Un chasseur sachant chasser...

D’une manière assez paradoxale, se promener dans les couloirs passée l’heure du couvre-feu était beaucoup moins intéressant depuis que Blaze en avait reçu formellement l’autorisation. Son insigne de préfet flambant neuve lui avait certes ouvert les portes des déambulations nocturnes jusqu’alors interdites mais force était de constater que ces-dernières avaient grandement perdu de leur sel. Lui qui cet été encore narguait Fergal le concierge en lui promettant de mémorables parties de cache-cache dans le château se retrouvait désormais en position de faire respecter l’autorité qu’il avait lui-même juré de braver.

Étonnant comme le destin pouvait se montrer taquin.

Pour autant, Blaze n’était pas mécontent de la tournure qu’avaient pris les évènements. Ces privilèges, il les avait plus d’une fois rêvés et se souvenait encore de la grande frustration ressentie en début d’année dernière en constatant que Cameron, son ex-camarade de dortoir, lui avait raflé le badge sous le nez. Malgré la relation complexe qu’entretenait le jeune homme avec l’autorité de Poudlard, se retrouver désormais de l’autre côté de la barrière lui procurait un indiscutable plaisir. Lui qui n’aimait rien de moins que d’être au centre de l’attention bénéficiait désormais d’un badge et d’une autorité qui le rendaient littéralement incontournable dans le château !

Une aura que le garçon savourait sans aucun scrupules.

Ce soir-là, il avait une fois de plus poussé la porte du dortoir de serdaigle pour une ronde de « rabattage » comme il aimait les appeler, c’est-à-dire un petit tour des couloirs une demi-heure avant le couvre-feu histoire de rappeler à tous les élèves qu’il était temps de se bouger fissa pour retourner jusqu’à leur chambre. Le genre de zèle qui avait le don d’énerver les plus sanguins du lot ce qui pouvait mener dans le meilleur des cas à une montée en pression rapidement sanctionnée d’un retrait de points. C’est que la coupe des quatre maisons n’allait pas se gagner tout seul, Blaze mettait un point d’honneur à avantager au maximum les bleus et argents en cherchant tous les prétextes possibles pour sanctionner les autres maisons.

Si proche de l'heure fatidique, les couloirs étaient relativement vides. Blaze n’avait croisé que deux petits gryffondors qui décampèrent en direction de leur tour lorsqu’il les interpella. Une bonne chose de faite, mais qui le laissa un peu sur sa faim. Il avait beau mépriser de tout son être le directeur ainsi que leur professeur de potion, n’empêche que le tour de vis mis en place pour la sécurité de Poudlard était assez réussi. Avec les tableaux qui patrouillaient à tous les étages et la nouvelle équipe de sang-purs qui venaient s’ajouter aux préfets, même les plus rebelles des élèves avaient compris qu’il valait mieux faire profil bas.

N’ayant croisé personne au quatrième étage, Blaze gravit les escaliers menant au cinquième. Par ici on trouvait un paquet de salles abandonnées bien connues pour servir de planques aux étudiants en quête de discrétion pour agir dans l'illégalité. Lui-même d’ailleurs n’était pas le dernier à en faire usage et savait ô combien le sentiment d’impunité que procurait ces espaces reculés était trompeur. Aucune de ces pièces ne résistait à la fouille minutieuse d’un préfet avec un peu d’expérience.

Alors qu’il tournait un angle de couloir en direction des salles abandonnées, Blaze fut surpris de constater qu’il n’aurait pas besoin d’aller aussi loin pour tomber sur âme qui vive. Assise sur un rebord de fenêtre, une élève de serpentard qu’il ne connaissait pas semblait occupée à glander. Pour un peu elle avait simplement oublié l’heure, mais ça ne l’empêcherait pas de recevoir le petit coup de pression d’usage.

- « Eh ! » l’interpella le jeune homme « T’es gentille c’est pas l’heure de trainer dehors là, dans dix minutes faut que tu sois dans ton dortoir et c’est pas à côté ! »

Vrai que le lieu de vie des serpentards, situés au sous-sol, se trouvait littéralement à l’autre bout du château. Un prétexte largement suffisant pour pousser une gueulante, de l’opinion du préfet.

D’un air vaguement ennuyé vaguement accusateur il alla s’accouder au mur en toisant la jeune fille.

- « Sérieux, m’oblige pas à faire la police, ok ? » ajouta-t-il d’un ton laissant croire que cette perspective le fatiguait d’avance.

@Samantha M. Lowell

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

Ça avait été une longue journée. No, scratch that, ça avait été une mauvaise journée et donc, forcément, particulièrement longue. Les astres n'avaient pas été de son côté en classe, le manque de sommeil jouait sur ses nerfs, et elle ne pouvait s'empêcher de percevoir une ombre qui planait sur tout le château. Une sorte de mauvais pressentiment qu'elle ne pouvait expliquer et qui lui remuait les entrailles.

Si tant est qu'à l'heure de fin des cours, Sam n'avait souhaité qu'une chose : du calme. De la solitude, de la tranquillité. Ne s'accordant qu'un léger détour par la Salle Commune et son dortoir afin d'y déposer ses affaires, elle était immédiatement ressortie pour aller se promener dans le parc. Elle s'était arrêtée surs ses hauteurs pour observer un temps l'entrainement de Quidditch qui se déroulait au loin, avait poursuivi sa route jusqu'à atteindre la lisière de la Forêt Interdite.

Quand elle ne put plus supporter le froid du soir tombant, elle rentra retrouver la chaleur réconfortante des torches accrochées aux murs. Mais elle n'avait pas envie se regagner ses quartiers tout de suite. Ni de rejoindre la cohorte d'élèves qui se pressaient d'entrer dans la Grande Salle. Elle n'avait pas faim, et ne s'était pas vraiment départie de sa mauvaise humeur. Alors, une fois dans le hall, elle tourna sur ses talons et partit en sens inverse, vers les escaliers et le secret des étages.

Sam avait toujours été du genre à déambuler sans but. Enfant déjà, quand il s'agissait de s'extraire de l'austérité de la demeure familiale, elle se lançait sur les chemins qui quadrillaient leur banlieue, allant le plus loin possible et ne rentrant que bien après que la nuit soit tombée. Depuis qu'elle était arrivée à Poudlard, cette habitude ne l'avait pas quittée. Comment aurait-elle pu, soudainement le cadre de ses promenades en solitaire était devenu bien plus enchanteur, bien plus fascinant. Elle ne pouvait s'en lasser. Même après trois ans, la perspective d'explorer des dédales inconnus du château, de rencontrer un fantôme, de se faire surprendre par un tableau, lui procurait toujours les mêmes picotements de joie et d'excitation.

Bien sur, plus d'une fois elle avait craint se faire découvrir par les préfets, et que ses errances nocturnes se terminent abruptement par un sermon et une retenue. Elle avait réussi à en semer plus d'un au cours de ses aventures, d'autres fois n'avait du son salut qu'à la mansuétude de ces camarades plus âgés qui peut-être se reconnaissaient en elle. La plupart du temps toutefois, elle parvenait à rentrer à son dortoir au cours de la nuit, sans être vue, et elle se couchait alors forte de ce secret qu'il lui semblait partager avec le château. C'était une sensation grisante.

Dès lors, elle avait bien du mal à comprendre l'indifférence affichée d'une grande partie des autres élèves tandis qu'ils arpentaient les couloirs, peu sensibles à leurs merveilles ou n'y voyant qu'un moyen de mener à bien leurs obscurs projets. Point d'étoiles dans leur regard, ni plus de sourire un peu incrédule sur leurs lèvres, seulement l'air las et faussement ennuyé de l'accoutumance. Un rappel de plus s'il en fallait encore qu'elle ne venait pas du même monde qu'eux, elle qui n'avait jamais vu un château de sa vie avant Poudlard. Enfin, their loss truly.

Pas de picotement de joie ce soir-là cependant. Juste une envie de se mettre au vert jusqu'au lendemain matin, à l'abri des regards et des curiosités. Elle considéra ses options tandis qu'elle montait le premier escalier, se résolut à simplement marcher et laisser ses pas la guider tandis que ses pensées vagabondaient. Ne pas avoir réussi un sortilège élémentaire de deuxième année lui laissait un gout amer dans la bouche. Elle sentait qu'il n'en faudrait pas beaucoup plus pour être rangée dans la catégorie des incapables et... non, elle s'y refusait. Il ne fallait pas donner de munitions à ce directeur non plus. Elle doutait qu'il vît qui elle était mais c'était une question de principes. Le vieux Sørensen était une mauvaise nouvelle en longue robe noire, moins elle se faisait remarquer mieux ça vaudrait.

Elle finit par atteindre le cinquième étage, découvrit, non loin d'une salle où elle venait parfois travailler quand la bibliothèque était trop peuplée, une alcôve dans la pierre, sous une fenêtre par laquelle on avait une vue imprenable sur le parc. Elle s'y installa tranquillement, étendit ses jambes pour placer ses bottes de cuir contre le mur opposé, et regarda dehors. Sa tête reposée contre la paroi, elle poussa un soupir. Elle était bien là.

Le temps fila à toute allure, Sam réfléchissait ou pensait simplement, à ses devoirs, aux promesses de la nouvelle saison de Quidditch, au moyen de faire perdre du poids à Thalès. Une voix lui parvint soudainement.

« Eh ! T’es gentille c’est pas l’heure de trainer dehors là, dans dix minutes faut que tu sois dans ton dortoir et c’est pas à côté ! »

Sam ne répondit pas, mais se tendit, et pleura intérieurement sa tranquillité envolée. Elle se morigéna également, elle avait complètement oublié le couvre-feu, elle aurait du trouver un coin plus tranquille avant que les préfets ne débutent leur ronde. Maintenant c'était trop tard, l'un d'eux l'avait repérée, et il s'avançait d'ailleurs pour venir s'appuyer contre le mur près d'elle. Elle eut l'intuition qu'il n'allait pas lui ficher la paix de sitôt.

« Sérieux, m’oblige pas à faire la police, ok ? »

Elle lui lança un regard quand il reprit la parole, le considéra des pieds à la tête et décida immédiatement que ce garçon n'allait pas être son ami. Un je-ne-sais-quoi d'insupportablement suffisant dans ses traits. Elle se détourna, reporta son attention sur la Lune qui trônait fièrement dans le ciel, et ignora superbement le préfet.

Il resta planté là toutefois et sa présence l'agaçait. Alors, après quelques instants, juste pour s'assurer qu'il n'aurait pas la merveilleuse idée de s'en retourner de là où il était venu, elle poussa un audible soupir et, sans le regarder, dégagea de sa robe un poignet ostensiblement dépourvu de montre qu'elle fit mine d'observer.

« Il me reste... ooouh, cinq minutes de parfaite légalité avant l'heure fatidique », dit-elle d'une voix placide. « Merci de me laisser en profiter, Monsieur le Préfet. »

Et si son ton suintait l'ironie et le foutage de tronche, et bien, ce n'était pas son problème. Il n'avait qu'à la laisser tranquille.

Tout plutôt que l’ennui. Telle aurait pu être la devise de Blaze Mansfield s’il s’était piqué d’en choisir une. Si de son propre avis il jugeait avoir plutôt bon fond – incapable de prendre du recul sur certains traits de son caractère tout à fait toxiques – c’était toujours l’ennui, ce foutu ennui, qui le poussait à provoquer le chaos autour de lui. Foutre le bordel, chercher la confrontation, ou l’aventure, l’interdit, bref faire quelque chose de son cerveau et de ses dix doigts, si c’était magique et mystérieux c’était encore mieux.

Sans doute que Samantha n’avait rien demandé, rien souhaité, n’empêche qu’elle était là et qu’il se sentait d’humeur à bien la faire chier pourvu qu’elle lui en offre l'occasion... Et cela ne manqua pas.

C’était lui ou elle venait ouvertement de lui foutre un vent, là ? Blaze haussa un sourcil. S’il y avait bien une chose qui l’agaçait c’était de ne pas être au centre de l’attention, alors se faire ignorer par une pimbêche qui plus est alors qu’elle était objectivement en faute… Enfin « objectivement », ça se défendait quoi.

Ils restèrent un instant silencieux, sans aucune réaction des deux parties, Samantha parce qu’elle l’ignorait manifestement, Blaze parce qu’il hallucinait un peu qu’elle s’autorise à faire ça avec lui. Puis finalement, à bien y réfléchir, la réaction de la jeune fille lui arracha un bout de sourire. Lui qui cherchait un peu de confrontation, il allait être servi… et ce serait ça de points en moins pour Serpentard si elle essayait de jouer à « qui sera le plus con ? ».

Il s’apprêtait à lui demander si elle avait un problème d’audition lorsqu’elle poussa un soupire qui fit lever les yeux au ciel du jeune homme, avant de lui répondre sur le ton morne de l’impertinence. Manque de bol, Blaze n’était pas né de la dernière pluie, il avait suffisamment bravé l’autorité et joué les saintes nitouches ces six dernières années pour ne pas se sentir une seule seconde démuni alors qu’une gamine essayait de lui rejouer la même mélodie.

Il lui adressa son plus éclatant sourire.

- « Mais aucun problème, et comme ta tranquillité m’importe plus que tout je vais m’assurer qu’on ne te dérange pas. » répliqua-t-il sur un ton tout aussi protocolaire que le sien, quoique plus joyeux.

Et sans demander la permission, il alla s’installer pile en face d’elle dans l’alcôve, de sorte qu’elle ne puisse l’ignorer ce coup-ci.

- « Et ça c’est pour te faciliter la tâche, je m’en voudrai d’avoir à te retirer des points… »

Disant cela il avait sorti sa baguette de la poche de sa robe et avisant une armure qui faisait l’angle, la pointa vers elle.

- « Cantis. »

Sort de 3ème année
-----------------------
1 ; 3 ; 5 = l'armure se met soudain à chantonner un "tic-tac" mélodieux
➤ 2 ; 4 = la visière de l'armure se soulève et s'abaisse au rythme des secondes en grinçant, puis de plus en plus vite ce qui devient rapidement énervant
6 = ça ne donne rien, et c'est un peu la honte
-----------------------

Le membre 'Blaze H. Mansfield' a effectué l'action suivante : Le Hasard

'Le Hasard' : 4

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

Sam compta, et elle manqua lever les yeux au ciel pas moins de 4 fois tandis que le préfet lui répondait avec son sourire à la con. Elle ne le quitta pas des yeux cependant, soutint ce regard condescendant avec le plus de lassitude possible. Elle voulait qu'il abrège, qu'il se tape son petit délire égocentrique en lui enlevant des points et puis qu'il lui foute la paix.

Mais non. A sa plus grande stupéfaction, l'adolescent prit place en face d'elle. Puis il sortit sa baguette, et l'armure avoisinante se mit à cliqueter. Sam se crispa et retint de justesse un cri de frustration, mais elle bouillait intérieurement et devinait que cela devait se lire sur son visage. Quel... quel toupet ! Pourquoi, pourquoi par Merlin ne pouvait-elle pas être laissée tranquille, pourquoi devait-elle être entourée de petits dictateurs en manque de reconnaissance ?

Elle ferma les yeux un instant et se contraignit à inspirer profondément. Elle ne devait pas le laisser l'atteindre, pire encore lui montrer, cela lui donnerait bien trop de satisfaction. Rien ne me touche. Elle poussa un autre soupir, puis se réinstalla contre le mur de l'alcôve et reprit sa contemplation de la Lune.

« Amuse toi. » lui lança-t-elle avec désintérêt.

Elle rétracta ses genoux, posa ses poignets dessus, un regard déterminé rivé sur le ciel. Elle était bien décidée à ignorer sa présence, et à faire abstraction du bruit insupportable de l'armure aussi longtemps que possible. Elle ne cèderait pas. Elle était têtue, et même si elle ignorait qui de lui ou elle l'était le plus, elle comptait définitivement vérifier ce soir. Peu importait le nombre de points que ça lui couterait.

Leur niche n'était pas bien grande cependant, et Sam ne pouvait qu'avoir conscience du préfet qui envahissait son espace. Sans parler de ce son grinçant qui commençait gentiment à lui lacérer les oreilles. Ses mains se joignirent entre ses genoux et sa mâchoire se contracta imperceptiblement.

Elle sentait poindre sur ses lèvres la verte rebuffade. Sa baguette aussi commençait à la démanger. Mais, non, elle n'abdiquerait pas devant un sourire ironique et un foutu badge. C'était hors de question.

De plus en plus désagréable, de plus en plus rapide, le cliquetis de l’armure aurait fait grimacer Blaze également s’il n’avait mis un point d’honneur à conserver sur son visage son éternel impeccable sourire qu’il savait si énervant à la longue. Même s’il lui semblait l’avoir toujours su assez intuitivement, sa place de benjamin de la famille Mansfield lui ayant enseigné comment midiner auprès de sa mère et des adultes pour se faire passer pour le petit ange qu’il n’était pas, depuis que Skyler lui avait fait remarquer qu’il était insupportable lorsqu’il était comme ça, Blaze prenait un malin plaisir à en faire usage à la moindre occasion qui se présentait.

Négligemment, il laissa balancer son pied dans le vide, toujours assis sur le rebord de la fenêtre dans l’alcôve. Sa camarade pouvait bien se la jouer reine des glaces, il n’était pas dupe. Tout ça tournait à la bataille de nerf et à ce petit jeu il ne comptait pas se laisser détrôner facilement.

- « Oh je m’éclate t’inquiète, franchement, meilleure soirée de l’année pour le moment. » commenta-t-il. « Franchement je suis prêt à recommencer tous les soirs. »

Il laissa à nouveau passer quelques secondes, seulement remplie de l’insupportable grincement, puis repris la parole.

- « Bien sûr je serai mieux dans ma salle commune à glander avec quelques potes mais la perspective de retirer vingt points à Serpentard, franchement, tu te rends pas compte à quel point c’est le kiff. On va vraiment vous écraser cette année. »

A dire la vérité la coupe des quatre maisons n’était pas si importante que cela pour Blaze, malgré son rôle de préfet qui théoriquement aurait dû faire de lui l’un des militants les plus investis de la cause. En fait, plus que le résultat final, c’était le plaisir de retirer des points et l’angoisse que ce pouvoir provoquait chez certains qui le stimulait. Poudlard lui avait donné toute légitimité pour mettre des coups de pressions à ses camarades et par merlin il adorait ça !

- « Plus que deux minutes. » précisa-t-il.

**Contenu sponsorisé** À SAVOIR DETAILS EN PLUS