Il savait que ses derniers mots suffiraient, qu’ils auraient l’effet escompté. Il ne peut pas garder le contrôle face à son filleul, ne peut le forcer à l’apprécier comme un membre important de sa famille et de son éducation, mais Wayde peut au moins s’occuper des enfants qu’il est venu aider à Poudlard. Sur ses vocations, il aura toujours eu le contrôle. Elle aura visiblement mit un peu de temps à se décider, mais Kathleen Kirte, vaillante participante d’une réunion entre jeune pour la fois bruyante, finit par contacter Wayde pour un entretien qui promet d’être enrichissant. Autant pour la jeune fille, que pour celui tant attiré par les drames, les forces du mal et les mystères. Ce n’était pas l’un de ces entretiens habituels durant lequel il évoque les projets, les ambitions, les passions, des chemins de vie abordés avec pertinence. Celui-ci concernait une scolarité torturée par les politiques, les drames et les cauchemars enfuis dans de petites têtes. Il avait malgré tout préparé le petit coin avec table basse et fauteuils comme pour n’importe quel autre entretien. Il était prêt à la recevoir, il l’attendait.

On toque à la porte, nul besoin de demander qui voilà, il sait bien que Kathleen Kirte se tient juste derrière. Instinct, magie, ou peut-être est-ce sa ponctualité ? Quelle importance. Un geste de la main, et la porte s'ouvre sous ses yeux pour révéler le visage de la Poufsouffle. La jeune fille, quoiqu’un peu nerveuse, le salut avec politesse. Il observe ses doigts du coin de l’oeil, et jugerait presque les entendre s’effriter. Il tente alors de la mettre à l’aise avec un sourire rassurant. « Bonjour Kathleen ! Je t’en prie, assieds-toi. » Sa main tendue présente le coin adapté alors qu’il s’y pose à son tour, relevant les manches de son pull hivernale. Il la regarde, continuellement, sans vouloir l’intimider d’aucune façon. Il analyse simplement, vérifie quelle parole doit être prise en première. Trouver les mots, ça se travaille. Elle disait vouloir aborder un sujet dont elle a peur d’être dépassée, une guerre qui plus est, de quoi clouer le bec des plus démunis. Alors sans attendre plus longtemps, Wayde s’adosse à son fauteuil et croise ses mains, bien conscient de ce qu’il doit dire. « Je dois bien avouer, je suis content que tu m’aies contacté, ça veut dire que mon instinct ne m'a pas encore lâché ! » Dit-il avec le sourire et un certain entrain. C'est tout ce qu'il veut, la mettre à l'aise, lui montrer qu'il n'est effectivement pas son ennemi. La cote du corps enseignant et des Aurors a énormément faibli ses dernières années, et Casey Pumpkin le lui a parfaitement confirmé. Elle aussi, croit désormais aux bonnes volontés de Wayde et donne une chance à sa différence. Pourtant ce n'est pas une fille simple à berner, croyez-le bien. « Tu me disais, dans ta lettre, te trouver au milieu d’une guerre dont les enjeux sont bien plus complexes qu’il n’y paraît, que ce soit pour toi ou tes camarades. C’est bien ça ? » Établir la raison de sa venue, s’assurer que rien n’a changé pour elle, que ses frustrations sont toujours les mêmes. Wayde aime entrer assez rapidement dans le vif du sujet, ce qui n'est apparemment pas le cas avec son neveu. Tourner autour du pot pour vainement fuir un sujet délicat, c'est bien connu. Allé droit au but dans un cadre de confiance et de nécessité, c'est de toute évidence.

Il n’imaginait pas à ce point l’importance d’un tel entretien. Il savait que des informations cruciales allaient en découdre, que certaines confidences ne feraient que confirmer ses doutes et ses craintes. Poudlard va rencontrer des soucis qui concernent tout le monde, mais ses derniers pourrait bien pousser les plus fiers à créer beaucoup plus de problèmes. Mais nous n’y sommes pas encore. Aujourd’hui, c’est la jeune Kathleen Kirte que Wayde invite à s’asseoir, elle qu’il se propose d’écouter attentivement. Il tente de la mettre à l’aise, tente de fuir les petits démons qui on tendance à grignoter avec agacement les forces naissantes. Il sera plus simple pour elle de s’ouvrir si elle est en mesure de se détendre. Souriant, compréhensif, il expose lui même le sujet, l’aiguille pour mieux l’accompagner. Et elle se dévoile finalement. Il l’a laisse parler, raconter son histoire, déglutir avec frustration. Il la regarde sans ciller, les mains liées sur ses genoux, le dos penché avec une minutieuse attention. Il n’avait jamais entendu parler de tout ça. Des bruits de couloir peut-être, des professeurs indignés et en perte de moyen, mais ça n’est jamais allé plus loin. Qui étaient ces élèves ? Est-ce qu’il s’agit d’un harcèlement scolaire, qui bien qu’aberrant, est plutôt commun ? Ou est-ce que les motivations étaient toutes autres ? Sourcil froncés, il réfléchit, peu stupéfiait en fin de compte. Il ne laisse rien d’autre paraître sur son visage qu’une profonde attention nouée de perplexité. Si on avait fait de telles choses à sa fille, Wayde aurait vriller sec depuis longtemps. Il ne le tolère alors pas plus sur une enfant qui n’est pas la sienne, mais qui a le même âge et la même lueur innocente dans le regard. Elle ne sait plus quoi faire, et ça le touche bien sûr. « Très bien, je comprends que tu sois perdue, on va décortiquer ça ensemble d’accord ? » Il s'avance un peu plus en avant de son siège, mains toujours liées, dans un sérieux et un air rassurant qui englobent la pièce. Il veut qu'elle ramène les yeux vers lui, qu'elle sache que tout va bien aujourd'hui. « Premièrement, j’ai vu le journal circuler quelques fois, ce n’est pas toujours très glorieux, je te l'admet. Malgré le titre dédié aux plus jeunes, la personne qui l'écrit cible tout le monde et n'épargne personne. On ne peut pas y faire grand chose, si ce n'est le laisser de côté et attendre le prochain numéro qui fera oublier le précédent. Si ça peut te rassurer, on surveille ça de près. » Oui, il en a entendu parler, lu même quelques lignes qu'il a trouvé amusantes, mais il veille bien sûr à ce que ça n'aille pas trop loin. Les élèves ont l'air d'adorer cette newsletter moqueuse, et elle ne sera pas enlevé à moins qu'un mal soit fait. Voilà pour la parenthèse, celle-ci mène d'ailleurs aux prochaines interrogations de Wayde. « Ce qui me gêne beaucoup en revanche, c’est le rapport que ce journal entretient avec vos agressions. Tu me parles d'une guerre à l'encontre des sang purs, mais qu'est-ce qui les lie à vous ? Est-ce que c'est eux qui vous agressent ? Est-ce que le journal incite à la haine ? J'ai peur de ne pas tout saisir. » Kathleen parle du journal, puis d'une guerre contre les sang purs. Il sait que certaines relations et politiques se percutent depuis longtemps, que les nouveaux arrivants à Poudlard ont tendance à en prendre plein la tête jusqu'à leur 2ème année, voir 3ème année. C'est une loi qui règne à Poudlard depuis des décennies. Mais si aujourd'hui, le problème naît d'un problème plus profond qu'une simple culture scolaire, ça pourrait devenir viral.