Study or not study… Whatever

Après les évènements du bal et l’empoisonnement du Ministre, tout s'était enchaîné. On nous avait annoncé que le départ pour rentrer chez nous avait été décalé et que nous serions interroger. Les jours qui avaient suivi n’avaient pas été des plus agréables et chacun était passé par l’interrogatoire. Le mien n’avait pas duré très longtemps. Après tout, je n’avais pas participé au concours de Potions et je ne savais strictement rien de cette affaire. Nos parents avaient été déçus de ne pas nous avoir pour le réveillon de Noël. Nous n'étions arrivés que le 25 au matin et le trajet avait été rythmé par la discussion concernant le bal. Alexander avait fait la conversation, comme souvent et moi j’étais resté plutôt silencieux. A quoi bon en parler et puis je sentais bien que tout ça stressait mon père. Il y a déjà deux ans, il avait rongé son frein après mon accident et le fait que je souhaite retourner à Poudlard malgré tout. Je sentais bien que ce nouvel incident devait le mettre en colère, à se demander si Poudlard était réellement aussi sans danger que la direction voulait le faire croire. Les vacances s’étaient plutôt bien passées malgré tout. Le tour dans la famille et le traditionnel échange de cadeaux s’étaient fait dans la bonne humeur. J’avais pu me balader sur la plage et prendre quelques photos. Bref, la routine.

De retour au château, les cours avaient repris depuis peu mais l'empoisonnement de Mr Appleton restait sur les lèvres de beaucoup. N’en pouvant plus des commérages et du bruit ambiant dans ma salle commune ce samedi, j’avais finalement décidé de la quitter pour quelques heures. Je déambulais au quatrième étage, ne sachant pas vraiment vers où me diriger qu’une voix me fit relever la tête. À l'autre bout du couloir, un petit groupe d’élèves se rapprochait joyeusement de moi. Mais ce n’était pas n’importe lesquels. Le visage de mon frère s’y détachait très nettement et un sentiment de malaise s’immisça en moi. Je n’avais strictement aucunement envie de le croiser à cet instant et encore moins en compagnie de son groupe d’amis. Je voyais déjà la scène et les remarques idiotes que ces derniers allaient me sortir. Et moi, j’étais seul, sans Daria ou Cameron et je ne me sentais pas le courage de leur faire face, sachant très bien comment ça allait finir : la tête basse, encaissant les remarques blessantes et les comparaisons. Le cœur battant, je fis demi-tour, cherchant un échappatoir que je trouva dans l’une des salles non utilisées du quatrième étage. Du moins, en temps normal. Dos contre la porte fermée, je ne fais pas tout de suite attention à l’intérieur de la salle, bien trop occupé à tenter d’entendre les pas du groupe de l’autre côté. Ce n'est que quelques instants après, lorsque je finis par relever la tête que mon regard se pose sans prévenir sur une personne déjà présente dans la pièce. Il ne me faut pas très longtemps pour la reconnaître mais déjà je sens le rouge me montait aux joues, presque honteux d’avoir été pris en flagrant délit de fuite. Le regard fuyant, je me détache finalement de la porte pour me rapprocher. De toute manière, le mal était déjà fait.

Hum… Salut Mallory. Désolé d’être entré sans prévenir.

Ma voix n’est pas très sur mais pour autant je ne recule pas. J'espère juste que je ne la dérange pas trop et qu’elle ne va pas me demander de sortir tout de suite.

Study or not study … Whatever

Ma réaction était peut-être stupide ou lâche mais voir Alexander et ses amis au détour d’un couloir me rend la plupart du temps nerveux. Je n’ai pas envie de me confronter à eux ou même de croiser le regard de mon frère, ne sachant plus ce qu’il pense. Avant, je pensais être capable de le comprendre en un simple regard, nous pensant connecté lui et moi mais Alex m’a finalement prouvé que ce n’était pas le cas. Ses regards sont devenus indéchiffrables pour moi. tout me paraît comme un mensonge ou une manipulation. La confiance que j’avais en lui s’est brisée et l’amertume que je ressens à chaque fois ne désemplit pas. On se parle, oui, à la maison, devant nos parents ou même des fois aux détours d’un couloir mais faire face à toute sa clique, seul, je ne m’y résous pas. Alors, dans un moment de lâcheté, de fuite, j’ouvre la première salle non utilisée que je trouve et referme la porte derrière moi, dos contre cette dernière. Il me faut quelques instants avant de me rendre compte que je ne suis pas seul, laissant le rouge me monter aux joues en reconnaissant la tête brune qui s’y trouve. Mallory est assise devant moi, le regard perplexe. Je me détache finalement de la porte en détournant le regard, une main frottant l’arrière de mon crâne, gêné. Je la salue timidement tout en m’avançant vers elle. Trop tard pour faire marche arrière. Et puis entre passer du temps ici, avec la sœur de Cameron et retourner dans le couloir où Alexander se trouvait encore, il n’y avait pas à réfléchir.

J’accepte silencieusement de m’assoir à ses côtés, tirant la chaise avec prudence avant de me poser. Je ne connais Mallory que de ce que m’a raconté Cameron. Elle est sa sœur jumelle et d’après ce que j'ai pu comprendre et même voir, les deux sont assez proches. Tout comme je l’étais avec mon frère à l’époque. Mais était-ce vraiment la même chose au final ? Moi de mon côté, je m’étais rendu compte que je n’étais qu’une pièce rapportée pour ses amis. Juste le frère, le jumeau. Mais avant tout ça, je m’en moquais, tout comme je m’en foutais que l’on me compare sans arrêt à lui. Aujourd’hui, tout ceci m’énerve et me conforte dans l’idée de vouloir m'émanciper, de montrer que je vaux autant que lui.

Sans surprise, Mallory me regarde avec amusement du fait de mon entrée remarquée. Il aurait été bien trop beau qu’elle n’est rien vue ou qu’elle ne me pose aucune question sur mon attitude des plus bizarres. Elle ne tarde pas à me poser une question et me demander qui je cherchais à éviter. Quoi ? Heu….[/b] C’était si flagrant que ça ? Encore une fois, je baisse les yeux, trouvant soudainement mes mains bien plus intéressantes que le reste de la pièce. Je suis vraiment pathétique de réagir ainsi. Encore plus devant les hypothèses de Mallory. Je relève la tête comme si une aiguille venait de me piquer le menton, une lueur stupéfaite dans les yeux alors qu’ils se posent sur le visage de la brune. Encore une fois, je sens le rouge me monter aux joues et sans vraiment me contrôler je lève les mains devant moi, les secouant de droite à gauche comme pour démentir ce qu’elle venait de dire. Tout ça avant que je comprenne que ce n’est que de la taquinerie et que mes mains retombent sur mes genoux. Gêné de ma réaction, je sens mes dents se refermer sur l’intérieur de mes joues avant de finalement laisser un soupir passer. Il n’y avait pas de quoi prendre la mouche après tout.

Je suis pas certain qu’elles se bousculent pour moi. Je ressemble pas vraiment à Carter ou Avery...

Je finis par dire avec un peu d’ironie. Ces mecs sont populaires et ont une réputation de tombeur. Autant je les envie pour le physique qu’ils ont et cette confiance en eux qu’ils dégagent, autant je ne tolère pas du tout leur façon d’agir avec les filles. Je ne les juge pas, ils font ce qu’ils veulent mais ce côté "enchaîner les filles les une après les autres” me dépasse.

Mon regard se perd à nouveau sur le visage de Mallory alors qu’elle me regarde, le menton dans la main, dans l’attente d’une réponse de ma part. Je pourrai bien lui répondre personne mais comme elle m’a défendu de le faire. Alors, je soupire à nouveau, mes épaules finalement relâchées, et pose à mon tour les coudes sur la table.

Mon frère et son groupe d’amis

Elle allait sûrement trouver ça pitoyable de fuir comme la peste son propre frère, d’autant plus lorsqu’on est jumeau.

Study or not study … Whatever

Bien que gêné, j'avais fini par me rapprocher de la table où était assise Mallory. Je sais que j'ai encore un peu les joues rouges mais j'essaye de ne pas trop y penser alors que je l'écoute me demander pourquoi cette entrée si remarquée. Du moins, elle me demandait surtout qui je tentais d’éviter. J'aurais pu lui mentir et nier le fait que je cherchais à me cacher de quelqu’un mais son regard en dit long et il est clair qu’elle ne se laissera pas duper. Bien sûr, dans le peu de distance qu’il y avait entre la porte et la table de la salle, ma gêne refit surface de plus belle face aux hypothèses de la sœur de Cameron et je me surprends à lever les mains devant moi tout en les agitant pour nier tout en bloc. Non, aucune horde de filles ne me couraient après ! Mes dents se resserrent sur l’intérieur de mes joues alors que Mallory pouffe de rire devant ma gêne et me fait remarquer qu’elle me taquine. Un soupir passe mes lèvres alors que mes bras retombent le long de mon corps. Il n’y avait pas de quoi prendre la mouche. De toute manière, je ne suis pas vraiment le genre de garçon qui intéresse les filles au détour d’un couloir. je suis pour la plupart des autres presque invisible ou du moins pas intéressant. Je ne suis ni Maxwell Carter ni Caleb Avery, ces deux playboys dont la réputation dit qu’ils enchaînent les filles les unes après les autres. Ma réplique attire l’attention de la Serdaigle. A l’entendre elle ne les porte pas dans son cœur et la façon dont elle les décrit n’est pas des plus flatteuses. Un sourire effleure mes lèvres alors que je finis par m'asseoir à ses côtés.

Tu les a rendu pathétiques en quelques mots.

Je lâche avec amusement. Elle n’a sûrement pas tort. Peut-être que ces mecs n’ont que leur physique pour plaire et qu’au fond ce sont des gros nuls. De toute façon, ne faut-il pas l’être un peu pour ne pas prendre en compte les sentiments des autres et en profiter tout de même ? J’en sais rien. Je ne les connais pas et je n’ai aucune envie de les connaître de toute manière.

J’envie pas leur position. Ne rien ressentir, c’est triste.

Je ne parle pas forcément de tomber amoureux mais d’avoir au moins un peu de compassion pour sa partenaire, quand bien même cela ne dure que quelques heures ou quelques semaines. Mais, au final, qu’est ce que j’en sais ? Je n’ai jamais été dans une relation amoureuse ou même était réellement amoureux de quelqu’un. des cruchs j’en ai eu, même s’ils sont toujours restés secrets, mais ça ne durait jamais bien longtemps.

Je finis par avouer la raison de ma venue précipitée dans cette pièce, les coudes posés sur la table. De toute manière, je n’aime pas mentir et je n’en vois pas l’intérêt. Beaucoup de personnes avaient déjà remarqué que ma relation avec mon frère n’était plus la même, alors pourquoi cacher le fait que c’était lui que j’évitais -encore -. Cela semble pourtant la surprendre et c’est stupéfaite qu’elle me demande si je parle bien de mon frère jumeau.

Oui, Alexander. Parce que…

J’ai du mal à finir ma phrase. Je ne sais surtout pas si j’ai envie de m’expliquer. d’expliquer que la personne en qui je croyais le plus m’a abandonné, m’a menti et ne semble pas en être désolé encore aujourd’hui. Il y a encore deux ans j'aurais sûrement eu la même expression que Mallory si on m’avait dit ça, pensant dur comme fer que ma relation avec mon frère était des plus spéciales. Que je comptais autant pour lui qu’il compte pour moi, même encore aujourd’hui. Même avec cette cicatrice qui me rappelle constamment que j’avais tout faux.

On va dire qu’on se comprend plus.

je lâche tout en relevant les yeux vers Mallory, un sourire sans joie dessiné sur mon visage. Pour autant, je ne regrette pas le fait de vouloir m'émanciper. Je suis resté bien trop longtemps dans l’ombre de mon frère. Puis, ça n'a pas l'air de le déranger, lui.

Study or not study … Whatever

Je n’avais pas prévu de passer mon samedi dans une pièce du château, me voyant plutôt rejoindre le parc pour passer le temps. Mais voir mon frère à l’autre bout du couloir avait suffit à changer mes plans. Sans réfléchir je m’étais glissé dans la première salle à me porter, sans prendre la peine de regarder s’il était déjà occupé ou non, bien trop occupé à vouloir fuir mon frère et son groupe d'amis. Quelle n’avait pas été ma surprise quand la voix de Mallory était parvenue à mes oreilles, faisant monter le rouge à mes joues, gêné de m’être fait prendre de la sorte. Ses taquineries firent qu’augmenter cette dernière, notamment lorsqu’elle fit l’hypothèse que je cherchais à fuir une horde de jeunes filles. Je n’étais pas ce genre de garçon dont le physique avantageux faisait battre des cils la première fille qu’il croisait, du genre Carter ou Avery. C’est la remarque de la sœur de Cameron, vis à vis de ces derniers, qui finit par me détendre. En quelques mots, elle avait réussi à les rendre pathétiques, laissant un sourire se glisser sur mon visage. Constatation dont je lui fais part, assis à ses côtés, les coudes sur la table. Mallory insiste sur le fait que ces gars n’ont pas besoin d’elle pour être pathétiques.

Tu ne les aimes pas. Je conclus avec amusement, les yeux posés sur mes mains. Je ne vais pas les plaindre. Ce n’est pas le genre de type que j’envie. Ok, ils sont populaires, intéressent les filles et sont entourés de monde mais en dehors de ça, je ne vois rien de bien intéressant. Je les trouve superficiels et limite stupides. Je me demande bien comment ces deux mecs ont fini par devenir préfets.

Ma réponse semble surprendre Mallory alors je mentionne le fait que la personne que je venais de fuir était tout simplement mon frère. Et je peux la comprendre. Le peu d'amis que j'ai ont pu voir mon changement de comportement et mon éloignement. Avant, je traînais essentiellement avec mon jumeau, ce qui n'est plus le cas depuis plus d'un an. Je me souviens encore de cette discussion avec Daria au Balcon du Monde l'année dernière. La seule fois où j'ai mis des mots et des explications sur mon comportement. Le menton dans la paume de ma main, je tombe sur le regard sérieux de la Serdaigle, qui vient de refermer son bouquin pour se concentrer sur moi. Je sens à nouveau mes joues chauffer légèrement, mon regard prenant déjà la fuite sur le bois de la table. Ce n'est pas tant son regard insistant que sa question qui me met mal à l'aise. Je n'aime pas en parler, le souvenir ne s'estompant pas malgré les jours, les semaines, les mois.

C’est… Pas une chose que j’aime raconter. C’est ... Instinctivement ma main glisse sur mon cou, la cicatrice toujours aussi nette sous mes doigts. Encore aujourd’hui, je me sens incapable d’en parler à coeur ouvert. La blessure psychologique que l’incendie m’a laissé n’est toujours pas entièrement renfermée et en parler n’arrange pas les choses. La seule fois où je me suis permis de le faire, j’ai à peine pu dire ce que je ressentais. Daria est ma meilleure amie, mais elle ne sait ce que c’est d’avoir un jumeau, d’avoir un lien aussi précieux et ce que ça destruction engendre. Elle ne peut pas vraiment comprendre. Je relève le regard sur la sœur de Cameron, incertain sur la marche à suivre. Est-ce qu’elle, connaissant ce lien qui uni des jumeaux, peut comprendre ?

Alex et moi, avant, on était toujours ensemble. On partageait tout. Enfin, c’est ce que je croyais. Je finis par dire, hésitant, la fin de ma phrase se perdant dans un murmure. Un… évènement m’a fait ouvrir les yeux. J’étais le seul à voir les choses comme ça, à penser que notre relation était importante autant pour lui que pour moi. Ce n’était pas tant l’incendie qui m’avait fait le plus souffrir et pourtant le souvenir des flammes me léchant une partie du corps est toujours vif, mais pas autant que son regard et les mensonges qu’il a osé dire devant moi, sans honte.

On s’y fait à force. Je lâche avec un sourire qui sonne faux. Je ne suis même pas capable de me convaincre. Non, ce n’est pas le cas. Quand bien même je suis à l’initiative de notre éloignement, de mon besoin d’émancipation, la douleur est toujours présente, tout comme le vide qui représente l’absence d’Alex.