Curieuse, Rosalie l’était, ça oui. Imprudente, peut-être un peu également. Non pas qu’elle aime spécialement le goût du risque — elle préférait celui du chocolat, tout bien considéré — mais elle se lançait un peu trop facilement à l’assaut de tout et n’importe quoi ce qui la plaçait évidemment dans des situations compliquées. Preuve en était cette fois, dans la forêt interdite en compagnie de Daria, pour ne citer qu’elle. C’est donc sans trop penser aux conséquences possibles, inconsciemment pétrie de la certitude que rien de mortellement grave ne pouvait arriver dans un jeu, qu’elle afficha un air intrigué en s’approchant du jeu d'échecs que Charles avait commencé à étudier. Ses doigts se rapprochèrent des pions, prêts à s’en emparer pour l’inspecter sous toutes ses coutures. La voix de son camarade s’éleva en même temps que les pièces se mirent à tressaillirent, repoussant la jeune fille loin du plateau comme si elle avait été brûlée. Une statue qui louchait sur les élèves présents, maintenant des pions qui ne voulait pas qu’on les touche, et ensuite quoi ? Jetant un coup d'œil à Artemis et Amaïa, elle espéra que l’un n’allait pas disparaître subitement dans le plancher et l’autre se faire aspirer par la cheminée. Pour l’instant, rien à signaler, ils étaient toujours là. Et Charles et elle se retrouvaient face à un échiquier qui n’avait pas l’air des plus commodes. Rosalie n’avait jamais joué à ce jeu, elle voyait vaguement son papy faire des parties avec Tomas, mais ça ne l’avait jamais suffisamment intéressée pour les observer plus d’une minute ou deux avant que toute son énergie ne soit mise dans autre chose — comme aller inventer des royaumes imaginaires dehors ou bien user de ses charmes pour obtenir des bonbons. Le Poufsouffle, lui, acquiesça lentement, sans un mot, lui signifiant qu’il jouait aux échecs. Super ! Un éclat ravi brilla dans le regard de la blonde. Il allait pouvoir faire ce que disait le papier, du coup ? Parce que ça semblait assez obscur aux yeux dorés de Rosa. Elle l’observa avec une attention soutenue lire le bout de parchemin et faire claquer sa langue comme s’il venait d’avoir une illumination. Elle en était certaine, ils tenaient quelque chose et c’était peut-être bien la clef de toute l’énigme. C’était donc très important de se montrer sérieuse et concentrée.

( Pando )

Elle était comme ça, Rosalie. Elle faisait confiance à Artemis : s’il lui disait que c’était la fiole qu’il fallait boire, elle la buvait, sans se poser plus de question. Un peu naïve, peut-être, ou un incroyablement détachée des effets néfastes que pourrait avoir sur elle un mauvais élixir. Ce n’était pas comme si elle avait deux parents potionnistes qui lui avaient déjà présenté maintes et maintes fois les dangers liés à leur profession. Dans tous les cas, convaincue que ça n’était qu’un jeu et que personne n’allait chercher à véritablement les tuer alors que le but était de s’amuser. Elle n’avait effectivement pas connu les quelques déboires liés à certaines animations de Poudlard, et c’était tant mieux. Le liquide glissa dans sa gorge juste après qu’une plaisanterie s’en soit échappée. Un plop sonore et la salle disparut. Un battement de paupières et elle se retrouvait sur la place où tout avait commencé, rapidement rejointe par ses trois camarades. « Je crois qu’on est les premiers ! » s’exclama-t-elle avec un plaisir tout particulier en tapant le rythme de son enthousiasme de ses mains. Des étoiles dans les yeux et un grand sourire aux lèvres, elle avisa le responsable qui s’avançait vers eux pour confirmer ses dires : ils avaient gagné ! Maintenant, toute la question était de savoir quoi et Rosalie rêvait déjà de sachets de bonbons trop lourds pour qu’elle puisse les ramener jusqu’à son dortoir : il lui faudrait donc les alléger un petit peu en chemin.

Toute contente, elle attrapa le lot que lui tendait le marchand, récupérant son bien avec un sourire fier, prête à dévorer des océans de friandises. La voix de Charles accompagna sa découverte : pas de sucreries mais pas la moindre déception pour autant. « Ça a l’air trop cool ! On a tous la même chose ? » Ses yeux curieux étudièrent brièvement le contenu de la boîte de Charles avant de revenir à la sienne. Alors, qu’est-ce qu’ils avaient ? Ah, si, des bonbons, mais pas le genre que Rosalie pouvait dévorer pendant toute une soirée. La jeune fille n’en avait jamais eu mais elle connaissait le principe — il y avait toujours plein de pubs sur ces boîtes à flemme au Chemin de Traverse — ; un rêve éveillé qui permettait de vivre un véritable rêve pendant une durée de trente minutes — l’emballage indiquait interdit au moins de seize ans mais Rosa ne jugea pas nécessaire de le faire remarquer à quiconque : elle avait quatorze ans, bientôt quinze, c’était presque seize en fin de compte — ; un philtre d’amour dont la vue la fit rougir sans qu’elle ne s’y attarde plus ; et des feux d’artifice — pourquoi est-ce qu’elle n’avait pas eu ça pendant la révolution ? Très contente de ses cadeaux, la blonde hocha la tête aux félicitations de son camarade de Poufsouffle. « Ouais, bravo, on a été les meilleurs » surenchérit-elle avec un sourire un peu plus large encore. « Et j’suis sûre que t’es très bon aux échecs, faudra que tu me montres » fit-elle à l’attention de Charles.

Autour d’eux, les autres n’étaient pas encore sortis et la Gryffondor ne savait même pas qui étaient les autres participants. Décidant que ça n’avait aucune importance — car elle avait son meilleur ami et sa récompense — elle tourna le dos à l’étal du marchand. « Qui est pour un chocolat chaud ? » proposa-t-elle à ses trois comparses du jour. Dans tous les cas, Arte n’avait pas le choix : il allait venir avec elle, c’était prévu. Elle ne le lâchait pas de la journée, c’était leur moment à Pré-au-Lard. Mais si Amaïa et Charles souhaitaient venir fêter leur victoire avec une bonne boisson, ils étaient les bienvenus. Une fois qu’ils se furent décidés, Rosa entoura le bras de son meilleur ami du sien et le tira en direction des Trois-Balais, commentant joyeusement les farces et attrapes qu’ils avaient désormais en leur possession. Un chocolat chaud avec beaucoup de chantilly, oui, c’était décidé !

HS:

( Pando )