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The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR
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Message(#) Sujet: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyDim 5 Juil - 18:43



The cold never bothered me anyway
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Ce que je voyais du château de mes grands-parents disparut dans un tourbillon de tissu pêche alors que ma mère m’enlaçait pour la énième fois depuis ce matin. Si son parfum sucré avait toujours eu quelque chose de rassurant, aujourd’hui je le trouvais particulièrement agaçant. Je ne partais que quelques jours, dans une famille tout ce qu’il y avait de plus respectable, elle n’était pas obligée de se comporter comme si je partais en guerre et qu’elle n’était même pas sûre de me revoir ! Dans dix jours, je serais de retour. Enfin… normalement… Je gardais en tête cette vision gênante et l’angoisse qui y était associée. Nous n’avions pas fui. Nous n’avions même pas préparé quoi que ce soit… Plus les jours passaient, plus la certitude que cette Norvège au bout du monde serait le théâtre de quelque drame s’installait. Je ne savais pas quoi, ni quand, pas même comment, mais quelque chose finirait par ne plus tourner rond… Je n’avais rien dit à mes parents, je n’en avais même jamais reparlé à Erin. J’attendais, seulement, de savoir ce qui nous attendait. Je me laissai étreindre sans opposer de résistance, mon regard partant à la recherche de celui de ma meilleure amie avec tout le désespoir du monde. Heureusement que mon père ne s’était pas donné tant de peine ! Un « amuse-toi bien » à la table du petit-déjeuner, et il avait disparu, retournant vaquer à ses occupations. Ça m’arrangeait merveilleusement bien, je l’avoue, j’avais passé ces premiers jours à le fuir comme la peste, posant sur lui et sa chère fille tout le mépris qu’il m’était possible d’avoir pour quelqu’un.

Tu feras bien attention, hein ? Et tu seras sage. Pas de bêtise, répéta-t-elle d’une voix chevrotante alors qu’elle tournait la tête en direction d’Erin comme pour lui faire promettre qu’elle ne ferait rien de répréhensible, je ne veux entendre que du bien à ton retour, d’accord ? Je compte sur toi.
Oui, Maman…

Je retins un soupir las, conscient de la honte qu’elle était en train de m’offrir sous le regard sûrement moqueur de la Poufsouffle. Je n’étais plus un enfant ! Et elle-même semblait le savoir très bien puisqu’elle ne s’embarrassait pas d’un jeune âge ou d’une existence encore toute adolescente pour envisager à ma place une suite bien trop adulte pour moi. Il n’y avait qu’à voir ce mariage idiot et cette fille toute aussi idiote qu’elle m’avait présentée, profitant de l’absence d’Erin pour jouer les entremetteuses pathétiques. Peut-être exagérai-je un peu… Elle ne m’avait pas semblé aussi insupportable avant que ma chère mère ne se fende de sous-entendus sans fin toute la journée d’hier… Maintenant, je ne voyais qu’une naine grasse d’un regard bovin, et d’une blondeur fadasse… J’avais laissé entendre qu’elle était comme ça en permanence mais, dans le fond, si ça n’était pas parfaitement faux, je ne l’avais jamais vu aussi insistante. J’aimais à croire que c’était seulement l’excitation de l’alliance de ma cousine qui lui montait un peu à la tête… Et qu’elle grossissait le trait pour me faire comprendre que le petit jeu que j’avais joué avec Erin tout au long de la réception ne lui plaisait guère… J’avais seulement fait ce que j’avais dit que je ferais : laisser entendre au monde que la place à ses côtés n’avait plus rien de libre. Il faut croire que le message était assez clair pour parvenir jusqu’à ma mère. Il faut dire que je n’avais pas toujours fait dans la finesse… Comme laisser entendre qu’il s’agissait de ma petite-amie, sur le chemin du retour après une interminable danse loin d’elle, auprès de quelques crétins qui bataillaient pour savoir qui l’aborderaient en premier. Est-ce que je la voyais réellement ainsi…? Je n’en étais pas certain. Il y avait quelque chose de bien trop trivial à cette appellation. Erin était plus que ça, plus que tout en réalité, et je trouvais ça dommage de la cantonner à quelques cases sans intérêt. L’idée de meilleure amie me plaisait bien davantage, laissant entrevoir sa position bien supérieure à celle du reste du monde.

Tu vas tellement me manquer… À Orpheus aussi, je suis sûre que tu lui manqueras…

C’était la première fois que je partais aussi loin sans personne en qui elle avait toute confiance pour m’accompagner… En réalité, c’était la première fois que je partais aussi loin tout court. Je n’étais pas toujours resté entre les frontières françaises et britanniques, certes, mais je ne m’étais jamais envolé pour le grand Nord… Ses lèvres finirent par se poser sur ma joue dans un baiser sonore avant qu’elle ne daigne me rendre ma liberté. Ses doigts glissèrent dans mes cheveux pour repousser une mèche rebelle avant qu’ils ne se mettent à lisser correctement le gilet que j’avais enfilé par dessus mon tee-shirt en prévision des températures polaires qui m’attendaient sur les terres des Sørensen. Elle prit tout de même la peine de dire au revoir à Erin alors que ses propres parents nous adressaient un signe depuis la terrasse. Je ne savais pas où était l’enfant de Satan que constituait ma demi-soeur mais ça me peinait malgré tout de laisser ma pauvre mère seule avec ça…Pourtant, ça n’était pas comme si j’allais en avoir le choix. Ces vacances étaient prévues depuis bien trop longtemps pour y renoncer maintenant, et je savais pertinemment que quelque chose nous attendait, ce qui me confortait dans l’idée d’y aller… Si je devais faire quelque chose me valant des ennuis avec la justice, je préférais que cela se fasse loin d’elle et des miens… À quelques pas de nous, le pot en terre ébréché se mit à s’agiter. C’était l’heure ! Je finis par m’arracher aux attentions maternelles, attrapai la main de ma meilleure amie sans prendre la peine de m’intéresser à l’air sûrement offusqué qu’on pouvait poser sur mon geste et laissai l’autre reposer sur la surface chaude de notre portoloin. À peine eut-on le temps de le toucher que le monde se mettait à bouger.

N’oublie pas de m’écrire. Dès que tu arrives, Junior, n’oublie pas, entendis-je de très loin alors que tout n’était plus qu’un tourbillon sans image.

Nos affaires nous attendaient sur place, tout comme les autres d’ailleurs. Si je n’avais rien contre l’idée de retrouver Finnbjörn et Judith, la présence de quelques autres entachait mon enthousiasme. Enfin… Là encore, le choix ne m’appartenait pas. Ce qui n’aurait dû être qu’une formalité pris un tour plus inquiétant. Notre portoloin commença à grésiller étrangement avant qu’une explosion retentissante de nous en éjecte violemment. J’essayai tant bien que mal de m’y raccrocher mais déjà la chute se faisait sentir, la gravité nous entrainant toujours plus proches de la Terre ferme. Je tâtonnai maladroitement ma poche, tentant en vain de mettre la main sur ma baguette pour amortir notre atterrissage mais tout allait bien trop vite et ce fut sans le moindre sortilège de coussinage que l’on rencontra le sol dur et froid qui se présenta. Durant quelques secondes, je fus bien trop sonné pour réaliser quoi que ce soit. La douleur de cette rencontre brutale irradiait dans tout mon corps. Si j’avais déjà connu des atterrissages de portoloin assez ratés, celui-ci avait clairement la médaille ! Est-ce qu’on ne l’avait pas lâché à temps et que c’était pour ça qu’il nous avait repoussé ? Sûrement. Je ne voyais pas d’autres explications plausibles… Péniblement, je me redressai, à genoux dans ce qui semblait être une herbe presque gelée. Un léger vent glacé s’engouffra sous mes vêtements, m’arrachant un long frisson. On m’avait prévenu qu’il risquait de faire un peu plus froid en Norvège, mais certainement pas aussi froid que ça ! J’avais hâte de retrouver ma valise et d’enfiler toutes les couches de vêtements possibles et imaginables. Autour de nous, rien. Le vide absolu. Une étendue sans fin d’herbe qui ressemblait à celle-là et quelques montagnes enneigées qui se dressaient au loin. Je me relevai non sans une grimace et tendis la main à Erin pour en faire de même. Je me sentais grelotter comme sur les toits de Londres, contrôlant difficilement les soubresauts de ce corps luttant pour s’adapter.

Tu aurais au moins pu prévenir que c’était le Pôle Nord, chez vous, râlai-je en relâchant un petit panache de buée auquel je ne m’attendais pas. Par où va-t-on ?

Je ne me posais que peu de questions sur ce lieu désert, supposant bêtement que les sortilèges de protection qui entouraient le domaine des Sørensen étaient si puissants et efficaces que nous ne le voyions pas… Elle agiterait sa baguette ou glisserait quelques mots aux sonorités anciennes et nous pourrions retrouver la chaleur d’un intérieur confortable. Ou, du moins, il fallait l’espérer…
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Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Lun 6 Juil - 15:46, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyDim 5 Juil - 21:06

the cold never bothered me anyway
junior & erin


Les lamentations maternelles avaient cadencé le petit-déjeuner avant de tisser le reste de la matinée et se poursuivaient désormais jusque dans le parc du château des grands-parents de Junior. Un pot en terre ébréché attendait l’heure exacte pour nous emporter loin de France où s’était déroulé le début de nos vacances. Bras croisés sous ma poitrine, sourire railleur, j’observe le tableau plaintif que peignent les embrassades entre la mère et le fils. Les bras de la première vinrent étreindre le second dont le regard se perdit à la rencontre du mien. Je ne pouvais malheureusement lui être d’aucun secours et je hausse les épaules avec un éclat moqueur dans le regard pour le lui faire savoir. Le désespoir de Claire d’Archambault ne trouverait de fin que lorsque son fils adoré, son petit ange chéri, la chair de sa chair et le sang de son sang, serait de retour au sein du cocon familial. Or, j’étais l’âme cruelle venue enlever sa progéniture bien-aimée pour l’emmener au sein de sauvages steppes norvégiennes. Sa voix tremblante dissémine recommandation sur recommandation, ses yeux aussi clairs que ceux de mon meilleur ami se tournant dans ma direction alors qu’elle mentionne de potentielles incartades. À ses yeux, Junior était évidemment incapable du moindre écart et j’étais celle des deux qui entraînait l’autre sur les chemins de la vicissitude. Si elle savait. Je me pince les lèvres pour retenir un éclat de rire qui serait, à n’en pas douter, du plus mauvais effet. J’avais été la parfaite représentante du clan Sørensen durant tout mon séjour sur les côtes françaises, je pouvais l’être encore quelques minutes. Sourires, politesses, salutations respectueuses, je n’avais pas réalisé un pas en-dehors du cercle des instructions éclairées de Grand-Père, ne retrouvant mes sarcasmes et lâchant la bride à mon impulsivité uniquement lorsque nous nous retrouvions loin des adultes et de leur étroitesse d’esprit. Je m’étais même retenue de l’arracher des griffes de cette blondasse qui l’avait tenu éloigné de moi le temps d’une trop longue valse. Grand-Père et Grand-Mère ne sauraient jamais à quel point j’avais tenu à leur faire honneur, mais ce sacrifice avait été cuisant.

Je vous rrremerrrcie encorrre pourrr votrrre hospitalité et trrransmettrrrais vos amitiés à mes aïeuls. J’ai passé un séjourrr merrrveilleux fis-je alors que les coins de mes lèvres s’étiraient en un sourire aux subtilités bien troubles pour qui ne me connaissait pas suffisamment. De là où nous les avions laissés, les grands-parents maternels de mon meilleur ami agitaient leurs bras dans un dernier salut. Ce qui aurait pu se poursuivre des heures durant fut bien obligé de prendre fin alors que notre portoloin pour mes terres natales commençait à s’agiter. Junior s’arracha aux plaintives embrassades de sa mère et enfin ses doigts retrouvèrent leur place habituelle, tout contre les miens. Jes les préférais là à posés contre les hanches d’une idiote fade. Les dix prochains jours m’assuraient l’absence d’une situation similaire puisqu’il n’y aurait que nous et les miens, le tout accompagné de quelques invités dont pas un ne s’aviserait jamais à danser avec Junior sous mes yeux. Même si mes grands-parents se lançaient dans l’organisation d’une réception estivale et qu’ils conviaient ce que notre pays faisait de plus noble et de plus distingué, je me chargerai de faire savoir à toutes ces pâles et insignifiantes sottes que la place à ses côtés n’avait rien de libre. Il avait délicieusement joué le jeu qu’il m’avait promis lors de nos jours en France, je m’assurerai d’être à sa hauteur. Autant sur ce point que sur les escapades dans lesquelles il m’avait entraînées. Les jours d’été étaient bien longs, en Norvège, nous aurions encore plus de temps à dépenser dans nos fuites adolescentes.

Nous posons à peine nos doigts autour de notre portoloin que celui-ci nous entraîne déjà dans un tourbillon fou et désordonné, emportant avec lui les dernières paroles inquiètes d’une maman qui voyait son fils unique s’envoler en direction d’un pays lointain. Le trajet ne devait pas prendre bien longtemps et je sentais mon impatience battre de plus en plus fort à mesure que les secondes filaient. Et puis, il y eu un étrange grésillement, presque aussitôt suivi d’une explosion qui me brûla le bout des doigts alors qu’une sensation de vertige me laissait la désagréable impression d’avoir mon estomac toujours accroché au pot en terre. Nous tombions et cela n’avait rien de normal. Je tentai tant bien que mal de m’emparer de ma baguette, plaquée contre ma peau, sous la manche de mon pull, mais en vain. La chute fut brutale et douloureuse, chassant tout l’air contenu dans mes poumons, me laissant étendue sur le sol, hébétée. Un pressentiment confus tentait de se frayer un chemin dans mon esprit : quelque chose clochait, sans que je ne sache vraiment quoi. Jamais un portoloin ne m’avait si violemment éjectée. Mes mains posées sur un sol froid, je me redresse en position assise. Junior s’était déjà relevé et m’aida à en faire de même, pestant contre les températures glaciales avant de me confier les rênes de la suite. Mon bras retomba le long de mon flanc alors que je faisais un tour sur moi-même, mes prunelles opalines fouillant l’étendue vide au milieu de laquelle nous venions d’atterrir. Il était là, l’affreux pressentiment, l’instinct brûlant cherchant à me prévenir. Le froid qui régnait était en-deçà des températures norvégiennes, de plusieurs degrés. Le léger pull que j’avais pris le soin d’enfiler avant notre départ suffisait à me donner presque trop chaud lorsque j’étais chez moi. Présentement, je sentais un frisson glacé se glisser le long de ma colonne vertébrale. Et ces paysages, cette plaine aux couleurs ternes, au sol marron et rocailleux, aux collines tachetées de blanc, ça ne ressemblait absolument pas à mes contrées.

Machinalement, ma baguette se retrouver fermement enserrée par mes doigts alors que je repère les restes de notre portoloin. Du bout du pied, je les repousse, avant de relever la tête, cherchant un signe, n’importe quoi, quelque chose qui m’aiderait à me retrouver au milieu de ce paysage qui ne me disait rien. Nous n’étions pas chez moi, comme prévu. Nous n’avions pas atterri devant la petite cabane limitrophe à notre propriété où l’un des miens aurait dû nous attendre et nous accueillir. Nous n’étions pas non plus aux alentours de Kristiansand : tout était bien trop différent. Pour ce que je savais, pour ce que je voyais, nous n’étions peut-être même pas en Norvège. Ce n’est pas chez moi lâchai-je d’une voix blanche en me retournant pour faire face à Junior qui m’observait d’un oeil suspicieux. C’est que je m’étais montrée particulièrement silencieuse et que le calme apparent qui était le mien détonnait assurément avec la situation qui se dessinait doucement sous nos yeux. Ce n’est pas du tout chez moi répétai-je, comme si j’avais moi-même du mal à croire la vérité que j'annonçais. Je n’ai aucune idée de où nous sommes. Je rajoutai cette précision avec que Junior ne me le demande. Je ne savais pas, je ne savais rien, et c’était une sensation des plus désagréables. Un bref sursaut m’arracha à cette torpeur qui ne me ressemblait pas et je plaçais ma baguette au plat dans ma paume. Le sortilège franchit mes lèvres et fit vibrer ma baguette magique avant qu’elle ne se déplace et ne s’arrête, pointant le nord. Il nous fallait des repères car nous n’en avions aucun. Le norrrd est là-bas. Allons au sud fis-je d’un ton assuré. Ce n’était qu’un contretemps, rien que ça. Nous allions trouver un endroit chaud pour patienter, le temps que Grand-Père nous rejoigne et nous amène jusqu’à chez nous.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyLun 6 Juil - 15:44



The cold never bothered me anyway
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Le silence qui régnait à notre arrivée était total. Il n’y avait que le chant lointain et régulier du vent pour nous divertir. Pas un bruit d’oiseau, pas l’éclat d’une voix… rien… Je ne savais pas vraiment à quoi je m’étais attendu, en réalité… Je ne savais même pas à quoi pouvait ressembler leur ville, village ou qu’importe ce que c'était encore, si c’était moldu ou totalement sorcier… Je m’étais sûrement attendu à rien mais surtout à rien qui puisse ressembler à ça. Je n’avais jamais envisagé la Norvège comme un désert gelé. J’y voyais peut-être de la neige, par principe, c’était le Nord après tout… mais surtout de la vie. Ici, ça paraissait mort. Mais dans le fond, il n’y aurait rien eu d’étonnant à ce que les Sørensen s’exilent un peu, s’éloignant des regards gênants et des oreilles curieuses. Après tout, s’il y avait des histoires assez louches pour me valoir la mémoire rien que pour avoir été mentionnées, mieux valait se tenir à l’écart du monde… La main encore chaude d’Erin finit par se saisir de la mienne le temps de se relever. Elle semblait tout aussi sonnée que j’avais pu l’être, gardant religieusement un silence qui ne lui ressemblait guère. Il fallait avouer que la manière dont nous avions été éjectés était particulièrement brutale… et douloureuse également… Je n’étais pas certain à cent pour-cents mais il y avait de grandes chances qu’on s’en sorte avec quelques bleus et égratignures… Son regard clair semblait battre la campagne interminable, cherchant sûrement à recouvrer ses esprits après la chute. Mes doigts frôlèrent doucement les siens, comme s’ils avaient voulu la rassurer. C’était désagréable mais nous n’avions rien, il faudrait cependant éviter de rester planter là trop longtemps si on ne voulait pas mourir de froid… Elle finit par s’éloigner un peu, repérant les bouts brisés de notre portoloin. Elle avait l’air un peu ailleurs. Presque éteinte. Loin, bien loin du volcanisme que je lui connaissais d’ordinaire.

Erin…? m’inquiétai-je d’une voix douce. Tout va bien ?

Je ne pensais pas nécessairement d’ordre général, j’avais plutôt tendance à croire que sa chute avait été plus mauvaise que la mienne. Est-ce qu’elle s’était cognée la tête en atterrissant ? Ça n’était pas impossible et ça aurait pu expliquer son attitude étrange… Son silence était angoissant. La voir observer le peu qui nous entourait presque avec absence l’était plus encore. Elle finit par tourner la tête dans ma direction, me laissant plonger sans retenue dans l’océan de ses yeux. J’aurais aimé pouvoir y lire quelque chose. N’importe quoi. Qu’elle m’explique ce qui n’allait pas. S’il fallait prendre la route du premier hôpital qui puisse exister, si seulement il en existait un, nous le ferions, mais qu’elle parle !

Ce n’est pas chez moi.

Sa déclaration me fit l’effet d’une gifle. Durant une seconde, je restai là à la fixer, la bouche entrouverte comme si je cherchais de l’air ou des mots mais, rien ne vint, ni l’un ni l’autre. Je finis par me reprendre, un peu difficilement, et entrepris de me voiler la face avec tout le soin possible.

C’est vrai que le portoloin a agi bizarrement… on a dû être envoyés un peu plus loin que prévu mais on va bien finir par retrouver notre chemin.

Je retins un « ça va aller » qui sonnait affreusement faux alors que je me rapprochais d’elle avec mille et une précautions. Elle me paraissait si mal que je craignais de faire quoi que ce soit qui la pousse à fuir. C’était étrange, dans le fond… désagréable peut-être aussi… S’il y avait bien une personne qui paraissait solide quoi qu’il se passe, c’était elle ! Ma main se posa doucement sur son épaule et y exerça une pression tendre. Je ne voulais pas la brusquer mais il serait de bon ton de nous mettre en marche pour mettre la main sur quelqu’un qui puisse nous aider ou, mieux, un coin qu’elle pouvait reconnaître.

Ce n’est pas du tout chez moi.

Les espoirs d’une suite tranquille semblaient s’envoler à grande vitesse. Comment ça, ça n’était pas du tout chez elle ? Si je voulais bien admettre qu’on ait un peu dévié de notre destination initiale, ça devait être de quelques kilomètres tout au plus. On viendrait nous chercher bien vite en nous expliquant que le portoloin avait disjoncté avant l’arrivée et que c’était un fâcheux incident… sans gravité aucune. Les terres des siens devaient être quelques parts dans les environs, peut-être un peu loin, au pire nous marcherions… De toute façon, vu le froid, mieux valait éviter de rester statiques jusqu’à ce qu’on vienne nous récupérer !

Je n’ai aucune idée de où nous sommes.

J’accusai difficilement le coup. Être loin n’aurait pas été agréable mais nous aurions pu faire quelque chose… mais là… Si elle ne savait même pas où nous étions, comment pouvions-nous retrouver notre chemin ?! Un frisson interminable me prit pour cible, sûrement un mélange de températures glaciales et de désespoir total. Nous étions perdus. Complètement perdus. Au milieu de rien, en plein hiver… Sans affaire, sans nourriture, sans rien… Si on ne venait pas nous chercher très vite, je ne donnais pas cher de notre peau ! Ma main abandonna son épaule alors qu’elle esquissait un mouvement. Je la suivais des yeux sans trop chercher à comprendre. On était perdus. Les craintes infondées et infantilisantes de ma mère prenaient tout leur sens. On ne rentrerait peut-être jamais parce qu’on était au milieu de nulle part et qu’on mourait de froid avant même qu’on ait remarqué notre absence ! Ma meilleure amie posa sa baguette sur sa main, ce qui m’arracha un geste nerveux, secouant la tête dans l’espoir qu’elle s’arrête.

Tu ne devrais pas f…

Mais je n’eus pas le temps de terminer ma phrase que déjà sa baguette s’agitait et pointait en direction du nord. Nous n’étions pas majeurs, pas autorisés à lancer des sorts en dehors de l’école et nous ne savions même pas où nous étions. Pour un peu qu’on ait atterri dans un pays aux lois douteuses, vu le froid je supposais que la Russie puisse être un bon exemple, qui savait si on ne finirait pas traîner devant la justice pour avoir voulu trouver notre chemin ?! Les restes du Ministère me revinrent… Ne seraient-ils pas à notre recherche pour nous aider…? À moins qu’il soit question de nous enfoncer davantage…? Combien de règles inconnues allions-nous bafouer ici ? Je voyais déjà les incidents diplomatiques et les conséquences désastreuses que cela pourrait avoir sur notre avenir… pour un peu qu’on survive bien sûr. Est-ce qu’on pouvait atterrir ailleurs que dans notre pays de destination ? J’aimais à croire que non, mais je n’avais jamais supposé qu’un portoloin validé par l’État puisse être porteur d’un quelconque dysfonctionnement… alors au point où nous en étions..

Le norrrd est là-bas. Allons au sud.
Au sud ? Mais pourquoi ? Tu as dit que tu ne savais même pas où nous étions ! Qui te dit qu’on ne va pas s’éloigner ?

S’éloigner de quoi, en revanche, je n’en avais pas la moindre idée… Autour de nous, il n’y avait rien… Dans un sens ou dans l’autre, ça semblait un peu équivalent… Mais jouer ma vie ainsi au hasard ne m’enthousiasmait pas. J’eus beau remettre en doute sa proposition, je la suivis néanmoins sans opposer l’ombre d’une résistance. Si elle voulait partir par là, nous partirions par là… Mais si nous errions indéfiniment dans le froid polaire de ce coin perdu, elle aurait notre mort sur la conscience, il était hors de question que j’en prenne la moindre responsabilité !

Ne refais pas de magie avant que l’on sache au moins où on est. Je n’ai aucune envie de finir ma vie dans une prison du bout du monde.

Plus les minutes passaient, plus le froid semblait mordant. Il ne faisait pas particulièrement chaud sur les côtes, quelques vingt degrés tout au plus, mais j’avais l’impression que nous en avions perdu au moins cinquante en arrivant ici. Mes mains, enfoncées dans mes poches dans l’espoir de trouver quelque chaleur, tremblaient désespérément et je sentais toutes les aiguilles glacées de ce vent cruel qui s’enfonçaient toujours plus loin sous ma peau. Devant nous, cap au Sud, toujours rien. Nous aurions pu marcher dix kilomètres comme faire trois pas que dans ce désert qui continuait à perte de vue cela n’y aurait rien changé. Avec un peu de chance, chez nous, on s’inquiétait déjà. J’espérais que les Sørensen écriraient rapidement à mes parents pour savoir où nous étions passés et que tous se rendraient compte avant ce soir de notre disparition. Ça ne devait pas être bien compliqué de retracer le chemin d’un portoloin, n’est-ce pas…?

Dis… Tu crois que c’était ça, les ennuis ? finis-je par lui demander tandis que nous continuions de filer droit sur rien.

Il aurait sûrement été plus juste de dire « que ça », parce qu’il était évident, maintenant que nous y étions, que c’était lié… mais jusqu’à quel point ? On nous recherchait seulement parce que nous avions atterri on ne savait trop où ? Ou ça n’était qu’une raison parmi d’autres…?
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyLun 6 Juil - 20:17

the cold never bothered me anyway
junior & erin


La voix douce de Junior me tira d’une torpeur dont je n’avais pas vraiment pris conscience avant qu’elle ne disparaisse sous les inquiétudes que revêtait mon prénom murmuré. J’avais été absorbée par ce paysage monochrome qui déployait sous nos regards hagards des teintes de gris et de noir à perte de vue. La pâle végétation ne faisait que clairsemer cette étendue infinie, insuffisamment pour apporter une quelconque touche de couleur. Ce n’était pas mon pays, ce n’était pas chez moi. Si quelques ressemblances me sautaient aux yeux, ce n’était pas assez pour venir troubler mes certitudes. Nous n’étions pas en Norvège, qu’importe les similitudes éparses que cet horizon aride partageait avec nos steppes. Ce n’était pas chez moi et c’est ce que je révèle à mon meilleur ami en me tournant vers lui, préférant la lueur familière de son regard clair à ces nuances étrangères. Il me fixa en silence avant de retrouver l’usage de la parole. Sa tentative de rationaliser la situation pour la rendre plus rassurante me fit immédiatement secouer la tête, mes cheveux bruns balayant mon dos comme autant de négations informulées. Non et non, à gauche et à droite, à droite et à gauche. Nous n’étions pas un peu plus loin que prévu, nous n’avions aucun chemin à retrouver, nous n’étions pas là où nous aurions dû atterrir, nous n’étions pas chez moi. Et cette constatation formulée et reformulée dans mon esprit commençait à faire jaillir des sentiments inconnus chez moi. Pourquoi ce poids dans ma poitrine et pourquoi cette terrible impression de n’être pas plus solide que notre portoloin brisé en mille morceaux ? Avec une lenteur presque irréelle, Junior se rapproche de moi. Avais-je l’air si étrange pour qu’il fasse montre de tant de précautions ? Ses doigts sur mon épaule chassent un peu de cette tension qui s’y était accumulée et les miens les y rejoignent, les serrant doucement, tout doucement, comme pour lui rendre le ménagement dont il m’enveloppait avant de lui réasséner cette violente réalité. Ce n’était pas chez moi.

Son regard vacille et l’application qu’il mettait à ne pas vouloir comprendre ce que mes propos signifiaient se fissure. Le paysage morne m’avait éteinte, le désespoir qui s’empare des traits de mon meilleur ami réveille cette assurance brûlante qui était la mienne. Elle achève de faire disparaître cette glaciale apathie et je place ma baguette à plat sur ma paume tendue. Le sortilège s’échappe d’entre mes lèvres au même moment que les défiances de Junior. Les rotations hypnotiques de ma baguette effacent les réticences de mon meilleur ami aussi facilement que s’il n’avait jamais commencé à les formuler. Je ne pouvais me résoudre à rester sagement ici en attendant que l’on nous retrouve. Nous devions aller quelque part, trouver des sorciers, prévenir Grand-Père… même si je ne pouvais concevoir qu’il ne soit pas déjà soucieux face à notre absence. Il déploierait les ressources nécessaires pour nous mettre la main dessus et j’avais une confiance aveugle en sa toute-puissance. Ce n’est pas que j’étais convaincue qu’il nous faille marcher en direction du sud pour nous sortir de cette situation, mais plutôt que je me refusais à l’inaction et que mon impulsivité ne pouvait souffrir cette désagréable sensation d’impuissance. S’éloigner de quoi ? rétorquai-je du tac au tac à Junior. Peut-être que rester auprès de notre portoloin était la meilleure chose à faire car il y avait fort à parier que ce serait par son biais qu’ils pourraient découvrir où nous étions. Mais cette pensée ne m'effleure pas l’esprit. Qui savait combien de temps cela pourrait prendre ! Une heure, ou cinq, ou vingt. Et le froid nous enveloppait déjà, traversant nos habits bien trop légers pour ces températures qui n’avaient rien d’estivales. Une intuition fis-je finalement, en haussant les épaules. J’aurais pu la justifier de bien des manières, mais aucune ne me convenait. Ni celle, irrationnelle, qui aurait été d’affirmer qu’il faisait moins froid au sud et que les populations préféraient y vivre, ni celle, encore plus mystique, qui me poussait à vouloir prendre la direction de Kristiansand, situé à la pointe sud de la Norvège, comme si nous étions perdus dans les hauteurs arctiques de mes terres natales. Tu prrréfèrrres rrrester ici ? La réponse était visiblement négative puisqu’il consentit à suivre avec moi la direction sud qu’indiquait ma baguette. Quelques pas plus tard, à peine, je m’arrêtais et jetais un regard derrière nous. Comme si la silhouette de Grand-Père pouvait déjà apparaître et m’envelopper d’une chaleur réconfortante. Il faudrrrait peut-êtrrre laisser des trrraces du chemin que nous prrrenons... suggérai-je d’une voix peut-être moins assurée qu’à l’accoutumée en plongeant mon regard dans celui de Junior. Un tas de pierres, une marque sur le sol, n’importe quoi qui pourrait peut-être lancer nos secours dans la bonne direction.

Nous reprenons finalement notre marche précaire. Les minutes passent et le froid semblait de plus en plus polaire. J’avais l’habitude des températures glaciales, peut-être plus que Junior d’ailleurs, pour autant, j’étais loin d’être assez vêtue pour affronter celles qui nous enveloppaient d’une chape mordante. Je passe mon bras autour de celui de mon meilleur ami, collant mon flanc contre le sien. Ce n’était pas des plus pratiques pour marcher à vive allure, mais cela avait le mérite de nous réchauffer, rien qu’un peu. Ou était-ce seulement la recherche de ce contact physique si rassurant ? Perdus au milieu de nulle part, c’était comme si le besoin de se rassurer quant à sa présence ne laissait plus de place au reste. En prrrison pourrr un Pointe au Norrrd ? Ce serait exagérrré répliquai-je en levant les yeux au ciel. Je consens néanmoins à accéder à sa requête après un petit silence grelottant. Mais d’accorrrd. Pas de magie tant que nous n’y sommes pas contrrraints. Mais s’il nous fallait brûler ces terres dures comme la glace pour nous réchauffer ou si la magie était l’unique moyen de nous permettre d’aller bien, je n’hésiterai pas une seconde. Nous portions toujours la Trace et les autorités pouvaient savoir qu’un mineur avait utilisé la magie dans une certaine zone nous comprenant. Encore qu’ils ne pourraient pas déterminer avec exactitude si nous étions ou non les sorciers à l’origine de cet usage magique puisque nous n’étions pas censés nous trouver ici.

La question de Junior m’arracha un coup d’oeil pensif. Je n’avais plus vraiment pensé à sa vision depuis notre soirée dans la Salle sur Demande, trop occupée à profiter de tous ces moments volés à la bienséance. Mais maintenant qu’il soulevait à nouveau le sujet… C’est possible répondis-je alors que nous amorçons la montée d’une petite butte rocailleuse qui nous masquait la suite. Dans ta vision, le type demandait s’il y avait des nouvelles nous concerrrnant et s’ils avaient rrréussi à nous trrrouver ? récapitulai-je à voix haute en resserrant un peu mon étreinte sur mon meilleur ami. Ça doit êtrrre ça, alorrrs. Je t’avais dis que je n’étais au courrrant de rien. Mon ton grognon s’effaça dans un sourire, plus fade qu’à l’accoutumée, mais un sourire tout de même. Quant à savoir dans combien de temps se déroulerait sa vision, c’était une autre histoire. Pour l’instant, nous arrivions au sommet de ce tas de cailloux et apercevions enfin de quoi allait être fait la suite de notre marche.

3 - 4 - L'étendue reste noire et grise mais de l'eau coupe le paysage en deux. En plissant les yeux, un reflet pourrait attirer leur attention : serait-ce une habitation ?

Dé 1 - Ce qu'ils aperçoivent (mais ça veut pas dire qu'ils y arriveront en un post:

Dé 2 - Est-ce qu'ils vont avoir des ennuis soon soon (encore plus):

Dé 3 - Durée de leur voyage au Groenland:
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Dernière édition par Erin B. Sørensen le Lun 6 Juil - 20:18, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyLun 6 Juil - 20:17

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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyMer 8 Juil - 17:38



The cold never bothered me anyway
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Il ne fallut pas bien longtemps à Erin pour se reprendre, ses doigts quittant les miens sur lesquels ils s’étaient posés pour prendre les rênes de notre perte. De mon côté, j’avais du mal à encaisser le choc. L’idée même que nous soyons perdus au milieu de nulle part, sans rien ni personne pour nous venir en aide me plongeait dans une angoisse sourde. Je ne m’étais jamais prétendu d’un courage à toute épreuve et, clairement, l’abandon général dont nous étions alors les victimes n’arrangeait pas les choses. Normalement, il y avait toujours mes parents pour me sauver la mise, ma mère pour veiller sur moi… Il ne m’était jamais rien arrivé dans la cage dorée qui constituait ma vie. Les seuls ennuis que j’avais bien pu avoir un jour avaient toujours été quand je m’étais éloigné de la protection tenace des miens… À Londres, à Poudlard, ici… Je regarde la baguette de ma meilleure amie tourner un instant avant de pointer dans une direction claire. Mes réticences moururent dans son mouvement. Ça n’était pas une bonne idée, c’était un fait, mais elle n’avait pas l’air de s’y intéresser. J’aurais aimé qu’il y ait quelqu’un avec nous. N’importe qui. Quelqu’un sur qui nous reposer et n’avoir qu’à nous laisser guider… Comme ça avait toujours été le cas. Mais non… On ne pourrait compter que sur nous-mêmes pour l’instant, en espérant qu’il ne dure pas trop longtemps. Le froid aurait bien vite raison de nous, de toute façon.

S’éloigner de quoi ?
De n’importe quoi, sifflai-je d’un ton boudeur, il y a peut-être de la vie de l’autre côté… ou par là… ou n’importe où ailleurs.

C’était risqué de choisir notre destination au hasard, sans savoir… Peut-être allions-nous partir droit sur rien alors que quelque chose était à proximité… Il fallait bien admettre que ça n’en avait pas vraiment l’air, tout semblait si vide, si désert… mais rien n’était impossible. Je n’étais pas très enclin à suivre un chemin seulement parce que sa baguette en avait machinalement indiqué un autre. Il était évident qu’il nous faudrait bouger mais c’était bien trop approximatif pour me convenir. La peur d’avoir à errer indéfiniment comme ça n’aidait pas. Je nous imaginais déjà avoir à passer la nuit dehors dans ce rien sans fin… Est-ce qu’on nous aurait retrouvé, d’ici ce soir ? Il fallait croiser les doigts. De toute façon, le portoloin était là, si quelqu’un devait retracer sa route, il parviendrait jusqu’à nous. Si nous ne marchions pas pendant des heures vers on ne savait même pas quoi… Mais s’il y avait un vrai problème et que personne ne pouvait nous trouver…?

Une intuition.
Merveilleux.

J’avais confiance en elle, ça n’était pas le problème, mais la dernière fois qu’elle s’était sentie pousser des ailes, on avait tous failli mourir dans un incendie parce que personne n’était jamais venu nous tirer de là… Son intuition ne me disait rien qui vaille…

Tu prrréfèrrres rrrester ici ?

Je me contentai de hausser les épaules en lui emboîtant le pas. Peut-être que je l’aurais préféré, oui… Si quelqu’un venait à notre secours, il commencerait par là où nous avions atterri… Si nous n’y étions plus… Qui savait s’il continuerait ses recherches dans ce vide de tout ? Où que mon regard puisse se porter, il n’y avait rien. À la place de qui que ce soit, j’aurais rebroussé chemin bien vite. L’inquiétude monta d’un cran. Je jetai un regard à ma montre pendant qu’Erin, elle, scrutait derrière nous. Nous aurions dû être arrivés depuis cinq bonnes minutes déjà. Ceux qui nous attendaient, quels qu’ils soient, allaient bien finir par s’inquiéter, non ? Je savais que nous n’étions pas connus pour notre ponctualité, loin de là, mais rares étaient les fois où ça se comptait en heure… d’ici une quinzaine de minutes, les questions commenceraient sûrement à se poser… Ou, du moins, je l’espérais. N’aurait-il pas été plus judicieux d’attendre un peu sur place avant de partir en exploration ? Pas forcément longtemps… Juste une demi-heure, quelque chose comme ça, le temps de laisser au monde la possibilité de commencer à s’inquiéter. Admettons que nous soyons seulement dans un coin de son pays qu’elle ne connaissait pas… très très au nord vu le froid… on ne mettrait pas longtemps avant de nous retrouver… Je savais bien qu’elle disait qu’elle n’était pas chez elle mais, en toute objectivité, je ne connaissais pas la France entière même en y allant souvent. C’était impossible qu’elle ait une connaissance totale de la géographie norvégienne… aussi je m’accrochais presque désespérément à l’infime possibilité que nous ayons atterris très loin mais toujours entre leurs frontières…

Il faudrrrait peut-êtrrre laisser des trrraces du chemin que nous prrrenons…

L’idée n’était pas mauvaise, loin de là. Si nous devions revenir sur nos pas… ou si quelqu’un devait essayer de nous suivre… Mais il n’y avait rien, littéralement… Pas d’arbres auxquels accrochés des morceaux de tissus, pas de chemins bien nets près desquels abandonner quelques graviers… Nous étions entourés d’herbe à moitié gelée… et rien d’autre.

Et qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ? Un trou dans l’herbe ?

Il n’y avait aucune moquerie dans ma voix, j’étais tout à fait prêt à l’aider à faire des traces, sincèrement, mais je ne voyais pas lesquelles. Tout se ressemblait et nous n’avions rien sous la main… Même si nous trouvions des petits cailloux pour les semer, ils passeraient inaperçus… Plus les secondes passaient, plus notre situation me paraissait chaotique. Est-ce que je regrettais d’avoir accepté ces vacances en Norvège…? Oui, peut-être un peu… mais en même temps, je préférais être là que d’attendre inlassablement des nouvelles d’Erin sans pouvoir en obtenir. Risquer à moitié ma vie avec elle plutôt que de la savoir risquer seule la sienne…
Notre route finit par se poursuivre. Je ne savais pas ce qui nous attendait à l’arrivée… sûrement rien. Le bras de ma meilleure amie glissa sous le mien et son corps effaça maladroitement la distance qui nous séparait encore. Sa chaleur ne suffisait pas à faire taire le froid mordant mais son contact avait au moins le mérite de me rassurer un peu. J’avais toujours supposé que rien ne pourrait jamais nous arriver tant que nous étions ensemble et peut-être restait-il encore quelque chose qui y ressemblait, tout au fond de moi, même si tout aujourd’hui hurlait littéralement le contraire. Elle était là. Ça n’arrangeait pas tout, évidemment, mais elle était là. Je resserrai tant bien que mal mon étreinte sur son bras et tâchai de garder la cadence.

En prrrison pourrr un Pointe au Norrrd ? Ce serait exagérrré. Mais d’accorrrd. Pas de magie tant que nous n’y sommes pas contrrraints.
Exagéré mais pas impossible, répliquai-je alors que je shootai nerveusement dans un énième petit caillou qui trainait sur notre chemin, si nous ne sommes pas Norvège, c’est qu’on est entrés illégalement ailleurs alors évitons de rajouter d’autres lois violées à celle-ci…

Il y avait peu de chances qu’on nous en tienne réellement rigueur si les Ministères français et norvégiens expliquaient le problème mais si quelqu’un nous tombait dessus avant cela, potentiellement dans une langue qu’on ne parlait même pas, on passerait sûrement un sale quart d’heure si nous avions enchaîné les erreurs. C’était sûrement idiot mais je préférais rester prudent. Surtout qu’il n’y avait pas l’air d’avoir âme qui vive dans les environs, aussi toute trace de magie nous serait, à raison, attribuée. Mais puisqu’elle semblait d’accord pour nous éviter ça… tout irait bien… enfin… il fallait espérer… rien qu’un peu… Le paysage, affreusement monotone, me donnait l’impression de marcher depuis des heures, le froid engourdissant mes membres bien trop vite pour ne pas accentuer cette impression… Mes pensées voguaient laborieusement, engourdies elles-aussi, mais n’avaient aucune mal à se diriger droit sur les images de ma dernière prémonition… Une fois encore, ça semblait coller. Je n’étais pas au Ministère, et je n’y serais sûrement jamais, mais de toute évidence, on finirait par nous rechercher… Je me risquai à demander l’avis d’Erin sur la question alors que nous entreprenions tant bien que mal d’escalader ce qui ressemblait à une petite colline dont la pierre s’effritait presque à chaque pas.

C’est possible. Dans ta vision, le type demandait s’il y avait des nouvelles nous concerrrnant et s’ils avaient rrréussi à nous trrrouver ?

Je hochai simplement la tête. Oui, c’était quelque chose dans ce goût-là. Mais maintenant que j’y pensai, la réponse était négative, ce qui laissait entendre que nous en aurions pour un moment… Quand bien même ils étaient déjà au courant de notre mésaventure, il se passerait assez de temps pour qu’on entame les recherches, sûrement conjointement avec chez elle et chez moi, et pour qu’on puisse poser la question en espérant une réponse positive (quelques heures au moins)… en sachant que c’était non à ce moment-là… En toute objectivité, je peinais à envisager une issue positive… Si personne ne nous trouvait avant la nuit, sans eau, vêtement chaud ni nourriture, nous ne la passerions probablement pas.

Ça doit êtrrre ça, alorrrs. Je t’avais dis que je n’étais au courrrant de rien.

Je levai doucement les yeux au ciel en l’entendant, l’ombre d’un sourire se frayant un chemin sur mes lèvres comme il venait de le faire sur les siennes. Je n’avais jamais remis sa parole en question. Elle m’avait dit qu’elle ne savait pas, je l’avais cru sans hésitation. Mais le doute premier était tout de même légitime, non ? Enfin… Il m’avait paru l’être en tout cas.

Tu l’as mal pris ?

Je n’avais jamais eu l’intention de la vexer, bien loin de là. Je voulais juste savoir. Si je devais mettre les pieds dans quelque magouille toute sørensienne, il me semblait normal de savoir à quoi m’attendre. Mais il était vrai que, finalement, ils n’y étaient pour rien. Personne, en réalité… Tout avait été fait dans les règles, c’était un regrettable accident. En espérant qu’il ne nous soit pas fatal. Je voulais que nous en reparlions dans quelques semaines, tout en regards et sourires complices, nous moquant de nos difficultés et du temps sûrement interminables qu’il faudrait à des incapables pour nous mettre la main dessus.

Je dois t’avouer que ça n’était pas vraiment la fuite que j’imaginais.

C’était sûrement à peu près tout le contraire, même, en réalité… J’avais espéré quelque chose de plus sûr et confortable, juste elle et moi dans un cadre intime et rassurant. Profiter de quelques moments rien qu’à nous, oublier la bienséance et la pression parentale… Juste… juste n’être que des adolescents un peu idiots comme il y en a beaucoup. Certainement pas devoir lutter contre le froid et l’angoisse et errer sans but pendant je ne savais même pas combien de temps. Pendant ce temps, notre ascension toucha à sa fin. Devant nous, le même paysage interminable, fait de nuances de gris et de quelques taches verdâtres d’une végétation mal en point… à la différence près qu’un long ruban d’eau semblait courir d’un bout à l’autre de mon champ de vision. Mon bras se resserra doucement sur celui d’Erin. Je m’attendais presque à l’entendre réclamer des excuses pour avoir douté de son intuition. Tout à ma surprise, je ne fis pas très attention au reste, trop occupé à réaliser que nous aurions au moins de quoi tenir plus longtemps que prévu si jamais il le fallait…

Nous devrions longer la rivière, avec un peu de chance des gens vivront à côté.

Je ne savais même pas si c’était une rivière mais qu’importe. C’était de l’eau et un humain normalement constituer ne s’en éloignerait pas trop. Il fallait croiser les doigts pour trouver un village sorcier mais vu la situation, je ne prendrai pas la peine de cracher sur quelque habitation moldue pour un peu qu’il y fasse chaud… Quoi qu’il en soit un petit espoir venait de renaître : peut-être que tout n’était pas complètement fichu !
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyVen 10 Juil - 18:13

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Un claquement de langue réprobateur accompagne mon regard opalin que je viens river à celui de Junior. Sur ma paume tendue, ma baguette indiquait le nord, et moi, je décidai qu’il nous fallait aller au sud. Choix irrationnel, intuitif, inconsidéré peut-être, ou bien un savant mélange de tout cela, mais il avait au moins le mérite d’en être un. Il m’était inconcevable que nous restions plantés là, à côté des restes d’un portoloin qui avait failli à sa mission. La plaine battue par le vent froid était aussi terne que déserte : nous ne trouverions rien ici. Aucune garantie ne nous assurait de trouver quoi que ce soit ailleurs, certes, nous étions peut-être à des centaines de kilomètres de toute vie, mais je ne pouvais me résoudre à geler sur place sans tout tenter pour créer notre chance. Le ton boudeur de mon meilleur ami me fait lever les yeux au ciel mais je ne réplique pas l’évidence : s’il pouvait y avoir de la vie d’un côté, il pouvait y en avoir de l’autre. Nous n’avions aucune indication pour étayer telle ou telle intuition, il fallait donc s’y fier. Un sifflement agacé m’échappa cette fois alors que son scepticisme se teinte d’ironie. Préférait-il rester ici ? à atteindre, sans bouger, que l’on nous retrouve ? Je pouvais dresser le menton d’un air aussi prétentieux qu’à l’accoutumée et me targuer d’être habituée aux températures polaires que la Norvège revêtait chaque hiver, il n’empêche que nous n’étions pas habillés pour affronter cette brise glaciale qui s’infiltrait déjà sous nos vêtements. Ne rien faire signerait notre perte. Ne le voyait-il donc pas ? Il ne pouvait décemment pas préférer rester ici, au milieu de cette étendue infinie et monochrome. Qu’importe que je trouve cela stupide, pas un seul instant l’idée de l’abandonner derrière moi comme l’enfant capricieux et boudeur qu’il pouvait devenir ne me traversa l’esprit. Je préférais mourir de froid avec lui que de chercher une aide quelconque seule. Aussi ma question resta-t-elle en suspens quelques secondes, le temps qu’il se décide et détermine, par la même occasion, la direction qu’allait prendre les prochaines minutes. Il hausse les épaules et amorce un pas jusqu’à moi, réchauffant notablement la flamme qui dansait au fond de mes prunelles.

Quelques pas plus loin à peine, je me retourne, éventrant le vide en silence, cherchant une façon pour indiquer à Grand-Père la direction que nous avions prise lorsqu’il arriverait à localiser notre portoloin. L’idée franchit mes lèvres et rencontre, à nouveau, le pragmatisme défaitiste de mon meilleur ami. Mon regard qui se braque sur le sien, accusateur. Oui, pourrrquoi pas. Je n’avais cependant perçu aucune raillerie dans son ton, simplement la constatation dépitée que nous n’avions pas vraiment de cartes en main pour nous aider, aussi ne me vexai-je pas plus longtemps. Loin de me laisser abattre, je fouille du regard cette terre étrangère dépouillée de tout. Nous pouvions trouver une manière de signaler notre présence, rien n’était impossible. Je peinais simplement à en concevoir une qui ne fasse pas usage de la magie : un Deprimo lancé sur le sol aurait été parfaitement efficace, mais la gravité de Junior me retenait d’en faire usage. Il jugeait déjà d’un mauvais oeil le sortilège de Pointe au Nord lancé par mes soins, je ne devais pas jouer avec ses limites. Pas ici, pas maintenant. Après un silence de plusieurs longues secondes, je finis par me mettre en mouvement. Le sol était dur, l’herbe était gelée, aucun arbre ne poussait sur ce sol qui peinait à accueillir la vie. Sous nos pieds crissaient des graviers par milliers que je rassemblais par grands gestes, encore et encore, pour en faire un tas. Approximatif, tout d’abord, mais qui, nourrit de dizaines et dizaines de ces pierres froides, commença à prendre forme. En m’éloignant de quelques pas, je trouvais un caillou aussi gros qu’un cognard que je posai en équilibre sur le reste. J’époussette mes mains sur mon pantalon avant que ma baguette ne retrouve sa place, entre mes doigts. Au moins, j’essaye fais-je en reportant mes yeux clairs sur mon meilleur ami, prévenant ainsi toute remarque qui pourrait s’avérer moqueuse. Mon tas de cailloux n’avait rien de bien impressionnant, il m’arrivait au milieu du mollet à peine, mais cela restait un relief certain sur cette surface plane et pourrait ainsi baliser notre route. Ce n’était probablement pas grand chose aux yeux de mon meilleur ami, cela n’avait guère de valeur aux miens non plus, mais cela aidait à conserver cette impression de maîtrise que je détestais perdre.

Nous reprenons notre marche, enveloppés de la prudence de Junior qui tentait, tant bien que mal, de garder mon impulsivité endormie. Je ne voyais pas quels ennuis Grand-Père ne pourrait pas résoudre d’un regard sévère et d’un lien parfaitement tiré, mais je n’avais pas envie de me disputer avec mon meilleur ami pour si peu. Pour l’instant, et tant que cela ne deviendrait pas une nécessité, je voulais bien consentir à garder ma magie pour moi. Néanmoins, il me semblait exagéré de craindre la prison alors que nous étions les victimes de cette triste aventure : le portoloin s’était avéré défectueux, ça n’était quand même pas à nous de payer alors que nous essayions simplement de nous en sortir. En silence, je resserre un peu mon étreinte autour de son bras. Ce n’était pas vraiment ainsi que j’avais imaginé que débuteraient notre séjour chez les miens. Et si je ne voyais là qu’un contretemps, certes désagréable, mais loin d’être définitif, je connaissais trop bien Junior pour ne pas supposer qu’il était entrain de regretter, au moins à moitié, d’avoir accepté ces vacances chez moi. Pas de Norvège, pas de portoloin, pas d’errance dans un paysage désolé. Le lien était aisé à faire mais pas moins amer. Ce n’était pourtant pas dans mes habitudes de penser à ce que Junior pouvait bien ressasser, je préférais confronter nos points de vue jusqu’à ce que le mien l’emporte, bien souvent. Mais dans ce silence que dessinaient la buée de nos souffles, mon esprit avait choisi ce chemin-là. Celui de mon meilleur ami, visiblement, en avait emprunté un tout autre. Sa vision prenait un tout autre sens à la lumière de notre situation, mais les faits collaient et semblaient cohérents. Bien plus, à mon sens, que m’imputer la faute d’une fuite qui mènerait les autorités à nos trousses. Aucune de mes frasques ne m’avait jamais conduite à une telle extrémité, j’y veillais, un petit peu. Finnbjörn s’assurait du reste et Grand-Père de tout.

Lancés à l’assaut d’un monticule que nous pourrions qualifier de colline, j’abonde dans son sens. Maintenant que nous étions là, perdus loin de chez moi à cause d’une erreur que les responsables paieraient cher, je m’en assurerai, il paraissait inconcevable que ce soit quoi que ce soit d’autre. Sa question me fait lever les yeux jusqu’aux siens, mélange d’assurance et d’incrédulité. Oui répondis-je, mon ton taillant cette évidence dans le vif, railleur. Nous passions une merveilleuse soirée, et si je ne lui imputais nullement les réveils qui s’étaient succédés, car il n’y était pour rien, ne maîtrisant ni ses cauchemars, ni son don, j’avais bien moins apprécié d’être la cible de ses doutes et ses reproches alors que, quelques heures auparavant, nous projetions de nous enfuir tous les deux et nous perdions dans des caresses et des rires que j’aurais voulu ne jamais cesser. Evidemment que ses accusations voilées m’avaient vexée. J’étais bien trop tendre avec lui pour lui en tenir plus longtemps rigueur, et l’amertume s’était effacée lorsque nos doigts s’étaient retrouvés et que nos pas nous avaient conduits jusqu’au lac, mais tout de même. C’est parrrce que ce n’est pas celle que je te prrréparrre. La vrrraie serrra parrrfaite. Et plus chaleurrreuse fis-je avec une pointe moqueuse, mon souffle chaud se chargeant de nous rappeler à quel point il faisait froid ici, un nuage blanc se dessinant brièvement devant mes traits. Comment tu l’imaginais ? Ma question ponctue notre arrivée au sommet de cette colline et mon sourire espiègle s’efface alors qu’un regard rapide ne nous permet de constater qu’une étendue toujours aussi vide. Ce n’était pas le bleu qui sciait le paysage en deux qui pourrait être source de réconfort. Dans un soupir un brin dramatique, je me détourne de l’horizon pour partir en quête de pierres. Puisque j’avais entassé un premier monticule, autant poursuivre. J’en forme un second, plus ou moins similaire au premier, au moins aussi haut. Je ne sentis pas tout de suite la morsure d’une coupure sur mon index, mes doigts engourdis par le froid, ma sensibilité grandement réduite. Une petite goutte de sang vient tacher mon pantalon alors que je m’essuie une nouvelle fois les mains, sans que je n’en fasse grand cas. Ce n’était même pas douloureux et vraiment pas très profond.

Si des gens vivent ici, ce serrrait logique qu’ils soient prrroches de l’eau, en effet. Ma voix grognon disparaît alors que je porte mon doigt blessé à ma bouche, suçotant distraitement la plaie pour ne plus avoir à m’en préoccuper. Je ne sais pas où nous sommes, mais ça ne peut pas êtrrre la Norrrvège : c’est bien trrrop dénué de tout charrrme. Descendre s’avéra un peu plus ardu que monter. La pente était moins douce et les cailloux roulaient sous nos chaussures, menaçant de nous faire glisser jusqu’en bas de la butte dans un élan assurément douloureux. J’échappai de peu à l’une de ces chutes : mon pied se posa sur un bout de terre qui décida subitement qu’il serait bien mieux quelques mètres en bas, et je ne retrouvai mon équilibre qu’en battant maladroitement des bras avant de me rattraper à Junior. Ça avait un arrière-goût d’une autre soirée, en bien moins plaisant. Qu’est-ce que... Plissant les yeux, je scrutai l’horizon, essayant de retrouver cet éclat étrange qui avait attiré mon attention, sans succès. J’ai crrru voirrr quelque chose parrr là-bas expliquai-je finalement à Junior, en haussant les épaules, avant de reprendre notre cheminement mal assuré. C’était sûrrrement le soleil. Un reflet, un angle bien particulier… qui sait.
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyDim 12 Juil - 22:51



The cold never bothered me anyway
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Peu à peu, la réalité s’imprégnait dans mon esprit : nous étions perdus. Juste là, au milieu de nulle part, sans personne à contacter ni endroit où aller… Bien sûr, on se mettrait sûrement à notre recherche… je l’espérais du moins… mais dans combien de temps ? Une éternité, à n’en pas douter… Plusieurs heures avant qu’on nous localise, dans le meilleur des cas, et sûrement une poignée d’autres avant qu’on puisse venir nous récupérer… J’aimais à croire qu’on tiendrait jusque là mais devais bien admettre que j’en doutais malgré moi. C’est qu’il faisait affreusement froid ! Si je m’étais plaint de risquer l’hypothermie en me glissant dans les eaux froides du lac en sa compagnie, il était évident que nous y aurions le droit cette fois-ci ! Il fallait que l’on bouge, que l’on s’active, mais je ne voyais ni pour aller où ni pour quoi faire. Partir de cet endroit signifiait rater potentiellement les secours et le rien qui nous entourait limitait les chances de pouvoir laisser la moindre trace pour nous retrouver. La peur m’empêchait de réfléchir logiquement et la seule chose qui me parvenait encore correctement était la fin qui nous attendrait bientôt. J’espérais que ça aurait au moins le mérite d’être rapide et sans douleur… Je ne m’étais jamais renseigné sur ce que l’on pouvait bien ressentir en mourant de froid… Erin semblait à des kilomètres de ces considérations là. Elle voulait faire quelque chose. N’importe quoi. Et c’était certainement tout à son honneur… Personnellement, j’avais juste envie de m’asseoir à côté des restes de notre portoloin et de prier pour qu’on vienne rapidement nous chercher. Est-ce qu’elle l’avait compris ? Sûrement… Son regard le laissait en tout cas largement entrevoir.

Oui, pourrrquoi pas.

Mais elle ne paraissait pas satisfaite pour autant. Est-ce que nous avions beaucoup mieux pour l’instant ? Je nous voyais presque déjà écrit un grand « help » en creusant le sol dans l’espoir qu’un idiot passant au-dessus d’ici en balai, en cheval ou qu’importe son moyen de locomotion puisse nous venir en aide mais déjà ma meilleure amie s’éloignait, s’échinant à rassembler des poignées entières de cailloux. Son petit monticule reprenait forme doucement et elle termina son oeuvre par un caillou plus gros. L’idée était loin d’être mauvaise, bien sûr, mais les couleurs du paysage, toutes grisâtres comme sa pyramide approximative, ferait rapidement disparaître notre repère, à moins qu’on soit assez proches pour voir qu’il s’éloignait du ras du sol… Elle essuya ses mains sur son pantalon, ce qui m’arracha une moue passablement dégoûtée, avant de reposer son regard clair sur moi. Je haussai simplement les épaules.

Au moins, j’essaye.
Je n’ai rien dit.

Je lui reconnaissais sans broncher le mérite de tenter quelque chose là où je ne le faisais absolument pas. Notre route reprit, le bras d’Erin glissé sous le mien, sa chaleur m’enveloppant de plus en plus faiblement à mesure que les mètres passaient. Combien de temps avant que nous ne la ressentions plus du tout ? Je sentais le bout de mes doigts devenir un peu douloureux, chaque muscle de mon corps luttant vainement contre les tremblements. C’était l’Enfer sur Terre. Qu’importe si on l’imaginait brûlant, je ne voyais pas d’endroit plus horrible que celui-ci. Sans se concerter, on garda le silence un moment. Il n’y avait sûrement pas grand chose à dire de toute façon. Nous étions pleinement impuissants. Notre survie ne dépendait plus vraiment de nous, seulement du temps que mettraient nos familles respectives à réaliser que nous n’étions nulle part et les autorités à faire correctement leur travail. En attendant, il nous faudrait tenir en espérant… Croiser les doigts pour trouver un village au hasard des intuitions de la Poufsouffle… Beaucoup de hasard… Trop même… Nos pas nous menaient vers le Sud, ou du moins c’est ce qui était prévu. J’aurais été incapable de dire si nous avions dévié ou non. Je ne réfléchissais plus vraiment à notre route. Tout était trop similaire, trop mort pour constituer le moindre repère auquel s’accrocher. Il n’y avait qu’une colline caillouteuse dont on entama tant bien que mal l’ascension… Je n’avais aucune idée où tout ça allait nous faire atterrir… Je ne pense pas que je croyais réellement à une fin positive. Il n’y aurait rien dans ce désert gelé. Rien de plus que ce que nous y avions vu : des cailloux, de l’herbe et puis nous.

Oui, me fit-elle savoir d’un ton railleur après que je lui ai demandé si mes doutes avaient été mal pris.

En réalité, ça n’était même pas vraiment des doutes… Seulement une vague incertitude…? Je n’avais pas cherché plus loin quand elle m’avait dit qu’elle ne savait rien. Je l’avais crue, sans plus d’hésitations. J’avais seulement envisagé qu’elle ne m’ait pas tout dit de prime abord… Pas forcément pour me cacher quoi que ce soit, je n’en savais trop rien… Ses dernières confidences m’avaient valu un tête-à-tête qui avait laissé des traces alors… elle aurait très bien pu vouloir m’éviter autre chose.

Je suis désolé. Ça n’était en rien mon intention.

Je n’étais pas certain d’en avoir eu la moindre. J’étais juste là, au milieu d’une nuit compliquée, à devoir gérer les angoisses qu’un avenir incertain me dessinaient. Tout était sûrement possible. Ça parmi le reste. Et elle était la seule que je pouvais interroger dans l’espoir d’en apprendre davantage. Je comprenais qu’elle ait pu être vexée, sincèrement, et je ne l’avais jamais voulu… J’avais seulement improvisé… visiblement très mal. Elle n’avait pas eu l’air de m’en tenir rigueur bien longtemps, notre complicité se défaisant sans le moindre mal de la rudesse de mes questions. Et je n’étais même pas sûr qu’elle aurait abordé le sujet aujourd’hui si je ne l’avais pas fait en premier. Je resserrai doucement mon étreinte sur elle alors que nous approchions du haut de la colline.

C’est parrrce que ce n’est pas celle que je te prrréparrre. La vrrraie serrra parrrfaite. Et plus chaleurrreuse.

Sa bêtise me tira un sourire un peu violacé. Je ne doutais pas qu’une fuite organisée par ses soins puisse être infiniment mieux que celle-ci. Pire serait de toute façon bien compliqué. Si nous survivions à ça, je voulais bien la suivre au bout du monde, peu importe où elle voudrait m’emmener. Je promettais de n’opposer aucune résistance ni même de me plaindre de son choix. Seulement de profiter d’avoir droit à une seconde fois.

Comment tu l’imaginais ?
Parfaite et plus chaleureuse, soufflai-je avec un amusement attendri alors que nous achevions enfin notre escalade.

Devant nous, le paysage recommençait inlassablement, à ceci près qu’il y avait de l’eau. Un détail non négligeable vu notre situation ! Il fallait espérer que des gens se soient mis en tête de vivre dans les environs… N’importe qui tant qu’ils étaient prêts à nous accueillir le temps qu’on vienne nous récupérer. Idéalement des sorciers, bien sûr, d’autant plus que je ne voyais pas comment expliquer à des moldus que nous étions arrivés là par hasard et que nous ne savions même pas comment retourner chez nous. Ça n’aurait à leurs yeux aucun sens… On passerait seulement pour des aliénés… Finalement, le bras d’Erin s’arracha au mien. Le froid ne fut que plus présent encore, tant et si bien qu’un frisson me parcourut avant même qu’elle n’ait eu le temps de me tourner le dos. Elle se remit en quête de pierres pour son tas et je fis l’effort de me joindre à elle. Sans enthousiasme, sans même l’impression de faire quelque chose d’utile mais pour garder en tête que nous étions dans le même bateau et qu’il fallait que nous nous serrions les coudes jusqu’au bout. Je lui passai quelques pierres et finis par l’imiter, essuyant mes mains sur mon pantalon non sans un pincement au coeur. Bien sûr, il était déjà sale à cause de notre atterrissage pitoyable mais tout de même… Nous étions bien loin des manières inculquées par mes parents et je trouvais ce geste tout juste bon pour le bas peuple. Erin glissa son doigt entre ses lèvres, comme si elle s’était coupée. Il fallait espérer que ça ne soit pas grand chose de grave, si en plus nous nous blessions, nous n’étions certainement pas au bout de nos peines…

Tu t’es fait mal ?

Une fois rassuré, je reportai mon attention sur cette eau prometteuse. Ça ne voulait peut-être rien dire mais nous avions un repère et cela suffisait à faire renaître l’espoir. Nous pourrions suivre la rive jusqu’à ce qu’on tombe sur autre chose… Peut-être que ça n’était pas le sud, j’en savais rien, mais tant pis. Si quelqu’un avait posé une maison dans les environs, il y avait de grandes chances qu’elle en soit proche plutôt que posée au milieu de rien seulement parce qu’il s’agissait un peu plus du sud.

Si des gens vivent ici, ce serrrait logique qu’ils soient prrroches de l’eau, en effet.
Je ne dis pas toujours que des bêtises.

C’était rien d’autre qu’une phrase taquine, sûrement la preuve que je me reprenais un peu… Juste un peu… Nous étions loin d’être sortis d’affaire et j’en avais plus que conscience mais qu’importe. Tout n’était pas perdu. Peut-être pourrions-nous nous mettre bientôt à l’abri. J’espérais. Je l’espérais vraiment.

Je ne sais pas où nous sommes, mais ça ne peut pas êtrrre la Norrrvège : c’est bien trrrop dénué de tout charrrme.

Je levai les yeux au ciel en l’entendant et la suivis alors qu’elle amorçait notre descente. Honnêtement, il m’avait semblé bien plus simple de monter. Les cailloux roulaient sous nos semelles, menaçant notre équilibre à chaque pas. Je gardais un oeil sur l’endroit où je mettais les pieds, l’autre sur Erin qui peinait autant que moi. Elle finit par glisser, se retenant tant bien que mal de chuter. Je me hâtai de descendre jusqu’à elle et laissai filer mon bras autour de sa taille pour l’aider à se stabiliser. Cela rappelait d’autres moments, tout aussi froids mais bien plus délicieux. Qu’il me tardait de pouvoir me vautrer dans un lit ! Blotti contre elle… Bercé par son souffle tranquille… Loin de la mort imminente qui planait sur nous depuis ce qui me semblait être une éternité… Même pas une heure d’après ma montre… L’heure était toujours française mais elle me permettait au moins de voir les minutes qui défilaient…

Ça va ? Tu n’as rien ?

Je n’étais pas très pressé de la lâcher. C’était le seul instant agréable que nous connaissions depuis que nous avions quitté les environs de Cherbourg. Mes doigts abandonnèrent doucement une caresse sur sa hanche avant de consentir, péniblement, à lui rendre sa liberté. Il fallait que nous reprenions notre chemin. Qui savait combien de temps nous avions avant la tombée de la nuit ? Mieux valait nous assurer d’avoir un endroit où la passer avant qu’elle ne survienne…

Qu’est-ce que…
Quoi ?
J’ai crrru voirrr quelque chose parrr là-bas.

Mon regard se mit machinalement à scruter l’endroit qu’elle m’avait désigné. Je n’y vis rien. Seulement le même paysage à vous rendre dépressif… Erin ne semblait pas le revoir non plus puisqu’elle finit par hausser les épaules et reprendre prudemment sa route.

C’était sûrrrement le soleil.

Oui, sûrement… Mais j’avais du mal à m’en détacher malgré tout. Et s’il y avait vraiment quelque chose par là-bas ? Est-ce que nous pouvions réellement nous permettre de le louper si bêtement ? Ma persévérance paya puisqu’un instant plus tard, le soleil tapa à nouveau sur quelque chose qui le réfléchit. J’étais incapable de dire de quoi il s’agissait mais il y avait bien quelque chose dans cette direction, quelque chose qui n’était pas un simple caillou ou de l’herbe gelée. C’était mieux que tout ce que nous avions jusque là ! Il fallait aller voir !

Tu as raison, m’écriai-je en lui emboîtant le pas, essayant de marcher vite pour rattraper mon retard, il y a bien quelque chose là-bas !

Malheureusement, dans ma précipitation, j’oubliais de faire attention à là où je mettais les pieds, si bien qu’un morceau de roche se détacha et m’emporta avec lui. J’eus beau tenter de me rattraper, rien n’y fit et ma course s’acheva douloureusement une dizaine de mètres plus bas. Sonné, je mis un moment à parvenir à me redresser. Mon dos me faisait un mal de chien… Mon pantalon s’était déchiré au genou et laissait voir une blessure peu profonde mais sanguinolente… Mes mains n’étaient pas dans un meilleur état… Un soupir gémissant m’échappa bien malgré moi. C’était sûrement les pires vacances que l’on pouvait imaginer et si l’on devait vraiment venir nous chercher, je ne pouvais qu’espérer qu’on le fasse très vite avant qu’un véritable accident ne survienne. Et vu la malchance que nous semblions nous traîner aujourd’hui, je ne doutais pas qu’il surviendrait…
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyMar 14 Juil - 18:22

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Il n’avait rien dit, c’est vrai, mais il n’en pensait pas moins. Son regard clair rivé dans le mien était comme une fenêtre par laquelle je discernais sans peine les doutes et les réticences qui l’habitaient. Il désapprouvait toute initiative, sans vraiment avoir d’alternative à proposer. Faire usage de la magie pouvait avoir des conséquences dramatiques et s’éloigner du portoloin brisé également. À mes yeux, l’inverse en avait tout autant. Qui oserait nous reprocher d’avoir lancer quelques sortilèges pour notre survie alors que nous étions ici à cause d’une défaillance des services ministériels ? Ce ne pouvait être que cela, après tout : l’incapacité crasse d’employés idiots. Et ne pas bouger de notre point de chute, c’était sentir le froid nous envahir sans nulle part où nous abriter. Il ne fallait pas tenir très longtemps, Grand-Père nous retrouverait vite, mais je ne pouvais accepter pour autant de rester prostrée à côté des morceaux éparpillés, représentatifs d’un début de vacances avorté. C’était probablement la raison pour laquelle nous nous remîmes en route, mon bras se glissant sous le sien pour trouver un peu de cette chaleur et de cette proximité qu’il me semblait avoir délaissées bien trop longtemps.

Alors, cette vision qui avait marqué la fin de notre nuit sous les étoiles étaient probablement liée à notre errance présente ? Le lien était logique et cela signifiait que le Ministère serait tôt ou tard à notre recherche. Nous n’avions rien d’autre à faire que de tenir jusque là. Que ce soit une heure, trois ou même cinq, nous pouvions y arriver et nous serions chez moi avant d’avoir pu pleinement prendre conscience de là où nous nous trouvions. C’était du moins la certitude, pour l’instant inébranlable, qui me poussait toujours plus en avant. Doucement, mes doigts pressent les siens, volonté conciliante de lui faire savoir que je ne lui en tenais plus rigueur. Si le réveil avait été brutal et pas franchement agréable, devoir me justifier, encore moins, cela n’avait pas duré très longtemps. Et l’avenir m’avait donné raison. Peut-être pas de la meilleure des manières, mais qu’importe. Nous étions ici et nous devions faire avec. La prochaine fois, si prochaine fois il y avait, je saurais lui rappeler ce précédent pour dissiper n'importe quel doute. Je le lui avais promis, après tout : plus de secret.

Retrouvant un peu de ma prétention habituelle, j’arrache un faible sourire à Junior. Il était hors de question que le jour de notre fuite soit autre chose que parfait, et il était certain qu’elle ne ressemblerait à rien de tout ça. Quel que soit cet endroit, il ne serait pas sur la liste des destinations potentielles. Nous ne serions que tous les deux, à nouveau, mais ce serait dans un contexte bien plus agréable et propice à nous perdre sur nos chemins habituels. Je réponds avec un rire amusé et un sourire qui fait briller jusque mon regard. Parfaite et chaleureuse, c’était tout à fait dans mes cordes d’organiser une fuite pareille. Tout amusement s’efface cependant alors que nous arrivons en haut de la butte et qu’un paysage similaire à celui que nous venons de parcourir s’étale sous nos yeux. La seule différence, c’était cette étendue d’eau qui ajoutait une touche de bleu glacial aux teintes déjà austères. Rien de plus, pas la moindre habitation… comme si quelqu’un aurait voulu s’installer dans le coin. Mon soupire accompagne mes gestes alors que je me mets en quête de pierres pour réaliser le second tas ponctuant notre cheminement. Et cette fois-ci, Junior se joint à moi, faisant naître en moi la douloureuse constatation que nous n’étions pas à notre place. L’indignation était, pour l’instant, ensevelie sous l’urgence et le besoin de reprendre le contrôle sur une situation qui nous échappait en tout point, mais dès que cela serait derrière nous, elle se réveillerait, brûlante, et exigerait que le fautif soit puni à la hauteur de l’outrage qui avait été commis.

Non, c’est rrrien répondis-je en reportant mon doigt entre mes lèvres. Une petite coupure à peine, quelques gouttes de sang qui s’en écoulaient, pas de quoi s’inquiéter, pas même de quoi éveiller notre intérêt. Il y avait bien plus douloureux et bien plus grave qu’une petite égratignure de rien du tout. Je n’ai jamais affirrrmé que tu en disais toujourrrs… mais souvent ! Un sourire taquin revient danser sur mes lèvres alors que mes doigts retrouvent les siens. Même perdus au bout du monde, il y avait des réflexes qui ne s’effaçaient pas totalement, comme ce besoin instinctif de sentir sa chaleur contre la mienne et cette habitude espiègle de nous chamailler. Pour l’instant, celui de nous vexer réciproquement et de nous bouder ne semblait pas à l’ordre du jour ; il fallait espérer qu’il ne pointerait pas le bout de son nez au milieu de ce plateau désertique.

La descente que nous amorçons s’avère plus chaotique que la montée. Les pierres roulaient, traîtresses, sous nos pieds mal assurés. J’ouvrai la voie, tentant tant bien que mal de ne pas glisser, ou pire, de tomber. Il y avait bien une dizaine de mètres entre nous et la fin de la pente. Un instant, mes yeux opalins se perdent aux pieds de cette colline. Une seconde ou deux à peine, suffisantes pour que mon équilibre, déjà précaire, ne vacille un peu plus, accentué par la terre qui céda sous moi. Junior me rattrapa avant que la glissade ne devienne une chute douloureuse, me rappelant une autre fois, sur des toits tout aussi froids, mais où tout semblait plus facile. Je secouai silencieusement la tête pour lui signifier que je n’avais rien, profitant de cette étreinte qui en appelait d’autres. L’immense décalage entre ce que nous avions prévu et ce que nous affrontions présentement se manifesta dans toute son ampleur, me poussant à me lover contre lui, quelques secondes seulement, quelques secondes de plus. Sa chaleur enveloppant la mienne, ses mains perdues sur ma taille, les miennes autour de son cou, je savourais les quelques instants de tendresse volés à cette expédition polaire. J’abandonnais une caresse froide sur sa joue qui l’était au moins autant. J’aurais préféré me perdre dans ses bras et dans nos étreintes sans fin plutôt que de devoir continuer d’avancer vers on ne savait où. Mais s’il était tentant de plonger dans son regard clair et de m’y perdre, ce n’était ni le lieu, ni le moment. Mes lèvres effleurent doucement sa joue à la suite de mes doigts avant que nous ne retrouvions chacun une liberté dont je ne voulais pas vraiment.

Pour la seconde fois, un éclat attira mon attention, disparaissant aussi vite qu’il s’était manifesté. C’était peut-être rien, sûrement un tour de mon esprit ou bien les reflets du soleil sur l’eau mouvante. Haussant les épaules, c’est ce que je conclus à voix haute à l’attention de mon meilleur ami. Avec une attention décuplée, je me remets en route, sur la pointe des pieds, veillant à éviter les pierres fourbes et leurs échappées perfides. Derrière moi, la voix de Junior, animée d'une excitation absente jusque là, me fait me retourner. Il y avait quelque chose ? Qu’est-ce que tu... Ma voix mourut au bord de mes lèvres alors que mon meilleur ami tanguait dangereusement, le vide se créant sous ses pieds, l’emportant avec lui. Juniorrr ! Mon cri n’arrêta pas sa chute, pas plus que ma main vainement tendue pour le rattraper. Déstabilisée par mon geste, je me raccrochai maladroitement à ce que je pouvais, m’évitant ainsi de l’imiter. Ma baguette tendue était déjà en retard pour amortir sa chute et j’assistai, impuissante, à la fin de cette dégringolade si rapide et si lente à la fois. Des mètres plus bas, il ne bougeait pas. Le coeur battant un peu plus vite à chaque seconde, émaillant ma descente de jurons en tout genre, je me dépêche de le rejoindre, aussi vite que possible. Je me fichais pas mal de salir mes vêtements de la poussière que soulevaient mes mouvements désordonnées, ou que mes mains s’écorchent sur les prises instables que je parvenais à saisir pour m’aider à descendre plus vite. Je n’en avais rien à faire non plus de tomber à mon tour, je voulais juste m’assurer qu’il allait bien et faire taire cette étrange angoisse qui pulsait au même rythme que mon coeur agité.

Lorsque j’arrivai enfin à sa hauteur, il s’était assis, l’air hagard mais vivant. Me laissant tomber à genoux avec toute la précipitation qui caractérisait mon inquiétude, j’entourai son cou de mes bras, enfouissant mon visage dans son cou. On était perdus, sur des terres inconnues, peut-être à l’autre bout du monde, et il fallait qu’il se montre maladroit ! Je me reculai après de longues secondes, plantant un regard ombragé dans le sien. Ce n’était pas de la colère, pas même des reproches, mais une émotion que je ne ressentais jamais en temps normal et qui se traduisait bien maladroitement par un visage orageux. Tu ne dis pas que des bêtises mais tu en fais beaucoup fis-je avant de laisser mes yeux se perdre sur le reste de sa silhouette. Bien à l’abri dans ma poitrine, les battements ne s’étaient pas calmés, bien au contraire. Son genou saignait, il était couvert de poussière, et la main que j’attrapai était bien plus écorchée que les miennes. Tu as quelque chose de cassé ? soufflai-je finalement, le front plissé par le trouble qui ne me lâchait pas. Je crrrois que c’est typiquement une situation où j’ai le drrroit de fairrre usage de la magie. Je ne lui demandais pas vraiment son autorisation : il était hors de question qu’il reste dans cet état. Pourtant, je l’interrogeais silencieusement du regard avant de faire quoi que ce soit.
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyMar 14 Juil - 23:54



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Je ne savais pas jusqu’à quand nous allions marcher ainsi, errant sans but ni repère dans un désert qui me paraissait sans fin. Est-ce que nous trouverions quelque chose ou bien nous contentions-nous seulement de rendre plus difficile notre recherche ? Là encore, je n’en savais rien, j’osais à peine espérer, suivant simplement Erin parce que c’était sûrement ce qu’il y avait de mieux à faire… Je n’étais pas certain qu’elle sache mieux que moi ce qui était en train de nous arriver mais elle avait le mérite de faire assez semblant pour me convaincre. Il fallait bien faire quelque chose, de toute façon. Rester là, au gré du vent et du froid, nous annonçait une fin certaine pour un peu que les secours mettent du temps à arriver. Et ils en mettraient, j’en étais certain. Honnêtement, je ne pensais pas qu’ils en mettraient autant et je crois que même dans mes pires cauchemars je ne l’aurais jamais envisagé. Mais je savais que tout n’arriverait pas en un clin d’oeil, j’avais vaguement conscience de la situation dans laquelle nous étions et une idée assez claire des accords que les différents gouvernements devraient faire jouer pour nous récupérer. Sans savoir où nous étions, il y en avait déjà deux ou trois en jeu alors pour un peu que nous soyons loin de tout ce que nous connaissions, loin des traités qui régissaient le monde magique, ça pourrait s’avérer affreusement compliqué. Est-ce qu’Erin avait en tête les mêmes réalités que moi ? Je n’en étais pas convaincue. Je la connaissais assez pour savoir que la foi qu’elle avait en les siens dépassait tout, même parfois l’entendement, aussi je n’aurais pas été étonné qu’elle envisage que ça n’était qu’une question de minutes avant que ses parents ou grands-parents ne fassent jouer leurs relations pour nous tirer de là. Quand bien même j’avais une totale confiance en les capacités de ma propre famille, je m’estimerais heureux si ça ne mettait qu’une dizaine d’heures… On parvint finalement à la fin de notre ascension, tombant sur une suite qui s’annonçait quasi similaire à ce début pourtant chaotique. Il y avait de l’eau, voilà toute la différence. Dans le fond, c’était suffisant pour me redonner espoir mais ça ne changeait pas grand chose à la marche qui nous attendait. Face à nous, rien. Pas de village, pas même une maison isolée… Absolument rien… Erin se mit en tête de faire une nouvelle sculpture de cailloux, je l’y aidais tant bien que mal. Nous étions loin de ce que nous connaissions. D’ordinaire, j’aurais eu quelqu’un pour faire ça. N’importe qui. Un elfe, un cousin, peu importe… Mais là, c’était elle, et il m’avait semblé normal de lui prêter main forte. Je refusais de me reposer sur elle jusqu’à ce que nous soyons tirés d’affaires. Elle méritait mieux.

Je n’ai jamais affirrrmé que tu en disais toujourrrs… mais souvent !

Je levai les yeux au ciel et serrai doucement sa main dans la mienne. Elle exagérait, je n’en disais pas tant que ça ! Quelques unes, parfois… Rarement. Mais ça ne faisait rien. C’était rassurant de retrouver ce que nous étions alors que le monde que nous connaissions s’était fait la malle sans que nous puissions rien faire pour le rattraper. Elle était là, égale à elle-même, et notre relation n’avait pas changé davantage. Au milieu de ce vide à perte de vue, aucun repère ne me serait jamais paru préférable. Tant bien que mal, on entama notre descente. Pire encore que la montée… Les cailloux manquaient de voler notre équilibre à chaque pas et l’appréhension faisait trembler mes jambes plus encore que le froid. J’étais tendu, sûrement plus que je ne l’avais jamais été. Tendu au point que c’en devenait douloureux. Malheureusement, un rocher suicidaire manqua d’emporter ma meilleure amie. Elle parvint à éviter le pire et j’arrivai à la stabiliser. Plus de peur que de mal. Je ne sais pas quel spectacle nous offrions, ainsi accrochés l’un à l’autre au milieu d’une colline rocailleuse, mais j’aurais aimé que ce moment dure toujours. Depuis que j’étais levé, c’était sûrement ce que j’avais connu de plus agréable. C’était dommage que ça arrive au pire moment, alors que nous jouions un peu contre la montre. Dans notre malheur, j’avais l’impression d’avoir de la chance : elle était là. C’était sûrement idiot dans le fond, et j’aurais préféré mille fois la savoir en sécurité, bien sûr, mais quitte à devoir partager cet Enfer avec quelqu’un, j’aimais autant le faire avec la seule sur laquelle je savais pertinemment pouvoir compter. Ses doigts s’attardèrent sur ma joue, ils me semblèrent plus glacés encore, puis ses lèvres les remplacèrent, m’arrachant un frisson plus doux et une chaleur diffuse qui ne dura qu’un instant.

Avant de reprendre notre route, elle laissa entendre qu’elle avait aperçu quelque éclat un peu plus loin, m’indiquant une direction aussi vide que le reste du paysage. Pourtant, je m’acharnai, refusant de laisser passer la moindre information. Je voulais voir, trouver un but, qu’importe qu’il soit à des kilomètres de là, il y aurait au moins quelque chose… Suivre un éclat était toujours mieux que d’avancer dans l’obscurité totale, suivant des peut-être qui ne promettaient rien. Ma persévérance paya ! Mais ma précipitation beaucoup moins… J’eus à peine le temps de lui faire savoir que j’avais aperçu le reflet dont elle parlait qu’une pierre se déroba et m’emporta avec elle. La voix d’Erin me parut lointaine, noyée dans un océan de bruits secs et sourds à vous en donner la nausée. Ma chute me parut interminable. À chaque fois qu’il me semblait sur le point de me rattraper, un autre morceau de roche m’abandonnait, m’entraînait toujours plus loin. Lorsque je m’arrêtai enfin, mon corps tout entier n’était que douleur. Je devais sûrement être couvert de bleus et d’égratignures mais il ne me semblait pas avoir grand chose de grave. Péniblement, je me redressai, regardant autour de moi d’un air un peu perdu. L’ombre de la colline se dessinait derrière moi, laissant entendre que je l’avais dévalée jusqu’en bas. Mon état ne me paraissait pas dramatique. Mon genou était salement amoché mais je pouvais plier la jambe sans trop de problème. Encore plus fois, plus de peur que de mal… et sûrement plus de peur que je le pensais. Erin sembla sortir de nulle part et se jeta littéralement à mon cou, m’enlaçant sans prévenir et m’enveloppant de son parfum entêtant. Je lui rendis son étreinte sans me faire prier, oubliant même la douleur que cela faisait naître dans mes paumes écorchées. Mes lèvres se posèrent sur sa tempe avec une douceur tendre dans l’espoir de la rassurer.

Eh… Tout va bien…

Elle finit par se reculer, laissant le froid revenir plus fort encore, et planta son regard dans le mien. Elle avait l’air inquiète. Vraiment inquiète. Sûrement plus que je ne l’avais jamais vue l’être en réalité… et je ne pus que m’en vouloir de lui causer plus de troubles aujourd’hui alors que nous avions déjà assez de soucis comme ça. Je me risquai à lui sourire mais celui-ci devait sûrement avoir quelques airs de grimace. J’étais en un seul morceau, bien sûr, mais pas sans maux. Ça n’était que l’histoire de quelques heures, il n’y avait pas de quoi en faire un drame, mais c’était sûrement ce que j’avais connu de pire. Même au Quidditch, ça ne durait jamais très longtemps. Une ecchymose restait une heure à peine avant d’être réparé d’un coup d’onguent… Là, il allait falloir tenir un peu plus longtemps.

Tu ne dis pas que des bêtises mais tu en fais beaucoup.
Mais… ce n’est pas ma faute, me dédouanai-je avec le regard innocent que je réservais d’ordinaire à mes parents lorsqu’ils me reprochaient quelque chose, j’ai glissé.

Sa main s’empara de la mienne, ses yeux clairs me détaillèrent sans retenue. Je la laissai faire. Elle allait bien se rendre compte que je n’étais pas dans un trop sale état. Enfin… Sale, si, je l’étais mais ça n’était pas ce qui nous empêcherait de nous remettre en route. Nous n’allions pas pouvoir rester ainsi longtemps, le froid reprenait ses droits et l’heure tournait. Je ne savais pas quand la nuit étendrait son drap sombre mais nous avions intérêt à être à l’abri d’ici là… et vu le peu qu’il y avait autour de nous, ça ne serait certainement pas une mince affaire…

Tu as quelque chose de cassé ?

Je secouai simplement la tête. Je n’avais pas l’impression en tout cas. Et rien ne me laissait supposer que je m’étais cogné la tête dans ma chute, ni douleur ni nausée, rien de rien, ce qui était plutôt bon signe. Elle n’avait pas à s’inquiéter, ça avait sûrement été plus impressionnant que dramatique. Fort heureusement d’ailleurs !

Je crrrois que c’est typiquement une situation où j’ai le drrroit de fairrre usage de la magie.

À nouveau, je secouai la tête et resserrai doucement mes doigts sur les siens. Il serait sûrement difficile de lui faire entendre raison sur ce point mais peu m’importait.

Quelques gouttes d’essence de dictame une fois que nous serons chez toi feront largement l’affaire, Erin, je t’assure, je vais bien. C’est juste des égratignures.

Mes lèvres se posèrent tendrement sur la main que je tenais avant que je ne prenne la peine de me relever. Je faisais bonne figure autant qu’il m’était possible de le faire mais mon genou me faisait bien plus mal que prévu ! Néanmoins, je serrai les dents et ravalai mes plaintes. Tout allait bien. Nous n’étions pas à l’abri d’une erreur de sortilèges qui pourrait aggraver la situation, mieux valait nous en tenir à ça. J’avais confiance en elle, ça n’était pas la question, mais les circonstances étaient particulières, beaucoup plus stressantes que d’ordinaire et nous n’avions rien pour faire face à un quelconque échec, même infime. Je regardais autour de nous, cherchant à voir le reflet de tout à l’heure. Mes repères étaient un peu brouillés, je ne savais pas exactement quelle trajectoire avait pris ma chute.

Je te disais que j’avais aperçu quelque chose, moi aussi. Sûrement la même chose que toi. Nous devrions aller voir, on ne sait jamais, repris-je comme si de rien n’était, alors que je peinais un peu à mettre tout mon poids sur ma jambe écorchée, c’était par là, non ?

Sans attendre vraiment de réponse, je fis quelques pas boitillant dans cette direction. Au pire, elle me corrigerait mais elle verrait au moins que j’étais décidé à reprendre notre route… et en état ! Je ne prétendais pas que tout était parfait mais d’ici quelques mètres, la douleur se dissiperait sûrement. C’était comme une chute de cheval, mieux valait remonter en selle tout de suite…
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyJeu 16 Juil - 20:30

the cold never bothered me anyway
junior & erin


Au milieu de cette immensité froide et décolorée, pendue au cou de Junior, je restai quelques secondes, immobile. La mince chaleur que dégageait son étreinte réconfortait la mienne mais ne suffisait pas à calmer les battements fous de mon coeur encouragés par cette crainte inconnue. Le monde entier pouvait me vêtir de tous les défauts possibles, la couardise n’en était et n’en serait jamais un. Que mes détracteurs, drapés dans leur désapprobation, mon jumeau adoré en tête de liste, qualifient mon impulsivité de manque de discernement, ma fierté d’insolence, mes excès d’erreurs, ça m’était égal ! j’étais tout ça et bien plus encore… mais certainement pas sujette aux craintes et aux angoisses. La conscience et l’assurance de la puissance des miens, de la supériorité de notre sang, de la grandeur de notre magie me faisaient me sentir invincible. Pourtant, alors que les lèvres glacées de mon meilleur ami s’égarent sur ma tempe et que la douceur de ses paroles tente de me rassurer, j’étais définitivement inquiète. Et il faudrait plus que quelques mots tendres pour apaiser cette frayeur inédite qui pulsait au fond de moi. Peut-être même quelques potions dont Grand-Mère et que je n’avais pas emmenées avec moi. Pour quoi faire ? Les visites hebdomadaires à l’infirmerie de Poudlard n’avaient jamais été qu’un contretemps excessif à mes yeux. Notre maladie était bien réelle, mais pas au point d’en faire toute une histoire. Ce n’était jamais rien que mes aïeuls ne pouvaient soigner, au moins temporairement. J’étais invulnérable, au fond.

Tout allait bien ? Je me recule, mes prunelles opalines à la rencontre des siennes. J’allais bien, c’était un fait indéniable. J’irais bien quoiqu’il advienne, après tout. J’étais habituée à bien pire que cela. Mais lui, il venait de chuter, pris dans un éboulement qui l’avait précipité jusqu’au pied de la colline. Son sourire n’avait les airs que d’une grimace de douleur : il pouvait affecter d’aller parfaitement bien autant qu’il le voulait, il ne m’aurait pas à ce petit jeu-là. Ce n’était plus un singe vaguement meurtrier qui l’avait enlevé quelques minutes à peine au cours d’une chasse aux trésors atroce. Ce n’était pas non plus quelques os amochés après un match de Quidditch. Nous étions au beau milieu de nulle part. Et peut-être que je n’avais pas pris toute la mesure de la gravité de la situation, ne doutant pas un seul instant - n’en doutant toujours pas, au demeurant - que les miens arriveraient très vite ; mais, Junior blessé, un émoi sourd ne me lâchant pas, je sentais se fissurer ma témérité habituelle. À peine, cependant, et c’était loin d’être suffisant pour m’ôter toute raillerie, quand bien même cette palette inhabituelle de sentiments laissait une impression étrange. Face à son regard angélique d’enfant innocent, celui qu’il était encore aux yeux de sa mère, je plisse les yeux, suspicieuse. Soulagée, malgré tout, qu’il aille suffisamment bien pour se permettre de telles bassesses. Je ne suis pas Clairrre, ça ne fonctionne pas avec moi. Mais mon ton ne parvenait même pas à manifester un mécontentement exagéré et un sourire tendre dansa sur mes lèvres avant que je ne retrouve mon sérieux et ne l’examine d’un regard acéré.

Paumes écorchées, pantalon déchiré, et que dire de son genou ! Toute cette poussière le recouvrant lui donnait vaguement l’air d’une statue revenue à la vie. Rien de cassé, peut-être, mais il était tout de même mal en point et je me refusais à le laisser comme ça. J’avais donné ma parole de ne pas faire usage de la magie, à condition que ce ne soit pas un cas de force majeure. C’en était un, à mes yeux, mais Junior n’était pas d’accord. Une moue butée s’empara de mon visage alors qu’il réduisait ses blessures à quelques égratignures. Et moi, j’étais Salazar Serpentard. Sa force et sa combativité étaient tout à son honneur ; néanmoins, ça n’était pas le moment de les teinter de stupidité. Le monde tournait à l’envers et nous marchions sur la tête pour que je sois celle de nous deux qui s’avère la plus raisonnable. Du moins, je me trouvais parfaitement rationnelle, mais après tout, jamais mes frasques ne m’avaient parues excessives. Je l’imite alors qu’il se relève, sans le lâcher des yeux. Je ne pouvais pas manquer cet éclat fugace qui agite ses traits alors qu’il s’appuie sur son genou blessé. L’inquiétude n’avait guère l’habitude de s’exprimer, aussi le dédain l’étouffa royalement. Il s’était déjà détourné alors que je croisais les bras, l’observant sans piper mot. Ce n’était rien, juste quelques égratignures, et c’était donc la raison pour laquelle il partait dans la direction opposée à celle que j’avais désignée plus tôt et qui semblait nous promettre quelque chose, le tout avec une démarche qui n’avait rien d’assurée. Il boitait même de manière flagrante, c’était de la mauvaise foi comme lui seule savait en afficher.

Il s’était éloigné de deux ou trois mètres à peine lorsque je me décidai à bouger à mon tour, revenant à sa hauteur en quelques foulées. Mes doigts entourèrent les siens, l’enjoignant à s’arrêter d’une légère pression. Ce n’est pas parrr-là du tout, c’est même carrrément de l’autrrre côté me moquai-je, espiègle. La flamme qui dansait au fond de mes prunelles devait l’être au moins autant. Il n’était pas le seul à pouvoir faire preuve d’une ruse quelconque pour obtenir ce qu’il voulait. Me hissant à peine sur la pointe des pieds, je pose sur ses lèvres un baiser polaire, en profitant peut-être un peu plus que nécessaire, réajustant ma prise sur le bois de tremble, prolongation de ma main droite. Episkey fis-je, baguette tendue en direction de son genou écorché à vif, à peine mes lèvres abandonnées des siennes. Ce n’était pas parfait, mais il ne restait presque plus aucune trace de sa blessure, à peine une ou deux égratignures, et des vraies, cette fois-ci. Maintenant, nous pouvons aller voirrr. Mon air innocent, emprunté au sien, le défie de protester, puis nous reprenons notre route, dans la bonne direction cette fois, mon bras revenant naturellement se glisser sous le sien. Je n’en avais rien à faire, que la loi nous interdise de faire usage de notre magie ; rien à faire non plus d’affronter les autorités si elles mettaient la main sur nous et décidaient de nous inculper pour avoir violé des traités internationaux. Grand-Père me trouverait rapidement un avocat qui ferait amèrement payer à ses incompétents d’avoir laissé si longtemps deux adolescents errer en pleine nature glaciale et Junior, lui, n’avait rien lancé du tout, pas le moindre sort, il ne serait pas inquiété bien longtemps.

Le silence revint nous envelopper dans une bulle qui n’avait plus trop rien de rassurant. Nous avançions, sans trop savoir en direction de quoi, mon impatience naturelle anesthésiée par les températures qui engourdissaient lentement mes extrémités. Je m’étais arrêtée une troisième fois, entassant à nouveau des pierres les unes sur les autres, mais de manière encore plus confuse, la tâche rendue ardue par mes doigts ankylosés. Nous ne savions même pas ce vers quoi nous avançions, mais nous persévérions. De toute façon, c’était la seule chose à faire, rester immobile étant exclu. Le soleil déclinait doucement et les degrés avec lui. Si nous étions sur la même partie du globe que la Norvège, nous n’aurions pas de nuit noire, à peine un vague coucher de soleil. L’été était celui des jours éternels. Et, d’abord de manière si vague que cela semblait irréel, puis de plus en plus précisément, les contours indéfinissables d’un quelque chose qui l’était tout autant commencèrent à se dessiner au loin. Tu penses que c’est quoi ? demandai-je, brisant ce silence qui nous accompagnait depuis trop longtemps déjà. Une habitation, peut-être même un village ? Me retrouver entourée de pathétiques moldus étaient bien la dernière chose dont j’avais envie, mais la chaleur d’un foyer ne pourrait que nous faire du bien. Qu’importe s’il était celui d’une telle vermine : je pourrais m’en contenter le temps que Grand-Père nous retrouve.

De longues minutes passèrent encore avant que la bâtisse ne se précise. Une cabane faite de tôle rouge, d’un rouge passé, et passablement rouillée. Elle était seule, relief abandonné dans une vaste étendue qui n’inspirait rien d’autre qu’une désolation totale. Construite au bord de l’eau, c’était peut-être un abri pour pêcheur ou pour je-ne-savais-quoi. Qu’importe, elle avait l’air inhabité, ce qui signifiait que nous n’aurions pas à adresser la parole à ce que cette terre portait de plus insignifiant. Imperceptiblement, notre allure s’accéléra, comme si elle pouvait disparaître d’un instant à l’autre. Arrivés face à la porte, je l'ouvris sans ménagement, le métal claquant contre le métal, les vibrations se répercutant aux quatres coins de l’habitat, un reniflement de mépris soulignant l’état rapide des lieux. C’était rudimentaire et franchement piteux. Sans que je ne la sollicite, la pensée de mon manoir douillet et chaleureux se manifesta, poussant mon pied à envoyer valser un caillou à l’autre bout de la pièce. Dehors, le soleil entamait sa brève mais réfrigérante descente vers la fin de journée. Nous ne pouvions pas être moins bien dedans, après tout. On attend ici ? questionnai-je mon meilleur ami, mon regard clair à la recherche du sien, mes doigts pressant doucement les siens, alors que la douleur qui n’avait cessé de croître au fond de ma poitrine semblait stopper sa progression.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyVen 17 Juil - 19:22



The cold never bothered me anyway
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Alors qu’elle s’était empressée de me serrer contre elle, le temps s’était brutalement suspendu. C’était une bulle d’émotions implacables qui me tomba dessus sans prévenir. Un mélange de peur et de soulagement, son inquiétude peut-être aussi, un espoir renaissant et tout ce qu’elle m’avait toujours inspiré. C’était intense, certes, mais clairement pas le moment. Nous perdions du temps et Merlin seul savait combien il nous en restait encore. La nuit n’était pas encore tombé, si le soleil déclinait, il ne semblait pas prêt à laisser sa place… Sûrement que nous avions quelques heures encore devant nous, quelques heures pour mettre la main sur cet éclat inconnu qui catalysait à lui seul tout ce que nous pouvions encore vouloir ici. Il fallait trouver un abri, quel qu’il soit, nous ne pouvions pas nous permettre de passer la nuit dehors, certainement pas vêtus comme nous l’étions, certainement pas ici alors qu’il n’y avait rien pour nous protéger… Qui savait si ça ne rôdait pas d’animaux sauvages ou de créatures sanguinaires ? Bien sûr, là, comme ça, tout semblait mort mais Poudlard nous avait toujours appris à nous méfier d’un calme trop apparent. Je resserrai doucement mon étreinte autour de son corps fin, m’enivrant éhontément de son parfum rassurant. Ça n’était pas le moment mais je n’avais absolument pas le coeur de m’en défaire. Ce fut elle qui le fit en s’éloignant, plantant son regard clair dans le mien qui se voulait des plus innocents. C’était un accident. D’accord, je n’avais pas fait très attention mais ça n’en était pas moins un accident ! Et sans grande gravité de surcroît !

Je ne suis pas Clairrre, ça ne fonctionne pas avec moi.

Je haussai les épaules, l’ombre d’un sourire étirant doucement mes lèvres.

Tu appelles ma mère par son prénom, maintenant ? C’est le début des grands amours.

Je n’eus pas l’occasion de rajouter grand chose que son regard quittait le mien pour m’examiner avec attention. Je me laissais faire sans broncher. Je n’avais pas grand chose ! Je ne niais pas que j’avais mal, bien sûr, mais j’étais en état de continuer ! Ça n’était pas la peine de nous attarder là-dessus tout de suite, nous le ferions lorsque nous trouverions un abri ou lorsque nous arriverions chez elle. Je n’étais pas à deux minutes, je n’allais pas mourir pour un genou amoché, je pouvais même le lui jurer si ça la rassurait. Je n’attendis pas qu’elle me fasse savoir qu’elle n’était absolument pas de cet avis pour me relever tant bien que mal et m’éloigner un peu dans une direction hasardeuse que je pensais potentiellement être la bonne. J’avais perdu le peu de repère que j’avais dans ma chute et étais bien incapable de savoir dans quel sens nous devions aller… Heureusement, Erin me rattrapa en quelques enjambées et laissa ses doigts rejoindre les miens.

Ce n’est pas parrr-là du tout, c’est même carrrément de l’autrrre côté.
Te moque pas, vilaine.

Je ne l’avais absolument pas mal pris et étais tout à fait prêt à me laisser embarquer à l’opposé de là où j’allais, conscient qu’elle était sûrement plus à même que moi de retrouver notre chemin. Mais avant de repartir, elle posa ses lèvres sur les miennes, ce que je pris comme un encouragement silencieux. J’aurais aimé que ça dure jusqu’à ce qu’on nous retrouve. Est-ce que ça m’avait manqué ? Oui, évidemment. Ça me renvoyait aussi à la situation dans laquelle nous étions… une urgence oppressante qui ne nous laissait que peu l’occasion de nous égarer sur de tendres chemins plus habituels. Il fallait espérer que ça ne serait que temporaire… D’ici quelques heures, peut-être même avant, nous serions tirés d’affaires et pourrions reprendre le cours normal de notre existence… Je croisais les doigts. Malheureusement, notre échange eut rapidement une fin. …mais ce que j’avais pris pour un encouragement n’était en fait que la manipulation de mon attention.

Episkey, prononça-t-elle à peine ses lèvres loin des miennes.

Une chaleur bienvenue s’empara de mon genou, rapidement remplacée par un froid qui ne détonnait pas de celui ambiant… Ma blessure n’était plus que quelques égratignures sans intérêt et la douleur presque de l’histoire ancienne… Ma fierté, elle, en revanche, avait pris un sacré coup. Je savais que ça n’était pas mal intentionné mais je me sentais comme un môme dont l’avis n’avait guère de poids face à celui de ses aînés. Elle me pensait fragile à ce point ? Incapable de supporter le moindre petit bobo jusqu’à qu’on puisse se poser ? Sans compter qu’elle n’en faisait clairement qu’à sa tête et faisait totalement fi de la seule demande que j’avais pu formuler jusque là. Je l’avais suivi sans broncher, partant au Sud parce qu’une intuition venue de nulle part l’avait décidé, abandonnant derrière nous le seul lien qu’on avait avec de possible secours juste parce qu’elle voulait bouger… La seule chose que je lui avais demandé en retour était de se passer de magie tant que nous le pouvions… Et là, concrètement, nous le pouvions très bien ! Mais non, pourquoi y accorder la moindre importance, hein ? Après tout je n’étais là que pour l’accompagner, on se fichait bien de ce que je pouvais bien vouloir tant que Madame, elle, était satisfaite !

Maintenant, nous pouvons aller voirrr.
Merci, sifflai-je d’un ton amer qui donnait à ce simple mot des airs de reproches aussi glaciaux que le désert qui nous entourait.

Je ne rajoutais rien, conscient que ça n’était pas le moment pour faire des histoires mais je n’en pensais pas moins. J’étais vexé, infantilisé et le stress de cette catastrophe idiote ne m’aidait pas beaucoup à relativiser. Son bras passa sous le mien alors que nous nous remettions en route, et si j’eus envie de la lâcher sans plus de cérémonie, la chaleur même infime qu’elle me procurait me convainquit de ne rien en faire. Je ne fis néanmoins plus le moindre effort pour rendre cette errance ne serait-ce que supportable. Elle n’avait pas l’intention d’écouter ce que je pouvais bien dire ? Et bien autant ne rien dire du tout ! Ça me paraissait interminable… Nous avions beau marcher, il n’y avait rien. Jamais rien. Toujours rien… seulement des cailloux par milliers, de l’herbe à l’agonie et un froid toujours plus mordant. Parfois, je somnolais à moitié tout en marchant, enveloppé par ces températures polaires qui menaçaient d’avoir gain de cause. Je ne ressentais plus grand chose, sinon une lassitude profonde et une fatigue qui n’en finissait plus de grandir. Ce fut la voix d’Erin qui me tira de ma léthargie. D’abord lointaine, je dus m’y accrocher pour parvenir à tirer du sens de ces quelques mots.

Tu penses que c’est quoi ?

Un ultime effort me permit de hausser doucement les épaules. Je n’en savais rien. Peut-être pas grand chose… Nous avancions possiblement droit sur rien, nous accrochant à des espoirs qui n’existaient peut-être déjà plus.

J’espère seulement que c’est plus qu’une trace laissée par un autre égaré…

Ça n’était pas impossible, si ? Un petit quelque chose argenté abandonné là dans l’espoir que le soleil le fasse voir de loin et attire ainsi une aide quelconque…? Nous avions bien laissé des tas de cailloux derrière nous, pourquoi quelqu’un ne laisserait-il pas autre chose ? Je priais sincèrement pour que nous tombions sur une habitation, qu’il y ait quelqu’un ou non à l’intérieur… J’étais prêt à supporter des moldus idiots, à devoir inventer des excuses ridicules pour expliquer notre présence ici, à faire comme si j’étais l’un d’eux, même, s’il fallait… Peu importait tant que cette déambulation sans but prenait fin. Il nous fallut au moins une éternité supplémentaire pour voir se dessiner les contours d’une… maison ? Une cabane ? Je ne savais pas exactement ce que c’était, seulement qu’il y avait des murs en tôle rougeâtre et que c’était susceptible de nous offrir un abri pour la nuit. Machinalement, notre progression s’accéléra. J’étais à nouveau tout réveillé, presque parfaitement alerte. Il y avait quelque chose ! Après des heures et des heures de marche dans un froid polaire, nous touchions enfin au but ! Erin ouvrit brusquement la porte dès qu’elle l’atteignit, laissant celle-ci claquer contre le mur dans un bruit de métal qui se répercuta dans l’air glacé. À l’intérieur, il n’y avait personne… et pas grand chose… Je l’y suivis malgré tout, sans prendre la peine de retenir une moue dégoûtée. Le ménage ne datait certainement pas de la veille et nous étions affreusement loin d’un confort quelconque. Dans un coin, un lit qui ressemblait plus à une vague paillasse semblait dater d’un autre temps, un vieux poêle graisseux servait de support à une unique casserole mal en point… Deux chaises autour d’une table trop petite pour tant de monde… Un vieux calendrier de 2020 accroché au mur… Quelques meubles branlants sûrement attaqués par les mites… Ça ne donnait absolument pas envie de s’installer… et ça promettait sûrement des maladies quelconques si nous avions le malheur d’y poser les mains. Erin mit un coup de pied dans un caillou qui valdingua un peu plus loin, me tirant un sursaut surpris.

On attend ici ?
Est-ce qu’on a le choix ?

Je retirai ma main de la sienne et repoussai la porte d’un geste sec, agacé par cette journée désespérante. Elle claqua mais nous coupa finalement de l’extérieur. Les fenêtres crasseuses laissaient passer assez de lumière pour y voir clair mais nous offrait un regard limité sur l’extérieur. Je m’approchai vaguement du poêle sans trop savoir quoi en faire. Je n’étais pas foutu d’utiliser celui qu’il y avait dans ma cuisine, laissant mon elfe faire le travail bien mieux que je ne le ferais jamais… Pourtant, là, il n’y avait personne pour le faire… D’un côté, si nous allumions un feu dedans, nous aurions chaud… D’un autre, si c’était bouché nous y resterions plus vite, respirant la fumée et tous les gaz qui devaient y avoir… Je n’y connaissais pas grand chose mais vu l’état, je n’avais pas franchement confiance… Est-ce qu’il fallait prendre le risque…? Je haussai les épaules et préférai m’intéresser à quelque chose bien plus à mon niveau : une grosse malle en ferraille à côté du lit. Je l’ouvris sans trop de mal, celle-ci grinçant dans un bruit d’apocalypse. À l’intérieur, il semblait y avoir du matériel de pêche, des hameçons, quelques bobines de fil… Un bouquin sur les poissons dans une langue que je ne comprenais pas que j’attrapai machinalement comme un enfant garderait un doudou près de lui… Pas grand chose qui puisse nous aider en tout cas. Je laissai retomber le couvercle et me relevai, le coeur étrangement lourd. Je m’étais senti tout-à-coup loin de chez moi, vraiment loin de chez moi, et ma vie me manquait. Ça ne faisait que quelques heures que j’étais parti mais je n’avais jamais eu autant envie de rentrer, retrouver mon lit, mon chat, mes parents… Même cette imbécile de demi-soeur s’il le fallait ! Je voulais juste qu’on vienne me chercher…

Eqalugaasaq, lus-je sûrement avec un accent affreux alors que j’ouvrais le livre à une page au hasard, juste sous l’image d’un poisson marronnasse avec un oeil jaune tout rond, on ne va pas aller loin avec ça…

Je continuai bêtement à tourner les pages, me raccrochant à cet ouvrage illisible pendant qu’Erin faisait bien ce qu’elle voulait… Je prenais mon temps, bien sûr, comme une pause bien méritée après notre traversée du désert, mais je ne doutais pas qu’elle saurait me rappeler à l’ordre… Après tout je ne faisais pas exactement ce qu’elle devait attendre de moi, ça risquait de ne pas lui plaire beaucoup…
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptySam 18 Juil - 15:47

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Notre errance reprend et se prolonge le long de la rive de ce lac - ou peut-être était-ce le bras d’une mer étrangère - qui dévorait l’horizon. Le froid glacial qui nous enveloppait n’était plus uniquement celui de ce désert polaire mais également celui du silence que le Merci mordant de Junior jeta sur nous. Poursuivre notre cheminement maladroit à travers ce paysage aux teintes monochromes demandait beaucoup trop d’énergie que pour je ne m’obstine à la perdre en un conflit stérile, à l’image de tout ce qui nous entourait. Il désapprouvait que je fasse usage de la magie comme si nous n’étions pas deux adolescents porteurs de la Trace perdus au milieu de nulle part, soit. J’avais promis de ne pas me servir de ma magie tant que nous n’y serions pas contraints, soit. Mais, si apaiser les maux de mon meilleur ami n’était pas un cas de force majeure qui rentrait dans cette clause de contrainte, je ne voyais pas ce qui pouvait l’être. Tant pis s’il décidait de le prendre ainsi. Je ne m’embarrassais jamais de regrets et ne me sentais que très rarement assez désolée pour présenter des excuses. Ceci étant, je ne ressentais jamais non plus cette peur brûlante qui m’avait poussée à dévaler à toute allure le reste de cette colline pour m’assurer de l’état de Junior… Non, ça n’avait rien à voir de toute façon. Je n’allais pas demander pardon pour m’être inquiétée et pour avoir voulu m’assurer de l’amélioration de ses blessures. Comme il le faisait toujours, que ce soit le sien ou le mien, le mécontentement passerait. Alors, face à son mutisme, je me contente de lever les yeux au ciel, sans chercher à le rompre. Petit à petit, le froid se faisant plus vif, le temps suspendu au-dessus de nous, le soleil déclinant à une lenteur affolante, je cessai de penser à tout ça. Mon esprit était tout entier dirigé vers cet éclat que nous avions tous deux aperçu et le bras de Junior que j’entourais du mien devenait, un peu plus à chaque pas, la seule source de chaleur à laquelle se raccrocher, aussi infime soit-elle.

D’éclat indéfini, notre objectif devint une forme indistincte puis une tâche rouge dans un horizon sans relief. Les tôles assemblées les unes aux autres étaient un outrage à la notion même d’habitation, à peine assez pour obtenir le droit d’être appelées cabane. Aussi minable et précaire soit-il, c’était néanmoins un abri. Restait à savoir si quelqu’un se terrait à l’intérieur de ce trou à rats ou s’il était aussi abandonné et désolé que le biotope au milieu duquel il prenait place. Nos pas prirent involontairement une allure plus vive, la léthargie reléguée au second-plan, jusqu’à ce que nous arrivions devant ce cabanon miteux, légèrement essoufflée pour ma part. D’un geste brusque, je pousse le bout de ferraille qui fait office de porte et pénètre la première dans l’unique pièce qui se dessinait sous nos yeux. Un air de profond mépris, teinté de dégoût, voila mon visage. Il faisait aussi froid dedans que dehors et la poussière semblait recouvrir chaque millimètre carré. Quelques loques de meubles bancals parsemaient l’endroit indiquaient qu’une personne, au moins, avait un jour vécu ici, même provisoirement. Cette simple évidence me tira un petit reniflement écoeuré. Les moldus étaient vraiment plus proches des animaux que nous ne l’étions pour accepter de séjourner dans un tel endroit. Probablement que le fait qu’il soit à l’abandon depuis une durée indéterminée jouait sur l’aspect pathétique de l’ameublement, mais qu’importe, cela ne faisait que confirmer l’absence totale de considération que je portais déjà une espèce qui ne méritait pas de jouir d’une vie à la surface de notre planète alors que nous, Sorciers, devions évoluer dans le plus grand secret.

Un coup de pied dans un caillou se chargea de traduire l’excès de colère qui enflait en moi. Il retomba aussi vite qu’il était venu et je me tournai vers Junior, l’interrogeant sur la marche qu’il souhaitait suivre. Sa remarque amère et son éloignement agacé vinrent assombrir le regard que je portais sur ses mouvements. S’il avait oublié que nous étions tous les deux pris au piège dans la même mésaventure, je pouvais me charger de lui rappeler. Nous avions marché dans un silence glacial pendant un temps que j’étais incapable de quantifier parce qu’il ne pouvait souffrir que je fasse fî de ses recommandations et me serve de la magie pour le soigner et, dans cet abri qui n’avait rien de chaleureux ou de rassurant, j’avais la désagréable impression qu’il lui fallait une coupable pour ses nerfs mis à rude épreuve. Qu’il trouve quelqu’un d’autre, dans ce cas ! C’était probablement autant sa nervosité que mon impatience qui s’exprimaient présentement, mais mes yeux clairs ne voyaient que Junior me tourner le dos, commençant son exploration de ce lieu sommaire. Les traits tirés par l’irritation, je me laissai tomber au sol, passant complètement outre la crasse. Elle était de toute façon omniprésente, nous ne pourrions pas y échapper en restant ici, et j’étais déjà couverte de la poussière soulevée par ma descente précipitée de la colline.

Le poêle attira un instant l’attention de mon meilleur ami avant qu’il ne se détourne pour ouvrir une vieille malle en ferraille, complètement rouillée. Nous étions peut-être coupé de l’extérieur par un peu de tôle, nous n’en étions pas pour autant moins soumis au froid qui régnait en maître. Un feu était nécessaire, mais il faudrait que Junior m’éclaire sur comment nous allions en allumer un sans magie. Les moldus avaient bien trouvé un biais archaïque pour se chauffer, ce n’était pas mon cas, et je doutais sérieusement que ce soit celui de mon meilleur ami. Il était à peine capable de préparer un thé, alors allumer un feu ? De toute façon, pour l’instant, il s’intéressait à un livre dont la robustesse était à saluer pour ne pas être tombé en une fine poussière de papier. Machinalement, mes doigts se portèrent à ma poitrine, massant sans trop y penser l’endroit où régnait le début d’une douleur que je connaissais suffisamment. Le mot inconnu qu’il prononça avec un accent horrible m’arracha un sourire. Me redressant, je le rejoins et pose ma tête contre son épaule, comme pour lire à mon tour cette langue étrange qu’il tentait de déchiffrer… jusqu’à ce qu’un geste de sa part me repousse bien rapidement. Rien de très marqué, mais suffisamment à mes yeux pour achever de faire disparaître le léger sourire qui ourlait mes lèvres et ramener sur mes traits l’ombre d’un mécontentement blessé. Tu boudes encorrre pourrr tout à l’heurrre ? Mon ton haché par une respiration rendue sifflante à cause de cette douleur dans ma poitrine. Quelque chose, une brève lueur dans son regard clair, une ombre sur son visage, un rictus retenu, me fit froncer les sourcils. Comme si ça n’était pas totalement ça. Tu m’en veux parrrce que j’ai tenu à te soigner ? lâchai-je, incrédule, alors que la réponse m’apparaissait, limpide.

Croisant les bras sous ma poitrine, dans un geste de retranchement fâché, je plante mon prunelles dans les siennes. Ma patience avait été complètement dévorée par l’échec du portoloin, le paysage désertique, l’absence de Grand-Père dont je n’attendais que l’arrivée, la longue marche, et, plus que tout, la chute de mon meilleur ami qui aurait pu être bien plus grave qu’elle ne l’avait été. Et lui me tenait rigueur d’avoir tenu à ce qu’il aille au moins un peu mieux ? Tu étais blessé et tu voulais, quoi ? que je… oh, et puis, laisse tomber. Menton dressé dans un mouvement tout à fait hautain, je me détourne et revient à la place que je venais de quitter au sol, le dos appuyé contre la tôle aussi glacée que tout le reste. Il était inhabituel, pour ne pas dire que ça n’arrivait jamais, que je sois celle qui mette fin à une quelconque confrontation. Je ne supportais pas de ne pas avoir le fin mot d’une histoire, mais j’étais lasse et peut-être un peu plus désemparée que je voulais bien le montrer. Une dispute avec Junior était bien la dernière chose que je souhaitais. Tu n’aurrras qu’à me dirrre quand tu aurrras besoin que je lance un sorrrt parrrce que tu n’arrrives pas à allumer un feu de manièrrre moldue raillai-je, sans aucune once d’amusement dans la voix, le dernier mot accentué avec tout le dégoût du monde. Je m’en abstiendrrrai sans ton aval prrréalable. C’était quand même un comble que l’on me reproche l’une des rares fois où j’avais eu peur. Rien que ce mot me hérissait les poils. D’ici qu’il se décide, je fermai les yeux après avoir ramené mes genoux contre ma poitrine, comme si je comptais faire une sieste bien méritée après tout ça.
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptySam 18 Juil - 22:52



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Une fois remis en marche, il n’y eut plus rien que le silence pour nous entourer. Ça n’était pas vraiment habituel entre nous… pas dans un moment comme celui-ci en tout cas… En même temps, avions-nous rien qu’une fois connu quelque chose de semblable ? Certainement pas ensemble ! Et, à ma connaissance, jamais même sans elle… Nous étions tellement loin de l’image que j’avais pu avoir de ces vacances partagées, tellement loin de l’excitation qu’elles avaient fait naître en moi… Bien sûr, j’avais craint de me retrouver face à ses grands-parents, gardant malgré tout l’ombre d’un traumatisme tenace, mais j’avais bien plus hâte que peur… Et maintenant… Maintenant c’était à peine si une issue positive était en mesure de se dessiner… Peut-être qu’on viendrait nous chercher… dans longtemps sûrement… peut-être qu’on ne viendrait même pas… Après tout, nous nous étions éloignés de la seule chose qui nous liait à notre voyage d’origine… et puis rien ne disait que le portoloin n’avait pas complètement disparu des regards magiques au moment où il avait dysfonctionné… Nous n’étions plus sûrs de rien… Même pas de passer la nuit… Si nous ne trouvions rien, je ne donnais pas cher de notre peau. Notre mutisme rendait le temps plus long encore, notre périple interminable. Un périple sans fin pour un éclat qui n’existait peut-être même pas… Heureusement, le destin n’était pas si cruel que ça et petit à petit, une forme se dessina à l’horizon. Incertaine d’abord puis plus précise, plus rouge à mesure que nous avancions. Il y avait donc bel et bien quelque chose ! Évidemment, rien qui ne soit particulièrement encourageant… Nous étions au milieu de nulle part, en plein désert, et pour nous nulle oasis, seulement quatre murs de tôle qui semblaient à peine tenir debout… Mais difficile de faire la fine bouche alors qu’il n’y avait sûrement rien d’autre à des kilomètres à la ronde…

La déception fut totale dès qu’Erin en ouvrit la porte. Je n’avais jamais espéré un palace, certainement pas ici, mais au moins un semblant de confort, une propreté correcte… peut-être une chaleur accueillante dès la porte passée… J’en savais rien, peu importe ! Mais il n’y avait rien de tout ça… absolument rien… Ça paraissait abandonné depuis une éternité… La poussière s’était installée comme habitante permanente… Les meubles ne disaient rien qui vaillent… Il suffirait sûrement de s’installer sur une chaise pour que celle-ci tombe en morceau… Je n’avais pas besoin de poser les yeux sur ma meilleure amie pour savoir qu’elle n’en pensait rien de mieux. Il n’y aurait au moins pas à supporter l’existence du moindre moldu, c’était toujours ça… Mais il y aurait au moins eu quelqu’un pour s’occuper de nous… Juste un peu… Nous faire savoir que nous ne resterions pas livrés à nous-mêmes peut-être jusqu’à ce que mort s’en suive, en tout cas… La porte claqua et le monde extérieur cessa presque d’exister. Il ne restait que le vent qui soufflait, chantant trop fort contre la tôle. Je ne m’en sentis que plus pris au piège encore. Notre seul salut tenait dans cette cabane pathétique. C’était injuste ! Nous n’avions rien fait pour mériter ça ! Je ne me sentais pas particulièrement apte à tenir dans un tel environnement, j’avais bien trop l’habitude d’être servi, choyé, dorloté… Mais ça n’était de toute façon pas le moment de m’apitoyer sur notre sort, aussi je me mis en tête de fouiller notre habitation temporaire. Au pire, ce serait une nuit. Nous pouvions survivre durant une nuit. Il fallait juste trouver une couverture ou quelque chose comme ça. De la nourriture peut-être aussi… Même si vu l’état de la maison, je préférais ne rien manger qui puisse être là…

Un bruit de tissu froissé se fit entendre dernière moi mais je ne me retournai pas, jetant mon dévolu sur une malle abandonnée dans un coin… Sans surprise, à l’intérieur il n’y avait pas grand chose sinon un livre auquel je me raccrochai presque désespérément. C’était la seule chose qui me rappelait à peu près des choses aimées. Encore que je me fichais bien des poissons et que je ne comprenais pas un traitre mot des pages qui défilaient sous mes yeux… Des lettres qui s’enchainaient sans le moindre sens par paragraphe entier… S’il n’y avait pas eu un dessin à côté, je n’aurais sûrement jamais pu deviner ce dont il était question… Alors que le couvercle de la malle se refermait sur quelques objets d’une importance inexistante, toute la distance qu’il y avait entre chez moi et ici me tomba fourbement dessus. Je ne savais même pas où nous étions exactement mais je n’en avais pas besoin pour me sentir au bout du monde. Ça ne faisait même pas une journée et, déjà, ma vie me manquait terriblement. Ça se faisait physiquement sentir, c’était désagréable, douloureux… J’avais envie de me poser dans un coin et de ne plus en bouger jusqu’à ce qu’on nous tire de là… Erin choisit cet instant précis pour se rapprocher et poser sa tête sur mon épaule. J’eus un réflexe stupide et la repoussai presque aussitôt, le regrettant sur le champ. Le poids qui s’était logé dans mon estomac se fit plus conséquent alors qu’elle s’éloignait.

Tu boudes encorrre pourrr tout à l’heurrre ?

Je n’en savais rien, pour être honnête. Peut-être un peu… pas totalement… C’était un mélange de beaucoup de choses en réalité. Trop pour une seule journée. J’en avais assez que tout se passe mal, qu’il n’y ait rien à garder de ces heures désespérantes ! J’étais fatigué, apeuré, frigorifié… Ça n’était pas une excuse, d’accord, mais ce qui m’aurait peut-être paru insignifiant à un autre moment m’avait l’air inacceptable ce soir… Pourtant, je savais qu’elle n’avait pas parfaitement tort… et je savais aussi que je lui devais beaucoup depuis que nous étions arrivés. Oh, pas pour une histoire de blessures soignées, non, mais parce que sans elle je serais sûrement toujours en PLS à côté des morceaux de notre portoloin brisé.

Tu m’en veux parrrce que j’ai tenu à te soigner ?

Elle croisa les bras, visiblement en colère, et riva son regard au mien. Je le soutins une seconde et ouvris la bouche pour protester mais évidemment, elle ne m’en laissa pas le temps et reprit en se justifiant à moitié :

Tu étais blessé et tu voulais, quoi ? que je… oh, et puis, laisse tomber.
Erin, soufflai-je alors qu’elle me tournait le dos et retournait s’installer contre le mur fin de notre abri.

Elle ne releva pas, à moins qu’elle ne m’ait pas entendu, en tout cas je n’insistai pas et reportai mon attention sur le livre que je tenais toujours. Machinalement, je glissai jusqu’aux pages près de la couverture, jetant un oeil à ces informations dont tout le monde se fichait bien mais sur lesquelles j’avais toujours eu l’habitude de voir étaler la fierté paternelle. Au milieu d’une suite de lettres semblable à toutes les autres : Grønland. Je fronçai légèrement les sourcils. En soi, ça n’était pas une langue que je comprenais, ça non plus, mais ça se rapprochait assez de celles que je maîtrisais pour avoir une vague de notre localisation… Ça ne nous servirait à rien, bien sûr, mais c’était toujours mieux que rien… Ça me permettait presque d’avoir l’impression de garder la main sur quelque chose, fut-ce rien que quelques connaissances qui nous avaient échappées jusque là. Derrière moi, Erin bougonnait.

Tu n’aurrras qu’à me dirrre quand tu aurrras besoin que je lance un sorrrt parrrce que tu n’arrrives pas à allumer un feu de manièrrre moldue. Je m’en abstiendrrrai sans ton aval prrréalable.

Elle m’agaçait. Je n’avais aucune envie d’une dispute ce soir, notre situation était bien assez chaotique comme ça ! Je retins un soupir et fis quelques pas dans sa direction, lui tendant mon livre ouvert sans plus de cérémonie et sans l’ombre d’une explication. Elle n’était pas idiote, elle comprendrait. Je ne m’attardai pas davantage et repartis explorer le reste de la cabane. Comme elle tout à l’heure, j’avais besoin de bouger… d’avoir l’impression de contrôler notre vie… un minimum au moins… Qu’elle reste à bouder dans son coin si ça lui faisait plaisir, j’étais capable de m’en sortir sans elle ! C’était affreusement faux, bien sûr, et toute la mauvaise foi du monde ne suffisait pas à m’y faire croire rien qu’une seconde. Alors que je me redressais, quelque chose attira mon attention sous le petit lit. En un rien de temps, j’en sortis une valise poussiéreuse. Je ne pus m’empêcher de toussoter légèrement avant de m’essuyer les mains sur mon pantalon. Au point où il en était… Un cliquetis se fit entendre alors que je défaisais les loquets et elle finit par déverser ses secrets. Il n’y avait pas grand chose à l’intérieur non plus… Quelques sous-vêtements, deux paires de chaussettes roulées en boules et un bonnet sombre… et, en dessous, le Graal : une couverture soigneusement pliée. Elle sentait clairement la poussière et n’avait pas l’air d’avoir été lavée depuis plusieurs décennies mais c’était toujours mieux que rien… Je la secouai un peu pour essayer de la rendre aussi propre que possible et revins sur mes pas pour la poser sur les épaules d’Erin. Mes doigts glissèrent dans ses cheveux, tendrement, mais ne s’y attardèrent pas assez pour qu’elle puisse me virer en guise de vengeance et je repris mon exploration en m’intéressant à l’un des rares meubles qui occupaient la pièce. J’ouvris à la volée l’un des deux tiroirs. Il n’y avait que quelques couverts oxydés… Ça laissait entendre qu’il y avait eu un jour quelque chose à manger, c’était une nouvelle plutôt bonne… Je le refermai sans ménagement et ouvris le second. Une paire de ciseaux, de la ficelle, un crayon pas taillé… et une boîte en carton avec une flamme dessus qui attira mon attention. Je poussai l’espèce de petit tiroir pour découvrir plein de petits bâtons avec un bout marron. J’en attrapai un, m’attendant presque à ce que la flamme se fasse voir immédiatement mais rien… Je le tournai entre mes doigts, appuyai sur le bout rond mais rien à faire. Au bout d’un moment, le bois se brisa sans qu’aucune flamme ne sorte.

Tu sais comment ça fonctionne ? lui demandai-je en m’accroupissant près d’elle, agitant la boîte sous son nez comme pour lui faire remarquer le feu qu’il y avait dessus.

Je ne prétendais pas qu’elle s’y connaissait particulièrement en invention moldue, loin de là, elle était sûrement aussi réticente que moi sur ce point, mais elle avait fait étude des moldus pendant trois ans, peut-être qu’on leur avait appris comment se servir d’un bâton à feu ? Si par hasard cette matière devait se révéler utile un jour, c’était clairement le moment ou jamais…
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyDim 19 Juil - 20:18

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Ni dénégation, ni contestation, juste mon prénom à peine soufflé. Un silence qui en disait bien plus que n’importe quelle parole, confirmant cette pensée lancinante que Junior me tenait rigueur d’avoir usé de la magie pour le soigner. Mes bras ramenés autour de mes genoux repliés contre ma poitrine, je ne pensais guère plus au froid dont la morsure ne s’était pourtant pas atténuée. L’oeil sombre, je suivais vaguement les mouvements de mon meilleur ami, ruminant un mécontentement exacerbé par la situation toute entière. La prochaine fois qu’il dégringolera d’une colline, il pourra toujours me supplier pour que je l’aide : je n’en ferai rien. C’était complètement faux, évidemment. Déjà parce qu’il n’y avait aucune raison pour que cela arrive de nouveau ; également parce que je serais bien incapable, aussi vexée que je puisse l’être, de le négliger d’une quelconque manière. Drapée dans un orgueil blessé et une mauvaise foi exaspérée, je soutenais pourtant ce fait en mon for intérieur. Qu’il se débrouille seul puisque ce que je faisais ne lui convenait jamais. Toute son attention accaparée par ce livre usé trouvé dans la malle me laissait le loisir de le détailler sans avoir à croiser son regard. Il était exigeant, difficile, capricieux, de mauvaise foi et trop têtu… Et tout son mauvais caractère, accompagné du mien, devrait à présent se trouver en Norvège, visitant l’immense domaine qui était celui des miens, sans avoir à se soucier d’autre chose que de profiter de chaque seconde que ces vacances estivales nous offraient. Au lieu de ça, nous étions passablement à l’abri dans un cabanon miteux qui ne nous offrait rien d’autre qu’une pitoyable survie. Cela faisait, quoi ? plusieurs heures que le portoloin nous avait fait échouer sur ces terres polaires ? Et toujours aucune trace de Grand-Père. C’était pourtant largement suffisant pour qu’ils se rendent compte, au manoir, de notre absence ; suffisant également pour qu’ils lancent l’alerte ; suffisant pour qu’ils nous retrouvent et nous sortent de ce repaire de tôle rouge alourdie d’une querelle malvenue.

D’une voix boudeuse, je finis par émettre quelques paroles au sujet d’un feu bienvenu, brisant ce silence que je détestais, stoppant net le fil de mes pensées avant qu’il cesse définitivement de me ressembler. Je suis les pas de Junior alors qu’il revient à ma hauteur et étudie d’un regard circonspect l’objet qu’il me tend. Un livre ? Et qu’est-ce qu’il voulait que je fasse d’un livre ? Que je le brûle pour nous réchauffer ? Sans aucune explication de sa part et sans un mot de la mienne, je m’en empare. Déjà il se détourne, mon regard de nouveau agacé suivant son dos auquel j’adresse un geste parfaitement mature. C’est bien d’avoirrr quelque chose à brrrûler mais encorrre faudrrrait-il pouvoirrr fairrre des flammes marmonnai-je à voix basse. Mais, puisqu’il semblait y tenir, je baisse les yeux sur l’ouvrage, étudiant la page à laquelle il était ouvert. Je m’attendais à une suite de lettres indéchiffrables, langue d’un pays étranger ; je découvrais du norvégien. Du moins, c’est ce que je crus au premier abord. Arktisk fisk og planter. Poissons et plantes de l’Arrrctique. Grrroenland lus-je à voix haute, tournant les pages pour découvrir une sorte d’encyclopédie détaillant les espèces dont ces terres recelaient. Un ricanement bref m’échappa alors que l’introduction dévoilait l’origine du nom de ce territoire : Terre Verte. Quelle ironie. Au milieu d’un paragraphe seulement, je butais sur un mot dont le sens m’était inconnu. Il ne m’en fallut pas beaucoup plus pour commencer à déceler de multiples nuances entre ma langue maternelle et celle imprimée sous mes yeux.

Cette lecture m’amusa une minute ou deux avant que je ne repose le livre sans plus y prêter d’attention. L’information était passée, et pour ce que ça nous apportait… Il y avait tout de même quelque chose de rassurant à mettre un nom sur ces plaines désertiques battues par une brise polaire. Et polaire, c’était le cas de le dire. Je reportai toute mon attention sur Junior qui était entrain de secouer une couverture dont la composition devait être en grande partie faite de poussière, avant de revenir jusqu’à moi, déposant le tissu lourd sur mes épaules. C’était peut-être sale et d’un autre temps, mais j’en sentis aussitôt les effets, une vague chaleur m’enveloppant, démultipliée par la brève caresse que mon meilleur ami perdit dans mes cheveux. Le contact fut trop court, ne laissant derrière lui qu’une sensation de vide désagréable. Il était déjà reparti dans l’exploration de notre piteuse cabane pendant que, moi, je boudais dans mon coin. Depuis quand les rôles avaient été à ce point inversés ? Mais c’était de sa faute, aussi, pourquoi ne pouvait-il simplement pas se satisfaire du sort que j’avais lancé au lieu de me le reprocher ? Comme si j’avais l’habitude de m’inquiéter pour quelqu’un, il fallait en plus qu’il s’en offusque ! C’était peut-être là aussi le fond délicat de cet désaccord. L’inexpérience face à une situation que nous n’aurions jamais imaginée qui exacerbait chaque émotion et chaque réaction.

Avec une application qui frôlait le zèle, je suivais avec application ses faits et gestes, ne loupant pas une miette de ses mouvements. Il était entrain de fouiller un tiroir d’où il tira une petite boîte dont je peinais à discerner l’intérêt, de mon point d’observation. Il se retrouva avec un petit bâtonnet de bois entre les doigts qu’il tritura quelques secondes avant qu’il ne se brise. Je le laissai revenir jusqu’à moi sans soumettre le moindre commentaire, même si l’esquisse d’un sourire un brin moqueur relevait doucement mes lèvres. Bien sûrrr raillai-je en plongeant mon regard clair dans le sien, avant de rajouter, non sans une pointe de dégoût : Tout ce qui est moldu c’est une passion chez moi. Néanmoins, je m’emparai de la petite boîte qu’il me tendait, la tournant brièvement pour en étudier les inscriptions. Je n’avais aucune idée de comment cela fonctionnait et l’air dédaigneux que je posais sur l’objet laissait clairement comprendre à qui voulait bien y faire attention que je trouvais cela complètement stupide de chercher à faire fonctionner une invention de ces cloportes de moldus plutôt que d’utiliser un rapide, efficace et précis Incendio. La seule marque de ce jugement fut un petit reniflement à la hauteur du mépris que j’éprouvais, avant que je ne me penche sur les instructions. La provenance et la composition de ces bâtons de bois ne m’intéressaient mais la traduction d’une phrase en italique était déjà plus utile. Frrrotter l’embout d’un geste sec. Je fis coulisser l’intérieur de la boîte pour saisir l’un des fins bâtonnets. Le bout en question devait être cette tête plus foncée, mais ce contre quoi il fallait la frotter… Les bords du rectangle en carton que je tenais entre mes doigts étaient râpeux et striés de traits sombres, me laissant penser que j’avais résolu l’énigme. Quant à savoir comment tout ceci était censé produire la moindre flamme, c’était une autre histoire. Haussant les épaules face au ridicule de la situation, je m’employais néanmoins à faire ce qui était écrit. Le premier bâton se brisa entre mes doigts, le second également. Le troisième émit comme un crépitement mais rien d’autre ne se passa. Le quatrième se brisa après l’avoir frotté deux fois d’affilée, en même temps que toute patience. Faen. C’est inutile, ça ne fonctionne pas ton trrruc. J’avais beau râler et pester, j’essayais encore une fois, sans succès. Ce n’était pas tant que je tenais absolument à faire un feu avec ces bouts de bois sans intérêt qu’un orgueil tout puissant qui refusait d’être mis en déroute par quoi que ce soit venant d’un peuple aussi minable. La sixième tentative fut la bonne, l’embout se consumant sous la flamme qui venait d'apparaître. La chaleur était agréable et douloureuse en même temps, me brûlant le bout des doigts comme si je venais de les plonger dans de l’eau bouillante. Cela ne dura pas très longtemps, la fin bâton consumé en quelques secondes à peine.

Lâchant le morceau calciné au sol sans aucune autre forme de cérémonie, je relevai mes yeux clairs jusqu’à ceux de Junior, m’y perdant un petit peu. Ma fierté tiraillée entre cette envie de chaleur et le refus d’aider mon meilleur ami dans sa persévérance à vouloir se passer de magie me laissait immobile. S’il ne voulait pas de mon aide, il n’avait qu’à se débrouiller seul. Et en même temps, venir me trouver avec cette petite boîte était une main tendue que je venais de saisir. Ça n’était pas parce que nous étions au beau milieu du Groenland, loin des nôtres et de tout ce que nous connaissions, que notre danse habituelle devait changer de rythme. C’était même tout le contraire : plus que jamais, ces belles habitudes, entre taquineries, bouderies et tendresses, était un réconfort indispensable. Dans un soupir, je me redresse, reposant la couverture sur une chaise à portée de main, avant de m’accroupir devant le poêle. S’il y avait une constante concernant le feu, c’était bien qu’il fallait de quoi brûler. Sous les pieds du chauffage, des bûchettes de bois qui s’entassaient ensuite sur sa droite jusqu’à bonne hauteur. Non sans une grimace, je tirai sur la poignée noire, dévoilant les restes calcinés d’anciens feux. Je la repoussais aussitôt, me redressant et donnant un grand coup dans le tuyau qui s’élevait jusqu’à ce toit précaire. Les vibrations se répercutèrent dans chaque morceau de tôle, confirmant l’insalubrité de l’endroit. Quand je rouvris la trappe, de la suie était tombée, et ce qui était encore volatile me provoqua une quinte de toux désagréable. Il faudrrrait de quoi lancer le feu lâchai-je en me retournant vers Junior, mon regard glissant machinalement jusqu’au livre. J'avais le souvenir du feu de camp allumé par Vayne lors de la chasse aux trésors, pour lequel il avait d’abord placé une grande quantité de papier et de petit bois qui, dès lors qu’ils flambaient, léchaient plus efficacement les bûches de flammes fortes et chaleureuses.
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyMar 21 Juil - 14:50



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Je n’étais pas certain de préférer ce moment à la longue errance qui l’avait précédé. Bien sûr, le silence était le même mais il avait eu le mérite d’être excusable alors que nous nous épuisions à avancer au plus vite pour nous mettre à l’abri. Là… Il n’en était plus rien. Nous aurions très bien pu discuter tout en fouillant la cabane, ne serait-ce que pour essayer de trouver des choses utiles… des vêtements chauds, de la nourriture… Mais au lieu de ça, elle boudait comme une enfant et je faisais ce que je pouvais pour mettre la main sur l’essentiel. Sûrement en vain, j’en avais parfaitement conscience, mais ça me donnait l’impression tenace de garder un semblant de contrôle sur ce qui nous entourait. Sinon quoi ? Nous resterions assis là en attendant qu’on vienne nous chercher ? Et si ça prenait encore longtemps…? Plus les heures passaient, plus l’espoir que ça ne soit qu’éphémère s’amenuisait. Je ne prétendais pas qu’on nous retrouverait jamais, juste qu’il faudrait plus de six ou sept heures… Peut-être plusieurs jours… une semaine… On ne pouvait pas rester là les bras croisés en attendant que le temps passe. J’en deviendrais sûrement fou. Déjà qu’il était difficile de garder son calme et que nos nerfs étaient mis à rude épreuve… Je m’accrochais à ce que je pouvais et décidais de ne pas accorder d’intérêt aux marmonnements d’Erin. Qu’elle continue à faire la tête et à mettre toute la mauvaise volonté du monde dans ses bouderies, je m’en fichais. J’avais mieux à faire que de composer avec ses enfantillages. Je ne pus m’empêcher de tourner brièvement la tête vers elle lorsqu’elle se mit à ricaner. Un soupir attristé m’échappa discrètement alors que je reprenais mon exploration. Je ne doutais pas que ça finirait par passer, ça passait toujours, mais ça n’en était pas moins désagréable. Aujourd’hui plus encore que d’ordinaire… Heureusement, quelques trouvailles vinrent chasser un peu les nuages. Une couverture à la propreté douteuse mais qui ferait largement l’affaire pour aujourd’hui fut sortie d’une vieille valise à moitié vide. C’était sûrement le plus important pour l’instant. Il fallait qu’on parvienne à se réchauffer… Et vu le froid, un feu, magique ou non, ne suffirait peut-être pas… Sans réfléchir, je vins emmitoufler Erin dedans. Elle était insupportable, certes, mais elle restait bêtement ma priorité, même sans que je ne pense à mettre le moindre mot sur le sujet. Pour moi, c’était juste… normal. Ce qui n’avait aucun sens quand on connaissait mon égoïsme habituel ! Mais avec elle, il n’avait jamais trop existé. Et, bien inconsciemment, je savais que si l’un des deux devait s’en sortir mieux que l’autre, je voulais que ce soit elle. Je ne m’attardais pas à ses côtés et repris mon occupation. Dans le fond, ça m’évitait de réfléchir. J’avais quelque chose à faire, inutile peut-être, alors notre situation me semblait moins dramatique. Je n’y pensais plus vraiment. Je n’étais pas en mesure de me voiler la face aussi bien que j’aurais pu le faire à un autre moment, j’avais froid, je grelotais presque sans discontinuer et mes gestes étaient un peu flous tant je ne sentais plus mes doigts, mais c’était moins catastrophique que ça l’avait été jusque là… Ça non plus ça ne durerait sûrement pas mais cette pause dans la crainte étouffante qui avait été mienne jusque là était plus que bienvenue. Mon exploration me fit mettre la main sur autre chose… des bâtons de bois censés produire du feu d’après la boîte. Je ne voyais pas comment du bois pouvait s’enflammer sans une flamme préalable mais visiblement les moldus, eux, savaient. J’eus beau essayer, rien à faire. Je n’avais pas la moindre idée de comment c’était censé fonctionner, seulement que c’était sûrement la solution à notre problème. Faire du feu sans utiliser la magie. Je savais bien que nous n’étions sûrement plus à ça près, si jamais nous devions avoir des ennuis avec le Ministère, l’usage qu’elle en avait fait suffirait… Mais je ne voulais pas aggraver notre cas. Enfin… Son cas. Mais c’était exactement la même chose, s’il fallait agiter ma baguette pour qu’elle ne soit pas seule, il était évident que je le ferais. Je ne l’abandonnerais pas, qu’importe s’il était seulement question de finir interrogé par le Ministère d’un pays vide. Sans trop savoir comment elle allait m’accueillir, je finis néanmoins par aller demander de l’aide à Erin. Ce fut son sourire moqueur que je remarquais en premier.

Au moins, j’essaye, soufflai-je simplement avant de m’accroupir près d’elle et de lui monter la boîte et ses bâtons.

Je ne savais pas à quel moment les rôles s’étaient à ce point inversés… Je ne disais pas que nous jouions toujours les mêmes, ça n’était pas vrai, mais là quelques heures avaient suffi pour que tout soit parfaitement bouleversé. Je ne lui en tins même pas rigueur, en réalité, mais ça n’en était pas moins agaçant. J’aurais aimé qu’elle fasse l’effort de me filer un coup de main, même si elle n’y croyait pas, même si ça n’avait pas de sens à ses yeux, peu importe… Je l’avais fait avec elle alors qu’elle montait des tas de cailloux qui n’auraient sûrement jamais la moindre utilité… J’avais besoin de me raccrocher à quelque chose comme ça avait été son cas avant moi, elle aurait sûrement été en mesure de le comprendre si elle ne s’était pas contentée de bouder dans son coin. Son regard se planta dans le mien, je le soutins sans ciller. Je ne savais pas vraiment à quoi elle jouait, je savais seulement que je n’aimais pas ce jeu-là.

Bien sûrrr. Tout ce qui est moldu c’est une passion chez moi.
Tu pourras te montrer aussi sarcastique que tu le désires lorsque nous serons tirés d’affaire, en attendant, fais un effort, s’il te plaît.

Ma voix n’avait rien de réprobateur ou d’agacé, je faisais tout mon possible pour garder un certain calme et éviter d’entrer dans son jeu. Je ne voulais pas qu’on se dispute. Pas maintenant. La seule chose rassurante dans cette histoire était sa présence et je n’étais pas prêt à devoir tirer un trait dessus pour des bêtises. Ses doigts se saisirent de la boîte en carton, non sans qu’elle lâche un reniflement méprisant au passage. Je savais que ça ne lui plaisait pas et je devais bien reconnaître que ça ne me plaisait pas davantage mais la situation était exceptionnelle. Nous étions loin de chez nous, perdus au milieu de nulle part, entrés dans un pays sans en avoir l’autorisation, sans même connaître les lois en vigueur ici, sans être majeurs… Nous n’avions pas le droit de faire de la magie pour l’instant et pire encore nous n’étions pas en mesure de faire face à un quelconque échec. Je ne doutais pas qu’elle se croyait capable de toutes les prouesses du monde et, dans le fond, je l’en croyais capable également mais elle ferait ses preuves à un autre moment. À un moment où la fatigue et le stress ne prendraient pas le dessus sur nous et où quelqu’un pourrait venir nous sauver la mise. Là, on aurait aucune deuxième chance, pas de plan B, rien. Je refusais que nous prenions le moindre risque. Quel qu’il soit.

Frrrotter l’embout d’un geste sec.

Et alors que je m’étais attendu à ce qu’elle me tende l’objet comme si elle avait largement fait sa part de travail, ma meilleure amie se mit à essayer, frottant un bâton contre la boîte. Je la regardais faire sans un mot. Deux bâtons se brisèrent avant que le troisième n’émette un petit crépitement. Rien d’exceptionnel mais c’était la chose la plus enthousiasmante qui m’était arrivé depuis qu’on avait pris le portoloin. Il fallait croire que mon niveau d’exigence était devenu très bas depuis que nous avions atterri ici…

Faen. C’est inutile, ça ne fonctionne pas ton trrruc.
C’est pas grave, nous trouverons autre chose.

J’étais certain qu’elle se mettrait à claironner qu’elle m’avait bien dit qu’il nous faudrait faire usage de la magie et qu’elle attendait que je lui demande, histoire de bien me faire savoir qu’elle avait raison depuis le début mais au lieu de ça, elle s’acharna encore avec les bouts de bois. Je restai idiot, à la regarder, une immense bouffée de reconnaissance me prenant par surprise. Elle était insupportable, c’était un fait, mais je ne l’aurais échangée pour rien au monde. Et finalement, au bout de la sixième tentative, une flamme apparut au bout du bâton avant de consumer celui-ci et de disparaître aussi vite qu’elle était arrivée. Un lourd silence se posa sur nous alors qu’elle laissait tomber le morceau de bois noirci. Son regard revint jusqu’au mien, je l’accueillis en souriant. Il n’y avait pas grand chose de moqueur, bien au contraire. J’étais seulement soulagé, de voir que cela avait fonctionné, peut-être, mais surtout de la retrouver. Peut-être qu’elle boudait encore mais au moins elle était prête à faire autre chose que la tête et à nous aider à faire de cet exil forcé quelque chose de vaguement plus vivable. Sans un mot, elle se releva, abandonnant la couverture sur une chaise et reportant son attention sur le poêle. Elle ouvrit la trappe, grimaça, la referma… et frappa u grand coup dans le tuyau… Celui-ci vibra si fort qu’il fit trembler toute la structure de tôle. Durant une seconde, je craignis qu’elle ne s’effondre sur nous. Il n’en fut rien. Quand elle rouvrit la trappe, un petit nuage de poussière noire s’éleva et la fit tousser.

Il faudrrrait de quoi lancer le feu.

Je hochai la tête et attrapai le livre qu’elle avait abandonné derrière elle pour en arracher les pages. C’était le genre de chose que je détestais par dessus tout d’ordinaire, je prenais grand soin des ouvrages que j’avais entre les mains, mais aujourd’hui ça ne comptait pas et entre un bouquin que je ne pouvais même pas lire et de quoi nous réchauffer tous les deux, le choix était largement fait ! Je les lui tendis sans attendre, mine de rien ravi de ce semblant d’équipe que nous formions à nouveau. Lorsqu’elle en eut assez, j’entrepris de déménager notre cabane pendant qu’elle allumait le feu. Je repoussai la table et ses chaises dans un coin avant de tirer le lit jusqu’à la place qu’elles avaient occupée jusque là, au plus près du poêle. Ça n’était pas génial mais nous aurions chaud. Autant que possible en tout cas. Je récupérai la couverture et grimpai sur le lit avant de m’envelopper à moitié dans le tissu, laissant toute une partie pour qu’Erin puisse s’y glisser également. Il faudrait que nous songions à aller chercher de l’eau… et potentiellement de quoi manger… Mais après. Demain matin, peut-être…? Je n’avais aucune envie de ressortir pour l’instant. Le froid finirait par nous avoir et puis… nous n’étions plus à deux minutes. J’attendis qu’elle me rejoigne pour l’emmitoufler correctement dans la couverture, me collant légèrement à elle avant de passer tendrement mon pouce sur sa joue pour retirer une trace de suie. Je ne pus m’empêcher de sourire légèrement devant son visage un peu sale, bien loin de sa peau blanche et impeccable de d’habitude.

Tu es sans le moindre doute la fille la plus surprenante que je connaisse, souris-je doucement alors que je continuais à effacer du bout des doigts les traces plus foncées qui maculaient son visage, et j’ai une chance insolente de t’avoir à mes côtés.

C’était on ne pouvait plus sincère. Je savais la chance que j’avais. Elle n’était pas toujours facile à vivre, pas toujours facile à suivre et nous nous disputions plus que de raison mais personne au monde ne valait plus qu’elle le coup d’être connue. Et puis, dans le fond, c’était un peu une façon détournée de la remercier de tout ce qu’elle faisait depuis notre départ… Elle était insupportable mais sans elle je ne serais sûrement plus en état de m’en rendre compte…
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyVen 24 Juil - 17:32

the cold never bothered me anyway
junior & erin


Mes traits se défirent brièvement de toute moquerie alors que Junior me renvoyait les propos exacts que j’avais tenus face à son regard dubitatif, un peu plus tôt. Au moment où notre errance n’était encore qu’un vague contretemps qui ne pouvait que prendre bien vite fin. Au moins, nous essayions. Un peu maladroitement, sans y croire véritablement, d’une manière qui pouvait sembler désespérée aux yeux de l’autre, mais nous ne restions pas les bras croisés. Et qu’importe si l’effervescence de l’un paraissait vaine à l’autre, nous ne faisions pas qu’essayer, nous le faisions ensemble. Aussi froissée que je l’étais de son rejet boudeur, je ne pouvais me résoudre à le laisser lutter seul. Non sans un mépris narquois, je m’empare de cette boîte qu’il me tend. Mes mouvements étaient empreints d’un scepticisme qui éclairait jusque mes prunelles posées sur cet objet censé nous apporter du feu. Il suffisait apparemment de frotter les petits bâtons de bois d’un geste sec pour faire naître une flamme. Cela me semblait invraisemblable, ridicule même. Jamais un bout de bois exempt de magie ne pourrait avoir le même effet qu’un Incendio. Je m’employai pourtant à faire ce qui était écrit, prouvant par la même l’absence d’efficacité de cette technique. Ce n’était pas comme cela que nous aurions du feu, j’en étais convaincue. Il fallut quatre essais infructueux pour que toute patience s’étiole dans l’air glacial de ce cabanon miteux et que je jure à voix haute, traduction norvégienne d’un agacement brusque. Ça ne servait à rien. Je m’obstinai pourtant. Pas parce que j’avais une quelconque foi en cette petite boîte stupide, ça non. En partie parce qu’il était hors de question qu’un quelconque objet moldu me tienne en déroute. Mais, au fond, l’unique raison qui avait de l’importance, c’est que Junior comptait douloureusement sur ces baguettes de bois pour nous procurer la chaleur qui faisait cruellement défaut à cette aventure accidentelle. Nous ne trouverions rien d’autre : il venait de retourner ce taudis et il refusait que je fasse usage de la magie. Ces bâtons sans vie et sans magie étaient la solution à ce dilemme. Si je devais m’acharner jusqu’à ce que la boîte soit entièrement vide, je le ferais. Il méritait bien des choses, au moins que je me montre aussi persévérante qu’à l’accoutumée, quand bien même il ne s’agissait que d’un misérable ustensile moldu.

Mon obstination s’avéra payante bien que la victoire fut éphémère. Déjà la flamme avait avalé le bois tout entier, ne laissant qu’un fantôme calciné derrière elle. Je le laissai tomber à même le sol avant de me plonger dans le regard clair de mon meilleur ami. Je lui en voulais toujours un peu de m’avoir reproché cette inquiétude inconnue qui m’avait submergée lorsqu’il s’était blessé, mais d’un autre côté, son sourire appelait à une trêve que j’étais bien aise de signer. J’abandonnai ce sol et cette couverture pour me concentrer sur le poêle, prochaine étape dans notre quête d’une chaleur nécessaire. Des bûches, une trappe, un tuyau, rien de bien compliqué, il ressemblait à tant d’autres avant lui au point que c’en était presque décevant. Je n’avais jamais eu à faire brûler de cheminées, les elfes à notre service s’en occupaient pour nous, mais avec une flamme et de quoi l’entretenir, je ne doutais pas de pouvoir triompher face à cette nouvelle étape. Quand la tôle cessa de vibrer et que ma quinte s’acheva, je me tournai vers mon meilleur ami et, ensemble, nous nous efforçâmes d’allumer un feu. Il m’abandonna lorsque j’estimai avoir assez de papier. Le boucan dans mon dos me fit me retourner et un sourire tendrement amusé agita mes traits en constatant que Junior avait décidé de jouer les apprentis déménageurs. Je me reconcentrai sur mon ouvrage, laissant mon meilleur ami au sien, dans un silence qui n’avait plus grand chose de pénible. Tentant de reproduire le souvenir que j’avais du feu de camp de Vayne, je disposai les pages du livre chiffonnées en premier avant de les recouvrir des plus petites bûches que je parvins à trouver. Cette fois, je parvins du premier coup à faire naître une flamme avec les bâtonnets dénichés par Junior, la laissant tomber sur l’un des feuillets qui s’embrasa presque immédiatement. Il fallut encore quelques secondes pour que toutes les pages prennent feu et que le bois commence à brûler à son tour. Je rajoutai alors deux bûches plus imposantes et refermai la grille sur l’agréable spectacle d’un feu entrain de croître.

De son côté, Junior avait terminé son agencement. Déjà une douce chaleur se diffusait, tout proche de moi. Il faudrait encore quelques minutes pour qu’elle nous enveloppe sur le lit qu’il avait tiré jusqu’ici, mais elle le ferait, tout au tard, et éloignerait ces températures polaires autant que possible. Je me défis vivement de mes chaussures avant de rejoindre mon meilleur ami qui referma la couverture sur nos deux corps serrés l’un contre l’autre, m’arrachant un soupir satisfait. Son pouce s’égara sur ma joue et, aidé de son sourire, achevèrent de faire disparaître cette mauvaise humeur qui m’avait poussée à m’asseoir dans un coin de la cabane, loin de lui et de toute tentative pour rendre ce mauvais pas aussi confortable que possible. Il l’était, présentement, Junior poursuivant ses caresses sur mon visage, et moi me lovant un peu plus contre lui. Ses mots firent un danser qui avait retrouvé toute sa superbe alors que je me tortillai pour pouvoir lui faire face sans briser l’enveloppe tiède qu’il avait posée sur nous. Si tu fais rrréférrrence à ma victoirrre contrrre ces bâtons moldus, je t’interrrdis d’en parrrler à qui que ce soit. Mon ton menaçant ne parvint pas à faire taire la lueur amusée qui brillait au fond de mon regard plongé dans le sien et ça n’était pas mon doigt dressé devant son visage qui aidait beaucoup. J’avais retrouvé de mon mordant en même temps que toute velléité à son encontre s’était effacée. Celui-là, fis-je en abandonnant mon index tendu sur sa joue et effleurant le coin de ses lèvres des miennes avant de retrouver ses yeux bleus. ce n’était pas une diverrrsion. Il était inconcevable que je m’excuse jamais d’avoir tenu à faire disparaître sa blessure, mais c’était une forme de drapeau blanc, un Je ne recommencerai plus sans te demander au préalable informulé afin de tirer un trait sur ce désaccord qui avait couvé des heures durant.

Le froid nous quittait lentement, chassé par le feu qui réchauffait la pièce, laissant une place toute faite pour la fatigue accumulée par la marche. Nous profitions de ce répit bien mérité et de la présence de l’autre. Plus les secondes s’écoulaient, et plus l’espoir de voir brusquement Grand-Père apparaître à la place du battant minable qui servait de porte à ce cabanon s’amenuisait. Je ne doutais pas qu’il arriverait, simplement, je prenais peu à peu conscience que ce serait bien moins rapide que ce que j’avais imaginé dans un premier temps. Il ne nous restait qu’à attendre, et Salazar savait à quel point je n’étais pas doué pour la patience. Néanmoins, présentement, je n’avais envie de rien d’autre que de rester contre Junior. La suite pouvait être repoussée encore un peu.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyLun 27 Juil - 1:00



The cold never bothered me anyway
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

La tension qui avait été si palpable ces dernières heures fondit comme de la neige au contact de la flamme naissant entre les doigts d’Erin. Son regard s’était accaparé le mien, laissant un sourire plein d’une gratitude silencieuse étirer mes lèvres. Elle aurait très bien pu continuer de bouder dans son coin sans prendre la peine de saisir la main que je lui tendais, sans s’abaisser à jouer les expérimentatrices auprès de gadgets moldus… Je n’aurais pas pu lui en vouloir… pas vraiment. À l’un comme à l’autre, on nous avait toujours appris à rester loin des inventions ridicules de toute cette vermine, nous rappelant à tout va combien notre magie valait infiniment mieux que ce qu’ils pouvaient bien avoir mis en oeuvre pour compenser leur médiocrité. Mais je n’étais pas sûr que « toujours » comprenne encore aujourd’hui… Qu’en était-il de la magie quand nous n’avions pas le droit de la pratiquer ? Qu’en était-il des échecs que nous connaissions tous alors que nous continuions notre scolarité quand nous n’avions même pas le droit à l’erreur ? Et si la fatigue et le stress jouaient contre nous et mettaient feu au seul abri que nous avions été capable de trouver ? Je ne doutais pas des capacités de ma meilleure amie, je la savais infiniment douée, mais aujourd’hui, juste aujourd’hui, je préférais la sous-estimer plutôt que de prendre le risque qu’il nous arrive quoi que ce soit. Est-ce qu’elle avait fini par voir les choses de la même manière ? J’aimais à croire que oui sans en être certain pour autant. Je pariais plus volontiers sur la même volonté que celle qui m’avait animé alors qu’elle faisait des tas de cailloux : ne pas laisser l’autre seul. Nous étions dans la même galère, mieux valait continuer à se serrer les coudes malgré nos différends. Comme d’habitude, en réalité… Il ne fallait pas que ça change, encore moins maintenant. Et, comme d’habitude, ma Reine prit les choses en main, et s’accroupit près du poêle. Je l’aidai comme je pus, déchiffrant éhontément les pages du livre trouvé un peu plus tôt. Je décapitai les poissons sans un regard pour eux, scindant les chaînes de lettres incompréhensibles sans l’ombre d’un remord. Il fallait que l’on allume ce feu coûte que coûte. Quand Erin eut assez de papier, je la laissai s’occuper du reste pour revoir notre aménagement. Nous avions bien trop froid pour nous éloigner du poêle et notre marche interminable dans ces vents gelés nous promettait trop de douleurs et de courbatures pour nous contenter du sol. En un rien de temps (peut-être un peu plus, je l’admets), le lit se réchauffait à la lueur des flammes qu’elle avait réussi à faire naître. Il faudrait un moment pour que nous puissions arrêter de grelotter ou retrouver la pleine possession de nos doigts frigorifiés mais nous étions sur la bonne voie…

Installé sur le matelas peu confortable et enveloppé dans la couverture poussiéreuse, j’attendis qu’Erin me rejoigne enfin. Pour la première fois depuis que nous étions arrivés, il était envisageable de faire une pause. Une vraie pause. Nous pourrions nous reposer un peu, souffler un instant… Jusqu’à demain matin, en espérant qu’on soit venu à notre rescousse d’ici là. Si ça n’était pas le cas, il faudrait bien reprendre notre exploration des environs pour trouver de l’eau potable et de la nourriture… Si la magie pouvait nous aider, en dernier recours, pour le premier point, elle ne pourrait rien pour nous concernant le deuxième. Tout sorcier que nous étions, il nous faudrait faire autrement de toute façon… Je l’enroulais du mieux possible dans notre couverture et ne pus m’empêcher de retrouver la tendresse naturelle qui ponctuait nos têtes-à-têtes. Et alors que j’essuyai une trace de suie sur sa joue, je ne pus que réaliser combien elle était jolie, même là, sale et épuisée. Non, elle n’était même pas jolie, pas seulement, elle me semblait plus belle que jamais. Ça n’était probablement pas objectif pour une noise mais c’était plus que frappant. S’il était évident que je m’extasiais à chaque fois que je la voyais apprêtée, je le faisais bien davantage encore à chaque fois qu’elle ne l’était pas… C’était bien la seule qui pouvait se targuer d’être absolument divine le visage crasseux et les cheveux maltraités par le vent. Elle se tortilla un peu et je me perdis volontiers dans l’océan amusé de son regard.

Si tu fais rrréférrrence à ma victoirrre contrrre ces bâtons moldus, je t’interrrdis d’en parrrler à qui que ce soit.

Je pris un air aussi innocent que possible, la fatigue me faisant légèrement loucher sur ce doigt dressé devant moi. Les nuages qui avaient assombri notre ciel paraissaient être un lointain souvenir et rien n’aurait pu être plus rassurant. Dans ce cabanon miteux, perdus au milieu de nulle part, nous nous retrouvions enfin. Il n’y avait plus l’ombre d’un reproche entre nous, seulement les sourires complices que nous comprenions si bien.

Ce qui se passe dans cette cabane restera dans cette cabane, promis-je dans un gloussement enfantin. Ce sera notre secret.

Son doigt finit par se poser sur ma joue. Je bougeai imperceptiblement pour profiter de son contact, comme si tout son corps ne se trouvait pas collé au mien. Puis ses lèvres se posèrent au coin des miennes, m’arrachant un sourire plus grand. Amusé, toujours, mais immense. Je sentais mes épaules s’alléger d’un poids, l’épuisement se faire sentir davantage. La chaleur commençait à arriver, engourdissant mes membres dans une douleur agréable. J’étais bien, je crois. Aussi bien qu’on puisse être dans une situation comme la nôtre. Si j’avais conscience qu’il nous faudrait encore attendre, je réalisais en même temps que ça n’était plus si dramatique. Nous étions à l’abri. Et nous étions ensemble.

Celui-là ce n’était pas une diverrrsion.

Ma main caressa sa joue une dernière fois avant qu’elle ne glisse dans sa nuque et que j’abandonne sur sa bouche un baiser moins farouche. Depuis ce matin, nos tendres et habituels égarements se comptaient sûrement sur les doigts d’une main… Ma mère ne nous avait pas laissé souffler bien longtemps et notre arrivée sur ces terres désertiques ne nous avait pas offert maintes occasions de nous perdre en caresse. Nous pouvions bien y accorder un instant. Ça n’était plus comme s’il y avait plus urgent dans l’immédiat… Je finis toutefois par me reculer et m’adossai à la tête de lit, ou du moins au bord vaguement plus haut qui semblait en faire office, dans un soupir entre la lassitude et la satisfaction.

Viens là, soufflai-je en l’attirant vers moi, nous vautrant sans grâce dans le coussin douteux. Mes doigts retrouvèrent machinalement ses cheveux, tâchant de s’y perdre avec douceur, prenant soin de ne pas se coincer dans les noeuds laissés par notre pénible errance. Finalement, dans notre malheur, nous avons tout de même de la chance. Quelques heures d’une intimité absolument totale, c’est plus que nous en avons eues jusque là. Et puis, nous ne sommes pas si mal installés…

Mes lèvres se posèrent sur sa tempe et retinrent un nouveau soupir. Il fallait s’accrocher au positif, qu’importe s’il n’était pas très présent. Nous étions ensemble, nous étions sains et saufs, nous étions à l’abri, nous avions de quoi nous réchauffer, et quand bien même il faudrait passer la nuit ici, nous avions la possibilité de nous reposer. C’était difficile et je ne niais même pas l’angoisse qui me nouait l’estomac, mais ça aurait pu être pire. Vraiment vraiment pire. Durant quelques minutes, je me perdis dans l’observation absente des lueurs changeantes qui nous parvenaient tant bien que mal par la fenêtre sale. Il n’y avait plus qu’à attendre, à présent. À prier pour que ça ne soit pas trop long… et trouver comment passer le temps. J’aurais été incapable d’expliquer le cheminement de mes pensées durant le silence tranquille qui s’était posé sur nous, mais lorsque je reposai les yeux sur le visage d’Erin, ce fut avec un sérieux troublé. Il me fallut bien plusieurs secondes pour me décider à parler.

Dis… C’est quoi l’histoire des trois impurs morts pour te protéger ?

Est-ce que c’était la perspective de me retrouver auprès des siens et de revoir sûrement ses grands-parents très prochainement qui avait réveillé les souvenirs de notre conversation ? Peut-être… Ou bien était-ce la crainte qu’il nous arrive quelque chose bientôt qui me poussait à vouloir savoir pourquoi j’avais accepté de jouer ma vie…? Peu importait, dans le fond, le résultat était le même…
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Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Mer 29 Juil - 12:03, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyLun 27 Juil - 20:57

the cold never bothered me anyway
junior & erin


Après les paysages monochromes, d’un froid polaire, que nous avions traversés ces dernières heures, le feu qui naissait dans ce poêle d’un autre âge était un spectacle des plus envoûtants. La promesse d’une chaleur bienvenue. Je l’abandonnai cependant sans hésiter une demi-seconde, lui préférant celle de mon meilleur ami. Ce n’était pourtant pas grand chose, à peine une couverture poussiéreuse et un matelas miteux, mais c’était le seul royaume qui en avait l’allure depuis bien trop longtemps. En réalité, peu importait le matériel ou le luxe de nos bulles habituelles. Cette longue marche avait été éreintante et une dispute en plein milieu du Groenland n’avait pas les mêmes saveurs qu’en temps normal. Ce qui ne changeait pas, en revanche, c’était le réconfort de nos étreintes et à quel point je m’y sentais bien, quand bien même j’avais toutes les raisons du monde, ou presque, de lui en vouloir l’instant d’avant. Lovés l’un contre l’autre, enveloppé dans un drap qui avait le mérite d’exister, les frissons s’espaçaient à mesure que les secondes passaient. Il faudrait encore quelques minutes pour que le poêle diffuse plus qu’une vague tiède, mais attendre me paraissait presque enviable alors que nous retrouvions nos tendres manières.

Il suffisait d’un doigt dressé accompagné d’un sourire amusé et d’un air innocent pour que l’impression de valser au même rythme que nous le faisions toujours se fasse plus douce encore. Il vaut mieux. Je tentai une dernière fois de me montrer mortellement sérieuse, menaçante, même, mais mes lèvres ne voulaient que sourire à nouveau et je n’avais pas le coeur à les en empêcher. Mon doigt s’égara sur sa joue, comme pour en chasser une trace imaginaire, avant que je n’abandonne un baiser léger, léger comme cette sensation qui m’enveloppait aussi sûrement que le faisaient son étreinte. J’étais bien, mieux que je ne l’avais été depuis notre réveil ce matin et je tenais à effacer toute trace de mécontentement qui pourrait subsister de cette étrange mésaventure. Désir partagé et traduit par ce baiser dans lequel nous nous perdîmes sans retenue, oubliant un peu l’errance que nous venions de vivre et la cabanon dans lequel nous avions trouvé refuge.

Quand nos lèvres se séparèrent et que Junior se recula dans un coin de notre repaire, le froid semblait n’être qu’un vague souvenir un peu lointain, éloigné par cette couverture, repoussé par le feu qui continuait de brûler et de gagner un peu plus la pièce, tenu à l’écart par nos corps entrelacés. Je ne me fis pas prier pour le rejoindre, autant pour éviter que la couverture ne glisse de mes épaules que pour ne pas m’éloigner de mon meilleur ami. Les coussins n’étaient pas plus reluisants que le reste de la literie mais, pour l’instant, nous n’avions pas besoin de plus. J’imaginais nos parents nous retrouver, l’un contre l’autre, sur un matelas pouilleux, emmitouflés sous une couette qui l’était tout autant. Nous aurions besoin d’un bon bain pour oublier cette infamie, c’était certain. Quoique… avant de ne rien en faire, je comptais bien me précipiter en direction de Finnbjörn en agitant mes mains pleines de suie et de tout ce qu’elles avaient touché. Dans un malheur, il fallait toujours trouver de quoi se réjouir, et pouvoir me moquer de mon jumeau adoré en était une source infinie. Les mots de Junior en éveillaient une autre et je lui retournais un sourire tendrement moqueur. Tu n’avais pas besoin de trrrafiquer un porrrtoloin pourrr nous offrrrirrr cette intimité, je nous aurrrais trrrouvé de quoi, en Norrrvège. Mais enfin, dans le fond, j’étais on ne peut plus d’accord avec lui. Nous n’étions pas en exil forcé loin des nôtres pour une vie toute entière, c’était à peine l’histoire de quelques heures, et nous serions prêts à rire de cette histoire bien avant de nous être lassés de cette intimité parfaite. Et, comme il le soulignait si justement, c’était bien plus que nous n’avions eu jusque là…

La partie française de nos vacances avait été plaisante et nous étions parvenu à nous enfuir comme nous le projetions bien avant l’été. C’était tout de même un mariage entre deux descendants d’illustres familles de sang-purs et nous avions eu à tenir notre nom. Entre deux échappées belles, nous nous retrouvions plongés dans un rythme effréné de mondanités. Je savais que mon meilleur ami s’y plaisait tout particulièrement et adorait ce rôle de fils parfait, bien sous tous rapports, aussi noble dans ses traits que dans son caractère, et je pouvais m’y plier de temps en temps... mais cela m’ennuyait profondément. Quand ça n’était pas sa mère qui venait nous trouver, c’étaient des invités dont je n’avais rien à faire. Je m’étais même retrouvée en compagnie de son insupportable cousine parce qu’il était trop occupé à danser avec la première venue. Aussi détestable soit ce tableau, je n’y avais guère repensé jusqu’à ce que me pensées s’égarent et m’entraînent avec elles. J’avais simplement gratifié mon meilleur ami d’une remarque acerbe en le retrouvant, après cette valse bien trop longue à mes yeux, et la danse avait été close. Au moins n’y aurait-il rien de tout cela là où nous allions. Juste les miens, nos invités, et de quoi nous perdre en toute sécurité à perte de vue.

Sa remarque me tira du silence tranquille que nous avions laissé tomber sur nous. Je relevai un regard clair jusqu’à ses traits presque crispés et un sourire doux étira mes lèvres, trop doux pour quiconque ne me connaissait pas dans ces instants que nous ne partagions qu’à deux. Ses cheveux ébouriffés lui donnaient un air espiègle que j’aimais décidément beaucoup. Mais l’heure n’était pas à la contemplation et je retrouvais rapidement un sérieux rare alors que je rivais mes prunelles dans les siennes, teintées d’une gravité que je percevais sans peine. Tout ce qui se passe dans cette cabane rrreste dans cette cabane soufflai-je avec une conviction qui manquait d’assurance. Je n’étais pas sûre de pouvoir cacher cette nouvelle révélation à Grand-Père, ni même de le vouloir. L’aveu pourrait attendre un peu, mais il finirait par atteindre mon aïeul. La confiance que je portais à mon meilleur ami était infinie mais les liens du sang ne devaient pas souffrir le moindre secret. Mes grands-parents étaient déjà au courant de mon premier écart et avaient réagi en conséquence : maintenant que Junior était soumis à un Serment Inviolable, que risquions-nous, puisque l’enchantement s’étendait au secret dans son entièreté ? Ce n’est pas que j’avais besoin de me réassurer quant à la loyauté de mon meilleur ami, plutôt que j’espérais ne pas l’emmener une nouvelle fois dans une impasse. C’est l’histoirrre d’une maladie génétique incurrrable Je crachais ces quelques mots avec un dégoût que je ne cherchais même pas à dissimuler : ils étaient synonymes d’une faiblesse que je détestais de tout mon être. qu’aucun rrremède connu ne pouvait soigner. Grrrand-Mèrrre a trrrouvé un trrrès ancien rrrituel qui doit êtrrre prrratiqué tous les trrrois ans si nous voulons rrrester en vie. En attendant de dénicher quelque chose de plus… durrrable. Un haussement d'épaules essaya de chasser tout le sérieux qu'avaient pris nos traits et nos regards. J’étais convaincue qu’il existait quelque chose capable de faire disparaître pour de bon cette malformation qui nous empoisonnait l’existence. Mais je ne l’avais pas encore trouvée, cette solution miracle, et la magie sacrificielle était pour l’instant ce que nous avions de plus efficace. Dans quelques mois, il nous faudrait d’ailleurs remonter sur l’autel. J’interrogeai Junior du regard, peut-être un peu soucieuse de la manière dont il accueillerait mes déclarations, dans l’attente de savoir s’il voulait que je les précise. Je ne faisais jamais preuve de précaution, mais s’il y avait bien une personne pour qui m’en doter, c’était mon meilleur ami ; un sujet qui en nécessitait, c’était celui-ci.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyMer 29 Juil - 15:50



The cold never bothered me anyway
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Les sourires avaient eu vite fait de remplacer les silences, nous offrant une parenthèse bienvenue dans le cauchemar que nous vivions. Notre situation n’avait absolument pas changé, nous étions toujours coincés au milieu de nulle part, sans l’ombre d’une issue, sans même pouvoir prévenir qui que ce soit de notre localisation mais, pourtant, tout m’apparaissait plus supportable. Notre complicité n’avait pas eu de mal à recréer notre bulle habituelle, tenant éloignés les nuages et évinçant le reste du monde sans le moindre mal. De toute façon, il n’existait pas, ici, le reste du monde. Nos heures d’errance ne nous avaient pas offert la moindre compagnie sinon celles de cailloux par milliers. C’était temporaire. Tout reprendrait son cours normal avant même que ça ait eu le temps de nous manquer ! Je finis par prendre mes aises dans ce qui serait notre domicile pour les interminables minutes à venir, m’installant au mieux contre les oreillers d’un autre âge. Si on m’avait dit un jour que j’accepterais de me vautrer ainsi dans la crasse, je n’en aurais évidemment rien cru ! Et pourtant… Force était de constater que ça n’était pas ce qu’il y avait eu de pire à supporter aujourd’hui… Erin ne mit pas longtemps à me rejoindre, m’enveloppant de sa chaleur. Dans ses bras, ce taudis me paraissait acceptable. Bien sûr, je n’aurais jamais signé pour y rester bien longtemps, avec ou sans elle, mais c’était toujours mieux que rien. Un confort sommaire mais présent, une sécurité sûrement un peu utopique mais suffisante… Ça avait le mérite d’être un abri et, mieux encore, le théâtre de nos retrouvailles. Je crois que l’on sentait vraiment la pression qui retombait. Les barrières que nous avions dressées depuis notre arrivée avaient chu en un rien de temps, pour mon plus grand plaisir. Il n’avait été question que d’une demi-journée à peine mais ma meilleure amie m’avait manqué.

Tu n’avais pas besoin de trrrafiquer un porrrtoloin pourrr nous offrrrirrr cette intimité, je nous aurrrais trrrouvé de quoi, en Norrrvège.
Fichtre, me voilà percé à jour ! gloussai-je en repoussant une mèche brune qui barrait son visage. Rien ne t’empêchera de trouver malgré tout lorsque nous arriverons, tu sais…?

Il fallait bien reconnaître que je ne faisais le déplacement que pour elle, que pour le plaisir de la suivre sur les terres qui l’avaient vue naître et qui constituaient toujours une part immense de son univers. Du reste, sans vouloir paraître impoli, je m’en fichais bien ! Aussi, si nous avions la possibilité de faire comme si nous étions seuls au monde, pour de faux, cette fois !, je n’aurais rien contre et je ne doutais pas qu’elle soit au courant. Je ne connaissais rien de plus grisant au monde que l’intimité que nous avions toujours su trouver. Je n’avais rien contre les mondanités, bien au contraire, et appréciais me sentir faire partie d’un tout, de quelque chose de grand. Mais tout de même, j’étais prêt à échanger toutes les dîners du monde pour quelques soirées en sa seule compagnie. Et, ces derniers jours, rares avaient été les moments rien qu’à nous… J’avais tenu mes promesses, la tirant loin de la fourmilière de ces noces presque princières, mais nous n’en faisions pas moins pleinement partie, contraints de faire acte de présence et honneur à nos noms. Il avait été difficile de nous exiler bien longtemps loin de tous, profitant seulement de délicieux instants volés. Je me demandais ce qu’il en aurait été si nous avions rejoins mes racines sans profiter d’une occasion comme celle-ci… Je supposais que ma mère craignait que notre amitié n’emprunte d’autres chemins sans parvenir à savoir si ses craintes étaient fondées et je tendais à croire qu’elle ne nous aurait pas offert toute la tranquillité que nous aurions pu souhaiter. Je percevais les contours de quelque chose qui me dépassait mais les mots me manquaient pour me l’expliquer. Ça avait toujours été différent, c’était un fait. Erin n’avait jamais été une amie comme les autres, elle s’était imposée le plus naturellement du monde, s’octroyant le centre de mon monde sans que je ne trouve utile de l’en déloger. Et ça avait toujours duré, et aujourd’hui encore ça durait. Aussi le changement qui nous avait secoués cette année ne me semblait pas surprenant, c’était la suite logique de ce que notre relation avait toujours été… Pour autant, j’aurais été incapable de prédire des changements à venir, pas même vraiment de les souhaiter. J’aimais ce que nous avions comme je l’avais toujours aimé. Je me laissais simplement porter, bercé parce que la vie à ses côtés avait à m’offrir. Mais si ma mère voyait sûrement bien mieux que moi ce qui nous liait, qu’en serait-il des Sørensen ? Je ne les connaissais pas particulièrement, ses parents m’apparaissaient comme des ombres vagues dans nos souvenirs, bien moins inquiétants leurs aînés, c’était certain ! Devais-je m’attendre à ce qu’on nous surveille de loin comme on l’aurait fait chez moi ? Je n’en savais trop rien… Je ne savais pas grand chose de ce qui m’attendait, en réalité… J’avais accepté les yeux fermés, ignorant jusqu’à l’appréhension que d’autres souvenirs continuaient de nourrir en moi. Mes derniers échanges avec sa famille ne faisaient guère partie des meilleurs instants qui m’ait été donné de vivre, et je craignais un peu d’y être à nouveau confronter… Une image en amenant une autre, le voile laissé sur un secret cher payé me revint… Nous n’avions jamais réabordé le sujet, presque comme s’il n’existait pas. Le moment était sans doute mal choisi… mais… tant pis. Je n’étais pas certain que l’idée soit bonne mais j’avais envie de savoir. Quitte à m’aventurer dans une vie qui n’était pas la mienne, je souhaitais la comprendre. Son regard clair rejoignit le mien alors que les mots m’échappaient. Elle ne paraissait pas m’en vouloir de revenir sur la question. Je ne la forçais à rien, j’espérais qu’elle le savait.

Tout ce qui se passe dans cette cabane rrreste dans cette cabane.

Je hochai la tête sans jamais la lâcher des yeux, signant dans un sourire presque désolé une promesse silencieuse. Rien de ce qui se dirait ici n’en sortirait. D’une manière plus générale, je gardais pour moi la moindre de ses confidences. De quel droit pourrais-je trahir sa confiance ? C’était, je le savais, le plus beau cadeau qu’elle pourrait jamais me faire, aussi je le chérissais précieusement.

C’est l’histoirrre d’une maladie génétique incurrrable, commença-t-elle alors. Ma gorge se serra à ces mots. Si j’avais toujours eu conscience de la maladie des jumeaux, je crois que je n’avais jamais vraiment réalisé à quel point elle pouvait les atteindre. Ça n’était à mes yeux que quelques passages à l’infirmerie qui ponctuaient leur quotidien, guère plus. Ils allaient bien. Peut-être pas chaque jour de l’année mais c’était humain après tout… Et puis, je passais le plus clair de mon temps près d’Erin, Erin qui m’avait toujours semblé d’être invincible. Tout en elle donnait l’impression de pouvoir se défaire des carcans de notre condition de mortels, au-dessus des travers de la vie. …qu’aucun rrremède connu ne pouvait soigner. Grrrand-Mèrrre a trrrouvé un trrrès ancien rrrituel qui doit êtrrre prrratiqué tous les trrrois ans si nous voulons rrrester en vie. En attendant de dénicher quelque chose de plus… durrrable.

S’ils voulaient rester en vie… Sa voix me revint comme un écho, implacable. J’aurais été incapable de dire ce que j’avais cru jusque là. Je n’avais jamais supposé qu’ils mentaient ou que c’était moins grave qu’ils le disaient, loin de là, rares étaient les fois où je remettais en cause la parole presque sacrée de la Poufsouffle mais je devais bien admettre que je n’avais jamais envisagé leur existence sous cet angle. Peut-être que je m’étais toujours voilé la face, j’en savais rien, après tout j’étais doué pour ces choses-là… Si elle ne me semblait pas plus fragile, il y avait dans son aura ce quelque chose d’éphéméréité que je n’avais jamais aperçu… Trois ans… Et si pour une raison ou pour une autre ils ne parvenaient pas à faire leur rituel…? Un vide immense et douloureux tomba au creux de mon ventre face à cette réalité qui ne nécessitait aucune réponse. Sur le coup, j’en avais oublié l’origine de ma question et les restes des trois vies écourtées… Quelle importance ? Je ne les connaissais pas, ces impurs. Si j’eus envie de l’enlacer presque désespérément, comme si on pouvait me l’arracher d’une seconde à l’autre, je n’en fis rien. Je restai aussi stoïque que possible et Dieu seul sut combien ça m’était difficile à cet instant précis. Je tâchais de maîtriser les battements de mon coeur, craignant qu’elle n’en sente le moindre changement de rythme, mais chacun d’entre eux me paraissait plus violent que le précédent. Erin haussa finalement les épaules, m’arrachant au désespoir tenace et inattendu que ses explications avaient fait naître en moi. Je sentais son regard sur moi, le mien accroché à la fenêtre comme si ce « quelque chose de plus durable » allait s’y montrer tout à coup, et il me fallut plusieurs secondes pour parvenir à me reprendre à lui offrir à nouveau toute mon attention. Aujourd’hui encore, il me reste de cette conversation un important regret, l’impression inexplicable que l’ignorance aurait mieux valu. Pourtant, lorsque mes yeux croisèrent les siens, je fis en sorte de n’en rien montrer et me raccrochai à ce qu’il y avait de plus terre à terre : cette magie inconnue dont elle esquissait à peine les contours. Je n’étais pas le dernier des idiots et les liens entre ses aveux précédents et ceux-ci se firent presque automatiquement. Ils avaient perdu la vie pour la sauver, et elle avait besoin de ce rituel pour préserver la sienne… Rien qu’y penser m’était compliqué… La nausée se fit doucement sentir.


C’est pour ce rituel qu’ils sont morts…?

Je n’avais en réalité besoin d’aucune réponse, c’était bien assez clair à mon sens, mais je l’encourageais ainsi à poursuivre ses explications. Il n’y avait aucun jugement dans le ton de ma voix, ni nulle part d’ailleurs, je comprenais parfaitement qu’on puisse en arriver à de telles extrémités. Ils ne valaient rien, de toute façon, et c’était sûrement la meilleure fin possible pour eux que de servir à une sorcière telle qu’Erin. J’aurais seulement préféré qu’il n’y en ait aucun besoin.

Et… repris-je plus faiblement. Et le jour où tes grands-parents ne seront plus là…?

Elle avait parlé de sa grand-mère, aussi j’imaginais que c’était elle qui s’occupait de tout ça. À tort, peut-être. Je l’espérais en tout cas… Est-ce qu’il y avait quelqu’un pour prendre le relai le jour où ils quitteraient ce monde, quelqu’un pour s’assurer que les jumeaux ne les suivraient pas…?
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyJeu 30 Juil - 18:45

the cold never bothered me anyway
junior & erin


Rien n’avait jamais la même saveur, jamais les mêmes couleurs, selon que mon meilleur ami était, ou non, à mes côtés. Présentement, il était tout ce qui rendait ce taudis supportable. Tôle rouge et toit d’acier, mobilier usagé et confort sommaire, cela n’avait plus la même importance dès lors que je vins me lover contre lui une fois le feu allumé. D’ici quelques minutes, il commencerait à réchauffer l’endroit de manière plus prononcée, en attendant, les bras de Junior m’enveloppaient d’une chaleur bien plus agréable. C’était une excuse idéale dont je n’avais pas besoin : quand bien même le poêle serait capable de nous prodiguer les températures les plus douces qui soient, ce ne serait jamais aussi délicieux que ces étreintes. Le cabanon n’était qu’un taudis branlant et je n’oubliais pas que nous étions au beau milieu de nulle part, mais après des jours entiers à devoir se plier aux exigences de la bienséance, il était plaisant de pouvoir s’abandonner à nos tendresses habituelles, sans craindre qu’une autorité parentale ne vienne nous tirer trop tôt de ce moment enchanteur. Les difficultés liées à notre atterrissage violent, à la chute catastrophique de Junior et à notre longue marche dans le froid s’effacèrent aussi rapidement que si elles n’avaient jamais existées, et, déjà, nous retrouvions notre complicité et nos rires de d’habitude. À croire que nous n’étions pas dans un cabanon très certainement moldu, sales et engourdis, mais dans l’un de ces royaumes que nous savions si bien conquérir en faisant fî du reste du monde. C’était peut-être d’autant plus facile que, de monde, il n’y avait pas la moindre trace. Je cessai très vite de penser à tout cela alors que son gloussement faisait écho au mien et que ses doigts débarrassaient mon visage d’une mèche de cheveux. C’est déjà tout trrrouvé, mon Prrrince répliquai-je dans un sourire. Loin des oreilles indiscrètes capables de comprendre les surnoms dont nous nous affublions, je retrouvais toute la malice lié à ces sobriquets un peu niais mais dont nous ne nous passions plus.

C’était peine perdue que de chercher à retracer comment nous en étions arrivés à tout ça, mais mon esprit assoupi après de telles aventures et apaisé par cette étreinte s’engagea sur ce chemin sans sourciller, tandis que mes doigts égaraient de vagues caresses machinales sur la joue de mon meilleur ami. Nos vacances subissaient un imprévu, mais elles n’en restaient pas moins les toutes premières que nous ne passions pas séparés de bout en bout. C’était à se demander comment nous avions tenu si longtemps sans exiger de partir avec l’autre, alors que chaque au revoir était cruel. On ne s’entendait pas toujours, et pas sur tout, loin de là, mais une dispute offrait la possibilité d’une réconciliation, alors que l’été n’était synonyme que de longues journées sans pouvoir se voir. Et, en termes de querelles, cette année était à placer tout en haut d’un classement inexistant. Si tout avait été calme à Poudlard, ça avait été tout le contraire entre nous, sans que cela ne nous déchire définitivement. Un peu comme si le conflit était nécessaire pour arriver à s’accorder sur ce nouveau rythme, pas vraiment différent, pas totalement semblable non plus. Une version un peu améliorée de nos pas habituelle, dans une continuité d’une logique si limpide que c’était à se demander comment il pourrait en être autrement. Bien sûr, Junior avait toujours tenu une place toute particulière dans ma vie, alors même qu’il n’y était pas apparu tout de suite. Mais dès qu’il avait été là, l’évidence de sa présence ne s’était jamais effacée, même face aux discordes, même face aux milliers de kilomètres qui nous séparaient l’été durant. Les airs de fils parfaits que j’exécrais chez les autres m’amusaient chez lui et j’adorais tout le reste : que sa paresse ne résiste jamais trop longtemps à mon impulsivité, que son égoïsme m’inclue dans son équation, que sa mauvaise foi surpasse la mienne, que notre confiance soit réciproque, que notre affection aussi…

Perdue dans mes pensées, j’avais posé sur lui un regard un peu songeur, un peu absent, mais le sujet qu’il ramena brutalement entre nous deux me tira de mes rêveries. Il voulait la suite de l’histoire. Je lui avais promis, cette fois-là, de trouver un moyen de tout lui raconter. Pas de secret, pas entre nous. C’étaient finalement mes grands-parents qui m’avaient fourni le moyen idéal de tout lui dévoiler en le soumettant à un Serment Inviolable qui englobait tout ce mystère, dont il ne discernait même pas encore tous les fils. Cependant, je n’étais pas sûre que cela le protège totalement du mécontentement familial quand ils apprendraient que, non contente de dévoiler ce qui ne devait jamais quitter notre cercle privé, j’avais récidivé une seconde fois. Il ne me venait même pas à l’esprit de concevoir des moyens de me dédouaner, comme jouer sur cette errance dans laquelle nous étions plongés. J’assumais sans trembler avoir envie de faire disparaître cette inconnue qui subsistait entre nous deux. Je lui contais donc succinctement cette fable qui nous suivait au quotidien, Finnbjörn et moi. Il ne resta qu’un silence lourd quand je me tus et un Junior aux traits figés, le regard perdu au-dessus de moi. Je ne saisissais pas trop ce qu’il avait du mal à appréhender, mais tout, dans son mutisme et son immobilisme, laissaient percevoir que mes propos avaient été bien moins faciles à entendre qu’à prononcer. Il me revint finalement, alors que mon regard clair ne l’avait pas lâché une seule seconde, dans l’attente d’une réaction, quelle qu’elle soit. Une vie pourrr en prrrolonger deux répondis-je en guise d’approbation. Voulait-il connaître tous les détails du rituel ? Je n’en avais pas l’impression. Quel besoin avait-il, de toute façon, de connaître avec précision ce pentacle tracé au sol, ces bougies qui éclairaient la scène d’un corps bientôt abandonné par la vie, auprès duquel on nous demandait de rester allongés, débarrassés de nos vêtements, comme s’il ne fallait aucune barrière entre nous, et la magie. Encore que ces détails-là n’étaient que descriptifs, mais je pouvais lui épargner ceux qui concernaient la douleur folle et cuisante qui nous faisait hurler sous des étoiles sourdes. Cela semblait bien affreux, et pourtant, à l’approche de notre dix-septième anniversaire, un nouveau passage viendrait aussi, et les battements un peu plus violents de mon coeur n’avaient rien à voir avec de l’appréhension.

Une nouvelle interrogation qui me tire, cette fois-ci, un froncement de sourcils alors qu’un éclat mécontent traversait mon regard. Plus là ? Un jour, évidemment, Grand-Père et Grand-Mère devraient se plier à la dure loi de la nature et deviendraient, comme nos aïeux avant eux, des portraits dans ce long couloir aux tapisseries rouges. Je le savais, je n’étais pas stupide. C’était pourtant quelque chose que je n’avais jamais envisagé. Ils étaient immuables, éternels, plus puissants que n’importe qui. Nous n’avions pas de dieux, comme ces stupides moldus trop faibles de corps et d’esprit, mais c’était parce que nous avions des sorciers de la trempe de mes grands-parents. Un jour, cependant, ils passeraient d’une dimension à une autre. Les portraits assuraient une pérennité et un lien qui se poursuivait par-delà la mort, mais ce ne serait jamais pareil, pas complètement différent pour autant. Comment pourrions-nous nous passer des directives avisées et des conseils péremptoires de nos aînés ? Hannibal serait parfait en chef de famille, mais il n’était pas eux et nous n’avions pas les mêmes rapports. Inutile de parler de nos parents. J’aurrrai trrrouvé une solution finis-je par articuler, avec une assurance qui faisait vibrer encore un peu plus mes consonnes. Et puis, Grrrand-Mèrrre forrrme Judith aux potions. Peut-êtrrre ne s’avèrrrerrra-t-elle pas complètement inutile, à l’avenirrr. Une pointe de mépris souligna mes propos et le peu d’importance que j’accordais à ma cadette. Une bonne à rien qui vivait pendant que nous, nous survivions, pendant que Hannibal tombait malade. C’était une plaie qui pourrissait à l’air libre, mais peut-être son destin était-il de nous garder en vie.

Dans un mouvement brusque qui déchira le silence qui s'était de nouveau emparé de nous, je me redressai pour toiser mon meilleur ami de toute la hauteur que m'offrait une position encore allongée, bien qu'appuyée sur un coude, l'autre bras reposant de l'autre côté de son visage. J'essayai d'adopter un air menaçant, peut-être un peu mis à mal par le peu de sérieux que j'étais capable de conserver. Maintenant que je t'ai tout dit, je vais devoirrr te rrréduirrre au silence Mon sourire bien vite revenu sur mes lèvres ne crédibilisa pas davantage cette tentative de délester l'atmosphère de ce poids étouffant.
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Dernière édition par Erin B. Sørensen le Sam 1 Aoû - 18:35, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyVen 31 Juil - 14:44



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Si on oubliait l’endroit et l’épuisement dû à notre traversée du désert, ça ressemblait presque à des vacances. Un moment tranquille qui nous promettait quelques heures rien qu’à nous, des heures à perdre dans les bras d’Erin, bercé par ses bêtises et réchauffé bien plus par son sourire espiègle que par le feu qui brûlait non loin de nous. J’étais prêt à fermer les yeux sur notre situation catastrophique pour un peu que nous restions ainsi enlacés jusqu’à ce que les secours arrivent. Ça ne devrait sûrement pas trop tarder, n’est-ce pas ? Après tout, ça faisait déjà de longues heures que nous avions disparu, tout le monde avait sûrement dû s’en rendre compte. Ou en tout cas je l’espérais… Il fallait que nos familles soient d’ors et déjà en train de remuer ciel et terre, quitte à harceler tout ce que le monde avait de ministères ! Si nous étions en mesure de tenir quelques heures de plus sans trop de mal, nous ne pourrions pas rester là éternellement. Nous n’avions rien, littéralement. Notre survie finirait par être engagée. Si j’aimais à croire qu’ils étaient déjà en route, je peinais pourtant à le faire vraiment. Un pressentiment gênant, ce qu’elle verrait sûrement comme un pessimisme à toute épreuve, m’empêchait de m’abandonner totalement à l’espoir d’un sauvetage imminent. Et si on nous retrouvait jamais ? Ça n’était pas totalement impossible, en soi… J’avais vu qu’on nous cherchait mais rien concernant l’issue des recherches… Et là, au milieu de rien, personne ne penserait à venir nous chercher. Nous avions marché des heures et des heures, notre portoloin à des kilomètres de là… Nous ne pouvions plus être sûrs de rien. Enfin… Je n’étais trop sûr de rien en tout cas, puisque jamais les certitudes de ma meilleure amie ne semblaient faiblir. Est-ce qu’elle s’attendait toujours à ce que la porte s’ouvre d’une minute à l’autre ou commençait-elle à prendre conscience que notre attente risquait de durer ? Ce serait sûrement qu’une nuit, peut-être vaguement plus, mais tout de même… Ici, c’était long. L’incertitude rendait tout ça interminable.

C’est déjà tout trrrouvé, mon Prrrince.
Ah oui ? J’ai hâte de voir.

J’avais aussi hâte qu’elle me fasse découvrir son univers, loin de Londres et de Poudlard. Si je n’avais pas trop de mal à voir ce qui faisait son quotidien en Angleterre, ici, je n’en avais pas la moindre idée, et je devais bien admettre que je me sentais flatté qu’elle soit prête à me laisser entrer dans cette vie loin de tout ce que nous connaissions. Je voulais la suivre au travers de paysages inconnus, l’écouter parler pendant des heures cette langue dont je ne comprenais rien, découvrir toutes les facettes de son existence à côté desquelles j’avais bien pu passer ces dernières années. Et puis doucement, une pensée en entraînant une autre, les souvenirs de ses confidences me revinrent en mémoire, l’absence de fin peut-être aussi. Je n’avais jamais cherché à en savoir davantage, peu enclin à lui attirer les foudres des siens… Mais puisque j’étais sur le point de les rejoindre, d’être coincés avec eux pendant des jours entiers, peut-être était-il bon de savoir réellement ce dont il était question, non ? Je ne la forçai à rien, presque prêt à l’entendre m’expliquer qu’elle me raconterait plus tard, mais contre toute attente, elle reprit son histoire. Je n’étais plus certain du bien fondé de mon interrogatoire. Je n’étais plus certain non plus d’avoir réellement eu envie de savoir… Ou du moins, pas réellement besoin… Ce qui se dessinait me paraissait effrayant. Je ne doutais pas que mon attention ne se focalisait pas sur ce qu’elle aurait dû, ignorant la fin prématurée d’innocent pour en voir seulement la raison, bien plus que légitime à mon sens. En toute objectivité, je pense que bon nombre de sorciers en auraient fait autant, même les plus laxistes d’entre eux. Tout était bon à prendre pour sauver ceux auxquels on tenait. Ses explications étaient difficiles à avaler et je mis d’interminables secondes avant de pouvoir me reprendre assez pour continuer notre conversation. Il restait ce semblant de sentence qui bourdonnait à mes oreilles, encore et encore. Trois ans… Bien sûr, j’avais déjà craint que nos chemins se séparent, je ne l’avais jamais nié et nous nous étions assez disputés à ce sujet pour qu’elle le sache mais je n’avais jamais supposé que ça puisse être aussi définitif. Je voyais seulement des avenirs divergents, des alliances attristantes, rien qui mette un terme brutal et sans retour à notre relation… J’avais eu peur de la perdre, oui, mais jamais de cette manière là. Et je devais bien reconnaître que c’était pire encore que tout ce que je n’avais jamais envisagé. Il n’y avait aucune lutte possible, rien qui pourrait faire changer la donne. Il n’était pas question de la ravir à un quelconque soupirant ou de forcer ma vie à rester proche de la sienne… Si par malheur son rituel ne pouvait plus avoir lieu ou qu’il ne s’avérait plus efficace ou peu importe, il n’y aurait rien à faire. Égoïstement, le sort similaire de Finnbjörn ne me traversa même pas l’esprit. Il ne faisait pas le poids face à Erin. Personne ne l’avait jamais fait…

Une vie pourrr en prrrolonger deux.

Je hochai presque machinalement la tête à sa réponse. Oui. Évidemment. Elle ne rajouta rien et je n’insistai pas. J’en savais sûrement bien assez à mon goût. Trop, peut-être… Elle n’y était pour rien, bien sûr, c’était moi qui avais demandé à en savoir davantage… mais tout de même. Je me risquais néanmoins à une dernière question, peut-être plus craintive que les précédentes. Je voulais être sûr que quelqu’un pourrait prendre le relai, être sûr qu’on prendrait soin de la garder envie aussi longtemps qu’il serait possible de le faire… Est-ce que c’était mal ? J’en avais pas l’impression… et pourtant, dans le regard de ma meilleure amie passa une lueur qui m’en fit douter. Durant une seconde, j’eus envie de lui demander pardon d’avoir fait preuve de si peu de tact avec cette question mais je me retins. Elle m’en voudrait si elle voulait mais je n’avais pas à être désolé d’avoir peur pour elle, qu’importe si c’était dans des années.

J’aurrrais trrrouvé une solution.

Elle avait l’air si sûre d’elle… mais à mes yeux, ça ne voulait strictement rien dire. Elle avait dit elle-même qu’il n’y avait pas d’autres solutions pour le moment… S’il devait arriver quelque chose à ses grands-parents plus tôt qu’elle le supposait, qu’en serait-il ? Et puis, s’il n’y avait aucune autre solution ? Mais il s’agissait d’Erin, aussi je doutais de pouvoir en obtenir grand chose de plus. À tort…?

Et puis, Grrrand-Mèrrre forrrme Judith aux potions. Peut-êtrrre ne s’avèrrrerrra-t-elle pas complètement inutile, à l’avenirrr.


Sur le coup, je dus me faire violence pour retenir un ricanement surpris, puis j’ouvris bêtement la bouche sans qu’aucun son n’en sorte. Elle parlait de Judith. De la même Judith à laquelle elle faisait vivre un enfer depuis toujours… Je ne remettais pas en cause ses capacités ni même le fait qu’elle puisse arriver à la hauteur de leur grand-mère, j’en étais tout à fait persuadé… mais de là à confier sa vie alors qu’elle méprisait la sienne depuis des années…? Ça me paraissait irréaliste. Qui ferait ça ?! C’était comme si on me confiait celle d’Aimée, il y aurait eu 100% de chance qu’une erreur survienne et qu’elle n’y survive pas… Aucune preuve de rien et la possibilité d’être débarrassé à tout jamais d’un poids. Pourquoi en serait-il différent entre elles ? Je n’eus pas le temps de dire quoi que ce soit que la Poufsouffle bougeait soudainement, se redressant à moitié, son regard clair me jaugeant éhontément. J’en déduisis qu’il était temps de changer de sujet. Je ne m’en offusquai pas et la suivis, le coeur plus lourd que prévu, sur de nouveaux chemins.

Maintenant que je t'ai tout dit, je vais devoirrr te rrréduirrre au silence.

N’était-ce pas déjà fait ? J’étais réduit au silence, quoi qu’elle fasse, et même si j’avais bien conscience que ça n’était pas dit dans ce sens, sa plaisanterie ne fit que me le rappeler un peu plus. Mieux valait que je tienne ma langue si je ne voulais pas trépasser aussitôt. Je n’en laissai cependant rien voir et l’accompagnai tant bien que mal dans sa plaisanterie. Je dois bien avouer que je n’avais plus trop la tête à ça. L’épée de Damoclès qui semblait flotter au-dessus de la sienne me paraissait bien trop menaçante. Mais peu importait, ça n’était probablement pas le moment de nous apitoyer sur son sort… J’aurais tout le temps de le faire quand nous serions loin d’ici. Aussi je me redressai légèrement, tant bien que mal, plantant mon visage à quelques millimètre à peine du sien et gardant mes lèvres à distance alors même que l'envie de profiter de chaque seconde avec elle se faisait plus violente encore que d'ordinaire... La hauteur qu'elle avait réussi à prendre en bougeant agonisait silencieusement.

Et comment comptes-tu t’y prendre, chère amie ?

Si le sérieux était maltraité par ce brusque changement d’atmosphère, il n’en était pas moins présent… pour moi tout du moins. C’était difficile de faire comme si rien n’avait été dit. Trop, peut-être.
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptySam 1 Aoû - 20:46

the cold never bothered me anyway
junior & erin


Le silence duquel nous avions habillé notre étreinte nous avait conduit sur des chemins bien différents. Si mes pensées s’étaient égarées du côté de Junior et ces premières vacances ensemble que notre amitié découvrait seulement maintenant, continuerait de découvrir tout bientôt, malgré cet imprévu, celles de mon meilleur ami semblaient l’avoir emmené bien loin, jusqu’à ce jour où, de chevaux squelettiques qu’il n’avait jamais vu, nous en étions venu à cette confession sur les morts qui ponctuaient mon passé. J’étais surprise qu’il soit celui de nous deux qui vienne, de son propre chef, poursuivre ce chapitre-là. Il m’avait plutôt donné l’impression de tout vouloir oublier, aussi bien dans son dortoir, alors que nous venions à peine de nous réconcilier, que plus tard, après son tête-à-tête avec mes grands-parents. Et j’étais celle de nous deux qui détestait les histoires inachevées, les non-dits et les points de suspension. Était-ce l’atmosphère lugubre qui pesait sur les plaines désertes que nous avions traversées qui le poussait à reprendre le fil de ce mystère ? Ou bien autre chose, une curiosité que je ne soupçonnais pas vraiment ? Une fois passé mon étonnement premier, je me pliai sans rechigner à sa requête, précisant les contours de ce tableau que j’avais commencé à peindre des semaines plus tôt. La perspective du mécontentement de mes aïeux n’était pas suffisante pour m’arrêter, alors même que je savais que je m’exposais à de brûlantes remontrances. Le silence de Grand-Père après mon premier écart sur le sujet avait été révélateur sur son humeur et laissait imaginer ce qu’il pourrait en être après cette seconde fois. Mais qu’importe, je n’y pensais même pas. Ne comptait que ma promesse et les interrogations de Junior. Je me ferais probablement punir, mais que pourraient-ils faire de pire ? Ils avaient déjà soumis mon meilleur ami à un Serment Inviolable, ce que je prenais littéralement comme une invitation à tout lui dire puisque, lui, il était réduit au silence. Si ça n’avait tenu qu’à moi, la confiance aveugle que je lui portais aurait été légitime à assurer que notre secret serait bien gardé. Ils avaient jugé nécessaire d’en faire plus, comme je m’en étais douté dès le premier mot qui nous avait entraîné sur ce terrain glissant, c’était m’offrir une excuse en or pour révéler le reste.

Je détestais de manière viscérale tout ce qui me rendait faible, et la mort, celle de ces trois impurs, me rendait plus forte. De ce fait, je ne cillai même pas en dévoilant à Junior qu’ils avaient été tués pour nous. Une force vitale qui n’était que du gâchis chez cette vermine, quand nous en avions cruellement besoin. Notre maladie génétique était comme un insecte particulièrement agaçant, à mes yeux. J’avais beau le chasser d’un geste agacé, il revenait, continuellement. Il fallait une solution plus radicale, mais nous n’en avions pas de connue. Junior resta particulièrement silencieux, hochant à peine la tête ici, se perdant dans la contemplation du vide là. Ce qui faisait partie de mon quotidien depuis mon plus jeune âge était une nouveauté à appréhender pour lui. Si je ne voulais pas avoir de secret pour lui, je n’entrai pas pour autant dans les détails, ni dans ceux des rituels passés, ni dans celui à venir. Le destin, un peu farceur, faisait que Finn et moi plongerions dans l’âge adulte en même temps que dans un quatrième rituel. Et ensuite, trois nouvelles années s’écouleraient avant que le prochain ne survienne. Le temps était parfaitement chronométré, les rituels, parfaitement réglés, et si je ne perdais pas de vue de trouver un jour un remède définitif, c’était pour l’instant la partition de notre maladie. La question de Junior fut comme une fausse note : dissonante et qui teinta mon regard d’un éclat de colère. Pas dirigé contre lui, plutôt contre le fait qu’il soulevait et que je balayai aussi vite que possible. Grand-Mère avait encore de longues années devant elle et je n’avais pas la moindre envie de concevoir un avenir sans mes grands-parents.

Retrouvant un sourir espiègle malgré le sérieux que je tentais, en vain, de conserver, je basculai au-dessus de Junior, mes cheveux emmêlés nous masquant le taudis dans lequel nous étions réfugiés. Son visage qui se rapprocha du mien acheva de tuer le peu de sévérité que mes traits possédaient encore, la remplaçant par un sourire taquin. Mon regard clair s’arracha un instant du sien pour se perdre le long de l’arrête de son nez jusqu’à ses lèvres, qu’il se garda bien de rapprocher un peu plus. Un fond de gravité persistait toujours à voiler ses yeux lorsque je relevais les miens, son souffle accentuant tout l’amusement de mon sourire. Était-ce bien la peine de s’éterniser sur ce qui venait d’être dit ? Je ne le pensais pas. Les faits étaient les faits, que nous en parlions ou non, ils ne changeraient pas. Pas ceux-là. Et l’inquiétude n’avait pas lieu d’être, je n’esquissais même pas un début de pensée dans sa direction, puisque mes grands-parents veillaient. Même s’ils étaient, pour l’instant, à l’autre bout du monde, assurément entrain de remuer ciel et terre pour nous retrouver. Dans tout ça, il ne restait que lui, moi, et l’envie de rendre ces quelques heures aussi délicieuses que celles que nous avions l’habitude de partager. Après la solennité pesante venait l’insouciance de nos tendresses, et cela me convenait, aujourd’hui mieux que jamais. À moins que tu n’y voies un inconvénient ou à moins que tu n’aies d’autrrres questions, Je ne laissais pas vraiment de place à une suite, sachant qu’il n’hésiterait pas à l’imposer si elle lui était nécessaire, sans trop savoir, cependant, si j’espérais que ce ne soit pas le cas ou si cela m’était égal. comme ceci. Les quelques millimètres qui nous séparaient encore furent assassinés sans plus de cérémonie, alors que nous oubliions, une nouvelle fois, tout de ce cabanon maudit et de la situation dans laquelle nous étions.

Le temps fila, sans que je ne sois capable de dire combien d’heures exactement. C’était Junior, le maître du temps, je ne posais pas un seul instant mes yeux clairs sur les aiguilles de sa montre. À quoi bon ? Je préférais les perdre dans son regard envoûtant et oublier que personne n’était encore venu nous trouver dans ses bras. Quelques bûches empêchèrent le feu de mourir et le poêle continua, fidèle allié de nos étreintes, de nous réchauffer. Il fût d’autant plus difficile d’abandonner cette délicieuse chaleur lorsque je me réveillai et que tout mon corps me hurla qu’il lui fallait boire. Sur le lit, Junior dormait enfin. Sa nuit avait été agitée, il méritait de profiter d’un repos qui avait enfin décidé de lui tendre la main. Un Aguamenti, et le tour était joué… mais mon regard clair égaré sur les traits endormis de mon meilleur ami ramena aussitôt cette impossibilité sur le devant de la scène. Pas de magie. S’il fallait consentir cet effort pour qu’aucune autre querelle ne vienne nous diviser dans cet ailleurs qui se faisait long, alors j’irai chercher de l’eau par un autre moyen. Le corps endolori des émotions de la veille, j’errai quelques minutes dans notre abri, jusqu’à ce qu’une porte branlante d’un placard rongé par les années me dévoile ce qui, à une époque, avait probablement été une bouteille d’alcool. C’était mieux que rien, bien que la poussière en masque efficacement le contenu, et cela ferait un contenant adéquat. Deux verres complétait ce pitoyable service, et je m’en emparai également. Le lac n’était pas loin, mais malgré l’aspect piteux du cabanon, en sortir n’avait rien d’engageant. Par l’une des minuscules fenêtres, j’apercevai un peu du ciel pâle et je pouvais sentir le froid polaire de la veille rien qu’à le voir. Un aller rapide et un retour express pour remplir ces récipients. Il était peu probable qu’il se réveille d’ici que je sois revenue, mais, dans un élan préventif, je rouvris tous les tiroirs à la recherche d’un crayon ou de quoi que ce soit pour laisser une trace de mon départ. Était-ce le bruit que je fis ou un nouveau cauchemar ? quand je mis enfin la main sur ce que je cherchais, Junior m’observait de notre couchette. J’allais cherrrcher de l’eau, mais tu peux rrrester ici te rrreposer. Le temps polaire et le manque d’eau avaient rendu ma voix rauque et les mots douloureux à prononcer.

Sa décision fut rapide et prévisible. Quelques minutes plus tard, la porte se referma derrière nous. Le froid était à la hauteur de mes souvenirs. Un rictus marqua mon visage alors que nous contournions le cabanon pour marcher jusqu’au lac. Les températures étaient peut-être un peu moins glaciales que lorsque nous avions atteint notre refuge, mais un degré ou deux n’apportaient pas une grande différence quand nous n’étions pas habillés pour les affronter. Enfin, pour quelques minutes, tout au plus, c’était largement supportable, nous l’avions supporté des heures entières la veille. Néanmoins, je vins enrouler mon bras autour du sien, vague réplique de notre marche passée. Tes cauchemarrrs ont fini parrr te laisser en paix ? Déjà, devant nous, se dessinait la rive du lac, dont la présence nous avait accompagnée dès que nous avions descendu la colline. Toujours ces milliers de graviers qui crissaient sous nos pas, semés de plus grosses pierres, aussi lisses que si elles avaient été polies, encore et encore, par le sel d'une mer qui les aurait rejetées ensuite sur le rivage. Tu crrrois que c'est de l'eau douce ? demandai-je d'un ton un peu absent. Comment ferions-nous, si ça n'en était pas ? Sans que je ne m'en rende compte, je ne pensais même plus à la magie, seulement troublée par cette possibilité.
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyDim 2 Aoû - 17:04



The cold never bothered me anyway
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

J’aurais aimé pouvoir retrouver aussi facilement qu’elle une légèreté presque parfaite mais j’en fus tout bonnement incapable. Si je la suivis loin des craintes qu’avaient dessiné ses aveux, si je ne cherchai pas à revenir sur ce sujet sensible, je ne parvins pas à oublier pour autant. Peut-être qu’à un autre moment, ça m’aurait paru moins dramatique… et encore, j’en doute… mais ce soir-là, alors que rien n’allait, ça prenait des airs insurmontables que même ses baisers ne réussirent pas à effacer… Je ne comprenais pas son détachement, trop troublé pour admettre que ça faisait sûrement une vie qu’elle vivait avec et qu’elle avait sûrement dû s’en accommoder. Le calme qui se posa sur nous après qu’elle m’ait délicieusement réduit au silence n’arrangea pas vraiment les choses. Il n’y avait que ses explications qui me revenaient en boucle, brisant le silence sans l’ombre d’une hésitation. Mon coeur battait étrangement, empli d’une appréhension que je ne lui connaissais pas. La possibilité infime mais existante que personne ne vienne jamais était plus effrayante encore. Alors je restai là pendant une éternité, les yeux rivés sur la fenêtre, prêt à bondir hors de notre abri à la moindre ombre annonciatrice de bonne nouvelle… Mais aucune ne vint. Pendant des heures, je refusai de rejoindre Morphée, trop inquiet de passer à côté de quelque chose. Si jamais quelqu’un s’aventurait jusqu’ici, qui qu’il soit, je voulais pouvoir l’arrêter et nous assurer son aide… Mais le sommeil vint avant le moindre signe de vie… Et quel sommeil… Je me réveillai un nombre incalculable de fois, presque certain d’avoir entendu quelque chose. Mais ça n’était de toute évidence jamais le cas. Ils ne devraient pourtant plus tarder, n’est-ce pas ? Les minutes semblaient durer des heures… Finalement, l’épuisement dut l’emporter parce que lorsque je rouvris les yeux, je mis de longues secondes à me souvenir d’où j’étais. Le cabanon miteux… Le Groenland… Le poids dans mon estomac se réinstalla presque aussitôt. Mon regard se posa sur Erin, occupée à fouiller les tiroirs. Notre discussion me revint, elle aussi. Ces dernières heures ressemblaient à un cauchemar.

Qu’est-ce que tu fais ? lui demandai-je dans un souffle endormi.
J’allais cherrrcher de l’eau, mais tu peux rrrester ici te rrreposer.

Je secouai péniblement la tête et m’assis sur le bord du lit. Si j’avais dû être parfaitement honnête, j’aurais admis ne pas avoir envie de mettre le nez dehors. J’étais fatigué, j’avais chaud, j’avais froid, je ne savais même plus très bien, chacun de mes gestes était entravé par les courbatures de la veille… Mais je ne voulais pas la laisser sortir toute seule. J’avais peur qu’elle ne revienne pas. Je n’imaginais pas qu’elle puisse m’abandonner mais elle aurait très bien pu s’éloigner et se blesser, ne pas pouvoir revenir… Comment je la retrouverais, hein, dans ce désert interminable ? Il était hors de question qu’elle sorte seule. Mon estomac gargouilla alors que je tendais la main pour attraper mes chaussures abandonnées au pied du lit. Et j’avais faim, aussi… Et j’aurais donné cher pour prendre une douche tant la couche de crasse accumulée depuis la veille se faisait sentir. J’avais envie de rentrer chez moi, mes parents me manquaient. Le réveil était particulièrement difficile et ne fit qu’accentuer l’ombre de désespoir qui planait au-dessus de moi depuis notre arrivée. Pourtant, je ne dis rien et attachai silencieusement mes lacets. Erin n’y était pour rien, ça ne devait pas être beaucoup plus simple pour elle, elle n’avait pas à subir ni jérémiades ni mauvaise humeur. Néanmoins, je ne lâchai pas le moindre mot, plus renfrogné que je ne l’aurais voulu. Dehors, il n’y eut que le froid pour nous accueillir. Le froid et les mêmes paysages déjà morts, tout de noir et de gris. Je ne pus m’empêcher de soupirer alors que la porte se refermait derrière nous. Un frisson me courut dans le dos et j’eus affreusement envie de faire marche arrière. Je ne savais pas ce qu’on avait bien pu faire pour mériter une telle sanction mais ça devait être très mal… Mais nos parents étaient sûrement en train de nous rechercher, peut-être même en chemin. Le temps de trouver de l’eau potable et ils seraient là, prêts à nous arracher à cette survie sommaire. Le bras d’Erin se glissa sous le mien et je la suivis sans résister en direction du lac que nous avions en partie longé la veille.

Tes cauchemarrrs ont fini parrr te laisser en paix ?

J’hésitai une seconde à hocher la tête. Le pire de tous prenait forme devant mes yeux grands ouverts et refusait de me lâcher. Du reste, je ne m’en souvenais pas. C’était rare que mes souvenirs soient aussi inexistants au réveil mais j’imaginais que ça n’était pas plus mal. Vu la journée que nous avions passé, ce qui avait dû peupler ma nuit n’aurait fait qu’accroître le mal-être déjà oppressant que j’avais ressenti en me réveillant.

Oui… Je crois.

Mon bras resserra doucement son étreinte sur le sien alors que les bords du lac se dessinaient déjà. J’avais hâte que nous remplissions la bouteille qu’elle avait trouvé et que nous retournions à l’intérieur. Enfin… Encore fallait-il qu’il s’agisse d’eau potable et pas de quelque mer assez cruelle pour s’avancer jusque là…

Tu as réussi à passer une bonne nuit, toi ?

Elle s’était endormie avant moi mais en dehors de ça, je n’en savais rien. J’espérais seulement de pas l’avoir empêché de se reposer. Après, de là à croire que sa nuit avait été réellement bonne… Je n’étais sûrement pas assez idiot pour ça. Nous étions perdus au milieu de nulle part, seuls au monde, sans rien pour tenir très longtemps et un confort plus que minime, il n’y avait pas de quoi bien dormir… J’imagine qu’il fallait qu’on s’estime heureux d’avoir un lit et un feu, ça aurait pu être pire… Nos pas nous menèrent finalement au bord de l’eau. Ma soif redoubla juste à la voir… L’envie d’y plonger pour me défaire de la poussière collée à ma peau également… Mais tout ce que je parvins à faire fut de frissonner une nouvelle fois rien qu’en imaginant à quel point elle était glacée…

Tu crrrois que c'est de l'eau douce ?

Je haussai les épaules sans trop savoir. J’espérais, en réalité, mais c’était bien le mieux que je puisse faire. Si ça n’en était pas, je ne voyais pas ce que nous pourrions faire… sinon user de la magie au risque de nous faire repérer. D’un autre côté… Au point où nous en étions… Ça n’était sûrement pas le pire qui puisse nous arriver. Nous parviendrions au moins à alerter quelqu’un de notre situation, quitte à passer un mauvais quart d’heure… Et encore… elle en avait fait usage deux fois la veille et personne n’était venu… Peut-être que c’était vraiment le bout du monde et qu’il n’y avait personne pour surveiller… Pas de Ministère gérant ce territoire… peut-être même pas l’ombre d’un sorcier…

On va bien voir déclarai-je alors que je m’agenouillais tant bien que mal et y plongeais la main.

Je me défis maladroitement de la saleté et finis par porter un doigt à ma bouche, non sans avoir grimacé au contact du froid sur ma peau mouillée. Durant une seconde, je m’attendis à sentir un goût de sel et à regretter mon geste idiot (je n’avais pas d’autre idée pour savoir que de tester, de toute façon) mais il n’en fut rien. Mon regard s’illumina presque aussitôt alors que je me tournai vers Erin, un sourire soulagé aux lèvres. Bon, notre situation était catastrophique mais elle n’était peut-être pas si catastrophique. Depuis hier, c’était un véritable ascenseur émotionnel dont je ne sortirai sûrement pas indemne… Et ça ne faisait même pas encore tout à fait vingt-quatre heures que nous étions là… Je récupérai un verre et le remplis avant de le lui tendre.

Tiens, vas-y, je vais remplir le reste.

J’en profitai pour descendre allègrement le second verre rempli dans la foulée. L’idée qu’elle ne soit pas potable ne me traversa même pas l’esprit, trop heureux de réaliser que nous ne mourrions pas de soif avant l’arrivée des secours. Peut-être que nous agoniserions pendant des heures à la place… Je terminai rapidement ma tâche, essuyant sur mon pantalon mes doigts déjà engourdis par le froid et finis par me redresser.

Je vais chercher la casserole qu'il y a sur le poêle. On en la faisant chauffer, on pourra peut-être se débarbouiller sans risquer l'hypothermie !

Après quoi il nous resterait qu’à trouver de quoi manger et on pourrait presque envisager de s’installer dans ce taudis tant il ne manquerait rien de particulièrement essentiel… Sinon l’eau courante, la lumière, une salle de bain et des elfes évidemment…
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Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Lun 3 Aoû - 15:56, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR The cold never bothered me anyway — ERIN & JUNIOR EmptyDim 2 Aoû - 21:16

the cold never bothered me anyway
junior & erin


Il y avait quelque chose, dehors, de déplaisant. Comme un parfum de désespoir charrié par ces paysages ternes et monochromes, ce froid polaire, ce ciel trop pâle, ce soleil trop distant. Je glissai mon bras sous celui de Junior à peine la porte refermée dans notre dos. Notre refuge n’était rien d’autre qu’un taudis crasseux, bien loin de nos demeures luxueuses, mais il avait le mérite de nous avoir isolé de ces plaines infinies. Ce n’était pas la peur, qui me faisait ainsi m’accrocher à mon meilleur ami : qu’aurais-je dû craindre ? il n’y avait strictement rien, ni personne ; mais, plongés dans ce bout du monde, sa présence m’était encore plus indispensable qu’à l’accoutumée. Sentir sa chaleur envelopper la mienne avait également ce quelque chose de réconfortant qui tendait à éloigner, ne ce serait-ce qu’un tout petit peu, cette impression que tout était vain. Toute à cette sensation étouffante d’une angoisse refoulée, j’étais bien incapable de me rendre compte qu’il était étrange, trop, quand on me connaissait, que de telles pensées viennent obscurcir mon esprit. Nous étions en vie, en bonne santé, certes un peu fourbus et fatigués, mais nous n’étions pas au bout de nous ressources. Les secours allaient arriver, d’un instant à l’autre, et nous tireraient de cet enfer fait de pierres et d’une terre aussi dure que ce qui la parsemait. D’ici que Grand-Père parvienne jusqu’à nous, nous étions tous les deux, une parenthèse involontaire mais qui nous offrait de quoi nous retrouver, sans personne pour venir nous déranger. J’avais beau me répéter nos tendresses de la veille, elles ne parvenaient pas vraiment à franchir la brume de ces tourments inconnus. Resserrant un peu mon bras autour de celui de Junior, mes yeux clairs se perdant un instant dans ses traits renfrognés, je m’enquis de sa nuit. Je la savais agitée, mais Morphée était parvenu sans trop de mal à m’emmener avec lui, alors même que j’avais lutté pour ne pas laisser mon meilleur ami affronter seul ces heures passées dans un lit qui n’était ni le sien, ni le mien. Pas de vision ? soufflai-je, un ton en dessous. Formuler une inquiétude à voix haute me donnait l’impression de trahir tout ce que j’étais, un sentiment pour lequel je n’étais pas faite mais que sa présence me forçait à découvrir. Je n’aimais pas vraiment ça, j’aimais encore moins le savoir en proie à des prémonitions cauchemardesques. Est-ce que je cherchais à m’assurer qu’il ne m’en voulait pas de nouveau pour une interprétation viciée ou avais-je l’espoir qu’il ait entrevu quelque chose concernant notre errance ? Peut-être un peu des deux à la fois, mais surtout l’envie qu’il n’en soit rien et que son sommeil n’ait pas été à ce point pénible.

J’haussai les épaules au moment où sa question réveillait des courbatures que j’avais occultées jusque là. Elles n’avaient rien d’insurmontable, quelques matchs de Quidditch m’avaient déjà laissée bien plus endolorie, mais le contexte les rendait presque plus douloureuses. Et toujours cette chape décourageante au goût amer et anormal. Autant que possible répondis-je avec indifférence, avant de retrouver un peu de malice et d’espièglerie pour ajouter : Mais bien moins que chez tes grrrands-parrrents. La literie y était évidemment plus confortable là-bas, mais c’était surtout le souvenir des nuits dans les bras l’un de l’autre, volées à l’autorité parentale, qui ourlait mes lèvres d’un sourire. Elles avaient été parfaites, quand bien même chaque matin commençait trop tôt afin d’éviter que l’on nous surprenne. Ces ruses ne m’avaient jamais dérangée, tout au plus me moquais-je ouvertement de mon meilleur ami et de l’image que sa douce maman aurait de lui si nous ne parvenions pas à nous lever suffisamment tôt. Pourtant, là, au milieu d’un désert polaire, tout prenait une nuance bien différente. Ce n’était plus vraiment un jeu taquin, mais un embarras qui ne devait jamais voiler le regard de ses parents, leur réputation, leur nom, ou qu’importe. Une honte que l’on garde au placard ou dans l’intimité d’une chambre mais que l’on ne dévoile jamais sur la piste de danse. Avec laquelle on ne danse pas à un mariage. C’était comme si un poids sur mes épaules me forçait à considérer le passé sous un angle inédit, involontaire, opposé à mon caractère naturel.

Je me fis violence pour me défaire de ces idées oppressantes et ne pas ralentir le pas, mon attention focalisée sur la rive du lac qui se rapprochait, interrogeant à voix haute ce que nous allions y trouver. Junior n’en savait pas plus que moi. Agenouillé au bord de l’eau, il se rinça les mains pendant que je l’observais, un peu absente. Son sourire soulagé valait toutes les réponses du monde : l’eau n’était pas salée. C’était une petite victoire mais qui faisait beaucoup. Merrrci. L’eau était gelée, ou peu s’en fallait, mais faisait un bien fou. Le premier frisson dû à sa température passé, je terminai mon verre en quelques gorgées, rejoignant mon meilleur ami, accroupi face au lac, pour éliminer la crasse du bout des doigts. Je n’avais jamais eu peur de me salir les mains, mais ces dernières heures les avaient noircies, entre les égratignures, la suie, la saleté omniprésente dans le taudis… À quoi ressemblait mon visage, et mes cheveux, et le reste de mon corps ? De nouveau cette sensation d’abattement revint, me laissant vidée d’une énergie que je n’avais plus vraiment après la marche de la veille et cette nuit troublée. Je me laissai tomber sur les fesses, tout en suivant du regard Junior qui se relevait au même moment. Bonne idée. Je vais rrrincer la bouteille pendant ce temps fis-je en l’agitant. L’eau était peut-être douce, mais elle deviendrait imbuvable si elle pénétrait l’intérieur de cette antiquité.

Il me laissa là, s’éloignant à grandes enjambées vers le cabanon rouge, emportant avec lui la seule présence chaleureuse des environs, la seule présence tout court. L’abattement qui pesait dans ma poitrine se dissipa presque au même moment, me laissant un instant interdite. Un instant seulement avant que je ne me retrouve à froncer les sourcils face au reflet trouble que le lac me renvoyait. Comment pouvais-je me laisser aller à de telles inepties dans une telle situation ? Non, même la situation ne pouvait justifier d’être aussi sotte. Un reniflement méprisant adressé aux alentours silencieux fut la dernière attention que je marquai à cet éclat de faiblesse. Avalant un deuxième verre, j’ouvris ensuite la bouteille, une odeur sucrée s’en échappant aussitôt. Il y avait un liquide mordoré un fond, pas beaucoup, à peine un verre, ou en tout cas, pas beaucoup plus, et j’étais bien incapable d’identifier ce dont il s’agissait. Alcool ou non ? l’étiquette était indéchiffrable. Il aurait été stupide de jeter le peu que nous offraient ces terres inhospitalières, alors je vidai la bouteille dans mon verre, l’empilant sur celui de Junior, avant de m’employer à la laver. Un Tergeo aurait été des plus rapides, la magie dans sa globalité aurait été plus efficace, mais une promesse était une promesse. Quatre rinçages plus tard, la bouteille semblait débarrassée de la majorité de sa poussière et son contenu inconnu. Je m’éloignai d’un pas ou deux pour la remplir d’une eau propre et me redressai dans un soupir.

J’avais le bout des doigts gelé, les genoux endoloris et la soif était peut-être passée, mais la faim la remplaçait maintenant. Sans compter que cette douleur dans ma poitrine, oubliée un temps, était réapparue depuis mon réveil. Un rictus grimaçant vint souligner mon geste alors que je massai cette zone de mon corps, comme si ça avait jamais été suffisant. Ce n’était rien de grave, ma dernière potion remontait à trois jours à peine. Rien de grave, donc. Tant que l’épuisement ne me submergeait pas ou que ma respiration ne se faisait pas difficile… Tant que l’on venait nous tirer d’ici rapidement. Toutes ces considérations s’évanouirent au moment où je constatai que Junior n’était toujours pas revenu. J’avais pourtant pris tout mon temps pour laver puis remplir la bouteille d’eau et la cabane n’était qu’à quelques pas à peine. Rien qui ne justifie qu’il ne soit pas déjà revenu à mes côtés. Étais-je de nouveau inquiète ? Peut-être bien que oui. En même temps, nous étions au milieu de nulle part sur des terres inconnues et tout pouvait nous arriver. Le coeur battant un peu plus vite, un rythme qui n’était pas sans rappeler celui qui avait cadencé de la chute de Junior, je revins à pas rapides jusqu’au taudis de tôle rouge, ouvrant ce qui lui servait de porte d’un geste empressé.
electric bird.

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