Les racines d'une amitié ★ Kathleen Kirte & Joey Shaw

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Les racines d'une amitiéft. Kathleen Kirte & Joey Shaw

Madeline avait de très bons souvenirs de promenades dans un parc. Avant d’entrer à Poudlard, Joey et elle aimaient à passer leur temps libre à jouer dehors, lorsque la maison ne leur suffisait plus. Le square du quartier était en quelque sorte leur repère dans le monde extérieur, les années faisant qu’ils connaissaient chaque recoin par cœur. Ils y avaient eu certains de leurs plus grands fous rires, mais aussi certaines de leurs plus intimes confidences, à l’ombre d’un chêne plusieurs fois centenaire.
Par cette chaude après-midi de mai, les deux amis perpétuaient cette tradition de promenade au cœur de la nature dans le parc baigné de soleil de leur école. Joey marchait quelques pas derrière la petite rouquine, absorbé par un livre sur les dragons qu’il avait trouvé à la bibliothèque. Il lui racontait, sachant que cela faisait partie des légendes qu’elle affectionnait, les histoires qui lui passaient sous les yeux au fil des pages. Il avait ce ton enthousiaste dont Maddie adorait entendre la voix de son ami se teindre, ce ton qui signifiait qu’il était passionné par ce qu’il faisait, ce ton qui disait qu’il était concentré et non éparpillé. La petite fille l’écoutait donc avec attention, un léger sourire aux lèvres, marchant le nez levé vers le soleil qui réchauffait son visage. C’était une belle journée.

Les deux enfants avaient traversé une bonne partie du parc dans cette configuration un peu grotesque, et se dirigeaient, Madeline en tête, vers les grands arbres qui bordaient le chemin. La petite, un peu fatiguée, pensait s’y installer pour écouter Joey plus confortablement, peut-être allongée la tête sur ses jambes, comme au square.
Alors qu’ils approchaient le couvert des feuillages, un oiseau s’envola dans un bruissement d’ailes et de branches au-dessus de leur tête. Si Joey resta imperturbable, son amie, elle, sursauta, le regard attiré vers la cime mouvementée. Elle continua à avancer tandis qu’elle scrutait l’impénétrable barrière de végétation. Aussi ne vit-elle pas la racine noueuse sous laquelle son pied vint se loger. Son mouvement continua, son pied buta brusquement, et elle se sentit tomber en avant. Ses yeux s’écarquillèrent, l’adrénaline fit battre son cœur à toute vitesse. Elle se raidit pour préparer l’impact inévitable de son corps contre le sol.
Le choc résonna dans tout le corps de Maddie. Elle sentit une vive douleur irradier de sa cheville. Elle sentait le sang pulser dans ses tempes. Elle voulut se relever, mais fut aussitôt plaquée sur le sol. Ses poumons furent vidés de leur air. Cette fois, elle ne s’était pas tenue prête et son crâne avait frappé le sol. Que s’était-il passé ? Quel était ce poids qui la maintenait par terre ?
Ledit poids remua et Madeline comprit qu’il s’agissait de Joey. Plongé dans sa lecture, il n’avait pas dû remarquer ni la racine, ni son amie étalée de tout son long, et il avait trébuché à son tour, s’affalant sans grâce sur la petite fille. Cette-dernière laissa échapper un gémissement de douleur. Elle avait probablement amorti la chute du garçon, car son corps lui faisait bien comprendre que deux impacts étaient de trop. Lorsque Fizwizbiz roula à ses côtés, Maddie tenta de s’asseoir, mais la tête lui tourna. Elle ne comptait plus les endroits où elle avait mal. Sa cheville devait être foulée, elle semblait avoir grossi et l’élançait autant que toutes les écorchures qui striaient ses bras et ses jambes. La terre et les branchages ne faisaient pas de cadeaux.

- Fiz… grommela-t-elle, j’ai mal...

Madeline se sentait incapable de bouger. L’adrénaline lui avait coupé ses forces et le moindre mouvement lui causait une douleur vive qui émanait de chaque blessure. Elle porta délicatement la main à son crâne. Il enflait. Une bosse. Merveilleux. Sa maladresse avait encore frappé, et elle devait avoir l’air pitoyable. La petite fille espérait de toutes ses forces que Joey était dans un meilleur état et qu’il pourrait l’amener à l’infirmerie, car elle ne le pourrait pas.

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« Tout ça c'est la faute au dragon de St Georges.. »

Madeline avait réussi à convaincre Joey de quitter sa tanière pour une bonne marche en plein air, lui évitant une fois de plus de se changer en blob informe composé à 90% de Chamallows. Il avait un peu ronchonné pour la forme, imitant la célèbre scène de Nosferatu face au premier rayon de soleil, puis avait suivi de bon cœur la rouquine, un livre sous le bras.
Ils bavardèrent allègrement jusqu'à la sortie du château, stade à partir duquel, débarrassé de la présence contraignante d'escaliers mouvants, Joey put ouvrir son livre sur Les Différentes Espèces de dragon d'Angleterre et d'Irlande, et en réciter joyeusement des passages entiers à sa Patacitrouille, faisant le lien avec les dragons des légendes arthuriennes et bibliques.

Les yeux fixés sur l'ouvrage, Joey marchait au radar, suivant machinalement la tignasse rousse qui apparaissait dans son champ de vision, et ne regardait absolument pas où il mettait les pieds. Une armée de Niffleurs auraient pu passer entre ses chaussures qu'il n'aurait rien remarqué, absorbé comme il était par ses analyses draconiques. Il ne fit attention ni au terrain pentu, ni aux grands arbres maintenant tout proches, ni aux oiseaux dans le couvert des arbres, trop concentré par sa grande théorie :

- Tu sais Maddie, je suis persuadé que le fameux dragon terrassé par St Georges n'est autre qu'un Vert Gallois ! Les descriptions physiques correspondent parfaitement ! C'est malheureux pour cette pauvre bête, mais c'est d'autant plus extraordinaire si ce fameux Georges l'a bien terrassé sans aucune magie ! Je me demande si..

PATATRAS !

Coupé en plein discours, Joey n'eut pas le temps de comprendre ce qui se passait. Il buta brusquement sur quelque chose, lâcha son livre et agita vainement les bras pendant une folle seconde avant de s'étaler de tout son long sur la chose qui lui avait coupé la route. Ses poumons se vidèrent sous le choc, et son menton heurta violemment le sol, ses dents en s'entrechoquant bruyamment envoyèrent un signal désagréablement douloureux à son cerveau.
Étourdi, il resta un moment immobile à grimacer, avant de prendre conscience que la chose qui gémissait sous son estomac n'était autre que Maddie, elle-même étalée au sol. Il remua péniblement, puis roula de côté et s'assit, constatant que les branchages et cailloux qui couvraient le sol ne l'avait pas épargné. Ses paumes, ses bras étaient couverts d'égratignures, son pantalon était troué au genou gauche, et un liquide chaud s'écoulait de son menton douloureux.

- Fiz… J’ai mal... fit faiblement la voix de Madeline.

Joey cligna des yeux, l'air hagard, encore choqué par cet événement impromptu, et sa mâchoire qui lui hurlait que tout allait de travers. Il posa son regard sur une Maddie déconfite, qui se tenait la tête, et la cheville. Cheville d'une épaisseur tout à fait anormale et visiblement parfaitement inutilisable.
En temps normal, Fiz', en digne fils de médicomage, se serait sans doute souvenu de ce qu'il fallait faire pour ce genre de bobos. Actuellement, il avait à peu près le même regard vide qu'une vache regardant passer un train. En plus douloureux. Il cligna encore une fois des yeux, son t-shirt maculé de sang et releva le nez vers le visage de Maddie :

- Je.. euh.. L'infirmerie, balbutia-t-il en rangeant son livre dans sa besace. Puis il attrapa la rouquine sous le bras pour la mettre péniblement debout et tenter de la faire clopiner tant bien que mal vers le château.

Kathleen avait eu envie de se promener dans le parc, ce jour là. Il y avait tellement à faire et à voir dans ce parc pour une petite guérisseuse. Les plantes qui poussaient à Poudlard possédaient un pouvoir tellement plus puissant que la plupart des autres plantes dans le monde, les créatures qui s’y promenaient étaient beaucoup plus nombreuses, surtout avec la proximité de la Forêt Interdite et du Cours de Soins aux Créatures Magiques. Et puis, indépendamment de tout ça, elle adorait se promener et simplement profiter de la nature. Le parc était tellement agréable et plaisant qu’elle n’avait pas besoin d’excuse pour s’y promener.

Mais ce jour là, en y arrivant, elle aperçut deux élèves de son âge, sur le sol du parc, à proximité d’une racine qui les avait probablement déséquilibré. Un livre, tombé par terre, était sûrement la cause de la distraction qui avait causé l’incident. Kathleen se précipita, ramassa le livre et en lut rapidement le titre. Les Différentes Espèces de dragon d'Angleterre et d'Irlande Sujet intéressant, mais visiblement un peu trop distrayant. Secouant la tête, elle s’aperçut qu’elle connaissait les deux malheureux qui venait de se faire mal. La fille, elle la connaissait depuis le début de l’année. C’était l’une de ses camarades de dortoir, Madeline, de son prénom. La garçon, elle le reconnut aussi. Kathleen avait plusieurs fois accueilli Joey et son père au manoir pour des discussion entre sa mère et le père de Joey sur les potions et les soins. Kathleen se précipita donc sur ses deux amis alors que Joey tentant de relever Maddie.

« Non, Joey, ne bouge pas ! Je m’occupe de vous ! »

Elle commença par analyser la situation afin de déterminer les priorités. Maddie avait la cheville enflée, probablement foulée, sinon cassée. Kathleen ne pourrait en être sûre qu’après l’avoir auscultée plus en profondeur. Elle avait des égratignures, mais rien de grave qui n’auraient besoin que d’être désinfectés. Joey avait la même chose aux jambes et aux bras mais par contre, son menton saignait et c’était la blessure la plus urgente. Kathleen se précipita donc vers lui.

« Maddie, ne bouge pas ! » ordonna-t-elle.

Kathleen sortit un linge et son produit désinfectant et nettoya la blessure au menton de Joey. Elle fronça les sourcils devant la blessure au menton. Secouant la tête en songeant qu’il serait plus prudent que Jane Gray l’examine, une fois qu’elle en aurait fini, elle lui mit un pansement afin de limiter les risques momentanément. Puis, comme elle avait commencé à s’occuper de Joey, elle désinfecta toutes ses écorchures et s’assura qu’il n’avait rien de cassé. Son état fut rapidement des plus rassurants. Elle lui tendit un flacon d’eau aromatisée de sirop.

« Tu n’as rien de grave, bois ceci, le sucre devrait t’aider à te sentir mieux. Cela dit, il faudrait que l’infirmière examine ton menton au plus vite. A mon avis, il faudra un peu plus de soins que ce que je suis capable de pratiquer. »

Elle se tourna vers Maddie et inspecta rapidement la cheville enflée qu’elle palpa avec habileté. Elle constata rapidement qu’il s’agissait d’une foulure. Elle commença par nettoyer les écorchures et la chevilles avec sa potion désinfectante, puis elle sortit un onguent qui avait pour objectif de faire diminuer l’enflure. Elle l’étala sur la cheville qu’elle massa, avec une moue d’excuse pour la douleur que cela lui causait à Madeline. Puis, elle banda la cheville en serrant bien afin de la maintenir. Après cela, elle se tourna vers Joey.

« Est-ce que tu peux te lever, Joey ? Tu tiens sur tes jambes ? »

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Les racines d'une amitiéft. Kathleen Kirte & Joey Shaw

Entendant la voix empreinte de douleur de Madeline, Joey balbutia quelques mots. La petite fille, complètement étourdie, avait du mal à comprendre ce qui se déroulait sous ses yeux. Elle remarqua à peine le changement lorsque son Fizwizbiz l’attrapa sous le bras, probablement dans le but de la relever et de l’emmener à l’infirmerie. Elle grimaça un sourire reconnaissant. Heureusement qu’il était là, car jamais elle n’aurait pu se lever seule.
C’est alors qu’un cri résonna et les immobilisa :

- Non, Joey, ne bouge pas ! Je m’occupe de vous !

Maddie fronça les sourcils. Elle reconnaissait cette voix mais son cerveau embrumé avait des difficultés à l’associer à une personne. C’était en tout cas une voix d’enfant. Et, en effet, une Kathleen légèrement essoufflée d’avoir couru pour les rejoindre apparut dans son champ de vision réduit. La petite guérisseuse les observa brièvement avant de se précipiter vers Fizwizbiz, en ordonnant à sa camarade de ne pas bouger. Celle-ci ne se fit pas prier pour obéir, puisque le moindre mouvement faisait pulser une douleur lancinante dans l’entièreté de son petit corps.
La blessée attendit que Kath se soit occupée de son ami en gémissant. Elle était sonnée, complètement à l’ouest, incapable de comprendre ce qui se passait. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas fait une chute aussi dure ; c’était du reste sûrement dû au fait qu’elle avait servi de piste d’atterrissage à un enfant certes plus petit mais d’un poids conséquent compte tenu du fait qu’il s’était écrasé sur elle.
La fillette sut quand son amie guérisseuse en eut terminé avec Joey grâce aux sons indistincts qu’elle entendait sur le côté. Elle serra les dents, dans l’attente de l’élancement que causeraient ses blessures quand elles seraient en train d’être soignées. En effet, l’examen ne se fit pas sans peine et elle sentit un picotement intense pendant qu’elle se faisait désinfecter. Néanmoins, elle ne s’attendait pas à la douleur qui lui fit ouvrir les yeux et pousser un petit cri lorsque Kathleen massa sa cheville. Elle semblait avoir de l’onguent sur les doigts, et une petite moue désolée barrait son visage. Enfin, elle banda bien la cheville anormalement enflée, et ce fut fini.
Madeline souffla ; enfin un peu de répit. Elle savait que ces soins étaient nécessaires pour éviter les infections, mais ce n’était pas une partie de plaisir. Maladroite comme elle était, ce n’était pas la première fois qu’elle subissait les picotements outragés d’écorchures que l’on soignait puis taisait sous un pansement. Elle ne comptait plus le nombre de fois où Amancia avait dû faire cela sous les cris de l’enfant qui ne supportait pas bien la douleur. Elle avait heureusement fini par s’endurcir au fil des chutes. C’était cela dit la première fois qu’elle était aussi abasourdie après être tombée, c’était tout drôle, sa tête lui tournait et le monde était un peu tordu. Elle entendit cependant distinctement, cette fois, la voix de Kath s’adresser à son Fiz :

- Est-ce que tu peux te lever, Joey ? Tu tiens sur tes jambes ?

Bien qu’elle sût que ces paroles ne lui étaient pas destinées, Maddie tenta, en s’appuyant sur son coude, de se redresser. C’était une maigre victoire, mais cette réussite lui mit du baume au cœur : l’étourdissement devait être en train de se dissiper. Son coude tremblait néanmoins de façon inquiétante, et elle n’était pas sûre qu’il la supporterait longtemps. Aussi se dépêcha-t-elle de prendre la parole :

- Euh… Merci Kath… commença-t-elle d’une voix pâteuse, par contre moi je ne peux pas bouger… on ne peut pas rester ici un instant ? Où tu veux aller ?

A ces mots, le coude de l’enfant lui fit défaut et sa tête embrassa de nouveau le sol, lui arrachant un grognement et quelques cheveux au passage. Elle ne voulait pas se déplacer, et elle ne le pouvait sûrement pas non plus. C’était la plus étourdie des deux enfants, mais elle voyait bien que Joey était aussi mal en point, et elle doutait qu’il pût supporter son poids, même avec l’aide de Kathleen. Et elle, eh bien, elle n’était définitivement pas en état de les aider, ses jambes ne la supporteraient pas.

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Une super héroïne ?

Les Racines d'une Amitié

Un Joey ensanglanté venait de saisir une Maddie grimaçante sous le bras pour tenter de la relever lorsqu’une Kathleen surgie de nulle part les arrêta d’une voix ferme :

- Non Joey, ne bouge pas ! Je m’occupe de vous !

Le jeune Serdaigle, relâchant sa Patacitrouille, regarda d’un air ahuri Kathleen se précipiter sur eux de toute la vitesse de ses petites jambes et les examiner d’un air si concentré qu’il n’osa pas l’interrompre. De toute façon, son menton irradiait de douleur dans toute sa mâchoire si fort qu’il aurait été bien en peine de dire quoi que ce soit.

Après quelques instants, la jeune Poufsouffle signifia à Madeline de ne pas bouger et tourna toute son attention vers Joey. Il écarquilla les yeux en la voyant sortir de son sac tout un tas de flacons de potions variées, compresses, bandages, pansements et ustensiles.. Un vrai kit de premier secours ambulant.

Kathleen prépara de quoi désinfecter sa plaie et s’approcha de son visage, observant son menton se si près qu’elle fit loucher. Joeyl ferma les yeux et lorsqu’elle appliqua le produit antibactérien, il grogna, serrant les dents face à la vive sensation de brûlure.

Pendant un moment, il en oublia de respirer, si bien que le temps que Kathleen finisse de panser sa plaie et de désinfecter ses égratignures, il en avait la tête qui tournait. Avisant sa pâleur, Kathleen lui offrit alors un flacon d’eau aromatisée au sirop, agrémenté d’un diagnostic.

- Tu n’as rien de grave, lui dit-elle. Bois ceci, le sucre devrait t’aider à te sentir mieux. Cela dit, il faudrait que l’infirmière examine ton menton au plus vite. A mon avis, il faudra un peu plus de soins que ce que je suis capable de pratiquer.

Fiz’ la regarda ensuite se tourner vers Maddie et inspecter sa cheville, stupéfait de voir sa camarade agir comme une véritable infirmière. Le professionnalisme exacerbé de Kathleen pouvait parfois s’avérer déstabilisant et il savait que tout le monde n’appréciait pas de la voir exercer ses talents de guérisseuse comme une adulte. La Jalousie était partout.

Joey lui, en était bien satisfait, car Maddie semblait réellement souffrir le martyre et l’intervention salvatrice de Kathleen était plus que bienvenue. Il sirotait distraitement son sirop tout en réfléchissant, et recouvrait quelques couleurs à mesure que la douleur s’estompait.

La voix de Kath le tira hors de sa réflexion :
- Est-ce que tu peux te lever, Joey ? Tu tiens sur tes jambes ?

Il allait répondre mais Maddie, se redressant péniblement sur un coude, le devança :

- Euh… Merci Kath… commença-t-elle d’une voix mal assurée, par contre moi je ne peux pas bouger… on ne peut pas rester ici un instant ? Où tu veux aller ?

Joey fronça les sourcils sentant venir l’incident, mais n’eut pas le temps d’agir, le coude tremblant de Maddie céda et elle se cogna de nouveau sur le sol avec un grognement sourd. Joey se précipita aussitôt à ses côtés, observant le visage pâlichon de la rouquine. Sa Patacitrouille était vraiment mal, il fallait absolument la conduire à l’infirmerie. Fiz’ lui-même ne se sentait pas en grande forme, son menton et ses écorchures pulsant sourdement. Mais Maddie passait avant lui.
Avec effort, il parvint à articuler à l'attention de Kathleen :

- Moi, ça devrait aller mais Maddie.. Il faut qu’on l’amène à l’infirmerie. Tu m’aides à la porter ?

Il redressa doucement sa Patacitrouille, lui adressant un sourire tendre, et passa son bras sous l’épaule de celle-ci, attendant que Kathleen fasse de même. Ensemble ils la relevèrent avec précaution. Joey croisa le regard de Kathleen, inquiet. Leur équilibre semblait précaire, il avait peur que Maddie ne parvienne pas à claudiquer jusqu’au château. Il tenta néanmoins de rassurer cette dernière avec un sourire, ignorant la douleur qui irradiait son visage, et fit un timide pas en avant.

Codage par Libella sur Graphiorum

A priori, Joey n’était pas trop sérieusement touché et Kathleen se dit qu’avec un peu de chance, ils pourraient emmener Maddie à l’infirmerie en s’y mettant tous les deux. Kath avait fait les premiers soins de base, mais cela ne suffirait pas pour que Maddie puisse remarcher et elle allait avoir besoin de soins plus compétents que ça. A minima de quelqu’un qui saurait utiliser la magie. Du coup, le soutien de Joey sur ce coup allait être nécessaire car l’habile petite guérisseuse n’avait pas assez de forces pour porter qui que ce soit. Ou alors en tout cas pas de son âge. Maddie protesta en lui demandant s’ils ne pourraient pas rester là un moment.

« Je suis désolée, ma puce, mais ta cheville a besoin de soins. Des soins plus importants que ceux que je viens de t’appliquer, même si ça suffira le temps de t’emmener à l’infirmerie. »

Elle se tourna vers Joey qui lui affirma que ça allait, mais qu’il fallait conduire Madeline à l’infirmerie, le plus rapidement possible, ce qui était en harmonie avec les propres réflexions de la fillette. Elle se contenta d’un hochement de tête avant de s’avancer vers la petite fille. Elle positionna un bras de la fillette autour de sa propre épaule et échangea un regard un peu inquiet avec Joey, de l’autre côté de la fillette.

« Ca va aller ? Tu tiens ? Si oui, on devrait y arriver. »

Ils se mirent en route en soutenant la petite Poufsouffle. Kathleen était un peu préocuppée par l’endurance de la petite puce et espérait qu’ils arriveraient à l’emmener. Ce qui était sûr c’est qu’ils ne pourraient pas la porter. Si elle ne tenait pas la route, il faudrait sûrement aller chercher un élève plus âgé ou un professeur. Kathleen avait des capacités, mais porter n’en faisait pas partie.

« Je vois que tu es toujours aussi habile pour te fourrer dans les ennuis, hein, Joey ! » fit la fillette avec un sourire moqueur.

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La tête de Madeline tournait de façon inquiétante. Le monde semblait en pleine danse, tour à tour valse lente et rapide, et la petite se demanda un instant si elle avait désormais besoin de lunettes tant sa vision était floue. C’était en réalité les effets de l’impact de son crâne contre le sol. Elle s’était redressée sur un coude avec toutes les peines du monde pour implorer son amie guérisseuse de rester un peu sur place le temps de se remettre de sa chute – du reste, Kath avait refusé, affirmant qu’elle avait besoin de vrais soins – mais le traître lui avait fait défaut et son crâne avait à nouveau heurté le sol décidément bien dur du parc du château.
Elle sentit confusément son Fiz se précipiter à ses côtés. Il apparut, aussi flou que le décor, dans son champ de vision, scrutant d’un air inquiet son visage qu’elle supposait tordu par la douleur et l’étourdissement. Il dut remarquer l’état pathétique dans lequel elle se trouvait, car il s’adressa à Kathleen avec un ton loin d’être serein :

- Moi, ça devrait aller mais Maddie... Il faut qu’on l’amène à l’infirmerie. Tu m’aides à la porter ?

La petite fille grogna. Elle savait qu’ils avaient sûrement raison, après tout ils pouvaient évaluer son état mieux qu’elle-même, surtout en ce qui concernait Kathleen, mais elle ne souhaitait absolument pas bouger. Lorsque Joey la redressa, le monde chancela et cela lui donna la nausée. Elle se raccrocha au sourire tendre et surtout à peu près stable de son meilleur ami pour éviter de vomir.
Les deux enfants prirent Madeline chacun sous une épaule, portant presque tout son poids de leurs frêles petits corps. La fillette leur adressa à chacun un regard reconnaissant.

- Merci… J’espère réussir à porter le reste de mon poids, balbutia-t-elle d’une voix mal assurée, mais on risque de devoir faire des pauses… Vous êtes sûrs que ça ira ?

Kath assura qu’ils devraient y arriver tant que Joey tiendrait. Cela ne rassura pas Maddie, car elle pouvait voir son air légèrement confus et savait qu’il devait avoir bien mal. Aussi fit-elle de son mieux, une fois le trio mis en route, pour les aider. Elle claudiquait comme une estropiée, le moindre pas faisait tournoyer le paysage, mais elle se concentra de toutes ses forces pour avancer. Ce n’était pas sans peine, cela dit. Elle suait et haletait, le sang pulsait à ses tempes et dans chacune de ses blessures, elle était très vite à bout de force. Elle n’en laissa rien paraître, ou du moins elle essaya. Elle ne voulait pas inquiéter ses amis plus avant.

- Je vois que tu es toujours aussi habile pour te fourrer dans les ennuis, hein, Joey ! Plaisanta Kath sur le chemin, essayant sûrement de détendre un peu l’atmosphère.

Le souffle court, éreintée, Maddie se sentit néanmoins piquée au vif à la place de son meilleur ami. Il n’y était pas pour grand-chose, dans cette histoire ! La petite guérisseuse n’avait sûrement pas vu l’incident, aussi ne savait-elle pas que tout avait commencé avec la maladresse de la petite rouquine. Aussi tenta-t-elle de recouvrer son souffle autant que possible pour rétablir la vérité :

- Non, Kath, haleta-t-elle, c’est… c’est moi qui ai... Trébuché. Je ne… Regardais pas. Maladroite, grogna-t-elle dans un dernier effort.

Ces quelques phrases eurent raison de ses dernières forces, et le pas mal assuré de la fillette se transforma en une secousse alors qu’elle se cognait au sol, incapable de soutenir son poids ni de bouger les jambes. D’une voix rauque, elle supplia ses camarades de faire une petite pause sur un banc non loin.

- Je… J’en peux plus, ajouta-t-elle. S’il-vous-plaît.

Ils avaient peu avancé, étant encore dans l’enceinte du parc, et le chemin jusqu’à l’infirmerie s’annonçait long et chaotique.

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KATHLEEN

PATACITROUILLE

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Maddie se tenait chancelante mais debout, appuyée sur les épaules salvatrices de Kathleen et Joey.
Le garçon s’assura de la soutenir du mieux qu’il pouvait, ignorant sa propre douleur. Il était vraiment inquiet de l’état de sa Patacitrouille. Celle-ci lui adressa un regard reconnaissant, mais Joey ne s’y trompa pas. Maddie comme à son habitude faisait un gros effort pour dissimuler ses faiblesses, et il lui faudrait être doublement attentif.

- Merci… J’espère réussir à porter le reste de mon poids, balbutia celle-ci d’une voix mal assurée, mais on risque de devoir faire des pauses… Vous êtes sûrs que ça ira ?

Les deux enfants acquiescèrent et se mirent en route à petits pas. Madeline claudiquait péniblement, son souffle de plus en plus rapide et chaotique, le visage rougi. Joey l’observait du coin de l’oeil, et il en aurait grincé des dents s’il n’avait pas si mal au menton.
L’éponge émotionnelle qu’il était pouvait presque ressentir la douleur et l’angoisse de sa Patacitrouille, et il sentit se déverser en lui une immense vague de frustration et de colère. Contre tout et tout le monde, mais surtout contre lui-même. Parce que comme d’habitude il s’était laissé absorber. Parce que le nez dans son bouquin, il ne l’avait pas vue tomber. Pire il était tombé sur elle. Parce qu’il avait été impuissant à l’aider elle qui lui était si précieuse. Quel piètre fils de médicomage il faisait ! En cet instant Joey se haïssait, presque au point de pleurer de rage.

La boutade de Kathleen aurait pu mener à une explosion malvenue si elle n’avait pas été interceptée par Maddie :

- Je vois que tu es toujours aussi habile pour te fourrer dans les ennuis, hein, Joey !

- Non, Kath, c’est… c’est moi qui ai... Trébuché. Je ne… Regardais pas. Maladroite, grogna Madeline.

Sur quoi, la rouquine trébucha, coupant court à toute velléité de dispute. Joey la retint tant bien que mal, alors que Maddie leur désignait un banc non loin :
- Je.. Je n’en peux plus, s’il vous plait..

D’un commun accord, ils traînèrent la petite Poufsouffle jusqu’au banc ombragé et l’y installèrent. Joey observa, l’air sombre, Kathleen tenter de rafraîchir Madeline et de lui redonner des forces. Il était toujours en colère. Et lorsqu’il était en colère, il avait tendance à s’enfermer dans sa bulle, devenir inaccessible. Sans un mot, le regard fixé sur ses baskets, il se contenta de prendre délicatement la main de Maddie qui reposait sur le banc, et de la serrer entre ses doigts.

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Quand ils se lancèrent à l’assaut de l’infirmerie avec la petite Maddie, celle-ci n’était pas tellement sûre d’elle. Elle affirma qu’elle n’était pas certaine de pouvoir porter son poids jusqu’au bout. Mais de toute façon, ils feraient des pauses aussi souvent que cela serait nécessaire. Kathleen était convaincue qu’ils y arriveraient. De toute façon, ce serait soit ça, soit aller chercher un professeur pour porter la petite Poufsouffle à lui tout seul. Il n’y avait pas d’autre alternative, et de toute façon, Joey devrait quand-même aller à l’infirmerie pour se faire examiner au vu de son état. Kathleen l’avait soigné mais ça ne suffirait pas complètement.

« On fera autant de pauses qu’il faudra, Maddie. »

Kathleen essaya de détendre un peu l’atmosphère avec une petite boutade, mais cela ne fonctionna pas comme elle l’avait espéré. Joey sembla irrité par sa boutade et Maddie utilisa un peu de son énergie, qu’elle n’avait pourtant pas en grande quantité, afin de défendre le jeune garçon, arguant qu’elle était responsable, que c’était elle qui avait maladroitement trébuché. Ça n’étonnait pas plus Kathleen que ça que ces deux-là aient trébuché conjointement. Mais elle n’était pas fâchée contre eux, elle voulait seulement les protéger, l’un comme l’autre.

« C’est pas grave, peu importe qui a trébuché. Le plus important maintenant c’est qu’on vous soigne. »

Mais cet effort pour protéger Joey eut raison des forces de Maddie qui trébucha et réclama une pause. Ils réussirent toutefois à entraîner la fillette en direction d’un banc sur lequel ils l’installèrent confortablement. Ils allaient prendre le temps de se reposer un instant avant de retenter le coup. Kathleen se mordit les lèvres avec un peu d’inquiétude, se demandant s’il était tout à fait sécurisé de gérer tout ça entre Première Année. En aucun cas, elle n’avait envie de mettre leurs vies en danger.

« Vous voulez que j’aille chercher quelqu’un ? Si tu ne te sens pas assez forte pour avancer avec nous, Maddie… »

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Les racines d'une amitiéft. Kathleen Kirte & Joey Shaw

Les trois enfants avançaient péniblement vers l’infirmerie, Kathleen et Joey portaient au mieux une Maddie incapable de marcher d’elle-même. Celle-ci tentait de leur faciliter la tâche mais s’épuisait bien vite. Lorsque Kathleen tenta de dérider ses camarades à l’aide d’une blague, Maddie sentit, au raidissement des muscles de Joey, que celui-ci l’avait mal prise. Aussi utilisa-t-elle le peu d’énergie qu’il lui restait pour désamorcer la situation. Kath sembla comprendre la situation, et répondit de façon à faire comprendre à Joey que ce n’était pas une pique à son égard.
Cependant, l’intervention de la petite irlandaise avait eu raison de ses forces et celle-ci ne put s’empêcher de trébucher. Fiz réussit à amortir le choc, mais Madeline s’en voulut : elle savait qu’il avait au moins aussi mal qu’elle, et devoir la soutenir à ce point ne lui faisait visiblement pas du bien. Elle lui adressait néanmoins un sourire empli de reconnaissance, car finir une fois de plus au sol lui aurait été très douloureux.
La petite fille supplia ses deux compagnons de faire une pause, avisant un banc non loin. Les deux acceptèrent sans difficulté, bien conscients de la souffrance dans laquelle elle se trouvait. Ainsi Maddie se vit-elle traînée – elle ne leur était plus d’aucune aide, pouvant à peine remuer ses jambes – jusqu’au banc ombragé qu’elle avait aperçu. Ses amis l’installèrent le plus confortablement possible, et cela lui fit un bien fou de n’avoir plus à soutenir son propre poids qui, sans être particulièrement élevé, lui semblait impossible à déplacer en cet instant.
Cette pause fut des plus silencieuses. Kathleen rafraîchit sa protégée au mieux, mais personne ne pipa mot. La guérisseuse se mordait les lèvres d’un air inquiet, concentrée, et Madeline supposa qu’elle réfléchissait à la marche à suivre. La petite irlandaise laissa ensuite son regard glisser vers son Fizwizbiz, le cœur serré. Elle avait peur de surprendre une expression de souffrance sur son visage, car elle savait très bien qu’il la faisait passer avant lui et qu’il était prêt à ignorer sa douleur pour la soulager elle – ce qu’elle voulait de son côté à tout prix éviter, puisqu’elle faisait la même chose dès que possible.
Au lieu de cela, Joey fixait ses chaussures, l’air sombre. Maddie pouvait sentir sa colère, mais elle ne savait pas d’où elle lui venait ni contre qui elle était dirigée. Elle devina néanmoins, connaissant son meilleur ami par cœur, qu’il était sûrement énervé contre lui-même. Alors qu’il n’y était pour rien. Elle voulut ouvrir la bouche pour le rassurer, mais elle était trop haletante pour prendre la parole, aussi abandonna-t-elle son geste et détourna-t-elle la tête.
Sans prévenir, alors que le reste de son corps n’avait pas bougé d’un millimètre, Fiz prit la main de Madeline dans la sienne et serra tendrement ses doigts. Ce geste, imprévu, inattendu, surprenant, fit manquer un battement au cœur de la fillette qui prit une inspiration brusque. Ses joues se parèrent de vermeille sans qu’elle ne comprit pourquoi et elle se dandina de gêne. Pourtant, elle ne retira pas ses doigts, bien au contraire. Elle les referma à son tour sur la main de Joey. C’était un geste maladroit, mais d’une maladresse différente de celle à laquelle Maddie était habituée. Elle ne comprenait pas ce qui se passait, une légère panique s’éveillant dans son cœur, mais elle n’aurait brisé pour rien au monde cette situation.
Cela dit, le silence, lui, connut un sort différent puisque Kath, sortant de ses réflexions, prit enfin la parole :

- Vous voulez que j’aille chercher quelqu’un ? Si tu ne te sens pas assez forte pour avancer avec nous, Maddie…

L’enfant réfléchit. Elle ne se sentait clairement pas l’énergie d’aller jusqu’à l’infirmerie, mais en même temps elle ne souhaitait pas déranger plus de personnes. C’était un de ces dilemmes qui se posaient souvent à elle, mais comme à son habitude, elle choisit de se faire passer en dernier.

- Je… C’est sûrement mieux si… si on y va de nous-même, non ?

Dès qu’elle eût prononcé ces mots, elle se retourna vers Joey avec culpabilité. Elle venait uniquement de réaliser que cela signifiait lui imposer de nouveau son poids alors même qu’il était lui aussi blessé. Tout de suite, le dilemme prenait une nouvelle dimension. Ce n’était plus seulement elle qu’elle allait sacrifier. En pensant à la fouleur qu’elle allait infliger à son Fizwizbiz, elle se mordit la lèvre et changea d’avis.

- Enfin, rectifia-t-elle en hâte, je n’ai plus aucune force et… nous sommes blessés, je dois être lourde et je ne peux plus vous aider et du coup peut-être qu’en fait il vaut mieux aller chercher quelqu’un, enfin je ne sais pas, mais… Elle se coupa, à bout de souffle. Je veux bien que tu ailles trouver quelqu’un, conclut-elle avec difficulté.

Sur ce, le regard de Maddie se tourna à nouveau vers Joey, guettant sa réaction. Elle serra imperceptiblement la main de son meilleur ami, pour s’assurer de son état, et lui fit un sourire un peu inquiet. Elle espérait que tout se passerait bien, elle ne voulait pas qu’il souffre plus ; il était déjà en piteux état, même s’il agissait comme si de rien n’était.

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