Ah les vacances ! Tout le monde avait rêvé à une ile paradisiaque, une belle plage de sable blanc, des montagnes rocheuses avec un chalet, des paysages nouveaux et inattendus. Thorstein de son côté aurait préféré une région volcanique, l’endroit parfait pour se débarrasser des encombrants ou une jungle bien dense, histoire d’être un peu dépaysé, d’apprendre la survie, les notions de base en tout cas. Mais la directrice de l’école ayant opté pour autre chose, il avait bien fallu s’y faire. En soi, l’endroit n’était pas si terrible. Les animateurs étaient beaucoup trop enjoués, trop bavards, trop mêle tout. Il suffisait pour qu’ils vous voient seule de votre côté pour qu’ils aillent vous chercher un partenaire ou qu’ils tapent la discussion. Choses qu’adorait la Nordique, bien évidemment, elle était même reconnue pour sa chaleur et sa sympathie, tiens.

L’activité du jour était une ballade en bateau. Pas une petite barque en bois mais un bateau pouvant accueillir une partie du groupe. Alors Thorstein s’était proposée pour encadrer le groupe avec l’un des animateurs. Il fallait bien une personne responsable sur ce foutu bateau pour encadrer les imbéciles qui allaient monter dessus, après tout. Ils n’étaient pas nombreux, et la majorité étaient très jeunes, ce qui fit soupirer la Thorstein. Super, une sortie en mer avec des crétins incapables de 11-12 ans. Magnifique. Juste la tranche d’âge qu’elle ne supportait pas tellement ils étaient ignorants de tout. Heureusement pour elle, sa réputation et son caractère la précédaient largement, elle en avait terrorisé bien assez pour qu’ils n’osent pas trop s’approcher d’elle. Il n’y avait donc aucun doute sur le fait qu’ils demanderaient l’aide de l’animateur et non la sienne, ce qui la laisserait profiter de la mer en toute tranquillité.

Les minus étant occupés autour de l’animateur à se chercher un gilet de sauvetage, Thorstein jeta un œil à la cour du centre de vacances, pour voir si tout se passait bien, s’il n’y avait pas un gugusse pour faire un peu trop le malin, ou s’il n’y avait pas trop de rapprochement entre filles et garçons. Il y avait plusieurs activités disponibles au choix ce matin et les élèves et professeurs étaient dispatchés sur chacune d’elles. Thor adressa un signe de tête à Siwan qui accompagnait un groupe à la poterie. Eurk. Faire des pots en terre, ça n’avait vraiment aucun intérêt.

Son regard fut alors attiré en direction d’un jeune homme qu’elle connaissait fort bien. Il proposait à qui voulait bien l’écouter une sortie en mer. Essayait-il de se faire de l’argent en vendant de quelconques tickets pour monter sur le bateau ? Ca aurait bien été son genre, une arnaque de ce type. Après tout, Blaze était un bon orateur, une personne qu’il était facile de suivre grâce à son charisme et sa facilité avec les autres.


« Monsieur Mansfield, le grrroupe est là-bas. Dépêchez-vous si vous ne voulez pas rrrater le déparrrt. »


Elle lui indiqua d’un doigt le groupe de première et deuxième années occupés à enfiler leur gilet dans une excitation qui fit lever les yeux au ciel à l’enseignante de DCFM.


« Estimons-nous heurrreux, nous aurrrons quantité d’appâts en cas de rrrencontrrre avec une crrréaturrre. »


Les appâts, bien sûr, c’était ces foutus mômes qui pépiaient d’excitation comme des cochons d’Inde qui se disputent. Ca fait plein de petits cris et on ne comprend rien à ce qu’ils disent.

Suite au sifflement de l’animateur, Thor fit quelques pas vers lui, l’ignora superbement lorsqu’il lui tendit un gilet à elle. Non mais. Il la prenait pour qui ? Et elle suivit l’animateur jusqu’au bateau. Elle laissa les élèves monter avant de se mettre à l’écart du groupe volontairement. Très peu pour elle la visite touristique et explications qui allaient avec.


« Alorrrs, Monsieur Mansfield, ces vacances sont elles à votrrre convenance ? »

Une sortie en mer était une fort bonne idée, à la seule condition de la partager avec les bonnes personnes. En l’occurrence, le choix des passagers n’était pas vraiment au gout de l’enseignante de DCFM. Être entourée d’imbéciles, très peu pour elle. Mais elle s ‘était inscrite pour chaperonner, elle ne pouvait plus faire machine arrière. Le seul passager qui en valait un minimum la peine, si l’on pouvait le dire comme ça, c’était la venue de Monsieur Mansfield. Etudiant pour qui elle avait une certaine estime, encore jeune bien sûr, mais capable de prouesses en tous genres. Facile à suivre, malin, et apprécié des professeurs car bon élève, il possédait pas mal de qualités en sa faveur. Mais il ne fallait pas s’y tromper, il était loin d’être un étudiant modèle, un Saint encore moins. Et si Thorstein l’avait couvert lors de son vilain tour dans le couloir, c’était parce qu’elle estimait que son collègue le méritait bien. A trop faire le sot, il avait perdu son duel contre Finnbjorn, ce qui avait particulièrement déçu la Nordique. Elle en avait humilié plus d’un, les trop faibles incapable de sortir le moindre sort, tellement nul qu’elle avait du arrêter le duel en cours tellement l’ennui la gagnait, risquant de la tuer tellement il ne se passait rien. Cela ne faisait aucun doute dans la tête de la blonde, dès la rentrée, elle ré-instaurerait le club de duel, mais d’une manière un peu différente.

Elle profita d’un commentaire pour indiquer à Blaze l’endroit des gilets de sauvetage, tout en faisant un parallèle entre les minus et les appats. C’était tout ce qu’ils représentaient à ses yeux, des appats, des proies. Inutile, ne servant qu’à alimenter la chaine alimentaire. Elle pouvait s’estimer heureuse que Blaze soit là, il serait au moins l’un des seuls à ne pas bégayer en la regardant dans les yeux.


« Laissons tomber la pêche, on pourrrra se contenter de les balancer parrr dessus borrrd. »


Rien que de les voir si excité, elle avait déjà envie d’en étrangler un, pour l’exemple. Et au sifflement de l’animateur, elle s’approcha du groupe et le suivit jusqu’au bateau. Encore heureux qu’il ne la sifflait pas elle personnellement, elle aurait eu tôt fait de lui faire avaler ses doigts et sa langue. Pour l’exemple, lui aussi. Thorstein aimait assez bien les sanctions pour l’exemple, et elle avait déjà quelques idées pour prouver qu’elle ne plaisantait pas dès la rentrée à Poudlard. Sa réputation s’était établie dès son premier jour à l’école, en faisant passer le test de l’épouvantard, mais elle voulait être sûre qu’aucun ne puisse penser qu’elle s’était raccourcie au cours de ces vacances.

Après le petit speech, Thor laissa monter les marmots sur le bateau avant d’y monter elle-même. Elle laissa le groupe se former autour de l’animateur, alors qu’elle prenait place à l’exact opposé. Le hasard fit que Blaze se retrouva au même endroit, cherchait-il également à fuir cet animateur bien trop enjoué par une simple ballade sur l’eau ? Parce que clairement, en tant que simple moldu, et au vu de la région, il y avait fort peu de chance pour qu’ils ne voient quelque chose d’extraordinaire aujourd’hui en dehors de l’eau salée et de l’un ou l’autre poisson quelconque.

Alors, quitte à être dans le même bateau, Thor prit des nouvelles des vacances de Blaze, elle était intriguée de savoir comment les vacances moldues étaient perçues par le jeune homme. Mais la réponse de celui-ci n’était pas de celle qu’elle attendait. Au lieu de quoi, il lui demanda si elle allait surveiller ses appats.


« Non, le Capitaine s’en occupe. »


Elle n’agirait qu’en cas de problème, pour le reste, Cousteau n’avait qu’à se débrouiller tout seul.
La réflexion suivante du Serdaigle amena à penser à la blonde qu’il n’était pas venu que pour respirer l’air de la mer. Le bateau se mit en route tranquillement, laissant l’air leur fouetter le visage.


« Je crrrains qu’ils ne soient pas comme les chiens, on ne peut pas les siffler pourrr qu’ils accourrrent. » Elle fit une pause. « Vous aurrrez l’occasion de poser les questions au prrrofesseurrr Vayne lorrrs de votrrre au château. Comme ça, vous saurrrez pourrr votrrre prrrochaine sortie en merrr. »


Les yeux de glace de l’enseignante se posèrent loin à l’horizon. Elle aimait la sensation de paix que lui apportait le voyage en mer. Mais comment voulez-vous trouver la paix avec un groupe d’enfants qui piaillent comme des pies surexcitées ? Fronçant un peu les sourcils en reportant son attention sur le groupe, elle croisa les bras sur sa poitrine.


« Pourrrquoi une telle fascination pourrr les êtrrres de l’eau ? Il y en a plein le lac de Poudlarrrd, à ce que j’ai entendu. »