Toujours courbé en deux devant le gros animal qui au moins ne semblait plus faire preuve d’agressivité, sa blague tomba un peu à l’eau, seulement commenté laconiquement par le garde-chasse.

Thomas se retint de signaler que si la réponse avait été « un chef d’orchestre » la blague aurait été encore plus nulle mais là, tout de suite, il ne se sentait pas en très bonne position pour faire le mariole. Il rongea donc son frein sans trop savoir quoi faire jusqu’à ce qu’enfin Duncan lui dise de reculer.

Ah ba il était temps tient !

- « Oui d’accord. » souffla-t-il, reconnaissant quand même de recevoir enfin des instructions précises.

D’un pas excessivement lent, le garçon se mit alors à reculer doucement, un pas après l’autre, tout en continuant de fixer le sol autant pour ne pas manquer de respect à l’animal que pour éviter de se casser la gueule sur une racine.

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➤ 1 ; 3 ; 5 = tout se passe bien, l’hippogriffe semble déjà se détourner d'eux et s'en aller vaquer à ses autres occupations
2 ; 4 ; 6 = l’hippogriffe n'en a pas terminé avec eux ! Qu'il réclame une marque de respect ou une autre blague, il s'avance soudain au trot, coupant la retraite de Thomas et vient se placer entre lui et Duncan...!
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Visiblement, Thomas avait tout bien fait comme il fallait et après avoir mis une petite dizaine de mètre entre lui et l'animal, se redressa et un pas beaucoup plus rapide s'en alla se glisser aux côtés du garde-chasse l'air pas très rassuré.

- « C'était super ! » précisa-t-il quand même sincèrement. « On fait quoi maintenant ? Il faut le ramener à son enclot ? Ça a des prédateurs un hippogriffe ? Il ne risque pas de se faire attaquer tout seul ici ? »

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L’hippogriphe semblait désormais avoir décidé qu’il en avait assez de nous et c’était tant mieux. Nous avions pu vérifier qu’il était en bonne santé et réactif – même s’il n’avait sans doute pas beaucoup d’humour – et c’était largement suffisant pour aujourd’hui. J’avais pu voir le comportement de Thomas. Mon avis était bien entendu mitigé, j’étais avare de compliment, encore plus pour lui. Mais globalement, même si les débuts avaient été chaotiques, même s’il me semblait encore incapable de se débrouiller seul, il avait fini par réagir correctement et par suivre mes consignes. Il ne me restait qu’à répondre à ses dernières questions.
« Dans le monde des sorciers, toute créature a des prédateurs, même celles qui paraissent les plus dangereuses, même les loups-garous. »
L’exemple n’avait rien de pris au hasard. Personne ici, encore moins moi, ne pouvait oublier la véritable nature de Thomas. Et je voulais le mettre en garde. Il n’était pas invincible, loin de là. Sa flegme en temps normal, son enthousiasme, son absence de connaissance du monde magique, tout cela le rendait vulnérable. D’ici peu, peut-être, il serait garde-chasse et si j’en avais eu quelque chose à faire, je me serais inquiété de ses chances de survie. Alors, il pouvait trouver notre expérience super, elle n’en restait pas moins que l’avant-goût des dangers de tous les jours qu’il aurait à affronter.
« L’hippogriphe pourra se débrouiller seuls quelques temps, nous reviendrons. »
Il était d’ailleurs déjà en train de s’éloigner sans plus se préoccuper de notre existence, sans doute parti à la recherche de nourriture ou pressé de raconter à ses congénères son étrange rencontre. Alors, je tournais les talons, entraînant à ma suite mon jeune apprenti. Nous n’avions pas rencontré le pire des créatures de la forêt. Un jour, il verrait peut-être un manticore, il apprendrait vite à danser en se chaloupant devant. Il verrait, ou non, un Sombral, il devrait survivre aux centaures, aux acromentules ou aux êtres de l’eau. Je n’avais pas beaucoup de temps pour lui enseigner tout cela.

A présent qu’il se trouvait en sécurité derrière Duncan – même s’il lui faisait désormais un tout petit peu moins confiance qu’avant – Thomas avait retrouvé son entrain et jugeait l’hippogriphe qui s’éloignait d’eux avec un mélange de fascination et d’inquiétude. Avait-il le droit de se promener ainsi tout seul dans la forêt ? Certes l’animal était de loin la créature la plus impressionnante et redoutable qu’il avait croisé depuis sa visite au zoo d’Edimbourg en sixième.

Une vague inquiétude pour la sécurité de l’animal dont, de son point de vue, il s’était rapproché aussi bien physiquement qu’émotionnellement, après tout ils avaient quand même plaisanté ensemble, ce n’était pas rien ! Duncan, tout à sa sagesse, lui expliqua d’un air mystérieux que toutes les créatures magiques avaient des prédateurs, sans toutefois préciser quelles créatures étaient capables de s’en prendre à un hippogriphe. Pour les loups-garous, en revanche, Thomas en avait une idée plus claire. Premier intéressé il était assez bien placé pour savoir qu’en combat singulier il ne faisait pas le poids contre grand-chose, sauf des gens plus petits que lui, et encore à condition qu’ils ne soient pas sorcier. De toute façon il n’aimait pas trop se battre, sauf si on l’y forçait.
En forme de loup, c’était autre chose. Ses premières lunaisons lui avaient permis de goûter à la terrifiante euphorie des métamorphoses en monstres, le rendant plus vif et puissant à la fois, il était aisé de s’imaginer ce qu’un coup de griffe ou de crocs pouvaient infliger comme dégâts. N’empêche que Thomas ne s’imaginait pas s’attaquer à quelqu’un d’autre, bête ou homme. Sa transformation n’était pas un jeu, il fallait prendre ce pouvoir au sérieux.

Aussi hocha-t-il la tête d’un air concentré en fixant Duncan, l’air de dire qu’il comprenait ses enseignements et qu’il en pesait toutes les conséquences.

A quelques mètres d’eux, l’hippogriphe disparaissait dans les fourrés de la forêt interdite, ne leur présentant qu’un croupion sur lequel se rabattaient ses deux grandes ailes.

« D’accord. » acquiesça Thomas aux paroles du garde-chasse, puis se glissa sur ses talons, pas mécontent de sa soirée somme toute.

Il avait hâte de raconter tout ça à Michaela !

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