L'étrange compagnie des chemins de campagne

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La journée filait doucement, le temps était doux et le soleil haut. Avec Misha, Jade et Sasha, ils avaient profité de leur dernière excursion de l'année à Pré-au-lard pour pique-niquer aux abords du village puis s'en était suivit quelques cascades en balais, profitant d'être chacun dans l'équipe de leur maison respective pour ne laisser personne derrière. C'était vraiment un chouette début d'après-midi lorsque la montre de Blaze sonna à 14h50. Y jetant un œil maussade, le jeune homme salua ses potes en vitesse avant de prétexter un rendez-vous urgent et fila en direction de la sortie de la ville où il atterrit avec une certaine habilité.

Regardant de nouveau sa montre qui indiquait maintenant moins-cinq, il soupira. On n'allait pas se mentir, ce rendez-vous, c'était un peu la corvée. Cassiopeia était sympa mais elle avait quand même un côté donneur de leçon qui l'agaçait et en règle général, le jeune homme n'aimait pas qu'on mette son nez dans ses affaires sans autorisation. Enfin, un pari c'était un pari : il ne s'y déroberait pas, et à choisir mieux valait une heure à causer avec sa camarade au soleil loin des regards indiscrets plutôt que d'avoir à aller expliquer en public à une gamine de poufsouffle comment il s'était retrouvé en possession de sa baguette.

Avec nonchalance, il s'adossa à l'ombre du mur de la dernière maison et fixa le chemin qui sinuait hors du village, à travers des champs de betterave prêtes à être récoltées. Vu qu'il avait quelques minutes d'avance, il sortit de sa poche un sac en papier qui contenait des friandises et avala un caramel serpentin qui se mit à s'agiter dans sa bouche au moment où il l'y plaça. La sensation de chatouilli le fit s'esclafer. Il n'eut pas à patienter longtemps, néanmoins, et salua sa camarade d'un geste de la main quand il la vit apparaitre au détour d'une maison.

- Salut Cassi ! La forme ? Il lui tendit le paquet. T'en veux ? C'est un nouveau truc de chez honeydukes.

On pouvait voir les bonbons remuer au fond du sac.

- Franchement, c'est même pas un piège, ils sont plutôt bons.

La chance était avec eux, le soleil avait beau briller dans le ciel une petite brise venue du nord rendait la température très agréable et propice à une ballade.

- Ca te dit d'aller voir ce qu'il y a plus loin ? Je suis jamais allé dans ce coin là et c'est plus cool que de rester enfermé, même aux Trois-Balais.

De l'avis de Blaze, ils passaient suffisament de temps dans leurs sombres salles de classes pour ne pas en plus rester à l'ombre lors de leurs rares sorties hors de l'école. En plus, c'était plus discret et tranquille. Le jeune homme ne savait pas très bien où Cassiopeia voulait en venir avec cette discussion et avait préféré juste ne pas y penser. Maintenant, il était curieux. Et taquin.

- Puis, pour un rendez-vous amoureux c'est plus tranquille aussi.

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Après toutes les émotions de ces dernières semaines, c’était vraiment, vraiment agréable d’être en week-end. Cassi en avait proposé pour faire une grasse matinée bien méritée, un plaisir qu’elle ne s’offrait que trop rarement. Le temps qu’elle se lève, il était déjà l’heure de déjeuner. Elle s’était donc régalée d’un repas copieux, bien meilleur que ceux qu’on servait chez son père, où sa belle-mère Cressida tyrannisait les elfes de maison afin qu’ils préparent des menus fades mais respectant sa ligne. Cassi profitait donc de la nourriture, tout particulièrement avant l’été.

Elle était ensuite partie directement à Pré-au-Lard, où elle était passée à Honeydukes, histoire de récupérer deux boîtes de fondants du chaudron, une pour elle et une autre pour Kathleen, à qui elle prévoyait de la déposer à son retour. La pauvre puce avait bien besoin qu’on prenne soin d’elle ! Elle avait directement organisé l’expédition du paquet avec le vendeur d’Honeydukes. Elle n’était pas sûre de croiser la petite fille ce soir, et voulait être certaine que Pantouflard n’allait pas écraser les gâteaux si elle les lui confiait.

Cela étant fait, elle était directement partie s’installer dans l’herbe, au pied d’un arbre, tout près de l’endroit où elle devait retrouver Blaze. Elle était dans les parages trop tôt, mais ce n’était pas un problème, au contraire. Elle s’était installée confortablement pour lire le livre qu’elle dévorait depuis la veille avec une grande curiosité, Tant qu’il y a de la magie, il y a de l’espoir.

A quinze heures, elle se leva, rangea son livre, et n’eut qu’une maison à contourner pour atteindre l’endroit où ils avaient rendez-vous. Elle était bien contente que Blaze aie choisi qu’ils se rejoignent en extérieur plutôt qu’aux Trois Balais. Il se souvenait sans doute de son choix de cadre pour leur duel, mais elle était certaine que lui aussi se sentait bien mieux au soleil et au grand air.

Elle lui rendit son salut d’un geste de la main, en souriant, et se dirigea droit vers lui.
- Salut, Blaze ! Ca va, et toi ? J’ai fait la grasse mat’, c’est trop bien, ça m’avait manqué ! lui répondit-elle sur un ton enjoué.
Elle jeta un rapide coup d’œil dans le sac avant de se servir, même si Blaze n’avait pas son expression des jours o¬ù il préparait une bonne blague. Elle reconnut tout de suite les bonbons qui remuaient au fond du sac, car le vendeur les lui avait présentés à Honeydukes.
- Oh, des caramels serpentins ! s’exclama-t-elle. Merci, je veux bien !
Elle en piocha un, le mit dans sa bouche et gloussa à son tour sous l’effet des chatouilles de la friandise.
- C’est vrai qu’ils sont bons !

Blaze lui proposa alors de partir explorer, et elle accueillit son offre avec un sourire plus grand encore. Elle n’était pas allée très loin non plus, s’étant au contraire posée juste derrière le village, mais elle était toujours partante pour une expédition. Et ils pourraient très bien discuter en marchant.
- Ca me va bien ! Tu as raison, j’ai besoin de soleil, j’en ai marre d’être dedans !

Blaze reprit en adoptant cette fois-ci son ton espiègle caractéristique qu’elle n’avait pas relevé quand il lui avait proposé un bonbon. Il déclara, le plus naturellement du monde, que le lieu serait plus tranquille pour un « rendez-vous amoureux ».
La jeune fille s’étrangla à moitié sur son caramel.
- Un rendez-vous amoureux ?
Elle rit ensuite, un rire pas du tout moqueur, juste amusé.
- Blaze, si je voulais un rendez-vous amoureux avec qui que ce soit, tu crois vraiment que j’aurais besoin de le réclamer en récompense d’une victoire ?
Cassi n’était pas une fille orgueilleuse, mais elle ne manquait pas de confiance en elle, et se sentait parfaitement capable d’obtenir un rendez-vous amoureux sans avoir besoin de le négocier. Cependant, ce n’était pas le propos du jour.

- Non, en fait, je voulais te parler de…
Elle avait espéré pouvoir amener le sujet avec douceur, le mettre à l’aise, mais puisqu’il insistait…
- Pourquoi c’est si difficile pour toi, de ne pas voler ? lui demanda-t-elle.
Toute trace d’amusement avait disparu de son visage, il était clair qu’elle ne cherchait ni à se moquer de lui, ni à le juger. Son visage n’exprimait que l’écoute et l’empathie.

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Cassiopeia avait l'air d'être d'assez joyeuse humeur aujourd'hui ce qui autant pour elle que pour lui était une bonne nouvelle. Blaze avait vraiment craint à un moment que la jeune fille soit restée dans le même état d'esprit qu'à la fin de leur duel, non pas qu'elle ait continué à déprimer à cause de son petit coup de panique étant donné qu'il l'avait revu depuis aux repas ou dans la salle commune, mais qu'elle soit toujours décidée à pourfendre l'injustice et donc lui faire la leçon.

Visiblement, on allait peut-être pouvoir passer une bonne journée quand même puisque après avoir pioché dans son sac, elle accepta sans rechigner d'aller se promener plutôt que de rester enfermés. Franchement, c'était quand même un plutôt chouette programme qui pourrait bien faire passer la pilule de toutes les leçons de morale prévues.

Blaze ne pu néanmoins s'empêcher de placer une petite vanne sur la possible ambiguité de leur rendez-vous, il n'avait pas quinze ans pour rien. Blague pour laquelle sa camarade ne se formalisa pas, au contraire et lui répondit non sans un certain aplomb qu'elle n'avait pas besoin de décrochez ses rendez-vous par la contrainte.

- Je sais pas, ça peut donner du charme. se contenta-t-il de commenter en rigolant.

Son entrain pourtant redescendit d'un cran lorsque Cassiopeia décida soudain d'entrer dans le vif du sujet avec franchise. D'un air déjà plus maussade, il se contenta d'abord de hausser les épaules avec dédain, comme si la question était tout de même un peu sotte, ou déplacée.

- Qui te dit que je ne peux pas m'en empêcher ? demanda-t-il simplement. Peut-être que j'aime juste ça ?

Ce n'était pas exactement ainsi que l'avait formulée Cassiopeia mais c'était comme ça qu'il l'avait entendu, lui. Et disant cela, il commença à marcher sur le chemin, sans chercher à distancer sa camarade mais tout de même parce qu'il préférait éviter de se retrouver nez à nez avec sa camarade. C'était plus confortable de bouger.

Pour être honnête, la question le dérangeait. Blaze n'était pas complètement dans le déni, un jour il avait même vaguement fait des recherches sur ces étranges pulsions qui le poussaient parfois très involontairement à s'emparer de ce qui ne lui appartenait pas. On appelait cela "la cleptomanie". Mais à peine avait-il mis un mot dessus et, pire, posé un diagnostique médical, qu'il s'en était immédiatement désintéressé. Il ne pouvait pas être malade. Pas lui. Il le refusait tout simplement. C'était chiant d'avoir des problèmes, pas intéressant, il y avait mieux à faire aussi avait-il choisit de mettre tout ça sous le tapis.

Or, Cassiopeia, il ne savait pas très bien pourquoi d'ailleurs, revenait maintenant mettre son nez dans ses affaires avec une certaine insistance. Ne pouvait-elle pas se contenter de juste lui rappeler que voler c'était pas bien et blablabla sans en plus verser dans le soucis psychologisant ?

- J'ai juste piqué la baguette parce que je m'ennuyais, hein, fin de l'histoire, je vois pas pourquoi t'en fais tout un plat.

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Cassi haussa les épaules à la réplique de son camarade. Elle n'aurait certainement pas accepté de se rendre à un rendez-vous galant sous la contrainte, surtout pour avoir perdu un pari, et n'aurait jamais demandé cela à quelqu'un. Elle ne voyait pas le "charme" dont parlait Blaze, mais cette boutade ne nécessitait vraiment pas qu'elle la relève.

Elle entra donc directement dans le vif du sujet, et vit immédiatement son camarade se braquer. Il haussa les épaules avec un air hautain et réfuta sa remarque en cherchant à minimiser la situation. Sa formulation était cependant très intéressante, et Cassi sur immédiatement qu'elle avait vu juste. Elle haussa un sourcil, ce que son camarade ne put voir car il lui tournait déjà le dos.

- Je ne doute pas que ça t'amuse beaucoup, Blaze lui accorda-t-elle sur un ton conciliant.
Non seulement elle n'irait nulle part en le braquant, mais surtout, elle était convaincue que cette phrase était vraie. En partie, du moins. Elle se demanda s'il appréciait réellement ses vols au moment où il les commettait, ou bien s'ils ne s'amusaient qu'après coup.
Il avait repris la parole pendant qu'elle réfléchissait, pour mettre le vol de la baguette sous le coup de l'ennui, et exprimer son agacement.

- Tu t'ennuies beaucoup, Blaze ? Tu as besoin de trouver plus de trucs marrants à faire ?
La proposition était sincère et, si Cassi était à cheval sur le respect des autres, elle ne l'était pas tant que ça sur le règlement. Ils auraient probablement pu trouver des choses amusantes à faire pour l'occuper, si cela était un problème.

Cependant, ce n'était pas le fond du problème. Le fond du problème était que, si Blaze s'était braqué tout de suite sur l'idée de "ne pas pouvoir s'en empêcher", c'était bien que cette pulsion du vol était chez lui incontrôlable.
- Tu m'as mal comprise. Ce n'est pas parce que quelque chose est difficile qu'on est incapable de le faire, et je ne suis pas en train de dire que tu ne peux pas t'en empêcher.
Elle passa bien entendu sa réflexion sur le sujet sous silence.

- Quelque chose de difficile, c'est quelque chose qui demande un effort, ou du moins plus d'effort que son contraire. clarifia-t-elle.
- Franchement, je dois avouer... poursuivi-t-elle, sans laisser voir à quel point elle rechignait à faire cette concession que tu es très doué, comme voleur. Voler, ça doit être super facile, pour toi, non ?
Sur ces mots, elle lui tendit sa boîte de fondants du chaudron ouverte pour lui en proposer un, comme s'ils étaient en train de papoter de la pluie et du beau temps.

- Tellement facile que tu y arriverais même sans y penser ? poursuivit-elle en grignotant son propre gâteau.
Elle voulait en avoir le coeur net. Est-ce que voler était pour lui un choix ou un réflexe ? Mais elle ne pouvait pas le lui demander de front. Elle avait donc décidé de jouer sur son ego, en espérant que ça passerait, et qu'il ne s'en rendrait pas compte.
Elle jouait un jeu dangereux, elle le savait, et il pouvait très bien décidé de la planter là, même si l'heure promise était loin d'être écoulée.

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Ils marchaient à présent côte à côte sur le petit chemin qui serpentait entre les champs, laissant le village derrière eux pour s’aventurer progressivement dans la campagne. Blaze ne fixait pas franchement sa camarade mais l’observait du coin de l’œil avec une certaine suspicion. Ce qu’elle lui voulait n’était pas clair et ses questions insistantes sur ses penchants, bien que tournées de manière diplomatique, lui semblaient déjà beaucoup trop intrusives à son goût.

Cassiopeia avait toujours été une fille un peu étrange, de son point de vue. Elle avait du courage, c’était certain, et une grande force de caractère qui la poussait à endosser toutes les responsabilités du malheur du monde au point parfois de se mêler de ce qui ne la regardait pas. A présent, elle s’adressait à lui d’une manière assez maternante, comme on se mettrait au chevet d’un malade ou d’un petit enfant pour lui demander de nous raconter ses malheurs.

En règle générale, Blaze n’avait aucun problème à être au centre de l’attention et à ce qu’on s’intéresse ou s’occupe de lui, mais souvent c’était plutôt sa sœur qui se chargeait de ça et la manière qu’avait Cassi de s’inquiéter de savoir s’il ne s’ennuyait pas trop réussit surtout à le mettre un peu mal à l’aise.

- Comme tout le monde, non ? répondit-il avec prudence.

Pas exactement comme tout le monde, c’était sûr. Le jeune homme avait une très faible tolérance à l’ennui, ça, il l’assumait. Ce besoin de s’occuper soit l’esprit soit le corps en permanence et d’aller se coucher épuisé chaque soir le poussait en effet parfois à risquer plus que raisonnable ou se lancer dans des projets un peu idiots ou malfaisant, pour la simple nécessité de ne pas rester inactif.

Il la laissa néanmoins continuer, préférant la laisser parler elle plutôt que lui, essayant de cerner où elle pouvait bien essayer d’en venir. Même si le projet derrière restait encore flou, une chose était sûr, sa camarade savait y faire pour arrondir les angles. Beaucoup de précautions pour amener ses pensées et préserver la communication mais Blaze n’était pas complètement aveugle non plus, il sentait bien que Cassiopeia avait une idée derrière la tête en dirigeant ainsi la conversation, idée qu’elle ne semblait pas encore prête à dévoiler. Elle conclut même sur un compliment qui ne le laissa pas insensible mais qu’il considéra toujours avec méfiance. A raison. La dernière question était peut-être bien amenée, mais Blaze comprit immédiatement où elle voulait en venir. Donc la jeune fille s’intéressait à son secret, allez savoir pourquoi par contre, et il en ressentit une petite montée de colère.

Non mais franchement, c’était pas ses oignons, de quoi elle se mêlait ? Blaze n’avait aucune envie de discuter de ça comme ça, et même aucune envie d’en discuter tout court, en parler n’était-ce pas faire exister le problème ? Pire, le renforcer ? Alors que s’il laissait tout ça sous silence suffisamment longtemps, il y avait une chance pour que les choses se règlent d’elles-mêmes après tout. Mais il ne pouvait exprimer le fond de sa pensée devant la jeune fille, ç’aurait revenu à devoir tout assumer et une petite voix au fond de lui lui souffla que son raisonnement avait quelque chose d’un peu trop puéril pour être ainsi formulé. Il la fit taire immédiatement.

Au petit jeu de piloter la conversation par le langage, on pouvait néanmoins être deux à jouer et toujours sur la défensive, le jeune homme décida de rebondir alors que sa camarade lui tendait sa boîte de gâteau qu’il goûta avec plaisir.

L’air de rien, il avala une bouchée de chocolat et afficha une mine joyeuse.

- Sans y penser, les yeux fermés, ouais. Tu connais Arsène Lupin ? J’ai vu un film sur lui quand j’étais petit et je le trouve hyper cool, en vrai piquer des trucs c’est un vrai challenge tu sais, ça demande du courage et pas mal d’adresse alors c’est un super défi à relever.

Voila comment noyer le poisson, faire passer ça pour une simple passion et clore ici la discussion. Mais il ne voulait pas en rester là. Cassiopeia semblait nourrir de sérieux soupçons à son égard et la connaissant, il savait qu’elle n’abandonnait pas facilement. Elle était encore plus têtue que lui, et ce n’était pas peu dire. Alors pour mettre définitivement fin au sujet et décourager sa camarade de l’aborder encore, il décida de passer à l’offensive à son tour.

Se tournant vers elle avec un air sérieux, il hocha la tête calmement.

- Et toi Cassi, ça te vient d’où ce besoin d’essayer d’aider tout le monde tout le temps ? Tu sais que tu peux pas sauver le monde entier à toi toute seule, hein…

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Même si Cassi faisait attention aux réactions de son camarade, comme il lui tournait le dos, elle ne prit véritablement l'ampleur de la méfiance de son camarade que lorsqu'il lui répondit, confirmant son propos et le minimisant tout à la fois. Elle savait, malgré tout, que Blaze était bien plus sensible à l'ennui qu'il ne voulait le faire croire, plus sensible que la plupart des gens qu'elle connaissait.

A sa question suivante, elle crut cependant voir les épaules de Blaze se crisper sous le coup de la colère. Ce fût si discret qu'elle aurait vraiment pu se tromper, pourtant elle en était presque certaine : elle avait touché un point sensible. Or, son but n'était pas de l'embêter, mais bien d'essayer de le comprendre, de l'aider. Elle devrait faire preuve d'encore plus de tact et, probablement, détourner la conversation pour le moment.

Son camarade accepta en souriant sa proposition, et piocha un fondant d'un air joyeux.
A la prochaine remarque de Blaze, Cassi ne put retenir un sourire. Elle savait qu'il y avait d'autres sang-mêlés à Poudlard, mais elle avait oublié que Blaze en faisait partie, car il semblait très à l'aise parmi les élèves de sang-pur.
Son sourire s'agrandit lorsqu'elle réalisa qu'il venait, sans le savoir, de lui tendre la perche la plus parfaite qu'elle aurait pu espérer.
Peut-etre qu'elle n'avait pas besoin de chercher à faire chasser son naturel à Blaze. Peut-etre qu'elle devait tout simplement l'aider à lui trouver un meilleur usage.

S'il n'aimait pas vraiment Arsène Lupin, s'il n'avait cherché qu'à faire diversion, il était possible que ça ne fonctionne pas, mais elle devait essayer.
- Arsène Lupin ?! C'est vrai qu'il a vraiment la classe! s'extasia-t-elle, avec sincérité.
- En vrai, j'ai pas vu le film, mais j'ai lu tous les livres de Maurice Leblanc. Tu connais la Lampe juive ?

Blaze se retourna soudain vers elle, l'air très sérieux. Bizarrement, cet air sérieux suscitait plus de méfiance chez Cassi que le sourire espiègle dont il était coutumier.
A la remarque de son camarade, la jeune fille s'arrêta net, faisant crisser légèrement sous ses pieds les petits cailloux qui parsemaient le chemin. Elle le fixa un instant en clignant des yeux, interloquée par cette question qu'on ne lui avait jamais posée auparavant.

Pourquoi elle voulait aider tout le monde ? Pourquoi elle voulait changer les choses ?
Fallait-il une raison ? Elle n'était pas certaine qu'il y aie eu un événement déclencheur, à vrai dire. Gamine, elle défendait déjà les camarades qui se faisaient martyriser par le grand Brad, dans son école moldue. Lors d'une sortie sortie au cirque, à l'âge de 7 ans, elle avait fait évader les singes de leurs cages, puis été prise en train de lutter contre la chaine de l'éléphant - heureusement, elle n'avait pas eu le temps d'approcher de la cage du lion. C'était tout simplement dans sa nature.

Dans son expérience, les gens pensaient souvent que, s'ils ne réglaient pas un problème, s'il n'aidait pas quelqu'un qui en avait besoin, "quelqu'un d'autre" s'en chargerait. Mais depuis son plus jeune âge, Cassi prenait ses responsabilités, et ce même dans les situations qui, officiellement, ne la concernaient pas.

- Tu vois, Blaze, si je vois un gamin se faire enfermer dans un casier, commença-t-elle, choisissant une anecdote qui lui parlerait sans doute, s'il était un jour allé à l'école moldue, [/b]et que je n'interviens pas, j'ai l'impression d'être complice. Ça va m'empêcher de dormir la nuit.[/b]
Elle réfléchit avant de reprendre la parole.
- Pourquoi?ajouta-t-elle avant de hausser les épaules.Je réfléchis, mais franchement, je ne sais pas.

Sa seconde phrase arracha à Cassi un rire bref qui sonna un peu plus indigné qu'elle ne l'aurait voulu.
- Avec cette mentalité-là, certainement pas ! retorqua-t-elle avec aplomb. C'était parce que les gens se disaient "à mon niveau, tout seul, je ne peux rien faire" que les choses n'avançaient pas. Mais je peux essayer, encore et encore, de rendre le monde meilleur, à pas de tortue s'il le faut. Et espérer que mon exemple en inspirera d'autres à faire de même.
Comme cela avait été le cas pour "l'Opération Spartacus" durant l'année Blackman, songea-t-elle.
Malheureusement, pour chaque élève qui avait suivi le mouvement, des dizaines étaient restés inactifs - pire, certaines personnes avaient profité de la situation, ce qui l'horrifiait toujours autant.

Le jour où tout le monde voudrait le bien de son prochain, elle pourrait prendre une pause bien méritée. En attendant... elle ne renoncerait jamais.

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Son petit numéro terminé, Blaze ne relâcha pas pour autant son attention et observa Cassiopeia d'un oeil discrètement suspicieux histoire de vérifier si cette dernière avait bien mordu à ses salades. Enfin salades, il n'avait pas vraiment menti, juste grossi le trait concernant les raisons de son intérêt pour le vol et changer de sujet.

De manière un peu surprenante, sa camarade rebondit sans se démonter, lui assurant qu'effectivement Arsène Lupin était un modèle stylé. Blaze hésita entre s'agacer de ce qu'elle semblait visiblement avoir réponse à tout et en même temps se satisfaire d'avoir soudain trouvé quelqu'un qui puisse partager ses héros. Fallait dire qu'entre les sang-purs qui n'y connaissaient rien à la pop culture moldue et les petits britanniques qui préféraient James Bond au roi des cambrioleurs, c'était difficile de partager sa passion.

Emporté par des sentiments contradictoire, il choisit finalement l'option de la bonne humeur et hocha la tête joyeusement.

- Ah une fan ! Trop cool ! commenta-t-il honnêtement. Bon j'avoue que là c'est moi qui ai pas lu tous les bouquins, faudrait peut-être. C'est quoi l'histoire de la lampe juive ?

Sincèrement curieux, le jeune homme n'en avait pourtant pas complètement laissé sa suspicion de côté et continuait à se demander ce que Cassiopeia pouvait avoir en tête. Mais peut-être qu'elle était juste une vraie fan après tout ? Ça aurait été un hasard étrange mais bienheureux, avec un peu de chance ils pourraient s'associer pour un cosplay au prochain Halloween ?

Mais il n'allait tout de même pas se laisser distraire si facilement, il se connaissait bien et savait qu'un peu trop d'enthousiasme était ce qui pouvait facilement lui faire baisser sa garde, aussi écouta-t-il avec un intérêt sérieux la réponse de sa camarade quand il lui demanda pourquoi elle tenait absolument à venir en aide à tout le monde.

Son explication n'était pas très convaincante, mais elle avait le mérite de détourner la discussion. C'était déjà ça.

- Si tu commences à te sentir complice pour TOUS les trucs où tu fais rien, tu vas pas t'en sortir en vrai... je crois que tu ne te sens complice que pour ce qui se passe sous tes yeux, non ? Franchement, autant pas te faire de bile pour ça, un gamin dans un casier, il y a pas mort d'homme.

Il dit cela d'autant plus facilement qu'encore aujourd'hui il pouvait aussi bien être celui qui martyrisait les autres que celui qu'on enfermait dans le casier. A force de jouer des tours à tout le monde, Blaze s'attirait autant d'amis que d'ennemis et avait connu son petit lot de vengeances et passages à tabac dans les couloirs, à commencer par Misha qui pourtant était maintenant son meilleur pote. Pour lui, tout ça c'était que de la blague, fallait assumer et ne pas se laisser marcher sur les pieds, ceux qui étaient incapables de se protéger eux-mêmes méritaient un peu leur sort, d'une certaine manière.

Il haussa les épaules. Ce qui jusque là avait été une simple diversion dans son esprit prenait maintenant la tournure d'une discussion sérieuse et sincère. C'était un sujet plutôt intéressant de son point de vue, surtout qu'il avait dessus des idées assez arrêtées.

- Même pas sûr que tu rendes le monde meilleur en vrai... un gamin qui se fait brutaliser, si tu lui viens en aide tout le temps il apprendra jamais à se débrouiller tout seul. Les mauvaises blagues ba ça forge le caractère moi je pense, moque toi un peu d'un première année, ça va l'obliger à se bouger le cul et petit à petit il se laissera moins faire mais si tu le materne comment il fera quand tu seras plus là ?

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Cassi eut le plaisir de voir Blaze la gratifier d'un hochement de tête joyeux à sa remarque sur Arsène Lupin, geste qui lui parut sincère. Il avait donc, au moins en partie, été honnête concernant son attachement envers cette figure littéraire. Cassi sourit, plus parce qu'elle avait quelqu'un avec qui partager ses goûts littéraire - même s'il était probable qu'ils en aient peu en commun - que parce que sa stratégie semblait fonctionner.

- Je ne lui rendrai pas justice, si je te le raconte. Je te le prête, si tu veux. Proposa-t-elle, l'air encourageant.
A vrai dire, elle était surtout consciente qu'elle ne serait jamais aussi convaincante que l'auteur lui-même. Dans La lampe juive, Herlock Sholmès était engagé par un baron pour retrouver une lampe volée contenant un bijou précieux. Lupin lui écrivait pour le convaincre de renoncer, mais il acceptait et résoluvait l'enquête. Cela mettait à mal le plan de Lupin qui, en vérité, cherchait à aider la famille du Baron, d'une manière détournée.
Lorsque le motif était révélé, à la fin de l'histoire, ce vol apparaissait véritablement comme le plus noble de tous les vols de Lupin, et Sholmes comme un grand sot.

Elle avait compris que, comme Rome ne s'était pas faite en un jour, elle ne convaincrait pas Blaze en une journée, mais qu'elle devait penser au long terme. Peut-être que ce livre leur donnerait l'ouverture nécessaire pour pouvoir parler de la situation. Peut-etre aussi qu'en attendant, il influencerait Blaze favorablement, l'amenant au moins à voler pour la bonne cause au lieu de s'en prendre aux plus faibles.
Sans surprise, le voleur préféré de la jeune fille était Robin des Bois.

- Je trouve que c'est trop facile de détourner le regard. De mettre des œillères pour ne pas voir. C'est lâche.
Elle n'avait jamais étudié les totalitarismes à l'école, puisqu'elle avait quitté l'école moldue toute jeune, mais en deuxième année, aux petites vacances, chez sa mère, elle avait fait des recherches historiques intenses sur tous ces régimes moldus et, surtout, les actes de résistance qu'ils avaient entraîné. De ces recherches étaient nés le nom de son mouvement, "Opération Spartacus", mais aussi son costume d'Halloween de deuxième année. En effet, elle avait arboré une chevelure brune - teignant ses cheveux pour la première fois -, et une robe des années 30, avec des boucles d'oreille en forme de minuscules roses blanches, qu'on aurait pu prendre pour des perles de loin. Fort heureusement, personne à l'école n'avait identifié son soi-disant "costume vintage" pour le personnage historique qu'il représentait, Sophie Scholl.

Au cours de ses recherches, Cassi avait été frappée par tous les témoignages qui disaient que les allemands "Ne savaient pas" ce qui se passait dans les camps. Pourtant, un trop grand nombre d'élèves avaient fermé les yeux sur ce qui se passait dans l'école, pendant l'année Blackman. Le vœu le plus cher de Cassi était que l'histoire ne se répète pas.
Elle ferma un instant les yeux, cherchant à s'extirper de ses propres souvenirs.

Blaze reprit la parole, lui offrant une distraction inespérée. Elle l'écouta avec attention, les yeux à nouveau ouverts.
Peut-être qu'elle ne rendrait pas le monde meilleur. Pas toute seule. Mais si elle pouvait inspirer ne serait-ce que 3 personnes, et qu'elles en inspiraient 3 à leur tour... Un jour, le monde serait meilleur, et elle y aurait contribué.

- Si on apprend pas à nager aux gens, ils vont se noyer. Donc, tu crois qu'il faudrait les jeter à l'eau, les laisser se débrouiller, et s'ils survivent, ils savent nager ?
Elle secoua la tête.
- Moi, si je vois quelqu'un se noyer, je le sors de l'eau. Ensuite, je lui explique comment j'ai fait. Et enfin, je lui apprends à nager. Et là, je sais qu'il ne se noiera pas quand je ne serais plus la.

Évidemment, elle ne pouvait pas sortir tout le monde de l'eau à elle seule. C'était pour cela, pour suivre sa métaphore qu'il fallait faire interdire de jeter les gens à l'eau ou, pour sortir de la métaphore, qu'il fallait s'assurer de les protéger de la cruauté humaine.

La mère de Cassi disait souvent que, si elle avait été moldue, un club de débat aurait été pour elle une activité extrascolaire parfaite.

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- Ok pourquoi pas. se contenta-t-il de répondre amusé.

En général c'était le genre de phrase qu'on répondait pour faire plaisir mais Blaze s'ennuyait un peu ces derniers temps, c'était d'ailleurs la raison principale du vol de baguette qui les avait mené à cette situation, et aller jeter un coup d'oeil aux récits originaux de Lupin n'était pas une mauvaise idée. Lui s'était jusque là contenté de regarder plusieurs fois les films.

Une autre réelle source de contentement était surtout d'avoir finalement bien réussi à détourner la conversation. Il n'était plus aujourd'hui question de cleptomanie ou de quoi que ce soit, il jouait à présent sur le terrain de Cassi en remettant en questions a propension à venir en aide à tout le monde tout le temps. C'est vrai, quoi, c'était pas un comportement normal d'agir ainsi, fallait avoir un sacré syndrome du héros pour ne pas se rendre compte que le monde ne reposait pas uniquement sur ses épaules...

Il se contenta donc de faire la moue quand sa camarade lui rétorqua que c'était faire preuve de lâcheté que de ne pas se mêler des choses. Mouais, ça dépendait des fois, Blaze ne se considérait absolument pas comme lâche mais il n'avait pas le temps de prendre la responsabilité de toute la misère du monde, à un moment chacun devait apprendre à se gérer un peu tout seul et à s'endurcir. S'endurcir. Ça par contre il aimait bien faire. La plupart de ses défis, des duels qu'il menait, des rivalités qu'il entretenait, tout ça c'était bien dans l'idée de progresser, en plus d'être plus amusant que d'aller réconforter le premier chialeur venu...

C'était vraiment aller dans la démesure que de voir les choses ainsi, d'ailleurs il ne se gêna pas pour le lui faire remarquer.

- Qui parle de survivre ? On parlait d'un gamin enfermé dans un casier là, y a pas mort d'homme. répliqua-t-il en ricanant.

Décidément Cassiopeia avait un peu tendance à tout exagérer. C'était amusant mais Blaze craignit vraiment qu'elle finisse par se faire du mal à se foutre la pression comme ça à tout bout de champ.

- Moi je crois que si on voit les humiliations comme une blessure qu'il faut consoler, on laisse les gens dans leur merde. Alors que si tu fais comprendre aux gosses que de temps en temps un petit moment désagréable à passer c'est pas la fin du monde, on créé une ambiance plus saine pour tout le monde. Les gens prennent leur désagréments moins au sérieux et du coup ils apprennent à les gérer et deviennent plus forts.

Une idée venait de lui arriver en tête mais il hésita. Pas longtemps toutefois, Blaze n'avait jamais vraiment su retenir ses pensées quand elles arrivaient aussi bruyemment et brute que celle-ci.

- Genre Blackman, ça sert à rien de se traumatiser pour ça, non ? Même si c'était dur, au fond le mieux c'est juste d'en tirer le plus positif, mais si le premier réflexe c'est s’apitoyer sur soi-même, ba on perd du temps.

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Blaze n'était très visiblement pas convaincu par l'argumentaire de la jeune fille, qui acheva néanmoins son propos jusqu'au bout.
Il développa ensuite sa pensée, en rejetant le concept de survie, reprenant l'exemple du gamin dans le casier.
Cassi reprit du tac au tac.
- En 2019, un moldu de 9 ans est mort enfermé dans un casier, dans une école de l'Essex. C'était aux infos !
La jeune fille ne connaissait plus très bien les détails de l'histoire, et pourtant ça l'avait marquée.

Blaze poursuivit ensuite son argumentaire, défendant un point de vue toujours opposé au sien.
Cassi repensa aussitôt à Kathleen. Un incident en avait suivi un autre et, si le premier n'etait au final pas trop grave, le second avait été terrible. Elle supposait qu'elle n'avait pas eu sa baguette pour se protéger, lors de son agression.
- Parfois, le pire, ce n'est pas l'acte lui-même, mais ses conséquences. Tu ne sais jamais ce qui peut arriver...
Ce n'était que pour protéger Kathleen qu'elle ne lui envoya pas dans la figure les événements qu'il avait - peut-être - indirectement causés.

Elle le vit réfléchir, et là, il lui balança une remarque qui lui parut plus atroce que tout ce que sa belle-mère avait pu lui sortir en près de dix ans de haine farouche.
Mentionner Blackman était vraiment, vraiment bas - surtout après leur duel - et la jeune fille eut un sursaut, son regard se fit hésitant et ses épaules s'arrondissent presque instinctivement.

Mais lorsqu'il l'exhorta à y voir du positif, elle releva la tête, ses yeux lançant des éclairs.
- Mais merde, Blaze, dans quel monde tu vis ?!
Cassi jurait très peu, mais en un laps de temps très court, même sans compter le gallois, elle avait déjà juré devant deux camarades, Leo, puis Blaze.
- C'est facile, hein, de s'en laver les mains quand on se bâfrer au réfectoire et suivre ses cours comme si de rien n'était. Mais dis moi, au fait, c'est ton père qui moldu ? Ou c'est ta mère ? Tu te rends compte de ce que les mangemorts font aux moldus et aux nés-moldus ?! C'est des PUTAINS de NAZIS version sorcier ! s'emporta-t-elle.

La jeune fille ferma les yeux, expira profondément, et reprit d'une voix qui n'était en fait pas vraiment plus calme - juste avec un volume très légèrement plus bas.
Elle les rouvrit en le fusillait toujours du regard.
- Alors vas-y ! reprit-elle. - Amuse-toi, profite, fais le sale gosse, joue au klepto si ça t'amuse ! Et fiche-toi de Cassi quand elle prend les problèmes au sérieux, tant qu'on y est. Mais ne viens pas pleurer s'ils deviennent vraiment sérieux parce qu'elle n'arrive pas à tout faire toute seule.

Et la jeune fille, qui s'était rapprochée un peu plus de lui à chaque mot, fit volte-face et commença à marcher sur le chemin en se passant les mains dans les cheveux, dans un profond soupir. Maintenant qu'elle lui tournait le dos, ses yeux brillaient de larmes.

Instants volés

Blaze se contenta de hausser les épaules avec puérilité quand Cassi lui fit remarquer que des gens pouvaient mourir d'être enfermés dans un casier. Oui. Bon. On pouvait mourir d'un peu tout et n'importe quoi si on poussait par là, est-ce que c'était sa faute à lui ? Non, alors il ne voyait pas vraiment en quoi ça le concernait. Certainement que des moldus avaient du claquer aussi en s'étouffant avec de la nourriture, il allait pas sauter pour arracher des mains de ses camarades leur fourchette sous prétexte qu'il y avait potentiellement un risque...

Il ne releva pas non plus quand elle lui fit remarquer qu'on ne savait jamais ce qui pouvait arriver. Ça aussi à ses yeux c'était idiot. Ça valait pour n'importe quelle action au final, on pouvait certainement faire beaucoup de mal avec un geste positif et l'inverse était aussi vrai, à partir de là tout acte était un pari sur l'avenir, comment pouvait-elle sérieusement exiger qu'il anticipe le futur à chaque fois qu'il s'apprêterait à respirer ?

Légèrement agacé par la tournure moralisatrice des remarques de sa camarade, Blaze voyait tout en absolu. Il poussait le moindre argument à l'extrême et donc jusqu'à l'absurde. Ce n'était pas une manière très efficace de dialoguer ou de débattre, pour sûr, mais il n'avait rien demandé, lui, et n'avait pas vraiment envie de faire l'effort d'être raisonnable, se contentant de tourner en ridicule la rhétorique de Cassiopeia dans sa tête sans chercher à y répondre.

Ce fut d'ailleurs en parti ce qui le motiva à parler de Blackman. Après tout, quitte à suivre leurs idées jusqu'au bout, autant ne pas prendre de pincettes et choisir comme exemple la pire situation qu'ils aient tous deux connue : celle de la capture de Poudlard par les néo-mangemorts.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne s'attendait pas à ce que cette simple phrase provoque une réaction aussi virulente de la part de sa camarade. Du coin de l’œil, Blaze vit Cassiopeia cesser de marcher et se braquer, presque littéralement, adoptant la posture qu'aurait un chat qui feule, prêt à gronder sur l'ennemi.

Et c'est un peu halluciné qu'il se prit tout dans la gueule. Franchement, même venant de sa mère, il n'avait pas souvent connu de pareille engueulade. Tout y passa : les attaques personnelles, Cassi ne se privant pas de souligner que malgré la diplomatie dont elle avait fait preuve, elle n'était pas dupe du tout de ce qui le poussait tant à s'emparer des affaires des autres, elle évoqua ses parents le traitant presque de fils indigne, puis le réduisit à une espèce de gamin immature complètement déconnecté de la réalité et incapable de grandir...

Or il y avait là deux problèmes : tout d'abord, bien que jamais il ne l'aurait avoué, Cassiopeia avait parfois touché assez juste dans sa critique. Mais le plus grave était certainement que ce genre de savon, il aurait pu l'accepter venant de quelqu'un de sa famille, à qui il reconnaissait de l'autorité, mais certainement pas d'une camarade de classe à peine plus âgée que lui ! Aussi il se braqua à son tour, cruellement vexé et prêt à laisser éclater son indignation. Hors de question de laisser passer un truc pareil, il avait trop d'égo, trop de fierté pour accepter qu'on l’engueule comme un gosse !

En plus elle osait se barrer comme ça, genre la discussion était close, non non Cassiopeia, ça se terminerait pas ainsi...!

En deux pas il l'avait rattrapé et posa brutalement sa main sur son épaule, la forçant à se retourner vers lui.

- Eh !

Elle n'était clairement pas la seule à être furieuse et si la colère n'était pas un sentiment dont Blaze était familier, elle s'exprimait pourtant cette fois-ci très clairement sur son visage. Pour lui, rivalités, défis, défaites ou provocations, tout ça c'était un peu du jeu, on en ressortait toujours un peu gagnant à la fin, plus fort, plus malin. Mais là, la jeune fille avait visé exactement en dessous du jeu dans lequel vivait Blaze, en plein dans la part de réalité qu'il s'efforçait vigoureusement de nier depuis des années, sa propre mortalité, ses responsabilités, la fin de l'insouciance ou juste le fait que le monde ne se limitait pas à lui-même et l'autorité de sa mère, que d'autres aussi pouvaient parfois le remettre à sa place.

- Tu te crois maligne, "sainte Cassi" ? Tu crois que tu vas sauver le monde mais toi aussi t'es qu'une gosse qui joue au héros pour te persuader que tu vaux mieux que nous ! T'es pas foutue d'affronter tes peurs en face, tu chiales pour trois branches d'arbre un peu flippante et tu te crois révolutionnaire ?

C'était des mots cruels et durs, prononcés sous le coup de la colère dans la seule volonté de nuire. Elle l'avait blessé alors il la blesserait à son tour, coup pour coup.

- Tu crois que tes petites actions elles vont changer quoi que ce soit ? Tu fais juste ça pour te sentir exister, pour te persuader que tu sers à quelque chose mais le jour où tes "NAZIS" comme tu dis reviennent ta Kathleen elle saura rien faire à part venir chouiner dans tes jupes parce que tu l'auras habitué qu'à ça, à être dépendante des autres !

Il cracha par terre.

- Tu veux pas les aider, tu veux juste qu'ils t'aiment et t'admirent, alors arrête ton hypocrisie !

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Au cours de sa tirade, Cassi vit la stupéfaction se dessiner dans les yeux du jeune homme. Son propos terminé, elle fit volte-face, considérant qu’ils n’avaient plus rien à se dire, décidée à rentrer au dortoir. Mais Blaze ne l’entendant pas de cette oreille, et l’attrappa brutalement par l’épaule pour la forcer à se retourner, tout en l’interpellant.

La jeune fille dit volte-face, en repoussant la main de Blaze d’un geste sec. Il avait désormais l’air absolument furieux - et elle ne l’avait jamais vu comme ça. D’habitude, il lui semblait plutôt du genre à ne rien prendre au sérieux. Hé, elle n’était vraiment pas méchante comme fille, mais quand on la cherchait, on la trouvait.

Cassi accusa tout d’abord le coup des paroles de son camarade. Oui, elle avait peur, à ce stade, elle ne pouvait le nier… Son regard hésita un bref instant, puis elle ferma les yeux et prit une profonde inspiration, écrasant ses doutes au fond d’elle-même - elle ne pouvait pas descendre cette pente, surtout pas maintenant. Son visage se détendit légèrement, avant de se crisper sur une émotion de colère. Ses yeux brillaient toujours, mais leur éclat était si dur que l’on n’y voyait que la fureur.

- Tu me parles de courage, Blaze ?! Rappelle-moi, lequel de nous a craché au visage d’un mangemort adulte en étant gosse, et lequel de nous cible des gamins “par jeu”, parce qu’il n’est pas capable de s’en prendre à quelqu’un de sa taille ?!
Elle lui laissa un bref instant pour méditer sa question, puis reprit rapidement, la colère enflant comme un torrent dans sa voix.

- J’avoue, par moments, je suis morte de trouille. Et quand je me suis dénoncée pour couvrir les autres, j’ai cru j’allais me pisser dessus tellement j’avais peur. Mais tu sais quoi ?! Je l’ai fait quand même ! Y avait un moldu, Mandela - tu le connais sûrement pas, c’était un mec bien - qui disait que le courage, ce n’était pas de ne pas avoir peur, c’était d’agir malgré sa peur. Et je pense que moi, j’ai agi, et plus d’une fois. Mais toi, tu as fait quoi, au juste ?! A part te la couler douce, faire des blagues débiles et chourer des baguettes à des gamines ?!

Il n’avait pas besoin de savoir que, désormais, elle commençait à craindre que son courage ne lui fasse défaut, et de n’être plus capable de lutter contre ses peurs, justement. Là, tout de suite, l’important, c’était que leur historique parlait de lui-même.
- Tu crois que je ne sais pas que toute seule, je n’irais pas loin ? Mais Blaze, le problème, ce ne sont pas les gens qui agissent, ce sont les lâches qui se planquent derrière des excuses de merde ! Si les adultes avaient fait comme toi et la plupart des autres, on serait toujours sous un gouvernement mangemort, tu en es conscient, de ça ?!

Les yeux de la jeune fille se plissèrent quand il mentionna sa protégée.
- Ne me parle pas de Kathleen ! cracha-t-elle. Je ne sais même pas si tu es beaucoup moins au courant de ce qui se passe dans l’école que tu ne le prétends - et que tu as toujours des oeillères sur les yeux pour ne voir que ce qui est rose et marrant - ou si tu t’en bats juste les couilles de ce qui s’est passé ! Mais ne crois que j’ai oublié ton rôle dans ce merdier !
Cassi prit une nouvelle inspiration profonde. Elle tremblait désormais de rage, et si elle ne se calmait pas, elle allait lui en mettre une. Or, ce n’était pas Blaze qu’elle avait envie de frapper, mais bien l’agresseur de la petite fille.

Elle n’agissait que pour se sentir exister, hein ? Pour qu’ils l’aiment et l’admirent ? Elle était hypocrite ?! Mais c’était l’hopital qui se foutait de la charité, ça ! Peut-être que Blaze avait besoin qu'on admire son audace et ses gags, mais ça ne voulait pas dire que Cassi n'était pas autenthique Elle n’avait clairement pas besoin de justifier de ses motivations auprès d’un mec aussi borné, con et étroit d’esprit.
- Oh, Blaze… Je suis vraiment désolée si ta vie est si chiante et minable que tu as besoin de faire des crasses aux gens juste pour avoir un peu d’attention. Mais ne prends pas ton cas pour une généralité !

Elle était allée vraiment loin, mais à quoi s’attendait-il, aussi ? Cassi pouvait être un trésor de gentillesse et de compassion, mais elle avait ses limites, et n’avait désormais plus aucune patience pour lui. Il savait très bien qu’il s’engageait sur un terrain dangereux, il n’avait pas retenu ses coups, et elle avait appris à riposter aux remarques les plus insidieuses auprès de la femme la plus perfide qui soit. La jeune fille n’avait aucun regret.

Instants volés

Malheureusement pour Cassi si ses premières remarques avaient bien touché juste, elles l'avaient également sincèrement vexé et Blaze n'était pas prêt de redescendre en tension. Les concessions de la jeune fille, acceptant d'avouer que parfois elle avait peur mais faisait avec, une vision des choses qu'il partageait, n'était plus de nature à le calmer. Dans d'autres circonstances peut-être aurait-il trouvé de la sagesse à ces paroles, mais pour le moment elles sonnaient simplement vide, comme si Cassiopeia n'avait tout simplement pas été digne de se revendiquer d'une telle philosophie.

D'autant plus que s'il était resté jusque là sur la défensive, accusant le coup, la contre-attaque de sa camarade l'atteignit beaucoup moins fort. Or c'était suffisant pour faire légèrement redescendre la colère et moins parler sous le coup de la fureur que de la méchanceté. Il ne réagissait plus comme un chien blaissé mais avec plus de froideur, prenant le temps de viser.

En effet, de son point de vue, Blaze n'avait rien à se reprocher. Il s'en était pris à bien plus grand et plus âgé que lui, avait tenu tête aux profs, aux Sorensen, à des élèves de 6ème et 7ème années et ferait bien plus s'il en avait l'occasion. Il n'y avait qu'une seule personne qui l'effrayait, c'était sa mère et elle n'était pas là. Tout le reste, c'était donc du menu fretin. De la même manière, pendant l'ère Blackman, il ne se l'était pas "coulé douce" comme le prétendait Cassi.

Alors certes il n'avait pas joué les résistants mais à 11 ans à peine il était prêt à s'être passé cela, mais ça ne l'avait jamais empêché de braver l'autorité à sa manière, par ses farces justement, par son impertinence, et d'en payer le prix tout autant qu'elle. De cette époque il avait gardé une haine farouche de toute autorité qu'il appliquait aujourd'hui encore à combattre au sein du château.

Concernant Kathleen il ne voyait tout simplement pas de quoi parlait Cassiopeia et n'avait pas la patience ni la disposition d'humeur pour creuser la question.

Par contre, le coup de la vie chiante, c'était un coup bas. D'autant plus qu'elle réutilisait contre lui des choses qu'il avait bien voulu confier dans un moment plus apaisé et que, oui, il était assez sujet à l'ennui. Bon, il avait fait la même chose de son côté mais ça n'excusait rien, la dispute était véritablement en train de balayer les deux sous de confiance qui s'était installés plus tôt et il serait difficile de revenir sur cette trahison.

Il eut un rire mauvais, comptant bien lui faire comprendre qu'elle avait mal visé.

- Mais pauvre fille t'es vraiment à côté de tes pompes hein... Le jour où j'aurai besoin des leçons de morale d'une sainte-nitouche je te sonnerai !

Il la toisa avec mépris et méchanceté, comme on regarderait quelque chose de vraiment dégoutant.

- En attendant tu viens juste de prouver que j'avais raison, t'es bien contente de toi, hein, tu te plais dans ton petit rôle à pouvoir t'envoyer des fleurs, à jouer les modestes mais dès qu'on va te chercher un peu t'es juste qu'un gros sac d'autosatisfaction, tu veux sauver le monde mais t'as aucune curiosité pour les autres, tu crois qu'il y a qu'une manière de faire et c'est la tienne, c'est par de l'héroïsme c'est de l'égocentrisme et t'as tellement la gueule au ras du cul que tu t'en rends même plus compte, commence par régler tes problèmes avant d'essayer de régler ceux des autres !

Et ceci étant dit, il lui adressa un doigt d'honneur et lui tourna le dos à son tour, prenant la direction du village.

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Blaze avait réussi à atteindre Cassi, avant même d’essayer sérieusement. Mais elle était parvenue à se reprendre, à laisser la colère enfler en elle et envahir le moindre interstice dans lequel le doute aurait pu se nicher. Désormais, sa colère l’animait, mais la protégeait aussi, comme une armure, et les mots de Blaze ne lui faisait plus d’effet.

Elle avait bien compris que Blaze, bien que plus tard, avait suivi le même cheminement qu’elle - blessé, puis en colère. C’était un méchanisme qu’elle comprenait très bien. La colère était, bien souvent, l’un de ses moyens de défense. En général, elle ne se montrait de loin pas aussi virulente - à part avec sa belle-mère - mais Blaze l’exaspérait vraiment et, surtout, la mention de Kathleen lui avait fait perdre le peu de patience qu’il lui restait. Elle ne savait même pas si Kathleen avait ou non sa baguette lors de son agression, mais ce n’était pas le problème. Désormais, elle tenait Blaze pour responsable - mais il lui semblait que Blaze ne savait pas ce que c’était que de prendre ses responsabilités.

L’ahurissement qui se lut sur le visage du jeune homme lorsqu’elle parlait de Kathleen lui confirma qu’il n’était au courant de rien. Au fond, ce n’était sans doute pas très correct de lui reprocher de ne pas être au courant quand elle-même ne savait que parce qu’elle avait croisé Kathleen par hasard. Mais Cassi ne pensait plus avec sa tête - avec sa logique et sa créativité. Elle pensait avec son coeur plein de rage, et ne chercha pas plus loin.

Blaze la traita d’hypocrite, lui reprochant de ne chercher que l’amour et l’admiration, et la jeune fille se braqua. Même s’il y avait quelques indésirables dans sa vie, elle était, dans l’ensemble, très bien entourée. Elle avait un grand frère aimant, une meilleure amie parfaite, des amis géniaux et des cousines hyper chouettes. Mais elle ne voulait pas se justifier, et préféra donc lui renvoyer le miroir. Le jeune homme lui répondit par un rire mauvais, en disant qu’elle était à côté de ses pompes, et qu’il la sonnerait quand il aurait besoin d’une leçon de morale de la part d’une “sainte-nitouche”.

Cassi haussa les épaules. Elle avait été traitée de choses bien pires par des gens qui l’impressionnaient bien plus. A vrai dire, ce n’était même pas vraiment une insulte. Littéralement, une “sainte-nitouche” était une fille vierge - et alors ? Bien sûr, il parlait dans un sens plus figuré, mais la jeune fille était fière de ses valeurs. Il ne la blesserait pas comme ça.

Il reprit en la toisant avec dégoût, et égrena une nouvelle tirade. Cette fois-ci, tout dans son langage corporel comme dans le timbre de sa voix exprimait un seul et unique but : la blesser. Il commença par dite qu’elle lui avait donné raison, et la jeune fille haussa un sourcil en l’écoutant, intrigué de voir ce qu’il pensait savoir d’elle au bout de deux conversations. Il se lança dans une tirade sur son autosatisfaction et son égoïsme, une tirade qu’elle jugea si ridicule et à côté de la plaque que sa colère dégonfla, remplacée par un amusement mêlé d’agacement, un peu comme quand un gosse chiant s’amuse à vous mettre des coups de pieds.

En fait, ce mec était beaucoup trop puéril pour mériter sa colère, et le doigt d’honneur par lequel il conclut sa tirade le lui confirma. Cassi retrouva son calme si vite que même la dernière phrase, qui en certaines circonstances aurait vraiment pu faire mouche, ne parvint pas à l’atteindre. Elle décida soudain qu’elle valait beaucoup mieux que ce genre de disputes de sale gosse - un doigt d’honneur ? Il avait quoi, douze ans ?

La jeune fille applaudit donc dans le dos de Blaze, avec une lenteur exagérée qui produisait de grands claquements isolés.
- Waouh, Blaze, tu as trouvé ça tout seul ?! rétorqua-t-elle une fois que les applaudissement avaient eu assez de temps pour attirer son attention. Le ton de sa voix suffisait à signifier qu'elle n'était ni impressionnée, ni blessée, et elle ne daigna même pas se défendre de ces accusations - elles n'en valaient même pas la peine.

Elle ne se donna pas la peine de vérifier s’il s’était retourné. Au fond, elle s’en moquait : elle ne lui donnerait pas le plaisir de lui courir après et, sur ce sentier dégagé, sa voix porterait assez pour qu’il l’entende même s’il ne revenait pas sur ses pas.
- Eh bien, tu as raison sur un point. Je ferais mieux de te laisser gérer tes problèmes tout seul. Après tout, ça va t’endurcir de patauger dans ta merde, pas vrai ? termina-t-elle.

Cassi fit volte-face à son tour pour rentrer par un autre chemin. Elle n’avait rien à lui dire. Qu’il se démerde avec son ennui et sa kleptomanie. S’il essayait de chourer d’autres baguettes, elle veillerait au grain.

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