Rosalie, Haley et Artemis avaient investi la Salle des Préfets trois heures durant, les deux préfètes misant tout sur le fait que personne ne viendrait dans la pièce à une heure pareille et qu’elles pouvaient donc investir les lieux pour se préparer avec leur meilleur ami. La Gryffondor avait ramené plus de bonbons qu’ils n’étaient capables d’en avaler en si peu de temps ; la Poufsouffle de quoi les noyer dans des litres et des litres de faux sang ; le Serpentard quelques accessoires pour assortir leurs costumes. C’est donc en Daltons que le petit trio retrouva le reste du groupe pour prendre la direction de Pré-au-Lard. À chaque bonbon que Rosa portait à ses lèvres ou proposait à ses meilleurs amis, la menotte accrochée à son poignet tintait sinistrement. Ils allaient passer une soirée d’enfer ! Encore fallait-il qu’ils arrivent à destination et qu’on leur dise ce qui était prévu, mais ce léger détail mis à part, ça allait être génial. De belles perspectives qui furent quelque peu mises à mal quand deux silhouettes encapuchonnées firent leur apparition et enlevèrent Haley. La Poufsouffle s’éloigna sous la moue déçue de la Gryffondor qui tourna son regard doré jusqu’à Artemis. « Ils ont pas intérêt à nous séparer. » Rosa n’aimait pas vraiment tout ce qui était histoire d’horreur et d’épouvante. Elle préférait les histoires avec de l’amour, des prouesses chevaleresques, des dragons… Elle était bien trop impressionnable pour son propre bien et celui de son cœur. En compagnie de ses amis, ça pouvait aller un peu mieux, raison pour laquelle ils n’avaient pas intérêt de les séparer.

Quand elle se réveilla, elle constata deux choses : il faisait sombre, elle avait envie d’éternuer, elle ne se souvenait pas d’être arrivée ici… Ce qui faisait déjà trois choses et non pas deux. Mais à mesure que ses yeux s’habituaient à la pénombre, son cœur s’accélérait et l’envie de fuir d’ici à toute vitesse grossissait. Hazel n’était pas en vue et son « Arte ? » resta à tout jamais un couinement sans réponse. Le top du top, ce fut le cri qui résonna dans toute la pièce, et sûrement loin aux alentours. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » Visiblement, ça venait de cette cage posée au milieu de la salle au parquet grinçant dans laquelle quelqu’un était enfermé. Un quelqu’un qui faisait beaucoup de bruit et à qui Rosalie aurait bien proposé de se taire pour que sa panique diminue un petit peu, si elle n’était pas déjà pétrifiée par l’appréhension. Les cris s’accompagnèrent de sanglots. Quoi qu’il se passe dans la cage, Rosalie n’avait aucune, mais alors aucune envie d’y aller. Ça devait être super effrayant et elle n’avait pas vraiment envie d’être super effrayée. Heureusement, la fille interpella plutôt l’adulte qui se trouva là et la Préfète hocha vigoureusement la tête. « Oui, professeur, vous devriez la sortir de là » Et eux tous ensuite, si possible. « Tu vois une porte, toi ? » demanda-t-elle à Bella, qui portait bien son nom d’ailleurs, mais c’était pas ce qui la préoccupait en cet instant. Elle voulait sortir d’ici par pitié. En quelques pas, elle se rapprocha d’elle, un peu rassurée par la présence d’un visage connu. Se faisant, elle se rapprocha brièvement de la cage, déclenchant sans le vouloir l'assaut d'un caillou, lui tirant un hurlement qui s'accorda à merveille avec les pleurs répétés de celle enfermée derrière les barreaux dorés. C'était quoi ce bordel ?

4 - Rosalie parvient à tirer sa baguette à temps et à pétrifier la chose qui s'accrochait à sa jambe... et qui ne la lâchera plus, du coup. Mais au moins elle ne bouge plus.
Le reste - La créature s'accroche à sa jambe et les idées noires commencent à affluer dans l'esprit de Rosalie.

( Pando )

Pourquoi est-ce qu’elle avait dit oui pour participer à l’animation d’Halloween, déjà ? Non parce que, depuis approximativement toujours, elle détestait ce qui faisait sursauter, ce qui faisait peur, ce qui provoquait des palpitations cardiaques plus intenses que les sourires de Blaze Mansfield. Ça lui apprendrait à vouloir faire partie de tout et à vouloir ne jamais rien rater. L’année passée, l’histoire de son meilleur ami en armure zombie l’avait faite pouffer de longs jours. Raison pour laquelle elle avait refusé de manquer un tel événement. Et voilà qu’elle se retrouvait dans une sorte de grenier flippant, en face d’une cage dans laquelle était coincée une autre élève qui hurlait à s’en déchirer les cordes vocales et à en faire saigner les tympans. Heureusement, elle eut la bonne idée d’interpeller la seule adulte présente avec elles et Rosalie en profita pour surenchérir. Les enfants d’abord, après tout, et comme c’était une professeur, elle devait savoir quoi faire.

À ses côtés, la jolie Bella avait déjà sa baguette en main. Très classe, en plus d’être très belle, elle avait un petit côté assuré qui plut instantanément à la Gryffondor. C’était décidé, elle allait lui faire confiance. Si d’aventures elles s’étaient retrouvées dans une forêt à devoir fuir des chasseurs ou tout autre truc hyper flippant, c’était certain qu’elle l’aurait suivi aveuglément. Ici, il y avait un peu moins d’espace pour s’échapper, mais elle se rapprocha quand même d’un pas en direction de la Poufsouffle. Trop gentille, elle tenta de rassurer celle qui était prisonnière de la cage avant que l’enseignante ne confirme ses propos et ne s’emploie à essayer de faire sortir la jeune fille qui pleurait toujours. Est-ce que si Rosa s’accrochait au bras de Bella, celle-ci allait la laisser faire ? Non parce qu’elle en avait très envie, là maintenant tout de suite. Comme un écho à ses pensées, quelque chose lui sauta dessus et s’accrocha à sa jambe. Elle avait beau secouer sa jambe et hurler, la créature ne la lâchait pas. Pire que tout, une forme de désespoir commença à s’abattre sur ses frêles épaules et les larmes se mirent à affluer, noyant en un clin d'œil ses prunelles dorées. Qu’est-ce qu’elle avait fait pour mériter ça ? Elle n’entendit même pas Bella reconnaître ce qui l’attaquait, ni lancer un sortilège qui fit disparaître aussitôt les idées noires qui lui emplissaient la tête. Clignant des yeux, la Préfète recouvra d’un coup toute sa lucidité.

Il faisait désormais jour dans la pièce, grâce au professeur… qui n’avait toujours pas décidé de libérer la pauvre petite enfermée dans sa cage. « Madame, et elle ? » couina-t-elle, pointant sa camarade du doigt, sans oser faire un geste de plus. « Merci beaucoup. » Une moue paniquée accompagna ses paroles adressées à Bella. Elle n’était pas contre qu’on la sauve, bien au contraire, mais si on pouvait faire en sorte que les pleurs cessent, ça serait quand même pas mal, non ? Comme si tout ça ne suffisait pas, un caillou se transforma en créature, arrachant un cri de surprise à Rosalie qui se glissa derrière Bella, le cœur battant la chamade. Et ça se met à parler !! C’était l’horreur absolue, elles étaient dans un cauchemar et Rosalie n’était pas douée du tout pour survivre à ça. « Comment ça, prendre sa place ? » glapit-elle, de plus en plus paniquée. Est-ce que ça voulait dire qu’il fallait que l’une d’entre elles s’enferme volontairement derrière les barreaux dorés pour aider la petite qui pleurait toujours ? Non mais finalement les cris et les larmes ça avait son charme, hein. « Reste avec moi » supplia-t-elle Bella, refusant de la voir disparaître dans la cage. Elle n’allait pas non plus se proposer, c’était au-dessus de ses forces. Comme une punition divine pour son égoïsme sans pareil, les cailloux se mirent en mouvement et sautèrent sur la blonde qui essaya tant bien que mal de disparaître derrière sa sauveuse… sans succès. Ensevelie en un clin d'œil, elle poussa un dernier cri de terreur avant de tomber lourdement au sol, dans une chute dramatique qui se déroula au ralenti, dans son esprit. Seule sur le plancher de bois, les larmes affluèrent et la tristesse l’enveloppa toute entière. De toute façon, personne ne l’aimait. Sa maman préférait la voir le moins possible, son papa filait le parfait amour avec Mason et, à bien y repenser, il adorait littéralement Hayden. Plus qu’il n’aimait Rosalie. Son demi-frère était bien plus apprécié qu’elle-même à Poudlard et Artemis et Haley s’isolaient vachement souvent tous les deux, comme pour fuir la Gryffondor. Que dire de Blaze, qui n’avait d’yeux que pour Skyler Mills malgré tous les efforts de la jeune fille ? Puisque c’était ça, à quoi bon se relever, elle était bien mieux allongée, elle ne méritait pas qu’on l’aide, elle ne méritait pas qu’on l’aime. « Partez sans moi, je vais vous ralentir » eut-elle la force de murmurer avant de retourner à son désespoir le plus total.

1 - Avant de tomber au sol, Rosalie réussit à écraser un Povrebine.
Le reste - C'est lamentable, crève en silence.

( Pando )

Ok. Bella était juste une déesse. Non seulement elle était caaaanon, mais en plus elle était trooop forte. Elle venait littéralement de la sauver d’un monstre sanguinaire. Raison pour laquelle la blonde décida de se cacher derrière elle. En réalité, elles n’avaient sûrement pas beaucoup d’écart, mais dans une telle situation, la Gryffondor avait la sensation que dix ans la séparaient de la Poufsouffle. C’était plus probablement un peu de compétences magiques et de courage qui lui faisaient défaut, mais laissons cela pour une autre histoire. Une voix lugubre ne cessait de les inciter à désigner quelqu’un pour prendre la place de la fille dans la cage. Flippant, exactement ! Rosa hocha la tête aux mots de Bella la Déesse. Elle allait la laisser gérer, hein, parce qu’elle faisait ça super bien. La Préfète préférait s’en tenir à ce pour quoi elle était douée : écarquiller les yeux bien grands histoire de montrer à quel point elle avait peur, s’accrocher au pull de la Poufsouffle et puis espérer que Hatwell allait réussir à améliorer la situation. En cet instant précis, elle était incapable de penser à quoi que ce soit d’autre : ni à Haley, enlevée dès le début de l’animation, ni à Artemis, qui était elle ne savait pas où, pas même à Blaze… Mais elle n’avait aucune raison de penser au Serdaigle puisqu’elle ne ressentait plus rien. Du tout.

Pas d’amour, donc, mais une sacrée dose de terreur. Qui augmenta proportionnellement au nombre de créatures sanguinaires qui sautèrent d’un coup sur Rosalie. Donc, euh… Qui augmenta beaucoup. Énormément. Rapidement submergée, la Gryffondor glissa jusqu’au sol — le parquet était froid, si froid… Et les pensées sombres affluèrent jusqu’à effacer tout le reste. Des larmes de tristesse remplirent ses yeux avant de rouler sur ses joues, noyant son amour-propre en même temps que tout optimisme. Une dernière phrase traversa ses lèvres exsangues. Elle ne servait à rien, personne ne l’aimait, elle n’était qu’un poids pour tous ses proches qui attendaient probablement qu’elle disparaisse alors elle n’allait pas rester un boulet pour ces trois personnes qu’elle connaissait de vue, mais sans plus. Non, il fallait qu’elles partent sans elle, qu’elles se sauvent tandis que elle, seule, délaissée, abandonnée, allait mourir misérablement dans un grenier miteux. Même Haggis serait content d’avoir tout le lit pour lui ! Cette simple pensée lui arracha un hoquet plein de souffrance.

D’un coup, Rosalie n’était plus ensevelie. Toujours ce même désespoir qui lui donnait envie de mourir — mais de manière bien visible, fallait pas déconner. Si ça pouvait donner une histoire tragique qu’on conterait encore dans mille ans, ça vaudrait le coup. — mais elle n’était plus sur le parquet froid, si froid. Un reniflement pitoyable débuta son introspection d’elle-même et son inspection de ce nouvel environnement. Allait-elle mourir pleine de morve ? Ce serait franchement pas cool. Enroulant ses doigts autour de la cage, elle commença à secouer les barreaux de toutes ses forces. Elle voulait sortir ! Le voulait-elle vraiment ? D’accord, ici elle était super triste, mais de l’autre côté, il y avait les cailloux cannibales, c’était peut-être plus safe ici. C’était peut-être la solution ? Derrière ses pensées suicidaires, un rayon de lumière. Il fallait agrandir la cage pour qu’elles puissent tous se mettre à l’abri dedans ! Allez ! Concentre-toi Rosalie !

1 - 2 - 3 - « Amplificatum ! » Le sortilège touche la cage qui commence à grossir, grossir, grossir...
5 - « Amplificatum ! » Le sortilège... travers les barreaux et touche une Povrebine qui commence à grossir, grossir, grossir...
4 - 6 - RAS et c'est pas plus mal.

( Pando )