Veronica s’était reveillé en forme aujourd’hui. En effet, elle avait un bon petit programme : faire une activité sculpture le matin, puis rendez-vous avec Carla Yaxley l’après-midi. L’atelier du matin était très intéressant. En effet, en compagnie de sa meilleure amie Capucine, elle avait beaucoup rigolé … enfin ça, avant d’être rejoint plus tard dans l’après-midi par un groupe de pimbêche. Bon, elle pouvait bien faire un effort pour accepter les copines de Capu. Alors elle les écouta commença à parler d’un sujet : les garçons … et celui au centre des attentions ce matin était Léopold Rockwood, serpentard présent au voyage scolaire. Depuis le début des vacances, elles étaient en boucle sur lui, c’était trop énervant. D’accord, il n’était pas hideux, il avait du charme mais quand même … méritait-il réellement toute cette attention ? Il y avait quand même mieux que lui : Caleb par exemple (même s’il ne lui avait pas adressé un mot depuis le début des vacances).

– Il est pas si exceptionnel que ça les filles, calmez vous un peu.
– Tu dis ça parce qu’aucun mec ne veut de toi.

BOUM. BAM. BIM. Prend ça dans ta figure. Cette poufiasse qui venait de l’achever n’était personne d’autre que Daisy. Septième année en devenir, des gros seins, et une confiance en elle qui frisait le ridicule. Veronica lui lança un regard noir. Comment osait-elle lui envoyer une telle punchline devant tout le monde. Aucun respect celle-ci. Daisy avait un problème avec elle, et même si la plupart du temps elle prétendait être sa copine, elle adorait lui lancer des piques et l’humilier en public comme elle venait justement de le faire. La demoiselle attrapa ses affaires, et décida de quitter la table sans un mot, réellement vexé par ce qu’elle venait d’entendre. Hors de question de rester une seconde de plus en sa compagnie détestable. Cette fille était presque au même niveau que la Shepherd pour dire à quel point elle était horrible.

La jeune femme se promena un peu dans le parc pour passer le temps, tout en prenant soin d’écrire ses pensées dans son journal intime. Heureusement qu’elle pouvait se vider la tête de cette façon de temps en temps sinon elle deviendrait surement folle. Quand elle releva la tête, elle se rendit compte qu’il était bientôt l’heure de son rendez-vous. En effet, plus tôt dans la semaine, elle avait envoyé un hibou à Carla, pour lui demander si elle serait intéressé pour boire un café avec elle dans le village du coin. La jeune femme avait remarqué que Carla n’avait pas l’air véritablement de s’amuser pendant ces vacances scolaires, et elle n’avait pas envie que la jeune femme ne se sente trop seule. AUSSI, elle était l’ex de Carter, elle avait donc potentiellement accés à des informations sur Caleb et comment le séduire. Troisièmement, elle était une fille forte et indépendante, en Septième année, populaire, et plutôt cool à en entendre les rumeurs, donc elle avait possiblement des choses à apprendre de son ainée. Pour toute ces choses, Veronica avait pensé bon d’envoyer cette invitation à sa camarade. Et elle avait été bien sûr bien aimable de lui répondre positivement à sa demande. Ainsi ce vendredi, donc aujourd’hui, elle avait rendez-vous avec elle à seize heures, soit dans une bonne vingtaine de minutes.

Veronica repassa rapidement par son dortoir histoire de poser son carnet dans son sac, et de vérifier qu’elle n’était pas trop hideuse. Elle ne voulait pas ressembler à un sac à patate face à l’une des plus belles filles de l’école. C’était tout bonnement hors de question. Satisfaite du regard renvoyé par le miroir, la jeune fille se rendit donc dans le village voisin et arriva au café. Carla n’y était pas, ce qui n’avait rien d’étonnant puisqu’elle était clairement en avance. La jeune femme prit ainsi place sur la terrasse pour attendre sa camarade d’école. La serveuse passa pour lui demander sa commance, mais la demoiselle déclina. Il n’était certainement pas polie de commander avant que son invitée ne soit présente. Et la dernière chose qu’elle désirait c’était que Carla puisse penser l’espace d’une seconde qu’elle était mal élevée. Quelques minutes passèrent, et la demoiselle arriva enfin. Veronica arbora un grand sourire avant de lui faire signe de s’installer.

– Veronica Levi, je ne pense pas m’être jamais présenté officiellement, je suis ravie que tu ais accepté mon invitation. Pendant un instant, j’ai cru que tu n’allais pas venir. En même temps j’aurais compris on fait pas parti de la même classe sociale. Mais c’est super en tout cas.

Commença la jeune femme en lui tendant une main. Son excitation était perceptible dans sa voix. En même temps, d’habitude elle était totalement invisible pour des filles comme Carla, alors que celle-ci lui accorde de son temps pendant l’après-midi, forcément ça la mettait grandement en joie. Elle avait d’ailleurs parlé très vite, signe de cette excitation à peine dissimulée.

– J’ai beaucoup entendue parler de toi en tout cas, je suis une vraie fan.

#groupie.

– Enfin je veux dire … C’est bizarre ce que je viens de dire, non ? Je ne voulais pas vraiment que ça sorte comme ça, excuse moi. Euh … comment vas-tu ?

Bon il était peut être temps de se calmer et de destresser un peu, non ?

C’était un mélange de stress et d’excitation qu’arborait la jeune femme à quelques minutes de son rendez-vous avec Carla. Il faut dire que ce n’était pas dans ses habitudes de prendre les devants et de contacter quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Encore moins quelqu’un comme Carla, qui on ne pouvait se le cacher, était tout de même assez populaire au sein de l’école de magie. La jeune femme respira un bon coup … l’instant d’après, Carla était bel et bien présente sous ses yeux. Elle s’assit en face d’elle un grand sourire sur les lèvres, ce qui provoqua évidemment un sourire chez Veronica. Au moins, elle ne venait pas ici seulement pour se moquer de la petite serdaigle, c’était plutôt rassurant. La jeune fille commença donc par se commencer. Il faut dire que si elle connaissait son nom et sa vie grâce aux rumeurs de l’école, ce n’était surement pas le cas de Carla par rapport à elle. Veronica savait qu’elle était le genre de fille à passer inaperçue. Elle n’était clairement pas assez populaire, ou amie avec les bonnes personnes pour qu’une future septième année sache qui il était. Elle et Carla ne faisaient pas parti de la même classe sociale. Ronny ne disait pas réellement ça par rapport à l’argent qu’elle avait, mais plus au statut au sein même de l’école. Si Carla était pour elle une fille populaire, de celles que tout le monde connait le nom … ce n’était pas son cas. Peut-être était-ce pour cela que ce rendez-vous était aussi excitant. Carla se présenta aussi, même si ce n’était pas franchement nécessaire, et la remercia de l’avoir invité.

Veronica avait du mal à tenir en place, comme si elle était une petite groupie qui rencontrait enfin la personne qu’elle admirait. Bon c’était surement le stress qui parlait au fond, c’était toujours impressionnant de se retrouver devant une fille très belle, plus âgée, et plus apprécié que soit. Le problème était que lorsque la serdaigle était stressé, elle débitait des paroles à toute vitesse sans réellement filtrer … Elle venait donc de dire à Carla qu’elle était fan … OMG. Ses joues rosirent immédiatement, un peu honteuse de s’être emporté comme ça. Il fallait qu’elle se reprenne et qu’elle apparaisse sympathique auprès de la serpentard, si elle espérait menait à bien tous ses petits plans secrets.

– Je suis désolé, je me suis emporté … C’est que je suis un peu stressé de te rencontrer, tu sais.

Avec un peu de chance Carla prendrait cela comme quelque chose de mignon plutôt que de quelque chose de flippant, non ? Mais la demoiselle en face d’elle était désormais curieuse de savoir les raisons de cet élan d’affection, et toucha un point lorsqu’elle fit l’hypothèse que Veronica avait quelque chose à lui demander. Techniquement c’était un peu vrai, elle avait pas mal de choses à demander, mais par quoi commencer ? Et qu’est-ce qui la ferait paraître pour quelqu’un d’à peu près normal ? Le but étant que Carla ait envie de la revoir après ce fameux rendez-vous. Et en plus, il était très important qu’elle ne la prenne pas pour une folle … Il ne manquerait plus que ça si la jeune femme allait répéter sur tous les toits qu’elle était dérangé … Et puis si ça revenait aux oreilles de Caleb … Quel désastre. Déjà selon ses informations (ou plutôt celles de Capu), commencer par le sujet Caleb serait une mauvaise idée … Donc Veronica avait mit cela de côté pour se concentrer sur les conseils pour devenir quelqu’un de cool et populaire.

– D’accord, voici la situation : il y a une fille de mon année qui se complait dans l’art de me rabaisser. Elle se nourrit de mes faiblesses pour mieux me détruire en public : mon style, mon goût des règles, et surtout mon absence totale d’expérience avec les garçons.

Veronica était lancé. Maintenant elle essayait simplement d’être claire et concise pour que Carla comprenne qu’elle avait besoin d’elle.

– Toi tu es quelqu’un de belle, d’intelligente, et de populaire. Tu crois que tu pourrais m’aider à le devenir aussi ? Tu vois, je n’ai pas envie de passer les prochaines années à continuellement me faire victimiser à l’école.

Bon maintenant qu’elle s’était un peu ouverte à Carla, la jeune femme secouait nerveusement sa jambe sous la table, comme stressé par la possible réaction de la serpentard. Elle priait intérieurement pour qu’elle ne se moque pas d’elle. Parce que sinon elle ne s’en relèverait sans doute pas, et irait mourir de honte quelque part loin d’ici.

Veronica se répétait intérieurement de garder son calme, de ne pas être trop exubérante, et de réfléchir avant de parler. Elle n’avait pas la moindre envie de faire fuir Carla, qui avait passablement bien gentiment accepté son rendez-vous alors qu’elle ne la connaissait pas le moins du monde. La demoiselle semblait souriante et sympathique à première abord. Les rumeurs entendues sur cette fille auraient pu prétendre le contraire … il faut dire que beaucoup se disait dans les couloirs de l’école … Carla restait tout de même une énigme pour elle. Pour certains, elle n’était qu’une sang-pur imbu de sa personne, manipulatrice et calculatrice, après tout n’était-ce pas de notoriété publique que Caleb la détestait. D’autres relevaient ses écarts de conduite, et sa tendance aux mœurs faciles, surement un effet boule de neige par rapport à sa relation avec Carter, d’autres la présentait comme une jeune fille sensible et attentionnée. Veronica préférait croire la dernière version. Après tout, elle avait bien l’intention de compter sur la gentillesse de Carla pour l’aider à atteindre ses buts pour la prochaine année scolaire.

La serdaigle décida de jouer cartes sur table avec son ainée. Visiblement, il était inutile de tourner autour du pot avec Carla, qui semblait préférer savoir directement où elle mettait les pieds. Il était important pour Ronny de lui expliquer de manière claire et concise la raison (ou les) pour laquelle elle s’adressait à elle aujourd’hui. Ainsi, elle fit référence à cette satané Daisy, cette fille aussi ennuyante que méchante qui semblait ne pas vouloir déguerpir de son cercle d’ami et qui prenait un plaisir sadique à la rabaisser dés qu’elle en avait l’occasion. Si la serdaigle avait vécu des moqueries pendant ses années à Poudlard, elle ne pouvait décemment pas continuer comme ça, ni même laisser quelqu’un d’aussi proche que Capucine lui en mettre plein la figure. Veronica ne voulait plus être une simple spectatrice de sa vie, elle ne voulait pas rester tapie dans l’ombre en subissant. Elle voulait devenir quelqu’un … une personne dont Poudlard connaitrait le nom, et pas seulement parce qu’elle faisait des remontrances à ses camarades, quelqu’un d’aimé, d’intéressant … Et elle pensait que Carla pouvait l’aider pour tout cela. Après tout, la jeune femme était connue dans l’école, nul n’ignorait qui était la serpentard. Elle était assez populaire pour être invité à toutes les soirées, pour intéresser les garçons, pour être sortie avec le meilleur ami de Caleb … forcément tout cela était un palmarès intéressant. Carla rebondit presque immédiatement sur le mot populaire, ce qui surprit assez la serdaigle. Ne pensait-elle donc pas qu’elle l’était ? Pour la petite cinquième année qu’elle était, cette fille était véritablement populaire … son avis était-il biaisé par son âge, où par le fait qu’elle soit souvent au cœur des rumeurs qui parcourent le château.

Un petit silence s’installa alors que Veronica semblait un peu trop surprise pour trouver quoi répondre. Heureusement pour elle, elle n’eut pas besoin de le faire puisque la verte et argent reprit la parole. Elle lui expliqua qu’elle ne se considérait pas être quelqu’un de populaire au sein de l’école de sorcellerie, mais qu’elle était tout de même flattée par ce qu’elle venait d’entendre. Veronica retrouva son sourire, soulagée. Entre temps, le serveur avait apporté leurs commandes : un jus de fruit pour Carla, et un café à la crème pour la jeune femme (pas qu’elle ait besoin de plus de caféine mais bon …). Désormais, son ainée avait des questions dont seul Veronica avait les réponses.

– J’entends les rumeurs, je préfère croire celle qui te présente comme quelqu’un d’humain et de bienveillant. En toute transparence, tu es une femme de pouvoir, avec de la poigne, le genre de personne qui sait comment mener ses batailles et les gagner. Du moins, c’est l’image que tu me renvois. Ainsi, je ne peux que vouloir tes conseils pour gagner les miennes.

Veronica n’était pas stupide. Elle savait qu’il était dans son intérêt d’avoir Carla de son côté. Qui plus est, la flatter ne semblait pas être la plus mauvaise des idées pour essayer de la convaincre. Son discours semblait murement réfléchi, comme si elle s’était imaginé une centaine de fois comment ce rendez-vous pouvait tourner, et qu’elle avait préparé ses réponses en conséquent. Ronny aimait être dans le contrôle, autant d’elle-même que d’une situation donnée. Elle ne laissait que peu de place à l’improvisation, se jugeant peu à l’aise dans cet exercice. Les questions de son interlocutrice ne s’arrêtaient pourtant pas là, et Ronny allait devoir s’expliquer sur différents sujets, notamment quels étaient ses réels projets derrière sa demande plutôt originale.

– Je ne veux plus être ce petit rat de bibliothèque dont elle se moque, je ne sais pas m’habiller de façon classe comme toi, je ne sais pas me maquiller, je ne sais pas me coiffer autre qu’une queue de cheval … et comme tu sembles maitriser tout cela à la perfection, je pense que tes conseils seront les meilleurs.

La jeune femme se stoppa pendant une seconde …

– Oh, j’oubliais, je veux qu’on puisse me remarquer. Hors de question que cette harpie ait raison sur le fait que je ne puisse intéresser aucun garçon de l’école. Tu crois que tu pourrais m’aider ?

Demanda la jeune fille en plongeant son regard dans celui de Carla, espérant du plus profond de son cœur qu’elle ne l’envoie pas sur les roses en déplorant avoir perdu son temps en venant ici …

Bien sûr, la jeune femme décrivait Carla de la manière dont elle-même la percevait, mais elle n’hésitait pas non plus à faire pleuvoir quelques compliments pour que la demoiselle se range de son côté et accepte finalement de l’aider. Tout n’était pas faux, par contre, elle pensait bel et bien que la serpentard avait un côté humain et bienveillant. Après tout, elle avait entendu quelques histoires qui tendaient dans ce sens. Elle n’était pas comme tous les serpentards ou comme tous les sang purs, à se sentir systématiquement au dessus des autres, à vouloir écraser son prochain pour les diminuer et se mettre en avant … Bon, certes, elle s’était amouraché de Carter … mais ça soulignait encore une fois son tempérament sympathique, à vouloir aider les cas sociaux à s’intégrer correctement dans le monde magique finalement … Veronica n’était pas stupide au point d’aborder le sujet … La vie amoureuse de Carla ne la regardait pas, et si elle n’avait pas bon goût pour les garçons, elle n’en restait pas moins populaire et connue de tous au château. Alors forcément, elle avait quelques petits trucs à lui apprendre. Sa camarade semblait pensive en écoutant ce que Veronica avait à lui dire, comme si elle essayait de peser et d’analyser chacun de ses mots. Evidemment, cela stressait quelque peu la jeune fille, qui avait encore peur de se prendre un refus catégorique de son ainée. Que ferait-elle si elle l’envoyait bouler … ou pire qu’elle racontait à toute l’école ce qu’elle venait de lui confier ? Elle ne s’en relèverait pas, et préférerait surement s’exiler plutôt que de remettre un pied dans le château à la rentrée …

Carla remettait en doute les adjectifs qu’elle avait utilisés pour la caractériser, comme si elle cherchait à faire une introspection et en donner les résultats à la demoiselle. Dans tous les cas, elle lui fit comprendre qu’elle n’était pas méchante. Alléluia, parce qu’elle allait avoir besoin de sa gentillesse. Veronica était légèrement chamboulé par les réponses de sa camarade. Tantôt, elle se jetait des fleurs, puis l’instant d’après, elle reculait d’un pas. Qu’elle ne soit pas la meilleure pour écraser quelqu’un ? Peut être … mais elle avait tout de même du répondant, après tout c’était bien elle qui avait rompu de manière très public avec Carter. C’était une attaque de lionne non ? Pas d’une simple brebis. Du moins c’était l’avis de Veronica. Son choix était fait dans sa tête : elle avait besoin de Carla et personne d’autre … et puis surtout cette fille était surement la seule qui accepterait de l’aider de toute manière.

– Je ne doute pas une seconde que tu sois la femme dont j’ai besoin pour ma quête, Carla, répondit-elle d’un ton sûr.

Etait-ce pour la convaincre elle ou plutôt elle-même ? Rien de sûr. Mais elle avait besoin que Carla comprenne l’importance de son aide, et le fait qu’elle ait été choisie pour la flatter un petit peu. Veronica essaya donc d’expliquer de son mieux en quoi elle avait besoin de sa camarade verte et argent. Techniquement, c’était plutôt simple. Elle voulait devenir la prochaine IT girl, celle dont tout le monde connaitrait le nom, celle dont les filles pourront être légèrement jalouse, celle que les garçons pourront remarquer. Elle se le devait à elle, et surtout elle devait prouver à cette pouf de Daisy qu’elle en était capable. Carla semblait être à la hauteur de la demande … mais le compliment qu’elle lui fit décrocha une légère grimace à peine perceptible sur le visage de la serdaigle. Elle ne se pensait pas du tout jolie … mais ce n’était peut être pas le moment d’étaler tous ses complexes devant la jeune femme. Après tout, elle ne la connaissait pas assez pour lui refiler toutes ses faiblesses sur un plateau d’argent.

Elle retrouva donc vite un sourire de façade, espérant que la Serpentard n’ait pas remarqué ce moment de flottement. Carla continua de questionner la jeune fille sur ses envies et attentions. Apparemment, être populaire n’était pas aussi sympathique que cela laissait l’entendre.

– Les rumeurs ne sont que des mots tant que tu sais qui tu es intérieurement, n’est-ce pas ? Je suis sûre de préférer ce genre de remarque plutôt que de recevoir des commentaires néfastes sur mon apparence et ma personnalité à longueur de journée.

Répondit-elle sûre d’elle cette fois-ci. Il faut dire que s’entendre dire à longueur de journée des charmantes insultes ne lui plaisaient certainement pas. Et que de son point de vue (certes très fermé) à ce moment précis, elle préférait que tout cela ne disparaisse.

– Par quoi on commence tu penses ? demanda t’elle ayant retrouvé son sourire.

Cela arrangeait bien Veronica que Carla acquiesce quant aux rumeurs inventées par des gens néfastes. En même temps, si l’on écoutait les gossip sur Veronica, qu’allons nous entendre ? Qu’elle était une jeune fille avec du caractère et un goût prononcé du politiquement correct … ou encore la fille ennuyante qui ne laissait pas passer un écart … ou la fille naïve et fleur bleue … ou tout simplement la jeune fille invisible aux yeux des années supérieures et des gens supérieures … Cette harpie de Daisy la décrirait surement comme une gamine dont aucun mec ne voulait approcher, ou parlerait peut être de ses tendances névrosé … Non les rumeurs étaient stupides … Déjà parce qu’elle ne peignait qu’une infime partie d’une personnalité, et que la plupart du temps, elles n’étaient faites que pour faire du mal à la principale intéressée. Carla devait savoir ce que c’était … après tout, elle avait été victime de ces rumeurs l’année dernière, quand certaines personnes s’amusaient à la traiter de fille facile ou quoi. Veronica restait donc sur son discours : les rumeurs n’étaient que des mots. Tant qu’elle savait qui elle était et quelles étaient ses valeurs, elle se fichait bien de ce que pouvait raconter ses camarades (quoi que). Rien ne pouvait être pire que ce qui se disait actuellement sur son sujet de toute façon. Et elle n’avait pas la moindre envie de recommencer une année à se faire insulter ou taquiner sur son apparence et sa personnalité. Alors elle était prête à faire un grand changement, avec l’aide de sa camarade serpentard, si elle était d’accord bien évidemment.

Quand Carla lui annonça qu’elle serait son alliée, Veronica ne put réprimer un grand sourire. Elle était excitée, contente et surtout touchée que la jeune femme veuille bien venir en aide à une gamine comme elle. Et puis, elle qui n’avait pas beaucoup d’amis, était encore plus touchée de savoir qu’elle avait désormais une alliée.

– Merci beaucoup, Carla, tu ne le regretteras pas, c’est promis, répondit la jeune fille tout sourire.

Maintenant la question était de savoir par quoi commencer … de son point de vue personnel, il y avait beaucoup de travail. En même temps comme n’importe quelle adolescente complexée, Veronica n’arrivait à percevoir que les défauts chez elle. Elle se trouvait trop petite, son nez trop difforme, ses yeux n’étaient que d’une couleur tristement banale, ses vêtements manquaient clairement de peps … Mais quand elle voyait Carla devant elle … tout était tellement différent. Cette fille était tout simplement magnifique. Sa beauté était évidemment naturelle … Mais ajouté à cela, elle avait des tenues qui la mettait toujours en valeur, elle savait quoi accorder pour être celle que l’on voyait et qui ne passait pas inaperçue. La serdaigle aimerait tellement lui ressembler … mais malheureusement pour Ronny, elle n’avait pas de belles boucles blondes, mais plutôt une grande tignasse brune.

Carla resta silencieuse un instant la regardant de bas en haut comme si elle essayait de l’analyser, et de décider par où commencer ce grand chantier. La jeune femme vit ses joues rosir quelque peu, pas réellement habitué à ce qu’on la toise de cette manière. Et finalement Carla parla de refaire sa garde robe en premier.

– Je pense que tu as raison. Mes vêtements sont trop simples … comme une nonne des années soixante-dix. Toi, tu es toujours tellement bien habillé, tu crois que tu peux trouver quelque chose qui m’aille aussi bien ? Classe oui évidemment, hors de question de porter des jupes trop courtes.

Répondit-elle. Oui la bienséance devait être de mise. Si elle n’appréciait guère lorsque certaines de ses camarades se trimballaient avec des jupes ras la culotte, elle ne pouvait décemment pas piocher dans ce type de vêtement pour se refaire une beauté. Elle devait tout de même rester fidèle à elle-même.

– J’ai plus l’habitude de porter des vêtements noirs, ou gris … mais cela participe surement à mon pouvoir d’invisibilité au sein du château. J’aime bien le rose aussi, mais Daisy dit que ça fait trop gamine. Ou alors le bleu et le rouge, tu en penses quoi ?

Veronica cherchait définitivement l’approbation de quelqu’un. Et même si elle avait dit que les rumeurs ne comptaient pas trop, on pouvait tout de même remarquer que l’avis des autres sur sa personne lui importait quand même.