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Your eyes stole my words - Casey & Carla
Aisling Dashner

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Message(#) Sujet: Your eyes stole my words - Casey & Carla Your eyes stole my words - Casey & Carla EmptyLun 29 Mar - 18:47

Your eyes stole my words



@Casey N. Pumpkin

L’un des immenses défauts de Carla était qu’elle ne semblait jamais apprendre de ses erreurs. Il avait suffi qu’elle se rende compte qu’à chaque fois qu’elle songeait que la situation ne pouvait être pire ou pas plus surprenante, il se produisait l’exact opposé pour qu’elle se jure de ne plus le faire. A l’instant même où elle avait considéré que rien de plus contrariant que le silence de Casey ne pouvait se produire, le destin avait donc choisi de la détromper en lui faisant un doigt d’honneur au passage. Qu’est-ce qui était plus fâcheux que l’absence de réponse de Casey ? De découvrir que le mutisme était bien volontaire puisque la jeune fille apparut dans la salle de cours de sortilèges comme si elle n’avait pas été absente des semaines, rendant le monde entier fou d’inquiétude. Cela la contraria au plus haut point. Plus que Casey ne pourrait sans doute l’imaginer ou le comprendre. C’était sa faute, elle accordait tellement d’importance à ses amitiés qu’elle en devenait étouffante, mais elle ne comprenait pas que sa façon de concevoir les choses puisse ne pas être partagée par tout le monde. Elle avait déjà senti une distance s’installer entre la Serdaigle et elle après le rituel de magie, mais elle n’avait pas voulu le prendre en compte, comme si faire semblant que le problème n’existait pas allait le faire disparaître. Là, elle se prenait la réalité en pleine face et il fallait admettre que c’était désagréable. Pourquoi est-ce qu’elle ne comptait jamais assez aux yeux des gens qui lui étaient importants ?

Puis ce fut sa façon de se mouvoir qui interpella la jeune fille. Son regard dans le vide, fixe. Ses grands yeux bleus qui ne s’accrochaient à rien. Son estomac se tordit violemment et une vague de nausée la submergea. Tout ça n’avait servi à rien. Etait-ce pour cela qu’elle ne lui avait pas parlé ? Parce qu’elle lui en voulait ? Peut-être que le rituel avait aggravé sa situation. Peut-être qu’elle était bien responsable de quelque chose. Le constat d’échec était comme un coup. Le fait qu’elle ne lui ait pas parlé non plus. Elle était une des rares à savoir, l’une des rares qui aurait pu comprendre. Sa lettre démontrait bien toute sa bonne volonté non ? Mais elle avait été écartée sans ménagement de ses confidences et elle voulait savoir pourquoi. Même si ses peurs lui murmuraient déjà des solutions plus désagréables les unes que les autres.

Alors que tous les autres élèves quittaient la pièce pour aller manger, le cours terminé, Carla resta en retrait, observant silencieusement Casey sans pour autant esquisser un pas vers elle. Etait-elle capable de sentir sa présence ? Le poids de son regard autant que de sa colère ? Sans doute. Au lieu de partir rapidement, la Serdaigle mit un certain temps à ranger ses affaires. Cela pouvait évidemment être dû à son nouvel état, mais Carla avait tendance à croire que ce n’était pas le cas. Casey restait brillante, si elle avait voulu lui filer entre les doigts, ce n’était pas sa cécité qui allait l’en empêcher. Avec sa mémoire photographie, Carla était presque persuadée qu’elle se repérait mieux que bien des premières années dans ce château, même dans cet état. Pendant une seconde, l’envie de tourner les talons et de partir sans explication fut si forte qu’elle dut se faire violence pour rester. Elle aurait aimé lui opposer le même mutisme pour la blesser autant qu’elle l’était. Puis un semblant de raison dans son océan d’égoïsme lui rappela que la situation était déjà assez compliquée pour ne pas qu’elle y ajoute un caprice. Et dieu seul savait à quel point se montrait raisonnable lui coûtait en cet instant.

Elle prit une inspiration, comme pour se donner du courage et s’avança doucement vers son amie. Devait-elle s’annoncer ? Elle n’avait jamais eu à réfléchir à cette question. Tant de gestes machinaux auxquels elle devait maintenant réfléchir, comme si plus rien n’était naturel. Peut-être qu’elle n’avait pas besoin de dire un mot pour que la Serdaigle reconnaisse son parfum mélange léger de pêche et de jasmin ou que ses pas étaient assez caractéristiques, mais elle ne pouvait pas le deviner. Tout comme elle ne savait pas s’il était délicat de le demander. Après une seconde d’hésitation, elle opta pour une forme d’entredeux. S’annoncer, c’était reconnaître la cécité de son amie. Ne rien dire était la prendre possiblement en traître.

- Casey. Mangeons ensemble.

Elle lui devait des explications et Carla avait du temps. Si elle pensait s’en tirer uniquement en apparaissant sous ses yeux comme par magie et qu’elle ne dirait rien, elle se trompait lourdement. Elle n’était pas assez cruelle pour lui imposer la grande salle, elles pourraient toujours passer aux cuisines et récupérer quelques sandwichs pour s’asseoir dans un coin calme à l’abri des regards, mais elle n’était pas assez charitable pour la laisser la fuir. Elle passa son bras dans le sien, comme elle avait pu le faire dans le passé quand elle souhaitait l’entraîner à sa suite et que Casey, stoïque, ne montrait pas assez d’enthousiasme à son goût. Ca irait plus vite pour se diriger et surtout ça éviterait d’attirer l’attention de l’école entière sur elle. Rien de plus innocents que deux amies bras dessus, bras dessous dans des couloirs, non ?

Impossible de savoir si la Serdaigle avait eu l’intention de se dérober ou si elle considéra uniquement son geste comme trop intrusif, en tout cas, Carla eut presque l’impression de la sentir se tendre, ce qu’elle prit comme une volonté de fuir. Piquante comme elle savait l’être quand elle était malheureuse, elle se contenta de constater sur un ton neutre

- Tu peux essayer de m’éviter. Je doute que tu me battes à la course.

Oh ce n’était pas gentil comme remarque et elle irait en enfer pour cela, mais sa patience avait des limites. Et elle était persuadée que Casey la détesterait encore plus de la traiter comme si elle était en sucre que de la bousculer un peu. Enfin, elle l’espérait fortement après avoir dit ça. Elle attendit que Casey se saisisse de ses affaires avant de lui impulser le pas, prenant soin de calquer sa démarche sur la sienne pour ne pas la mettre en difficulté et surveillant avec une attention presque inquiétante tous les obstacles qui auraient pu la gêner. Elle ne s’était jamais rendue compte que se déplacer nécessiter autant d’efforts et de paramètres à prendre en compte, s’en était presque déprimant. Quand elles furent sorties de la salle de classe, elle reprit sur le même ton faussement détaché

- Quelle surprise de te trouver en cours. Ton hibou a dû se perdre, je ne me rappelle pas que tu m’aies annoncé ton retour. Ou que tu m’aies répondu d’ailleurs.

Son jeu d’actrice était pitoyable. Même elle était capable de s’en rendre compte.

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Message(#) Sujet: Re: Your eyes stole my words - Casey & Carla Your eyes stole my words - Casey & Carla EmptyJeu 8 Avr - 10:31


( Your eyes stole my words | CARLA ☽ CASEY )

Les trois heures dédiées au cours de Sortilèges s’écoulèrent dans une forme de torpeur oppressante. Ce qui s’était avéré relativement simple au manoir des Pumpkin se compliquait à Poudlard. Seule dans la demeure familiale, Casey pouvait se noyer dans son silence autant que dans sa cécité et s’envelopper de cette impression rassurante qu’elle était décisionnaire de cet isolement. Elle ne voyait rien mais il n’y avait rien à voir ; elle ne pouvait poser ses yeux bleus sur ceux qui l’entouraient car personne n’était là. Son infirmité avait été bien plus facile à vivre quand elle n’était confronté à rien d’autre qu’à sa propre existence. Là, au milieu d’une salle de classe dont les seules couleurs étaient celles de sa mémoire, tout était différent. Bien à l’abri derrière ses retranchements, la brune ne pouvait se fier qu’à ses quatre sens encore vaillants et dont l’utilité semblait tellement dérisoire en comparaison de la vue. Attentive aux sons qui résonnaient dans la pièce, elle se raccrocha à la voix du professeur Takeda dont le cours débuta, imposant un certain calme seulement troublé par les réponses des élèves. Petit à petit, la Serdaigle parvint à dresser une carte mentale de la salle, se fiant à son ouïe. Quelles certitudes avait-elle concernant la justesse de ses déductions ? Absolument aucune. Tout comme elle ne pouvait savoir si cette sensation pesante d’être scrutée de toute part était le fruit de la réalité ou de son imagination. Plus les trois heures approchaient de leur fin, plus Casey se questionnait sur la suite immédiate de sa journée. Brooklyn, Felicia et Carla suivaient également ce cours et elle ne pourrait les éviter éternellement. D’une façon ou d’une autre, il faudrait que les confrontations se produisent et si certaines ne l’inquiétaient guère, d’autres la laissaient plus mitigée. Néanmoins, le vide qui la grignotait de toutes parts l’empêchait de plus se questionner sur ce point. Chaque chose viendrait en son temps. La prochaine étape serait de décider quoi faire pour le déjeuner et la réponse était trop claire à son goût : la Grande Salle était une épreuve qu’elle n’était pas encore prête à relever seule.

Avec toute l’impassibilité qui la caractérisait déjà en temps normal mais qui semblait s’être incrustée plus profondément encore dans ses traits de glace, Casey s’employa à ranger précautionneusement, et sans se presser, ses affaires. Elle n’avait jamais été de ces élèves qui se pressent de quitter les cours ; le plus souvent, elle arrivait dans les premiers et repartait dans les derniers. Ce n’était donc pas inhabituel qu’elle soit encore assise, à rouler ses parchemins et à refermer la boucle de son sac quand les derniers raclements de chaises se firent entendre. Alors pourquoi cette impression pesante que un ou des regards ne la lâchaient pas ? Il allait bien falloir qu’elle s’y fasse : ce serait son lot quotidien, désormais. Si quelques solutions habitaient son esprit depuis qu’elle s’était réveillée aveugle, elles ne faisaient pas partie de celles qui s’acquièrent du jour au lendemain. Aussi en était-elle réduite à devoir supporter l’immédiat avec cette crispation qui lui nouait la nuque. La Serdaigle prit tout son temps, espérant en secret que tout le monde soit déjà parti quand viendrait son tour de se lever et de quitter la salle de classe. Une certaine pudeur accompagnait encore son handicap ; une pudeur dont il lui faudrait rapidement se débarrasser : elle ne pouvait pas arpenter éternellement les couloirs, la tête basse et le pas hésitant, se demandant à chaque seconde si on l’observait ou si on murmurait sur son passage. Passant la bandoulière de son sac sur son épaule, elle se décida enfin. Elle sauterait le déjeuner pour aujourd’hui, n’ayant qu’une seule envie : celle de se retrancher dans la Salle des Capitaines et son calme idéal. Elle ne pensa même pas au fait qu’elle n’était probablement plus dans son droit, car son insigne de capitaine de Serdaigle lui avait sûrement été retiré en même temps que la vue. Mais c’était le cadet de ses préoccupations : elle connaissait le mot de passe et personne ne s’y rendait jamais.

Un léger parfum féminin l’accompagna alors qu’elle repoussait sa chaise. La jeune femme se força à ne pas tourner la tête, ni à droite, ni à gauche, et resta parfaitement stoïque. Le plus dur était de perdre ces réflexes profondément ancrés qui la poussait à vouloir chercher du regard une présence que son être tout entier ressentait ; à vouloir laisser sa vue concrétiser une intuition. C’était devenu impossible et elle ne pouvait plus se fier qu’à son ouïe, son odorat et certaines réminiscences capables d’associer une chevelure blonde à ces senteurs de pêche et de jasmin. Casey avait espéré que Brooklyn la retrouverait après le cours : elle aurait pu lui expliquer son retour accéléré à Poudlard et son père qui avait sollicité la restitution de sa baguette auprès de la Directrice ; elle se serait accroché à son bras comme elle s’accrochait à lui depuis qu’elle était devenue aveugle et se serait sentie apaisée grâce au repère rassurant qu’il représentait. Ce ne fut pas sa voix qui s’éleva, mais celle de Carla. Ses mots avaient des allures non-négociables et son bras qui vint entourer celui de Casey acheva de souligner ce point. Raidie par ce contact, elle resserra ses doigts autour de la lanière de son sac, comme pour mieux se raccrocher à elle-même et ne pas se laisser déborder par les émotions contradictoires qui l’envahissaient. Elle détestait être ainsi dépendante d’une tierce personne et de se laisser entraîner par le bon vouloir de celle-ci. Toutefois, dans un élan purement égoïste, la brune pouvait y trouver son compte : la prochaine étape s’avérait finalement plus facile que prévu. D’un point de vue purement technique uniquement ; d’un point de vue social, ce qui s’annonçait la retrancha derrière des défenses érigées très haut.

« Je ne comptais pas me mettre à courir » répondit-elle sans aucune forme d’humour ni de sarcasme. Elle était, de toute façon, plus que jamais dénuée de l’un ou de l’autre. À bien y réfléchir, Casey construisait toutes ses relations par mimétisme. La noirceur de Felicia réveillait la sienne et les deux jeunes femmes s’accordaient à la perfection dans leur apathie qui couvrait de nombreux sujets. La persévérance de Carla et son affection avaient crée quelque chose de nouveau chez la jeune femme, une capacité à s’ouvrir et à lâcher prise. Quelque chose qui y ressemblait, en tout cas. Mais ce qui la rongeait plus profondément chaque jour ne pouvait être en accord avec les multiples facettes d’une personnalité qui se construisait sur l’imitation de ses pairs. Cela s’accordait parfaitement avec le détachement de Felicia et ses colères froides. Cela s’accordait bien moins avec le tempérament de Carla. La distance qui n’avait fait que s’agrandit depuis le rituel de la rentrée en était l’illustration logique. Autant de faces ne pouvaient coexister éternellement. Face à plusieurs chemins, il fallait finir par choisir. Et maintenant qu’elle ne voyait plus, il était évident que Casey choisirait la facilité de la maîtrise plutôt que le danger de la nouveauté induite par ce qui nécessitait de surpasser ses propres limites. « Parce que je n’en ai pas envoyé. » Son constat était cruel et dénué de toute douceur, sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte. C’était un fait, rien de plus. Pourquoi travestir la vérité ?

Elles quittèrent la salle de classe, Casey le comprit au changement de température et d’atmosphère qui marqua leur retour dans les couloirs. Sa baguette magique n’avait pas quitté ses doigts et elle lança le même sortilège dont elle avait usé pour parvenir jusqu’au cours de Sortilèges, sans pour autant se dégager de l’étreinte de Carla. Plus par nécessité que par plaisir : cela facilitait ses pas. Néanmoins, il fallait qu’elle s'habitue le plus rapidement possible à se laisser guider par sa baguette, aussi concentra-t-elle une partie de son esprit à réagir aux tremblotements de cette dernière. « Je n’avais pas la tête à écrire » poursuivit finalement la brune, sans mentionner ses quelques courriers avec Cameron ou avec Brooklyn. Mais là où il avait été si simple de leur envoyer un hibou, un blocage profond l’avait empêché de faire de même avec Carla… ou avec Caleb. « Et mon retour à Poudlard a été décidé à la dernière minute. » Sa main gauche fut tirée imperceptiblement du même côté et Casey tourna légèrement la tête dans cette direction. « À gauche, pour la Grande Salle ? » demanda-t-elle, vérifiant qu’elles partaient bien vers le bon endroit.


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Message(#) Sujet: Re: Your eyes stole my words - Casey & Carla Your eyes stole my words - Casey & Carla EmptyJeu 8 Avr - 17:53

Your eyes stole my words



L’avantage de la personnalité excessivement sérieuse et premier degré de Casey est qu’elle lui répondit sur le même ton neutre, sans la moindre pointe d’ironie, quand Carla lui annonça qu’elle serait incapable de la battre à la course. Difficile de savoir si elle n’avait pas saisi la méchanceté dissimulée ou si elle avait au contraire choisi de ne pas y répondre. Les deux explications étaient plausibles. Les deux étaient inquiétantes. Sans être une spécialiste des relations humaines, Casey avait tendance à s’améliorer au contact de Carla. Elle arrivait à saisir ses sarcasmes, son ironie quand la blonde faisait l’effort de forcer le trait. Là, elle agissait comme si la distance imposée entre elles lui avait retiré cette compétence. Ou alors elle n’accordait pas suffisamment d’intérêt à la Serpentard pour gâcher son énergie à lui répondre. Dans toutes les hypothèses, il existait un fossé entre elles qui n’existait plus depuis longtemps. Casey y était sans doute profondément indifférente, comme elle savait si bien le faire. Mais pour Carla, ce constat avait des allures de coup de poing dans l’estomac. C’était violent, inattendu, douloureux.

Comme si elle avait été en mesure de percevoir la plaie et la volonté de lui faire toujours plus mal, elle jeta du sel sur les plaies de la blonde en lui indiquant qu’elle n’avait pas envoyé de hibou. Ce n’était pas qu’elle dise la vérité le problème, la difficulté était qu’elle ne semblait absolument pas contrite de son aveu. Elle ne lui avait pas envoyé de hibou parce qu’elle n’avait pas à le faire, parce qu’elle n’en avait pas envie et elle n’en était en rien désolée. C’était normal. C’était cruel. Carla tressaillit sous l’assaut et se tendit un peu plus. Peut-être que la brune perçut la crispation de ses muscles, peut-être qu’elle eut des remords. En tout cas, elle ajouta qu’elle n’avait pas la tête à cela et Carla ne put que lâcher à contrecoeur.

- D’accord.

Elle ne pouvait pas le lui reprocher. Mais le choix des mots avait un sens et elle ne lui avait pas dit qu’elle comprenait, parce que ce n’était pas le cas. A dire vrai, elle ne savait pas très bien ce qu’elle ressentait à l’égard de son amie. De la colère, sans aucun doute. De la tristesse aussi, mais il y avait une culpabilité sans borne. Ces trois émotions se disputaient alternativement la première place et cohabitaient difficilement. La tristesse la poussait à adopter une attitude résignée, la colère à blesser son interlocutrice autant qu’elle l’était et la culpabilité supposait qu’elle lui pardonne n’importe quoi pour faire taire sa conscience. Comme elle était incapable de trouver un comportement qui pourrait faire taire la totalité de ses émotions négatives, elle se contenta de marcher dans un silence pesant. Il était toujours étonnant qu’elle ne trouve rien à dire. Elle était trop bavarde quand elle était enthousiaste, trop quand elle était nerveuse également. Il n’y avait que quand elle était songeuse qu’elle ne disait plus rien et cela était toujours mauvais signe. Elle savait donner le change en paraissant enjouée, la teneur de ses pensées l’était bien plus rarement. Elle voguait de contrariétés en préoccupations, d’agacement en tristesse, mais elle était très exceptionnellement seulement joyeuse sans autre arrière-pensée que le plaisir de profiter de l’instant. Quand elle ne savait même plus maintenir le masque, cela signifiait que sa carapace était en train de se fendiller.

- Et à la dernière minute hier soir ou ce matin, il était impossible de me prévenir.

Il y avait de l’amertume et encore, elle ne savait même pas que Casey avait continué d’écrire à Cameron et Brooklyn. Seul le bruit de leurs pas continua à raisonner entre elle, jusqu’à ce que Casey lui demande vers où elle se dirigeait. Effectivement, elles allaient passer vers la grande salle en prenant cette direction. Carla ralentit le pas, pour laisser Casey choisir

- La Grande salle si tu le souhaites. J’allais à gauche pour qu’on récupère un truc aux cuisines et qu’on mange au calme. J’avais pas envie de t’imposer la foule, mais si c’est ce que tu veux, ça me convient.

Ce n’était pas totalement vrai. Elle était tellement braquée par cette conversation que si la jeune fille lui proposait la grande salle, elle aurait l’impression que c’était pour ne pas rester seule avec elle. Si au contraire elle lui répondait de manière conciliante en lui disant qu’elles feraient comme la Serpentard voulait, elle prendrait ça pour une maque de désintérêt. Elles firent quelques pas avant que Carla ne lui demande de manière aussi brusque qu’inattendue

- Ta cécité. Tu m’en juges responsable ? C’est pour cela que tu n’as pas écrit ?

Le détachement de sa voix était insuffisant à camoufler la peur et la culpabilité qui se dessinaient en filigrane dans ses propos. Le choix de lui poser frontalement la question était risqué. Elle évitait de perdre du temps en vaines palabres et elle était certaine que Casey comprenait ce qu’elle voulait dire. Mais d’un autre côté, elle lui offrait également sur un plateau toutes ses craintes dont la jeune fille pouvait se servir à loisir pour repousser les tentatives d’approche de cette amie bien trop étouffante.

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Message(#) Sujet: Re: Your eyes stole my words - Casey & Carla Your eyes stole my words - Casey & Carla EmptyMar 13 Avr - 11:38


( Your eyes stole my words | CARLA ☽ CASEY )

À pas lents, elles quittèrent la salle de classe. L’esprit alerte de Casey essayait désespérément de se raccrocher à un millier de petites choses en mesure de pallier sa cécité. C’était épuisant et cela lui demandait une concentration accrue, des forces et une énergie qu’elle ne pouvait mettre dans autre chose… qu’elle ne mettait plus dans ses rares interactions sociales. Carla était tout ce qu’elle n’avait jamais été : fille choyée d’une famille aisée, grande blonde élancée au sourire charmeur, habituée des autres et des liens qui se créaient entre les gens, capable de les manipuler pour arriver à ses fins et de les comprendre dans leurs plus infimes variations. Elle était un rayon de lumière là où la Serdaigle préférait se nicher dans les ombres. Les deux jeunes femmes avaient trouvé un équilibre inattendu qui demandait des efforts de chaque côté. Que se passerait-il, maintenant que l’une des parties ne cherchait plus à tempérer sa nature de glace et se retranchait derrière des défenses plus férocement érigées que jamais ? À chaque nouveau pas et à chaque nouveau mot, la distance instaurée par Casey semblait se creuser un peu plus et la tension se durcir. Elles continuèrent pourtant leur chemin, accompagnées des brèves explications de la brune — qui avaient plus des airs de faits placidement énoncés que d’excuses ou de remords — et des monosyllabes de la blonde. Impossible d’ignorer l’absence de chaleur au creux de leurs échanges. D’un côté, Casey veillait à ne montrer qu’une surface lissée de toutes ses émotions et, de l’autre, Carla tentait, en vain, de trouver une infime prise à laquelle se raccrocher, sans que la première ne l’y aide.

Le silence remplaça les rares mots prononcés et s’épaissit durant quelques secondes encore, peut-être quelques minutes, mais la Serdaigle était trop concentrée sur les tressaillements de sa baguette, cherchant à les analyser et à ne pas manquer la moindre de leurs indications, pour s’en offusquer. Puis la voix de Carla perça de nouveau les ténèbres, habillée de quelque chose qui n’avait rien d’agréable. Casey ne pouvait plus contempler ses traits, fouiller son regard et observer les expressions de son visage à l’aide d’indices pour saisir le sens caché d’un ton qui en disait au moins autant que les paroles articulées. Elle était seule, face au sens premier des mots, seulement aidée — et encore, cela ne l’aidait pas beaucoup — d’une vague sensation qui poussait la voix de la Serpentard en avant. Rancoeur ? Colère ? Tristesse ? Ou bien se faisait-elle tout simplement des idées ? Et même si elle avait été capable de déterminer avec certitude quelle émotion perçait derrière les propos de la blonde, aurait-elle été plus sensible à la peine qui l’agitait ? Casey se sentait trop vide pour cela. Même son mimétisme habituel ne pouvait rien face à cette grisaille indifférente qui l’enveloppait depuis que ce voile noir s’était déposé sur ses yeux océans. Raison pour laquelle elle n’était même pas piquée par le ton accusateur de Carla. Aurait-elle pu envoyer un mot en catastrophe hier au soir ? Oui. L’avait-elle fait ? Non. En éprouvait-elle le moindre remords ? La réponse ne plairait sûrement pas à la Serpentard. « Impossible ? Non. Je n’avais pas la tête à écrire » répéta-t-elle, d’un ton aussi calme que précédemment. On pouvait avoir l’impression qu’elle expliquait à un enfant un peu trop impatient que les adultes n’avaient pas de temps à leur consacrer et qu’ils avaient des affaires plus urgentes à régler. En réalité, elle énonçait juste sa vérité. Prévenir ses camarades, ses… amis de son retour à Poudlard n’avait pas été dans ses préoccupations immédiates. En réalité, elle n’y avait même pas pensé. Elle était seule dans ses ténèbres et si elle savait qu’elle retrouverait du monde au château, elle avait repoussé les confrontations à plus tard. Cherchant ses mots, elle poursuivit, essayant d’être le plus explicite possible, sans même penser au fait que Carla ne voulait peut-être pas de faits tangibles mais simplement à être rassurée. Pour cela, elle n’était pas venue chercher la bonne personne. « Je n’avais pas envie de répondre aux questions, ni de me savoir attendue ce matin. Je suis devenue aveugle, Carla, et c’est quelque chose de suffisamment complexe à appréhender pour que j’y consacre toute mon énergie. » Plongée dans son propre égoïsme, Casey ne pouvait percevoir, encore moins comprendre, celui de la Serpentard. Finalement, ses mots supprimaient un doute, s’il pouvait encore y en avoir un : quoiqu’en dise Casey, elle n’avait pas envoyé de mot uniquement parce que, prise par le temps, elle n’en avait pas eu pour écrire ; elle n’avait pas envoyé de mot surtout parce qu’elle n’en avait pas envie. « De toute façon, vous écrire pour vous prévenir n’avait pas d’importance, » poursuivit-elle, allant jusqu’au bout de ses pensées sans la moindre pitié pour ce que ses paroles pouvaient bien provoquer, inconsciente de la dureté qui les habillait. « nous partageons suffisamment des cours pour que vous le découvriez rapidement. » Après tout, elle n’était pas restée cachée et ne voyait donc aucun mal à n’avoir pas écrit de communiqué de presse pour annoncer son retour à l’école. Elle ne valait pas tant d’intérêt, voilà ce que suggéraient ses propos en sous-texte.

De nouveau, le silence. Jusqu’à ce que sa baguette tressaute vers la gauche et que Casey se fende d’une interrogation concernant leur destination. Carla ralentit l’allure, poussant la brune à en faire de même, tout en lui laissant le choix de l’endroit où elles déjeuneraient. Grande Salle ou pas Grande Salle ? La jeune femme était incapable de se figurer ce que pourraient bien lui faire le bruit et la foule rassemblée en un seul espace. D’un autre côté, il lui semblait délicat d’éviter les lieux jusqu’à la fin de sa scolarité. L’était-ce réellement ? Après quelques secondes de réflexion qui ne menèrent à aucun choix, elle haussa finalement les épaules, sans pouvoir savoir si Carla l’observait et avait vu son mouvement ou non. « Peu m’importe, je te suis. » Ce n’était pas non plus comme si elle avait trop le choix, mais l’ironie de la situation lui échappa complètement. Elle sentait, sans être capable de mettre le doigt dessus et de saisir ce qui n’était qu’une vague impression, que Carla n’avait pas abordé un dixième de ce qu’elle avait envie de lui dire. Se retrouver seules ne serait peut-être pas un grand mal, mais la brune ne parvenait pas non plus à savoir si cela lui ferait réellement plaisir. Dans tous les cas, elle se concentra de nouveau sur leurs pas et leur allure, prête à rompre le sortilège qui la guidait jusqu’à leur destination si cette dernière devait changer. D’un point de vue purement pratique, l’endroit où elles iraient lui permettrait, quoiqu’il en soit, d’entraîner son esprit à se diriger à l’aveugle.

Et puis, brusquement, Carla perça leur énième silence d’une interrogation à laquelle Casey ne s’attendait pas. Parce qu’elle s’était détachée des émotions des autres ou parce que l’idée ne l’avait jamais effleurée, difficile à dire. Il lui était impossible de poser un regard songeur sur la Serpentard, alors la brune se contenta de tourner et retourner la question dans le secret de ses pensées afin de formuler une réponse construite comme elle les aimait. « Non. Il était clair que j’allais perdre la vue bien avant ton implication. » Le rituel propulsé par les décisions de Carla l’avait privée d’un œil et lui avait laissé cet espoir inconséquent de ne jamais perdre le second. Mais la magie noire n’était pas si simple et n’était pas du genre à rendre ce qui avait été ravi. « Et je suis satisfaite de ce que j’ai obtenu en échange. » Les migraines n’étaient plus, sa concentration était entièrement revenue, de même que ses souvenirs, sa mémoire et tout ce que cela impliquait. Non, être aveugle ne la dérangeait guère, en réalité. Aidée dans ce détachement par ce vide qui prenait de plus en plus de place, cela aurait peut-être dû l’inquiéter. Mais il était sûrement trop tard pour cela. Pourtant, les mots de Felicia résonnaient durement dans son esprit. Elle lui avait reproché l’implication d’une tierce personne et, au fond d’elle, Casey savait bien que ça avait été un choix irréfléchi. « Est-ce que le professeur van Aken garde un œil sur toi depuis cette fois ? » Elle ne jugeait pas Carla responsable de sa cécité. Mais qu’en était-il de ce serment qui la liait maintenant à van Aken ? Jamais encore la Serdaigle ne s’était posée la question, mais maintenant, l’idée faisait doucement son chemin, laissant planer un doute qu’elle n’était pas en mesure de balayer si facilement.

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Message(#) Sujet: Re: Your eyes stole my words - Casey & Carla Your eyes stole my words - Casey & Carla EmptyLun 26 Avr - 22:09

Your eyes stole my words



Plus Carla tentait de communiquer, plus la Serdaigle lui assénait des vérités bien trop violentes pour elle. Elle énonçait un fait avec froideur, Carla encaissait ce qui s’apparentait à un coup. Si elle avait été maligne, elle se serait rendue compte que ce ne serait que l’un des premiers d’une longue lignée et que cette conversation n’aurait jamais rien d’agréable. Elle était venue quémander de l’affection et se faire rassurer. Son amie, pour des raisons qui étaient les siennes et qui étaient sans doute légitimes, en était incapable. Elle lui dit qu’elle n’avait pas eu envie d’écrire, de répondre aux questions ou encore d’être attendue, lui opposant qu’être devenue aveugle était une situation complexe. Carla se mordilla la lèvre, prise d’un élan de culpabilité. Casey avait raison, c’était égoïste d’exiger d’elle qu’elle la rassure alors que c’était elle qui avait besoin de soutien. Est-ce pour cela qu’elle ne l’avait pas contactée ? Parce qu’elle la savait trop égocentrique pour comprendre ? Elle acquiesça doucement, sans se rendre compte que son amie ne la voyait pas. Elle pouvait essayer de tout accepter et elle y consacrait sincèrement toute son énergie, mais quand elle lui dit que les prévenir n’avait pas d’importance, elle laissa échapper un sifflement de colère.

- Ca avait de l’importance parce que tu m’es importante.

Il fallait croire que l’inverse était bien moins vraie. Carla tiqua quand Casey lui dit qu’elle savait qu’elle allait perdre la vue avant son implication. Alors elle n’avait jamais cru qu’elles pouvaient réussir ? Pourtant, elle avait validé chaque partie du rituel, elle avait tout vérifié. Elle aussi y avait cru ne serait-ce qu’un instant, sinon elle ne se serait jamais amusée à lui faire prendre des risques … Non ? Avant elle aurait été sûre d’elle. Aujourd’hui, elle ne savait plus. Mais puisque l’heure était aux questionnements frontaux, elle continua de plus belle. La subtilité n’avait aucun intérêt avec elle alors elle ne s’embarrassait pas de sous-entendu. A quoi bon ? Elle ne les comprenait pas, de toute façon.

- Alors pourquoi tu m’évites depuis ce fichu rituel ?

Sous ses apparences de sollicitude, la question de Casey acheva de déstabiliser complètement Carla. Elle avait toujours supposé que si son amie ne l’avait jamais interrogée sur van Aken, c’était parce qu’elle se doutait que ce dernier la surveillait et qu’il n’y avait rien dire de plus sur le sujet. Elle n’avait jamais envisagé que ce silence était dû au fait qu’elle ne s’était jamais questionnée sur cette idée. Qu’elle n’ait pas envie de parler du rituel, elle pouvait l’admettre, qu’elle réalise des mois après qu’elle ne s’était jamais souciée des conséquences, cela ne faisait que rajouter à l’amertume de la Serpentard. Peut-être qu’elle avait d’autres choses en tête, c’était même évident. Mais elle avait été prête à n’importe quoi pour elle, pourquoi est-ce qu’elle ne pouvait pas lui faire grâce de quelques minutes à occuper ses pensées ? Sa gorge se noua et elle pinça les lèvres. A force de chercher à être entourée, elle en avait oublié les bienfaits de la solitude. Quand il n’y a personne d’autre que vous-même, il est impossible d’être déçue. Et ces derniers temps, elle aurait bien aimé que son entourage ne cesse de la pousser dans ses retranchements. A voix basse, elle murmura

- Je pensais que tu savais et que c’était pour cela que nous n’en avions jamais parlé.

La déception dans sa voix était palpable. Elle n’essayait même plus de cacher ses émotions dans cette conversation qui ne lui amenait que des désillusions. Elle n’était même pas déçue de Casey, la Serdaigle ne lui avait jamais rien promis et elle n’avait jamais prétendu être particulièrement chaleureuse ou attachée aux autres. c’était Carla qui avait voulu l’imaginer ainsi et qui avait tenté de la façonner à son image. La brune ne faisait qu’affirmer ce qui lui revenait de droit, à avoir un libre arbitre et le choix de ses émotions comme de ses fréquentations.

- Evidemment qu’il me surveille, il n’allait pas me laisser m’en tirer aussi facilement. Tout comme je me doute qu’il ne vous a pas lâché d’une semelle avec Felicia.

Elle s’arrêta au niveau des cuisines, chatouilla la poire verte du tableau pour y accéder et fit signe à elfe de maison dès qu’il entra pour lui murmurer quelques mots. La créature s’activa pour lui préparer ce qu’elle avait demandé et au bout d’une minute, elle récupéra un panier de victuailles. Casey et elle ne dirent pas un mot durant tout le temps de l’opération. Le silence s’éternisa le temps qu’elles sortent dans la cour et s’installent sur un banc de pierres. Casey s’accrochait à la moindre de ses sensations pour se repérer et Carla préférait ne rien dire plutôt que de s’énerver. Ce n’était pas particulière un silence confortable, bien au contraire, mais la Serdaigle ne semblait pas y prêter réellement attention. Ou elle faisait bien semblant.

- Tu veux manger quoi ?

Elle brisa enfin son mutisme de mauvaise grâce, prête à faire passer à son interlocutrice ce qu’elle souhaitait. Elle voulait s’expliquer avec elle, pas la laisser mourir de faim. Même si l’idée de la laisser tout court lui avait effleuré l’esprit tant elle était contrariée.
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Message(#) Sujet: Re: Your eyes stole my words - Casey & Carla Your eyes stole my words - Casey & Carla EmptyVen 30 Avr - 16:12


( Your eyes stole my words | CARLA ☽ CASEY )

Importante ? Casey tourna et retourna le mot, le mâcha et le remâcha, l’inspecta sous toutes les coutures, en cherchant la saveur et se surprenant à lui en trouver une aigre-douce. Longtemps, elle n’avait été importante pour personne. Un père violent, une mère soumise et un unique repère qui lui avait été ôté sans que jamais la moindre nouvelle ne lui parvienne. Une rancœur qui s’était développée d’un abandon précoce puis des familles d’accueil dont les préoccupations n’étaient pas toutes nobles. Quand bien même elle était tombée sur un couple gentil, elle ne s’était toujours pas sentie importante. Sa place, elle avait eu l’impression de la trouver en décachetant cette lettre qui lui annonçait son inscription à Poudlard et en écoutant cette dame lui dire qu’elle était une sorcière. Sans pour autant devenir importante aux yeux de quiconque. Elle s’était battue des années entières contre la rancune et la colère que la silhouette de Brooklyn avait provoquées, lors de la répartition. Puis encore des mois et des mois pour se sentir vitale à ses yeux, comme il l’était aux siens. Quand finalement elle trouvait ce qu’elle avait toujours cherché, au plus profond d’elle-même — des gens sur qui compter et auprès de qui le mot confiance ne prenait pas des teintes effrayantes — elle assassinait tout, sans un sursaut de culpabilité, enfouissant les remords et les regrets au plus profond d’elle-même comme s’ils n’étaient que des nuisibles. Cette manie de l’auto-destruction était dans son sang depuis toujours… Force était de constater qu’elle ne s’en était jamais débarrassée. La brune conserva le silence. Que répondre ? Ce n’était pas une question mais une affirmation et le ton de Carla ne souffrait pas de contestation. Elle était importante pour elle. Et la blonde l’avait été… l’était toujours ? Il était plus facile pour Casey de s’isoler quand elle n’était pas directement confrontée aux volontés des autres. Ignorer les hiboux, se complaire dans le silence, se perdre dans une solitude qu’elle croyait bénéfique, c’était plus aisé quand les accents chargés de sentiments de la Serpentard n’étaient pas là pour faire trembler ses convictions si fragiles. Elle n’avait jamais été une force de caractère. Elle semblait résistante parce qu’elle s’évertuait à ne jamais rien affronter qui puisse la détruire et qu’elle enterrait tout ce qui en aurait été capable. Mais l’entêtement à se faire du mal ne signifiait pas qu’elle était inébranlable, loin de là.

Laissant Carla décider de ce que serait la suite de leur discussion et de l’endroit où elle se poursuivrait, la jeune femme se concentra plutôt sur les mouvements de sa baguette et sur ce qu’ils disaient de la direction qu’elles prenaient. Le silence s’étira, loin de faire partie de ceux qui étaient confortables ou paisibles, jusqu’à ce que la blonde interroge la brune sur la responsabilité qu’elle lui accordait quant à sa cécité. Avec la vue s’en était allé le goût pour bien des choses. Les émotions avaient toujours été bien trop lourdes à porter pour les frêles épaules de Casey. Alors, plutôt que de se laisser aller aux siennes propres, elle avait fini par saisir les opportunités que lui offraient celles des autres. Elle n’était pas certaine, en l'occurrence, de ce qui se dégageait de la Serpentard et elle était dans l’incapacité d’étudier ses traits pour essayer d’en tirer quelque chose, n’importe quoi. Elle se raccrocha donc à sa question, étudiant cette interrogation qui était nouvelle pour elle, avant de décider que non, il n’y avait nulle rancœur quant au rituel. C’était Felicia, qui en ressentait. Pas Casey. Casey, elle, ne ressentait presque plus rien. L’évitait-elle ? Ce n’était pas la question de Carla et la Serdaigle n’allait pas remettre en cause ce point. Si elle ne la fuyait pas sciemment, force était de constater que leurs rapports s’étaient distendus, sans que la brune ne fasse quoi que ce soit pour réduire la distance qui s’instaurait. Leur dispute et leur réconciliation ressemblaient finalement aux prémices d’un fossé creusé le jour du rituel… Pourquoi ? C’était ce à quoi il était le plus dur d’apporter une réponse, en conséquence. « Ce n’est pas intentionnel. » fit-elle tout d’abord, d’une voix prudente, tâchant de retracer la voie qu’elles avaient empruntée et qui les avait conduites jusqu’ici. « C’était imprudent de ma part de t’impliquer là-dedans, je n’aurais pas dû… mais j’avais le sentiment que tu n’en ferais qu’à ta tête et que tu n’arrêterais pas tes recherches. Cela aurait pu te coûter beaucoup plus. » Cela leur avait coûté plus, à Felicia et elle. Un serment dont elles ne pouvaient se défaire et que la Poufsouffle lui avait suffisamment reproché. « Certaines choses sont insolubles. » Bien des mystères l’étaient, en réalité, dès lors qu’il s’agissait des rapports humains notamment.

Parler de tout cela ramenait forcément d’autres questions qui n’avaient jamais été prononcées, des choses dont elles n’avaient jamais parlé. La silhouette sévère du professeur van Aken les surplomba, alourdissant les silences d’ombres épaisses. Le ton de Carla laissait percer quelque chose, en filigrane, que la jeune femme n’était pas sûre de déchiffrer. Mais c’était quelque chose qui lui pinça le cœur, un bref instant, avant que les considérations plus factuelles ne prennent sa place. « Le professeur van Aken n’est pas homme à partager ses secrets avec le premier venu » eut-elle pour toute réponse. Il avait sermonné les deux camarades puis s’était assuré leur fidélité forcée à travers un Serment Inviolable. Ce qu’il avait fait, ensuite, et les considérations qu’il portait à Carla, tout ça était resté inconnu pour la brune. Évidemment, elle se doutait qu’il n’était pas resté sans déplacer ses pions et qu’il n’avait pas simplement laissé la Serpentard sans lui adresser au moins quelques avertissements. Mais ce dont il avait été question exactement, Casey l’ignorait. « Effectivement. » Si seulement elle savait à quel point… Cependant, la Serdaigle avait retenue la leçon et les secrets qui leur appartenaient, à Felicia et elle, ne seraient plus partagés avec d’autres.

Casey ne savait plus où elles étaient ni où elles allaient ; seulement que ça n’était pas en direction de la Grande Salle. Elle se laissa guider sans broncher, essaya de demêler l’agitation qui les enveloppa après avoir pénétré un nouvel endroit, et supposa qu’elles étaient dans les cuisines, aux odeurs qui parfumaient l’air et à l’effervescence qui faisait régner un bruit constant de cliquetis et autres bruitages. Le silence ne les quitta pas durant le temps où elles ne bougèrent pas et ne s’effaça pas plus alors qu’elles reprirent leur marche. Un air frais caressa soudainement le visage de la brune et elle ne put que présumer qu’elles étaient dans le parc, désormais. C’était assez difficile de passer outre leur mutisme mutuel puisque la voix, c’était presque tout ce à quoi la brune pouvait se raccrocher, désormais. Mais ne sachant quoi dire et ne pouvait rien faire d’autre que suivre la Serpentard, Casey laissa toute initiative derrière elle. Le bras de Carla n’avait heureusement pas quitté le sien, lui offrant un repère stable dans cette noirceur pleine. Elle était toujours là, c’était une chose dont elle pouvait être sûre, à défaut d’avoir la moindre idée de ce qui pouvait bien agiter l’esprit de la jeune femme à ses côtés. C’était d’autant plus intriguant — peut-être même inquiétant — que Carla n’était pas du genre taciturne, bien au contraire. Elles s’assirent finalement, les doigts de Casey parcourant l’assise composée d’une matière froide qui ne pouvait qu’être de la pierre, d’après les rugosités que sa peau décelait en relief. « Je ne suis pas difficile, ce que tu as pris » répondit-elle quand Carla lui demanda ce qu’elle souhaitait manger. Elle était bien en peine de dire ce que contenait les vivres récupérées par la Serpentard, aussi lui laissait-elle, une fois de plus, le choix de trancher à sa place. Quelque part, il était préférable qu’elle se détache d’une situation qui pouvait s’avérer dure à vivre si on la prenait trop à cœur.

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Message(#) Sujet: Re: Your eyes stole my words - Casey & Carla Your eyes stole my words - Casey & Carla EmptyDim 2 Mai - 0:56

Your eyes stole my words



La conversation était désagréable. Elle était blessante pour Carla, étouffante pour Casey. Peu importe le point de vue que l’on adoptait, il n’y avait finalement pas grand-chose à en tirer et Carla se demandait à chaque seconde qui passait pourquoi elle avait tant tenu à provoquer cette confrontation. La froideur de son amie ternissait ses souvenirs et son affection. Peut-être que l’ignorance aurait été préférable, tout bien considéré. Mais dans un effort désespéré et parce qu’elle s’accrochait à tout ce qu’elle aurait voulu sauver entre elles, elle ne capitula pas. Au contraire, elle se relança courageusement dans la discussion, offrant à son amie sans détour et sa pudeur qu’elle lui était importante. Peut-être que son amitié lui faisait l’effet d’une corde au cou qui ne cessait de se resserrer autour d’elle, mais la blonde n’avait pas pu s’empêcher de le verbaliser. Ce qui était encore plus cruel quand elle se heurta au silence de la brune. Combien de fois avait-elle dit à quelqu’un qui lui était important ? A Maxwell. A elle. Mais elle s’en fichait bien, n’est-ce pas ? C’était son drame éternel, elle attendait des autres une démonstration de quelque chose qu’elle n’aurait pas. Sa colère se transforma en larmes de rage qui lui brouillèrent la vue et menacèrent de dévaler ses joues. Heureusement pour elle, elle les retint. Elle fut même soulagée, de manière profondément malsaine, que Casey ne puisse la voir. C’était une chose de se ridiculiser à quémander à demi mot son amitié, cela en était une autre qu’elle puisse distinguer à quel point cela la touchait. Il y avait des silences plus tranchants que des mots et elle venait d’en faire l’amère expérience.

Quand Casey tenta de se justifier pour le rituel, l’honnêteté aurait dû pousser la Serpentard à admettre qu’elle tentait de faire preuve de tact. Si cela avait été intentionnel, elle ne l’admit pas. Tout comme elle ne lui dit pas qu’elle lui en voulait pour le rituel ou ne fit pas mine de la tenir pour responsable. Au contraire, elle reporta la faute sur elle, mais cela fut intolérable pour la blonde. Elle l’infantilisait. Elle faisait mine de la prendre de haut comme si c’était elle qui lui avait fait une faveur en la laissant participer alors qu’elle avait failli y laisser la peau. Ce n’était pas des reproches, elle était consciente de ses propres erreurs, de son ego et surtout, si c’était à refaire, elle aurait recommencé, juste pour elle. Mais elle ne supportait pas que cela puisse tourné comme si sa participation était une concession faite à une enfant turbulente. Blessée parce qui ressemblait à des remontrances maternelles bien plus qu’aux mots d’une amie, elle se rebiffa aussitôt, répliquant avec froideur

- Que sais-tu de ce que cela m’a coûté ?

Elle ne lui avait jamais demandé. Que savait-elle de la peur qu’elle avait ressenti durant le mois qui avait suivi à l’idée de dormir tellement elle avait l’impression qu’elle n’allait pas se réveiller ? Que savait-elle de ses étranges visions qui lui avaient fait douter de sa propre santé mentale pendant des semaines et des semaines ? Elle s’en fichait bien. Elle lui avait même envoyé un hibou avant le match après une vision peu claire où elle avait cru comprendre qu’il se passerait quelque chose de grave pendant le match et elle s’était effondrée. Mais jamais elle n’avait fait mine de chercher à creuser. D’où un dernier murmure, plus maussade

- Plus important, cela t’intéresse-t-il ?

Elle observa la regard fixe de son amie avant de soupirer et de lui dire avec un peu moins de crispation dans la voix.

- Nous sommes assises sur le banc en pierre côté ouest de la cour. Il n’y a personne autour de nous, tout le monde est à l’intérieur. J’ai demandé plusieurs types de petits sandwichs en cuisine. Ils sont …

Elle esquissa un geste pour prendre la main de son amie et lui désigner, puis elle se ravisa. Casey n’avait peut-être pas envie qu’on la manipule comme une poupée désarticulée et elle pouvait le comprendre. C’était même sans doute la seule chose qu’elle pouvait concevoir dans sa nouvelle condition, une volonté de rester autonome. Elle se mordilla donc la lèvre et réfléchit rapidement à comment formuler la disposition dans l’espace de chaque chose.

- Ils sont entre nous sur le banc, donc à ta gauche, à une vingtaine de centimètres de ta main. De droite à gauche, jambon, poulet, saumon.

Elle se contenta elle de se saisir d’une bouteille d’eau avec laquelle elle joua du bout des doigts, sans pour autant manger quoi que ce soit. Le manque d’appétit chez elle était toujours signe d’une forme de nervosité ou d’anxiété. Elle avait au contraire sinon un bon coup de fourchette. Elle fixa le liquide translucide, toujours aussi silencieuse avant de rouvrir la bouche, décidée à mener cette affreuse conversation jusqu’au bout. Elle n’avait pas souffert pour rien jusque là et il était d’arracher le pansement d’un coup sec au lieu de prolonger cette étrange agonie.

- Je n’arrive pas à comprendre si ma présence t’agrée ou te pèse. Tu me tolères en souvenir d’une amitié ou sommes-nous toujours en bons termes ?

Elle redoutait autant sa réponse que ses non-dits. Aussi elle la dévisagea sans aucune gêne, cherchant au contraire à analyser chacune de ses expressions. Le fait qu’elle ne puisse pas voir son regard insistant y était pour beaucoup. Même si en réalité, elle devait le sentir.

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Message(#) Sujet: Re: Your eyes stole my words - Casey & Carla Your eyes stole my words - Casey & Carla EmptyLun 3 Mai - 18:23


( Your eyes stole my words | CARLA ☽ CASEY )

Des semaines s’étaient écoulées, des mois avaient passés et c’était seulement maintenant que le printemps embaumait l’air de senteurs florales et qu’un soleil presque estival réchauffait leurs visages que les deux jeunes femmes revenaient sur ce rituel qui avait coûté un oeil à l’une et manqué de prendre la vie de l’autre. Les non-dits étaient nés ce jour-là, sans qu’elles ne cherchent jamais à les éclaircir. Casey avait visité Carla à l’Infirmerie, et ça n’était pas le moment d’épuiser son amie avec ce qui était arrivé. Casey et Carla s’étaient retrouvées à la sortie de cette dernière, et une dispute avait éclaté, les plongeant dans un même mutisme qui n’avait pris fin qu’au bout de quelques jours. Dès lors, pourquoi revenir sur ces heures sombres et risquer une nouvelle querelle ? De fait, les non-dits s’étaient profondément ancrés, morcelant leur amitié en crevasses qu’il avait été facile de ne pas remarquer jusqu’à ce qu’elles semblent infranchissables. Alors, à mots prudents, la brune essaya tant bien que mal de retracer l’origine de ce fossé et d’envelopper l’insoluble d’explications logiques. Comment faire quand c’était loin d’être clair pour elle ? Incapable de poser ses yeux océans sur le visage de porcelaine de Carla, la Serdaigle était bien en peine de lire les émotions les plus évidentes qui se dégageaient d’elle. C’était d’autant plus compliqué qu’elle avait une bonne maîtrise de celles-ci et que Casey était loin d’être pourvue des habiletés nécessaires pour saisir le plus infime changement dans son ton ou dans la manière dont ses muscles se crispaient pour en tirer des conclusions. Et pourtant. Impossible, même pour elle, de se méprendre sur la froideur soudaine qui enveloppa les paroles de la blonde, alors qu’elle lui demandait ce que Casey pouvait bien savoir de ce que cela lui avait effectivement coûté. L’accusée resta silencieuse un instant, étudiant sa question comme si cela pourrait lui apporter la réponse. Sans succès, bien évidemment. « J’en sais ce que j’en ai vu. Ton malaise et le fait que tu n’arrivais plus à respirer, puis ton alitement. » N’était-ce pas suffisant pour en déduire que les coûts avaient dépassé les gains potentiels ? D’autant plus que ceux-ci n’avaient même pas été éternels. Un sursis accordé, certes agréable, mais pas au prix d’une vie. C’était ce qu’il aurait fallu, Casey en était de plus en plus persuadée, pour lui assurer de ne jamais perdre la vue. Une vie contre une vue. Elle aurait pu en apprécier l’ironie si seulement elle avait été capable d’en saisir tout le sens.

Après des mois, donc, Carla venait pour la toute première fois de soulever un pan du voile qui masquait l’ensemble des conséquences que leur rituel avait créées. Une fois sortie de l’Infirmerie, une fois réconciliées, Casey ne s’était plus posée la question des séquelles éventuelles de son amie. Ses vieux travers ne la quittaient plus jamais et mieux valait fermer les yeux sur ce qui risquerait de la mettre à terre. Toutes ces années, la jeune femme avait enfoui bien trop de choses : des peurs, des colères, des sentiments divers et variés, des souvenirs douloureux, des prises de conscience terribles, toutes ces choses qu’elle ne parvenait pas à gérer et qui avaient formé, avec le temps, un amas considérable. Une seule étincelle, et tout explosait. L’indifférence n’était pas seulement une facilité, elle en devenait vitale. Car ouvrir les yeux sur un seul de ces éléments pouvait mettre le feu aux poudres et la laisser trop meurtrie pour qu’elle soit en mesure de s’en relever. La brune avait été aveugle toute sa vie — métaphoriquement avant que cela ne devienne physique, comme une énième moquerie d’un destin qu’elle ne comprendrait jamais — préférant se complaire dans l’ignorance que risquer de se perdre dans la clairvoyance. Elle n’avait pas la force que d’autres pouvaient lui prêter. Elle était, au contraire, bien plus faible qu’il n’y paraissait, enfermée entre des murs trop hauts qui l’emprisonnaient chaque jour un plus dans un flegme qui l’isolerait plus certainement que tout le reste. Au milieu de tout cela, parce qu’il restait encore de minces interstices derrière lesquels se faufiler, l’interrogation de Carla réveilla quelque chose. Un éclair de curiosité, un élan d’inquiétude née d’une affection passée que Casey n’était plus en mesure de ressentir qu’au contact direct de celle qui la provoquait. Alors, pour toute réponse au murmure encore bien froid de la Serpentard, elle lui demanda : « Y a-t-il autre chose ? Le prix est-il plus élevé ? » Que supportait Carla depuis tout ce temps que Casey n’avait pas perçu ?

Tout ce qui lui arrivait aujourd’hui n’était que la continuité logique du premier instant où Casey avait commencé à perdre pied. Ses intérêts se délitaient au profit de la seule magie, son cœur s’indifférait sous l’influence de celle-ci, compassion et empathie n’étaient plus que de vagues reliefs lointains dans un caractère qui s’enfonçait dans une apathie implacable. La brune subissait cette conversation sans trop savoir si c’était un bon ou un mauvais moment. Ça aurait dû être l’un, ou l’autre, mais que ce ne soit aucun des deux alarmerait tout observateur extérieur. Carla avait franchi le rideau glacial de sa solitude, comme elle l’avait fait auparavant à Sainte-Mangouste, tirant la brune d’un isolement qu’elle pensait volontaire pour l’entraîner avec elle sur des chemins méconnus. L’histoire se répétait. À ceci près que la Carla d’alors n’avait certainement pas le même ressentiment contre l’indifférence de la Casey d’aujourd’hui. Avec une patience que la Serdaigle ne pouvait apprécier à sa juste valeur, la blonde lui détailla l’endroit où elle se trouvait, faisant naître des souvenirs imagés dans l’esprit de sa camarade, posant des couleurs sur des sons et des senteurs. Les doigts de la jeune femme caressèrent la pierre au moment où Carla confirma qu’il s’en agissait, se représentant mentalement la partie du parc dont il était question et la solitude de leur tête-à-tête. Un panier de victuailles les séparait. Carla faisait preuve d’une précision admirable, distillant les informations essentielles pour permettre à Casey de se retrouver dans un espace complètement aveugle. Comme pour l’en remercier, elle s’empara de l’un des sandwichs, le premier qui lui tomba sous la main, vraisemblablement du saumon si elle était parvenue à se représenter correctement les informations de la Serpentard. L’un ou l’autre, tout lui convenait. De toute façon, elle se préoccupa plus d’émietter consciencieusement un coin de son repas plutôt que de le porter à ses lèvres, l’esprit préoccupé par cette situation qu’elle ne savait trop comment appréhender. Le flegme commençait tout doucement à se fendiller sous l’insistance pleine de persévérance de Carla, laissant Casey suspendue au-dessus d’un vide vertigineux. Que faire, que dire, que penser, que ressentir ? Revenir à Poudlard, c’était se heurter à ses camarades, ses amis, elle en avait bien conscience… Et c’était peut-être la raison pour laquelle elle avait tant hésité avant de franchir ce pas. L’indolence lui plaisait tellement. Elle n’avait pas conscience de la portée suicidaire de cette impression, ne se doutant même pas que, à force d’apathie, elle se laisserait tout bonnement mourir par manque d’intérêt pour quoi que ce soit. Sans Felicia pour rythmer sa soif de connaissance, sans Carla pour éveiller sa compassion et son amitié, sans Brooklyn ou Caleb pour faire battre ce cœur un peu différemment, un peu plus violemment, sans Cameron pour retrouver celle qu’elle avait été alors… sans eux, elle n’était qu’une coquille vide. Mais celle qu’elle était présentement avait comme premier réflexe de rejeter ceux qui étaient capables de lui faire ressentir quoi que ce soit.

La question de Carla perça le tourbillon d’angoisse qui menaçait de la submerger, lui offrant un répit salutaire, comme une bouffée d’air frais dans une noyade assurée. Cela ne faisait que différer le moment où la crise surviendrait, il était inutile de se voiler la face, quand bien même Casey persistait et signait. Le feu n’était pas déclenché, toutes les choses enfouies n’étaient pas encore prêtes à exploser, mais la carapace se fissurait déjà, opposant des sentiments à l’indifférence, replongeant la brune dans une incertitude douloureuse. De longues secondes passèrent, tandis qu’elle se débattait avec elle-même, tâchant tour à tour de refouler ce qui menaçait de la submerger ou d’en tirer quelque chose. « Je ne sais pas » souffla-t-elle finalement, dans un aveu moins catégorique que tous les précédents, signe des pensées qui virevoltaient avec violence au sein de son esprit. Elle en avait presque la nausée et n’avait toujours pas touché à son déjeuner. « Je suis bien toute seule, c’est mieux et plus facile. Mais ta présence ne m’est pas désagréable. Elle ne l’a jamais été. Je crois… » Elle veillait à choisir ses mots avec soin pour poser le plus de vérités sur ce flou total. La situation était pesante, elle ne le niait pas et n’allait pas essayer de mentir à Carla. Mais sa présence en elle-même ne lui était pas insupportable. « que je n’ai plus que des ennuis à t’apporter. » La Serpentard l’avait toujours poussée au-delà de limites qu’elle ne pensait jamais franchir. Et ça avait été bénéfique, lui semblait-il, lui offrant quelques rayons de soleil dans un monde fait de nuances de gris. Comme toute chose qui changeait l’ordre établi, ça ne pouvait être aussi manichéen que bien ou mal. Particulièrement quand il s’agissait de Casey.

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Message(#) Sujet: Re: Your eyes stole my words - Casey & Carla Your eyes stole my words - Casey & Carla EmptyMar 4 Mai - 23:19

Your eyes stole my words



Plus Casey parlait, plus la sensation d’injustice semblait grossir jusqu’à l’étouffer. Elle avait longtemps cru que c’était la culpabilité que les deux jeunes filles avaient pu ressentir qui avait créé cette distance entre elles. Que Casey ne soit jamais demandé ce qu’il se passait pour elle lui paraissait cruel, presque indécent. Pourtant, l’honnêteté la contraignait à dire que son amie ne lui avait jamais rien imposé et qu’elle ne pouvait donc pas lui demander de lui témoigner de la reconnaissance. Mais entre ça et l’indifférence, n’y avait-il pas un juste milieu ? Et plus elle y songeait, plus la contrariété la rendait inutilement piquante. Aussi, elle émit un reniflement presque dédaigneux et marmonna

- Et depuis quand tu te limites à ce que tu sais, Casey ? Tu es une personne intelligente. Tu sais très bien que ce n’est que la face émergée de l’iceberg.

Si elle ne lui dit pas que cette information l’intéressait, elle eut la décence de poser la question. Préoccupation feinte ou réelle inquiétude, le ton de sa voix était encore bien trop posé pour que Carla soit en mesure de le deviner. Néanmoins, le fait qu’elle fasse l’effort de relancer cette pénible conversation eut quand même le mérite de l’adoucir assez pour qu’elle réponde, cette fois plus sincère que contrariée.

- Oui. J’ai voulu t’en parler mais tu étais si … loin. J’ai cru que tu m’en voulais alors je n’ai pas voulu en rajouter. Mais quelle importance ? Tu es encore plus inatteignable aujourd’hui.

Pour être exacte, elles avaient été proches encore un peu, le temps qu’elle lui parle de Caleb. Puis tout s’était délité sans que l’une ou l’autre ne fasse quoi que ce soit. En cela, elle était aussi fautive que la Serdaigle. Par peur du rejet ou par manque de temps, elle n’avait pas tenté non plus d’approche excessivement amicale. Elle s’était contentée d’observer avec une forme de jalousie à peine dissimulée l’étrange duo qu’elle formait avec Felicia et qui semblait toujours plus solide. Sa seule consolation avait été de savoir que Felicia n’avait pas réussi plus de nouvelles qu’elle par hibou puisque cette dernière l’avait contactée. C’était malsain de se réjouir du malheur de l’autre, elle en était consciente, mais dans cette école de malheur les petites joies étaient bien trop rares pour qu’elle ne s’accroche pas à celle-ci.

Casey ne dit rien sur son exposé assez sommaire de ce qui se trouvait devant elle et la blonde en déduit qu’elle avait fourni assez d’informations. En tout cas, la brune se saisit d’un sandwich d’un geste relativement précis tandis qu’elle-même continuait de jouer avec sa bouteille d’eau, comme pour se donner le courage de continuer. Ce qu’elle finit par faire avant que le silence ne menace de les engloutir. Sa question était précise, la réponse le fut bien moins.

Je ne sais pas. Ces quatre mois furent sans doute les plus violents de la conversation alors qu’en apparence, ils étaient si inoffensifs. Personne ne s’offusquait de phrases aussi anodines et pourtant, chez Carla, elle avait un relief et un écho dévastateurs. Ils renvoyaient à des failles d’enfance jamais explorées et jamais refermées. Est-ce qu’elle devait lui en vouloir ? C’était son droit pourtant de ne pas savoir. Il fallait croire qu’elle entrait définitivement au nombre des personnes dénués d’attraits attachants qui ne manquaient au final à personne. Elle avait vocation à tomber dans l’oubli sitôt son rôle joué. Elle avait été l’amie dont Casey avait besoin un temps et aujourd’hui, rideau. Amer constat que de réaliser que l’on est destiné à être éphémère. Triste perspective d’être finalement toujours l’esquisse, l’ersatz de ce qui viendra après. Elle connaissait fort bien ce sentiment, elle l’avait toujours ressenti. Cette impression d’être insuffisante, quoi qu’elle fasse. Dans une pointe de réalisme cruel, cette pensée lui avait traversé l’esprit quand elle était à l’infirmerie. Si elle avait disparu ce jour-là, qui l’aurait sincèrement pleuré ? Pas pleurer comme on subit une perte brusque et inexplicable, avec deux jours de larmes avant l’apaisement. Une vraie tristesse, dévorante, permanente. Elle avait un temps cru que Casey le ferait, mais elle s’était trompée. Casey aurait été rongée par la culpabilité, pas par sa disparition. Non, décidément, elle n’était jamais assez, pour personne. Jamais assez pour qu’on la retienne, jamais assez pour que quelqu’un verbalise qu’elle était précieuse. A cette idée, des larmes de tristesse comme de frustration perlèrent à nouveau à ses yeux. Lèvres pincées et tête légèrement relevée pour les empêcher de couler, elle ne put cependant rien faire pour dissimuler un souffle plus heurté. Et elle s’en voulait pour cela.

Pourquoi est-ce qu’elle même en était aussi dévastée ? Elle avait vécu des années seule. Une solitude qui lui servait de défenses salutaires contre toutes les peines du monde. Elle aurait dû s’en remettre facilement. Comment une déception qui s’éteint en silence pouvait faire un vacarme assez assourdissant dans son esprit pour la blesser ?


- Ce n’est pas une réponse, mais une dérobade. Tu n’as pas encore compris ? Tes ennuis ne m’effraient pas mais ton indifférence oui. Je m’en fiche que tu n’y voies rien, je t’aiderai le temps que tu te débrouilles parfaitement seule. Je m’en fiche que tu sois une espèce d’ours mal léché qui prononce trois mots que quand on l’y force. Je m’en fiche aussi que tu comprennes mieux les livres que les êtres humains. Par contre je ne vais pas quémander ton attention si tu me tolères par pitié et pas par envie.

Elle n’était pas un chiot abandonné en quête de caresses. Elle s’était longtemps comportée ainsi, elle s’en lassait. Tenter d’obtenir l’attention des gens était une activité aussi chronophage qu’épuisante, pour des résultats toujours nuls. Si Casey s’ennuyait en sa présence, elle n’allait pas lui courir après, comme elle avait pu se traîner aux pieds de maxwell. Après tout, la brune savait très bien à quel point cette course effrénée avait pu l’atteindre, elle devait donc également se douter qu’elle ne poursuivrait pas un nouveau but inatteignable dans son existence. Après tout, si Casey ne savait pas gérer les sentiments des autres, Carla commençait à voir l’intérêt de se protéger des émotions de ses camarades, pour son propre bien.

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Message(#) Sujet: Re: Your eyes stole my words - Casey & Carla Your eyes stole my words - Casey & Carla EmptySam 8 Mai - 15:43


( Your eyes stole my words | CARLA ☽ CASEY )

Chaque seconde semblait faire grossir les ombres entre les deux jeunes femmes. Casey n’était pas certaine des noms qu’il convenait de leur apposer, hésitant entre une foule trop importante : rancœur, colère, ressentiment, contrariété, mépris… Une chose était sûre, au milieu de ce noir total dans lequel elle voguait, c’est que les ombres n’avaient rien d’agréable. Pas de bons sentiments, aucune légèreté, mais des sentiments malmenés qui se réveillaient avec amertume. Comme piquée au vif par les manières que Carla laissait entendre, la brune se figea et une tension se nicha dans sa nuque qui se raidit sous l’effort. Plus elles parlaient et plus la Serdaigle s’enfonçait dans des souvenirs qu’elle avait résolument enfouis en elle pour ne plus avoir à les confronter. Repenser au rituel qui avait mêlé Felicia et Carla n’avait rien d’agréable ; évoquer les conséquences directes, encore moins. Mais la jeune femme ne pouvait le nier : elle s’était bien douté, à un certain moment, que son amie avait probablement perdu plus qu’un peu d’air et quelques heures de conscience. Les séquelles les plus graves étaient celles qui ne perçaient pas la surface, celles qui restaient parfaitement cachées jusqu’au moment où elles explosaient à la figure de leur détenteur. Alors quelle conclusion apporter à tout cela ? Que savait Casey des pertes de Carla ? Il y avait celles qu’elle avait constatées, de ses propres yeux, et celles qu’elle devinait car son expérience ne pouvait se fourvoyer sur la chose : jouer avec les branches les plus noires de la magie n’était pas sans conséquences. Pourquoi donc ne s’en était-elle jamais préoccupée ? Pourquoi n’avoir jamais interrogé Carla sur l’après rituel ? Plusieurs réponses possibles tournoyaient dans l’esprit de la brune, balayé par une bise glaciale. Savoir, c’était ne plus pouvoir se voiler la face sur la gravité de leurs actes. Savoir, c’était découvrir la culpabilité qui y était associée. Savoir, c’était trop d’implications. Savoir, c’était tout ce que la brune cherchait à fuir et refoulait consciencieusement au fond d’elle-même. Et puis, si elle avait voulu se montrer piquante à son tour et aussi acide que Carla savait l’être, Casey aurait pu botter en touche en lui rappelant que c’était elle, des deux, qui avait repoussé l’autre à sa sortie de l’Infirmerie. Il y avait un savant mélange de toutes ces raisons, accompagné d’un soupçon de cette mauvaise foi qui poussait la brune à se complaire dans l’idée que, si la Serpentard avait voulu lui parler de quelque chose, elle l’aurait fait ; mais elle, elle n’allait pas chercher à lui arracher des vérités qu’elle ne souhaitait pas partager. Oui, c’était un mélange de toutes ces choses… Comment les lui apporter ? L’amertume de Carla avait en tout cas exacerbée la sienne, aussi Casey, dans une parfaite démonstration de cette habitude qu’elle avait d’être le pendant de son interlocuteur, laissa filtrer quelques mots plus mordants. « C’est peut-être vrai. Sans parler de ce que je sais ou ne sais pas, je me limite surtout à ce que les autres souhaitent que je sache. Tu n’avais pas l’air des plus ouvertes, après l’infirmerie. Et ça n’est pas dans mes habitudes de chercher des secrets qu’on ne souhaite pas partager. » Ça ne l’était plus, du moins, car il avait été une époque où sa curiosité l’aurait poussée à vouloir en découvrir plus. Cette dernière se limitait aujourd’hui aux strictes recherches liées à la magie.

Néanmoins… Puisqu’elles en parlaient et que les mots de Carla semblaient crier des non-dits que Casey ne saisissait pas, elle lui posa frontalement la question. Y avait-il autre chose ? L’une de ces séquelles indéfinissables, aux accents de malédiction. En contrepartie de quoi ? Car la jeune femme avait perdu la vue, envers et contre tout, alors quel mauvais esprit était à l’oeuvre pour que la Serpentard ait malgré tout donné plus que nécessaire ? La réponse était oui. C’était peut-être un brin de culpabilité qui pinça le cœur gris de Casey, née de son absence de considération des derniers mois, avant d’être balayé par une foule de questions. « Je ne t’en voulais pas. Les choses sont comme elles sont. Si je tenais rigueur de quoi que ce soit à qui que ce soit, c’était contre moi, pour t’avoir impliqué dans tout ça. » soupira-t-elle, rebondissant sur cette énième fois où Carla revenait sur ce point. Elle avait l’air d’avoir sincèrement pensé que la Serdaigle lui tenait rigueur… De s’être évanouie ? D’avoir failli y laisser la vie ? D’avoir provoqué l’intervention du professeur van Aken ? Non, Casey ne pouvait lui en vouloir, pour rien de tout ça. Les deux premiers points avaient directement impactés la blonde, quant au professeur de potions… ce n’était pas la faute de la Serpentard si les tableaux étaient ses yeux et ses oreilles. « Donc… Tu ne souhaites pas en parler ? » Il semblait important de préciser ce point pour que d’autres reproches ne fusent pas et le meilleur moyen d’y arriver était encore de poser la question sans tergiverser. Quant à ce qu’avait conclu Carla… Inatteignable ? C’était l’image qu’elle avait d’elle ? Et si c’était effectivement le cas, qu’est-ce que cela lui faisait, quelle émotion se détachait des autres à la lecture de cet aveu ? Pas grand chose, en réalité. Était-ce bien ou était-ce mal, le flou demeurait. Les murs dressés tout autour d’elle n’étaient sûrement pas étrangers à l’impression qu’avait la Serpentard, en tout cas. Depuis le temps qu’ils étaient là, Casey n’était jamais parvenue à les faire tomber. Il semblait bien que ça n’irait donc qu’en s’accentuant.

Un court silence les enveloppa qui ne demandait qu’à s’appesantir, comme ceux qui l’avaient précédé. Les doigts pâles de Casey jouèrent sans un bruit avec le sandwich qu’elle avait pris, portant une part minime de celui-ci à ses lèvres tandis que la voix de Carla s’élevait de nouveau, pleine d’une sentence aux accents irrévocables. Quelle réponse lui fournir ? Y en avait-il seulement une bonne ? Comme depuis le début de leur entrevue, la jeune femme hésita, remâchant les mots avant de les prononcer à voix haute, avouant sans trop de complexes son indécision. Elle ne savait pas, elle ne savait plus rien. Tout était aussi noir que sa vision, les relations, les sentiments, les amitiés et les émotions plus que tout le reste encore. Derrière une absence de méchanceté, la violence habillait pourtant chacun des propos de la Serdaigle. Parce qu’ils étaient purement honnêtes dans l’indifférence et l’indécision qu’ils dévoilaient. Au point d’en devenir cruels. À ses côtés, le silence s’était épaissi, tant et si bien que la brune en vint à tendre l’oreille, plus intensément que jamais, pour essayer de distinguer un souffle, quelque chose, n’importe quoi qui lui permettrait de savoir si la Serpentard n’était tout simplement pas partie. Au vu de cette colère dont elle se souvenait encore très bien et qui avait éloigné les deux amies durant une longue semaine après sa sortie de l’infirmerie, il n’était pas impossible que la blonde, prise d’un élan d’offense, décide de se retirer. Mais non. Après de longues secondes qui semblèrent éternelles à Casey, elle perçut comme un souffle haché. Si elle était incapable de le décrire précisément, les échos qu’il entraînait avec lui évoquaient une tristesse et un chagrin qu’elle connaissait bien, pour les avoir maintes fois ressentis. S’ils semblaient loin, très loin, aujourd’hui, gardés à l’écart par un voile d’indifférence si épais qu’il en devenait une carapace, la jeune femme se souvenait encore très bien des sanglots qu’on étouffe et qui faisaient trembler les souffles.

Tant bien que mal, la bouche asséchée par une appréhension indistincte, Casey avala un bout de saumon qui lui parut bien fade. La sentence tomba, portée par des mots amers — impossible de s’y tromper. Une dérobade… La brune se sentait comme un animal piégé en cage que l’on forçait à revenir continuellement au point de départ, d’où une question lui était posée, encore et encore. Chaque mauvaise réponse la faisait repartir de zéro. Et à chaque nouvelle fois, les choix possibles s’amenuisaient. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus que la vérité et rien que la vérité, aussi éclatante que tranchante, aussi brûlante que tenace. Elle s’accrochait à Casey, essayant d’ouvrir des yeux aveugles pour les pénétrer, déchirant toutes les opportunités de poursuivre son ignorance au fil de son chemin. Cette conversation n’avait plus rien d’agréable. Mais qu’est-ce qui l’était encore, en dehors de la magie et de cette soif de connaissance ? Même elles ne l’étaient pas totalement, car dans cette quête de toujours plus, le contentement n’était jamais atteint. Les mots de Carla résonnaient étrangement. Ils faisaient tinter une mélodie dont Casey ne parvenait pas à trouver le rythme. Abandonnant toute idée de déjeuner pour l’instant, elle leva son visage vers le ciel, insensible au soleil qui y brillait et aux filaments blancs qu’elle ne pouvait plus discerner. Une dérobade… Et avec ce petit mot, il lui devenait impossible de la poursuivre. « Tu t’en fiches mais moi non. Ton aide, tes efforts pour me faire prononcer plus de trois mots, l’énergie que tu dépenses pour me faire comprendre les êtres humains, je ne sais plus comment les recevoir. Perdre la vue… ça a achevé de m’enfermer sur moi-même. Seule au manoir, je n’avais à communiquer avec personne, je n’avais besoin de parler à personne, je n’avais besoin de me justifier auprès de personne. C’est épuisant, d’avoir à faire tout cela. Je n’en éprouvais plus le besoin… jusqu’à maintenant. » Son soupir avait une allure d’aveu. Avant de se retrouver confrontée à Carla, Casey baignait effectivement dans cette indifférence acquise par la solitude de longues journées aveugles. Mais la présence de son amie déchirait lentement mais sûrement cette carapace, remplissait son cœur gris de préoccupations qu’elle ignorait jusque-là. « Certaines choses ne sont que la face immergée de l’iceberg » souffla-t-elle après une seconde de silence, reprenant les mots de la Serpentard. Sa face submergée, en ce qui la concernait, était noire d’une magie qui rongeait lentement les âmes. « Ce que tu appelles indifférence, je crois que ça n’est qu’une absence de sentiments. Brooklyn m’a dit qu’il m’aimait, » confessa-t-elle. Elle qui n’avait pas envisagé une seule seconde de sacrifier ses émotions lors du premier rituel, consciente qu’elles étaient essentielles, même les plus pénibles d’entre elles, se retrouvait pourtant à ne plus savoir comment les atteindre. « et je me suis sentie dépassée. Je ne peux pas vous rendre tout ce que vous me donnez. » Ni leur donner ce qu'ils attendaient.

( Pando )
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Message(#) Sujet: Re: Your eyes stole my words - Casey & Carla Your eyes stole my words - Casey & Carla EmptyVen 14 Mai - 21:08

Your eyes stole my words



Si Carla se tendait au fur et à mesure de la conversation, force était de constater que Casey faisait la même chose. C’était plus subtil, la brune l’avait toujours été bien plus qu’elle, mais elle commençait à sentir ses muscles se nouer sous l’effet d’une émotion qu’elle était incapable de comprendre. Est-ce que la Serdaigle ressentait de la colère ou de la tristesse ? Les deux ? De l’agacement ? Carla était bien incapable de le dire. Sans la tension à peine perceptible de son amie, elle aurait plutôt parié sur le fait que cette dernière était totalement indifférente, ou en tout cas détachée de la situation. Le ton mordant dans ses paroles acheva de la convaincre que quelle que soit la corde qu’elle avait touchée, Casey ressentait à son tour suffisamment de choses pour lui répondre sur le même ton. Deux réactions se disputaient la première place en elle face à cette constatation. Elle mourait d’envie de croiser les bras dans un réflexe purement défensif et de se refermer un peu plus si cela était possible et à la fois, elle éprouvait une sorte de satisfaction à l’idée d’avoir réussi à la tirer de son apathie. Elle était capable de gérer des colères, elle ne savait jamais comment agir quand Casey lui opposait des murailles sans aucune faille, aussi lisses qu’un miroir et aussi solides qu’un diamant. La protection était un art qu’elle maniait à la perfection. Dommage pour elle, la blonde avait passé dix-sept ans à faire sortir les gens de leurs gonds.

Elle accueillit donc sa réplique avec un haussement d’épaules que Casey, à défaut de voir, ne put que ressentir étant donné leur proximité. Ses explications étaient pourries et elles le savaient toutes les deux. Il y avait plus qu’une pudeur polie à respecter ses secrets, tout comme il y avait eu plus chez Carla qu’une volonté de ne pas déranger. La Serpentard avait assimilé cela à de l’indifférence ou à du ressentiment, mais elle commençait à comprendre que chacune n’avait peut-être été qu’une facette de la même émotion. La culpabilité était un sentiment bien étrange. Carla avait cru jusque-là que seule son inclinaison coupable pour Maxwell pouvait l’entraîner dans des affres de bêtise. Les remords étaient en réalité une autre possibilité toute aussi puissante. Si elle avait eu l’intelligence d’être honnête avec Casey dès le départ, peut-être que cet étrange fossé entre elles ne serait jamais apparu. A croire qu’elle n’apprenait jamais de ses erreurs.

- Je ne sais pas.

Plus de mordant dans sa voix, juste une constatation dénuée de reproche. Elle ne savait pas si elle souhaitait en parler. Ce n’était pas un problème de confiance, elle avait toujours une foi absolue en la Serdaigle. Elle avait juste tendance à considérer que ce n’était ni le lieu, ni le moment. Et d’un autre côté, si elle continuait à s’enfermer dans ses non-dits, elle n’avait aucune chance d’arriver à atteindre Casey un jour. Il fallait que l’une d’elle au moins soit honnête, non ? Elle finit par attraper un sandwich au hasard et commença à le réduire consciencieusement en miettes au lieu de le manger

- Après le rituel, j’ai commencé à avoir des flashs avec des images incompréhensibles. Comme un étourdissement imprévisible suivie d’une hallucination. Comme si j’avais détraqué mon esprit. J’ai cru que c’était du surmenage, ça n’est jamais passé. J’ai cru que je devenais cinglée. Peut-être que je le suis d’ailleurs, je n’en sais rien. Je travaille avec Kendrick dessus. Parce que certaines de ses visions ont tendance à se réaliser alors …

Elle croqua dans son sandwich tout en haussant les épaules. Les flashs étaient trop peu nombreux pour lui pourrir la vie, trop présents pour qu’elle puisse oublier ce problème. Elle avait eu l’impression que certains s’étaient réalisés, mais c’était compliqué à dire. Ils étaient trop flous pour qu’elle les comprenne parfaitement. Néanmoins, le fait de travailler sur le sujet avec son professeur de divination avait eu pour effet de l’apaiser. Le fardeau était bien plus lourd à porter seule qu’avec l’aide d’une adulte. Et même si elle ne savait pas combien de temps durerait cet étranger équilibre, sa directrice de maison était bien moins inquiétante que son professeur de potions.

A sa tirade pleine de bons sentiments se succéda celle de Casey, plus mesurée, pour laquelle Carla fit des efforts presque titanesques pour ne pas se braquer dès ses premiers mots. Il y avait dans ses paroles une vérité sans fard qui était que dans toute son affection, Carla était pressante à la limite de l’oppression, tout comme Casey était distante aux frontières de l’indifférence. Tant qu’elles campaient sur leurs positions, cette conversation n’avait finalement que peu de sens. Carla déglutit péniblement une nouvelle bouchée de son repas avant de conclure avec un sourire triste qu’elle serait comme souvent celle qui se résignerait. Exactement comme avec Maxwell.

- Je suis désolée de ne pas avoir compris à quel point c’était difficile pour toi. Avec ou sans vision, ça ne change rien pour moi, t’es toujours la même, alors j’imagine que je n’ai pas su comprendre que pour toi, c’était différent.

Ses mots suivants lui tirèrent un froncement de sourcils, suivi d’un sourire amusé. Oh, elle aurait payé très cher pour connaître la déclaration de Brooklyn tant les deux adolescents semblaient être avares en mots et en sentiments. Néanmoins, ce n’était pas le moment de la taquiner.

- On peut dire qu’il a mis du temps. Et tu en penses quoi ?

Caleb, Brooklyn … Pour quelqu’un qui n’aimaient pas les relations humaines, elle allait avoir l’occasion de les découvrir dans toute leur complexité.

- Et si pour le moment, tu te contentais d’accepter ?
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Message(#) Sujet: Re: Your eyes stole my words - Casey & Carla Your eyes stole my words - Casey & Carla EmptySam 22 Mai - 20:26


( Your eyes stole my words | CARLA ☽ CASEY )

Un nouveau courant d’air chargé de senteurs printanières et d’une douce tiédeur — néanmoins incapable de la réchauffer intérieurement — caressa le visage de Casey, se perdant dans ses cheveux bruns pour les faire danser légèrement. Lasse des faux-semblants — alors qu’elle les maîtrisait à la perfection était incapable de composer sans — et des demi-vérités — qu’elle ne comprenait pas, de toute façon, ou bien de travers — la brune interrogea la blonde frontalement. Quelque chose de lourd habillait les souvenirs liés au rituel et aux jours qui l’avaient suivi ; quelque chose de lourd qui pesait sur les fines épaules de Carla et qu’elle n’avait pas souhaité lui partager jusqu’alors. Est-ce qu’elle désirait en parler, là était la question, à laquelle elle apporta, en premier lieu, une incertitude… avant de réduire le silence en miettes et de se lancer dans des explications auxquelles la Serdaigle ne s’était certainement pas attendue. Tout d’abord, elle eut bien du mal à comprendre. Des étourdissements, des hallucinations, un surmenage qui semblait ne pas vouloir s’apaiser… puis un mot qui rendait tout bien plus limpide en même temps que parfaitement trouble. Vision. Les traits de Brooklyn s’imposèrent à l’esprit de Casey qui se remémora brièvement ce qu’elle savait de son don — qu’il vivait plutôt comme une malédiction — et tout le flou qui l’entourait encore. « Tu veux dire que tu as développé un don de voyance ? » Compensant le noir de sa vision par une foule de souvenirs remplis de couleurs, la jeune femme se revit en face de son meilleur ami alors qu’il venait de la toucher et que son nez se mettait à saigner. Avait-elle également ce genre de conséquences ? Et, au milieu de ces premières considérations très futiles, d’autres pointèrent le bout de leur nez. Le lien de cause à effet se créait et la brune passait mentalement de l’une à l’autre. Un rituel sacrificiel et un don de troisième œil. Ou bien, un fardeau. Casey contempla longuement cette pensée sans parvenir à savoir si elle en éprouvait quelque chose de plus prononcé, comme de la culpabilité — Carla allait devoir vivre avec ces visions par sa faute, parce qu’elle l’avait laissée se perdre entre des runes qu’aucune des trois ne maîtrisaient suffisamment — ou un ressentiment plus profond — elle n’avait pas pu sauver sa vue, elle avait perdu ses deux yeux et son amie en avait ouvert un troisième… quelle ironie. Ni l’un ni l’autre, en réalité. Elle était incapable de considérer la situation sous l’angle nécessaire pour faire endosser à Carla le poids d’une rancoeur et si la causalité était, certes, existante, ça n’était pas suffisant pour qu’elle s’en veuille. Les choses étaient comme elles étaient. « Comment le vis-tu ? Le professeur Kendrick est d’une bonne aide ? » Elle savait que Brooklyn l’avait sollicitée, lui aussi, pour apprendre à maîtriser son don et ne plus être obligé de porter continuellement ces gants qui le protégeait des contacts peau à peau. Mais était-elle fiable ? Elle n’en savait rien, ne la connaissant pas personnellement.

Son faible appétit définitivement coupé, Casey laissa ses doigts partir à la recherche des sandwichs disposés dans une sorte de panier pour y déposer celui auquel elle n’avait guère touché. Ses doigts libres se nouèrent sur ses genoux, son visage sans la moindre perspective perdu dans un horizon qu’elle ne concevait plus. Un éclair de perspicacité la traversa et ses doigts se crispèrent sur eux-mêmes. « Tu avais eu une vision, avant le match ? » Inutile de préciser lequel. Le visage levé vers le ciel où brillait un soleil invisible, elle écouta la voix de Carla tenter de lui faire comprendre qu’elle tenait à elle, qu’importe ce caractère si difficile à cerner et lui opposa cette indifférence qui l’emplissait, jour après jour, ne laissant presque plus de place pour le reste. Les restes d’une amitié qu’elle avait sincèrement appréciée poussèrent Casey à ne pas vouloir perdre ce lien et l’habitude qu’il représentait. Et puis, elle n’avait pas la moindre envie de blesser Carla. Il n’y avait pas une once de méchanceté chez cette dernière, rien qui aurait pu lui permettre de la repousser violemment… c’était peut-être ce qu’il y avait de plus compliqué. Car, aveugle, Casey était perdue en elle-même, elle qui ne s’était jamais réellement, pleinement trouvée. Elle était recroquevillée sur les sentiments qui se faisaient absents et sur le plaisir qu’elle prenait à la solitude. Encore que de plaisir, il y avait plutôt cette notion de facilité dans laquelle elle se complaisait bien. Quelle place pouvait-elle laisser, dans tout ça, à une jeune femme qui avait besoin — et qui avait le droit ! — à plus qu’un mur de glace ? À plus que ce qu’elle était en mesure de lui accorder ? « Ne t’excuse pas… » C’était presque une supplique. Il n’y avait pas à être désolée. Avec un fatalisme grandissant et inquiétant, la brune ne considérait pas que la situation vaille la peine qu’on lui présente ses excuses. La Serpentard n’y était pour rien. Poursuivant les restes d’anciennes coutumes, la brune abandonna une confession, rapidement suivie de mots plein de détresse qui laissaient poindre une part de ce mal-être qui la rongeait. Mais, en premier lieu, Carla se concentra sur le côté croustillant des nouvelles. Et sa question laissa Casey muette. Qu’en pensait-elle ? Ses doigts se serrèrent un peu plus, comme pour se retenir de manifester une anxiété plus profonde. « Peut-être trop » souffla-t-elle, sans pouvoir savoir si Carla l’avait entendu ou non. « Ce que j’en pense… Ça m’a fait quelque chose. Et je me suis sentie coupable de continuer à voir Caleb. » À l’évocation des deux jeunes hommes, une vague chaleur enveloppa sa poitrine, si brièvement qu’elle aurait pu l’avoir rêvée.

Comme pour faire écho à ses pensées précédentes et aux mots qui avaient suivi, Carla lui proposa d’accepter ce qui lui était offert sans chercher à rendre la pareille. Se contenter de prendre ce qu’on lui donnait, sans rien en retour. N’était-ce pas terriblement égoïste ? Et pourtant, Casey s’en sentit immensément soulagée. Elle pourrait continuer à s’aveugler un peu plus sur le mur dans lequel elle fonçait, contempler sans bouger ces relations qui se délitaient parce qu’elle était incapable de les sauver, et se dire que ça n’était que l’oeuvre du temps, et rien d’autre. « Oui, pourquoi pas » répondit-elle finalement, baissant ce qui lui semblait être un bouclier trop défensif. Elle se sentait toujours aussi détachée de toute cette vie qui continuait de bourdonner tout autour d’elle, mais elle consentait à ne plus repousser de toutes ses forces la jeune femme à ses côtés. Pour ce qui était du reste… Cela ne voulait pas dire pour autant qu’elle serait capable, un seul instant, de lui retourner la foule d’émotions qu’elle déversait de son côté.


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Poste de Quidditch: Poursuiveur
Patronus: Un renard
Epouvantard: Etre encerclée par un incendie
Matières suivies et niveau:
Points Défis:
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Message(#) Sujet: Re: Your eyes stole my words - Casey & Carla Your eyes stole my words - Casey & Carla EmptySam 5 Juin - 11:02

Your eyes stole my words



Carla n’eut pas besoin de beaucoup de mots pour que Casey saisisse ce qu’elle essayait de lui expliquer. Ce n’était pas surprenant, elle était la plus maligne d’elles deux, mais ce qui soulagea réellement Carla, c’est qu’elle ne sembla pas remettre sa parole en doute, même pas l’espace d’une seconde. Peut-être qu’elle songea en son for intérieur que la blonde était juste folle, mais elle eut la délicatesse de lui parler d’un possible don de voyance au lieu de mettre sur la table la question d’un suivi soutenu avec de bons médicomages. En réalité, les deux hypothèses étaient encore possibles. Le travail avec Kendrick avait débuté peu de temps auparavant et il était encore un peu tôt pour affirmer quoi que ce soit. Mais Carla lui fut sincèrement reconnaissante de ne pas lui renvoyer cela brutalement. Ce fut sans doute ce qui contribua à l’adoucir pour la suite de la conversation. Toute maladroite et brusque que Casey était, elle restait bien intentionnée à son égard.

- C’est l’hypothèse privilégiée et celle que je préférerais, oui.

Comment le vivait-elle ? Cette question la laissa silencieuse, sans doute parce que personne n’avait pris le temps de lui poser et elle n’y avait donc absolument pas réfléchi. Elle cessa d’émietter son sandwich pour se concentrer sur ce qu’elle en pensait, avant de reprendre plus lentement, comme si elle réfléchissait en même temps.

- Je le vis … bien. Je crois ? Avoir une explication, c’est rassurant et ça pourrait être pire. Je pourrais être juste folle. Après, Kendrick est assez sceptique sur la puissance et le contrôle que je pourrais obtenir. Ce n’est pas un vrai don, plus un effet secondaire.

Casey semblait aussi peu inspirée qu’elle par leur repas et elle redéposa son sandwich à peine touché dans son panier. Carla se força à prendre une bouchée du sien, sachant pertinemment qu’elle finirait par avoir faim avant le diner. Elle hocha la tête à la question de la Serdaigle, puis, réalisant que ça ne servait strictement à rien, elle se dépêcha de déglutir pour répondre

- Oui. Je t’avais vue chuter de ton balai.

Vision désagréable mais elle avait achevé de la convaincre que ces images voulaient dire quelque chose puisqu’après tout, cela s’était réalisé. Comme en hommage à leurs anciennes conversations, Casey laissa échapper une nouvelle qui fit sourire la Serpentard, avant qu’elle ne réalise que cela perturbait sincèrement son amie. A cela, elle ne savait pas quoi réellement répondre. Elle ne pouvait pas l’encourager à une relation ou une autre, cela aurait été horrible qu’elle suive un conseil plutôt que de réfléchir à ce qu’elle voulait elle.

- Tu sais, t’as le droit de penser à toi. Si cette déclaration n’arrive pas au bon moment, tu ne dois rien à personne. Si au contraire c’est quelque chose qui t’apporte des sentiments positifs, tu n’as pas à te sentir coupable pour Caleb. Tu n’as rien promis, ce qui compte, c’est ce que toi tu veux. Et si Caleb t’apprécie, comme amie ou autre chose, il comprendra. On veut toujours le bonheur des gens qu’on apprécie.

Un temps, elle avait cru que Caleb serait une bonne solution pour Casey, qu’il lui apporterait une part de fantaisie dont elle avait cruellement besoin. A la réflexion, elle se disait qu’avec sa cécité, Brooklyn devait représenter une figure stable et protectrice dont elle avait besoin pour retrouver ses marques. Et en réalité, elle se fichait bien de savoir si son amie finirait avec l’un des deux ou même si ce ne serait pas Felicia qui remporterait la partie, elle pensait sincèrement ce qu’elle avait dit. Et parce qu’elle l’appréciait, elle voulait qu’elle soit heureuse. Jamais ce souhait n’avait autant semblé être un vœu pieu.

Ses derniers mots parurent soulager la jeune femme. Carla pouvait presque sentir son apaisement tant il était palpable. Et de manière presque mimétique, l’idée que Casey puisse aller un peu mieux acheva de la calmer aussi. Si elle avait su en cet instant que sa proposition était plus une autorisation implicite à continuer de s’enferme dans son mutisme, sans doute qu’elle n’aurait pas ressenti la même chose. Mais dans son esprit naïf, elle continuait à croire que sa relation avec la jeune fille pourrait s’améliorer un jour. Comme pour faire honneur aux stéréotypes qui entouraient sa couleur de cheveux, elle ne se dit pas que son amie, pour intégrer un jour les langues de plomb, laisserait sûrement derrière elle ses précédentes relations et cela sans une once de regret. Elle ne songea pas non plus que cette réponse pouvait être donnée par la brune pour acheter sa tranquillité face à son côté trop collant. Non, au contraire, elle prit cela comme une demi victoire alors que c’était une forme de défaite. Et totalement inconsciente de cela, elle se contenta d’infliger son bavardage à Casey avant de se rendre au cours suivant avec elle.
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