Sous le ciel étoilé [Libre]

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Pour la première fois de sa vie Victor va partir en voyage scolaire. Pour autant, le plaisir n'y était pas et pour cause, ses parents lui avaient lancé un ultimatum avant qu'il ne s'en aille. S'il réussissait ce que son père lui avait demandé de faire, il n'aura pas de conséquence, mais dans le cas contraire, il y aura des sanctions. Sanction, un mot qui ne voulait plus rien dire. Ou tout du moins, il entendait tellement ce mot ou des synonymes de ce mot qu'il était resté calme. Alors qu'intérieurement, il était terrorisé.

Il avait eu le choix, mais entre avoir un ultimatum sur la tête ou passer ses vacances avec ses parents dans la demeure familiale, son choix a été fait rapidement. Il avait fait son sac et avait aussi pris sa guitare. Depuis quelque temps, il en faisait. C'était une distraction comme une autre. D'autant que cela lui permettait de se vider l'esprit. Le jour J, il était parti à Londres rejoindre les élèves et professeurs avant de faire route jusqu'à leur destination. Durant le voyage, il n'avait eu de cesse de regarder le paysage et les filles présentes. ** Qu'est ce que je vais faire... ** Voilà la question qu'il se posait en étant assez stressé. Pour autant, il était aussi très excité du fait de pouvoir partir autre part avec la permission de ses parents. Cela était quelque chose d'inespéré pour lui.

À son arrivé, Victor écoutait attentivement ce que disaient les professeurs et lorsque son nom fut cité pour la chambre avec qui il allait partager, il regardait les personnes. Et il connaissait surtout l'un d'entre eux puisqu'il était dans la maison que lui. Et alors qu'il allait choisir sa place dans la chambre, ce qu'il entendait le faisait soupirer et il préférait de loin aller voir dans un autre endroit. Il ne connaissait pas du tout ce lieu, mais il avait vu en arrivant qu'il y avait des transats dehors. Cela suffirait à son confort. Si bien qu'il se rendît à l'extérieur.

Le lieu n'avait pas d'importance, mais il trouvait sous les arbres des transats et choisi de s'installer sur un en posant son sac à côté de lui pour ensuite jouer un peu de guitare en regardant les étoiles. Aucune chanson ne lui venait à l'esprit et il ne faisait que jouer une mélodie au rythme de ses envies ni plus ni moins. Et il passait à peine quelques minutes qu'il sentait que le temps était frais. Ne voulant pas rester là au froid, il regardait autour de lui pour trouver des pierres et des brindilles avec des branches légèrement plus grosses. D'après ce qu'il avait lu, il fallait qu'il tape fortement deux pierres pour faire des étincelles. Il posait donc sa guitare sur le transat, chercha des pierres en les disposant en cercle tout en plaçant les brindilles au centre en cône puis fit s'entrechoquer deux pierres pour tenter de faire des étincelles.

Cela était difficile et il en avait bavé, mais après 30 longues minutes, il réussit et un léger feu de camp s'embrasait peu à peu. Il rajoutait alors des brindilles puis une plus grosse branche pour qu'elle s'enflamme bien plus. Fier de lui, Victor se reposait sur le transat en regardant le feu puis le ciel tout en jouant à nouveau de la guitare.

À SAVOIR Arrivé(e) le : 04/04/2020 Parchemins rédigés : 1181 Points : 10

Sous le ciel étoilé

Carla s’était faufilée dehors à peine la nuit tombée, pressée de sortir enfin de ce centre de vacances. Il y faisait trop chaud, il y avait trop de monde, trop de tout. Elle ne pensait pas que ce serait sidifficile à supporter, alors qu’elle était en internat à l’année, mais il fallait admettre que la perspective d’être privée de magie avait achevé de la convaincre qu’elle n’était clairement pas faite pour être ici. Puis il y avait Maxwell qui ne cessait de parader, ses amis n’étaient pas là, la Norvège avait été un voyage pour le moins compliqué ... Tous ces éléments, ça lui donnait l’impression qu’elle étouffait. Alors, elle avait réagi par réflexe et avait fui l’atmosphère surchauffée de sa chambre pour lui préférer l’ai frais et le calme de l’extérieur.

Habituellement, ce n’était pas son truc la nature. Petite princesse pourrie gâtée, elle n’aimait pas se salir, elle avait peur des insectes ... Mais là, tout lui semblait préférable tant qu’elle y gagnait une forme de tranquillité et de solitude. Elle s’éloigna discrètement du centre, consciente que si elle restait en plein devant la porte, c’était un coup à se faire attraper par les profs. L’arrière comprenait un parc assez grand pour qu’elle puisse aller s’y installer histoire de respirer un peu, et ensuite elle rentrerait. De toute façon, avait-elle un autre choix que de regagner sa chambre ?

Au bout de quelques pas, une lueur ainsi qu’une faible musique attira son attention. Elle fronça légèrement les sourcils, étonnée, avant de réaliser qu’elle n’était probablement pas la seule à avoir fui le bâtiment. Pourquoi aurait-elle été la seule à avoir cette idée ? Elle hésita un instant, puis se décida à se rapprocher. Elle était curieuse.

Le garçon était installé sur un transat, guitare à la main et feu de camp manifestement fait par ses soins. Carla ne savait pas si elle devait l’admirer pour ça ou si elle devait juste se désespérer qu’il n’ait pas pris le temps de se servir de sa baguette. Néanmoins, il fallait admettre qu’il ne jouait pas trop mal de la guitare. Elle s’avança doucement et lança, pour manifester sa présence

- Bonsoir ? Fais attention, si tu laisses les flammes monter, on te verra du centre de vacances. Jolie musique, sinon.

Ce n’est que quand il se tourna pour la regarder qu’elle réalisa qu’il s’agissait de Victor Sherwin. Impossible de ne pas savoir qu’il était le frère des deux jumeaux sociopathes alors qu’elle avait passé plusieurs jours en Norvège avec eux. Cela le rendit tout de suite moins sympathique à ses yeux. Maxton semblait la détestait et Bluebell avait beau s’être radoucie à son égard, elle ne lui faisait pas entièrement confiance. Rajouter un troisième Sherwin à ses vacances, cela relevait du masochisme. Et pourtant ... Il était ici. Ca n’avait aucun sens, pas plus que sa présence à elle. Des familles de sang pur à l’idéologie appuyée, ils étaient les deux seuls présents de ce voyage. Les deux seules taches dans le décor d’une certaine façon. Ca l’aidait à ressortir une forme de compassion à son égard. Si elle n’était à l’aise dans aucun des deux mondes actuellement, nul doute que lui devait ressentir la même chose. Et c’était bien la seule personne dans cette situation qu’elle avait croisée depuis des lustres, alors ...

- Je suis Carla. Tu es Victor, non ? Je connais Maxton et Bluebell.

Le ton était neutre. Après tout, elle ne connaissait pas réellement leurs relations.

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Sous le ciel étoilé

Tranquillement posé, à contempler les étoiles, Victor cherchait un moyen de se changer les idées. Et le fait d'être ici lui permettait de penser un peu à l'astronomie, matière qu'il étudie et à sa situation. Ce qu'il devait faire était loin d'être une tâche aisée. Le faire avec un groupe était de loin exclu, mais pour avoir des informations sur des personnes cela était mieux. Peut-être devrait-il organiser une soirée ici un jour ou l'autre durant les vacances. Jouer de la guitare l'aidait aussi à l'apaiser un peu. Sans compter l'air frais qui était plus agréable à supporter que la chaleur du dortoir. C'était bien trop suffoquant à son goût.

Alors qu'il était perdu dans ses pensées à réfléchir à sa situation tout en jouant machinalement de la guitare, une voix le fit sortir de ses pensées. Il s'arrêta tout naturellement de jouer de la guitare avant de tourner la tête dans la direction d'où provenait le son. En l'observant de prêt, il avait déjà dû la voir quelques fois à des soirées mondaines où on avait bien voulu le convier. D'après ce dont il se souvenait, elle faisait partie de la famille Yaxley.

Alors qu'elle se présentait, Victor se rappelait qu'il était encore confortablement assis sur le transat. Si bien qu'il se redressât afin de venir la saluer convenablement. Pas question de faire de fausses notes, il suffisait qu'il y ait quelqu'un venant l'espionner pour que sa fratrie soit au courant et par ce biais ses parents. Il tendit la main après s'être rapproché pour pouvoir mieux lui parler. "Oui, je suis bien Victor, ravi de te connaître Carla. Si je puis me permettre, comment as-tu rencontrer ou connu mon petit frère et ma petite sœur ?" Demande t-il calmement d'un ton neutre.

Victor regardait autour de lui sans voir personne, prenant en compte l'avertissement qu'elle lui avait donné par rapport au petit feu de camp qu'il avait fait. De plus, quitte à devoir commencer quelque part autant avoir une discussion avec Carla. D'autant qu'elle paraît assez gentille au premier abord. Toutefois, pas question de juger une personne pour la première impression qu'elle peut donner. Il faut qu'il puisse rester prudent tout en avançant pas après pas. "Préfères-tu venir t'asseoir sur un transat ? Ce sera peut-être plus agréable pour discuter et se détendre un peu. Qu'en penses-tu ?"

Sans plus de cérémonie, Victor retourna s'asseoir sur le transat sur lequel il était un peu avant, mais juste après en avoir déplier un autre et mis à côté du sien au cas où Carla souhaiterais se poser aussi. Cela n'était pas grand-chose à faire et ne prenait pas non plus 20 minutes. Suite à quoi, il reprenait la guitare pour en jouer un morceau. "Je ne sais pas si je sais bien y jouer, mais cela m'apaise. Alors j'en profite."

ft. Victor Sherwin

À SAVOIR Arrivé(e) le : 04/04/2020 Parchemins rédigés : 1181 Points : 10

Sous le ciel étoilé

Quand il réalisa sa présence, Victor se redressa et la salua avec toute la politesse que l’on était en droit d’attendre de la part de quelqu’un de sa famille. Carla ne réussit pas à dire si cela lui fit plaisir de retrouver une once de civilisation dans ce monde de fou ou si cela la renvoyait à un pan de sa vie qui la mettait en difficulté. Elle en maîtrisait les codes et les usages, mais la première semaine de ses vacances lui avait montré à quel point tous ces ronds de jambe ne servaient qu’à masquer de mauvais sentiments. Les manières directes de Casey et Max lui manquaient cruellement. Leur bienveillance aussi. Jamais ils ne se seraient comportés ainsi avec elle, sang ou non. Elle s’avança prudemment pour lui serrer la main, jaugeant les réactions de son interlocuteur. Il était resté très neutre quand elle avait parlé des jumeaux. Cela pouvait signifier qu’ils ne s’entendaient que modérément. Cela l’aurait arrangée, elle était lasse d’être la cible de la colère des Sherwin. Elle hésita et lâcha

- Enchantée également. J’étais en Norvège avec eux.

Et lui n’y était pas, tout comme les jumeaux n’étaient pas ici. C’était étonnant de séparer ainsi une fratrie pour les vacances. Quoi qu’elle n’en savait rien en vérité. Elle était enfant unique. Lui aussi agissait de façon mesurée, comme s’il se méfiait d’elle autant qu’elle pouvait douter de lui. Une vague de dépit la submergea. Comment du haut de leur jeune âge pouvaient-ils être déjà autant sur la défensive avec le monde entier ? Comment est-ce qu’une éducation pouvait faire autant de ravages ? Elle esquissa un sourire pour le remercier de sa proposition

- Si ma présence ne te gêne pas, alors je veux bien m’installer un peu avec toi.

Elle se laissa gracieusement glisser sur un transat à coté du sien, le remerciant d’un nouveau sourire pour lui avoir installé, et réfléchit à la suite des événements. Ils pouvaient continuer à se regarder dans le blanc des yeux, chacun essayant de déterminer les intentions de l’autre, ou elle pouvait tenter de se montrer franche. C’était encore la meilleure solution. Une semaine de jeux politiques en Norvège l’avait épuisée pour l’été. Plantant ses prunelles vertes dans celui de son interlocuteur, elle décréta d’un plus assuré

- J’ai pas forcément envie de me la jouer réception mondaine ce soir, alors tu me pardonneras ma franchise. Ton frère et ta soeur ne m’apprécient guère. J’essaie donc de savoir si tu partages leur opinion ou si tu es assez éloigné de leurs histoires. Mais tu es ici à ce voyage et pas eux, alors ...

Elle haussa les épaules et se cala nonchalamment dans son transat pour regarder le ciel étoilé. Cet endroit avait quelque chose d’étrangement apaisant. Comme si elle y était à sa place, elle qui avait eu l’impression de détonner toute la journée.

- Je ne pensais pas croiser quelqu’un de la famille Sherwin ici. C’est inattendu.

Le sous-entendu était tellement limpide qu’il n’en était plus un. Sa famille, comme la sienne d’ailleurs, était bien trop extrême pour envoyer un de ses enfants ici de gaité de coeur. Si le thème immersion en monde moldu avait été connu, il y avait même fort à parier qu’ils n’auraient jamais eu l’autorisation de venir. Dès que son père allait apprendre ça, elle était bonne pour une beuglante. Leur présence ici n’avait aucun sens. Peut-être était pour cela qu’elle s’était autorisée cet élan de franchise. Il détonnait autant qu’elle dans le paysage. Plus qu’elle même. Elle était déjà bien trop considérée comme traître à son sang pour s’être affichée avec Maxwell. C’était également étonnant qu’il aime la musique. Des Sherwin mélomanes, elle ne pensait pas que ça existait. Elle les voyait plus tournés vers une activité comme le lancer de couteaux. Un truc de précision et potentiellement violent. Continuant de regarder le ciel, elle ajouta

- J’aimerais avoir quelque chose capable de m’apaiser aussi. Je sens que je vais en avoir besoin avec ce voyage. Toi aussi tu étouffais à l’intérieur ?

Parlait-elle de la chaleur ou de cette impression de ne pas être au bon endroit ? Difficile à dire. Un peu des deux sans doute.

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Sous le ciel étoilé

Carla lui avait alors répondu et il comprenait alors où est-ce qu'elle l'avait rencontré. Il aurait bien aimé y aller, mais comme toujours ses parents priorisaient les jumeaux plus que lui. Encore une fois, qu'importe la discussion, les interdictions de ses parents revenaient sans cesse dans sa tête au point de lui donner mal au crâne. Pas que cela l'énervait, mais le fait de repenser à tout ce qu'ils pourraient lui faire ou non inconsciemment lui avait donner ce mal de crâne. Mais bon, ce n'était rien comparé à toutes les images horribles défilant dans sa tête.

Pour continuer à se détendre et tenter de ne plus penser à ses parents, il continua de jouer de la guitare doucement d'une mélodie assez harmonieuse. C'était la première qu'il avait apprise. Et le fait qu'il sache jouer d'un instrument est un secret. Ses parents ne le savent pas. S'il savait qu'il passait du temps à en jouer, ils détruiraient à coup sur l'instrument avec lequel il était en train de faire de la musique. Si jamais ils le savaient, il quitterait sûrement la demeure familiale pour de bons. Parfois, il se demandait si se taire était une bonne chose ou non sur tout ce qu'il avait pu subir au quotidien.

Mais alors qu'il était perdu dans ses pensées, Carla avait continué de parler et il était revenu à lui qu'au moment où elle parlait de ce qu'elle pensait de Maxton et Blue. Et elle aimerait savoir son point de vue. S'il avait le même qu'eux ou non. Victor fronçait un peu les sourcils en se demandant de quel point de vue elle pouvait parler. Se frottant le menton après s'être arrêté de jouer, Victor regardait le ciel et réfléchissait à quoi elle faisait référence. Toutefois, il continuait d'écouter ce qu'elle disait.

- Plus que d'étouffer, je pense que je ne suis pas tombé dans la meilleure des chambres malheureusement... Mais bon, j'ai largement la place de dormir ici. Il fait frais et bien meilleur qu'à l'intérieur.

Victor avait dit cela calmement sans trop se presser. Il n'avait pas l'intention de mâcher ses mots. Et il ne cherchait pas spécialement à bien les choisir, mais il avait tellement été éduqué par les étiquettes et la noblesse que parfois certains mots ou certaines phrases démontraient son ascendance. Après une petite pause, il reprit la parole en continuant de contempler les étoiles jonchant le ciel nocturne.

- Je ne sais pas ce qu'ils pensent et ce ne sont certainement pas eux qui me le feront savoir. Mais si je devais deviner par rapport à quoi, tu pourrais faire référence, je dirais que nos opinions divergent en bien des points. Notamment sur la conception, des sangs purs et l'éducation.

Victor ne le cachait pas. Tout du moins, il n'en voyait pas l'utilité de le faire. D'autant que ses parents se moquaient éperdument de ce qu'ils pouvaient penser puisque le moindre prétexte était bon pour qu'il reçoitune punition ou sévice de leur part.

- Le fait que je sois là est une première pour moi aussi. Je me demande ce qu'on put décider mes parents pour m'envoyer ici avec un ultimatum... S'en doute souhaitent-ils me voir loin pour une chose dont ils ne veulent pas que je sois là.

ft. Victor Sherwin

À SAVOIR Arrivé(e) le : 04/04/2020 Parchemins rédigés : 1181 Points : 10

Sous le ciel étoilé

- T’es tombé avec qui pour préférer l’extérieur ?

Elle n’était pas prête à renoncer à son confort, contrairement à lui. Elle allait respirer l’air frais encore une petite heure au maximum et elle rentrerait retrouver son lit. En tout cas, il n’était pas très prudent. Avec tous les profs qui encadraient ce voyage, il n’avait vraiment pas peur de se faire attraper. Elle n’arrivait pas à savoir si c’était courageux ou d’une témérité stupide.

- Si Thorstein t’attrape, tu vas avoir des ennuis, tu ne devrais pas dormir dehors. Ils ne sont peut-être pas si terribles tes colocs. Les miennes ont l’air plutôt gentilles. Je suis juste pas très douée pour me faire des amis.

Carla l’observa du coin de l’œil, étonnée par sa franchise bien plus poussée que la sienne. Il venait de lui dire froidement qu’il doutait de l’idéologie sang pur. Elle aurait pu courir le balancer dans la seconde qui suivait si elle avait voulu. Toutes les grandes familles se connaissaient plus ou moins, elle en aurait eu les moyens. Mais lui, il ne semblait pas craindre une seconde qu’elle puisse se montrer trop bavarde. Au contraire, il se confiait à elle comme si elle devait le comprendre. Etait-ce le cas ? Peut-être. Là encore, le séjour en Norvège avait fait bouger des lignes en elle qui étaient déjà bien floues. Mais elle ne se sentait pas de l’admettre. Pas comme lui. Le jour où elle le verbaliserait, elle savait qu’elle perdrait sa place. Même si elle avait l’impression d’être de plus en plus en décalée, ça lui faisait peur, de laisser filer tout ce qu’elle avait toujours connu et tout ce à quoi elle s’était longtemps identifiée. Tant mieux pour lui s’il était assez fort pour balayer une vie entière d’endoctrinement. Pour elle c’était plus compliqué, plus changeant. Puisqu’il lui avait offert une vérité sur lui, elle pouvait bien lui en dire une sur elle. Une moins risquée sans doute, elle n’était pas encore assez à l’aise pour lui confier la moindre de ses pensées.

- Ils peuvent me trouver traître à son sang, effectivement. Je sais me montrer plus mesurée.

Ce n’était que l’une des raisons pour lesquelles ils ne l’appréciaient que modérément. Finnbjörn était la principale. Leur petit manège avait rendu Blue folle de rage. Elles avaient réussi à s’expliquer plus ou moins calmement, mais Carla ne se faisait guère d’illusion sur ce que les jumeaux pensaient d’elle. Ils la voyaient comme la blonde stupide et facile. Ce qu’elle n’était pas. Continuant à regarder le ciel étoilé, elle resta silencieuse. Qu’est ce qui pouvait pousser les Sherwin à éloigner l’un de leurs enfants ? Effectivement c’était étonnant. Il y aurait eu beaucoup de choses à dire, bien plus à creuser.

- C’est moi qui ai voulu venir. J’avais pas envie de rentrer chez moi.

Intéressant comme son calme la poussait à parler. Habituellement, elle ne confiait que très peu la relation conflictuelle qui la liait à son père. Elle était capable d’être bavarde pour des futilités, mais elle savait normalement conserver jalousement ses secrets. Et pourtant, il suffisait de quelques étoiles, des accords de guitare et une personnalité un peu plus empathique que la moyenne pour qu’elle ait envie de se confier. Peut-être parce qu’elle se sentait désespérément seule dans ce voyage. Peut-être aussi parce qu’elle était fatiguée de jouer un rôle permanent. Avant, ça lui était aussi simple que de respirer. Là, elle devait lutter à chaque instant pour éviter que le masque ne se craquèle.

- C’est amusant, j’ai l’impression que nos situations se ressemblent plus que ce qu’on l’aurait cru.

Elle se tourna vers lui et lui offrit un vrai sourire cette fois, pas celui de politesse qu’elle avait arboré jusque là.

- C’est agréable de parler avec quelqu’un qui comprend.

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