Fire Meet Gasoline.

feat. Blaze H. Mansfield

Je l’ai longtemps attendu. Le match qui oppose l’Angleterre et l’Écosse est aujourd’hui plus bienvenu que jamais. J’ai même cru que je n’y mettrais jamais les pieds. Mais ils n’ont rien de concret contre moi, aucune preuve qui me lit directement à l’empoisonnement du Ministre. Si ce n’est que c’est bien notre potion, à Sky et à moi, qui a faillit le tuer. Baliverne. Nous avons fait un rapport complet pour le concours, le genre qui détaille parfaitement le processus de fabrication et les ingrédients utilisés. N’importe qui de suffisamment futé pour y avoir accès, aurait pu la reproduire. N’importe qui aurait pu y ajouter un composant dévastateur. Il suffit d’un brin de connaissance pour trouver l’élément perturbateur. Même si j’ai cette connaissance, je n’aurais jamais risqué de m’exposer de la sorte. C’est un plan débile. J’ignorais même qu’ils allaient faire une dégustation en public, ce qui est d’autant plus débile d’ailleurs. Interrogée, surveillée, fouillée, malgré tout ça, rien ne leur prouve ma culpabilité la plus complète. Mais j’ai eu peur pendant un instant. Peur qu’on m’accuse d’avoir prit ce qu’il faut auprès de ma Mère apothicaire. Là non plus, rien ne prouve que j’ai pris contact avec elle pour le bien du concours. Rien ne me laisse penser que le reste de l’année sera agréable. Les vacances de Noël sont foutus, j’ai presque un procès qui me pend au nez, et interdite de retour en Italie, je passe Noël avec daddy et sa nouvelle poufiasse. Cette grosse vache me croit coupable, j’en suis certaine. Elle me hait autant que je la hais. Noël c’est foutu pour cette fois. Une seule chose positive mes vacances gâchées par des vices plus forts que moi, et c’est le match de Quidditch. Cette victoire là, personne ne me l’enlèvera. Loin des murs du Château, loin de tous soupçons ou regards transperçants au détour d’un couloir. En seulement quelques jours, j’ai pu le voir sur leurs visages, certains croient en ma culpabilité, d’autres non. Que ce soit l’un ou l’autre, je voudrais pouvoir décrocher les yeux de leurs orbites. C’est plutôt excitant d’être traitée en criminelle, petite voleuse à sa mamie, je devrais adorer ça. Mais le prix du concours qui me passe sous le nez, je l’ai particulièrement mauvaise. J’y reste accrochée quoiqu’il en soit. Je l’aurais un jour. Je n’ai pas empoisonné le ministre.

Nous arrivons au carré VIP, habillés des couleurs de l'Angleterre, deux grands sourires aux lèvres, un plan bien encré dans ma tête. J'ai une promesse à tenir, un jeu à lancer en échange d'une chose que je ne pourrais pas obtenir par moi-même. Je viens pour m'amuser, oublier ses derniers jours infernales, mais je le sais, nous ne sommes pas seuls. Je suis accusée d'avoir voulu assassiner le Ministre, il faudrait être naïf pour croire qu'un Auror ou deux ne traine pas dans les parages, à me guetter comme si j'allais faire péter une bombe dans le stade. Blaze, te voilà aujourd'hui complice d'une criminelle soupçonnée, un rôle qui te colle parfaitement à la peau. Mes yeux s'illuminent à la vue d'un gradin dont j'ai toujours rêvé, celui des personnalités de marque. Je reconnais quelques visages connus du ministère, de grands joueurs de Quidditch depuis longtemps à la retraite, et autres personnalités mondaines. Si ma grand-mère croqueuse de diamant avait été là, elle serait allée vers le plus riche d’entre eux et l’aurait dépouillé. Sacré mamie. Coup de coude à Blaze sous ma veste chaude, et je lui glisse quelques mots amusés, quoiqu'un peu cynique sur la fin. « Tu as vu cette brochette de légendes là-bas ? C’est du délire ! J'espère que le Ministre n'est pas là, sinon je vais avoir l'air bien conne. » Pire que conne, ça serait un malaise mortel. De plus, c'est sa Femme qui m'a offert les billets, autant dire que j'apprends peu à peu à connaître le sens du mot malaise. En me voyant, il serait sûrement évacué dans la foulée, comme si je projetais de l'étouffer avec un amuse-gueule. Boissons et nourritures à volonté, déco pas dégueu, photographes plus disponibles encore que je ne l'espérais. Il y'a ici des forces de noblesse et de puissance que j'admire. Piquant un toast sur le buffet, l'enfilant sans retenu dans ma bouche, je sourie à Blaze, plus que ravie de me trouver là. « Ce soir je fête mon dernier week-end de liberté avant la rentrée, alors on se fait plaisir. C’est du Champ' ? » Dis-je d'un enchainement désespéré en m’emparant de l’un des verres à pied disposés face à nous. On le saura bien vite. Ça ne se voit pas, mais je ne vis pas très la situation. Ne laisser aucune faiblesse paraître, garder le cap, continuer à vivre comme la Vélane sûre d'elle que je suis. Le match commence quand ? Pas tout de suite j'espère, on vient à peine de se retrouver et j'ai deux trois petites choses à calculer.

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Ça a toujours été bizarre entre nous, qu’on se le dise. Notre rencontre est dû à sa sensibilité à mon pouvoir, notre amitié est née d’un jeu qu’il a lancé avec lui-même, celui de faire fuir tous mes prétendants et de se montrer toujours un peu trop sensible à la Vélanité. Était-ce parfaitement conscient et simplement sur-joué, ou était-il involontairement emprunt à une forme de folie que j’aurais moi-même déclenché à mon insu ? Impossible de savoir, tout comme il me sera toujours difficile de faire la différence entre les sentiments réels et ceux créent de toute pièce par ma nature. Avec Blaze, on s’adore, de parfaits potes un peu cinglés à n’en pas douter. Mais un jeu malsain s’est installé depuis le premier jour, des manies qui firent même douter Skyler de la sincérité de Blaze. Alors personne, je dis bien personne, ne sera étonné par ce qui risque d’arriver ce soir. Personne ne tiendra rigueur d’une chose qui fait partie de notre vie depuis plus d’un an. Jade aura ce qu’elle veut, moi également, et je n’aurais fait rien d’autre qu’apporter un peu de piquant à une partie lancée depuis longtemps. Mais ça, on y revient bientôt.

Le carré VIP porte bien son nom, saupoudré d’un petit luxe qui n’est pas donné à tout le monde. Ce luxe, j’y aspire toujours un peu plus. C’est là que je me vois vivre ma vie, dans l’or et le diamant, sur une vague de pouvoir auprès des plus grands. Je peux tout autant vivre dans une débauche palpitante le lendemain, tout ce qui compte, c’est de me trouver là où je le décide. Je sens que les tribunes sont chauffés et que je n’aurais pas besoin de mes gants plus longtemps, l'occasion d'ailleurs pour moi de libérer ma peau d'une laine irritante. Chose qui pourrait me refroidir cependant, c’est la présence du ministre, personnalité dont je ne manque pas de parler. En voyant les célèbres têtes qui partagent nos tribunes, impossible de ne pas y penser. D’après Blaze, c’est lui qui serait idiot de venir, et je dois dire qu’il n’a pas tort. Je doute sincèrement qu’il vienne. Cela-dit, un homme qui a des responsabilités ne peut pas rester caché éternellement, surtout lorsque sa présence est requise. Un haussement d’épaule acquiesce ses propos, alors que nous enfilons tous deux des petits fours sur nos langues bien pendues. Le champagne ne tarda bien sûr pas à attirer mon regard, ni le contact de mes doigts. Blaze ne semble pas emballer, préférant bizarrement nous servir un verre de cidre. J’hausse des épaules à mon tour avant de reposer les verres de Champagne, mes lèvres pulpeuses faussement boudeuse. « T’es pas drôle. » Cela dit, il n’avait pas tort à nouveau. En plus des flash oppressants de l’appareil photo, j’ai senti les regards de deux adultes se poser amèrement sur moi. Je préfère franchement lorsqu’on me regarde amoureusement, aussi niais que cela puisse être, parce que ça, ça me rend mauvaise. Mais je ne suis pas là pour maltraiter de pauvres prétentieux, je suis là pour passer du bon temps et comploter dans un double jeu. J’ai suffisamment de choses en tête pour ne pas me laisser distraire.

Oui, la rentrée approche. Oui, je serais bientôt traquée par des chiens de garde. Je savais qu’on en discuterait ensemble, qu’on essayerait de trouver des plans foireux pour me sortir de là. Et la révolte ne tarde pas à faire fuser quelques idées toutes fraîches. Portant le cidre fraîchement servi à mes lèvres, j’observe le visage de Blaze comploter d’une petite voix, scrutant rapidement les alentours. J’analyse chaque mot, m’amuse intérieurement de chaque intonation. Je peux toujours compter sur lui pour ce genre de choses, c’est dingue. « Ouais, si j’utilise mon pouvoir, ça finira par se savoir. Je suis déjà pas assez conne pour empoisonner le ministre devant tout le monde, alors je le suis pas non plus pour m'enfoncer bêtement. À limite vous détournez leur attention juste une fois, histoire que je puisse avoir la paix trente secondes, mais en vrai il vaut mieux laisser pisser. L’important c’est qu’on réussisse à se capter, je vous fais confiance pour faire ce qu’il faut de l’autre côté. » Un intense regard réfléchi scrute le brun des yeux de Blaze, mais j’ai l’étrange impression de fixer le vide. Je ne fais pas attention à la portée de mon regard, me contentant de réfléchir en parlant, simplement. Extirpée de là par un nouveau petit-four englouti par mon ami, extirpée de cette immobilisation par un idéal bien trop ambitieux pour le coup. Idéal oui, c’est le mot exact. Un peu plus et je lui recrachais mon cidre à la figure. Froncement de sourcil perplexe, esquisse en coin aussi réceptive que perplexe. « Bah oui, ça pour un idéal ça serait idéal ! Mais facile à dire. Les trouffions qui gèrent l’enquête sont pas capables de trouver une piste alors nous… Quoique, s’ils passaient pas leur misérable vie à fliquer les mauvaises personnes peut-être qu’ils auraient une once de résultats. » Condescendante, mon bras se tend vers un nouveau petit four rapidement embouché. Un regard alentour à la recherche d'une tronche indiscrète qui aurait le regard rivé sur moi, et j'enchaîne, la bouche presque vide, avalant encore les bouts de feuilletés chauds. « Hm, en fait t’as raison, on ferait un meilleur boulot qu’eux. Je sais ce que j’ai mis dans ma potion, et on sait déjà où ça vaut pas la peine de chercher. On est pas du genre à perdre notre temps nous. » Un doigt glissant le long de ma lèvre se défait de toute trace de nourriture. Un air narquois s’affiche sur mon visage, me déterminant toujours à atteindre mes buts. C’est très ambitieux, mais c’est très nous.

En parlant d’objectif, je ne perd pas le premier des yeux. Le photographe traine dans les parages, nous aveugle de ses flashs insupportables. Je dois pouvoir trouver le bon moment. Au fond qu'importe ce qui apparaîtra sur cette photo, ce doit être significatif. « D’ailleurs, je me demande bien ce que je ferais sans toi parfois. » Subitement moins condescendante, revigorée par la tendresse, mes doigts se tendent vers la mâchoire de Blaze que je recouvre de la paume de ma main. Peau contre peau, premier contact opéré avec délicatesse, la machine se met en route. Douce nian-niante, pas assez provocante, je vise la surprise. Simple amicalité, simple tendresse dans deux opales bleus qui dissimulent l’emprise d’une Vélane animée par l’ambition. Cela pourrait très bien le mettre mal à l’aise, mener les choses bien loin de l’objectif initial, mais je n’aurais qu’à me débrouiller autrement. Soyons honnêtes, il a toujours eu un faible, ça marchera ! Autrement, lui demander quoique ce soit serait un jeu d’enfant. Voilà un acte bien tordu venant d’une amie. En plus de trouver ça particulièrement amusant, cette amie a une promesse à tenir. Un groupe de comploteurs dans lequel la comploteuse complote en secret contre le comploteur, c’est tordant.

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Notre bande est unique, je dois bien l’admettre. Mais elle est si complexe et impossible, qu’on se retrouve bien trop souvent confrontés à des embrouilles débiles. Je crois bien que la seule personne avec qui Blaze n’a encore jamais eu de souci, c’est moi. Mais la vie nous apprend bien qu’il ne faut pas parler trop vite. Je sourie fièrement à la description que Blaze fait de notre groupe, pleine d’amusement sur la fin. Jade se défend bien, mais nous sommes les deux génies, ça ne fait aucun doute -on plaisante bien sûr, quoique-. Il décrit un potentiel presque trop idéalisé mais qu’il me plaît d’entendre. On a de quoi renverser pas mal de monde. Quelques questions pertinentes défilent avant qu’un froncement de sourcil ne vienne marquer sa réflexion. J’y pense aussi, fortement. Et si ce n’était pas si évident ? Et si la menace venait de l’extérieur ? Après tout, nous n’avons jamais eu le fin mot concernant l’incendie à la soirée de charité de Noël dernier. C’est peut-être bien plus complexe qu’il n’y paraît. Nous sommes au centre d’un déferlement de tensions politiques, et même si s’en mêler peut sembler dangereux, c’est pour moi le sentiment le plus palpitant qui existe au monde. Il paraîtrait que ce soit plutôt l'amour, mais en ce qui me concerne, je n'ai pas matière à comparer. Je ne doute pas de nous bien sûr, simplement des conséquences de notre implication. Qu’est-ce que j’en ait à faire, au fond ? Je suis accusée à tort, matée comme une criminelle. Je ne suis pas du genre à me laisser faire, et j’ai la chance de partager cette qualité avec trois énergumènes. Nous saurons par où commencer, nous saurons nous poser les bonnes questions, mais surtout, nous n’aurons aucun mal à nous tirer d’une impasse. « La téméraire, l’intrépide, la manipulatrice et le truand. » Ses mots sortent de ma bouche avec un certain amusement, mais j’en suis vicieusement fière. Il reste cependant un petit détail à ne pas oublier et qui a toute son importance : Mister Bradford. « Je règle les choses avec Misha, je me débarrasse des toutous et on latte l’enfoiré qui a tenté de me piéger. On a peut-être pas de cape d'invisibilité, mais on trouve toujours un moyen de pression. Si ça ne vient pas de l’extérieur ça peut être beaucoup de monde, faut procéder par élimination. » Narquoise, sirotant une gorgée de mon verre, je rebondis sur les paroles de Blaze, lui qui semble bien déterminé à faire justice lui-même. Mener notre petite enquête nous permettra d'occuper un peu le temps et de donner un sens à cette année scolaire pathétique. Plus rien n'a de sens, c'est le cas de le dire. La magie n'en est plus, la politique prend toujours un peu plus la tête, et les amitiés se déchirent. Si trouver le coupable et lui arracher les yeux peut me permettre d'en finir avec cette lassitude, je suis preneuse. Comploter de la sorte me fait du bien. Comploter au milieu d'un tas d'ingrats et d'incapables me donne le sentiment de bien faire, et de le faire justement. J'aurais aimé voir une coupe de champagne pendre à mes lèvres pour compléter le tableau, mais on se contentera du cidre pour l'instant. Celui-ci n'est même pas brut, mais ce n'est pas pour ça que je le repose provisoirement sur le buffet.

Parfois, un complot en appel un autre. Discuter ainsi du Breakfast club m'ouvre une porte, l’occasion de mettre mon don à exécution. Celui d'obtenir tout de ce que je désir. Que ferais-je sans Blaze ? Alors, oui et non. J’ai beau user de la faiblesse des autres pour obtenir ce que je souhaite, je ne me qualifie pas totalement dépendante des autres. J’agis seule, selon mes propres envies, selon ma naturelle dévotion. Difficile d’admettre que sans personne autour de moi, je ne serais rien, mais c’est certainement le cas de beaucoup de monde. Blaze n’aurait personne à emmerder, Misha n’aurait personne à haïr avec passion et Jade… je crois qu’elle serait bien plus heureuse comme ça en fait. Alors oui, parfois, j’ignore bien ce que je ferais sans Blaze. Mais à l’imaginer inexistant de l’histoire de ma vie, je me dis que je me serais simplement débrouillée autrement. C’était dit pour le jeu de charme, pour lui donner de l’importance à mes yeux. C’est plutôt vrai au fond, il compte beaucoup, mais ça, je ne suis pas prête de l’avouer. Pas moi.

Aujourd’hui c’est lui qui avoue ses plus profonds sentiments. Pas besoin de mots, pas besoin de pures révélations à haute voix. L’expression de son visage, le language de son corps et l’intonation de sa voix suffisent à eux-seuls. Ça va très vite avec lui, c’est plutôt impressionnant. Peut-être qu’il le pense vraiment, chaque jour, sans jamais se laisser l’occasion d’y croire. Je n’ai aucune idée à lui mettre dans la tête, il les trouve tout seul. Ma nature m’a doté d’un naturel auquel mon ami est bien trop sensible. Ce que je suis entrain de lui faire, à lui et à Sky, c’est fortement sadique. Je ne m’en rend pas compte, ni de la portée de mon acte, ni de ce que ça pourrait bien déclencher. Je me laisse prendre au jeu, m’amuse de petites prunelles brunes farceuses et complices. Mais me voilà tout de même surprise. Sa main saisit la mienne à bout de bras. Je l'accompagne, laissant mes doigts fins glisser doucement de sa joue vers sa nuque. Je la cache, ma légère frustration. J’ai beau être familière avec ce genre de conneries, Blaze reste mon ami et le contact de nos mains fait bizarre. Il me fait sourire, véritablement, en soulignant le rouge ridicule que nous portons. On s’est moqué de nos dégaines il n’y a même pas quelques minutes, et voilà qu’elle me va bien au teint. Il est adorable, bien que ce soit particulièrement faux. Cacher l’amusement de mon sourire par une esquisse flattée, vaincre intérieurement l'effet étrange de sa voix séductrice et de ses doigts contre ma main. Il sait un petit peu y faire finalement le bougre, je comprends que Skyler l’indomptable ce soit laissée séduire ! Mais bon, ça reste bizarre. La passion d’une couleur telle que le rouge me conforte dans mon emprise. C’est divinement drôle. J’ai d’ailleurs une robe de soirée rouge dans mon armoire que je ne sors que pour les grandes occasions. À cette pensée, mon attention est très légèrement attirée par une vision en coin. Deux personnes posent en photo devant nous. Une légère expiration tirée d’entre mes lèvres froides me faire réfléchir et réagir d’une traite. Je l’ai trouvé, le moment. « Rouge, c’est aussi la couleur du courage, de la sensualité, de l’interdit, et du danger… » Douce, sensuelle, provocatrice, la voix illuminée par l’accent italien qu’est le mien, je guide sa main tenant la mienne jusque sur ma taille. Je sourie avec provocation, agrippée à sa nuque, me poussant légèrement contre lui dans le but de le faire reculer un peu. Tout ça pour nous décaler, tout ça pour nous placer dans le champs de la photo des deux personnes très importantes entrain de poser. Bouger d'un pas, rire pendant le processus, mise en scène digne d'un film à l'eau de rose. Si eux ne figurent pas dans le journal, je ne comprendrais pas. Au pire je me débrouillerais pour chopper la photo. J'ignore si le flash a jaillit dans l’intervalle, mais je devrais avoir ce que je voulais, non ? Faire passer tout ça pour une plaisanterie ne devrait pas être bien compliqué. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai rigolé, pour placer de quoi rompre l'emprise facilement. Je l’aurais juste un peu bousculé, voilà tout. Alors je commence à me détacher lentement, prête à mettre fin au vacarme. Je sais démarrer la machine, mais il est plus souvent plus difficile de l'arrêter pour être honnête. Le match ne devrait pas tarder à commencer, ça devrait pouvoir m'aider.

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Okay, la contre-attaque est lancée, à notre manière, avec nos propres armes. Chaque qualité que nous possédons doit être utilisée pleinement, ne jamais l’oublier. Dans un groupe de potes comme le mien, c’est de l’or. Le premier plan est donc exposé, un plan qui n’en est pas vraiment un, mais depuis quand sommes nous capables d’être organisés comme des pro ? Plus habitués à foncer au talent, je ne déroge pas à la règle aujourd’hui. Fais ton jeu de charme, fais ce qu’il faut pour apparaître sur une putain de photo et le tour est joué. C’est pas une grosse affaire vu d’ici, mais en vérité ça aura des conséquences particulièrement chiantes. Personne ne prendra la peine de discuter, tout le monde va se prendre le choux pour de la merde et ils ne feront que me prouver leur infériorité. Poudlard va encore rencontrer des soucis bien plus gros que ça, alors moins de gaz les gars.

C’est bizarre, le fait d’être si proche de lui, le fait de l’être dans une intimité totale. Aucune connaissance aux alentours, aucune restriction. Pour autant je me laisse porter par son visage drôlement angélique, porter par ses prunelles brunes qui me dévisagent. Je me laisse porter, mais je contrôle tout, comme on prend possession d’une marionnette. Sauf qu’à vouloir en faire trop, à vouloir jouer d’une confiance excessive, on prend le risque de faire un faux pas. Je n’ai jamais peur de faire tomber la marionnette, ni même de l’abîmer, pourtant je devrais. Là, j’oublie surtout que Blaze est particulièrement sensible à ma nature, et que le pari est plus que facile. Jade voulait tester mes limites et mes capacités ? Est-ce que c’est vraiment très représentatif avec Blaze ? Je l’ai à peine touché, à peine frôlé le bouton qui actionne le charme. A vouloir trop en faire, j’amplifie mon emprise. A vouloir me coller à lui pour être sûre d’apparaître au prochain flash, je joue avec le feu, je monte les paris. Sa main se serre sur ma taille et mon sourire disparaît derrière ses propres lèvres qu’il dépose contre les miennes. Ce n’était pas spécialement prévu, et le coup qui frappe ma poitrine défi toute nonchalance. Surprise et sensation naturelle se mêlent. C’est rapide, mais j’ai l’impression d’avoir le temps d’analyser chaque seconde, de sentir mes yeux grands ouverts de surprises se fermer par réflexe. Puis on se détache, subitement, et tout s’arrête. Comme si ça suffisait, comme si j’avais inconsciemment décidé d’en finir avec tout ça. Tout stopper, libérer quelqu’un d’une emprise naturelle, c’est le plus difficile. J’ai dû enclencher quelque chose, j’ai dû ressentir une chose qui a pu tout arrêter. Il fallait que ça s’arrête là, et c’est ce qui est arrivé. Une résistance aide le processus peut-être ? Quoiqu’il en soit je fais maintenant face à des yeux papillonnants, la pression contre ma taille se desserre, et une distance évidente se créer. Est-ce qu’il va bien ? Est-ce qu’il se souvient de ce qui vient de se passer ? Je vais rarement jusqu’à me faire embrasser, disons que si j’en avais l’habitude je saurais quoi faire en ce moment. Improviser comme je sais si bien le faire, je ne vois que ça. « Certes c’était pas mal mais évite de faire ça à chaque fois que tu perds le contrôle ok ? Ca risque de poser souci à un moment. » Sourire avec amusement, preuve direct d'un je m'enfoutisme évident. On est ami, ça aurait pu arriver en soirée autour d'un jeu de la bouteille, on s'en fou non ? (Si seulement on pouvait juste s'en foutre.) En vérité, je ne saurais pas dire si j’ai apprécié ou non. Une chose est sûre, c’était bizarre. Je me sens comme si ça devait arriver un jour, au moins une fois, et que maintenant que la chose est lâchée, on peut retourner à nos occupations respectives. Ce n’est pas comme avec Maxwell. Il est sexy, je sais que l’un de nous deux est supposé embrasser l’autre avant la fin de l’année, mais c’est superflu. Le prendre avec humour, continuer sur le registre qui a lancé l’action. Je plaisante, et ça déborde, c’était là l’idée. J’ai fais ce que j’avais à faire et on en parle plus, right ? Puis des bruits dévorants, assourdissant retentissent dans le stade. Le match commence. Alors sans le toucher, sans opérer le moindre contact, je me contente de reprendre mon verre en main et de motiver Blaze à prendre place contre les estrades d’un entrain contagieux. « Amico, ça commence, ramène ta fraise ! » Dis-je en fonçant vers les feux d’artifice qui pètent et brillent dans le stade. Il va vouloir en parler ou ça va ? Pas trop choqué Blaze ?

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