Quand on parle du loup...

Qu’avait dit Duncan déjà ? Rez-de-chaussée, rez-de-chaussée… un truc en rapport avec l’escalier, non ? Rien à faire, Thomas avait beau se creuser la cervelle, il ne parvenait pas à se souvenir des instructions du garde-chasse. Si ça continuait comme ça, il allait manquer l’heure du rendez-vous… ! Pas de sa faute quand même si dès que Duncan lui expliquait des trucs, un ennui profond l’envahissait et il déconnectait complètement, non ? Si ? Mais aussi pourquoi cet homme pourtant sorcier s’obstinait-il à lui enseigner la culture des citrouilles à la fin ? On ne pouvait pas aller dans la forêt interdite à la place ? Soigner des centaures ou rencontrer des fées ? Non ? Ils étaient obligés de rester cantonnés aux cent pauvres mètres carrés de potager qu’il était apparemment absoooolument vital de remplir de tubercules ? Certes ça l’avait amusé les trois premiers jours, mais maintenant Thomas s’était lassé. Il avait hâte de découvrir Poudlard et ses mystères plus en détails !

Ca tombait bien, on lui avait enfin distribué son emploi du temps. Après une semaine à attendre vaguement angoissé de savoir à quel sauce il allait être mangé, la nouvelle lui avait ôté un poids sur les épaules. Poids immédiatement remplacé par un nouveau d’une autre sorte : il allait désormais falloir s’intégrer.

D’un naturel discret et un peu lunaire, la sociabilité n’avait jamais été le fort de Thomas. Déjà dans le monde moldu il n’était pas exactement le genre de « gars populaire » dans son collège, mais maintenant qu’il allait se retrouver au milieu d’une cohorte de petits sorciers, les choses allaient assurément prendre une dimension encore plus compliquée. Problème encore pire pour le garçon, on attendait de lui qu’il prenne des cours supplémentaires dans certaines matières, pour rattraper son retard mais aussi se former à un métier utile – parce que planter des citrouilles c’était utile ?? – ce qui impliquait de se faire connaitre de certains membres du personne de l’école.

Duncan en faisait partie, le professeur Ainsleigh également.

Donc il avait rendez-vous. Le poing serré dans sa poche sur le morceau de papier qu’il était censé remettre à l’enseignant une fois qu’il l’aurait trouvé, Thomas se faisait pour le moment discret dans un coin du grand hall, cherchant désespérément dans sa mémoire les instructions que lui avait donné Duncan pour se rendre jusqu’au bureau du professeur de soins aux créatures magiques. Un truc avec l’escalier… rah !! Si ça continuait comme ça, il allait être obligé de demander son chemin à quelqu’un et cette idée le gonflait d’avance en plus de réveiller au creux de ses instincts un vague fond de timidité.

Ca ne devait pourtant pas être si compliqué que ça…

Aussi furtif qu’il était possible de l’être sans paraitre suspect, le garçon longea le mur derrière lui pour se rapprocher des marches du grand escalier. Peut-être avait-il un indice ? Ou un passage secret ? On disait que le château en était truffé ? Ou une porte…

Thomas haussa un sourcil devant sa propre stupidité. A peine dissimulée derrière l’escalier, une porte en bois portait une plaque indiquant clairement « Cours de Soin aux créatures magiques » et en dessous « Professeur Duncan Ainsleigh ». Que de temps perdu à se prendre la tête alors qu’il aurait suffi d’ouvrir les yeux.

Restait plus qu’à trouver le courage d’y toquer. Sauf que l’heure tournait, on n’avait plus de temps à perdre.

Deux coups moins vigoureux qu’il ne l’aurait souhaité avertirent l’enseignant de sa présence. Dès que Thomas se vit invité à entrer, il inspira profondément et poussa la porte avec prudence. Il faisait souvent les choses avec prudence, dans le château. On ne savait jamais vraiment bien ce qui était normal ou non et depuis qu’il s’était fait engueuler par un vase pour avoir eu le malheur de s’accouder au mauvais endroit dans un couloir, il se méfiait des objets en apparence inanimés.

- « Professeur Ainsleigh ? » demanda-t-il. « Je suis Thomas, heu Thomas Chastel. »

Ça commençait bien s’il se mettait déjà à bafouiller.

- « Monsieur Duncan m’a dit de vous donner ce mot. »

Il ne savait pas vraiment ce que contenait l’enveloppe, n’ayant pas osé en desceller la cire, aussi se contenta-t-il de la tendre à l’enseignant et d’attendre, les mains dans le dos et le regard curieux circulant dans la pièce, que Ainsleigh ait terminé de le lire.

Mr Ainsleigh,

Conformément à la décision rendue par le magenmagot des enfants et monsieur le ministre Appleton, Thomas Chastel - né cracmol - se voit autorisé à suivre une formation professionnelle de garde-chasse à Poudlard.

Monsieur le directeur Sorensen vous aura sans doute mis au courant mais j'estime préférable de vous écrire également, pour éviter tout malentendus.

Monsieur Thomas Chastel a récemment été victime d'une attaque de lycanthrope dont il a hérité de la sinistre malédiction. Sa présence a Poudlard est jugée comme un moindre mal et un encadrement par des professionnels nous a semblé nécessaire afin d'aider son intégration au sein du monde des sorciers.

En tant qu'enseignant de Soins aux créatures magiques, votre responsabilité est double. D'abord parce qu'en sa qualité d'apprenti garde-chasse monsieur Chastel sera amené à fréquenter les créatures magiques et doit donc bénéficier des bases du savoir théoriques vis-à-vis de celles-ci.
Ensuite parce qu'en tant que créature magique lui-même, vous êtes avec monsieur Duncan les deux adultes les plus compétents pour accompagner ce jeune homme dans la gestion de sa lycanthropie et des effets bien connus que celle-ci aura sur lui.

En vous remerciant par avance.

Cordialement,

Stanley Halloway,
Département des réparations des catastrophes magiques,
Ministère de la magie

En fait Thomas n’attendit pas jusque-là.

- « On m’a demandé de me former avec vous. » expliqua-t-il, sans doute pour s’assurer que les choses soient bien claires. « Avec les créatures magiques. J’en suis une moi-même, en fait, donc je pense que ça peut aider. »

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Une matinée calme, il n'en fallait pas plus pour le vieil Écossais pour profiter de la vie, il avait retroussé ses manches pour tenter d'enseigner son savoir, pour devenir professeur, au grand jamais il ne se serait imaginé un travail si gargantuesque et son respect pour ses anciens professeurs ne put que grandir ! Les cours à dispenser, les corrigés à faire, toute une gymnastique à entreprendre pour tenter d'intéresser ceux qui n'était là que pour passer le temps, car leurs aînés leur avaient vendu ce cours optionnel comme « facile » ! Son organisation fut mise à rude épreuve dans ses débuts, mais contre vent et marée, il avait su maintenir son cap. Une passion débordante qui s'enflammait dès qu'on le titillait un peu, une connaissance approfondie qui dépassait le statut académique et une certaine rigidité envers les réfractaires et la maison qu'il chaperonnait en possédait quelques-uns. Bref, tout ceci était sa recette pour dispenser ses cours.

Parfois, il y avait des matinées comme celle-ci ou tout était à jour, aucun cours avant une paire d'heures, un thermos de café fumant sur son bureau et rien pour gâcher son plaisir, il avait ouvert la fenêtre pour que quelques fées qui seraient les invités de marque de son prochains cours puisse le rejoindre, c'était tout un art pour les apprivoiser, mais ça l'était encore plus pour obtenir une certaine confiance de leur part et cela, Duncan l'avait appris juste pour sa culture personnel sans subterfuge ni tromperie. Il les laissait voler çà et là pendant qu'il réorganisait dans un seul coin de son bureau copies et manuscrits. Tout le reste de l'espace était dédier aux créatures magique, que ce soit le coin des recherches, celui de la récréation d'un habitat de Botrucs, il recréait même une aile d’hippogriffe sur le pan d'un mur le tout à taille réel pour peut-être un jour expliquer la musculature de ceux-ci à ses élèves.

Cette quiétude fut cependant brisée par un faible toc toc sur sa porte, bien qu’âgé Ainsleigh n'était pas encore sourd, il s'était certes débarrassé des tableau vivant de son bureau aussitôt sa prise de poste effectuer pour ne pas se sentir espionné lors de ces moments de quiétude ou lors de ses entrevues avec des élèves, mais il y avait une limite pour ce calme et elle venait de retentir. Le « vieux » mettait un point d'honneur à se rendre disponible dès qu'il le pouvait. En tant que professeur, il fallait accepter que sa vie passe au second plan tant du moment où l'on était dans l'enceinte de Poudlard. Ce fut donc d'une voie calme sur son timbre de voix rauque qu'il dit un simple :

« Entrée, c'est ouvert ! »

Il ne prit pas la peine de se retourner au tout début, n'attendant personne, il tenait à déjà finir d'organiser ses livres avant de passer à la suite, mais lorsqu'il entendit une voix un peu tremblante s'exprimer pour le saluer et ce présenter, il se stoppa. Il prit la peine de refermer manuellement son armoire et la verrouiller de la même façon. Ceux le connaissant dirais que c'est sa manière d'être, il était homme à se passer de magie lorsque celle-ci ne s'avérait pas nécessaire ! Dans le cas présent, ce n'était qu'une manifestation de politesse quant à la personne venant d'entrée dans son bureau.

*Thomas Chastel*

Il répéta ce nom dans sa tête comme pour se remémorer des souvenirs, mais le courrier qu'il avait reçu était bien trop frais pour ne pas se le rappeler, on pouvait le juger de peu commun introduire un cracmol à l'enseignement même partiel de Poudlard devait être une première un signe que les mœurs avait bien évoluer. Tirant un fauteuil devant son bureau, il invita le jeune homme à y prendre place alors qu'il récupérait le courrier en lâchant simplement :

« S'il m'est destiné autant en prendre connaissance. »

Il lut d'un ton tout aussi calme le contenu à haute voix, la transparence ! Voilà, ce qui était le mettre mot qui dictait sa vie. Il estimait que ce genre de futilité ne méritait pas d'être caché, il esquissa un sourire au début avec tous ces titres ronflants, fronça ensuite les sourcils en voyant que la particularité du jeune homme avait été mise sur ce papier sans prendre une quelconque mesure pour éviter que la nouvelle s'ébruite en cas de perte du dit courrier. Les enfants peuvent être cruels entre eux et ils auraient dû parer à cette éventualité. Son sourcil s'arqua lorsqu'il entendit Thomas affirmer qu'étant une créature magique lui-même cela devrait l'aider dans ses relations ou dans sa gestion de l’animalerie magique du collège. Une naïveté qui venait de son manque de connaissance. Pliant lentement la lettre en deux puis en quatre, il la posa sur son bureau avant de s’asseoir sur l'un des bords. On ne pouvait pas dire que Duncan était un exemple concernant le cérémonial et la tenue qu'ont les professeurs dans les entrevues avec un élève, pour faire simple il restait lui-même plus baroudeur que philosophe, plus aventurier que sorcier du monde. Et maintenant il prit la parole

« Thomas ! Enfin, si vous acceptez que je vous appelle ainsi, étant amené à collaborer, j'espère que vous oublierez vite le professeur pour utiliser mon prénom même si je ne vous forcerai point ! Sachez tout d'abord que vous êtes un humain bien avant une créature magique ! Croire que votre particularité vous apporterait un quelconque avantage est une erreur, une licorne n'aura aucune facilité avec une sirène, elle-même ne comprendra rien à l'hippogriffe, celui-ci ne se souciera pas d'un gnome de jardin ! »

Il avait fini sa tirade avec une pointe d’agacement qu'il ne cherchait pas à dissimuler, pour lui, c'était comme dire qu'on comprenait les créatures magiques, car on les avait étudiées dans les livres des années durant, mais sans réellement les fréquenter.

« Vous, en revanche avec du temps et du travail, vous pourriez être une parcelle reliant chacune d'entre-elle et seriez apte à harmoniser leur besoin dans un écosystème à l'équilibre précaire ! Pourtant… La question n'est pas là ! Je pense que l'on a oublié de vous la poser avant de décider pour vous ! On vous « offre » un cursus cela peut sembler magnifique, mais Thomas que souhaitez-vous ? »

Avant de continuer la conversation, le professeur désirait sincèrement entendre sa réponse. La voie qu'on lui traçait pourrait sembler simple ! Il ne fallait pourtant pas se mentir, sur cette voie, il devrait travailler dix fois plus qu'un sorcier, persévérer tout autant, être conscient que ses débuts seraient une suite d'échecs rien qu'à cause du fossé qui serait créé par son manque de pouvoir et sa particularité. Un loup-garou n'est pas apprécié par les sorciers de manière générale, mais il n'est pas fréquenté par la faune magique tout simplement à cause d'une présence plus que sporadique à leur côté. Certes, il subissait un changement majeur dans sa vie, mais il devait continuer à ce voir plus humain que loup-garou, il fallait bien que quelqu'un le lui rappel. Il s’apprêtait à rentrer sur un chemin rempli d'épine, lui en tant que sorcier éclairer sur la magizoologie l'aiderait volontiers à trouver ses marques dans ce domaine. Il voulait pourtant faire preuve d'un égard qu'il jugeait naturel envers un adolescent, lui laisser la possibilité de faire un choix !

En pénétrant dans la pièce, Thomas avait été soulagé de découvrir que le professeur Ainsleigh avait l’air gentil. Ou vieux, ce qui revenait au même. Même si par ailleurs le garçon était devenu très fan du professeur Alexander qui l’avait accueilli, sa jeunesse faisait parfois douter au lycanthrope de ses explications et de ses conseils : pour Thomas, on n’était pas vraiment un expert tant qu’on n’avait pas une barbe ou – comme Duncan le garde-chasse – une arbalète.

Pendant que l’enseignant lisait la lettre, Thomas scruta attentivement la décoration de la pièce. Pas trace d’armes ici, mais Ainsleigh venait tout juste d’arriver à Poudlard, peut-être n’avait-il pas encore eu le temps d’emménager complètement ? Est-ce qu’il y aurait des cages avec des animaux aussi ? Thomas ne pu s’empêcher de se dire que ce serait cool et peut-être un peu cruel aussi, sauf si les animaux étaient dangereux.

Il était parti dans ses pensées comme souvent et la mention vigoureuse de son nom le fit sursauter et braquer en panique son regard sur le professeur. Il y avait un soucis ??
Sans savoir s’il avait le droit de refuser il hocha la tête deux fois quand l’enseignant lui demanda s’il pouvait l’appeler par son prénom avant d’enchaîner sur une longue tirade dont Thomas faillit perdre le fil deux fois quand Ainsleigh dit « forcerait point » ce qui sonnait quand même un peu papy mais normal en même temps, puis qu’il émit l’hypothèse que peut-être Thomas espérait tirer avantage d’être un lycanthrope.

- « Ah mais non ! »

Le professeur semblait agacé et le garçon rentra légèrement la tête dans les épaules, ne sachant pas très bien ce qu’il avait fait de mal exactement. Lui il ne savait rien faire de toute façon. Au début, oui, il avait imaginé que peut-être il pourrait parler aux loups maintenant, mais apparemment pas sous forme humaine et sous forme animale… il n’avait pas croisé de loup. A part Masha, bien sûr, mais ce n’était pas une VRAIE louve, on s’entendait.

Déjà, Ainsleigh reprenait sur un ton professoral et avec beaucoup d’entrain. Persuadé d’être en train de se faire engueuler Thomas écouta attentivement ce qu’il racontait, paniquant très légèrement en réalisant qu’il ne comprenait pas la moitié de ce qu’on lui expliquait. Comment ça « parcelle reliant chacune d'entre-elle » ? Comment ça « apte à harmoniser » ?? Ca voulait dire quoi tout ça ???
Et pour l’achever, la dernière question qui le laissa légèrement bouche-bée, les yeux écarquillés et aucune idée de quoi répondre.

- « Heuuu… »

Il hésita.

- « Désolé ? »

Quand on se faisait remonter les bretelles, même sans savoir pourquoi, mieux valait commencer par présenter ses excuses. C’était plus prudent, surtout que Thomas n’avait VRAIMENT pas envie d’avoir des ennuis avec le professeur Ainsleigh. Il était comme Duncan, une espèce de tuteur ou maître de stage ou il ne savait pas trop quoi en tout cas le garçon avait intériorisé qu’il valait mieux ne pas trop les contrarier sinon on pouvait le renvoyer dans le monde des moldus fissa et adieu Poudlard.
Or ça c’était hors de question.

C’était quoi la question déjà ?

- « Je veux… rester ici ? » hasarda-t-il, pas bien sûr que c’était la réponse attendue. « Être, être un bon garde-chasse ! »

Voilà, ça, c’était mieux.

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Le jeune homme semblait clairement être en manque de confiance en soi, bien qu'il semblait d'une nature curieuse à la façon dont il baladait son regard ici et là dans le bureau pour en découvrir les secrets et les curiosités qu'il pourrait receler. Bon, il risquerait d'être déçu, il n'y avait pas grand-chose. Duncan pouvait clairement le voir qu'il l'avait mis sur la défensive, le tout mélanger à une grande dose d'inquiétude suite à sa tirade sur son absence totale d'avantage lié à sa particularité. Duncan aurait dû se montrer peut-être plus avenant, moins brusque tempérer ses passions face à cet oisillon qui sortait de sa coquille pour découvrir un monde inconnu. Pourtant, il n'était pas ce genre d'homme et ces qualités paternelles étaient quant à elle totalement inexistantes tenons le pour dit ! Lui-même était en pleine phase d'apprentissage, sa jeunesse était loin et ne pourrait être prise en exemple pour dispenser un apprentissage. Alors, il se conterait de faire ce qu'il avait lui-même connu, il allait pousser le bouchon un petit peu plus et voir ce que ça donnait, ne disait-on pas que le charbon devient diamant sous la pression ?

Duncan avait compris vu les excuse du jeune homme qu'il ne possédait même pas la plus petite des bases et que son laïus était comme de jeter les galions par les fenêtres, ça ne servait à rien. Buvant une longue gorgée de café, il en servit une seconde tasse qu'il posa sur le bureau face à Thomas, l'invitant à la prendre si l'envie lui disait avec un geste poli de la main. La technique du chaud et du froid de la politesse suivit d'une action plus brusque. Il voulait secouer le jeune homme et le pousser à parler plus qu'avec des phrases de moins de dix mots. Il reprit donc sur un ton plus sec.

« Résumons donc ! Jeune homme, tu as été mordu par un loup-garou, le ministère de la magie à souhaiter assumer son échec. Tu as donc eu une explication sommaire et on t'as mis ici en disant deviens garde-chasse, c'est mieux pour toi. Tu trouves cela normal et donc tu as découvert le but de ta vie devenir un bon « garde-chasse » ? »

Duncan avait de façon tout à fait consciente choisie de remplacer le prénom de son futur apprenti par un jeune homme bien appuyé. Et laissa un lourd silence s'installer qui n'était briser que les bruissements d'ailes des fées qui s'était engouffrer par la fenêtre il y déjà quelques instants.

« Du coup les créatures, la nature, la relation avec l'écosystème, c'est secondaire, tertiaire ? Rien de tout cela ne t'intéressait, avant tu te dis juste : ce boulot me permettra de rester à Poudlard du coup, je veux être bon là-dedans pour rester ? Navré de te le dire, mais c'est réfléchir à l'envers ! »

Reprenant sa tasse à café Duncan buvait tout en passant son auriculaire sur la peau d'une fée juste entre ses ailes, celle-ci semblait grandement l'apprécier vu les petits bourdonnements aigus qu'elle laissait s'échapper en restant sur place pour se laisser faire. Ceci aussi était une perche qu'il tendait au jeune homme et l’Écossais attendait de voir ce qu'en ferait Thomas, de toute façon, il avait commencé à le secouer, il ne pouvait pas repartir sur une attitude avenante et tenter de trouver une relation de confiance du bon mentor avec le timide étudiant. Non, Duncan préférait le secouer pour qu'il se réveille, il était à Poudlard, il y avait déjà des tensions entre sang-pur et non ! Alors un moldu il préférait l'armée directement et le faire sortir de sa coquille même d'un pouce !

S’il avait d’abord pensé avoir affaire à un vieux gentil, il semblait que cet enseignant là était de la trempe du maître des potions : plutôt effrayant. C’est pour cette raison que le jeune homme avait soigneusement choisi les mots de sa réponse, espérant de tout son cœur ne pas dire de bêtise puis attendant le verdict comme un couperet.

Avant de répondre, le professeur Ainsleigh prit d’abord le temps de pousser vers lui une tasse que Thomas attrapa très vite avant de réaliser que c’était du café. Chez lui, il n’avait pas le droit d’en boire et s’il avait déjà bu des bières en cachette avec ses copains, c’était la première fois qu’on lui offrait de l’amer liquide noir et odorant.
Avec prudence, sans quitter l’enseignant des yeux, il y trempa ses lèvres avec curiosité et réfréna une grimace pour ne pas paraitre impoli. Ce n’était vraiment pas très bon…

Le ton du professeur était sec comme du papier crépon et si cela était possible, Thomas enfonça d’autant plus sa tête dans ses épaules, conscient qu’il était en train de se faire engueuler sans bien parvenir à comprendre ce qu’il avait fait de mal. Peut-être répondre de travers… ?

La première tirade de l’enseignant était un plutôt bon résumé de la situation et Thomas hocha la tête pour signifier que oui c’était à peu près ça. S’il espérait toutefois que cela apaiserait le vieux bonhomme, celui-ci reprit d’un ton qui transpirait clairement l’accusation pour conclure qu’il réfléchissait de travers. Ah bon.

Il se tortilla un peu, la tasse toujours coincé entre ses deux mains. L’enseignant avait visé juste, mais ça ne semblait pas être une bonne chose. Lui, il voulait juste pouvoir découvrir le monde magique et s’y faire des amis, s’il devait travailler dans la forêt ou aux cuisines pour ça, ça ne changeait pas grand-chose.
N’empêche qu’il aimait quand même bien s’occuper des animaux, c’était plus amusant que la vaisselle ou coudre des bonnets pour le bal de noël.

- « C’est mal ? » hasarda-t-il. « C’est un travail où on n’a pas besoin de magie… »

Pour lui c’était déjà un point crucial, évidement, la plupart des portes du monde des sorciers lui étant fermées de part sa nature de cracmol.
Il n’avait de toute façon pas très bien compris tous les mots qu’avait employé l’enseignant : « tertiaire ? », mais tenta de se rattraper aux branches.

- « J’aime bien les animaux aussi… »

Est-ce que ça suffisait comme explication ? Il en doutait.

- « Un garde-chasse les protège en évitant les braconniers et veille à ce qu’ils vivent dans de bonne conditions. » expliqua-t-il en récitant un peu approximativement quelques phrases lacunaires que lui avait envoyé Benjamin Duncan, le jardinier. « Du coup, c’est bon ? »

moon & howl

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Le jeune loup était définitivement pas à son aise, Duncan pourrait lui mettre sa baguette sur la tempe que son comportement ne serait pas guère plus différente tellement Thomas stressait. Duncan devrait se rappeler qu'il avait affaire à un enfant qui traversait une période de changement assez extrême. Il fallait pourtant rester clair la pédagogie et lui n'avait pas encore fait connaissance et comme beaucoup de personne dans l'erreur, il était bien parti pour continuer sur sa ligne de conduite, il n'y avait pas grand monde ici pour le tempérer. En soit, c'était une bonne chose l’Écossais faisait partie de ces gens qui montaient dans les tours à mesure qu'on lui disait de se calmer ! Il aurait pu prendre en pitié Thomas qui se forçait clairement à boire une petite lampée de café. Il était vrai que ça ne correspondait pas trop à son âge, plus tard, il découvrirait que cette boisson naturelle serait son meilleur allié lors des réveils difficiles. Toujours dans son optique du chaleureux et rude, le vieux alla chercher sucrier et cuillère qu'il posa en face du jeune homme.

Il l'écoutait tenter de s'exprimer, de chercher à comprendre ce qui n'allait pas ! Il n'arrivait concrètement pas à comprendre que tout ce qu'il avait à faire était de laisser la flamme de sa passion le dévorer pour laisser couler les mots. Lorsqu'il eut le toupet de demander au vieil homme si c'était mal, Duncan ce mis à tapoter des doigts son bureau. Non pas qu'il était en train de perdre patience, mais plutôt il cherchait une distraction pour s'empêcher de prendre le garçon par les épaules pour le secouer comme un prunier ! Lui dire parle bon sang arrête de chercher la bonne réponse, il n'y en a pas, il voulait qu'il s'affirme ce lance et défende son point de vue lorsqu'enfin, il annonça qu'il aimait les animaux tapa le bureau avec le plat de la main en s’écriant :

« Par Merlin ENFIN, tu aimes quelque chose lié au métier … mais c'est pas suffisant … développe »

Bien qu'emporté par la réponse, Duncan ce contenu tout aussi vite après une pause fugace pour revenir à son attitude de base, calme et enfin inquisitrice. On progressait, ce fut juste malheureux qu'il dérive dans la récitation de leçon qu'il semblait avoir apprise par cœur. Elle n'était pas fausse, mais elle n'avait aucune âme, si le petit loup pouvait seulement imaginer le nombre de jeune sorcier qu'il avait entendu dire ses mots avec des intonations similaires dépourvues de sentiments. Il aurait été adulte, il se serait pris un coup dans son postérieur pour évacuer le bureau. Duncan était devenu avec l'âge quelque peu intransigeant ! Thomas étant jeune, impressionné, mal à l'aise et en pleine recherche de sa place en ce bas monde, l'écossais inspira un grand coup, stoppa le tapotement de ses doigts pour vider sa tasse d'une traite. D'une voie lasse dans lequel pointait peut-être un peu la déception, il reprit :

« Oui, oui, tu as bon … Dis-moi tu t'es entraîné à la réciter cette phrase ? Parce que sans passion, tu n'irai pas plus loin qu'apprendre quelques tours à un rat ! »

Le loup l'avait déçu sur ce coup-là et maintenant, il allait rectifier le tir. Il commença par aller s’asseoir dans son large fauteuil, il bourra sa pipe, mais à défaut de l'allumer, il en mâchonnait le bec en lissant la pointe de sa barbe de façon méthodique. Le calme avant la tempête en somme, les neurones d'Ainsleigh fonctionnaient à toute allure et il était pas bon d'être dans sa tête en ce moment, les vents de la passion, de la droiture et la tempérance s'entrechoquait en une tornade de laquelle serait expulser une idée et comme jouer à la roulette russe si la chambre était chargée ça n'allait pas faire du bien.

« Pour te répondre Thomas ! OUI c'est MAL ! Si ça t'intéresse que pour rester ça l'es ! Des travails n'impliquant pas la magie j'en ai tout une liste et ça va de ton poste, jusqu'au vendeur en librairie magique à l'éleveur de nifleur ! Car dis moi pense que sans magie face à un dragon, tu arriverais à faire quelque chose ? À le soigner ? Et face aux araignées géantes de la forêt interdite, tu y arriverais ? …»

L’Écossais pris le temps de marquer la pause, de laisser réfléchir l'étudiant ! Oui, il avait pris des exemples extrêmes, mais on ne rigole pas avec les créatures magiques sinon on sert de quatre heures le jour où elles ne sont pas de bonne humeur ou qu'on commet une imprudence. Après avoir enfin allumé sa pipe et alors que la fumée sortait de ses narines le professeur s'exclama :

« OUI, ON PEUT ! Moi je te le dis, je peux te l'apprendre, mais il FAUT de l'envie, de l'investissement alors par un scrout à pétard arrête d'être amorphe et exprime TOI ! De la PASSION ! »

Tapant du poing sur la table, Ainsleigh n'avait pas tiré une idée extrême, mais si cela ne secouait pas un minimum le garçon, il risquait de se retrouver face à une poupée recroqueviller sur elle et frapper de mutisme. Qu'importe, pensait-il, il verra à ce moment-là.

Lorsque l’enseignant frappa du plat de la main sur son bureau, Thomas sursauta franchement et manqua de se renverser du café sur les mains. Les questions du vieil homme l’avaient mis dans un état de fébrilité, impressionné qu’il était par le ton employé par ce-dernier. Il fallait bien reconnaitre qu’Ainsleigh en imposait, en tout cas devant un garçon de treize ans c’était le cas. Thomas refusa d’un geste de la tête le pot de sucre que poussait vers lui le professeur, assez lucide pour comprendre qu’il ne devait qu’au fait de tenir sa tasse à deux mains le fait de ne pas trembler et en foutre partout.

Le jeune homme récita péniblement quelques mantras de garde-chasse, sa responsabilité vis-à-vis de la forêt, tout ça, des choses simples qui lui venaient en tête dans cette situation où il lui semblait que son cerveau avait gelé. Il espérait que ce serait suffisamment mais le professeur Ainsleigh ne parut guère convaincu, balayant d’un ton las ses tentatives de réponses.

L’ayant d’abord comparé à un rat, ce qui laissa Thomas un peu pantois – ses anciens professeurs avaient plutôt tendance à se laisser déborder et n’auraient de toute façon jamais insulté un élève comme ça – l’homme s’en alla s’asseoir dans un fauteuil dans le fond de son bureau et sortit une pipe en bois très classe dont il se mit à mâchonner le bout comme pour s’empêcher de grincer des dents.

Il était extrêmement perceptible que Thomas ne lui donnait pas satisfaction à ce moment précis. L’agacement de l’enseignant était palpable même à plusieurs mètres de distance.

Reprenant sa pipe en main, Ainsleigh se tourna finalement vers lui et monta d’un ton soudainement, lui expliquant que ce qu’il faisait été MAL. Thomas sentit sa gorge se serrer. Il n’avait jamais voulu « mal » faire, lui, il faisait juste ce qu’on lui demandait, ni plus ni moins… bon peut-être parfois un peu moins, mais rien de dramatique, si… ?
Ainsleigh lui énumérait les emplois qu’un non-mage pouvait occuper. D’un côté Thomas fut étonnement rasséréné d’apprendre qu’il existait autant de carrières possibles pour quelqu’un comme lui, de l’autre il avait bien conscience que ce n’était clairement pas une bonne idée de dire ça maintenant.

Thomas n’avait pas le temps de se perdre dans ses pensées que déjà Ainsleigh lui demandait comment il comptait s’y prendre face à un dragon ? Alors là, aucune idée… Et face à des araignées géantes dans la forêt interdite ? Mais ça existait un truc pareil ?? Pourquoi on l’avait pas prévenu… ?!
Il n’osait pas quitter l’enseignant di regard, comme s’il craignait que celui-ci se lève soudain pour lui coller une baffe, mais son esprit partit en pensée en direction de l’orée du bois. Il ne verrait plus jamais la forêt de la même manière…

Dans son fauteuil, Ainsleigh avait finalement allumé sa pipe, libérant d’un seul coup une odeur âpre dans la pièce. Thomas n’osait toujours rien dire. Il avait peur que sa voix ne casse en essayant de parler, peur qu’un mot mal adapté ne suffise à le faire renvoyer tandis que chacune de ses tentatives pour répondre correctement aux questions qu’on lui posait se soldait par un échec qui semblait agacer un peu plus l’enseignant.

A nouveau Ainsleigh s’exclama, et frappant du poing sur la table, prit encore le garçon par surprise qui cette fois fit un pas en arrière, par réflexe, et se renversa du café sur les mains.

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1 = Thomas maîtrise la tasse, ouf !
2 ; 3 = Thomas serre les dents et retient la tasse in extremis, seul un peu de café se renverse par terre
➤ 4 ; 5 = le café lui brûle les doigts et le fait lâcher la tasse qui se renverse sur le sol
6 = le café lui brûle les doigts et le fait lâcher la tasse qui éclate sur le sol
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Dans sa surprise, la boisson chaude lui brûla les doigts et lui fit lâcher la tasse qui se renversa par terre heureusement sans se briser.

Voilà.

C'était sûr il allait être renvoyé maintenant.

Ainsleigh était déjà en colère, c'était certain que ça allait être la goutte d'eau.

- « Je vais nettoyer. » réussit-il à dire d’une voix nouée.

Mais nettoyer, il ne savait pas comment faire. S’il avait eut une baguette, peut-être, s’il avait pu lancer des sorts, alors…
Bêtement et surtout pour éviter à tout prix le regard de l’enseignant, il regarda autour de lui, cherchant un balais ou de l’essuie-tout. Évidement rien de tout ça en vue. Une boule d’angoisse lui remonta depuis le cœur jusqu’au visage, un peu comme cette fois, quand Dmitri avait raté son sortilège d’allégresse sur lui et qu’il avait eu les larmes aux yeux. Sauf que cette fois Dmitri n’était pas là, et la situation était beaucoup plus grave.

Comme il n’y avait rien et qu’il ne savait pas quoi faire, il se contenta finalement de regarder ses chaussures. C’est sûr qu’on allait le renvoyer, obligé.

- « Désolé. »

HRP:

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