(#) Sujet: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Dim 5 Juil - 18:43
Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Lun 6 Juil - 15:46, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Dim 5 Juil - 21:06
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Les lamentations maternelles avaient cadencé le petit-déjeuner avant de tisser le reste de la matinée et se poursuivaient désormais jusque dans le parc du château des grands-parents de Junior. Un pot en terre ébréché attendait l’heure exacte pour nous emporter loin de France où s’était déroulé le début de nos vacances. Bras croisés sous ma poitrine, sourire railleur, j’observe le tableau plaintif que peignent les embrassades entre la mère et le fils. Les bras de la première vinrent étreindre le second dont le regard se perdit à la rencontre du mien. Je ne pouvais malheureusement lui être d’aucun secours et je hausse les épaules avec un éclat moqueur dans le regard pour le lui faire savoir. Le désespoir de Claire d’Archambault ne trouverait de fin que lorsque son fils adoré, son petit ange chéri, la chair de sa chair et le sang de son sang, serait de retour au sein du cocon familial. Or, j’étais l’âme cruelle venue enlever sa progéniture bien-aimée pour l’emmener au sein de sauvages steppes norvégiennes. Sa voix tremblante dissémine recommandation sur recommandation, ses yeux aussi clairs que ceux de mon meilleur ami se tournant dans ma direction alors qu’elle mentionne de potentielles incartades. À ses yeux, Junior était évidemment incapable du moindre écart et j’étais celle des deux qui entraînait l’autre sur les chemins de la vicissitude. Si elle savait. Je me pince les lèvres pour retenir un éclat de rire qui serait, à n’en pas douter, du plus mauvais effet. J’avais été la parfaite représentante du clan Sørensen durant tout mon séjour sur les côtes françaises, je pouvais l’être encore quelques minutes. Sourires, politesses, salutations respectueuses, je n’avais pas réalisé un pas en-dehors du cercle des instructions éclairées de Grand-Père, ne retrouvant mes sarcasmes et lâchant la bride à mon impulsivité uniquement lorsque nous nous retrouvions loin des adultes et de leur étroitesse d’esprit. Je m’étais même retenue de l’arracher des griffes de cette blondasse qui l’avait tenu éloigné de moi le temps d’une trop longue valse. Grand-Père et Grand-Mère ne sauraient jamais à quel point j’avais tenu à leur faire honneur, mais ce sacrifice avait été cuisant.
Je vous rrremerrrcie encorrre pourrr votrrre hospitalité et trrransmettrrrais vos amitiés à mes aïeuls. J’ai passé un séjourrr merrrveilleux fis-je alors que les coins de mes lèvres s’étiraient en un sourire aux subtilités bien troubles pour qui ne me connaissait pas suffisamment. De là où nous les avions laissés, les grands-parents maternels de mon meilleur ami agitaient leurs bras dans un dernier salut. Ce qui aurait pu se poursuivre des heures durant fut bien obligé de prendre fin alors que notre portoloin pour mes terres natales commençait à s’agiter. Junior s’arracha aux plaintives embrassades de sa mère et enfin ses doigts retrouvèrent leur place habituelle, tout contre les miens. Jes les préférais là à posés contre les hanches d’une idiote fade. Les dix prochains jours m’assuraient l’absence d’une situation similaire puisqu’il n’y aurait que nous et les miens, le tout accompagné de quelques invités dont pas un ne s’aviserait jamais à danser avec Junior sous mes yeux. Même si mes grands-parents se lançaient dans l’organisation d’une réception estivale et qu’ils conviaient ce que notre pays faisait de plus noble et de plus distingué, je me chargerai de faire savoir à toutes ces pâles et insignifiantes sottes que la place à ses côtés n’avait rien de libre. Il avait délicieusement joué le jeu qu’il m’avait promis lors de nos jours en France, je m’assurerai d’être à sa hauteur. Autant sur ce point que sur les escapades dans lesquelles il m’avait entraînées. Les jours d’été étaient bien longs, en Norvège, nous aurions encore plus de temps à dépenser dans nos fuites adolescentes.
Nous posons à peine nos doigts autour de notre portoloin que celui-ci nous entraîne déjà dans un tourbillon fou et désordonné, emportant avec lui les dernières paroles inquiètes d’une maman qui voyait son fils unique s’envoler en direction d’un pays lointain. Le trajet ne devait pas prendre bien longtemps et je sentais mon impatience battre de plus en plus fort à mesure que les secondes filaient. Et puis, il y eu un étrange grésillement, presque aussitôt suivi d’une explosion qui me brûla le bout des doigts alors qu’une sensation de vertige me laissait la désagréable impression d’avoir mon estomac toujours accroché au pot en terre. Nous tombions et cela n’avait rien de normal. Je tentai tant bien que mal de m’emparer de ma baguette, plaquée contre ma peau, sous la manche de mon pull, mais en vain. La chute fut brutale et douloureuse, chassant tout l’air contenu dans mes poumons, me laissant étendue sur le sol, hébétée. Un pressentiment confus tentait de se frayer un chemin dans mon esprit : quelque chose clochait, sans que je ne sache vraiment quoi. Jamais un portoloin ne m’avait si violemment éjectée. Mes mains posées sur un sol froid, je me redresse en position assise. Junior s’était déjà relevé et m’aida à en faire de même, pestant contre les températures glaciales avant de me confier les rênes de la suite. Mon bras retomba le long de mon flanc alors que je faisais un tour sur moi-même, mes prunelles opalines fouillant l’étendue vide au milieu de laquelle nous venions d’atterrir. Il était là, l’affreux pressentiment, l’instinct brûlant cherchant à me prévenir. Le froid qui régnait était en-deçà des températures norvégiennes, de plusieurs degrés. Le léger pull que j’avais pris le soin d’enfiler avant notre départ suffisait à me donner presque trop chaud lorsque j’étais chez moi. Présentement, je sentais un frisson glacé se glisser le long de ma colonne vertébrale. Et ces paysages, cette plaine aux couleurs ternes, au sol marron et rocailleux, aux collines tachetées de blanc, ça ne ressemblait absolument pas à mes contrées.
Machinalement, ma baguette se retrouver fermement enserrée par mes doigts alors que je repère les restes de notre portoloin. Du bout du pied, je les repousse, avant de relever la tête, cherchant un signe, n’importe quoi, quelque chose qui m’aiderait à me retrouver au milieu de ce paysage qui ne me disait rien. Nous n’étions pas chez moi, comme prévu. Nous n’avions pas atterri devant la petite cabane limitrophe à notre propriété où l’un des miens aurait dû nous attendre et nous accueillir. Nous n’étions pas non plus aux alentours de Kristiansand : tout était bien trop différent. Pour ce que je savais, pour ce que je voyais, nous n’étions peut-être même pas en Norvège. Ce n’est pas chez moi lâchai-je d’une voix blanche en me retournant pour faire face à Junior qui m’observait d’un oeil suspicieux. C’est que je m’étais montrée particulièrement silencieuse et que le calme apparent qui était le mien détonnait assurément avec la situation qui se dessinait doucement sous nos yeux. Ce n’est pas du tout chez moi répétai-je, comme si j’avais moi-même du mal à croire la vérité que j'annonçais. Je n’ai aucune idée de où nous sommes. Je rajoutai cette précision avec que Junior ne me le demande. Je ne savais pas, je ne savais rien, et c’était une sensation des plus désagréables. Un bref sursaut m’arracha à cette torpeur qui ne me ressemblait pas et je plaçais ma baguette au plat dans ma paume. Le sortilège franchit mes lèvres et fit vibrer ma baguette magique avant qu’elle ne se déplace et ne s’arrête, pointant le nord. Il nous fallait des repères car nous n’en avions aucun. Le norrrd est là-bas. Allons au sud fis-je d’un ton assuré. Ce n’était qu’un contretemps, rien que ça. Nous allions trouver un endroit chaud pour patienter, le temps que Grand-Père nous rejoigne et nous amène jusqu’à chez nous.
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Lun 6 Juil - 15:44
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Lun 6 Juil - 20:17
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La voix douce de Junior me tira d’une torpeur dont je n’avais pas vraiment pris conscience avant qu’elle ne disparaisse sous les inquiétudes que revêtait mon prénom murmuré. J’avais été absorbée par ce paysage monochrome qui déployait sous nos regards hagards des teintes de gris et de noir à perte de vue. La pâle végétation ne faisait que clairsemer cette étendue infinie, insuffisamment pour apporter une quelconque touche de couleur. Ce n’était pas mon pays, ce n’était pas chez moi. Si quelques ressemblances me sautaient aux yeux, ce n’était pas assez pour venir troubler mes certitudes. Nous n’étions pas en Norvège, qu’importe les similitudes éparses que cet horizon aride partageait avec nos steppes. Ce n’était pas chez moi et c’est ce que je révèle à mon meilleur ami en me tournant vers lui, préférant la lueur familière de son regard clair à ces nuances étrangères. Il me fixa en silence avant de retrouver l’usage de la parole. Sa tentative de rationaliser la situation pour la rendre plus rassurante me fit immédiatement secouer la tête, mes cheveux bruns balayant mon dos comme autant de négations informulées. Non et non, à gauche et à droite, à droite et à gauche. Nous n’étions pas un peu plus loin que prévu, nous n’avions aucun chemin à retrouver, nous n’étions pas là où nous aurions dû atterrir, nous n’étions pas chez moi. Et cette constatation formulée et reformulée dans mon esprit commençait à faire jaillir des sentiments inconnus chez moi. Pourquoi ce poids dans ma poitrine et pourquoi cette terrible impression de n’être pas plus solide que notre portoloin brisé en mille morceaux ? Avec une lenteur presque irréelle, Junior se rapproche de moi. Avais-je l’air si étrange pour qu’il fasse montre de tant de précautions ? Ses doigts sur mon épaule chassent un peu de cette tension qui s’y était accumulée et les miens les y rejoignent, les serrant doucement, tout doucement, comme pour lui rendre le ménagement dont il m’enveloppait avant de lui réasséner cette violente réalité. Ce n’était pas chez moi.
Son regard vacille et l’application qu’il mettait à ne pas vouloir comprendre ce que mes propos signifiaient se fissure. Le paysage morne m’avait éteinte, le désespoir qui s’empare des traits de mon meilleur ami réveille cette assurance brûlante qui était la mienne. Elle achève de faire disparaître cette glaciale apathie et je place ma baguette à plat sur ma paume tendue. Le sortilège s’échappe d’entre mes lèvres au même moment que les défiances de Junior. Les rotations hypnotiques de ma baguette effacent les réticences de mon meilleur ami aussi facilement que s’il n’avait jamais commencé à les formuler. Je ne pouvais me résoudre à rester sagement ici en attendant que l’on nous retrouve. Nous devions aller quelque part, trouver des sorciers, prévenir Grand-Père… même si je ne pouvais concevoir qu’il ne soit pas déjà soucieux face à notre absence. Il déploierait les ressources nécessaires pour nous mettre la main dessus et j’avais une confiance aveugle en sa toute-puissance. Ce n’est pas que j’étais convaincue qu’il nous faille marcher en direction du sud pour nous sortir de cette situation, mais plutôt que je me refusais à l’inaction et que mon impulsivité ne pouvait souffrir cette désagréable sensation d’impuissance. S’éloigner de quoi ? rétorquai-je du tac au tac à Junior. Peut-être que rester auprès de notre portoloin était la meilleure chose à faire car il y avait fort à parier que ce serait par son biais qu’ils pourraient découvrir où nous étions. Mais cette pensée ne m'effleure pas l’esprit. Qui savait combien de temps cela pourrait prendre ! Une heure, ou cinq, ou vingt. Et le froid nous enveloppait déjà, traversant nos habits bien trop légers pour ces températures qui n’avaient rien d’estivales. Une intuition fis-je finalement, en haussant les épaules. J’aurais pu la justifier de bien des manières, mais aucune ne me convenait. Ni celle, irrationnelle, qui aurait été d’affirmer qu’il faisait moins froid au sud et que les populations préféraient y vivre, ni celle, encore plus mystique, qui me poussait à vouloir prendre la direction de Kristiansand, situé à la pointe sud de la Norvège, comme si nous étions perdus dans les hauteurs arctiques de mes terres natales. Tu prrréfèrrres rrrester ici ? La réponse était visiblement négative puisqu’il consentit à suivre avec moi la direction sud qu’indiquait ma baguette. Quelques pas plus tard, à peine, je m’arrêtais et jetais un regard derrière nous. Comme si la silhouette de Grand-Père pouvait déjà apparaître et m’envelopper d’une chaleur réconfortante. Il faudrrrait peut-êtrrre laisser des trrraces du chemin que nous prrrenons... suggérai-je d’une voix peut-être moins assurée qu’à l’accoutumée en plongeant mon regard dans celui de Junior. Un tas de pierres, une marque sur le sol, n’importe quoi qui pourrait peut-être lancer nos secours dans la bonne direction.
Nous reprenons finalement notre marche précaire. Les minutes passent et le froid semblait de plus en plus polaire. J’avais l’habitude des températures glaciales, peut-être plus que Junior d’ailleurs, pour autant, j’étais loin d’être assez vêtue pour affronter celles qui nous enveloppaient d’une chape mordante. Je passe mon bras autour de celui de mon meilleur ami, collant mon flanc contre le sien. Ce n’était pas des plus pratiques pour marcher à vive allure, mais cela avait le mérite de nous réchauffer, rien qu’un peu. Ou était-ce seulement la recherche de ce contact physique si rassurant ? Perdus au milieu de nulle part, c’était comme si le besoin de se rassurer quant à sa présence ne laissait plus de place au reste. En prrrison pourrr un Pointe au Norrrd ? Ce serait exagérrré répliquai-je en levant les yeux au ciel. Je consens néanmoins à accéder à sa requête après un petit silence grelottant. Mais d’accorrrd. Pas de magie tant que nous n’y sommes pas contrrraints. Mais s’il nous fallait brûler ces terres dures comme la glace pour nous réchauffer ou si la magie était l’unique moyen de nous permettre d’aller bien, je n’hésiterai pas une seconde. Nous portions toujours la Trace et les autorités pouvaient savoir qu’un mineur avait utilisé la magie dans une certaine zone nous comprenant. Encore qu’ils ne pourraient pas déterminer avec exactitude si nous étions ou non les sorciers à l’origine de cet usage magique puisque nous n’étions pas censés nous trouver ici.
La question de Junior m’arracha un coup d’oeil pensif. Je n’avais plus vraiment pensé à sa vision depuis notre soirée dans la Salle sur Demande, trop occupée à profiter de tous ces moments volés à la bienséance. Mais maintenant qu’il soulevait à nouveau le sujet… C’est possible répondis-je alors que nous amorçons la montée d’une petite butte rocailleuse qui nous masquait la suite. Dans ta vision, le type demandait s’il y avait des nouvelles nous concerrrnant et s’ils avaient rrréussi à nous trrrouver ? récapitulai-je à voix haute en resserrant un peu mon étreinte sur mon meilleur ami. Ça doit êtrrre ça, alorrrs. Je t’avais dis que je n’étais au courrrant de rien. Mon ton grognon s’effaça dans un sourire, plus fade qu’à l’accoutumée, mais un sourire tout de même. Quant à savoir dans combien de temps se déroulerait sa vision, c’était une autre histoire. Pour l’instant, nous arrivions au sommet de ce tas de cailloux et apercevions enfin de quoi allait être fait la suite de notre marche.
3 - 4 - L'étendue reste noire et grise mais de l'eau coupe le paysage en deux. En plissant les yeux, un reflet pourrait attirer leur attention : serait-ce une habitation ?
Dé 1 - Ce qu'ils aperçoivent (mais ça veut pas dire qu'ils y arriveront en un post:
1 - 2 - La même chose que ce qu'ils viennent de parcourir, à quelques cailloux près. 5 - 6 - Au loin, la plaine cède la place à un lac, une mer ou l'océan, qui sait ? qui mange tout le reste de l'horizon. Sur les berges, quelques tâches colorées semblent indiquer un village.
Dé 2 - Est-ce qu'ils vont avoir des ennuis soon soon (encore plus):
PAIR - Oui IMPAIR - Non
Dé 3 - Durée de leur voyage au Groenland:
1 - 6 - 24H 2 - 5 - 48H 3 - 4 - 72H
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Dernière édition par Erin B. Sørensen le Lun 6 Juil - 20:18, édité 1 fois
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À SAVOIR Arrivé(e) le : 28/06/2011 Parchemins rédigés : 13695 Points : 36 Crédit : (c) Septimus Veturia
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Lun 6 Juil - 20:17
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'Le Hasard' : 3, 5, 4
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Mer 8 Juil - 17:38
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Ven 10 Juil - 18:13
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Un claquement de langue réprobateur accompagne mon regard opalin que je viens river à celui de Junior. Sur ma paume tendue, ma baguette indiquait le nord, et moi, je décidai qu’il nous fallait aller au sud. Choix irrationnel, intuitif, inconsidéré peut-être, ou bien un savant mélange de tout cela, mais il avait au moins le mérite d’en être un. Il m’était inconcevable que nous restions plantés là, à côté des restes d’un portoloin qui avait failli à sa mission. La plaine battue par le vent froid était aussi terne que déserte : nous ne trouverions rien ici. Aucune garantie ne nous assurait de trouver quoi que ce soit ailleurs, certes, nous étions peut-être à des centaines de kilomètres de toute vie, mais je ne pouvais me résoudre à geler sur place sans tout tenter pour créer notre chance. Le ton boudeur de mon meilleur ami me fait lever les yeux au ciel mais je ne réplique pas l’évidence : s’il pouvait y avoir de la vie d’un côté, il pouvait y en avoir de l’autre. Nous n’avions aucune indication pour étayer telle ou telle intuition, il fallait donc s’y fier. Un sifflement agacé m’échappa cette fois alors que son scepticisme se teinte d’ironie. Préférait-il rester ici ? à atteindre, sans bouger, que l’on nous retrouve ? Je pouvais dresser le menton d’un air aussi prétentieux qu’à l’accoutumée et me targuer d’être habituée aux températures polaires que la Norvège revêtait chaque hiver, il n’empêche que nous n’étions pas habillés pour affronter cette brise glaciale qui s’infiltrait déjà sous nos vêtements. Ne rien faire signerait notre perte. Ne le voyait-il donc pas ? Il ne pouvait décemment pas préférer rester ici, au milieu de cette étendue infinie et monochrome. Qu’importe que je trouve cela stupide, pas un seul instant l’idée de l’abandonner derrière moi comme l’enfant capricieux et boudeur qu’il pouvait devenir ne me traversa l’esprit. Je préférais mourir de froid avec lui que de chercher une aide quelconque seule. Aussi ma question resta-t-elle en suspens quelques secondes, le temps qu’il se décide et détermine, par la même occasion, la direction qu’allait prendre les prochaines minutes. Il hausse les épaules et amorce un pas jusqu’à moi, réchauffant notablement la flamme qui dansait au fond de mes prunelles.
Quelques pas plus loin à peine, je me retourne, éventrant le vide en silence, cherchant une façon pour indiquer à Grand-Père la direction que nous avions prise lorsqu’il arriverait à localiser notre portoloin. L’idée franchit mes lèvres et rencontre, à nouveau, le pragmatisme défaitiste de mon meilleur ami. Mon regard qui se braque sur le sien, accusateur. Oui, pourrrquoi pas. Je n’avais cependant perçu aucune raillerie dans son ton, simplement la constatation dépitée que nous n’avions pas vraiment de cartes en main pour nous aider, aussi ne me vexai-je pas plus longtemps. Loin de me laisser abattre, je fouille du regard cette terre étrangère dépouillée de tout. Nous pouvions trouver une manière de signaler notre présence, rien n’était impossible. Je peinais simplement à en concevoir une qui ne fasse pas usage de la magie : un Deprimo lancé sur le sol aurait été parfaitement efficace, mais la gravité de Junior me retenait d’en faire usage. Il jugeait déjà d’un mauvais oeil le sortilège de Pointe au Nord lancé par mes soins, je ne devais pas jouer avec ses limites. Pas ici, pas maintenant. Après un silence de plusieurs longues secondes, je finis par me mettre en mouvement. Le sol était dur, l’herbe était gelée, aucun arbre ne poussait sur ce sol qui peinait à accueillir la vie. Sous nos pieds crissaient des graviers par milliers que je rassemblais par grands gestes, encore et encore, pour en faire un tas. Approximatif, tout d’abord, mais qui, nourrit de dizaines et dizaines de ces pierres froides, commença à prendre forme. En m’éloignant de quelques pas, je trouvais un caillou aussi gros qu’un cognard que je posai en équilibre sur le reste. J’époussette mes mains sur mon pantalon avant que ma baguette ne retrouve sa place, entre mes doigts. Au moins, j’essaye fais-je en reportant mes yeux clairs sur mon meilleur ami, prévenant ainsi toute remarque qui pourrait s’avérer moqueuse. Mon tas de cailloux n’avait rien de bien impressionnant, il m’arrivait au milieu du mollet à peine, mais cela restait un relief certain sur cette surface plane et pourrait ainsi baliser notre route. Ce n’était probablement pas grand chose aux yeux de mon meilleur ami, cela n’avait guère de valeur aux miens non plus, mais cela aidait à conserver cette impression de maîtrise que je détestais perdre.
Nous reprenons notre marche, enveloppés de la prudence de Junior qui tentait, tant bien que mal, de garder mon impulsivité endormie. Je ne voyais pas quels ennuis Grand-Père ne pourrait pas résoudre d’un regard sévère et d’un lien parfaitement tiré, mais je n’avais pas envie de me disputer avec mon meilleur ami pour si peu. Pour l’instant, et tant que cela ne deviendrait pas une nécessité, je voulais bien consentir à garder ma magie pour moi. Néanmoins, il me semblait exagéré de craindre la prison alors que nous étions les victimes de cette triste aventure : le portoloin s’était avéré défectueux, ça n’était quand même pas à nous de payer alors que nous essayions simplement de nous en sortir. En silence, je resserre un peu mon étreinte autour de son bras. Ce n’était pas vraiment ainsi que j’avais imaginé que débuteraient notre séjour chez les miens. Et si je ne voyais là qu’un contretemps, certes désagréable, mais loin d’être définitif, je connaissais trop bien Junior pour ne pas supposer qu’il était entrain de regretter, au moins à moitié, d’avoir accepté ces vacances chez moi. Pas de Norvège, pas de portoloin, pas d’errance dans un paysage désolé. Le lien était aisé à faire mais pas moins amer. Ce n’était pourtant pas dans mes habitudes de penser à ce que Junior pouvait bien ressasser, je préférais confronter nos points de vue jusqu’à ce que le mien l’emporte, bien souvent. Mais dans ce silence que dessinaient la buée de nos souffles, mon esprit avait choisi ce chemin-là. Celui de mon meilleur ami, visiblement, en avait emprunté un tout autre. Sa vision prenait un tout autre sens à la lumière de notre situation, mais les faits collaient et semblaient cohérents. Bien plus, à mon sens, que m’imputer la faute d’une fuite qui mènerait les autorités à nos trousses. Aucune de mes frasques ne m’avait jamais conduite à une telle extrémité, j’y veillais, un petit peu. Finnbjörn s’assurait du reste et Grand-Père de tout.
Lancés à l’assaut d’un monticule que nous pourrions qualifier de colline, j’abonde dans son sens. Maintenant que nous étions là, perdus loin de chez moi à cause d’une erreur que les responsables paieraient cher, je m’en assurerai, il paraissait inconcevable que ce soit quoi que ce soit d’autre. Sa question me fait lever les yeux jusqu’aux siens, mélange d’assurance et d’incrédulité. Oui répondis-je, mon ton taillant cette évidence dans le vif, railleur. Nous passions une merveilleuse soirée, et si je ne lui imputais nullement les réveils qui s’étaient succédés, car il n’y était pour rien, ne maîtrisant ni ses cauchemars, ni son don, j’avais bien moins apprécié d’être la cible de ses doutes et ses reproches alors que, quelques heures auparavant, nous projetions de nous enfuir tous les deux et nous perdions dans des caresses et des rires que j’aurais voulu ne jamais cesser. Evidemment que ses accusations voilées m’avaient vexée. J’étais bien trop tendre avec lui pour lui en tenir plus longtemps rigueur, et l’amertume s’était effacée lorsque nos doigts s’étaient retrouvés et que nos pas nous avaient conduits jusqu’au lac, mais tout de même. C’est parrrce que ce n’est pas celle que je te prrréparrre. La vrrraie serrra parrrfaite. Et plus chaleurrreuse fis-je avec une pointe moqueuse, mon souffle chaud se chargeant de nous rappeler à quel point il faisait froid ici, un nuage blanc se dessinant brièvement devant mes traits. Comment tu l’imaginais ? Ma question ponctue notre arrivée au sommet de cette colline et mon sourire espiègle s’efface alors qu’un regard rapide ne nous permet de constater qu’une étendue toujours aussi vide. Ce n’était pas le bleu qui sciait le paysage en deux qui pourrait être source de réconfort. Dans un soupir un brin dramatique, je me détourne de l’horizon pour partir en quête de pierres. Puisque j’avais entassé un premier monticule, autant poursuivre. J’en forme un second, plus ou moins similaire au premier, au moins aussi haut. Je ne sentis pas tout de suite la morsure d’une coupure sur mon index, mes doigts engourdis par le froid, ma sensibilité grandement réduite. Une petite goutte de sang vient tacher mon pantalon alors que je m’essuie une nouvelle fois les mains, sans que je n’en fasse grand cas. Ce n’était même pas douloureux et vraiment pas très profond.
Si des gens vivent ici, ce serrrait logique qu’ils soient prrroches de l’eau, en effet. Ma voix grognon disparaît alors que je porte mon doigt blessé à ma bouche, suçotant distraitement la plaie pour ne plus avoir à m’en préoccuper. Je ne sais pas où nous sommes, mais ça ne peut pas êtrrre la Norrrvège : c’est bien trrrop dénué de tout charrrme. Descendre s’avéra un peu plus ardu que monter. La pente était moins douce et les cailloux roulaient sous nos chaussures, menaçant de nous faire glisser jusqu’en bas de la butte dans un élan assurément douloureux. J’échappai de peu à l’une de ces chutes : mon pied se posa sur un bout de terre qui décida subitement qu’il serait bien mieux quelques mètres en bas, et je ne retrouvai mon équilibre qu’en battant maladroitement des bras avant de me rattraper à Junior. Ça avait un arrière-goût d’une autre soirée, en bien moins plaisant. Qu’est-ce que... Plissant les yeux, je scrutai l’horizon, essayant de retrouver cet éclat étrange qui avait attiré mon attention, sans succès. J’ai crrru voirrr quelque chose parrr là-bas expliquai-je finalement à Junior, en haussant les épaules, avant de reprendre notre cheminement mal assuré. C’était sûrrrement le soleil. Un reflet, un angle bien particulier… qui sait.
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Dim 12 Juil - 22:51
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Mar 14 Juil - 18:22
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Il n’avait rien dit, c’est vrai, mais il n’en pensait pas moins. Son regard clair rivé dans le mien était comme une fenêtre par laquelle je discernais sans peine les doutes et les réticences qui l’habitaient. Il désapprouvait toute initiative, sans vraiment avoir d’alternative à proposer. Faire usage de la magie pouvait avoir des conséquences dramatiques et s’éloigner du portoloin brisé également. À mes yeux, l’inverse en avait tout autant. Qui oserait nous reprocher d’avoir lancer quelques sortilèges pour notre survie alors que nous étions ici à cause d’une défaillance des services ministériels ? Ce ne pouvait être que cela, après tout : l’incapacité crasse d’employés idiots. Et ne pas bouger de notre point de chute, c’était sentir le froid nous envahir sans nulle part où nous abriter. Il ne fallait pas tenir très longtemps, Grand-Père nous retrouverait vite, mais je ne pouvais accepter pour autant de rester prostrée à côté des morceaux éparpillés, représentatifs d’un début de vacances avorté. C’était probablement la raison pour laquelle nous nous remîmes en route, mon bras se glissant sous le sien pour trouver un peu de cette chaleur et de cette proximité qu’il me semblait avoir délaissées bien trop longtemps.
Alors, cette vision qui avait marqué la fin de notre nuit sous les étoiles étaient probablement liée à notre errance présente ? Le lien était logique et cela signifiait que le Ministère serait tôt ou tard à notre recherche. Nous n’avions rien d’autre à faire que de tenir jusque là. Que ce soit une heure, trois ou même cinq, nous pouvions y arriver et nous serions chez moi avant d’avoir pu pleinement prendre conscience de là où nous nous trouvions. C’était du moins la certitude, pour l’instant inébranlable, qui me poussait toujours plus en avant. Doucement, mes doigts pressent les siens, volonté conciliante de lui faire savoir que je ne lui en tenais plus rigueur. Si le réveil avait été brutal et pas franchement agréable, devoir me justifier, encore moins, cela n’avait pas duré très longtemps. Et l’avenir m’avait donné raison. Peut-être pas de la meilleure des manières, mais qu’importe. Nous étions ici et nous devions faire avec. La prochaine fois, si prochaine fois il y avait, je saurais lui rappeler ce précédent pour dissiper n'importe quel doute. Je le lui avais promis, après tout : plus de secret.
Retrouvant un peu de ma prétention habituelle, j’arrache un faible sourire à Junior. Il était hors de question que le jour de notre fuite soit autre chose que parfait, et il était certain qu’elle ne ressemblerait à rien de tout ça. Quel que soit cet endroit, il ne serait pas sur la liste des destinations potentielles. Nous ne serions que tous les deux, à nouveau, mais ce serait dans un contexte bien plus agréable et propice à nous perdre sur nos chemins habituels. Je réponds avec un rire amusé et un sourire qui fait briller jusque mon regard. Parfaite et chaleureuse, c’était tout à fait dans mes cordes d’organiser une fuite pareille. Tout amusement s’efface cependant alors que nous arrivons en haut de la butte et qu’un paysage similaire à celui que nous venons de parcourir s’étale sous nos yeux. La seule différence, c’était cette étendue d’eau qui ajoutait une touche de bleu glacial aux teintes déjà austères. Rien de plus, pas la moindre habitation… comme si quelqu’un aurait voulu s’installer dans le coin. Mon soupire accompagne mes gestes alors que je me mets en quête de pierres pour réaliser le second tas ponctuant notre cheminement. Et cette fois-ci, Junior se joint à moi, faisant naître en moi la douloureuse constatation que nous n’étions pas à notre place. L’indignation était, pour l’instant, ensevelie sous l’urgence et le besoin de reprendre le contrôle sur une situation qui nous échappait en tout point, mais dès que cela serait derrière nous, elle se réveillerait, brûlante, et exigerait que le fautif soit puni à la hauteur de l’outrage qui avait été commis.
Non, c’est rrrien répondis-je en reportant mon doigt entre mes lèvres. Une petite coupure à peine, quelques gouttes de sang qui s’en écoulaient, pas de quoi s’inquiéter, pas même de quoi éveiller notre intérêt. Il y avait bien plus douloureux et bien plus grave qu’une petite égratignure de rien du tout. Je n’ai jamais affirrrmé que tu en disais toujourrrs… mais souvent ! Un sourire taquin revient danser sur mes lèvres alors que mes doigts retrouvent les siens. Même perdus au bout du monde, il y avait des réflexes qui ne s’effaçaient pas totalement, comme ce besoin instinctif de sentir sa chaleur contre la mienne et cette habitude espiègle de nous chamailler. Pour l’instant, celui de nous vexer réciproquement et de nous bouder ne semblait pas à l’ordre du jour ; il fallait espérer qu’il ne pointerait pas le bout de son nez au milieu de ce plateau désertique.
La descente que nous amorçons s’avère plus chaotique que la montée. Les pierres roulaient, traîtresses, sous nos pieds mal assurés. J’ouvrai la voie, tentant tant bien que mal de ne pas glisser, ou pire, de tomber. Il y avait bien une dizaine de mètres entre nous et la fin de la pente. Un instant, mes yeux opalins se perdent aux pieds de cette colline. Une seconde ou deux à peine, suffisantes pour que mon équilibre, déjà précaire, ne vacille un peu plus, accentué par la terre qui céda sous moi. Junior me rattrapa avant que la glissade ne devienne une chute douloureuse, me rappelant une autre fois, sur des toits tout aussi froids, mais où tout semblait plus facile. Je secouai silencieusement la tête pour lui signifier que je n’avais rien, profitant de cette étreinte qui en appelait d’autres. L’immense décalage entre ce que nous avions prévu et ce que nous affrontions présentement se manifesta dans toute son ampleur, me poussant à me lover contre lui, quelques secondes seulement, quelques secondes de plus. Sa chaleur enveloppant la mienne, ses mains perdues sur ma taille, les miennes autour de son cou, je savourais les quelques instants de tendresse volés à cette expédition polaire. J’abandonnais une caresse froide sur sa joue qui l’était au moins autant. J’aurais préféré me perdre dans ses bras et dans nos étreintes sans fin plutôt que de devoir continuer d’avancer vers on ne savait où. Mais s’il était tentant de plonger dans son regard clair et de m’y perdre, ce n’était ni le lieu, ni le moment. Mes lèvres effleurent doucement sa joue à la suite de mes doigts avant que nous ne retrouvions chacun une liberté dont je ne voulais pas vraiment.
Pour la seconde fois, un éclat attira mon attention, disparaissant aussi vite qu’il s’était manifesté. C’était peut-être rien, sûrement un tour de mon esprit ou bien les reflets du soleil sur l’eau mouvante. Haussant les épaules, c’est ce que je conclus à voix haute à l’attention de mon meilleur ami. Avec une attention décuplée, je me remets en route, sur la pointe des pieds, veillant à éviter les pierres fourbes et leurs échappées perfides. Derrière moi, la voix de Junior, animée d'une excitation absente jusque là, me fait me retourner. Il y avait quelque chose ? Qu’est-ce que tu... Ma voix mourut au bord de mes lèvres alors que mon meilleur ami tanguait dangereusement, le vide se créant sous ses pieds, l’emportant avec lui. Juniorrr ! Mon cri n’arrêta pas sa chute, pas plus que ma main vainement tendue pour le rattraper. Déstabilisée par mon geste, je me raccrochai maladroitement à ce que je pouvais, m’évitant ainsi de l’imiter. Ma baguette tendue était déjà en retard pour amortir sa chute et j’assistai, impuissante, à la fin de cette dégringolade si rapide et si lente à la fois. Des mètres plus bas, il ne bougeait pas. Le coeur battant un peu plus vite à chaque seconde, émaillant ma descente de jurons en tout genre, je me dépêche de le rejoindre, aussi vite que possible. Je me fichais pas mal de salir mes vêtements de la poussière que soulevaient mes mouvements désordonnées, ou que mes mains s’écorchent sur les prises instables que je parvenais à saisir pour m’aider à descendre plus vite. Je n’en avais rien à faire non plus de tomber à mon tour, je voulais juste m’assurer qu’il allait bien et faire taire cette étrange angoisse qui pulsait au même rythme que mon coeur agité.
Lorsque j’arrivai enfin à sa hauteur, il s’était assis, l’air hagard mais vivant. Me laissant tomber à genoux avec toute la précipitation qui caractérisait mon inquiétude, j’entourai son cou de mes bras, enfouissant mon visage dans son cou. On était perdus, sur des terres inconnues, peut-être à l’autre bout du monde, et il fallait qu’il se montre maladroit ! Je me reculai après de longues secondes, plantant un regard ombragé dans le sien. Ce n’était pas de la colère, pas même des reproches, mais une émotion que je ne ressentais jamais en temps normal et qui se traduisait bien maladroitement par un visage orageux. Tu ne dis pas que des bêtises mais tu en fais beaucoup fis-je avant de laisser mes yeux se perdre sur le reste de sa silhouette. Bien à l’abri dans ma poitrine, les battements ne s’étaient pas calmés, bien au contraire. Son genou saignait, il était couvert de poussière, et la main que j’attrapai était bien plus écorchée que les miennes. Tu as quelque chose de cassé ? soufflai-je finalement, le front plissé par le trouble qui ne me lâchait pas. Je crrrois que c’est typiquement une situation où j’ai le drrroit de fairrre usage de la magie. Je ne lui demandais pas vraiment son autorisation : il était hors de question qu’il reste dans cet état. Pourtant, je l’interrogeais silencieusement du regard avant de faire quoi que ce soit.
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Mar 14 Juil - 23:54
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Jeu 16 Juil - 20:30
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Au milieu de cette immensité froide et décolorée, pendue au cou de Junior, je restai quelques secondes, immobile. La mince chaleur que dégageait son étreinte réconfortait la mienne mais ne suffisait pas à calmer les battements fous de mon coeur encouragés par cette crainte inconnue. Le monde entier pouvait me vêtir de tous les défauts possibles, la couardise n’en était et n’en serait jamais un. Que mes détracteurs, drapés dans leur désapprobation, mon jumeau adoré en tête de liste, qualifient mon impulsivité de manque de discernement, ma fierté d’insolence, mes excès d’erreurs, ça m’était égal ! j’étais tout ça et bien plus encore… mais certainement pas sujette aux craintes et aux angoisses. La conscience et l’assurance de la puissance des miens, de la supériorité de notre sang, de la grandeur de notre magie me faisaient me sentir invincible. Pourtant, alors que les lèvres glacées de mon meilleur ami s’égarent sur ma tempe et que la douceur de ses paroles tente de me rassurer, j’étais définitivement inquiète. Et il faudrait plus que quelques mots tendres pour apaiser cette frayeur inédite qui pulsait au fond de moi. Peut-être même quelques potions dont Grand-Mère et que je n’avais pas emmenées avec moi. Pour quoi faire ? Les visites hebdomadaires à l’infirmerie de Poudlard n’avaient jamais été qu’un contretemps excessif à mes yeux. Notre maladie était bien réelle, mais pas au point d’en faire toute une histoire. Ce n’était jamais rien que mes aïeuls ne pouvaient soigner, au moins temporairement. J’étais invulnérable, au fond.
Tout allait bien ? Je me recule, mes prunelles opalines à la rencontre des siennes. J’allais bien, c’était un fait indéniable. J’irais bien quoiqu’il advienne, après tout. J’étais habituée à bien pire que cela. Mais lui, il venait de chuter, pris dans un éboulement qui l’avait précipité jusqu’au pied de la colline. Son sourire n’avait les airs que d’une grimace de douleur : il pouvait affecter d’aller parfaitement bien autant qu’il le voulait, il ne m’aurait pas à ce petit jeu-là. Ce n’était plus un singe vaguement meurtrier qui l’avait enlevé quelques minutes à peine au cours d’une chasse aux trésors atroce. Ce n’était pas non plus quelques os amochés après un match de Quidditch. Nous étions au beau milieu de nulle part. Et peut-être que je n’avais pas pris toute la mesure de la gravité de la situation, ne doutant pas un seul instant - n’en doutant toujours pas, au demeurant - que les miens arriveraient très vite ; mais, Junior blessé, un émoi sourd ne me lâchant pas, je sentais se fissurer ma témérité habituelle. À peine, cependant, et c’était loin d’être suffisant pour m’ôter toute raillerie, quand bien même cette palette inhabituelle de sentiments laissait une impression étrange. Face à son regard angélique d’enfant innocent, celui qu’il était encore aux yeux de sa mère, je plisse les yeux, suspicieuse. Soulagée, malgré tout, qu’il aille suffisamment bien pour se permettre de telles bassesses. Je ne suis pas Clairrre, ça ne fonctionne pas avec moi. Mais mon ton ne parvenait même pas à manifester un mécontentement exagéré et un sourire tendre dansa sur mes lèvres avant que je ne retrouve mon sérieux et ne l’examine d’un regard acéré.
Paumes écorchées, pantalon déchiré, et que dire de son genou ! Toute cette poussière le recouvrant lui donnait vaguement l’air d’une statue revenue à la vie. Rien de cassé, peut-être, mais il était tout de même mal en point et je me refusais à le laisser comme ça. J’avais donné ma parole de ne pas faire usage de la magie, à condition que ce ne soit pas un cas de force majeure. C’en était un, à mes yeux, mais Junior n’était pas d’accord. Une moue butée s’empara de mon visage alors qu’il réduisait ses blessures à quelques égratignures. Et moi, j’étais Salazar Serpentard. Sa force et sa combativité étaient tout à son honneur ; néanmoins, ça n’était pas le moment de les teinter de stupidité. Le monde tournait à l’envers et nous marchions sur la tête pour que je sois celle de nous deux qui s’avère la plus raisonnable. Du moins, je me trouvais parfaitement rationnelle, mais après tout, jamais mes frasques ne m’avaient parues excessives. Je l’imite alors qu’il se relève, sans le lâcher des yeux. Je ne pouvais pas manquer cet éclat fugace qui agite ses traits alors qu’il s’appuie sur son genou blessé. L’inquiétude n’avait guère l’habitude de s’exprimer, aussi le dédain l’étouffa royalement. Il s’était déjà détourné alors que je croisais les bras, l’observant sans piper mot. Ce n’était rien, juste quelques égratignures, et c’était donc la raison pour laquelle il partait dans la direction opposée à celle que j’avais désignée plus tôt et qui semblait nous promettre quelque chose, le tout avec une démarche qui n’avait rien d’assurée. Il boitait même de manière flagrante, c’était de la mauvaise foi comme lui seule savait en afficher.
Il s’était éloigné de deux ou trois mètres à peine lorsque je me décidai à bouger à mon tour, revenant à sa hauteur en quelques foulées. Mes doigts entourèrent les siens, l’enjoignant à s’arrêter d’une légère pression. Ce n’est pas parrr-là du tout, c’est même carrrément de l’autrrre côté me moquai-je, espiègle. La flamme qui dansait au fond de mes prunelles devait l’être au moins autant. Il n’était pas le seul à pouvoir faire preuve d’une ruse quelconque pour obtenir ce qu’il voulait. Me hissant à peine sur la pointe des pieds, je pose sur ses lèvres un baiser polaire, en profitant peut-être un peu plus que nécessaire, réajustant ma prise sur le bois de tremble, prolongation de ma main droite. Episkey fis-je, baguette tendue en direction de son genou écorché à vif, à peine mes lèvres abandonnées des siennes. Ce n’était pas parfait, mais il ne restait presque plus aucune trace de sa blessure, à peine une ou deux égratignures, et des vraies, cette fois-ci. Maintenant, nous pouvons aller voirrr. Mon air innocent, emprunté au sien, le défie de protester, puis nous reprenons notre route, dans la bonne direction cette fois, mon bras revenant naturellement se glisser sous le sien. Je n’en avais rien à faire, que la loi nous interdise de faire usage de notre magie ; rien à faire non plus d’affronter les autorités si elles mettaient la main sur nous et décidaient de nous inculper pour avoir violé des traités internationaux. Grand-Père me trouverait rapidement un avocat qui ferait amèrement payer à ses incompétents d’avoir laissé si longtemps deux adolescents errer en pleine nature glaciale et Junior, lui, n’avait rien lancé du tout, pas le moindre sort, il ne serait pas inquiété bien longtemps.
Le silence revint nous envelopper dans une bulle qui n’avait plus trop rien de rassurant. Nous avançions, sans trop savoir en direction de quoi, mon impatience naturelle anesthésiée par les températures qui engourdissaient lentement mes extrémités. Je m’étais arrêtée une troisième fois, entassant à nouveau des pierres les unes sur les autres, mais de manière encore plus confuse, la tâche rendue ardue par mes doigts ankylosés. Nous ne savions même pas ce vers quoi nous avançions, mais nous persévérions. De toute façon, c’était la seule chose à faire, rester immobile étant exclu. Le soleil déclinait doucement et les degrés avec lui. Si nous étions sur la même partie du globe que la Norvège, nous n’aurions pas de nuit noire, à peine un vague coucher de soleil. L’été était celui des jours éternels. Et, d’abord de manière si vague que cela semblait irréel, puis de plus en plus précisément, les contours indéfinissables d’un quelque chose qui l’était tout autant commencèrent à se dessiner au loin. Tu penses que c’est quoi ? demandai-je, brisant ce silence qui nous accompagnait depuis trop longtemps déjà. Une habitation, peut-être même un village ? Me retrouver entourée de pathétiques moldus étaient bien la dernière chose dont j’avais envie, mais la chaleur d’un foyer ne pourrait que nous faire du bien. Qu’importe s’il était celui d’une telle vermine : je pourrais m’en contenter le temps que Grand-Père nous retrouve.
De longues minutes passèrent encore avant que la bâtisse ne se précise. Une cabane faite de tôle rouge, d’un rouge passé, et passablement rouillée. Elle était seule, relief abandonné dans une vaste étendue qui n’inspirait rien d’autre qu’une désolation totale. Construite au bord de l’eau, c’était peut-être un abri pour pêcheur ou pour je-ne-savais-quoi. Qu’importe, elle avait l’air inhabité, ce qui signifiait que nous n’aurions pas à adresser la parole à ce que cette terre portait de plus insignifiant. Imperceptiblement, notre allure s’accéléra, comme si elle pouvait disparaître d’un instant à l’autre. Arrivés face à la porte, je l'ouvris sans ménagement, le métal claquant contre le métal, les vibrations se répercutant aux quatres coins de l’habitat, un reniflement de mépris soulignant l’état rapide des lieux. C’était rudimentaire et franchement piteux. Sans que je ne la sollicite, la pensée de mon manoir douillet et chaleureux se manifesta, poussant mon pied à envoyer valser un caillou à l’autre bout de la pièce. Dehors, le soleil entamait sa brève mais réfrigérante descente vers la fin de journée. Nous ne pouvions pas être moins bien dedans, après tout. On attend ici ? questionnai-je mon meilleur ami, mon regard clair à la recherche du sien, mes doigts pressant doucement les siens, alors que la douleur qui n’avait cessé de croître au fond de ma poitrine semblait stopper sa progression.
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Ven 17 Juil - 19:22
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Sam 18 Juil - 15:47
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Notre errance reprend et se prolonge le long de la rive de ce lac - ou peut-être était-ce le bras d’une mer étrangère - qui dévorait l’horizon. Le froid glacial qui nous enveloppait n’était plus uniquement celui de ce désert polaire mais également celui du silence que le Merci mordant de Junior jeta sur nous. Poursuivre notre cheminement maladroit à travers ce paysage aux teintes monochromes demandait beaucoup trop d’énergie que pour je ne m’obstine à la perdre en un conflit stérile, à l’image de tout ce qui nous entourait. Il désapprouvait que je fasse usage de la magie comme si nous n’étions pas deux adolescents porteurs de la Trace perdus au milieu de nulle part, soit. J’avais promis de ne pas me servir de ma magie tant que nous n’y serions pas contraints, soit. Mais, si apaiser les maux de mon meilleur ami n’était pas un cas de force majeure qui rentrait dans cette clause de contrainte, je ne voyais pas ce qui pouvait l’être. Tant pis s’il décidait de le prendre ainsi. Je ne m’embarrassais jamais de regrets et ne me sentais que très rarement assez désolée pour présenter des excuses. Ceci étant, je ne ressentais jamais non plus cette peur brûlante qui m’avait poussée à dévaler à toute allure le reste de cette colline pour m’assurer de l’état de Junior… Non, ça n’avait rien à voir de toute façon. Je n’allais pas demander pardon pour m’être inquiétée et pour avoir voulu m’assurer de l’amélioration de ses blessures. Comme il le faisait toujours, que ce soit le sien ou le mien, le mécontentement passerait. Alors, face à son mutisme, je me contente de lever les yeux au ciel, sans chercher à le rompre. Petit à petit, le froid se faisant plus vif, le temps suspendu au-dessus de nous, le soleil déclinant à une lenteur affolante, je cessai de penser à tout ça. Mon esprit était tout entier dirigé vers cet éclat que nous avions tous deux aperçu et le bras de Junior que j’entourais du mien devenait, un peu plus à chaque pas, la seule source de chaleur à laquelle se raccrocher, aussi infime soit-elle.
D’éclat indéfini, notre objectif devint une forme indistincte puis une tâche rouge dans un horizon sans relief. Les tôles assemblées les unes aux autres étaient un outrage à la notion même d’habitation, à peine assez pour obtenir le droit d’être appelées cabane. Aussi minable et précaire soit-il, c’était néanmoins un abri. Restait à savoir si quelqu’un se terrait à l’intérieur de ce trou à rats ou s’il était aussi abandonné et désolé que le biotope au milieu duquel il prenait place. Nos pas prirent involontairement une allure plus vive, la léthargie reléguée au second-plan, jusqu’à ce que nous arrivions devant ce cabanon miteux, légèrement essoufflée pour ma part. D’un geste brusque, je pousse le bout de ferraille qui fait office de porte et pénètre la première dans l’unique pièce qui se dessinait sous nos yeux. Un air de profond mépris, teinté de dégoût, voila mon visage. Il faisait aussi froid dedans que dehors et la poussière semblait recouvrir chaque millimètre carré. Quelques loques de meubles bancals parsemaient l’endroit indiquaient qu’une personne, au moins, avait un jour vécu ici, même provisoirement. Cette simple évidence me tira un petit reniflement écoeuré. Les moldus étaient vraiment plus proches des animaux que nous ne l’étions pour accepter de séjourner dans un tel endroit. Probablement que le fait qu’il soit à l’abandon depuis une durée indéterminée jouait sur l’aspect pathétique de l’ameublement, mais qu’importe, cela ne faisait que confirmer l’absence totale de considération que je portais déjà une espèce qui ne méritait pas de jouir d’une vie à la surface de notre planète alors que nous, Sorciers, devions évoluer dans le plus grand secret.
Un coup de pied dans un caillou se chargea de traduire l’excès de colère qui enflait en moi. Il retomba aussi vite qu’il était venu et je me tournai vers Junior, l’interrogeant sur la marche qu’il souhaitait suivre. Sa remarque amère et son éloignement agacé vinrent assombrir le regard que je portais sur ses mouvements. S’il avait oublié que nous étions tous les deux pris au piège dans la même mésaventure, je pouvais me charger de lui rappeler. Nous avions marché dans un silence glacial pendant un temps que j’étais incapable de quantifier parce qu’il ne pouvait souffrir que je fasse fî de ses recommandations et me serve de la magie pour le soigner et, dans cet abri qui n’avait rien de chaleureux ou de rassurant, j’avais la désagréable impression qu’il lui fallait une coupable pour ses nerfs mis à rude épreuve. Qu’il trouve quelqu’un d’autre, dans ce cas ! C’était probablement autant sa nervosité que mon impatience qui s’exprimaient présentement, mais mes yeux clairs ne voyaient que Junior me tourner le dos, commençant son exploration de ce lieu sommaire. Les traits tirés par l’irritation, je me laissai tomber au sol, passant complètement outre la crasse. Elle était de toute façon omniprésente, nous ne pourrions pas y échapper en restant ici, et j’étais déjà couverte de la poussière soulevée par ma descente précipitée de la colline.
Le poêle attira un instant l’attention de mon meilleur ami avant qu’il ne se détourne pour ouvrir une vieille malle en ferraille, complètement rouillée. Nous étions peut-être coupé de l’extérieur par un peu de tôle, nous n’en étions pas pour autant moins soumis au froid qui régnait en maître. Un feu était nécessaire, mais il faudrait que Junior m’éclaire sur comment nous allions en allumer un sans magie. Les moldus avaient bien trouvé un biais archaïque pour se chauffer, ce n’était pas mon cas, et je doutais sérieusement que ce soit celui de mon meilleur ami. Il était à peine capable de préparer un thé, alors allumer un feu ? De toute façon, pour l’instant, il s’intéressait à un livre dont la robustesse était à saluer pour ne pas être tombé en une fine poussière de papier. Machinalement, mes doigts se portèrent à ma poitrine, massant sans trop y penser l’endroit où régnait le début d’une douleur que je connaissais suffisamment. Le mot inconnu qu’il prononça avec un accent horrible m’arracha un sourire. Me redressant, je le rejoins et pose ma tête contre son épaule, comme pour lire à mon tour cette langue étrange qu’il tentait de déchiffrer… jusqu’à ce qu’un geste de sa part me repousse bien rapidement. Rien de très marqué, mais suffisamment à mes yeux pour achever de faire disparaître le léger sourire qui ourlait mes lèvres et ramener sur mes traits l’ombre d’un mécontentement blessé. Tu boudes encorrre pourrr tout à l’heurrre ? Mon ton haché par une respiration rendue sifflante à cause de cette douleur dans ma poitrine. Quelque chose, une brève lueur dans son regard clair, une ombre sur son visage, un rictus retenu, me fit froncer les sourcils. Comme si ça n’était pas totalement ça. Tu m’en veux parrrce que j’ai tenu à te soigner ? lâchai-je, incrédule, alors que la réponse m’apparaissait, limpide.
Croisant les bras sous ma poitrine, dans un geste de retranchement fâché, je plante mon prunelles dans les siennes. Ma patience avait été complètement dévorée par l’échec du portoloin, le paysage désertique, l’absence de Grand-Père dont je n’attendais que l’arrivée, la longue marche, et, plus que tout, la chute de mon meilleur ami qui aurait pu être bien plus grave qu’elle ne l’avait été. Et lui me tenait rigueur d’avoir tenu à ce qu’il aille au moins un peu mieux ? Tu étais blessé et tu voulais, quoi ? que je… oh, et puis, laisse tomber. Menton dressé dans un mouvement tout à fait hautain, je me détourne et revient à la place que je venais de quitter au sol, le dos appuyé contre la tôle aussi glacée que tout le reste. Il était inhabituel, pour ne pas dire que ça n’arrivait jamais, que je sois celle qui mette fin à une quelconque confrontation. Je ne supportais pas de ne pas avoir le fin mot d’une histoire, mais j’étais lasse et peut-être un peu plus désemparée que je voulais bien le montrer. Une dispute avec Junior était bien la dernière chose que je souhaitais. Tu n’aurrras qu’à me dirrre quand tu aurrras besoin que je lance un sorrrt parrrce que tu n’arrrives pas à allumer un feu de manièrrre moldue raillai-je, sans aucune once d’amusement dans la voix, le dernier mot accentué avec tout le dégoût du monde. Je m’en abstiendrrrai sans ton aval prrréalable. C’était quand même un comble que l’on me reproche l’une des rares fois où j’avais eu peur. Rien que ce mot me hérissait les poils. D’ici qu’il se décide, je fermai les yeux après avoir ramené mes genoux contre ma poitrine, comme si je comptais faire une sieste bien méritée après tout ça.
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Sam 18 Juil - 22:52
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Dim 19 Juil - 20:18
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Ni dénégation, ni contestation, juste mon prénom à peine soufflé. Un silence qui en disait bien plus que n’importe quelle parole, confirmant cette pensée lancinante que Junior me tenait rigueur d’avoir usé de la magie pour le soigner. Mes bras ramenés autour de mes genoux repliés contre ma poitrine, je ne pensais guère plus au froid dont la morsure ne s’était pourtant pas atténuée. L’oeil sombre, je suivais vaguement les mouvements de mon meilleur ami, ruminant un mécontentement exacerbé par la situation toute entière. La prochaine fois qu’il dégringolera d’une colline, il pourra toujours me supplier pour que je l’aide : je n’en ferai rien. C’était complètement faux, évidemment. Déjà parce qu’il n’y avait aucune raison pour que cela arrive de nouveau ; également parce que je serais bien incapable, aussi vexée que je puisse l’être, de le négliger d’une quelconque manière. Drapée dans un orgueil blessé et une mauvaise foi exaspérée, je soutenais pourtant ce fait en mon for intérieur. Qu’il se débrouille seul puisque ce que je faisais ne lui convenait jamais. Toute son attention accaparée par ce livre usé trouvé dans la malle me laissait le loisir de le détailler sans avoir à croiser son regard. Il était exigeant, difficile, capricieux, de mauvaise foi et trop têtu… Et tout son mauvais caractère, accompagné du mien, devrait à présent se trouver en Norvège, visitant l’immense domaine qui était celui des miens, sans avoir à se soucier d’autre chose que de profiter de chaque seconde que ces vacances estivales nous offraient. Au lieu de ça, nous étions passablement à l’abri dans un cabanon miteux qui ne nous offrait rien d’autre qu’une pitoyable survie. Cela faisait, quoi ? plusieurs heures que le portoloin nous avait fait échouer sur ces terres polaires ? Et toujours aucune trace de Grand-Père. C’était pourtant largement suffisant pour qu’ils se rendent compte, au manoir, de notre absence ; suffisant également pour qu’ils lancent l’alerte ; suffisant pour qu’ils nous retrouvent et nous sortent de ce repaire de tôle rouge alourdie d’une querelle malvenue.
D’une voix boudeuse, je finis par émettre quelques paroles au sujet d’un feu bienvenu, brisant ce silence que je détestais, stoppant net le fil de mes pensées avant qu’il cesse définitivement de me ressembler. Je suis les pas de Junior alors qu’il revient à ma hauteur et étudie d’un regard circonspect l’objet qu’il me tend. Un livre ? Et qu’est-ce qu’il voulait que je fasse d’un livre ? Que je le brûle pour nous réchauffer ? Sans aucune explication de sa part et sans un mot de la mienne, je m’en empare. Déjà il se détourne, mon regard de nouveau agacé suivant son dos auquel j’adresse un geste parfaitement mature. C’est bien d’avoirrr quelque chose à brrrûler mais encorrre faudrrrait-il pouvoirrr fairrre des flammes marmonnai-je à voix basse. Mais, puisqu’il semblait y tenir, je baisse les yeux sur l’ouvrage, étudiant la page à laquelle il était ouvert. Je m’attendais à une suite de lettres indéchiffrables, langue d’un pays étranger ; je découvrais du norvégien. Du moins, c’est ce que je crus au premier abord. Arktisk fisk og planter. Poissons et plantes de l’Arrrctique. Grrroenland lus-je à voix haute, tournant les pages pour découvrir une sorte d’encyclopédie détaillant les espèces dont ces terres recelaient. Un ricanement bref m’échappa alors que l’introduction dévoilait l’origine du nom de ce territoire : Terre Verte. Quelle ironie. Au milieu d’un paragraphe seulement, je butais sur un mot dont le sens m’était inconnu. Il ne m’en fallut pas beaucoup plus pour commencer à déceler de multiples nuances entre ma langue maternelle et celle imprimée sous mes yeux.
Cette lecture m’amusa une minute ou deux avant que je ne repose le livre sans plus y prêter d’attention. L’information était passée, et pour ce que ça nous apportait… Il y avait tout de même quelque chose de rassurant à mettre un nom sur ces plaines désertiques battues par une brise polaire. Et polaire, c’était le cas de le dire. Je reportai toute mon attention sur Junior qui était entrain de secouer une couverture dont la composition devait être en grande partie faite de poussière, avant de revenir jusqu’à moi, déposant le tissu lourd sur mes épaules. C’était peut-être sale et d’un autre temps, mais j’en sentis aussitôt les effets, une vague chaleur m’enveloppant, démultipliée par la brève caresse que mon meilleur ami perdit dans mes cheveux. Le contact fut trop court, ne laissant derrière lui qu’une sensation de vide désagréable. Il était déjà reparti dans l’exploration de notre piteuse cabane pendant que, moi, je boudais dans mon coin. Depuis quand les rôles avaient été à ce point inversés ? Mais c’était de sa faute, aussi, pourquoi ne pouvait-il simplement pas se satisfaire du sort que j’avais lancé au lieu de me le reprocher ? Comme si j’avais l’habitude de m’inquiéter pour quelqu’un, il fallait en plus qu’il s’en offusque ! C’était peut-être là aussi le fond délicat de cet désaccord. L’inexpérience face à une situation que nous n’aurions jamais imaginée qui exacerbait chaque émotion et chaque réaction.
Avec une application qui frôlait le zèle, je suivais avec application ses faits et gestes, ne loupant pas une miette de ses mouvements. Il était entrain de fouiller un tiroir d’où il tira une petite boîte dont je peinais à discerner l’intérêt, de mon point d’observation. Il se retrouva avec un petit bâtonnet de bois entre les doigts qu’il tritura quelques secondes avant qu’il ne se brise. Je le laissai revenir jusqu’à moi sans soumettre le moindre commentaire, même si l’esquisse d’un sourire un brin moqueur relevait doucement mes lèvres. Bien sûrrr raillai-je en plongeant mon regard clair dans le sien, avant de rajouter, non sans une pointe de dégoût : Tout ce qui est moldu c’est une passion chez moi. Néanmoins, je m’emparai de la petite boîte qu’il me tendait, la tournant brièvement pour en étudier les inscriptions. Je n’avais aucune idée de comment cela fonctionnait et l’air dédaigneux que je posais sur l’objet laissait clairement comprendre à qui voulait bien y faire attention que je trouvais cela complètement stupide de chercher à faire fonctionner une invention de ces cloportes de moldus plutôt que d’utiliser un rapide, efficace et précis Incendio. La seule marque de ce jugement fut un petit reniflement à la hauteur du mépris que j’éprouvais, avant que je ne me penche sur les instructions. La provenance et la composition de ces bâtons de bois ne m’intéressaient mais la traduction d’une phrase en italique était déjà plus utile. Frrrotter l’embout d’un geste sec. Je fis coulisser l’intérieur de la boîte pour saisir l’un des fins bâtonnets. Le bout en question devait être cette tête plus foncée, mais ce contre quoi il fallait la frotter… Les bords du rectangle en carton que je tenais entre mes doigts étaient râpeux et striés de traits sombres, me laissant penser que j’avais résolu l’énigme. Quant à savoir comment tout ceci était censé produire la moindre flamme, c’était une autre histoire. Haussant les épaules face au ridicule de la situation, je m’employais néanmoins à faire ce qui était écrit. Le premier bâton se brisa entre mes doigts, le second également. Le troisième émit comme un crépitement mais rien d’autre ne se passa. Le quatrième se brisa après l’avoir frotté deux fois d’affilée, en même temps que toute patience. Faen. C’est inutile, ça ne fonctionne pas ton trrruc. J’avais beau râler et pester, j’essayais encore une fois, sans succès. Ce n’était pas tant que je tenais absolument à faire un feu avec ces bouts de bois sans intérêt qu’un orgueil tout puissant qui refusait d’être mis en déroute par quoi que ce soit venant d’un peuple aussi minable. La sixième tentative fut la bonne, l’embout se consumant sous la flamme qui venait d'apparaître. La chaleur était agréable et douloureuse en même temps, me brûlant le bout des doigts comme si je venais de les plonger dans de l’eau bouillante. Cela ne dura pas très longtemps, la fin bâton consumé en quelques secondes à peine.
Lâchant le morceau calciné au sol sans aucune autre forme de cérémonie, je relevai mes yeux clairs jusqu’à ceux de Junior, m’y perdant un petit peu. Ma fierté tiraillée entre cette envie de chaleur et le refus d’aider mon meilleur ami dans sa persévérance à vouloir se passer de magie me laissait immobile. S’il ne voulait pas de mon aide, il n’avait qu’à se débrouiller seul. Et en même temps, venir me trouver avec cette petite boîte était une main tendue que je venais de saisir. Ça n’était pas parce que nous étions au beau milieu du Groenland, loin des nôtres et de tout ce que nous connaissions, que notre danse habituelle devait changer de rythme. C’était même tout le contraire : plus que jamais, ces belles habitudes, entre taquineries, bouderies et tendresses, était un réconfort indispensable. Dans un soupir, je me redresse, reposant la couverture sur une chaise à portée de main, avant de m’accroupir devant le poêle. S’il y avait une constante concernant le feu, c’était bien qu’il fallait de quoi brûler. Sous les pieds du chauffage, des bûchettes de bois qui s’entassaient ensuite sur sa droite jusqu’à bonne hauteur. Non sans une grimace, je tirai sur la poignée noire, dévoilant les restes calcinés d’anciens feux. Je la repoussais aussitôt, me redressant et donnant un grand coup dans le tuyau qui s’élevait jusqu’à ce toit précaire. Les vibrations se répercutèrent dans chaque morceau de tôle, confirmant l’insalubrité de l’endroit. Quand je rouvris la trappe, de la suie était tombée, et ce qui était encore volatile me provoqua une quinte de toux désagréable. Il faudrrrait de quoi lancer le feu lâchai-je en me retournant vers Junior, mon regard glissant machinalement jusqu’au livre. J'avais le souvenir du feu de camp allumé par Vayne lors de la chasse aux trésors, pour lequel il avait d’abord placé une grande quantité de papier et de petit bois qui, dès lors qu’ils flambaient, léchaient plus efficacement les bûches de flammes fortes et chaleureuses.
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Mar 21 Juil - 14:50
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Ven 24 Juil - 17:32
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Mes traits se défirent brièvement de toute moquerie alors que Junior me renvoyait les propos exacts que j’avais tenus face à son regard dubitatif, un peu plus tôt. Au moment où notre errance n’était encore qu’un vague contretemps qui ne pouvait que prendre bien vite fin. Au moins, nous essayions. Un peu maladroitement, sans y croire véritablement, d’une manière qui pouvait sembler désespérée aux yeux de l’autre, mais nous ne restions pas les bras croisés. Et qu’importe si l’effervescence de l’un paraissait vaine à l’autre, nous ne faisions pas qu’essayer, nous le faisions ensemble. Aussi froissée que je l’étais de son rejet boudeur, je ne pouvais me résoudre à le laisser lutter seul. Non sans un mépris narquois, je m’empare de cette boîte qu’il me tend. Mes mouvements étaient empreints d’un scepticisme qui éclairait jusque mes prunelles posées sur cet objet censé nous apporter du feu. Il suffisait apparemment de frotter les petits bâtons de bois d’un geste sec pour faire naître une flamme. Cela me semblait invraisemblable, ridicule même. Jamais un bout de bois exempt de magie ne pourrait avoir le même effet qu’un Incendio. Je m’employai pourtant à faire ce qui était écrit, prouvant par la même l’absence d’efficacité de cette technique. Ce n’était pas comme cela que nous aurions du feu, j’en étais convaincue. Il fallut quatre essais infructueux pour que toute patience s’étiole dans l’air glacial de ce cabanon miteux et que je jure à voix haute, traduction norvégienne d’un agacement brusque. Ça ne servait à rien. Je m’obstinai pourtant. Pas parce que j’avais une quelconque foi en cette petite boîte stupide, ça non. En partie parce qu’il était hors de question qu’un quelconque objet moldu me tienne en déroute. Mais, au fond, l’unique raison qui avait de l’importance, c’est que Junior comptait douloureusement sur ces baguettes de bois pour nous procurer la chaleur qui faisait cruellement défaut à cette aventure accidentelle. Nous ne trouverions rien d’autre : il venait de retourner ce taudis et il refusait que je fasse usage de la magie. Ces bâtons sans vie et sans magie étaient la solution à ce dilemme. Si je devais m’acharner jusqu’à ce que la boîte soit entièrement vide, je le ferais. Il méritait bien des choses, au moins que je me montre aussi persévérante qu’à l’accoutumée, quand bien même il ne s’agissait que d’un misérable ustensile moldu.
Mon obstination s’avéra payante bien que la victoire fut éphémère. Déjà la flamme avait avalé le bois tout entier, ne laissant qu’un fantôme calciné derrière elle. Je le laissai tomber à même le sol avant de me plonger dans le regard clair de mon meilleur ami. Je lui en voulais toujours un peu de m’avoir reproché cette inquiétude inconnue qui m’avait submergée lorsqu’il s’était blessé, mais d’un autre côté, son sourire appelait à une trêve que j’étais bien aise de signer. J’abandonnai ce sol et cette couverture pour me concentrer sur le poêle, prochaine étape dans notre quête d’une chaleur nécessaire. Des bûches, une trappe, un tuyau, rien de bien compliqué, il ressemblait à tant d’autres avant lui au point que c’en était presque décevant. Je n’avais jamais eu à faire brûler de cheminées, les elfes à notre service s’en occupaient pour nous, mais avec une flamme et de quoi l’entretenir, je ne doutais pas de pouvoir triompher face à cette nouvelle étape. Quand la tôle cessa de vibrer et que ma quinte s’acheva, je me tournai vers mon meilleur ami et, ensemble, nous nous efforçâmes d’allumer un feu. Il m’abandonna lorsque j’estimai avoir assez de papier. Le boucan dans mon dos me fit me retourner et un sourire tendrement amusé agita mes traits en constatant que Junior avait décidé de jouer les apprentis déménageurs. Je me reconcentrai sur mon ouvrage, laissant mon meilleur ami au sien, dans un silence qui n’avait plus grand chose de pénible. Tentant de reproduire le souvenir que j’avais du feu de camp de Vayne, je disposai les pages du livre chiffonnées en premier avant de les recouvrir des plus petites bûches que je parvins à trouver. Cette fois, je parvins du premier coup à faire naître une flamme avec les bâtonnets dénichés par Junior, la laissant tomber sur l’un des feuillets qui s’embrasa presque immédiatement. Il fallut encore quelques secondes pour que toutes les pages prennent feu et que le bois commence à brûler à son tour. Je rajoutai alors deux bûches plus imposantes et refermai la grille sur l’agréable spectacle d’un feu entrain de croître.
De son côté, Junior avait terminé son agencement. Déjà une douce chaleur se diffusait, tout proche de moi. Il faudrait encore quelques minutes pour qu’elle nous enveloppe sur le lit qu’il avait tiré jusqu’ici, mais elle le ferait, tout au tard, et éloignerait ces températures polaires autant que possible. Je me défis vivement de mes chaussures avant de rejoindre mon meilleur ami qui referma la couverture sur nos deux corps serrés l’un contre l’autre, m’arrachant un soupir satisfait. Son pouce s’égara sur ma joue et, aidé de son sourire, achevèrent de faire disparaître cette mauvaise humeur qui m’avait poussée à m’asseoir dans un coin de la cabane, loin de lui et de toute tentative pour rendre ce mauvais pas aussi confortable que possible. Il l’était, présentement, Junior poursuivant ses caresses sur mon visage, et moi me lovant un peu plus contre lui. Ses mots firent un danser qui avait retrouvé toute sa superbe alors que je me tortillai pour pouvoir lui faire face sans briser l’enveloppe tiède qu’il avait posée sur nous. Si tu fais rrréférrrence à ma victoirrre contrrre ces bâtons moldus, je t’interrrdis d’en parrrler à qui que ce soit. Mon ton menaçant ne parvint pas à faire taire la lueur amusée qui brillait au fond de mon regard plongé dans le sien et ça n’était pas mon doigt dressé devant son visage qui aidait beaucoup. J’avais retrouvé de mon mordant en même temps que toute velléité à son encontre s’était effacée. Celui-là, fis-je en abandonnant mon index tendu sur sa joue et effleurant le coin de ses lèvres des miennes avant de retrouver ses yeux bleus. ce n’était pas une diverrrsion. Il était inconcevable que je m’excuse jamais d’avoir tenu à faire disparaître sa blessure, mais c’était une forme de drapeau blanc, un Je ne recommencerai plus sans te demander au préalable informulé afin de tirer un trait sur ce désaccord qui avait couvé des heures durant.
Le froid nous quittait lentement, chassé par le feu qui réchauffait la pièce, laissant une place toute faite pour la fatigue accumulée par la marche. Nous profitions de ce répit bien mérité et de la présence de l’autre. Plus les secondes s’écoulaient, et plus l’espoir de voir brusquement Grand-Père apparaître à la place du battant minable qui servait de porte à ce cabanon s’amenuisait. Je ne doutais pas qu’il arriverait, simplement, je prenais peu à peu conscience que ce serait bien moins rapide que ce que j’avais imaginé dans un premier temps. Il ne nous restait qu’à attendre, et Salazar savait à quel point je n’étais pas doué pour la patience. Néanmoins, présentement, je n’avais envie de rien d’autre que de rester contre Junior. La suite pouvait être repoussée encore un peu.
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Lun 27 Juil - 1:00
Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Mer 29 Juil - 12:03, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Lun 27 Juil - 20:57
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junior & erin
Après les paysages monochromes, d’un froid polaire, que nous avions traversés ces dernières heures, le feu qui naissait dans ce poêle d’un autre âge était un spectacle des plus envoûtants. La promesse d’une chaleur bienvenue. Je l’abandonnai cependant sans hésiter une demi-seconde, lui préférant celle de mon meilleur ami. Ce n’était pourtant pas grand chose, à peine une couverture poussiéreuse et un matelas miteux, mais c’était le seul royaume qui en avait l’allure depuis bien trop longtemps. En réalité, peu importait le matériel ou le luxe de nos bulles habituelles. Cette longue marche avait été éreintante et une dispute en plein milieu du Groenland n’avait pas les mêmes saveurs qu’en temps normal. Ce qui ne changeait pas, en revanche, c’était le réconfort de nos étreintes et à quel point je m’y sentais bien, quand bien même j’avais toutes les raisons du monde, ou presque, de lui en vouloir l’instant d’avant. Lovés l’un contre l’autre, enveloppé dans un drap qui avait le mérite d’exister, les frissons s’espaçaient à mesure que les secondes passaient. Il faudrait encore quelques minutes pour que le poêle diffuse plus qu’une vague tiède, mais attendre me paraissait presque enviable alors que nous retrouvions nos tendres manières.
Il suffisait d’un doigt dressé accompagné d’un sourire amusé et d’un air innocent pour que l’impression de valser au même rythme que nous le faisions toujours se fasse plus douce encore. Il vaut mieux. Je tentai une dernière fois de me montrer mortellement sérieuse, menaçante, même, mais mes lèvres ne voulaient que sourire à nouveau et je n’avais pas le coeur à les en empêcher. Mon doigt s’égara sur sa joue, comme pour en chasser une trace imaginaire, avant que je n’abandonne un baiser léger, léger comme cette sensation qui m’enveloppait aussi sûrement que le faisaient son étreinte. J’étais bien, mieux que je ne l’avais été depuis notre réveil ce matin et je tenais à effacer toute trace de mécontentement qui pourrait subsister de cette étrange mésaventure. Désir partagé et traduit par ce baiser dans lequel nous nous perdîmes sans retenue, oubliant un peu l’errance que nous venions de vivre et la cabanon dans lequel nous avions trouvé refuge.
Quand nos lèvres se séparèrent et que Junior se recula dans un coin de notre repaire, le froid semblait n’être qu’un vague souvenir un peu lointain, éloigné par cette couverture, repoussé par le feu qui continuait de brûler et de gagner un peu plus la pièce, tenu à l’écart par nos corps entrelacés. Je ne me fis pas prier pour le rejoindre, autant pour éviter que la couverture ne glisse de mes épaules que pour ne pas m’éloigner de mon meilleur ami. Les coussins n’étaient pas plus reluisants que le reste de la literie mais, pour l’instant, nous n’avions pas besoin de plus. J’imaginais nos parents nous retrouver, l’un contre l’autre, sur un matelas pouilleux, emmitouflés sous une couette qui l’était tout autant. Nous aurions besoin d’un bon bain pour oublier cette infamie, c’était certain. Quoique… avant de ne rien en faire, je comptais bien me précipiter en direction de Finnbjörn en agitant mes mains pleines de suie et de tout ce qu’elles avaient touché. Dans un malheur, il fallait toujours trouver de quoi se réjouir, et pouvoir me moquer de mon jumeau adoré en était une source infinie. Les mots de Junior en éveillaient une autre et je lui retournais un sourire tendrement moqueur. Tu n’avais pas besoin de trrrafiquer un porrrtoloin pourrr nous offrrrirrr cette intimité, je nous aurrrais trrrouvé de quoi, en Norrrvège. Mais enfin, dans le fond, j’étais on ne peut plus d’accord avec lui. Nous n’étions pas en exil forcé loin des nôtres pour une vie toute entière, c’était à peine l’histoire de quelques heures, et nous serions prêts à rire de cette histoire bien avant de nous être lassés de cette intimité parfaite. Et, comme il le soulignait si justement, c’était bien plus que nous n’avions eu jusque là…
La partie française de nos vacances avait été plaisante et nous étions parvenu à nous enfuir comme nous le projetions bien avant l’été. C’était tout de même un mariage entre deux descendants d’illustres familles de sang-purs et nous avions eu à tenir notre nom. Entre deux échappées belles, nous nous retrouvions plongés dans un rythme effréné de mondanités. Je savais que mon meilleur ami s’y plaisait tout particulièrement et adorait ce rôle de fils parfait, bien sous tous rapports, aussi noble dans ses traits que dans son caractère, et je pouvais m’y plier de temps en temps... mais cela m’ennuyait profondément. Quand ça n’était pas sa mère qui venait nous trouver, c’étaient des invités dont je n’avais rien à faire. Je m’étais même retrouvée en compagnie de son insupportable cousine parce qu’il était trop occupé à danser avec la première venue. Aussi détestable soit ce tableau, je n’y avais guère repensé jusqu’à ce que me pensées s’égarent et m’entraînent avec elles. J’avais simplement gratifié mon meilleur ami d’une remarque acerbe en le retrouvant, après cette valse bien trop longue à mes yeux, et la danse avait été close. Au moins n’y aurait-il rien de tout cela là où nous allions. Juste les miens, nos invités, et de quoi nous perdre en toute sécurité à perte de vue.
Sa remarque me tira du silence tranquille que nous avions laissé tomber sur nous. Je relevai un regard clair jusqu’à ses traits presque crispés et un sourire doux étira mes lèvres, trop doux pour quiconque ne me connaissait pas dans ces instants que nous ne partagions qu’à deux. Ses cheveux ébouriffés lui donnaient un air espiègle que j’aimais décidément beaucoup. Mais l’heure n’était pas à la contemplation et je retrouvais rapidement un sérieux rare alors que je rivais mes prunelles dans les siennes, teintées d’une gravité que je percevais sans peine. Tout ce qui se passe dans cette cabane rrreste dans cette cabane soufflai-je avec une conviction qui manquait d’assurance. Je n’étais pas sûre de pouvoir cacher cette nouvelle révélation à Grand-Père, ni même de le vouloir. L’aveu pourrait attendre un peu, mais il finirait par atteindre mon aïeul. La confiance que je portais à mon meilleur ami était infinie mais les liens du sang ne devaient pas souffrir le moindre secret. Mes grands-parents étaient déjà au courant de mon premier écart et avaient réagi en conséquence : maintenant que Junior était soumis à un Serment Inviolable, que risquions-nous, puisque l’enchantement s’étendait au secret dans son entièreté ? Ce n’est pas que j’avais besoin de me réassurer quant à la loyauté de mon meilleur ami, plutôt que j’espérais ne pas l’emmener une nouvelle fois dans une impasse. C’est l’histoirrre d’une maladie génétique incurrrable Je crachais ces quelques mots avec un dégoût que je ne cherchais même pas à dissimuler : ils étaient synonymes d’une faiblesse que je détestais de tout mon être. qu’aucun rrremède connu ne pouvait soigner. Grrrand-Mèrrre a trrrouvé un trrrès ancien rrrituel qui doit êtrrre prrratiqué tous les trrrois ans si nous voulons rrrester en vie. En attendant de dénicher quelque chose de plus… durrrable. Un haussement d'épaules essaya de chasser tout le sérieux qu'avaient pris nos traits et nos regards. J’étais convaincue qu’il existait quelque chose capable de faire disparaître pour de bon cette malformation qui nous empoisonnait l’existence. Mais je ne l’avais pas encore trouvée, cette solution miracle, et la magie sacrificielle était pour l’instant ce que nous avions de plus efficace. Dans quelques mois, il nous faudrait d’ailleurs remonter sur l’autel. J’interrogeai Junior du regard, peut-être un peu soucieuse de la manière dont il accueillerait mes déclarations, dans l’attente de savoir s’il voulait que je les précise. Je ne faisais jamais preuve de précaution, mais s’il y avait bien une personne pour qui m’en doter, c’était mon meilleur ami ; un sujet qui en nécessitait, c’était celui-ci.
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Mer 29 Juil - 15:50
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Jeu 30 Juil - 18:45
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Rien n’avait jamais la même saveur, jamais les mêmes couleurs, selon que mon meilleur ami était, ou non, à mes côtés. Présentement, il était tout ce qui rendait ce taudis supportable. Tôle rouge et toit d’acier, mobilier usagé et confort sommaire, cela n’avait plus la même importance dès lors que je vins me lover contre lui une fois le feu allumé. D’ici quelques minutes, il commencerait à réchauffer l’endroit de manière plus prononcée, en attendant, les bras de Junior m’enveloppaient d’une chaleur bien plus agréable. C’était une excuse idéale dont je n’avais pas besoin : quand bien même le poêle serait capable de nous prodiguer les températures les plus douces qui soient, ce ne serait jamais aussi délicieux que ces étreintes. Le cabanon n’était qu’un taudis branlant et je n’oubliais pas que nous étions au beau milieu de nulle part, mais après des jours entiers à devoir se plier aux exigences de la bienséance, il était plaisant de pouvoir s’abandonner à nos tendresses habituelles, sans craindre qu’une autorité parentale ne vienne nous tirer trop tôt de ce moment enchanteur. Les difficultés liées à notre atterrissage violent, à la chute catastrophique de Junior et à notre longue marche dans le froid s’effacèrent aussi rapidement que si elles n’avaient jamais existées, et, déjà, nous retrouvions notre complicité et nos rires de d’habitude. À croire que nous n’étions pas dans un cabanon très certainement moldu, sales et engourdis, mais dans l’un de ces royaumes que nous savions si bien conquérir en faisant fî du reste du monde. C’était peut-être d’autant plus facile que, de monde, il n’y avait pas la moindre trace. Je cessai très vite de penser à tout cela alors que son gloussement faisait écho au mien et que ses doigts débarrassaient mon visage d’une mèche de cheveux. C’est déjà tout trrrouvé, mon Prrrince répliquai-je dans un sourire. Loin des oreilles indiscrètes capables de comprendre les surnoms dont nous nous affublions, je retrouvais toute la malice lié à ces sobriquets un peu niais mais dont nous ne nous passions plus.
C’était peine perdue que de chercher à retracer comment nous en étions arrivés à tout ça, mais mon esprit assoupi après de telles aventures et apaisé par cette étreinte s’engagea sur ce chemin sans sourciller, tandis que mes doigts égaraient de vagues caresses machinales sur la joue de mon meilleur ami. Nos vacances subissaient un imprévu, mais elles n’en restaient pas moins les toutes premières que nous ne passions pas séparés de bout en bout. C’était à se demander comment nous avions tenu si longtemps sans exiger de partir avec l’autre, alors que chaque au revoir était cruel. On ne s’entendait pas toujours, et pas sur tout, loin de là, mais une dispute offrait la possibilité d’une réconciliation, alors que l’été n’était synonyme que de longues journées sans pouvoir se voir. Et, en termes de querelles, cette année était à placer tout en haut d’un classement inexistant. Si tout avait été calme à Poudlard, ça avait été tout le contraire entre nous, sans que cela ne nous déchire définitivement. Un peu comme si le conflit était nécessaire pour arriver à s’accorder sur ce nouveau rythme, pas vraiment différent, pas totalement semblable non plus. Une version un peu améliorée de nos pas habituelle, dans une continuité d’une logique si limpide que c’était à se demander comment il pourrait en être autrement. Bien sûr, Junior avait toujours tenu une place toute particulière dans ma vie, alors même qu’il n’y était pas apparu tout de suite. Mais dès qu’il avait été là, l’évidence de sa présence ne s’était jamais effacée, même face aux discordes, même face aux milliers de kilomètres qui nous séparaient l’été durant. Les airs de fils parfaits que j’exécrais chez les autres m’amusaient chez lui et j’adorais tout le reste : que sa paresse ne résiste jamais trop longtemps à mon impulsivité, que son égoïsme m’inclue dans son équation, que sa mauvaise foi surpasse la mienne, que notre confiance soit réciproque, que notre affection aussi…
Perdue dans mes pensées, j’avais posé sur lui un regard un peu songeur, un peu absent, mais le sujet qu’il ramena brutalement entre nous deux me tira de mes rêveries. Il voulait la suite de l’histoire. Je lui avais promis, cette fois-là, de trouver un moyen de tout lui raconter. Pas de secret, pas entre nous. C’étaient finalement mes grands-parents qui m’avaient fourni le moyen idéal de tout lui dévoiler en le soumettant à un Serment Inviolable qui englobait tout ce mystère, dont il ne discernait même pas encore tous les fils. Cependant, je n’étais pas sûre que cela le protège totalement du mécontentement familial quand ils apprendraient que, non contente de dévoiler ce qui ne devait jamais quitter notre cercle privé, j’avais récidivé une seconde fois. Il ne me venait même pas à l’esprit de concevoir des moyens de me dédouaner, comme jouer sur cette errance dans laquelle nous étions plongés. J’assumais sans trembler avoir envie de faire disparaître cette inconnue qui subsistait entre nous deux. Je lui contais donc succinctement cette fable qui nous suivait au quotidien, Finnbjörn et moi. Il ne resta qu’un silence lourd quand je me tus et un Junior aux traits figés, le regard perdu au-dessus de moi. Je ne saisissais pas trop ce qu’il avait du mal à appréhender, mais tout, dans son mutisme et son immobilisme, laissaient percevoir que mes propos avaient été bien moins faciles à entendre qu’à prononcer. Il me revint finalement, alors que mon regard clair ne l’avait pas lâché une seule seconde, dans l’attente d’une réaction, quelle qu’elle soit. Une vie pourrr en prrrolonger deux répondis-je en guise d’approbation. Voulait-il connaître tous les détails du rituel ? Je n’en avais pas l’impression. Quel besoin avait-il, de toute façon, de connaître avec précision ce pentacle tracé au sol, ces bougies qui éclairaient la scène d’un corps bientôt abandonné par la vie, auprès duquel on nous demandait de rester allongés, débarrassés de nos vêtements, comme s’il ne fallait aucune barrière entre nous, et la magie. Encore que ces détails-là n’étaient que descriptifs, mais je pouvais lui épargner ceux qui concernaient la douleur folle et cuisante qui nous faisait hurler sous des étoiles sourdes. Cela semblait bien affreux, et pourtant, à l’approche de notre dix-septième anniversaire, un nouveau passage viendrait aussi, et les battements un peu plus violents de mon coeur n’avaient rien à voir avec de l’appréhension.
Une nouvelle interrogation qui me tire, cette fois-ci, un froncement de sourcils alors qu’un éclat mécontent traversait mon regard. Plus là ? Un jour, évidemment, Grand-Père et Grand-Mère devraient se plier à la dure loi de la nature et deviendraient, comme nos aïeux avant eux, des portraits dans ce long couloir aux tapisseries rouges. Je le savais, je n’étais pas stupide. C’était pourtant quelque chose que je n’avais jamais envisagé. Ils étaient immuables, éternels, plus puissants que n’importe qui. Nous n’avions pas de dieux, comme ces stupides moldus trop faibles de corps et d’esprit, mais c’était parce que nous avions des sorciers de la trempe de mes grands-parents. Un jour, cependant, ils passeraient d’une dimension à une autre. Les portraits assuraient une pérennité et un lien qui se poursuivait par-delà la mort, mais ce ne serait jamais pareil, pas complètement différent pour autant. Comment pourrions-nous nous passer des directives avisées et des conseils péremptoires de nos aînés ? Hannibal serait parfait en chef de famille, mais il n’était pas eux et nous n’avions pas les mêmes rapports. Inutile de parler de nos parents. J’aurrrai trrrouvé une solution finis-je par articuler, avec une assurance qui faisait vibrer encore un peu plus mes consonnes. Et puis, Grrrand-Mèrrre forrrme Judith aux potions. Peut-êtrrre ne s’avèrrrerrra-t-elle pas complètement inutile, à l’avenirrr. Une pointe de mépris souligna mes propos et le peu d’importance que j’accordais à ma cadette. Une bonne à rien qui vivait pendant que nous, nous survivions, pendant que Hannibal tombait malade. C’était une plaie qui pourrissait à l’air libre, mais peut-être son destin était-il de nous garder en vie.
Dans un mouvement brusque qui déchira le silence qui s'était de nouveau emparé de nous, je me redressai pour toiser mon meilleur ami de toute la hauteur que m'offrait une position encore allongée, bien qu'appuyée sur un coude, l'autre bras reposant de l'autre côté de son visage. J'essayai d'adopter un air menaçant, peut-être un peu mis à mal par le peu de sérieux que j'étais capable de conserver. Maintenant que je t'ai tout dit, je vais devoirrr te rrréduirrre au silence Mon sourire bien vite revenu sur mes lèvres ne crédibilisa pas davantage cette tentative de délester l'atmosphère de ce poids étouffant.
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Dernière édition par Erin B. Sørensen le Sam 1 Aoû - 18:35, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Ven 31 Juil - 14:44
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Sam 1 Aoû - 20:46
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Le silence duquel nous avions habillé notre étreinte nous avait conduit sur des chemins bien différents. Si mes pensées s’étaient égarées du côté de Junior et ces premières vacances ensemble que notre amitié découvrait seulement maintenant, continuerait de découvrir tout bientôt, malgré cet imprévu, celles de mon meilleur ami semblaient l’avoir emmené bien loin, jusqu’à ce jour où, de chevaux squelettiques qu’il n’avait jamais vu, nous en étions venu à cette confession sur les morts qui ponctuaient mon passé. J’étais surprise qu’il soit celui de nous deux qui vienne, de son propre chef, poursuivre ce chapitre-là. Il m’avait plutôt donné l’impression de tout vouloir oublier, aussi bien dans son dortoir, alors que nous venions à peine de nous réconcilier, que plus tard, après son tête-à-tête avec mes grands-parents. Et j’étais celle de nous deux qui détestait les histoires inachevées, les non-dits et les points de suspension. Était-ce l’atmosphère lugubre qui pesait sur les plaines désertes que nous avions traversées qui le poussait à reprendre le fil de ce mystère ? Ou bien autre chose, une curiosité que je ne soupçonnais pas vraiment ? Une fois passé mon étonnement premier, je me pliai sans rechigner à sa requête, précisant les contours de ce tableau que j’avais commencé à peindre des semaines plus tôt. La perspective du mécontentement de mes aïeux n’était pas suffisante pour m’arrêter, alors même que je savais que je m’exposais à de brûlantes remontrances. Le silence de Grand-Père après mon premier écart sur le sujet avait été révélateur sur son humeur et laissait imaginer ce qu’il pourrait en être après cette seconde fois. Mais qu’importe, je n’y pensais même pas. Ne comptait que ma promesse et les interrogations de Junior. Je me ferais probablement punir, mais que pourraient-ils faire de pire ? Ils avaient déjà soumis mon meilleur ami à un Serment Inviolable, ce que je prenais littéralement comme une invitation à tout lui dire puisque, lui, il était réduit au silence. Si ça n’avait tenu qu’à moi, la confiance aveugle que je lui portais aurait été légitime à assurer que notre secret serait bien gardé. Ils avaient jugé nécessaire d’en faire plus, comme je m’en étais douté dès le premier mot qui nous avait entraîné sur ce terrain glissant, c’était m’offrir une excuse en or pour révéler le reste.
Je détestais de manière viscérale tout ce qui me rendait faible, et la mort, celle de ces trois impurs, me rendait plus forte. De ce fait, je ne cillai même pas en dévoilant à Junior qu’ils avaient été tués pour nous. Une force vitale qui n’était que du gâchis chez cette vermine, quand nous en avions cruellement besoin. Notre maladie génétique était comme un insecte particulièrement agaçant, à mes yeux. J’avais beau le chasser d’un geste agacé, il revenait, continuellement. Il fallait une solution plus radicale, mais nous n’en avions pas de connue. Junior resta particulièrement silencieux, hochant à peine la tête ici, se perdant dans la contemplation du vide là. Ce qui faisait partie de mon quotidien depuis mon plus jeune âge était une nouveauté à appréhender pour lui. Si je ne voulais pas avoir de secret pour lui, je n’entrai pas pour autant dans les détails, ni dans ceux des rituels passés, ni dans celui à venir. Le destin, un peu farceur, faisait que Finn et moi plongerions dans l’âge adulte en même temps que dans un quatrième rituel. Et ensuite, trois nouvelles années s’écouleraient avant que le prochain ne survienne. Le temps était parfaitement chronométré, les rituels, parfaitement réglés, et si je ne perdais pas de vue de trouver un jour un remède définitif, c’était pour l’instant la partition de notre maladie. La question de Junior fut comme une fausse note : dissonante et qui teinta mon regard d’un éclat de colère. Pas dirigé contre lui, plutôt contre le fait qu’il soulevait et que je balayai aussi vite que possible. Grand-Mère avait encore de longues années devant elle et je n’avais pas la moindre envie de concevoir un avenir sans mes grands-parents.
Retrouvant un sourir espiègle malgré le sérieux que je tentais, en vain, de conserver, je basculai au-dessus de Junior, mes cheveux emmêlés nous masquant le taudis dans lequel nous étions réfugiés. Son visage qui se rapprocha du mien acheva de tuer le peu de sévérité que mes traits possédaient encore, la remplaçant par un sourire taquin. Mon regard clair s’arracha un instant du sien pour se perdre le long de l’arrête de son nez jusqu’à ses lèvres, qu’il se garda bien de rapprocher un peu plus. Un fond de gravité persistait toujours à voiler ses yeux lorsque je relevais les miens, son souffle accentuant tout l’amusement de mon sourire. Était-ce bien la peine de s’éterniser sur ce qui venait d’être dit ? Je ne le pensais pas. Les faits étaient les faits, que nous en parlions ou non, ils ne changeraient pas. Pas ceux-là. Et l’inquiétude n’avait pas lieu d’être, je n’esquissais même pas un début de pensée dans sa direction, puisque mes grands-parents veillaient. Même s’ils étaient, pour l’instant, à l’autre bout du monde, assurément entrain de remuer ciel et terre pour nous retrouver. Dans tout ça, il ne restait que lui, moi, et l’envie de rendre ces quelques heures aussi délicieuses que celles que nous avions l’habitude de partager. Après la solennité pesante venait l’insouciance de nos tendresses, et cela me convenait, aujourd’hui mieux que jamais. À moins que tu n’y voies un inconvénient ou à moins que tu n’aies d’autrrres questions, Je ne laissais pas vraiment de place à une suite, sachant qu’il n’hésiterait pas à l’imposer si elle lui était nécessaire, sans trop savoir, cependant, si j’espérais que ce ne soit pas le cas ou si cela m’était égal. comme ceci. Les quelques millimètres qui nous séparaient encore furent assassinés sans plus de cérémonie, alors que nous oubliions, une nouvelle fois, tout de ce cabanon maudit et de la situation dans laquelle nous étions.
Le temps fila, sans que je ne sois capable de dire combien d’heures exactement. C’était Junior, le maître du temps, je ne posais pas un seul instant mes yeux clairs sur les aiguilles de sa montre. À quoi bon ? Je préférais les perdre dans son regard envoûtant et oublier que personne n’était encore venu nous trouver dans ses bras. Quelques bûches empêchèrent le feu de mourir et le poêle continua, fidèle allié de nos étreintes, de nous réchauffer. Il fût d’autant plus difficile d’abandonner cette délicieuse chaleur lorsque je me réveillai et que tout mon corps me hurla qu’il lui fallait boire. Sur le lit, Junior dormait enfin. Sa nuit avait été agitée, il méritait de profiter d’un repos qui avait enfin décidé de lui tendre la main. Un Aguamenti, et le tour était joué… mais mon regard clair égaré sur les traits endormis de mon meilleur ami ramena aussitôt cette impossibilité sur le devant de la scène. Pas de magie. S’il fallait consentir cet effort pour qu’aucune autre querelle ne vienne nous diviser dans cet ailleurs qui se faisait long, alors j’irai chercher de l’eau par un autre moyen. Le corps endolori des émotions de la veille, j’errai quelques minutes dans notre abri, jusqu’à ce qu’une porte branlante d’un placard rongé par les années me dévoile ce qui, à une époque, avait probablement été une bouteille d’alcool. C’était mieux que rien, bien que la poussière en masque efficacement le contenu, et cela ferait un contenant adéquat. Deux verres complétait ce pitoyable service, et je m’en emparai également. Le lac n’était pas loin, mais malgré l’aspect piteux du cabanon, en sortir n’avait rien d’engageant. Par l’une des minuscules fenêtres, j’apercevai un peu du ciel pâle et je pouvais sentir le froid polaire de la veille rien qu’à le voir. Un aller rapide et un retour express pour remplir ces récipients. Il était peu probable qu’il se réveille d’ici que je sois revenue, mais, dans un élan préventif, je rouvris tous les tiroirs à la recherche d’un crayon ou de quoi que ce soit pour laisser une trace de mon départ. Était-ce le bruit que je fis ou un nouveau cauchemar ? quand je mis enfin la main sur ce que je cherchais, Junior m’observait de notre couchette. J’allais cherrrcher de l’eau, mais tu peux rrrester ici te rrreposer. Le temps polaire et le manque d’eau avaient rendu ma voix rauque et les mots douloureux à prononcer.
Sa décision fut rapide et prévisible. Quelques minutes plus tard, la porte se referma derrière nous. Le froid était à la hauteur de mes souvenirs. Un rictus marqua mon visage alors que nous contournions le cabanon pour marcher jusqu’au lac. Les températures étaient peut-être un peu moins glaciales que lorsque nous avions atteint notre refuge, mais un degré ou deux n’apportaient pas une grande différence quand nous n’étions pas habillés pour les affronter. Enfin, pour quelques minutes, tout au plus, c’était largement supportable, nous l’avions supporté des heures entières la veille. Néanmoins, je vins enrouler mon bras autour du sien, vague réplique de notre marche passée. Tes cauchemarrrs ont fini parrr te laisser en paix ? Déjà, devant nous, se dessinait la rive du lac, dont la présence nous avait accompagnée dès que nous avions descendu la colline. Toujours ces milliers de graviers qui crissaient sous nos pas, semés de plus grosses pierres, aussi lisses que si elles avaient été polies, encore et encore, par le sel d'une mer qui les aurait rejetées ensuite sur le rivage. Tu crrrois que c'est de l'eau douce ? demandai-je d'un ton un peu absent. Comment ferions-nous, si ça n'en était pas ? Sans que je ne m'en rende compte, je ne pensais même plus à la magie, seulement troublée par cette possibilité.
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Dim 2 Aoû - 17:04
Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Lun 3 Aoû - 15:56, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR Dim 2 Aoû - 21:16
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Il y avait quelque chose, dehors, de déplaisant. Comme un parfum de désespoir charrié par ces paysages ternes et monochromes, ce froid polaire, ce ciel trop pâle, ce soleil trop distant. Je glissai mon bras sous celui de Junior à peine la porte refermée dans notre dos. Notre refuge n’était rien d’autre qu’un taudis crasseux, bien loin de nos demeures luxueuses, mais il avait le mérite de nous avoir isolé de ces plaines infinies. Ce n’était pas la peur, qui me faisait ainsi m’accrocher à mon meilleur ami : qu’aurais-je dû craindre ? il n’y avait strictement rien, ni personne ; mais, plongés dans ce bout du monde, sa présence m’était encore plus indispensable qu’à l’accoutumée. Sentir sa chaleur envelopper la mienne avait également ce quelque chose de réconfortant qui tendait à éloigner, ne ce serait-ce qu’un tout petit peu, cette impression que tout était vain. Toute à cette sensation étouffante d’une angoisse refoulée, j’étais bien incapable de me rendre compte qu’il était étrange, trop, quand on me connaissait, que de telles pensées viennent obscurcir mon esprit. Nous étions en vie, en bonne santé, certes un peu fourbus et fatigués, mais nous n’étions pas au bout de nous ressources. Les secours allaient arriver, d’un instant à l’autre, et nous tireraient de cet enfer fait de pierres et d’une terre aussi dure que ce qui la parsemait. D’ici que Grand-Père parvienne jusqu’à nous, nous étions tous les deux, une parenthèse involontaire mais qui nous offrait de quoi nous retrouver, sans personne pour venir nous déranger. J’avais beau me répéter nos tendresses de la veille, elles ne parvenaient pas vraiment à franchir la brume de ces tourments inconnus. Resserrant un peu mon bras autour de celui de Junior, mes yeux clairs se perdant un instant dans ses traits renfrognés, je m’enquis de sa nuit. Je la savais agitée, mais Morphée était parvenu sans trop de mal à m’emmener avec lui, alors même que j’avais lutté pour ne pas laisser mon meilleur ami affronter seul ces heures passées dans un lit qui n’était ni le sien, ni le mien. Pas de vision ? soufflai-je, un ton en dessous. Formuler une inquiétude à voix haute me donnait l’impression de trahir tout ce que j’étais, un sentiment pour lequel je n’étais pas faite mais que sa présence me forçait à découvrir. Je n’aimais pas vraiment ça, j’aimais encore moins le savoir en proie à des prémonitions cauchemardesques. Est-ce que je cherchais à m’assurer qu’il ne m’en voulait pas de nouveau pour une interprétation viciée ou avais-je l’espoir qu’il ait entrevu quelque chose concernant notre errance ? Peut-être un peu des deux à la fois, mais surtout l’envie qu’il n’en soit rien et que son sommeil n’ait pas été à ce point pénible.
J’haussai les épaules au moment où sa question réveillait des courbatures que j’avais occultées jusque là. Elles n’avaient rien d’insurmontable, quelques matchs de Quidditch m’avaient déjà laissée bien plus endolorie, mais le contexte les rendait presque plus douloureuses. Et toujours cette chape décourageante au goût amer et anormal. Autant que possible répondis-je avec indifférence, avant de retrouver un peu de malice et d’espièglerie pour ajouter : Mais bien moins que chez tes grrrands-parrrents. La literie y était évidemment plus confortable là-bas, mais c’était surtout le souvenir des nuits dans les bras l’un de l’autre, volées à l’autorité parentale, qui ourlait mes lèvres d’un sourire. Elles avaient été parfaites, quand bien même chaque matin commençait trop tôt afin d’éviter que l’on nous surprenne. Ces ruses ne m’avaient jamais dérangée, tout au plus me moquais-je ouvertement de mon meilleur ami et de l’image que sa douce maman aurait de lui si nous ne parvenions pas à nous lever suffisamment tôt. Pourtant, là, au milieu d’un désert polaire, tout prenait une nuance bien différente. Ce n’était plus vraiment un jeu taquin, mais un embarras qui ne devait jamais voiler le regard de ses parents, leur réputation, leur nom, ou qu’importe. Une honte que l’on garde au placard ou dans l’intimité d’une chambre mais que l’on ne dévoile jamais sur la piste de danse. Avec laquelle on ne danse pas à un mariage. C’était comme si un poids sur mes épaules me forçait à considérer le passé sous un angle inédit, involontaire, opposé à mon caractère naturel.
Je me fis violence pour me défaire de ces idées oppressantes et ne pas ralentir le pas, mon attention focalisée sur la rive du lac qui se rapprochait, interrogeant à voix haute ce que nous allions y trouver. Junior n’en savait pas plus que moi. Agenouillé au bord de l’eau, il se rinça les mains pendant que je l’observais, un peu absente. Son sourire soulagé valait toutes les réponses du monde : l’eau n’était pas salée. C’était une petite victoire mais qui faisait beaucoup. Merrrci. L’eau était gelée, ou peu s’en fallait, mais faisait un bien fou. Le premier frisson dû à sa température passé, je terminai mon verre en quelques gorgées, rejoignant mon meilleur ami, accroupi face au lac, pour éliminer la crasse du bout des doigts. Je n’avais jamais eu peur de me salir les mains, mais ces dernières heures les avaient noircies, entre les égratignures, la suie, la saleté omniprésente dans le taudis… À quoi ressemblait mon visage, et mes cheveux, et le reste de mon corps ? De nouveau cette sensation d’abattement revint, me laissant vidée d’une énergie que je n’avais plus vraiment après la marche de la veille et cette nuit troublée. Je me laissai tomber sur les fesses, tout en suivant du regard Junior qui se relevait au même moment. Bonne idée. Je vais rrrincer la bouteille pendant ce temps fis-je en l’agitant. L’eau était peut-être douce, mais elle deviendrait imbuvable si elle pénétrait l’intérieur de cette antiquité.
Il me laissa là, s’éloignant à grandes enjambées vers le cabanon rouge, emportant avec lui la seule présence chaleureuse des environs, la seule présence tout court. L’abattement qui pesait dans ma poitrine se dissipa presque au même moment, me laissant un instant interdite. Un instant seulement avant que je ne me retrouve à froncer les sourcils face au reflet trouble que le lac me renvoyait. Comment pouvais-je me laisser aller à de telles inepties dans une telle situation ? Non, même la situation ne pouvait justifier d’être aussi sotte. Un reniflement méprisant adressé aux alentours silencieux fut la dernière attention que je marquai à cet éclat de faiblesse. Avalant un deuxième verre, j’ouvris ensuite la bouteille, une odeur sucrée s’en échappant aussitôt. Il y avait un liquide mordoré un fond, pas beaucoup, à peine un verre, ou en tout cas, pas beaucoup plus, et j’étais bien incapable d’identifier ce dont il s’agissait. Alcool ou non ? l’étiquette était indéchiffrable. Il aurait été stupide de jeter le peu que nous offraient ces terres inhospitalières, alors je vidai la bouteille dans mon verre, l’empilant sur celui de Junior, avant de m’employer à la laver. Un Tergeo aurait été des plus rapides, la magie dans sa globalité aurait été plus efficace, mais une promesse était une promesse. Quatre rinçages plus tard, la bouteille semblait débarrassée de la majorité de sa poussière et son contenu inconnu. Je m’éloignai d’un pas ou deux pour la remplir d’une eau propre et me redressai dans un soupir.
J’avais le bout des doigts gelé, les genoux endoloris et la soif était peut-être passée, mais la faim la remplaçait maintenant. Sans compter que cette douleur dans ma poitrine, oubliée un temps, était réapparue depuis mon réveil. Un rictus grimaçant vint souligner mon geste alors que je massai cette zone de mon corps, comme si ça avait jamais été suffisant. Ce n’était rien de grave, ma dernière potion remontait à trois jours à peine. Rien de grave, donc. Tant que l’épuisement ne me submergeait pas ou que ma respiration ne se faisait pas difficile… Tant que l’on venait nous tirer d’ici rapidement. Toutes ces considérations s’évanouirent au moment où je constatai que Junior n’était toujours pas revenu. J’avais pourtant pris tout mon temps pour laver puis remplir la bouteille d’eau et la cabane n’était qu’à quelques pas à peine. Rien qui ne justifie qu’il ne soit pas déjà revenu à mes côtés. Étais-je de nouveau inquiète ? Peut-être bien que oui. En même temps, nous étions au milieu de nulle part sur des terres inconnues et tout pouvait nous arriver. Le coeur battant un peu plus vite, un rythme qui n’était pas sans rappeler celui qui avait cadencé de la chute de Junior, je revins à pas rapides jusqu’au taudis de tôle rouge, ouvrant ce qui lui servait de porte d’un geste empressé.
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(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR