Dormir ? Si seulement... ★ Dortoir n°1 ★ Kathleen Kirte

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Dormir ? Si seulement...ft. Kathleen Kirte

Tu es seule. Abandonnée.
Personne ne t’aime.

Madeline se redressa brutalement dans son lit. Droite. Son souffle était court. Elle plaqua sa main contre sa bouche pour étouffer un cri. Les yeux écarquillés, elle voyait encore les réminiscences de son cauchemar danser devant elle. Sa joue était tiraillée par les traînées séchées laissées par des larmes.
Parcourue de sueurs froides, elle regarda autour d’elle fébrilement, ne reconnaissant pas la chambre où elle se trouvait. La panique la gagnait. Elle finit par se souvenir, en entendant remuer un corps à quelques mètres, qu’elle était dans son dortoir du camp de vacances d’Amroth.

Tu ne vaux rien.

La fillette était prise successivement de bouffées de chaud et de froid. Les tissus de la réalité et du cauchemar s’emmêlaient inextricablement dans son cerveau embrumé.

Ils te détestent tous.
Bien fait pour toi.

Elle s’agrippa la tête à pleines mains, la secouant pour faire taire ces voix venues du sommeil. Ce n’était qu’un cauchemar. Que de vieux souvenirs. Du passé. Pas de quoi s’en faire. Joey, il fallait trouver Joey.

Lui non plus ne t’aime pas.

Non, elle ne pouvait pas, il n’était pas là. Les larmes se mirent à couler en silence de ses yeux mal réveillés. Il lui fallait partir de cette chambre au plus vite. Maddie descendit de son lit avec précautions, pour ne pas réveiller les deux filles. Elle avait peur qu’elles lui fassent mal, sinon.

Va-t-en, on ne veut pas de toi.

Elle ouvrit la porte sans un grincement. Arpenta le couloir comme dans un rêve, sans se rendre compte de ce qu’elle faisait. Elle errait, fantomatique, traînant derrière elle sa peluche.

Tu n’es qu’une gêne.

Ses pas la menèrent instinctivement devant une porte. Dessus, une affiche placardée. Il faisait trop nuit, ses yeux étaient trop embués de larmes, impossible de rire. Retenant son souffle, la petite fille pénétra dans le dortoir.

Personne ne veut de toi.

Elle referma la porte et s’assit dos contre l’entrée. Que faisait-elle là ? Les sanglots la secouèrent. Seuls quelques hoquets brisaient le silence de la nuit. Elle espérait ne réveiller personne. Elle ne savait pas où elle était. Elle voulait quelqu’un. Qu’on la sauve. Mais personne n’était là.

:copyright:️ DABEILLE

Kathleen ne pouvait pas dire qu’elle était tout à fait sereine ce soir là, en se couchant. Elle avait un groupe de chambre particulièrement sympa. Zeynem, Aurore et Ombelline, que des amies, dont deux qui étaient particulièrement proches d’elle. En revanche, elle se faisait du souci pour sa petite protégée. La fillette s’était déjà effondrée en larmes au moment où on avait annoncé la répartition des chambres, alors Kathleen ne voulait même pas imaginer comment allait se passer cette première nuit, principalement entourée d’inconnues, ou en tout cas de personnes qu’elle fréquentait peu. Elle devait être complètement effondrée. Du moins, Kath le craignait.

Elle finit tout-de-même par s’endormir en serrant contre elle le singe du Roi Lion qu’elle avait emmené avec elle dans sa valise. La fillette était bien fatiguée par la journée de voyage et elle avait succombé aux bras de Morphée. Alors qu’elle faisait un rêve bizarre mêlant Rafiki, Pégase, Simba et Idéfix, elle eut l’impression d’entendre la voix de Maddie dans son rêve. Finalement, elle commença à se réveiller du fait des petits hoquets frémissants de la fillette. Kathleen fut un instant désarçonnée, ayant du mal à faire la part des choses entre rêve et réalité. Mais elle prit soudain conscience que la petite était bel et bien là et qu’elle pleurait.

« Maddie ! »

Kathleen se leva et se précipita sur la fillette qui pleurait à chaudes larmes. Pour qu’elle se retrouve là, complètement désarçonnée, et contre toutes les consignes, c’était qu’elle avait sûrement eu trop peur pour se contrôler et qu’elle était venue ici en désespoir de cause. Elle avait peut-être fait un cauchemar. Ne se sentant pas le cœur de la renvoyer, Kathleen l’enlaça de ses bras, l’entraînant vers son lit sur lequel elle l’assit délicatement et avec douceur. Elle remit une mèche de sa protégée et lui sourit tendrement.

« Dis moi ce qu’il s’est passé. Tu as fait un cauchemar, ma puce ? Raconte-moi. »

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Dormir ? Si seulement...ft. Kathleen Kirte

Les yeux vides, plongée dans les ténèbres d’une chambre de dortoir qu’elle ne reconnaissait pas et dans laquelle elle avait fui par instinct, Madeline sanglotait. Ses mains s’enfonçaient douloureusement dans la chair de ses bras, mais elle ne semblait pas s’en rendre compte. Ses dents meurtrissaient ses lèvres pour empêcher des sons importuns de s’échapper de sa bouche. Son esprit mal réveillé subissait les tourments de son cauchemar qui refusaient de s’en aller, alors même qu’elle avait quitté le sommeil.

Tu es une gêne pour tout le monde.

L’enfant se recroquevilla, jusqu’à ne plus former qu’une boule tremblotante. Elle se sentait prise au piège dans sa propre tête, harcelée par ces paroles qui n’étaient pas les siennes mais ne la lâchaient pas. Elle voulait disparaître, s’enfoncer dans le sol, fuir le plus loin possible cet endroit, ces gens, ces voix.

- Maddie !

Hagarde, la fillette releva lentement la tête. Cette voix-là ne sonnait pas comme les autres. Elle ne parvenait pas à mettre de nom dessus, mais elle était intimement persuadée qu’elle la connaissait. Qu’elle était une voix amie. Qu’elle ne l’enfoncerait pas. La petite fille balaya la pénombre des yeux, perdue, cherchant qui avait pu appeler son nom. Elle avait besoin de cette bouée de sauvetage pour se sortir des abysses de sa conscience.

Personne ne veut être avec toi.

Sortie de nulle part, une masse sombre heurta alors la petite rouquine. Les larmes rendaient sa vision si floue, et son esprit était si embrumé qu’elle ne comprit pas ce dont il s’agissait. Pourtant, elle n’eut pas peur, pas mal. En fait, elle était déjà au plus bas, et il lui semblait que plus rien ne pouvait la tirer encore plus profondément.

Disparais !

Entre deux sanglots, la fillette sentit des bras se refermer sur elle. Elle ne savait pas qui était cette personne, mais elle s’en moquait. Elle se laissa aller contre le corps chaud et s’agrippa désespérément au tissu qui se présentait contre ses mains gelées.
L’ombre la tira doucement, l’assis sur ce qui semblait être un lit, et remit une de ses mèches en place. Madeline leva alors un regard aveugle vers le visage de la personne qui l’avait sauvée. Son regard s’habituait lentement à l’obscurité, mais tout était encore flou.

- Dis moi ce qu’il s’est passé. Tu as fait un cauchemar, ma puce ? s’enquit la voix avec inquiétude. Raconte-moi.

Les yeux de la petite fille s’écarquillèrent. « Ma puce », seule Kathleen l’appelait ainsi. A cette pensée, son cerveau analysa enfin le visage qui la regardait avec appréhension. C’était sa plus proche amie Kath. Évidemment, ses pas l’avaient guidée jusqu’à sa chambre. Où aller d’autre ? Elle avait cherché une présence rassurante sans même en avoir conscience.

Tu la déranges. Elle n’est pas inquiète, elle veut se débarrasser de toi.

Alors que Maddie avait ouvert la bouche pour lui répondre, pour lui parler, pour s’en sortir, de nouvelles pensées avaient émergé et ses yeux s’embuèrent à nouveau. Elle se mordit les lèvres avec force. Un sanglot la secoua. Un léger goût de fer emplit sa bouche. L’enfant se referma sur elle-même. Elle s’écarta de son amie, fuyant au bout du lit. Elle tremblait de tout son corps. La raison ne marchait pas en cet instant, la panique, la tristesse, la culpabilité, l’angoisse, toutes ces émotions avaient une emprise absolue sur elle et ne la laissaient pas tranquille.

:copyright:️ DABEILLE

Quand elle serra Maddie contre elle, Kathleen sentit la fillette s’agripper à son vêtement et elle comprit que la petite était vraiment perdue, et ne se rendait peut-être même pas complètement compte de l’endroit où elle se trouvait. L’avait-elle seulement reconnue ? Pour avoir elle-même vécu de nombreuses nuits de cauchemars, après son agression, elle savait qu’on était désorientée après avoir vécu un cauchemar et elle s’était souvent retrouvée à pleurer seule dans son lit, et elle était heureuse que la fillette, elle, ait su venir trouver du réconfort dans ses bras. Au moins, elle ne vivrait pas cette expérience traumatique seule.

Quand elle l’interrogea sur son cauchemar, l’enfant ne sembla l’entendre qu’à moitié. Elle se dégagea de Kath, comme si celle-ci l’avait repoussée, et alla se recroquevillée au bout du lit, en laissant à nouveau couler ses larmes. Kathleen ne se laissa pas démonter par cette fuite et comprenant ce qui l’avait provoquée, elle se rapprocha de Maddie et la reprit dans ses bras. Elle voulait absolument rassurer sa camarade et se sentait le cœur triste de la voir aussi effondrée. Elle se faisait tellement de mal pour des choses qui n’en valaient pas la peine. La pauvre puce en souffrait tellement.

« Shhhtt, Maddie, shhht. Je suis là, tu n’es pas toute seule. Il faut que tu te calmes, mon ange. Les cauchemars, ce n’est pas la réalité. Calme-toi, je suis là ! »

Elle savait déjà qu’elle ferait tout pour la calmer. Elle était même prête à aller trouver un professeur ou Jane, l’infirmière de l’école, si c’était nécessaire pour soigner la petite Madeline. Mais pour le moment, elle pensait que la fillette avait surtout besoin de sa tendresse et elle se sentait prête à la lui donner autant que possible. Elle avait tellement peur que la petite puce se gâche les vacances pour une simple histoire de chambre.

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Dormir ? Si seulement...ft. Kathleen Kirte

La situation échappait complètement à Madeline. Recroquevillé au fond d’un lit inconnu, confuse et apeurée, dans le noir, secouée de sanglots intenses, elle était en proie à des émotions intenses et à des voix cauchemardesques qui empêchaient tout usage de la raison. Elle avait vaguement conscience, entre deux larmes, de la présence de Kath à l’autre bout du lit. Mais elle voulait s’en éloigner. Elle ne voulait pas la déranger. Et puis elle ne voulait pas d’elle. Les voix l’avaient dit.

Tout le monde te hait.

Maddie hoqueta. Elle n’arrivait pas à se détacher de son cauchemar qui avait fait remonter à la surface de vieilles angoisses et douleurs. De mauvais souvenirs. Des mauvaises langues, et des insultes. L’enfant avait froid.
Par télépathie, peut-être, c’est l’instant que choisit Kathleen pour revenir à ses côtés, la serrait à nouveau dans ses bras sans craindre de se faire repousser. Cette fois, la petite fille paniquée n’avait plus l’énergie de fuir et abandonna, s’abandonna même pour de bon contre la poitrine de son amie, pleurant toutes les larmes de son corps qui semblait en contenir une infinité. La guérisseuse murmurait à son oreille des paroles rassurante, continuellement, pour la calmer :

- Shhhtt, Maddie, shhht. Je suis là, tu n’es pas toute seule. Il faut que tu te calmes, mon ange. Les cauchemars, ce n’est pas la réalité. Calme-toi, je suis là !

Madeline tenta de se concentrer dessus, oubliant les Tu es inutile et les Va-t-en, on ne veut pas de toi qui résonnaient en boucle dans son crâne. Elle se força à maintenir les yeux ouverts pour ne pas revoir les images issues de son cauchemar, mais au lieu de ça se focalisa sur les montées et descentes du corps de Kathleen au rythme de ses respirations.
Cela parut prendre un temps infini mais, petit à petit, parole après parole, inspiration après expiration, l’enfant se calma. C’était presque imperceptible, mais la tension de ses muscles se relâchait, ses sanglots s’espaçaient, se transformaient en reniflements, ses larmes s’asséchaient, son souffle se faisait moins erratique.

- J’ai froid , souffla-t-elle enfin, quand sa gorge se desserra assez pour laisser passer des sons.

Elle aurait voulu remercier Kath, mais elle ne le pouvait pas. Son crâne était encore embrumé, elle n’osait plus penser de peur de ce qui remonterait à la surface de sa conscience si elle avait le malheur de s’aventurer dans son esprit. Elle était encore confuse, déroutée, mais elle sentait qu’elle s’éloignait peu à peu du sommeil et ne voulait rien faire qui put la replonger dans l’enfer qu’avait été sa nuit.

:copyright:️ DABEILLE

Kathleen fut contente en sentant, au bout d'un moment, que la fillette qu'elle tenait dans les bras commençait à se calmer. Cependant, elle eut l'impression, peut être fausse, que sa protégée était également en train de commencer à trembler. Elle était inquiète à l'idée que la petite fille prenne froid. Ses sens de guérisseuse en alerte, elle n’osa pourtant pas bouger de peur de relancer l'angoisse de la fillette. Elle eut la confirmation de ce qu'elle soupçonnait lorsque Maddie lui exprima franchement qu'elle avait froid. Aussitôt, il ne fut plus question d'attendre. Kathleen décida de mettre immédiatement sa protégée au chaud.

« Tu as raison, il fait frais ! Viens, viens avec moi ! » murmura-t-elle doucement et avec tendresse.

Elle attira la petite fille vert le lit le bord du lit et la glissa sous les couvertures, bien au fond, tout contre le mur. Elle s'allongea près de Maddie et s’assura que la petite fille tremblait moins. Elles étaient un peu à l'étroit, à deux dans ce lit, mais au moins, si elle se rendormait , Maddie n'aurait plus de souci à se faire avec les cauchemars car Kathleen veillerait sur son sommeil. La petite Poufsouffle était prête à être punie pour protéger sa camarade en état évident de détresse. Elle ne se serait pas senti une bonne guérisseuse si elle avait obligée Maddie à repartir immédiatement dans son lit avec le risque qu’elle cauchemarde à nouveau.

« Écoute, ma puce, tu vas rester dormir ici avec moi cette nuit. Et demain, je te reconduirai à ta chambre avant que les professeurs se réveillent. Comme ça, tu ne feras pas d'autre cauchemars cette nuit. D'accord ? »

Kathleen passa la main sur le front de Maddie. Elle se mit à chantonner une petite berceus, à voix basse, afin que la petite s'endorme cette fois sans aucune peur en elle. Elle était prête à l'écouter si Maddie avait envie de parler.

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Dormir ? Si seulement...

Comme à son habitude, Aidan avait observé les étoiles dans la soirée et il n'avait pas vu les heures passer.
Contrairement à ses horaires habituels, durant le camp de vacances, il était supposé se lever tôt avec le reste du staff pour assurer la surveillance des animations.
Ainsi, après avoir jeté un coup d'oeil à sa montre, il avait décidé de rentrer dans sa chambre pour essayer de trouver un peu le sommeil.

Le centre était sombre et silencieux. S'il tendait l'oreille, Aidan pouvait même entendre certaines respirations caractéristiques de personnes endormies.
Il monta l'escalier, soucieux de ne pas rater une marche et de réveiller tout le monde.
Lorsqu'il passa devant une chambre de filles, il entendit des chuchotements. Fronçant les sourcils, il s'arrêta pour vérifier qu'il n'avait pas imaginé des voix.
Il lut sur la porte la répartition de la chambre (Kathleen, Zeynep, Aurore et Ombelline) et la poussa doucement en passant sa tête par l'entrebâillement.

-Les filles, il est tard, il faut aller dormir... chuchota-t-il.

O'Neill, malgré ses yeux habitués à l'obscurité, ne remarqua que deux silhouettes se trouvaient dans le même lit.
Il n'avait même pas identifié qui ne respectait pas les heures de sommeil. Il ne voulait pas de coupables, du moins pour le moment. Il désirait simplement qu'elles se taisent et tombent dans les bras de Morphée. Il n'était pas le meilleur pour aller gronder les enfants. Il devrait probablement travailler sur son manque d'autorité à la rentrée prochaine. Peut-être demanderait-il même conseil à Van Aken ? Il avait eu une discussion des plus intéressantes avec le maître de potions et, bien qu’ils n’étaient pas les meilleurs amis, Aidan pensait néanmoins qu’il accepterait de l’aider sur ce point.
Il attendit confirmation et se posta ensuite quelques minutes devant la chambre, aux aguets. Adossé au mur du couloir, il écoutait, immobile, le moindre bruits, priant de ne pas devoir intervenir. Il n’aimait clairement pas ça et aimerait aller dormir, sachant qu’il devrait se lever tôt le lendemain matin.

Codage par Libella sur Graphiorum

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La faible plainte de Madeline, qui retrouvait peu à peu ses esprits, suscita une réaction immédiate chez sa protectrice. Sans attendre, celle-ci la tira au bord du lit. La petite rouquine se laissa faire, vidée, incapable de bouger par elle-même. Elle se sentie emportée toute au fond. Puis, plus rien. Le monde, déjà obscur, disparut pour de bon.
A nouveau, l’angoisse lui saisit la gorge de sa main griffue. La petite aspira l’air, paniquée, mais celui-ci lui manqua. Elle se sentait enfermée. Elle ne savait pas où. Elle n’était pas en état de comprendre. Laissant échapper des sons étouffés de respiration précipitée et de couinements, elle se débattit de toutes ses forces.
La paroi qui l’enfermait sembla s’enfoncer sous ses minuscules coups de poings. L’évasion sembla durer un temps infini, mais soudain Maddie inspira une bouffée d’air frais et reconnut le visage inquiet de Kath devant le sien. Elle se calma instantanément, son cerveau arrivant enfin à la conclusion que sa prison n’était autre qu’une couverture.
De fait, la fillette sentait son corps se réchauffer doucement. Adressant un regard désolé à son amie, elle se lova dans la couette et ses tremblements se calmèrent peu à peu. Alors, Kathleen se glissa à ses côtés, sûrement pour l’apaiser, et cela eu l’effet escompté. La solitude s’en allait, au même titre que le froid, à pas de loup.

- Écoute, ma puce, dit Kathleen après un moment, tu vas rester dormir ici avec moi cette nuit. Et demain, je te reconduirai à ta chambre avant que les professeurs se réveillent. Comme ça, tu ne feras pas d'autre cauchemars cette nuit. D'accord ?

La bouche pâteuse et la gorge encore serrée d’angoisse, Madeline ne répondit rien. Elle hocha lentement de la tête, dodelinant presque, la fatigue physique et mentale la rattrapant. Mais au fond d’elle, elle était reconnaissante des efforts de son amie et de l’aide qu’elle lui apportait. Cela valait tout l’or du monde.
Remarquant sûrement la réponse muette de son amie, la petite guérisseuse se mit à caresser tendrement son front, et entonna une berceuse inconnue de Maddie. Cette-dernière se laissa guider loin des berges du cauchemar par la voix empreinte de douceur et les gestes répétitifs sur sa peau. Elle ne pouvait pas, ne voulait pas parler, mais laisser tout ça derrière elle. Sa protectrice y semblait prête, simplement là pour l’aider à s’en remettre, et la petite rouquine lui en était infiniment reconnaissante.

L’enfant était au bord du sommeil quand elle entendit la porte d’entrée grincer. Son cœur se mit à battre à toute allure dans sa poitrine. Elle se redressa en un sursaut. Réflexe.

- Les filles, il est tard, il faut aller dormir…

Cette voix, Madeline était sûre de la connaître, mais impossible pour elle de remettre le doigt sur le nom de l’adulte à qui elle appartenait. Pas dans ce brouillard. Mais elle avait reconnu une voix d’homme, il s’agissait d’un encadrant des vacances, et apparemment les chuchotements de Kathleen pour la rassurer avaient alerté sa vigilance. La petite se sentit honteuse. Elle n’aimait pas briser les règles, et avait agi de façon irréfléchie, automatique. Elle se tourna vers sa protectrice, hésita, puis bredouilla :

- Je… Je ferais mieux de retourner dans ma chambre. Je vais y aller. Merci pour tout.

Maladroitement, elle essaya de se dépêtrer des couvertures pour réussir à partir – ce fut un échec certain. Les deux enfants ne pouvaient pas parler, au risque de provoquer la colère de l’adulte qui les avait surprises. Elles avaient déjà eu de la chance qu’il se contente de les rappeler gentiment à l’ordre, il ne fallait pas trop en demander. Adressant un sourire contrit à son amie, Maddie descendit du lit d’un pas un peu trop chancelant pour être convainquant.

:copyright:️ DABEILLE

Kathleen faisait tout ce qu’elle pouvait pour essayer d’endormir Maddie sans grand résultat. La fillette semblait toujours complètement désorientée par son cauchemar. Alors Kathleen s’était mise à chantonner et à bercer la fillette afin de l’endormir. Elle ne voulait pas laisser la fillette seule et fragile alors qu’elle lui avait promis qu’elle ne serait plus seule et qu’elle s’occuperait d’elle. Ce qui préoccupait Kathleen, c’était que Maddie avait l’air de ne pas savoir exactement où elle était et ce qu’elle faisait. Du moins, c’était le cas depuis qu’elle avait pénétré dans la chambre et elle allait sûrement reprendre conscience des choses et se demander ce qu’elle faisait là.

Soudain, son chantonnement fut interrompue par la porte qui grinça. Kathleen sentit Maddie sursauter et maintint son bras sur la fillette pour que la personne qui entrait ne devine pas qu’il y avait plus de personnes dans la chambre que ce qui était initialement prévu. Kathleen reconnut la voix du professeur O’Neill qui leur recommandait de dormir. Elle savait qu’il valait mieux qu’il ne trouve pas Maddie dans la chambre et elle ne répondit rien, se contentant de rester immobile et d’immobiliser sa camarade pour qu’elle ne les trahisse pas, ce qui n’était pas aisé.

En effet, à-peine le professeur eut-il refermé la porte que Maddie décida subitement de retourner à sa chambre et tenta de se lever en chancelant. Paniquée, Kathleen l’attrapa et la ramena vers le lit en déposant un doigt sur ses lèvres pour lui enjoindre de se taire. Elle attendit quelques minutes en immobilisant Maddie. Il était inutile qu’elle se fasse repérer. Le professeur O’Neill n’était pas sévère mais ça ne l’empêcherait pas de sévir si c’était nécessaire. Kathleen en était persuadée. Elle préférait éviter qu’on en arrive là. A voix la plus basse possible, elle essaya de raisonner la Poufsouffle, une fois le professeur éloigné.

« Il vaut mieux éviter de se balader au milieu de la nuit. Tu risques de te faire punir pour rien. Essaie de dormir, tu rejoindras ta chambre tout à l’heure. Il vaut mieux rester silencieuses et tranquilles maintenant, sinon on va attirer les problèmes. »

Elle tenta d’inciter Maddie à se recoucher sans bruit.

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