feat. Amelia Zadro
Un immense jardin, une serre humide toujours bien entretenue, une maison centenaire débordante de magie. Des forêts enchanteresses, des étendues d’eau mystérieuses, un centre-ville charmant. Opal aimait sa ville natale et l’endroit qui était sa maison. Elle s’y sentait bien. Dans chaque recoin, elle pouvait imaginer une histoire, une nouvelle aventure. Le monde était un terrain de jeu gigantesque qui n’attendait qu’elle.
Elle avait grandi dans une quiétude douce et agréable. La magie faisait partie intégrante de son quotidien, et pour elle, tout était plus que naturel. Ses parents s’occupaient de la maison avec aisance, d’un coup de baguette à la fois. Opal adorait voir les étincelles que produisait le bois magique ou les mouvements circulaires nécessaires à certains sortilèges. Elle observait souvent ses parents avec attention, dans l’attente du moment où elle pourrait faire la même chose. Sa mère lui répétait sans cesse d’être patiente. Ce qui amenait une plainte aux lèvres de la jeune sorcière qui se découvrait tout juste des pouvoirs.
Sa première expérience avec la magie s’était révélée sauvage. Une explosion soudaine qui l’avait fait sursauter, mais qui l’avait aussi émerveillé. Elle avait fait fuir un gros chien qui lui courait après dans le jardin. Ce fut... incroyable ! Depuis, elle avait hâte de pouvoir utiliser la magie. Malheureusement, ses parents étaient formels : l’apprentissage pratique des sortilèges ne se ferait qu’à l’école. Elle allait devoir attendre avec impatience d’avoir 11 ans... Mais la vie n’était pas si mal pour l’instant, elle avait bien d’autres choses à apprendre.
Ses premières sorties en ville avaient été comme de vraies expéditions pour l’enfant. Chaque fois, c’était une nouvelle aventure où il ne fallait jamais révéler nos identités réelles. Sa mère l’amenait parfois aux parcs avec ses frère et sœur pour jouer avec d’autres enfants, souvent des moldus, mais Opal ne les aimait pas beaucoup. Certains étaient très méchants. Ils étaient souvent mis à l’écart, car ils n’allaient pas à l’école comme tous les autres jeunes du quartier. Mais Opal ne se laissait jamais abattre et elle ne se laissait pas marcher sur les pieds non plus. À quelques reprises, sa mère avait dû l’éloigner du parc un moment, car la bagarre était sur le point d’éclater. Opal n’était jamais de celle à frapper la première, mais elle avait parfois tendance à provoquer les enfants qui l’insultaient. Et surtout, elle était toujours prête à défendre son frère et sa sœur lorsque certains leur causaient des problèmes. Sa mère pensait à l’éventualité de ne plus les sortir au parc, mais décida rapidement que l’aspect social était important pour ses enfants. Même si les choses ne se passaient pas toujours très bien.
Le reste du temps chez les Bellingham, c’était paisible. Opal avait l’école à la maison. Elle apprit à lire, écrire et compter avec ses parents. Lorsque son frère et sa sœur commencèrent leur apprentissage, elle leur donnait parfois un coup de main. Les bases acquises, Opal avait commencé à fouiller dans la bibliothèque de ses parents pour approfondir sa lecture, ainsi que ses connaissances. Ce fut avec plaisir que son père lui partageait quelques notions de base sur les potions, leurs créations et les ingrédients utilisés. Sa mère l’initia aux soins de la terre et aux différentes plantes faciles à s’occuper et utiles. Opal adorait les apprentissages pratiques. Cependant, comme c’était interdit pour elle d’apprendre à lancer des sorts, elle ne pouvait qu’étudier théoriquement les sortilèges simples qui existaient. Elle avait hâte de se procurer sa première baguette, mais ses parents refusaient de lui en acheter une avant qu’elle ne reçoive officiellement sa lettre pour l’école.
Le dimanche matin, sa mère aimait les amener pour de longues marches en forêts. Ces escapades terminaient toujours avec un pique-nique. C’était devenu une habitude à laquelle ils aimaient se prêter. Ils changeaient régulièrement de sentier et souvent, en profitaient pour trouver des herbes comestibles et pratiquer leurs connaissances des plantes. Opal affectionnait particulièrement les promenades jusqu’au lac dans lequel elle pouvait se baigner par temps chaud.
C’était une enfance tranquille qu’elle vivait. Loin des problèmes, elle n’avait aucune conscience de l’infortune qui pouvait exister dans le monde extérieur. Fière et confiante. Heureuse. Gonflé d’une soif d’aventure et d’une curiosité indiscrète.
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Un matin d’apparence banale, une lettre trônait sur la table. Bien en évidence, accotée contre le verre de jus d’orange, elle attendait d’être ouverte par celle à qui elle était adressée. Opal était passée en coup de vent dans la cuisine avant d’être obligée par sa mère à s’asseoir afin de prendre son petit déjeuner. Quel malheur si elle avait simplement pris une tartine et s’était jetée dehors pour la matinée. Elle n’aurait pas pu voir cette lettre qui l’attendait gentiment sur la table.
Lorsque les yeux pâles de la jeune fille se posèrent sur l’enveloppe, elle marqua une halte dans sa course. Puis, un éclair d’excitation la parcourut. Sa lettre de Poudlard ! Elle l’avait attendu si longtemps ! Elle s’était jetée sur le papier avec joie pour en lire le contenu. Elle allait rentrer à l’école en septembre. Enfin ! Son regard parcourait la liste d’effets scolaires et elle sentait les papillons fourmiller dans son estomac. Déjà, elle demandait quand elle pourrait magasiner sa baguette magique. Elle avait tellement hâte ; elle ne tenait plus en place.
Elle n’avait jamais posé le pied au Chemin de Traverse, mais ses parents lui assurèrent que c’était l’endroit parfait pour acheter toutes ses fournitures et elle ne fut pas déçue de ce qu’elle découvrit. Il y avait tant de sorciers et sorcières, de boutiques et d’objets. Il y avait tant d’émerveillement. Elle s’arrêtait près des autres jeunes pour observer les vitrines, curieuse de ce qu’elle allait y apercevoir. Puis, elle suivait ses parents d’une boutique à l’autre. Nommant à haute voix le matériel qu’elle devait se procurer.
Recevoir sa première baguette la remplit de fierté et de joie. Une fois qu’elle l’eut en main, elle n’hésita pas à essayer l’un des sortilèges qu’elle avait longuement étudiés en théorie. La faible lumière qui apparut au bout de sa baguette agrandit le sourire sur ses lèvres. Il lui semblait qu’elle pourrait se noyer dans sa joie. Son dernier arrêt fut à la boutique de familier où elle se procura un chat duquel elle était tout de suite tombée sous le charme. C’était une femelle qu’elle nomma Petra.
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Son arrivée à Poudlard était promesse de nouveautés et découvertes. L’excitation et la joie gonflaient le cœur de la jeune sorcière de 11 ans. Elle s’attendait à plusieurs expériences ; réussir à lancer différents sortilèges, améliorer ses connaissances en concoction de potion et en botanique ou encore apprendre à voler sur un balai. Elle voulait explorer les nombreuses pièces du château et de son enceinte, découvrir quel secret cachait cette vieille école de magie. Pas une fois elle n’aurait douté que sa première année à l’école de sorcellerie pourrait être sombre...
La jeune Opal savait dès ses premières minutes à l’école ce qu’elle souhaitait. Elle avait comme ferme intention d’en apprendre le plus possible, tout en écoulant des jours amusants et remplis de mystères à comprendre. Elle n’avait pas souvent rencontré d’autres sorcières et sorciers de son âge, elle était donc contente de pouvoir partager ses expériences avec les autres. Des amis avec qui elle partageait la sorcellerie.
Malheureusement, ses plans tombèrent vite à l’eau lorsque l’école fut attaquée en octobre.
Son monde de merveilles s’effondra. Elle qui avait eu une naïve perspective de ses années d’études était maintenant frappée par la noirceur existant dans le cœur de certains. Elle réalisait soudainement être bien loin de ce cocon sécuritaire dans lequel elle avait grandi. Au contraire des découvertes et expériences amusantes et sensationnelles, elle se retrouvait avec des épreuves aux choix difficiles. Cette année-là, elle se sentit impuissante et misérable. Incapable de venir en aide à ceux qui en avaient besoin. La simple idée de devoir baisser la tête la faisait grincer des dents. Les tentatives de libération finissaient en échec et torture. Du haut de ses 12 ans, que pouvait-elle faire ?
Suivre les cours. Faire profil bas. Mais elle refusait d’être vaincue sans avoir essayé. Elle voulut aider, participer à la rébellion qui se formait dans l’ombre. Sans jamais se faire prendre. Ses connaissances en matière de potions et botaniques s’avérèrent utiles. Si les élèves plus âgés n’avaient rien à lui envier, elle pouvait tout de même mettre la main à la pâte. Elle n’hésita pas à se cacher dans les toilettes ou encore dans un placard — pourvu qu’elle soit à l’abri des regards indiscrets, elle pouvait même se faufiler dans entre les grands arbres de la forêt — tout cela pour concocter des potions. De la plus simple à la plus compliquée, peu lui importait, pour autant que ce soit utile pour la cause. Elle étudiait, pratiquait et ne voulait pas se laisser effrayer.
Jamais elle n’avait ressenti autant de fureur et d’inquiétude face à une situation, mais elle ne laissait pas abattre. Si les choses lui échappaient actuellement, elle se promettait d’en sortir plus forte plus tard. Dangers et conséquences étaient des termes qu’elle connaissait, mais qui lui paraissait étrangement loin d’elle. Comme si rien ne pourrait réellement lui faire de mal. Elle voulait aider ; elle allait donc aider. Elle n’allait pas s’enfuir la queue entre les pattes. C’était une confiance inconsciente qui prenait place en elle ; elle était certaine d’être capable de tout faire.
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Une nouvelle année scolaire commençait et elle était maintenant en 2e année. De nouveaux défis, de nouvelles espérances. Elle en attendait beaucoup de l’année à venir. Si sa première année avait été signe d’impuissance, la deuxième ne le serait pas ! Le chemin prévu pour l’année à venir semblait à première vue en accord avec ses objectifs. Apprendre à se défendre, à survivre ; de nouvelles armes, de nouvelles capacités. Et ne plus jamais se sentir aussi impuissante. Oh, elle était prête à défier les épreuves. Elle les attendait même avec une certaine impatience. Elle allait les accueillir le sourire aux lèvres, baguette parée.
Les choses se trouvèrent légèrement plus traumatisantes qu’escomptées cependant. Si les cours d’ajouts lui plaisaient, les soudaines mises en situation étaient... particulières et pas toujours appréciées de la jeune fille. Les illusions d’Halloween avaient été un événement éprouvant où chaque mauvaise décision, chaque faux pas pouvait mener à la mort. Opal avait à deux reprises failli causer la mort d’un de ses coéquipiers et s’était presque fait avoir par un piège alors qu’elle avait couru sans réfléchir. L’impulsivité lui avait parfois permis de se sauver la mise et ses réflexes étaient bons, mais elle avait souvent mis les pieds dans les plats en ne prenant pas le temps d’écouter les autres. Finalement, il n’y avait qu’un élève de leur groupe qui avait perdu la vie. Si tout le monde s’était réveillé sain et sauf, cet événement avait malgré tout causé une ombre dans le cœur de la jeune sorcière. Ces illusions n’avaient été qu’exercice heureusement, mais si cela avait été réel, elle n’aurait pas pu sauver cette personne. Elle prenait conscience de la réalité et des conséquences sans retour qui venait avec la défense contre les forces du mal.
Si Halloween s’en était trouvée difficile, une part d’elle avait malgré tout apprécié l’aspect réalité de l’épreuve à laquelle ils avaient eu droit. Elle avait pu réaliser son propre potentiel — qui devait affreusement être amélioré si elle voulait pouvoir s’en sortir et défendre ses proches — et elle avait dû faire face à la vérité d’une situation dangereuse.
Que lui offrirait le reste de l’année ? Elle ne semblait pas au bout de ses surprises, pourtant elle aimait aussi l’effervescence et l’action dans laquelle ces épreuves la plongeaient. Elle pouvait se tester et en apprendre davantage sur elle-même.
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2024-2025 fut une curieuse année synonyme de méfiance et d’incertitudes sur plusieurs points. Si Opal n’était pas touchée directement par les événements — elle n’était pas de celle à recevoir de lettre, elle n’était pas de celle à être née-moldu — elle ne put cependant ignorer totalement ce qui se déroulait autour d’elle. La confiance s’effritait, car même les preuves dites irréfutables étaient remises en doute. À qui faire confiance ? Vers qui se tourner ? C’était une ambiance étrange dans laquelle avait commencé cette nouvelle année. Et plus les jours avançaient, et plus curieux tout devenait. Ne pas comprendre ce qui se passait déplaisait particulièrement Opal. Elle voulait plonger au fond de cette histoire, mais les événements avaient toujours un pas d’avance sur elle.
La fin de l’année sonna le clairon de la tragédie. L’école brûla. Poudlard en feu. C’était une image horrible qui flottait encore parfois derrière ses paupières. Sur le coup de l’adrénaline, elle n’avait pas pu rester les bras croisés à attendre à l’extérieur. Elle s’était portée volontaire afin d’aider les blessés, de les amener en lieu sûr. Impossible d’observer sa précieuse école être réduite en cendre. Elle devait faire quelque chose, s’occuper, aider. Elle tremblait d’émotion et en une nuit, Poudlard avait été détruit.
Opal avait été de celle à donner un coup de main pour la reconstruction de l’école durant l’été. Avec une lourdeur aux creux de la poitrine, elle avait participé à quelques réparations, accompagné de son frère par moment. Ils avaient perdu tous leurs matériels scolaires dans le feu et si la famille Bellingham était plutôt aisée, ce coup imprévu dans le budget fut difficile.
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Sa quatrième année commença avec une Opal déterminée. Elle n’allait laisser aucune ombre sombre planée sur ses objectifs. Elle avait encore beaucoup à apprendre, beaucoup à comprendre. Elle aurait pu se montrer sur ses gardes, à la vue les années précédentes, pourtant elle gardait cette désinvolture dans son comportement. La curiosité ne la lâchait pas et elle décida que cette année serait la bonne pour en savoir plus sur Poudlard et le monde magique.
Opal n’avait pas encore réfléchi à ce qu’elle aspirait. Elle faisait simplement ce qu’il lui plaisait, ce qui pouvait assouvir sa curiosité souvent mal placée et ce qui pouvait l’amuser. Elle se montrait passionnée dans ce qu’elle entreprenait, mais n’avait pas encore de passion propre à sa personne encore. Expériences et découvertes étaient toujours au rendez-vous.
La nomination de la nouvelle directrice ne reçut pas de réaction particulière de la sorcière. Malgré les événements des dernières années, elle n’avait pas souvent réfléchi au débat du sang. Elle prônait la neutralité, mais qui savait si elle allait un jour pencher d’un côté ou de l’autre ?
Le bureau de ses parents était un endroit impressionnant et empli de connaissances. Dès qu’elle posait les yeux sur les hautes bibliothèques qui s’élevaient jusqu’au plafond, elle se demandait si ses parents avaient réellement tout lu. Elle aimait se détendre à cet endroit. Assise près de l’immense fenêtre, elle admirait le jardin et appréciait la caresse du soleil sur son visage en fin d’après-midi. Dans la pièce, il y avait deux larges bureaux sur lesquels s’empilaient bouquins et parchemins. C’était ici que ses parents consignaient leurs pensées et leurs recherches. Un endroit où Opal adorait fouiner, certaine de pouvoir y découvrir des secrets.
Comme bien souvent, son père, Hugh Bellingham, était installé derrière son massif bureau. Le nez plongé dans un épais recueil parsemé d’images d’ingrédients uniques et aussi étranges les uns que les autres, ils plissaient les yeux en secouant la tête, concentré sur les lignes écrites à la main. La fille regardait par moment par-dessus son épaule, reconnaissant un instant une des plantes qui poussaient dans le jardin, ou un des noms qui s’affichait sur les nombreuses bouteilles gardées par son père pour ses potions.
Hugh était un sorcier de sang-mêlé. S’il avait toujours grandi entouré de sorcellerie, il savait néanmoins que sa grand-mère était née moldue. Hugh avait été très jeune passionné par tout ce qui touchait de près ou de loin les potions. Après l’école de sorcellerie, il avait continué ses études sous la direction d’un maître potions reconnu, avant de s’installer avec ses propres recherches. C’était un grand homme sympathique, toujours plongé dans ses papiers avec les lunettes relevées sur la tête. Ses cheveux courts grisonnants frisaient autour de ses oreilles et il avait toujours ce petit sourire entre la fatigue et le soulagement étamper sur le visage. Chaque fois qu’il réussissait une potion, son sourire s’élargissait et il parlait de chaque étape pour les prochaines heures. Mais Opal aimait beaucoup l’écouter parler de ses recherches et expériences. Il lui disait souvent qu’on n’avait jamais fini d’apprendre. Ses recherches étaient de constantes découvertes. Que les essais se terminent en réussite ou échec, il prônait que l’apprentissage était toujours présent.
Par la fenêtre, la jeune fille pouvait apercevoir sa mère, Lyra Bellingham, dans ses nombreux allers-retours entre les plantes de son immense jardin. Puis, la femme disparaissait dans la serre quelques minutes, avant de retrouver le soleil. Opal savait qu’au coucher du soleil, sa mère rejoindrait son père dans le bureau pour continuer ses recueils. Elle inscrivait ses notes de la journée, des comptes rendus toujours plus détaillés les uns que les autres, ses impressions et pensées plus personnelles étaient ensuite coulées sur le papier. Plusieurs journaux se trouvaient maintenant sur les étagères d’une des bibliothèques. Une mine d’or pour les passionnées de botanique qui pourrait y lire toutes les connaissances et expériences de la dame.
Lyra était une sorcière de sang-pur sans mauvaise dent pour les moldus. Elle trouvait d’ailleurs ceux-ci curieux et intéressants. Lorsqu’elle ne s’occupait pas de son jardin, et qu’elle n’écrivait pas ses livres de botanique, Lyra tenait une petite boutique de thé où elle discutait régulièrement avec les moldus de passage. Sa mère était herbologue et sa collection de plantes devenait de plus en plus impressionnante chaque jour qui passait. Elle avait régulièrement voyagé pour en apprendre plus, ou pour rapporter des espèces rares et exotiques. Elle prenait les commandes personnelles d’autres sorciers et s’assurait de leur procurer les ingrédients nécessaires pour leur potion. Ayant travaillé avec un apothicaire dans ses premières années avant d’ouvrir sa boutique, elle avait déjà commencé à se construire une clientèle. Le reste s’était fait presque sans effort. Elle avait publié plusieurs recueils sur son travail et adorait lorsqu’on prenait un moment pour lui en parler.
Sa mère dégageait une grande douceur et ses mèches brunes étaient toujours attachées pour ne pas déranger son travail de la terre. Opal était maintenant habituée de la voir avec des traces de poussière sur le visage et cela ajoutait à son charme lorsqu’elle discutait avec les visiteurs de la maisonnée. Lyra s’attelait à la tâche avec joie, si bien qu’elle ne laissait presque personne d’autre tendre à son jardin. Chaque espèce était particulière, avec ses besoins et ses exigences. Certaines étaient plus rares, d’autres plus communes, mais elles avaient toutes droit à son attention. Et lorsqu’une personne autre que la famille proche se promenait dans le jardin, elle tenait un œil avisé sur elle, telle une ourse prête à protéger son bébé.
Ses parents s’étaient rencontrés à Poudlard lors de leurs premières années. Ils avaient été de bons amis, tous deux intéressés par la botanique. Ils s’étaient ensuite rapprochés, et si certains pensaient qu’ils s’étaient fréquentés, ce n’était pas tout à fait vrai. Ils s’étaient perdus de vue après l’école, chacun suivant son propre chemin, ses propres études, mais ils s’étaient retrouvés à Londres après plusieurs années. La flamme se raviva et ce fut à ce moment qu’ils officialisèrent leur relation. Ils choisirent de s’installer à Windermere, dans une maison centenaire à l’abri des regards indiscrets pour se consacrer à leur passion. Lyra ouvrit sa boutique, et commença son jardin petit à petit. Hugh continua ses recherches, prenant par moment quelques commandes pour des potions. Une boutique de thé bien banale en apparence, mais une foule d’ingrédients magiques dans l’arrière-boutique pour les sorcières et sorciers.
Opal avait un jeune frère, Jasper, et une petite sœur, Emerald, de respectivement 3 et 5 ans ses cadets. Les trois enfants s’étaient toujours bien entendu et Opal avait toujours été présente pour les aider ou les protéger dès que le besoin se faisait sentir. Son frère avait rejoint Poudlard l’année dernière et il s’était très vite débrouillé seul. C’était un enfant tranquille, un peu renfermé et très intelligent. Il excellait dans les cours et Opal s’ennuyait parfois du temps où elle était celle à tout lui expliquer, et à lui donner l’exemple. Malgré tout, elle n’hésitait jamais à donner son opinion sur ce qu’il faisait. Sa sœur allait rejoindre ses aînés dès l’année suivante. Du haut de ses presque 11 ans, elle avait hâte d’être elle aussi de la partie. Opal ne s’inquiétait pas pour son intégration à l’école. C’était une fille énergique et sociale. Elle avait un sens de l’humour marqué et pouvait monopoliser une discussion pendant plusieurs heures. Elle avait une façon bien à elle de raconter des histoires et anecdotes qui étaient toujours amusantes à entendre. La sorcière de 4e savait cependant qu’il faudrait surveiller la plus jeune dans ses études. Emerald avait tendance à fuir les devoirs et n’appréciait pas les longues heures d’attente en classe. Ses parents avaient toujours eu de la difficulté à la faire tenir en place.
Poudlard. Il lui semblait avoir attendu une éternité pour ce moment. Et le temps était enfin arrivé. Le voyage s’était bien déroulé et l’excitation était à son comble alors qu’elle descendait du train, posant les yeux pour la première fois sur l’ombre du château au loin. L’école qu’elle allait fréquenter pour les sept prochaines années. Le sourire se dessinait sur ses lèvres sans effort. La jeune sorcière ne pouvait presque plus tenir en place. Le château était gigantesque. Il y aurait tant de coin et recoin à explorer ; elle en gloussait d’impatience.
Puis, son attention fut détournée par une voix qui appelait les premières années à suivre. C’était avec une joie non dissimulée qu’elle emboîta le pas aux autres élèves. La traversée du lac lui laissa une forte impression. Les barques fendaient la nuit en silence, les clapotis de l’eau résonnaient et le murmure de quelques élèves chatouillait les vagues calmes. Opal était comme hypnotisée par la vue du château. Elle ne devait pas être la seule.
Ses premiers pas dans les couloirs de l’école résonnèrent avec ceux des autres. Opal restait silencieuse contrairement à ceux qui l'entouraient. Son attention totale était concentrée sur ce qu’elle découvrait au détour de chaque couloir. Elle put admirer l’architecture et les tableaux tout en avançant. Finalement, ils s’arrêtèrent devant une large porte. Opal jetait des coups d’œil vers l’avant, espérant voir quelqu’un apparaitre devant eux. Mais l’attente s’éternisait.
Dans quelques instants, ils entreraient et s’avanceraient dans la grande salle qui accueillait déjà les autres élèves. Oh, elle se posait tant de questions sur la façon dont elle vivrait le moment. Dans quelle maison allait-elle être envoyée ? Avec qui ? Les papillons refaisaient surface au creux d’elle-même. C’était une anticipation agréable. Elle écoutait par moment les quelques enfants qui échangeaient sur les maisons, sur leurs souhaits et leur crainte, sans réellement se mêler aux discussions.
Une jeune élève se pencha alors vers elle, celle avec qui elle était assise dans le train, et lui murmura :
- Oh… J’ai mal au ventre tellement j’ai peur. Et si je n’aime pas ma future maison ? Si je ne me sens pas à ma place ?
Opal voulut chasser d’une main ses inquiétudes et laissa un sourire paraitre sur son visage.
- C’est pas bien compliqué. Tu te fais la place que tu veux. Peu importe la maison, je ne vois pas ce que ça change.
La fillette hocha légèrement la tête, pas tout à fait rassurée par les encouragements ou convaincue par la confiance d’Opal. Pour Opal, les choses n’avaient pas à être ardues. Elle avait tellement hâte d’apprendre à lancer des sorts, elle ne laisserait pas quelques inquiétudes sur son intégration lui faire peur ou l’empêcher d’atteindre ses objectifs.
Les élèves se turent finalement lorsqu’un professeur vint les chercher. C’était l’heure de faire leur entrée dans la grande salle. Et Opal dira ce qu’elle voulait, les papillons bourdonnaient malgré tout dans son estomac. Tout sourire, elle s’avança avec ses camarades pour découvrir l’immense pièce. Le regard d’Opal fut bien évidemment attiré vers le plafond magique et elle ne put empêcher l’exclamation de surprise et fascination de quitter ses lèvres. C’était plus incroyable qu’elle ne l’avait imaginé. Elle laissa par la suite son regard se promener sur les longues tables où étaient déjà installés les élèves plus âgés.
Elle s’arrêta avec les autres près la table des professeurs. L’effervescence se faisait sentir dans les moindres pores de sa peau. Devant eux trônait un tabouret surmonté d’un vieux chapeau pointu. Une chanson les accueillit avant que la répartition ne commence pour de bon.
Les noms défilaient, les maisons étaient choisies et les acclamations emplissaient l’air. Chacun avait une réaction différente lorsqu’ils prenaient place sur le tabouret solitaire. Certains étaient très nerveux, d’autres sûrs d’eux. Lorsque son nom fut appelé, Opal n’hésita pas avant de faire un pas vers l’avant, presque avec précipitation et excitation, pour s’avancer vers le fameux choixpeau magique. Elle se demandait déjà quelle sensation cela ferait d’avoir ce chapeau parlant sur la tête. Une fois assise, elle attendit qu’on dépose à son tour le choixpeau sur sa tête. Ce qu’elle avait hâte de savoir la suite !