Erin & Maëlle

Echec. Echec total, même, vu que le loup continuait de bouger, mais qu'en plus il avait accéléré la cadence. Maëlle n'eut pas à attendre longtemps pour le voir bondir sur une silhouette qui, heureusement, n'était pas la sienne.
La situation vrillait complètement. Son cœur rata un battement lorsqu'elle comprit que la bête allait bouffer Erin. C'était dommage hein, clairement, mais elle n'avait pas l'intention de jouer les héroïnes. Qu'on ne s'attende pas à ce qu'elle se mette en travers du chemin d'un loup vénère ou qu'elle donne sa vie contre celle d'une meuf qu'elle connaissait depuis deux minutes. Non. Elle n'était pas aussi débile qu'un Gryffondor pour bien vouloir se sacrifier pour l'honneur et l'égo. Parce que oui, derrière un geste héroïque se cachait bien souvent l'envie d'être acclamé et aimé. Maëlle, elle, elle s'en battait la nouille de se faire des nouveaux potes.
Mais quand bien même elle n'avait pas l'intention de mettre son corps entre les crocs du loup et le bras d'Erin, elle n'avait pas non plus l'intention de la regarder se faire becter.
Moins assurée qu'auparavant, elle leva tout de même sa baguette sans trop savoir quel sort jeter, histoire de pas buter Erin malencontreusement. C'est à ce moment qu'une voix (qui n'était pas la sienne, bien évidemment) prononça distinctement un sortilège efficace. Le loup fut projeté en arrière, son large corps s'étalant au sol comme s'il n'avait été qu'une peluche. Puis il repartit, sans doute blessé dans son amour propre, et disparut dans la nuit.

Clairement, Maëlle aurait aimé s’octroyer tout le mérite d'une telle action. Mais force était de constater qu'une tierce personne était intervenue. Tant mieux pour Erin, qui avait gagné un sursis, mais qu'aucune d'elles ne se leurrent : elles allaient mourir plus tard, au château. Elle voyait déjà la tronche de Kendrick avec sa putain de tasse de thé.
Silencieuse, la Serpentard regarda son acolyte se relever, le tissu du vêtement déchiré et imbibé de sang. Ouais, ça devait piquer un peu.
C'est sans grande surprise qu'elle découvrit que le garde-chasse était derrière le sort qui les avait sorti de ce mauvais pas, et avec encore moins d'étonnement qu'elle comprit qu'il n'était pas ravi-ravi de les avoir trouvé ici. « Je fais des crises de somnambulisme, j'me suis réveillée-là. », lâcha Maëlle en guise de réponse. Comment ça la mauvaise foi n'allait pas les tirer de cette situation ? C'était une excuse tout à fait crédible !