Douce cohabitation (Skye & Haley)

Douce cohabitation.
‟ @Skye P. Stevens & Haley „

Dire qu’Haley était de mauvais poil était faux. Elle n’était pas seulement de mauvais poil, elle était tout bonnement folle de rage. Voilà plusieurs jours qu’une boule mêlant énervement et anxiété siégeait à proximité de son cœur, lui donnant la sensation d’obstruer les vaisseaux sanguins qui transmettaient l’oxygène dans l’intégralité de son corps. Cette boule venait d’exploser ; éplucher les patates pendant trois heures dans une cuisine bondée d’elfes de maison avait eu raison de sa patience. Trois interminables heures de retenue pour un évènement auquel elle n’avait même pas participé ! Elle avait beau prétendre à Rosalie que la retenue était le cadet de soucis, que le pire était l’absence de baguette – ce qui était parfaitement vrai – ça ne l’empêchait pas d’avoir trouvé cette tâche ingrate insupportable. Une retenue ! La première en quatre ans à Poudlard, elle qui avait toujours fait montre d’un grand respect pour l’autorité et les règlements. Elle était celle élève au dossier parfait, immaculé et brillant tant les commentaires de ses enseignants étaient appréciables, ses notes resplendissantes et ses punitions inexistantes. Un sans-faute ! Et voilà qu’une tâche venait d’apparaître. Une tâche qui n’était pas méritée et qui n’aurait jamais dû figurer là ; elle n’avait toujours pas commis la moindre faute. À bien y réfléchir, quitte à être sanctionnée, elle aurait mieux fait de suivre la gryffondor dans sa rébellion ; au moins, elle aurait partagé ce moment avec elle, elle aurait eu l’impression de vivre une aventure et non plus seulement d’écouter sa meilleure amie lui conter les évènements avec grandiloquence.

À trop éplucher, elle avait les mains rougies et la désagréable intuition que des cloques ne tarderaient pas à apparaître sur les parties les plus fragiles de sa peau. Elle n’était clairement pas habituée à faire des travaux manuels – il y avait des elfes de maison pour ça – et ça s’était fait ressentir dans son rythme d’épluchage. Lent, affreusement lent. Elle ne s’était jamais sentie aussi gauche... sauf lors du cours de potions où van Aken leur avait demander de danser autour d’un chaudron, bien sûr.

Furieuse contre la directrice, contre le professeur Kendrick, contre elle-même et un peu aussi contre les deux révolutionnaires masquées, la poufsouffle ne s’éternisa pas plus que de nécessaire dans les bas-fonds de l’école et quitta les sous-sols de Poudlard d’un pas vif en direction de sa salle commune. Au moins, elle n’avait pas beaucoup d’escaliers à gravir avant de pouvoir retourner dans son agréable cocon qu’était le dortoir et arriva en quelques minutes à peine, fulminant toujours autant que lorsqu’elle avait quitté les cuisines. « Le prochain qui me parle de révolution, je lui fais manger le code du secret magique ! » scanda l’anglaise en guise de salutation à l’adresse de sa voisine de dortoir, laissant la porte se refermer dans un claquement tonitruant. Si Skye n’avait pas encore compris l’état de colère avancé dans lequel se trouvait Haley, la manière qu’elle eut de s’affaler sur son lit d’un air bougon, balançant au sol les parchemins qui reposaient sur la couverture, dut achever de lui mettre la puce à l’oreille.

La jeune fille dénoua la cravate jaune et noir, laissant celle-ci reposer sur le bord du baldaquin, ôta ses chaussures et croisa les jambes sous son corps. Elle resta ainsi quelque instant immobile, jugeant du regard ses affaires de cours. Elle avait terminé tous ses devoirs pour la semaine à venir depuis belle lurette et se sentait désagréablement désœuvrée. Sans sa baguette pour s’entraîner à lancer quelques sorts, elle était condamnée à aller à la bibliothèque pour trouver de nouveaux ouvrages qui lui changeraient les idées... le seul souci étant qu’elle n’avait pas le moins du monde envie de bouger, la colère étreignant trop son cœur pour qu’elle puisse progresser à nouveau dans les couloirs du château. Et compte tenu de son état d’esprit, elle risquait fort de hurler au visage du premier inconnu qui mettait trop de temps à noter ses livres dans la liste d’emprunt... non, mieux valait rester à l’abri de toute contrariété. « Je ne serai pas peu fâchée d’apprendre qu’Appleton est virée de Poudlard ! » asséna-t-elle d’un ton véhément, quoiqu’elle s’adressât plus à elle-même qu’à Skye.

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Douce cohabitation

Skye P. Stevens & Haley M. Strauss

L’ambiance était quelque peu tendue à l’école ces dernières semaines. La tentative de révolte menée par quelques élèves dissidents avait certes provoqué de l’animation à Poudlard – qui était étonnamment calme depuis le bal de Noël – mais les répercussions associées avaient en quelque sorte ébranlé l’enthousiasme accompagnant généralement l’arrivée du printemps dans l’établissement. Là où les élèves profitaient habituellement de leur temps libre à cette période pour prendre l’air dans le parc, ils étaient cette année confinés dans diverses salles du château, trop occupés à attendre que leur retenue prenne fin pour penser à leurs loisirs futurs. Certains avaient été plus chanceux que d’autres concernant l’attribution de leur retenue, notamment le professeur censé assurer leur supervision. Skye avait pour sa part écopé d’une heure à rempoter des plants de mandragores immatures dans la serre n°2 avec quelques uns de ses camarades, sous l’œil attentif mais bienveillant du professeur Moon, sa directrice de maison. Cela avait d’ailleurs plus été une séance récréative qu’une vraie punition, les élèves les plus âgés ayant profité des allées et venues du professeur pour se jouer des premières années à qui ils avaient subtilisé leurs cache-oreilles, prétextant qu’ils n’en auraient pas l’utilité. Pas besoin de préciser que quelques malheureux avaient fini à l’infirmerie, quelque peu sonnés par les cris stridents des affreuses petites créatures.

La confiscation des baguettes pesait également beaucoup sur le moral des élèves, pour certains habitués à s’exercer quotidiennement à la pratique des sorts, d’autres les utilisant à des fins moins « scolaires ». Pour Skye, ce n’était pas tant l’absence de sa baguette qu’elle déplorait, mais plutôt l’aspect dictatorial des mesures prises par la direction, d’autant plus qu’elles étaient généralisées à l’ensemble des élèves, qu’ils aient participé ou non à la rébellion. Enfin, à quoi bon se lamenter sur son sort, cela ne changerait en rien la vision de la directrice Appleton sur le sujet. Il fallait prendre son mal en patience et attendre que la tempête cesse, jusqu’au prochain scandale qui ferait trembler les murs de l’établissement.

En attendant, les professeurs redoublaient d’attention et les élèves ruminaient leur frustration dans leurs salles communes et dortoirs respectifs. Skye était donc en ce bel après-midi avachie sur son matelas bien moelleux, s’efforçant de ne pas s’endormir sur un exemplaire des Théories de la Métamorphose Transsubstancielle, emprunté à Haley et lui servant actuellement de livre de chevet. A ce sujet, il remplissait parfaitement son rôle puisqu’il suffisait d’à peine quelques pages feuilletées pour qu’un sommeil profond guette la jeune fille. Bien décidée à ne pas se laisser glisser dans les bras de Morphée, Skye s’apprêtait à prendre la direction de la bibliothèque – dans le but de trouver une lecture plus palpitante ‒ quand sa colocataire de dortoir fit irruption dans la pièce, le visage cramoisi et les traits déformés par une fureur pourtant inhabituelle chez la jeune Poufsouffle. Cette dernière avait passé la matinée dans les cuisines aux côtés des elfes de maison – à qui elle n’accordait d’ordinaire que peu de considération ‒ ce qui n’avait visiblement arrangé en rien l’humeur de la jeune fille, qui avait déjà fulminé toute la semaine à la perspective de sa punition. Le week-end allait être long…

« Le prochain qui me parle de révolution, je lui fais manger le code du secret magique ! »

Il faut dire qu’Haley avait été moins chanceuse que sa colocataire, écopant de retenues supplémentaires, probablement suspectée d’avoir joué un rôle plus important qu’elle ne le laissait entendre dans les récents évènements, et ce en raison de sa proximité avec Rosalie. Elle qui était d’ordinaire si studieuse et appliquée voyait cette retenue comme un affront et elle le criait haut et fort, au grand dam de Skye qui avait du user de toute sa diplomatie durant la semaine pour ne pas subir les foudres de sa colocataire.

« Je ne serai pas peu fâchée d’apprendre qu’Appleton est virée de Poudlard ! »

Effectivement, la directrice – au sujet de laquelle les avis étaient déjà bien partagés avant cet épisode ‒ ne s’était pas fait beaucoup de nouveaux supporters parmi les étudiants. Ceux qui remettaient déjà en cause sa nomination auparavant lui vouaient à présent une haine féroce et voyaient dans la confiscation des baguettes un prétexte pour soumettre les jeunes sorciers à son autorité. Ceux qui avaient supporté sa nomination y voyaient moins un complot politique mais restaient tout de même furieux d’être privés de leur principal outil de travail.

« J’en déduis que tu n’es pas prête à te reconvertir dans une carrière culinaire ? » se risqua Skye, espérant désamorcer la situation par un trait d’humour mais regrettant aussitôt ses paroles en voyant l’expression sur le visage d’Haley se durcir un peu plus.

« Okaaaaaay. Et sinon, comment ça s’est passé avec les elfes de maison ? Pas trop difficile de devoir travailler en bas de la chaine alimentaire ? »

@feat Haley M. Strauss

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Douce cohabitation.
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Oh douce et belle matinée passée à éplucher des pommes de terre plutôt qu’à étudier, préparer un devoir ou parcourir un ouvrage intéressant. Ou à se balader à Pré-au-Lard avec Rosalie et Artemis, chose qu’elle ne faisait peut-être que rarement, mais qui était toujours un agréable moment. De toute façon, rien ne pouvait être moins appréciable que de rester enfermé pendant trois heures dans les cuisines du château en compagnie de leurs serviteurs naturels qu’étaient les elfes de maison.

Énervée, elle pénétra dans son dortoir avec une délicatesse toute relative, laissant sa colère rejaillir sur sa camarade. Il s’en était fallu de peu qu’elle surgisse dans la pièce tout échevelée, mais heureusement pour la crédibilité de son image personnelle, elle demeurait malgré tout présentable. Skye était visiblement sur le point de quitter les lieux lorsqu’elle passa la porte, mais Haley n’y prêta pas la moindre attention ; elle était bien trop concentrée sur son propre malheur – grandement exagéré, comme bien souvent lorsqu’il s’agissait d’adolescente – pour voir que la jeune fille avait peut-être d’autres plans que de la supporter à pareil moment. « J’en déduis que tu n’es pas prête à te reconvertir dans une carrière culinaire ? » Elle regarda avec suspicion sa colocataire, peu convaincue par le trait d’humour dont elle venait d’être gratifié. Mais puisqu’en l’instant présent, la meilleure des blagues sonnerait comme une terrible agression à ses oreilles, il était évident que nulle remarque amusée ne parviendrait à la dérider ne serait-ce qu’un peu et la comique en herbe ne fut vraisemblablement pas dupe. « Okaaaaaay. Et sinon, comment ça s’est passé avec les elfes de maison ? Pas trop difficile de devoir travailler en bas de la chaine alimentaire ? » Si elle désirait attiser le feu qui grondait en elle, la benjamine se débrouillait remarquablement bien. La studieuse poufsouffle était particulièrement irritée, non à cause de sa camarade – qui ne lui avait rien fait, la pauvre – mais à cause de ces histoires de retenue, de révolution, de reproches faits aux révolutionnaires... le sentiment d’injustice se faisait présent dans chacune de ses pensées, l’aveuglant au point qu’elle ne voyait pas qu’en déchargeant sa colère sur autrui, elle se montrait tout aussi injuste que le reste. « La chaîne alimentaire ? Ne raconte pas de bêtises, les sorciers n’ont jamais mangés d’elfe de maison, il n’est pas question de chaîne alimentaire ici ! » répondit-elle le plus sérieusement du monde, choisissant de prendre sa remarque caustique au mot. À moins que ce ne soit son état d’agacement relativement avancé qui la rendait tout bonnement incapable de se focaliser sur autre chose que la lettre. « C’est tout bonnement absurde ! Cette retenue ne servait même pas à quelque chose, les elfes étaient désemparés à l’idée d’avoir des élèves qui font le travail à leur place, on a simplement perdu du temps ! » Aurait-elle préféré que sa retenue ait une quelconque utilité ? Rien n’était moins sûr. La mauvaise foi était de mise, quand bien même éplucher des patates était effectivement absurde et inutile dans des circonstances magiques comme celles de Poudlard.

Tous n’avaient pas été logés à la même enseigne quant aux retenues dont ils avaient écopé. Si les plus malchanceux s’étaient retrouvés avec la terrible Thorstein, Haley estimait qu’elle n’avait pas beaucoup plus été épargné que ceux-ci. Le problème ne venait pas tant du professeur Cooper – qu’elle ne connaissait que peu puisqu’elle ne l’avait pas en cours – que du but du travail à effectuer. Non, décidemment, elle était bien loin de digérer l’épluchage de pommes de terre et nul doute qu’elle allait bouder tout plat constitué de celles-ci au repas du soir. Elle devrait s’estimer heureuse, après tout, elle n’avait eu que trois heures de retenue là où Rosalie passait ses week-ends à payer les conséquences de la révolution, mais cette pensée ne l’aidait guère.

« Tu lisais ? » Elle désigna d’un geste de la tête le livre qu’elle reconnaissait pour lui avoir passé, clamant que s’il y avait bien un ouvrage qui rendait un peu plus intéressantes les métamorphoses – domaine qui n’était pas celui qu’elle préférait – c’était bien celui-là. Elle l’avait découvert lorsqu’elle préparait son devoir commun avec Daria sur les animagi. Ledit livre ne portait aucune mention sur la capacité à se transformer en animal – sans surprise puisqu’après tout, la substance ne changeait pas – mais ça ne l’avait pas empêché de l’emprunter en espérant qu’il la stimule un peu. « Comment tu le trouves ? » Elle essayait de penser à autre chose qu’à cette terrible matinée et, surtout, à l’origine de celle-ci, mais rien n’y faisait, l’idée était désagréablement persistante.

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Skye P. Stevens & Haley M. Strauss

Comme prévu, sa tentative d’humour n’avait fait qu’agacer un peu plus sa colocataire qui fulminait déjà à la suite de sa matinée honteusement passée aux côtés des elfes de maison. Bien qu’elle apprécie Haley, Skye ne pouvait s’empêcher de sourire intérieurement en visualisant l’image de sa camarade se salissant les mains dans les cuisines, elle qui avait l’habitude – à Poudlard comme dans la demeure Strauss – que tout lui soit servi sur un plateau. Bien que née dans une famille aisée et n’ayant manqué de rien, Skye faisait preuve d’un peu plus de reconnaissance à l’égard de ces serviteurs minutieux et discrets qu’elle bénissait à chacun des repas qui faisait son apparition sur les tables du banquet de la Grande Salle. Elle n’hésitait d’ailleurs pas à faire un détour par les cuisines de temps à autre, en rentrant à la salle commune des Poufsouffle. La position stratégique de la salle commune était d’ailleurs l’une des innombrables raisons pour laquelle elle se félicitait d’avoir été envoyée chez les blaireaux, que Merlin bénisse le Choixpeau Magique ! Les elfes, toujours serviables, appréciaient la visite de certains élèves qu’ils commençaient à bien connaitre – et Skye en faisait partie - et ne se faisaient pas prier pour garnir les poches de leurs robes de sorciers de délicieuses sucreries qu’ils dégustaient à l’abri des regards dans leurs dortoirs, s’octroyant une pause bien méritée dans leurs diverses révisions.

Elle comptait d’ailleurs bien faire un détour par les cuisines en se rendant en cet après-midi à la bibliothèque, qu’elle fréquentait habituellement peu de son plein gré mais où une Haley très convaincante la trainait souvent de force. La présence de l’énorme livre de métamorphose sous son bras attira l’attention de sa colocataire qui sembla un instant oublier ses tracas de la matinée.

« Tu lisais ? »

Lire était un bien grand mot pour caractériser l’usage qu’elle avait fait de cet ouvrage imbuvable prêté par sa studieuse camarade de dortoir. Si Skye s’était dans un premier temps promis de faire un effort pour s’intéresser à son contenu – elle qui appréciait sincèrement la matière à laquelle il se rattachait – elle s’était bien vite rendue compte que le manuscrit dépassait de loin ses compétences de jeune sorcière de 4ème année.

« Comment tu le trouves ? »

Skye hésita un instant entre la franchise et un pieux mensonge, ne souhaitant pas vraiment s’attarder sur le sujet ni rentrer dans un grand débat avec son ainée qu’elle ne souhaitait pas froisser un peu plus.

« Pour être tout à fait honnête, je n’y ai absolument rien compris… Pourtant, j’y ai mis de la bonne volonté pour une fois, je t’assure ! »

Il est vrai que Skye n’était pas connue pour son assiduité, elle qui était plutôt un électron libre préférant flâner dans les couloirs et profiter des extérieurs du château, en particulier les abords du lac et les tribunes du stade de quidditch où elle se plaisait à assister aux entraînements de quidditch de ses camarades arborant les couleurs jaune et noir de sa maison. Elle avait pour habitude de faire ses devoirs à la va-vite, profitant de ses facilités d’assimilation et sa vivacité d’esprit – ce sont les termes employés par ses professeurs, Skye se garderait bien de se vanter de telles qualités – pour ne passer qu’un minimum de temps sur ses manuels scolaires et ainsi profiter de son temps libre à sa guise. Haley avait bien essayé de la convaincre de mettre à profit ses capacités durant la première année de leur colocation, sans succès. Depuis, elle se contentait de lui lancer un discret regard réprobateur quand elle voyait s’échapper sa camarade alors qu’elle-même planchait avec acharnement sur les tâches attribuées à leur promotion par les membres du corps enseignant.

L’ambiance n’avait pas toujours été au beau fixe entre les deux jeunes Poufsouffle. Il faut dire qu’elles avaient malgré elles un passif en dehors des murs de Poudlard. Leurs parents respectifs gravitaient dans les hautes sphères du ministère et avaient eu de nombreuses occasions de se croiser quand les filles étaient plus jeunes. Elles étaient alors plus des connaissances que des amies mais appréciaient de trouver une compagne de jeu lors des interminables dîners mondains auxquels participaient leurs parents. Cependant, tout avait changé lors du terrible « accident » dont avait été victime la sœur de Skye à Sainte-Mangouste. Le Magenmagot avait classé l’affaire sans suite, probablement poussé par le ministère à étouffer l’affaire qui incriminait une minorité d’aurors peu scrupuleux. Une violente dispute avait éclaté entre le père de Skye et la mère d’Haley, rompant toute relation entre les deux familles, jusqu’à la première rentrée des deux adolescentes à Poudlard. Bien que leurs relations aient été un peu tendues dans un premier temps, les filles avaient rapidement compris que les dissensions entre leurs aînés n’avaient nul besoin de se reproduire entre elles. Elles s’étaient donc apprivoisées, appréciant la compagnie de l’autre malgré des caractères bien disparates.

Hésitant un instant, Skye estima opportun de proposer à son amie de l’accompagner, elle qui aimait tant passer du temps à la bibliothèque. Si cela pouvait lui changer les idées et éviter que l’ambiance au sein du dortoir ne soit pesante tout le week-end… Skye pouvait bien supporter l’humeur massacrante de sa camarade quelques heures de plus, en espérant que le vent tourne rapidement.

« Je m’apprêtai justement à aller remettre ce pavé à sa juste place… Un petit tour à la bibliothèque, ça te tente ? »

@feat Haley M. Strauss

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‟ Skye & Haley „

Les deux jeunes filles avaient beau se connaître depuis longtemps – depuis leur tendre enfance – elles n’avaient pas toujours été très proches. Avant que Rosalie n’entre dans sa vie, et entraîne avec elle Artemis, Haley était une enfant plutôt solitaire, retranchée dans le cocon protecteur que ses parents avaient bâti autour d’elle. Ce cocon était si hermétique qu’il lui avait fallu attendre quelques années avant de comprendre pourquoi, subitement, ils ne voyaient plus les Stevens. Sa mère se montrait très critique à l’égard du géniteur de Skye, et son père, fidèle à lui-même, demeurait plus sur la réserve mais n’en pensait pas moins. Mais pourquoi ce désamour soudain ? La politique bien sûr, chose qu’elle ne cernait pas tout à fait à son trop jeune âge lors des évènements. Mais l’innocence n’était plus désormais et elle savait ce qui créait entre leurs deux familles ses dissensions. Celles-ci avaient quelque peu bloqué l’entente des deux colocataires et il avait fallu de la patience pour qu’elles s’apprivoisent mutuellement. Haley demeurait tout de même quelque peu sur la défensive par égard pour sa mère, et par fierté familiale. C’était sans doute là le principal obstacle entre elles : le passif entres leurs géniteurs planait sur elles comme une ombre inquiétante, qu’elles oubliaient parfois mais qui était pourtant bel et bien présente. Irritable et irritée, elle se déchargeait donc sur sa camarade, mais avec une certaine retenue. Elle n’était pas aussi proche d’elle qu’elle pouvait l’être de l’écossaise et se montrait donc plus mesurée. « Il faut admettre que ça n’est pas l’ouvrage le plus abordable... » concéda-t-elle. Ce n’était pas tout à fait le type de livres que l’on pouvait espérer lire d’une traite et sans l’accompagner d’ouvrages complémentaires afin d’aider à la compréhension ; c’était d’ailleurs ce qu’elle avait elle-même fait, prenant un temps certain pour étudier la question avec une minutie excessive. Sans doute avait-elle noyé l’anxiété, que les évènements précédents avaient insinuée en elle, dedans, préférant se concentrer sur un sujet aussi complexe que celui des métamorphoses transsubstantielles plutôt que de s’attarder sur le retrait des baguettes ou la retenue collective. Heureusement pour sa santé mentale, Artemis avait mis moins de temps à se réconcilier avec Rosalie que ce qu’elle craignait, ôtant par la même un énorme poids sur les épaules de la poufsouffle.

Un sourire amusé fendit le visage d’Haley lorsque Skye mentionna l’endroit le plus approprié de l’ouvrage. « Sur ta table de chevet ? » C’était à son tour de se montrer taquine. Elle ne doutait pas que sa camarade de dortoir trouverait bien d’autres livres plus palpitants que celui-ci pour occuper ses soirées, mais après tout, rien de mieux qu’un énorme de pavé – pour reprendre ses propres termes – afin de s’endormir rapidement. « Pourquoi pas, ça me changera un peu les idées... » fit-elle plus sérieuse, le ton légèrement trainant. « Je t’accompagne. » Décision était prise ! En réalité, quand bien même elle bouillonnait encore de frustration à cause de sa retenue, elle avait tout de même conscience que rester à se morfondre seule n’était pas une bonne idée. Elle n’arriverait qu’à accumuler plus de colère encore, jusqu’à ce qu’elle finisse par craquer. De toute manière, Rosalie et elle ne devaient se retrouver que quelques heures plus tard ; bien consciente de l’état dans lequel elle risquait de se retrouver après sa retenue, elle avait préféré éviter de la retrouver trop tôt, de peur de lâcher sa colère sur elle. Ce serait bien trop indélicat alors que la gryffondor avait écopée de bien plus d’heures qu’elle. Par ailleurs, elle lui avait déjà suffisamment reproché les conséquences de la conférence pour ne pas rajouter une nouvelle couche de reproches. « Donne-moi deux minutes, je vais me changer. » Elle hésita quelques secondes, regardant l’état de ses mains, légèrement rougies par endroit. « Et passer un onguent sur mes doigts, à force d’éplucher des patates, j’ai la peau abimée ! Je n’ai pas envie d’avoir de cloque... surtout pour le cours de potion, lundi ! » Il n’y avait pire idée que de râper quelques morceaux de corne de bicorne avec les doigts salement amoché.

Ni une ni deux, la demoiselle plongea son attention dans sa table de chevet pour en extraire le précieux onguent pour les mains, un véritable petit miracle crémeux qu’elle gardait toujours en cas de besoin. Elle nourrissait une certaine obsession pour la douceur de sa peau, détestant par-dessus tout la sentir tiraillée et abimée par la chaleur ou le calcaire. Heureusement, l’eau écossaise avait au moins cet avantage d’être de bonne qualité, à moins que ce ne soit en raison d’un énième sortilège qui englobait l’école et prodiguait ainsi à ses habitants une eau dénuée de toute forme de calcaire. Une tenue de rechange sous le bras – elle n’avait désormais plus besoin de son uniforme et préférait le laisser être nettoyé par les elfes qu’elle avait quittés avec joie – elle fila se réfugier momentanément dans la salle de bain.

Elle en ressortir quelques minutes plus tard – rien de bien long malgré la petite escale devant le miroir pour démêler un peu sa longue chevelure blonde – avec un sentiment d’intense satisfaction. Prendre quelques instants pour soi avait un indéniable effet revigorant et aidait à chasser les désagréments de sa matinée. « Bien, je suis prête ! » fit-elle à l’adresse de sa camarade. « Je te suis. »

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