Cela faisait à-peine quelques jours que Kathleen était sortie de l’infirmerie. Elle sursautait encore à chaque fois que quelqu’un la surprenait innocemment au détour d’un couloir et elle avait encore plus peur quand il s’agissait d’un élève presque adulte comme l’était celui qui lui avait fait du mal. Elle n’avait plus vraiment mal grâce aux bons soins de l’infirmière, mais psychologiquement, elle ne pouvait pas retenir le fait qu’elle avait peur. Elle se sentait parfois paralysée par la panique, tout comme elle avait pris une certaine habitude à regarder tout autour d’elle comme si elle craignait qu’il se passe quelque chose.

Elle avait eu un cours de métamorphose la veille au matin, mais rien d’autre et elle n’avait pas manipulé la magie depuis. Elle s’était contentée de suivre les cours tranquillement. Kathleen n’était déjà pas très douée pour la magie avec une baguette, mais depuis l’agression, elle ne s’en servait pratiquement plus du tout en dehors des cours, tellement elle avait peur. Elle ne travaillait plus ses sortilèges, ni la métamorphose, ni la défense. Elle continuait d’étudier les potions et la botanique parce que ça la passionnait, mais elle ne se sentait plus capable de faire des efforts autrement. Heureusement que les examens de fin d’année étaient passés. La fillette était heureuse de ne plus avoir à s’inquiéter pour ça.

Kathleen songea qu’au moins, l’an prochain, son agresseur ne serait probablement plus à Poudlard. Elle pourrait parcourir l’école sans craindre de le croiser à chaque détour de couloir. Elle ne savait pas ce que ça changerait car il y avait d’autres grands, et peut-être d’autres menaces, mais elle savait que la pression descendrait d’un cran quand-même quand il ne serait plus là. En attendant, elle en serait réduite à frôler les murs en espérant qu’elle ne retomberait pas sur lui, surtout avec son petit carnet qui contenait toutes ses conversations quotidiennes. La fillette savait que ce qui était dedans pourrait sûrement être utilisé contre elle, tôt ou tard.

Après son duel éreintant contre Blaze, Cassi était montée dans la salle commune prendre une bonne douche bien chaude, afin de se détendre, la baguette de poirier de sa camarade soigneusement dissimulée dans ses affaires. Une fois changée, comme la soirée commençait à peine, et qu’il était encore loin de faire nuit, elle avait décidé de se lancer à la recherche de la victime du vol le soir même. Elle se serait sentie trop mal de garder cette baguette toute la nuit, même pour se reposer.

Avec un soupir, elle quitta donc la salle commune de Serdaigle en se demandant par où commencer pour localiser une élève parmi plusieurs centaines, le soir-même, alors-même que celle-ci était peut-être déjà dans sa salle commune, et qu’elle n’était plus certaine de quelle maison elle faisait partie.
Elle aperçut alors une fillette rousse de première année qui marchait dans le couloir. Elle reconnut immédiatement, puisqu’elle s’était rendue à son anniversaire à peine quelques semaines plus tôt. Elle sut immédiatement qu’elle avait trouvé la bonne personne. La chance lui souriait.

- Hé ! Kathleen !
Cassi se dirigea vers la jeune Poufsouffle en souriant, la rejoignant à l’orée du couloir, tout en baissant les yeux vers sa poche pour en sortir la baguette de poirier qu’elle avait transportée depuis la Salle sur Demande.
- J’ai récupéré cette baguette. Elle est à toi, pas vrai ? Demanda-t-elle en la lui tendant.
Elle aurait juré que le bois se tendait vers sa camarade en réponse, avant même que celle-ci n’aie le temps de lui répondre.

Ce ne fut que lorsqu’elle posa enfin les yeux sur Kathleen qu’elle remarqua l’état dans lequel elle était. Elle était au plus près du mur, comme si elle cherchait à ne surtout pas attirer l’attention. Elle semblait fatiguée, aux aguets, bien différente de la fille joviale qu’elle avait rencontrée à la fête. Le sourire de Cassi se dissipa, et sa voix se fit plus basse, douce, réconfortante.
- Oh, Kathleen, ça ne va pas ? demanda-t-elle en s’assurant de ne pas trop envahir son espace. Je peux faire quelque chose ?

Kathleen sursauta quand Cassiopea l’interpella. Depuis son agression, elle était devenu impressionnable et craintive. Facilement, il était maintenant possible de l’effrayer sans faire grand-chose. En l’occurrence, le simple fait de l’interpeller, même gentiment, sans aucune mauvaise intention, comme sa camarade venait de le faire, pouvait la faire sursauter. Mais elle sourit quand elle reconnut la jeune fille qui s’était invitée à son anniversaire, peut-être une des rares qui y était venue sans la connaître préalablement. Ca n’avait pas déplu à la jeune guérisseuse qui avait été heureuse que sa fête attire des gens au-delà des rencontres qu’elle avait pu faire, d’autant que Cassi était une jeune fille extrêmement gentille.

Cassiopea lui ramenait une baguette qui était apparemment la sienne. Ces derniers jours, la fillette n’avait absolument pas utilisé sa baguette, qu’elle ne pouvait de toute façon pas utiliser facilement sans pouvoir prononcer un seul mot. De fait, elle ne s’était même pas aperçue qu’elle avait perdu sa baguette avant que Cassi ne vint la lui rendre en ce moment. Elle se sentit un peu amusée à l’idée qu’on lui avait pris sa baguette sans qu’elle ne se rende compte de rien. Pour une fois que quelque chose la faisait sourire, la fillette en était heureuse et elle inscrivit quelques mots sur le carnet qu’elle avait sur elle.

Bonjour, Cassi, tu m’as fait peur ! Oui, c’est ma baguette. Comment tu l’as eue, je ne me souvenais même pas que je l’avais perdue ?

Le visage de la jeune fille se ferma, comme Kathleen l’avait vu chez plein de gens ces derniers jours, quand elle remarqua les traces sur son visage. C’était la question la plus récurrente que la fillette entendait ces derniers temps. Qu’est-il arrivé ? Elle ne se rendait pas compte combien de personnes pouvaient bien se soucier d’elle avant que ceci ne lui arrive, mais elle ne pouvait s’empêcher d’être touchée par la réaction de ses proches et de ses amis. S’il y avait bien une chose que la fillette avait compris, c’est qu’elle n’était pas seule. Et c’était quelque chose de merveilleux à savoir.

J’ai été frappée inscrivit-elle d’une écriture malhabile et hésitante.

Cassi n’avait pas remarqué le sursaut initial de Kathleen, trop occupée à chercher dans sa poche la baguette qu’elle avait gagnée à la sueur de son front… Ou plutôt de sa propre baguette. Le poirier était connu pour sa loyauté, et il était fort possible que la baguette de la jeune Serdaigle aie eu un regain de motivation afin de défendre sa « sœur » injustement arrachée à sa propriétaire.
Elle leva en revanche les yeux à temps pour voir le sourire avec lequel l’accueillit Kathleen qui, visiblement, se souvenait d’elle depuis sa fête d’anniversaire, et semblait avoir autant apprécié leur rencontre que Cassi elle-même. Cela ne fit qu’agrandir son sourire. Au fil des années, elle avait souvent été appréciée des élèves de première année, puisqu’elle était toujours prête à les guider lorsqu’ils se perdaient dans un couloir, et ce même quand elle était pressée. Elle avait de plus particulièrement apprécié sa rencontre avec Kathleen, une petite vraiment attachante.

Elle ne s’était pas attendue à voir une telle surprise se dessiner sur le visage de Kathleen lorsqu’elle lui rendrait sa baguette. Celle-lui ne semblait pas avoir la moindre idée de comment sa baguette avait pu arriver entre les mains de son aînée. Et pourtant, comment pouvait-on perdre sa baguette sans s’en rendre compte ? se demanda Cassiopeia, perplexe. Kathleen elle-même sembla s’amuser quelque peu de sa propre néglicence. La jeune fille, qui avait désormais remarqué l’état alarmant de la petite poufsouffle, songea qu’elle avait peut être eu des préoccupations plus importantes encore. Cassi, qui avait craint de la trouver dévastée par la perte de sa baguette, aurait dû être soulagée, mais elle pressentait que son état était encore bien pire.

Kathleen sortit alors un carnet de sa poche et commença à y écrire quelques mots. Un carnet ? Cassi était certaine qu’à son anniversaire, elle parlait, et avec animation, d’ailleurs. Elle n’était donc pas muette, et le carnet était nouveau – ou, du moins, cet usage du carnet l’était. Etait-elle malade, avait-elle une extinction de voix ? Cela aurait très certainement expliqué sa fatigue et son mutisme, mais pas sa nervosité visible.
Bonjour, Cassi, tu m’as fait peur ! Oui, c’est ma baguette. Comment tu l’as eue, je ne me souvenais même pas que je l’avais perdue ?
- Désolée Kathleen, je ne voulais vraiment pas te faire peur… Commença-t-elle sur un ton doux, apaisant. - Et bien…
Elle hésita sur le nom du responsable, puis décida que Blaze avait mérité l’anonymat. Ils s’étaient mis d’accord dessus pour le duel, pas vis-à-vis de sa victime, mais il avait réglé les choses avec honneur et su faire preuve de compassion, et elle n’allait pas lui attirer des ennuis maintenant.
- Un petit plaisantin avait décidé de te la voler, pour te faire une farce. Il a essayé de me la revendre, et j’ai refusé mais je l’ai récupérée. expliqua-t-elle donc avec sincérité en plaçant avec douceur la baguette dans la main de sa camarade.

J’ai été frappée répondit ensuite Kathleen à sa question inquiète, d’une écriture tremblotante sur le carnet.
Après la fatigue et l’angoisse, elle remarqua finalement les bleus qui commençaient à se dissiper sur le visage de Kathleen, qu’elle avait d’abord pris, de loin, pour des ombres. Son sang ne fit qu’un tour. Qui avait osé frapper une fillette de première année ?! Sa colère était encore pire parce qu’elle appréciait vraiment cette petite puce.
C’était qui ? Lâcha-t-elle d’une voix sourde. Quel est l’espèce… de…
Une litanie d’injures en gallois fusa alors de la bouche de la jeune fille, si virulentes qu’elles auraient fait rougir le gérant du pub de son village natal.

Le flot ne cessa que lorsqu’elle prit conscience que son accès de colère risquait d’effrayer Kathleen. Le visage de Cassi se radoucit immédiatement, et ses traits reprirent un air réconfortant.
- Pardon, Kath’. Je ne voulais pas te faire peur. Tu es allée à l’infirmerie pour te faire soigner, hein ?
Par réflexe, elle faillit l’inviter à entrer, puis se rappela qu’une Poufsouffle ne pouvait pas pénétrer dans la salle commune de Serdaigle. Elle tendit la main vers l’un des bancs qui jalonnaient le couloir, un peu plus discret que les autres car situé dans une confortable petite alcôve.
- Tu as besoin d’en parler ? Tu veux qu’on s’asseye un instant ?

Kathleen était extrêmement touchée que Cassiopea ait décidé de reprendre sa baguette à l’importun qui lui avait fait cette mauvaise blague et qu’elle ait pris le temps de venir la lui rapporter. Cassi ne semblait pas avoir envie d’accuser le responsable, mais ça ne dérangeait pas la petite Poufsouffle, qui n’avait pas vraiment un esprit de vengeance. Elle était contente de récupérer sa baguette, en revanche, car elle aurait fini par lui manquer, cette jolie baguette en bois de poirier. C’était quand-même sa première baguette et ce n’était pas rien. Elle y était tout particulièrement attachée. Et donc forcément reconnaissante à la jeune fille.

Mais le vol de la baguette ne fut bientôt plus qu’un sujet de second plan face à l’interrogation que chacun se posait en la voyant, à savoir ce qui lui était arrivé pour se retrouver le visage tuméfié. La fillette tremblait et pleurait toujours en répondant aux interrogations de ses camarades sur la question car elle ne s’était pas encore vraiment remise du choc. Mais soudain, elle sursauta à nouveau quand Cassi se mit à crier, jusqu’à ce qu’elle lance des injures en gallois, langue que la fillette ne maîtrisait pas. La surprise et l’incongruité de cet instant eurent le mérite de mettre un sourire amusé sur le visage de la fillette, contrecarrant sa sensation de peur.

Cassiopea s’excusa mais la petite Kathleen l’avait trouvée plutôt amusante qu’inquiétante et donc elle ne lui en voulait pas. Sa soudaine sollicitude fit chaud au cœur de la petite Poufsouffle. Quand elle lui parla de l’infirmerie, la fillette pensa à son protecteur, ce cher professeur O’Neill, sans qui elle se serait sentie bien perdue. Elle aurait peut-être passé la nuit dans cette cachette sordide qu’elle s’était trouvée sous le coup de la panique et de la peur. Quand la jeune fille lui proposa de s’asseoir, Kathleen ne se fit pas prier. Ce serait plus simple pour écrire après tout.

En fait, j’ai réussi à me dégager à un moment et je me suis enfuie et cachée. J’avais tellement peur. Et puis le professeur O’Neill m’a trouvée et il m’a emmenée à l’infirmerie. Heureusement qu’il m’a trouvée, sinon j’aurais pu rester longtemps sous l’escalier de la tour d’Astronomie.

Cassi sourit en voyant que Kathleen semblait très heureuse d’avoir récupérer cette baguette. Elle ne vivait que pour rendre le monde meilleur, et ça commençait en faisant des choses pour améliorer la vie des autres, de façon individuelle. Elle était heureuse d’avoir réussi à la trouver, par un gros coup de chance. Après tout, Blaze n’avait pas été très précis. Une jeune poufsouffle de première année, brune, au prénom compliqué ? Au détour d’un couloir sombre, les cheveux de Kathleen pouvaient en effet avoir l’air bruns, mais à la lumière ils avaient de beaux reflets roux. Après l’anniversaire, Cassi avait d’ailleurs mémorisé Kathleen comme « une petite rouquine », mais en regardant avec attention, elle aurait qualifié ses cheveux de châtain avec le recul. De plus, le prénom « Kathleen » ne lui semblait pas un prénom très compliqué – cela dit, le sien mettait la barre assez haut. Sans cet instinct subit, sans doute renforcé par la vibration qu’elle avait ressenti dans la baguette – comme si celle-ci appelait sa propriétaire – elle n’aurait sans doute pas réalisé que c’était Kathleen la propriétaire de la baguette. Mais heureusement, elle avait pu lui rendre, et sans même que celle-ci ne lui demande qui était l’auteur de cette vilaine face.

Face aux larmes et aux tremblements de sa camarade, qui lui expliquait ce qui lui était arrivé, Cassi posa lentement et avec douceur une main réconfortante sur son bras. Cette pauvre puce avait l’air vraiment traumatisée…
Alors qu’elle s’était inquiétée de l’avoir effrayée avec le flot d’injures en gallois qu’elle avait déversé en sentant la colère monter en elle, le sourire amusée de la petite fille la rassura aussitôt.
Kathleen accepta de s’asseoir avec elle, et Cassi l’accompagna donc jusqu’à ce recoin, assez isolé pour avoir une conversation discrète, mais tout de même assez ouvert pour y être à l’aise. Elle vit qu’il était bien plus facile à sa camarade d’écrire maintenant qu’elle pouvait le faire assise.
Celle-ci lui expliqua qu’elle avait été trouvée par le professeur O’Neill, cachée sous l’escalier de la tour d’Astronomie, et qu’il l’avait emmenée à l’infirmerie. Ah, le professeur O’Neill… Cassi ne put retenir un sourire à ce nom. Elle l’appréciait beaucoup. Ils avaient récemment eu une conversation très intéressante en fin de cours d’Astronomie, qui l’avait décidée à poursuivre cette matière l’année prochaine.

Avec à nouveau une grande douceur dans sa voix, son visage et ses gestes, toute trace de colère envolée (en apparence du mois, car intérieurement elle bouillait toujours), Cassi lui répondit :
- Tant mieux s’il a pu s’occuper de toi. Je suis là si tu as besoin de quoi que ce soit. N’hésite surtout pas.
Elle réfléchit un instant, avant d’ajouter.
- Si tu veux, je pourrais t’apprendre à te défendre.
Elle n’avait pas l’intention de laisser quiconque lui faire du mal à nouveau, mais elle n’était que trop consciente qu’elle ne pouvait pas être partout, tout le temps, et se refusait à faire une promesse qu’elle ne pouvait pas tenir. En revanche, apprendre à Kathleen à se défendre, c’était d’une part la rassurer en lui permettant de se sentir plus forte, et d’autre part s’assurer que, si quelqu’un essayait à nouveau de s’en prendre à elle, il allait passer un sale quart d’heure.

En attendant, c’était le coupable qui allait passer un sale quart d’heure, Cassi s’en fit le serment.
- Tu sais qui c’était ? Demanda-t-elle d’une voix douce, veillant à ne plus montrer sa colère pour ne pas l’effrayer.

Pour Kathleen, parler de ce qu’elle avait subi n’était pas forcément facile, surtout que tout le monde passait son temps à le lui demander en ce moment. Cependant, la fillette ne s’en plaignait pas vraiment. Cela prouvait à quel point les gens pouvaient se soucier d’elle et vouloir qu’elle aille bien. Sentir combien elle avait de personnes autour d’elle, prêtes à l’aider et à la soutenir, et à la venger car on pouvait déceler la colère dans toute l’attitude de Cassi et cela touchait la fillette, même si elle espérait que personne n’allait être blessée à cause d’elle. Ca lui ferait trop de peine.

Cassi semblait heureuse pour Kathleen que le professeur O’Neill se soit occupé d’elle. En même temps, il n’y avait pas plus adorable que le jeune et maladroit professeur, qui ne savait pas forcément exprimer sa tendresse mais qui l’avait soutenue et rassurée d’une telle manière qu’elle s’était agrippée à lui comme à sa bouée de sauvetage. Depuis son agression, la fillete, sans jouer les pot de colle auprès de son professeur, s’était davantage attachée à lui et elle espérait qu’il en était de même pour lui, même si elle n’oserait jamais le lui demander. Mais elle continueait de le voir à chaque fin de cours, munie de son carnet.

Quand Cassi lui proposa d’apprendre à se défendre, Kathleen hocha vigoureusement la tête. Même si ses talents de l’année en terme de sorts avaient prouvé qu’elle n’était pas au top avec une baguette entre les mains, peut-être qu’avec un professeur particulier comme Cassi, cela l’aiderait un peu. Elle pensa à Léo dont elle estima qu’il serait sûrement content de savoir qu’une autre personne prenait soin d’elle et la protégeait en voulant lui apprendre à se défendre. Cela dit, si elle les présentait, elle se doutait qu’il allait essayer de la draguer. Quoiqu’ils devaient déjà se connaître puisqu’ils étaient tous deux venus à son anniversaire.

Je préfère ne pas écrire ça., inscrivit-elle sur son carnet en réponse à Cassi qui lui demandait le nom du coupable. Je veux pas qu’il t’arrive du mal.

Cassi pouvait voir un tourbillon d’émotions se bousculer sur le visage encore humide de larmes de la petite fille. La peur bien sûr, vis-à-vis de son agresseur. Mais elle voyait aussi que ça faisait du bien à Kathleen qu’on se soucie d’elle. Elle y distingua aussi de l’inquiétude. Pour elle ? Parce qu’elle voulait retrouver le coupable ? La fillette craignait-elle qu’il ne lui arrive quelque chose ? Le cœur de la jeune fille se serra. La petite puce avait bien assez de problèmes en ce moment, et pourtant, elle semblait encore s’inquiéter pour les autres… Elle était si courageuse.

Si la jeune fille avait osé, elle aurait pris Kathleen dans ses bras pour la réconforter, la rassurer, mais elle ne la connaissait pas assez bien et, au vu des circonstances, elle avait peur de la mettre mal à l’aise. Elle se contenta donc de faire glisser la main qu’elle avait posé sur le bras de la petite fille dans son dos, et de le frotter, avec une grande douceur, en cercle réconfortants, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. C’était un geste que faisait sa maman quand elle était petite et qu’elle faisait des cauchemars, et qui l’avait toujours apaisée.

A sa proposition de lui apprendre à se défendre, elle vit Kathleen hocher vigoureusement la tête. Elle sourit, ravie de pouvoir se rendre utile, et réfléchit immédiatement à une façon de mettre cette idée en pratique. La fin de l’année était si proche que, même si elles commençaient à Poudlard, elle n’irait pas bien loin. Pourtant, elle voulait vraiment préparer Kathleen d’ici la rentrée prochaine. Elle ferait tout pour éviter à la petite fille une rentrée dans l’angoisse, similaire à celle qu’elle avait elle-même connue quelques années plus tôt.
- Tu habites à Londres ? Je vais passer une partie de l’été chez mon père, on pourrait se voir pour s’entrainer. On me laisse pas mal d’autonomie maintenant, donc même si tu n’es pas en ville mais pas trop loin, je devrais pouvoir faire le trajet, au besoin.

Lorsqu’elle l’interrogea sur l’identité de son assaillant, Kathleen refusa de l’écrire, en précisant qu’elle ne voulait pas qu’il lui arrive du mal. Il y avait dans ce monde des gens formidables, mais aussi de belles ordures, Cassi en avait bien conscience. Et elle n’aurait absolument pas été surprise que le sale type qui s’en était pris à la petite fille veuille s’en prendre à d’autres, surtout si ces autres lui cherchaient des noises. Cependant, cette petite frappe ne lui faisait pas peur, et il était hors de question qu’elle le laisse faire régner la terreur dans l’école… Ou ailleurs, puisqu’elle ignorait en quelle année il était. Elle devrait agir vite… Mais il était inutile d’inquiéter davantage la petite fille.

Cette fois-ci, au cours de ses réflexions, Cassiopeia avait gardé un visage impassible.
- Je comprends. Tu es très courageuse, tu sais ?

Kathleen se sentit réconfortée quand Cassi lui caressa doucement le dos et même si elle était un peu intimidée et pas certaine que Cassi ne la repousse pas, elle posa doucement la tête sur l’épaule de la jeune fille qui avait pris sa défense. Elle se sentait bien, soutenue par elle, comme par une grande majorité de ses camarades et pour ce qui était de ses proches, c’était carrément l’intégralité d’entre eux qui s’était soucié d’elle, lui avait posé des questions, était intervenu auprès d’elle en lui demandant qui lui avait fait du mal. Globalement, elle ne se sentait absolument pas seule et c’était quelque chose de formidable.

Cassi voulait lui apprendre pendant l’été à se battre. Voilà une idée qui plairait à son père mais la solution n’était pas à Londres. Kathleen n’y vivait pas et aller de l’Ecosse jusque Londres ne serait pas facile pour elle. Elle se mit à griffonner sur son carnet pendant que Cassi parlait, afin de lui exposer le plus diplomatiquement possible qu’il ne serait pas possible de se voir de cette façon. Néanmoins, elle avait une idée de solution qui pourrait peut-être convenir à la jeune Serdaigle, du moins, si ça ne faisait pas peur à la jeune fille de voyager.

Je vis en Ecosse. Mes parents ont un manoir là-bas. Mais tu pourrais peut-être venir y passer quelques jours si tu veux. Il y a bien assez de place.

Kathleen ne se trouvait pas particulièrement courageuse. Mais elle ne supportait pas l’idée que ses proches risquent quoi que ce soit. Et elle avait la certitude que si son agresseur s’en prenait à quelqu’un ce serait elle la responsable. Quand Cassi lui dit donc cela, elle se contenta de lui sourire gentiment, reconnaissante pour ces mots même si elle n’était pas sûre que ce soit la vérité, du moins de son point de vue à elle.

Lorsque la petite fille posa la tête sur son épaule, Cassi se sentit fondre. Elle la serra contre elle avec douceur et lui caressa les cheveux au lieu du dos, suffisamment légèrement pour ne pas la décoiffer.
Cadette de sa fratrie, elle n'avait jamais eu de petit frère ou de petite sœur, mais avait toujours été populaire auprès des enfants de son village natal. Elle avait donc pansé plus d'un genou écorché et séché plus d'un visage en pleurs. Jamais cependant elle n'avait été confrontée chez un enfant à une détresse pareille à celle de Kath. L'ordure qui l'avait mise dans cet état allait vraiment passer un sale quart d'heure.

En réponse à sa proposition de lui apprendre à se défendre, la petite fille éxficig a nouveau sur son carnet, pour lui faire savoir qu'elle ne pourrait pas aller à Londres, et l'inviter à la place chez elle, en Ecosse. La jeune fille adorait voyager, et ne cracherait certainement pas sur une occasion de passer quelques semaines loin de son infâme belle-mère. Elle accueillit donc cette proposition d'un sourire.

- Franchement, Kath', j'adorerai. Ce serait parfait ! approuva-t-elle.
Elle réfléchit à un créneau. Pour l'instant, à l'exception du voyage scolaire, elle n'avait pas encore fait de plans pour l'été, ce qui aurait pu laisser début juillet comme fin août. Cependant, il aurait été irresponsable de la laisser aller d'abord au voyage scolaire pour ensuite lui donner des cours d'auto-défense, surtout que le but était de lui redonner confiance en elle.
- Je peux venir en juillet, si tu veux. Avant le voyage scolaire. Comme ça, tu seras prête, si tu viens. proposa-t-elle donc.

Au sourire que lui adressa la petite fille, Cassi comprit immédiatement que, pour sa part, elle ne se trouvait absolument pas courageuse. Elle la serra à nouveau contre elle.
- Ne laisse personne te dire le contraire, ma puce.

Kathleen espéra qu’elle ne s’était pas montrée indélicate en se posant sur l’épaule de la jeune fille mais quand celle-ci caressa tendrement ses cheveux, la fillette comprit que non seulement Cassi n’était pas fâchée qu’elle se mette tout contre elle mais que ça lui faisait même probablement plaisir. Il était vrai que la fillette avait été traumatisée par ce qui s’était passé, mais elle se sentait quand-même un peu mieux au contact de la jeune fille qui avait cette façon de la protéger à la fois semblable et différente de Léo. Et très différente de la plupart des autres, y-compris le professeur O’Neill.

Cassi sembla heureuse du compromis proposé par Kathleen. La fillette était ravie à l’idée que sa nouvelle amie vienne lui rendre visite, mais malheureusement, il était peu probable qu’elle puisse lui accorder du temps, comme elle le suggérait, au mois de Juillet. Kathleen devait voir tellement de monde que son mois de juillet était déjà complet, mais elle pouvait l’accueillir en août après le voyage scolaire. Bien entendu, il fallait qu’elle s’entraîne rapidement mais là, elle n’avait pas le choix, c’était déjà prévu comme ça. Elle eut donc une moue un peu gênée en avouant la vérité à l’adorable Cassi.

Je suis désolée, Cassi, mais en juillet, j’ai pas mal de choses de prévues. Je ne pourrais pas te recevoir avant la fin du voyage scolaire dans les dernières semaines d’août. Tu ne m’en veux pas dis ?

Ca la touchait aussi que la jeune fille essaie de la convaincre qu’elle pouvait changer les choses et qu’elle ne devait pas se laisser convaincre du contraire. Kathleen n’était pas vraiment convaincue qu’elle était capable de faire la différence dans la vie, et elle se sentait moins que jamais courageuse mais elle était déterminée, et ce, même elle ne pouvait pas le nier. De plus, elle était aussi extrêmement protectrice.

Lorsque Cassi proposa une date en juillet, elle vit immédiatement le visage de Kathleen se décomposer. Mais… Mais… Fais pas cette tête, ma puce ! Elle l’adorait déjà, ce petit bout de chou, et elle sut à cet instant qu’elle ferait n’importe quoi pour qu’elle soit à la fois heureuse et en sécurité.
- Oh… Mais bien sûr que non, Kath, aucun problème ! Pour l’instant, je suis vraiment dispo, donc je pourrais venir en août. Tu me diras simplement les dates qui t’arrangent. la rassura-t-elle avec un grand sourire, avant d’ajouter avec un clin d’œil. Ne t’en fais pas, va !
En attendant, pendant le voyage scolaire, elle n’aurait qu’à garder l’œil sur elle de très, très près. Elle ne laisserait rien lui arriver, elle s’en fit le serment.

La jeune fille vit un air de détermination s’afficher sur le visage de Kathleen, et la fierté illumina ses yeux sans même qu’elle ne s’en rende compte. La petite fille avait de la volonté, et elle irait très loin dans la vie, Cassi en était certaine. Mais pour ça, il faudrait qu’elle prenne confiance en elle-même. Elle la serra à nouveau dans ses bras. Elle savait que Kath en avait bien besoin.
- Je vais te confier un secret, ma puce. lui chuchota-t-elle alors à l’oreille, comme une confidence. Dans un jeu, on perd quand l’adversaire gagne. Mais dans la vie, on perd quand on renonce.
Cassiopeia ne s’était jamais sentie particulièrement imbue de sagesse, mais il pouvait occasionnellement lui arriver d’énoncer sans s’en rendre compte de petites perles philosophiques, en pensée ou en conversation.

La jeune fille laissa soudain échapper un baillement. La journée avait été très riche en émotions, et elle était épuisée.
- Pardon… Il commence à se faire tard. Tu allais quelque part en particulier, ou je te raccompagne à ton dortoir ? Proposa-t-elle à Kath, avec un sourire chaleureux.
Elle n’allait certainement pas la laisser arpenter les couloirs seule à cette heure, pas après ce qui lui était arrivé.

Kathleen fut rassurée en constatant que Cassi ne lui en voulait pas de ses indisponibilités au mois de juillet. La fillette avait malheureusement pas mal de projets, mais sa mère en avait aussi. Par exemple, c’était Mary qui avait prévu d’inviter Opal, Jasper, Emerald et leurs parents. Les Shaw devaient aussi venir déjeuner en juillet et Kathleen espérait que Madeline pourrait se joindre à eux, afin de pouvoir revoir sa protégée. Elle n’avait pas eu beaucoup de nouvelles depuis son anniversaire, et quand elles se voyaient dans le dortoir, elles étaient trop fatiguées pour parler. Elle avait donc envie de parler avec la fillette.

Je vais en parler avec mama et je te donnerai les dates par hibou.

Cassi semblait enchantée de la voir accepter aussi vite de se battre mais Kathleen n’était pas du genre à se laisser abattre et malgré toute la douleur qu’elle ressentait, toute la peur que cette agression lui avait causée, elle ne renoncerait pas à la vie et encore moins à sa tranquillité d’esprit. Cela, Cassi pouvait compter dessus. L’enfant ferait ses preuves, même si ça ne pourrait peut-être pas être aussi vite qu’elle le souhaiterait. La philosophie de Cassiopea lui plus et elle hocha vigoureusement la tête, enchantée de s’accorder avec elle sur ce sujet.

Quand Cassi proposa de la raccompagner, Kathleen sourit et hocha vivement la tête, en acceptant qu’elle la ramène à sa salle commune. La petite Poufsouffle s’était attachée à la Serdaigle qui avait pris sa défense avec autant de véhémence que pouvaient le faire Léo ou Maya et ça l’avait touchée. Elle n’oublierait pas cette rencontre et plus tard, elle savait qu’elle avait des chances que Cassi et elle deviennent plus proches, surtout si elle lui donnait des leçons. Cela dit, entre Carla et Cassi, Kathleen n’aurait aucun souci pour apprendre à se défendre l’année suivante, elle en avait la certitude.

Cassi accueillit la remarque de la petite fille avec un sourire. Il n'y avait aucun stress pour les dates, son été n'était pour l'instant vraiment pas rempli, à part pour le voyage scolaire. L'idée était simplement qu'elle en passerait une partie chez son père, et une partie chez sa mère.

Malheureusement, elle ne verrait probablement pas Orion, puisqu'il semblait probable qu'il soit lui-même en voyage. Son père travaillait dur au ministère, et elle n'avait aucune envie de passer des jours en tête-à-tête avec Cressida et Aurora, ce qui était à priori prévu au mois d'août. Quelles que soient les dates choisies par les parents de Cassi, elles seraient pour elle une délivrance.

Pour sa mère, c'était différent. Cassi avait toujours adoré rentrer à Llangynidr pour les vacances. Cependant, elle n'était pas du tout enthousiaste à l'idée de rentrer maintenant que sa mère avait un nouveau copain. Elle était heureuse pour elle, hein - il était grand temps qu'elle surmonte sa relation avec le père de Cassi, qui ne quitterait jamais sa femme - mais elle aurait préféré que ce bonheur ne vienne pas avec un demi-frère pareil...
Elle allait devoir faire des plans pour le mois de juillet aussi - il en allait de sa santé mentale.

Elle secoua la tête, se rendant compte qu'elle s'était plongée dans ses pensées.
- Aucun souci, Kath. Je ne suis pas pressée. Répondit-elle donc avec un grand sourire.

La jeune fille accueillit le hochement de tête vigoureux de la petite fille avec un regard qui révélait sa fierté. Certaines personnes auraient pu trouver ça condescendant d'être fière d'une petite fille qu'on connaissait à peine, mais Cassi s'en moquait. Elle était tout simplement honnête, parfois jusqu'à la transparence et, si elle était fière, elle ne voyait pas de raison de le cacher.

Kath accepta avec enthousiasme - sans un mot, mais très clairement - la proposition de Cassi de la raccompagner jusqu'à sa salle commune. C'était où, d'ailleurs, la salle commune de Poufsouffle ? Près des cuisines, non ?

Cassi fit un geste à Kath pour lui proposer de mener la marche, et lui emboîta le pas vers les escaliers. Elle garda l'oeil ouvert pendant le trajet, mais elles ne croisèrent personne.

Elle ne fit pas la conversation pendant le trajet - pour éviter à la petite de devoir écrire en marchant - mais marcha simplement près d'elle, une main protectrice posée sur son dos.

Lorsqu'elles arrivèrent devant la salle commune de Poufsouffle, Cassi fit un câlin d'au revoir à Kathleen.
- Bonne nuit, ma puce. Prends bien soin de toi, surtout.
Prise d'une inspiration soudaine, elle lui fit un bisou sur le front.

Elle regarda ensuite la petite fille entrer dans sa salle commune puis, une fois la porte refermée, elle rejoignit la sienne.

Aujourd'hui, elle avait fait du bien à quelqu'un - et à une fillette qui en avait grand besoin, en plus. Maintenant, elle pouvait prendre un repos bien mérité.
Demain, la traque commencerait.

[Spoiler : On est au bout, je considère que c'est mon dernier post sur ce sujet. A toi de voir su tu veux encore répondre ou demander directement l'archivage. ^^[/spoiler]