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lie awake under pink sky (junior)
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Message(#) Sujet: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptySam 9 Mai - 14:26

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L’ennui et la lassitude régnaient en maître dans la salle de classe. Nos dernières heures de la journée semblaient ne pas avoir de fin. L’enseignante avait beau assurer que les dormeurs et les inattentifs récolteraient des devoirs supplémentaires, rien ne parvenait à me tirer de cette torpeur ; et j’étais loin d’être la seule dans ce cas-là. Le manque d’intérêt s’additionnait à la certitude que j’abandonnerai cette matière dès l’année prochaine, permettant à mes pensées d’explorer des horizons plus agréables. Encore que le plus plaisant d’entre tous m’était interdit, puisque se trouvant à ma gauche et observant un silence buté depuis les premières heures de la journée. S’il pouvait entendre mes réflexions, il persiflerait certainement que j’étais celle des deux qui s’était enfermée dans un mutisme boudeur mais ce n’était pas moi qui avait éhontément laissé le message de l’autre sans réponse toute la nuit, pour se montrer des plus froids au petit matin. Tout ça parce que j’avais eu le malheur de privilégier ma meilleure amie dont le père était décédé. Je coule un regard dans sa direction à cette pensée. Elle n’en montrait rien, aussi souveraine qu’à l’accoutumée, mais les longues heures de la veille m’avaient dessiné une toute autre vérité. Sous le masque se cachaient des émotions que j’étais bien loin de concevoir jusque là.

Sonnerie salvatrice qui nous annonce notre libération. Junior est plus rapide que moi pour quitter la salle, le menton dressé par le dédain, sans un regard de mon côté. Dans un geste parfaitement mature je tire la langue à son dos qui s’efface dans le couloir. Qu’il m’agaçait, par Salazar, qu’il m’agaçait ! C’était un fait désormais indéniable, il surclassait Finnbjörn à ce petit jeu-là et remportait haut la main la palme de celui qui parvenait le plus rapidement à mettre mes nerfs à rude épreuve. Je rejoins mon frère adoré et ma meilleure amie en dehors de la salle, quelques secondes à peine puisqu’ils remontent déjà dans leur salle commune. Je prends la direction de la mienne, non sans ruminer intérieurement contre ce caractère exaspérant qui échauffait si bien le mien.

L’heure qui nous sépare du dîner passe à toute allure et je m’installe bientôt à la table des Poufsouffle, tournant bien évidemment le dos à celle des Serpentard, à l’autre bout de la grande salle. Ce n’était pas puéril, c’était parfaitement justifié. J’avale mon repas rapidement, peu désireuse de m’éterniser à cette table où s'amassent de plus en plus de mes camarades. J’enroule les desserts qui me font envie dans une serviette que je noue à la hâte, avant de me relever et de quitter les lieux avec tout le mépris du monde qu’il ne pourrait lire que sur mon dos parfaitement droit si d’aventure il posait les yeux sur moi en cet instant. Un rapide crochet dans mon dortoir afin de prendre de quoi m’occuper : ce carnet en cuir noir désespérément terne, un livre traitant de la médicomagie la moins… conventionnelle, mais aussi ma cape d’invisibilité.

Comme tout le château, ou presque, est actuellement entrain de dîner dans un joyeu brouhaha des étages plus bas, le sixième est vide de toute présence alors que je m’avance jusqu’à ce mur, parfaitement lisse, portant mes doigts sur les pierres froides. Je restai de longues minutes à les fixer, quelques soupirs franchissant parfois mes lèvres. Je savais qu’il ne viendrait pas. Junior était aussi entêté que je l’étais moi-même, voire pire parfois. Il m’avait spécifié, noir sur blanc, que je viendrais ici ce soir en vain. Mais j’étais obstinée et je n’avais qu’une parole. J’avais écrit que je me trouverais dans la Salle sur Demande ce soir, j’y serais. Qu’importe qu’il ne vienne pas le vérifier par lui-même, j’aurais la vérité de mon côté, et il ne pourrait s’en prendre qu’à lui d’avoir ainsi manqué le rendez-vous. Oh, il était de bien trop mauvaise foi et bien trop doué avec les mots pour jamais le reconnaître, et lorsque nous nous serons réconciliés, il arguerait qu’il m’avait prévenue qu’il ne comptait pas venir et que je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. Je savais donc que je ne le verrais pas ce soir. Malgré tout, je me creusais la tête à la recherche d’une formulation que son esprit fâché pourrait deviner s’il changement invraisemblablement d’avis.

J’ai besoin d’un endroit pour retrouver Junior. C’était finalement ce qu’il y avait de plus simple. Puisqu’il ne comptait pas venir, je n’avais pas besoin de mettre les petits plats dans les grands, je me contenterai parfaitement de la pièce qui se dessine sous mon regard clair alors que je pousse le battant qui venait d’apparaître. Un sourire étonné apparaît sur mon visage. C’était bien plus que ce à quoi je m’étais attendue alors que c’était pourtant bien peu. Bien plus qu’il ne m’en fallait, en réalité. Un seul et immense coussin faisait office de siège ou de couchette, d’assise en tout cas. J’aurais pu m’y étendre de tout mon long et rouler trois fois sur le côté que je n’en atteindrais probablement pas le bord opposé. Le reste de la pièce était quelconque, éclairé de chandelles lumineuses qui apportaient une douce chaleur à l’endroit. Et puis, on levait les yeux, découvrant un plafond étoilé qui laissait cette indéfinissable sensation de n’être ni en intérieur, ni en extérieur. Je pouvais me croire sur les toits de Poudlard, comme j’avais été sur les toits de Londres, à ceci près que mon meilleur ami était aux abonnés absents et que j’étais quelque part au sixième étage.

Une joie enfantine sur le visage, je me laisse tomber sur ce gigantesque coussin dans lequel je m’enfonce, étouffant un rire. Je me retourne, m’abandonnant un instant dans le ciel qui perdait doucement les dernières lueurs du jour. Mes pensées, elles, s’égarent sur un tout autre chemin, calculant à partir de quelle heure il serait vain de conserver le moindre espoir de voir apparaître la silhouette de mon meilleur ami. Il était toujours en retard, d’au moins une quinzaine de minutes. Il était d’humeur boudeuse, ce qui doublait la donne. J’avais la sensation qu’il me faudrait au moins la tripler, vu comme il s’était montré glacial toute la journée. Chassant ces prévisions inutiles, j’ouvre le paquetage pâtissier ainsi que le livre que j’avais apporté avec moi.

Ma concentration et mon envie de lire s'évaporent à toute allure, me laissant très rapidement assise en tailleur au bord du coussin, entrain de grignoter un bout de gâteau au chocolat, baguette pointée sur une chandelle. Puisque j’étais là et que quelques heures s’offraient encore à mon désœuvrement, autant les utiliser à bon escient. Les sortilèges informulés n’étaient pas enseignés en cinquième année, mais je n’avais guère à perdre à tenter par tous les moyens de faire sortir quelques étincelles de ma baguette tout en conservant un silence absolu. Rien d’autre ne se produisit que les minutes qui s’écoulèrent et ma frustration qui augmentait proportionnellement. J’avais abandonné le compte de mes tentatives entre temps et commençait à ressentir de furieuses envies de meurtre pour cette flamme qui ne bronchait pas. J’étais à deux doigts de la noyer sous un jet d’eau, elle et toutes ses semblables qui me narguaient dans la pièce, quand la porte s’ouvrit, me figeant, visage tourné en direction de l’entrée. Si son regard pouvait tuer, le moindre sourire de ma part serait certainement fatal, alors je me pince les lèvres pour m’éviter un rictus traître, mon regard l’interrogeant en silence.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptySam 9 Mai - 17:49



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

La journée avait été interminable… Des heures d’un silence obstiné passées à écouter les délires de nos professeurs avec une attention surjouée… une fuite systématique à chaque sonnerie pour ne pas avoir à engager la moindre conversation… un déjeuner avalé en un temps record pour aller m’enfermer dans la bibliothèque tout le reste de la pause… Je détestais ces situations pourtant relativement habituelles entre nous. Cette ignorance boudeuse ne m’avait jamais semblé aussi lourde et pénible, pourtant je m’y tenais à la perfection. Elle voulait rester avec sa gueuse de meilleure amie, et bien qu’elle fasse ! Mais qu’elle n’espère pas que je leur tournerais autour comme une pauvre bête en mal d’affection dans l’espoir qu’elle la délaisse un instant. Avec le recul, je veux bien admettre que ma réaction était légèrement injuste… Mais passer ainsi à l’as au profit d’une imbécile comme Reyes me paraissait intolérable. Elle se fichait bien de ses soi-disants amis, elle trouvait juste une occasion parmi tant d’autres de rameuter sa petite troupe autour d’elle et je ne doutais pas une seule seconde qu’elle y arrivait merveilleusement bien. Comme si une perte, quelle qu’elle soit, pouvait détourner Madame de ses desseins premiers ! Elle ne faisait que la tourner à son avantage et Erin fonçait tête baissée dans ces stupidités. Est-ce qu’il en aurait été autrement s’il avait été question de quelqu’un d’autre…? J’aimais à croire que oui. Mais, en tout objectivité, j’en doute. Je n’avais jamais eu l’habitude que l’on me refuse quoi que ce soit, pire encore quand il était question de l’offrir à quelqu’un d’autre à la place. Je me sentais bafoué. Depuis quand promettait-on monts et merveilles pour tout ôter ainsi la seconde d’après ? Je ne m’étais même pas fait d’illusions sur notre soirée, je n’avais aucunement l’intention de nous laisser aller à des jeux pervers quels qu’ils soient mais la perspective d’un tête-à-tête loin de toute convention était bien trop délicieuse pour accepter sa disparition… Beaucoup prétendraient qu’il n’était nullement question de disparition, seulement d’un report légitime, mais la différence était bien trop maigre pour que je daigne la prendre en compte.

Un dîner à peine touché, le calme de mon dortoir retrouvé, mon regard n’avait de cesse de glisser jusqu’au réveil argenté qui trônait sur ma table de nuit. L’heure tournait. Si elle s’en tenait à sa parole idiote bien qu’elle ait été prévenue qu’elle serait vaine, elle ne tarderait pas à rejoindre la Salle sur demande. J’étais bien incapable de penser à autre chose qu’à l’attente longue et inutile qui l’attendait. C’était idiot pourtant, j’étais hors de cause, je n’avais laissé place à aucun espoir, je ne serais pour rien dans l’humiliation de cela pouvait être de se voir poser un tel lapin ! Mais rien à faire… Vingt heures sonnèrent. Mon livre ne parvenait pas à attirer mon attention plus d’un instant et j’avais beau relire encore et toujours la même phrase, le sens de celle-ci restait aux abonnés absents. Elle savait sûrement que je ne viendrais pas, il n’y avait aucune raison qu’elle fasse le déplacement. Mais au fond de moi, je la savais là-bas. Elle était plus têtue que le monde entier et avait promis qu’elle y serait… alors elle y était. Je l’imaginais seule, dans une pièce immense et désespérément vide… et quand bien même je savais une telle sentence méritée, j’avais bien du mal à rester de marbre. Je finis par balancer mon livre un peu plus loin et sautai presque au bas de mon lit, arpentant désespérément mon dortoir de long en large, comme un lion en cage. C’était injuste ! Je n’étais pas à sa disposition ! D’où il me faudrait accourir bêtement pour la rejoindre seulement parce qu’elle en avait décidé ainsi ? Je refusais de me soumettre si facilement à ses exigences. Qu’elle aille retrouver sa chère Phoenix puisqu’elle lui paraissait si importante hier ! Je n’avais pas besoin d’elle. Cette pensée plaintive n’eut pas l’effet escompté. Loin de m’encourager à persévérer dans cette voie, elle me fit seulement réaliser combien elle sonnait faux.

Vingt heures trente. Les minutes s’écoulaient à une lenteur affolante. Je priais pour que mes camarades de dortoir en passent la porte. J’étais prêt à accepter n’importe quoi pour un peu qu’on m’occupe un instant. Qu’importe s’il fallait batailler pour des bêtises ou râler pour un territoire sur lequel on aurait empiété ! Mais rien y faisait… Orpheus me regardait faire les cent pas, l’air réprobateur, la queue agitée et pleine de jugement. Je sentais dans ses prunelles bleues toutes les moqueries du monde. Monsieur se demandait sans l’ombre d’un doute quel détail sans importance me mettait encore dans tous mes états. Dans un grommellement mécontent, j’attrapai une balle et la lui lançai sur la tête, pile entre les deux oreilles. Il me toisa avec un dédain des plus nobles et disparut dans le couloir, fier et outré. Il était vingt heures quarante quand j’abandonnai cette lutte trop inégale et réenfilai mes chaussures. Je la détestais d’avoir gagné si facilement autant que je me détestais pour mes faiblesses. Depuis quand j’étais ainsi à la botte d’une fille, fut-elle Erin ?! C’était n’importe quoi ! Elle pouvait bien m’attendre toute la nuit, je ne voyais pas ce que ça pouvait bien changer à ma vie ! Ça n’était pas comme si je ne l’avais pas mise en garde contre mon absence ! Pourtant, rien n’y fit et à vingt heures cinquante, j’étais au sixième étage, devant le mur lisse et froid qui constituait l’entrée de la salle. Elle était sûrement derrière. À moins qu’elle ait déjà pris la fuite… Je ne savais pas ce que je préférais, en réalité… Qu’elle m’ait attendu si longtemps au risque de voir ses lèvres s’étirer en un sourire goguenard ? Ou bien me retrouver face à une salle déserte, déçu mais l’honneur sauf ? Le dilemme était cruel. Enfin… Encore fallait-il pouvoir entrer… Je restai interdit de longues secondes, observant les pierres sans trop les voir. Qu’avait-elle pu demander…?

Finalement, je tentai de faire au plus simple… Un endroit où nous retrouver, ni plus ni moins. Je me fichais bien duquel ! Contre toute attente, la porte se dessina face à moi, tendant sa clenche pour m’inviter à entrer. L’idée n’était pas brillante, c’était certain. J’avais près d’une heure de retard… Si elle était là, elle ne se gênerait sûrement pas pour me le faire remarquer. Mais d’un autre côté, j’avais fait l’effort de venir… Et il aurait été bien bête de faire demi-tour maintenant… Un soupir silencieux m’échappa alors que ma main faisait tomber son poids sur la poignée. De l’autre côté, ma meilleure amie était bel et bien là. Assise sur ce qui ressemblait à un coussin géant, baguette en main comme si elle se battait contre un ennemi invisible au milieu de pas grand chose. Son visage surpris se tourna vers moi tandis que je laissais la porte se refermer sur nous. Je ne doutais pas qu’elle disparaîtrait du mur pour nous offrir une intimité qui aurait dû être bienvenue. Je n’en étais pourtant pas certain. Pas tout à fait… Mon regard accrocha le sien, la mettant au défi de faire la moindre remarque sur ma présence.

Un mot, rien qu’un, et je rentre à Serpentard.

Mon ton se voulait sans appel, peu enclin à subir la moindre raillerie pour l’instant. Je n’aurais jamais dû être ici, elle le savait aussi bien que moi… J’aurais été incapable de savoir exactement pourquoi j’avais cédé. J’avais envie de la voir, c’était évident, de ne pas offrir à Reyes la possibilité d’une seule autre soirée en sa compagnie, mais je pense que ça n’était pas que ça. Avant de voir sa seule compagnie, c’était la solitude que je lui offrais qui m’avait gêné. C’était troublant. Peu habituel, en réalité. J’avais toujours vu mon univers à travers le seul prisme de mon existence… Mais avec elle, j’y arrivais de moins en moins bien. Je finis néanmoins par abandonner la porte et me glissai plus franchement dans la pièce. J’eus un instant d’hésitation mais m’installai finalement près de ma meilleure amie.

Je n’avais pas le coeur à t’abandonner en sachant pertinemment que tu viendrais quand même, soufflai-je simplement en guise d’explications. Mais ça n’enlève rien à hier soir.

Je lui en voulais, je me sentais toujours particulièrement vexé d’avoir été ainsi remplacé par si peu… Mais elle était sûrement trop importante pour être délaissée malgré tout. C’était Erin, après tout… Et rien que cela suffisait à justifier de n’avoir même pas tenu une soirée entière avant de revenir vers elle… J’étais faible, c’était évident, mais je ne le regrettais qu’à moitié. Je me laissai tomber doucement sur le dos, apercevant pour la première fois les étoiles qui s’étendaient au-dessus de nous. Je retins bêtement un sourire, revenant bien malgré moi des mois en arrière, alors que nous dérapions dangereusement sur les toits humides de mon immeuble… Je me redressai, mes coudes s’enfonçant dans le rembourrage confortable de notre siège, et reposai les yeux sur elle. …bien plus tendrement que je ne l’aurais voulu…

Dans quoi t’ai-je arrêtée ?
code by bat'phanie



Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Dim 10 Mai - 0:06, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptySam 9 Mai - 21:46

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Son regard et son ton sont sans appel alors qu’il laisse la porte se refermer derrière lui. Une seule moquerie, et il disparaissait. Dans une autre situation, avec une autre personne, je me serais sans aucun doute offusquée d’être ainsi réduite au silence par celui qui pénétrait l’espace que je m’étais octroyé. Mais tout ce qui vint, ce fut un sourire que je n’arrivai pas à retenir malgré mes efforts. Esquisse ravie qui s’étire jusqu’à mon regard teinté d’espièglerie, bien loin des moqueries que j’offrais habituellement. Je lève mes paumes ouvertes dans sa direction, comme un geste de bonne foi qui accentue un peu plus la joie que je ravale, forçant mon visage à retrouver une moue sérieuse. Mes pupilles, elles, ne pouvaient faire autrement que de briller vivement. Si j’avais saisi l’avertissement lancé avant même que le battant ne claque dans son dos, je ne pouvais me montrer impassible face à sa venue à laquelle je ne croyais plus, tout en l’espérant vainement. Nous étions aussi bornés l’un que l’autre mais Junior mettait un point d’honneur à aiguiser son esprit de contradiction dès que possible. Aussitôt qu’une querelle pointait le bout de son nez, je pouvais être certaine qu’il serait à l’opposé exact de là où j’aimerais le trouver. C’était un don des plus agaçants qui lui permettait de remporter haut la main la palme du personnage le plus exaspérant que j’avais l’honneur de côtoyer.

Pourtant, il était là. Alors, même s’il n’avait pas pris la peine de me gratifier d’une menace froide, je crois que je n’aurais pas cherché à le railler sur son arrivée. Elle était suffisamment tardive pour me faire comprendre qu’il m’en voulait, je commençais à connaître les signes par coeur désormais. Il n’empêche, il était là. Et ce que cela pouvait laisser entendre suffisait amplement à faire taire mon ironie mordante. J’aurais dû lui en vouloir de son silence du jour, de sa sècheresse d’hier, de son retard impoli. Je n’y parvenais pas et c’était très, très embêtant tout en ne l’étant absolument pas. Tel un Roi de retour dans son royaume, il était là où il le devait, après un dur combat contre son ego, sans aucun doute. Je ne m’en sentais pas moins Reine, qu’importe si je restais assise et muette pour l’instant, le suivant du regard, mon sourire reprenant ses droits.

Ce que certains pourraient nommer patience, je l’appelais obstination, et elle avait payé ce soir. L’heure passée à tenter, sans succès, de lancer un sortilège informulé sur cette grossière chandelle n’était plus qu’un vague souvenir, et la présence de mon meilleur ami qui s’étend à mes côtés colore celles à venir de teintes bien plus satisfaisantes. Je me sentais comme une enfant capricieuse qui avait été privée de son plaisir préféré et qui s’en trouvait finalement pourvue plus tôt que prévu. Il souffle une brève explication à sa présence ici, amplifiant un peu plus encore mon sourire, puis me faisant lever les yeux au ciel alors que je me détourne une seconde pour repousser la chandelle loin du coussin. Toute mon attention l’avait délaissée sitôt que Junior était entré dans la pièce et elle n’était pas celle des deux que j’avais envie d’avoir près de moi. Si tu m’autorrrise un mot, rrrien qu’un, tu me vois rrravie d’apprrrendrrre que ton coeurrr t’a poussé ici. Je me tortille pour lui faire face, l’observant s’allonger sans rebondir immédiatement sur la pique aigre concernant ma soirée d’hier.

Il avait éludé ma question de la veille : était-ce le fait d’avoir repoussé un tête-à-tête avec lui pour Phoenix, la détestable Phoenix qu’il méprisait de tout son être, qui l’avait fâché, ou aurait-ce été la même chose, qu’importe la personne qui aurait eu besoin de ma présence ? Au final, la réponse importait peu. Je me fichais pas mal de savoir si le fond de sa bouderie était ma meilleure amie ou ce qu’il considérait comme un abandon malvenu. Parce que ça n’avait été qu’une situation exceptionnelle : le père de Phoenix était décédé, il était impensable alors que je la laisse seule. Le reste du temps, il était celui pour qui je délaissais tous les autres. Doucement, alors qu’il est absorbé par le plafond, devenu étoilé entre le moment où j’avais trouvé la salle et celui où il s’était étendu sur l’immense coussin, je passe mes doigts sur son front, l’allégeant d’une mèche châtain. Vague caresse qui émaillaient normalement nos journées et qui m’avaient manquées aujourd’hui. Bon et comment pourrrions-nous disperrrser le mécontentement lié à hierrr soirrr ? J’étais toute disposée à me montrer conciliante parce que je n’avais guère envie de me battre pour une situation que j’avais estimée et que j’estimais encore parfaitement légitime. Mais pas à me présenter en tant que coupable. Il s’était montré des plus blessant à la suite de mes messages, après tout. Pourquoi ne pouvait-il pas simplement accepter ma rédemption ? J’étais prête à lui accorder toutes les soirées du monde jusqu’à la fin de l’année et plus encore si cela pouvait effacer cet air boudeur de son visage. Rien ne me ferait probablement plus plaisir que cela, en réalité. La journée avait dilué mon mécontentement et me laissait dans un état d’esprit conciliant, plus que je pourrais l’être à l’égard de personne d’autre. Toutefois, il était bienheureux qu’il se soit décidé à venir… Je n’étais pas certaine que mon orgueil aurait résisté à son absence.

Junior abandonne finalement les constellations et leurs étoiles pour se redresser, relançant son regard à la recherche du mien. Je préfèrais très nettement ce que j’y lisais à présent, mon sourire en témoignait. Je prrrenais mon desserrrt et je m’essayais aux Inforrrmulés surrr la bougie. Un frrranc succès, comme tu vois ironisai-je. La frustration de ne parvenir à rien semblait bien loin, tout comme l’envie sincère de m’essayer à cette magie. Cela ne me ressemblait pas de prendre de l’avance sur le programme, mais il s’agissait après tout d’un avantage certain que celui de maîtriser la magie informulée. Surtout lorsque je n’avais rien d’autre à faire que de passer de longues heures seule dans une salle, persuadée que celui que j’attendais ne viendrait pas. Théoriquement, à raison, puisqu’il me l’avait clairement fait savoir. Quelle prrriorrrité as-tu abandonnée finalement ? Qu’avait-il dit ? Que l’ordre des priorités changeait à toute vitesse, ou quelque chose comme ça ? Evidemment, ça avait été destiné à me montrer son mécontentement quant au fait que je lui avais préféré Phoenix pour un soir. Rien de bien sérieux, n’est-ce pas ? Une moue légèrement suspicieuse vient cependant assombrir mes traits. Je préférais l’imaginer tournant en rond dans son dortoir à se demander s’il devait ou non venir jusqu’ici qu’à se prélasser avec je ne savais qui dans sa salle commune, finalement tiré de ce moment par la culpabilité de me laisser seule ici. Je n’étais pas une princesse sans défense qui avait besoin de son chevalier servant pour la saveur de l’ennui. Plutôt une Reine, à qui son Roi manquait cruellement, après une seule journée de brouille…, déterminée à ne pas céder un pouce de terrain en ne bougeant pas de cet endroit, prête cependant à bien d’autres concessions. N’était-ce pas ce que nous avions toujours fait, au fond ? Nous disputer pour nous retrouver comme si de rien n’était, les nuages dispersés d’un sourire ? Je préférais nettement ce rythme-là que celui des journées entières que nous avions déjà passées dans l’évitement le plus total.
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyDim 10 Mai - 0:05



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Je n’avais eu qu’à passer la porte pour qu’elle se mette à sourire. Juste comme ça, sans moquerie aucune. Elle leva les mains comme pour m’assurer qu’elle ne ferait rien qui pourrait me déplaire et son sourire sembla s’agrandir encore. J’aurais aimé pouvoir rester de marbre face à un tel accueil, honnêtement. Me ficher éperdument de son regard brillant, ignorer à la perfection l’espèce de ravissement qui semblait se dégager d’elle… Mais j’en étais bien incapable. Je tentais de donner le change, bien sûr, de garder un sérieux courroucé malgré tout mais j’avais juste envie de me poser à ses côtés et de reprendre notre existence comme si rien ne s’y était jamais mêlé. Comment aurais-je pu regretter de céder si facilement ? Je crois que de lui offrir ce qu’elle voulait alors même qu’elle ne le méritait pas vraiment n’avait plus grande importance. Il me semblait que je venais d’arriver exactement où je devais être, même si ça n’avait pas été le plan initial. Je ne voulais être nulle part ailleurs. Son regard ne me lâcha pas alors que je traversais la pièce pour la rejoindre. Le coussin à même le sol et les quelques bougies tremblotant donnaient un air bien étrange à cette salle magique. Dans le fond, nous n’avions sûrement pas besoin de beaucoup plus mais connaissant Erin, je peinais à l’imaginer rester posée là pendant je ne savais combien de temps… Bien sûr, ça lui arrivait, mais il y avait toujours un moment où son naturel agité reprenait le dessus, nous poussant bien souvent vers quelque aventure plus à son goût. Je m’installai à ses côtés, le courant d’air créé par mon arrivée charriant son doux parfum.

Si tu m’autorrrise un mot, rrrien qu’un, tu me vois rrravie d’apprrrendrrre que ton coeurrr t’a poussé ici.

Sans surprise, mes lèvres se fendirent d’un sourire un peu idiot. Peut-être que ça n’avait pas été la meilleure des formulations possibles, certes… Maintenant qu’elle le tournait à son avantage, ça me paraissait affreusement niais… mais affreusement vrai en même temps. J’étais là parce que c’était elle, rien d’autre. Il n’était pas dans mes habitudes de faire ainsi fi de toute vexation si rapidement. Certainement pas alors que j’avais juré que ça ne serait pas le cas ! Il fallait croire qu’il n’y avait vraiment que les imbéciles pour ne pas changer d’avis… et je voulais bien me targuer de ne pas en faire partie !

J’espère bien, oui.

Mais derrière toute la suffisance de cette réponse, la douceur qui faisait briller mon regard laissait entendre que je l’étais au moins autant qu’elle. J’aurais bien l’occasion de bouder plus tard, elle me donnerait mille et une autres raisons, tant pis pour ce soir… Je me laissai tomber sur le dos, observant le ciel avec un intérêt amusé. Je ne savais pas trop ce qu’avaient prévu tant Erin que la salle mais il me semblait, comme souvent auprès d’elle, que je n’avais besoin de rien d’autre. Ses doigts vinrent se perdre sur mon front, chassant une mèche qui y tombait sûrement, et mon sourire ne put que s’agrandir plus encore. Ma fierté pouvait bien agoniser sous le coup bas que je lui avais fait en venant jusqu’ici, moi je m’y plaisais totalement. Je me perdis un instant dans la contemplation minutieuse de son visage qui se découpait dans ce ciel étoilé et lâchai silencieusement un soupir satisfait. Oui, finalement cela valait bien quelques blessures à un ego difficile.

Bon et comment pourrrions-nous disperrrser le mécontentement lié à hierrr soirrr ?

Je haussai alors les épaules. Je ne voyais plus, chez moi du moins, l’ombre d’un mécontentement. Faiblesse extrême, sûrement, prête à faire fondre toutes les rancunes du monde pour un sourire sincère. Dans d’autres circonstances, je me serais sûrement détesté pour ça. Comment pouvais-je ainsi fermer les yeux sur un tel affront ?! Ça n’avait aucun sens ! Qu’avais-je donc fait de mes caprices sans fin et de mes bouderies tenaces ?! À moins qu’il s’agisse là de quelques excuses à peine esquissées…? Je ne supposais pas que j’étais en tort (il s’agissait de Reyes et ce simple fait me donnait parfaitement raison) mais peut-être y avais-je été un peu fort…? Un tout petit peu…? Non sans mal, je parvins à me rasseoir correctement, juste le temps de déposer un baiser au coin de ses lèvres. Je n’étais pas certain qu’il s’agisse là d’un moyen de disperser quoi que ce soit mais ça n’était pas très important. Elle m’avait manqué, aujourd’hui… C’était surprenant de voir à quel point sa présence m’était devenue indispensable au fil des ans… Alors même qu’elle était assise à côté de moi toute la journée, le silence que nous avions observé me l’avait rendue comme à des kilomètres. Je ne mis pas longtemps à m’affaler à nouveau, sans la moindre gêne.

Je prrrenais mon desserrrt et je m’essayais aux Inforrrmulés surrr la bougie. Un frrranc succès, comme tu vois.

Un ricanement m’échappa alors que la bougie agitait sa flamme devant nos yeux, presque railleuse. Loin de m’étonner qu’elle ait pu chercher à s’entraîner à quelque chose que nous ne verrions pas avant l’année prochaine, encore que je n’étais pas certain de voir quoi que ce soit, je trouvai que ça lui ressemblait bien. Taire ses intentions pour prendre de possibles adversaires par surprise et ainsi garder l’avantage… Il était presque étonnant qu’elle ne le maîtrise pas déjà, en fin de compte.

Je reste bouche bée devant un tel talent.

Je ne doutais pas qu’elle y parviendrait pour un peu qu’elle s’en donne la peine. Erin était douée. Pas très assidue, bien souvent, mais douée. Les Informulés ne seraient bientôt qu’une simple formalité mais cela me laissait un peu de temps pour la taquiner.

Mais tu peux continuer à t’entraîner, tu sais. Ça ne me gêne pas de te regarder agiter ta baguette dans le vide en attendant que quelque chose se passe, rajoutai-je alors que je délaissais enfin la bougie qui brûlait toujours.

Après tout, je venais me greffer à sa soirée, elle pouvait bien en faire ce que bon lui semblait. La seule chose qui m’importait vraiment, c’était sa compagnie. Qu’elle soit auprès de moi et non avec tout ce que Poudlard pouvait faire de plus infâme. Ce que nous pourrions bien faire du temps qui nous était imparti me semblait plus malléable. La Poufsouffle finit, plus ou moins, par me retourner ma question.

Quelle prrriorrrité as-tu abandonnée finalement ?

J’allais pour me moquer gentiment, trouver une excuse bidon qui aurait pu laisser sous-entendre qu’une quelconque compagnie remplaçait la sienne mais le voile sombre qui passa sur son visage me coupa toute envie de jouer à ça. Ça aurait été de bonne guerre, pourtant, qu’elle se sente aussi secondaire que ça avait pu être mon cas hier… Mais je n’étais pas assez cruel pour appuyer là où ça pouvait faire mal. Pas avec elle. Pas pour ça.

Le sauvetage de mon avenir, ma chère.

Je finis par rire à ma propre bêtise, espérant mine de rien chasser cette moue de son joli visage. Ça n’était pas forcément faux en soi, j’avais initialement prévu de lire un peu et d’avancer devoirs et révisions mais le trait était volontairement grossi pour lui faire comprendre qu’il n’y avait guère de priorité passant avant elle. J’avais juste espéré pouvoir me hisser au même niveau et laisser entrevoir que j’avais mieux à faire que d’accourir au moindre appel, fut-il d’elle… Mais force était de constater que je m’étais planté sur toute la ligne. Non seulement j’avais accouru mais en plus j’en étais pleinement satisfait.

Mais il paraît que c’était moins intéressant que de se vautrer sur un coussin géant au milieu de rien alors bon… j’ai fait un petit écart à l’ordre établi…
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyDim 10 Mai - 14:01

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Je prenais pour acquis le fait que Junior faisait de son royaume les endroits où il daignait s’étendre. Un lit, un autre, ce banc, ce coussin maintenant. Loin de le repousser hors de cette salle et de l’entraîner sur le chemin qui le ramènerait aux cachots des Serpentard, mes mots l’attirent jusqu’à cet îlot moelleux. Quelconque la seconde d’avant, le coussin prend une toute autre dimension, bien plus captivante, alors que mon meilleur ami s’y allonge avec sa nonchalance habituelle. Si je me sentais un peu sotte d’être aussi ravie de sa présence, ce sentiment ne dura guère longtemps. Tant pis pour la fierté et l’orgueil qui me soufflaient que j’aurais dû l’accueillir avec un peu plus de froideur que je ne l’avais fait. Ils n’attendaient tous les deux que la venue du Serpentard, ce n’était pas pour faire encore des façons alors que leur souhait se réalisait enfin. Peut-être que je ne me serais pas privée de me retrancher derrière une bouderie offensée si Junior avait coloré les minutes qui suivirent d’une palette allant de l’aigreur à la mauvaise foi, mais elle n’en fit rien et toutes mes velléités disparurent face à son sourire et cette douceur qui brillait dans son regard, effaçant sans mal les propos hautains qu’il tentait encore de tenir. Comme pour me prouver qu’il boudait malgré tout, comme pour se prouver qu’il ne cédait pas un pouce de terrain. Evidemment que je voyais sa présence comme une victoire ! d’aucuns se satisferaient de bien moins pour composer un succès. Mais ça n’était pas l’échec de son tempérament contre ma volonté ; plutôt l’accord de nos deux obstinations qui trouvaient un compromis. Conciliation et entente, deux mots que j’avais bien du mal à accorder en temps normal, pourquoi est-ce que ce soir cela semblait particulièrement aisé ? La réponse était d’une simplicité évidente : il m’avait manqué aujourd’hui, je pouvais faire cet effort-là. Aussi longtemps qu’il consentirait à ce même sacrifice d’une douceur séduisante.

Mes doigts se perdent sur son front pendant que son attention en fait de même dans le plafond étoilé. Avant que nos regards ne se retrouvent, provoquant des sourires jumeaux. Mon impatience volcanique était bien satisfaite que mon entêtement l’ait emporté ce soir et m’ait empêchée de quitter ce lieu. Nous devions avoir l’air bien idiot à nous complaire ainsi de la présence de l’autre. Je pouvais presque entendre le claquement de langue réprobateur de Finn. Mais à quoi est-ce que lui ressemblait, avec Carla, hein ? Non, à certainement rien de similaire. Cette relation-là que nous partagions, elle était unique en son genre. Et de toute façon, mon caractère était bien différent de celui de mon frère, bien plus expressif, bien plus impulsif, bien plus émotif.

Junior se redresse après un haussement d’épaules que j'interprète bien librement comme une absence de mécontentement de sa part. Et son baiser fut à l’image de ces tendresses volées à la bienséance : délicieusement furtif. Si c’était là notre nouvelle manière d’annoncer une reddition et d’agiter un drapeau blanc, cela me convenait parfaitement. Trop parfaitement peut-être, caresse qui laisse une ombre niaise sur mes lèvres ourlées d’un sourire, et l’envie de recommencer au fond de mes pupilles. C’était stupide et adolescent, mais plus rien n’avait d’importance. C’était ainsi : ses mots secs de la veille, son silence du jour, tout était facilement effacé par sa présence et son manque flagrant d’air accusateur. Par ses lèvres au coin des miennes surtout. Il n’était pas là pour faire la guerre, plutôt la paix, et ça me convenait au-delà du raisonnable. S’il consentait à ne pas se draper dans son orgueil blessé par je ne sais quoi, je consentais de bon coeur à abandonner encore un temps mes railleries habituelles. À abandonner Phoenix, aussi. À ne pas parler d’elle, ni de cette mauvaise nouvelle qui l’avait laissée anéantie, comme je ne l’avais jamais vue. Nous contournerons cette querelle qui ne manquerait pas de brûler par les deux bouts si nous commencions seulement à l’effleurer.

Déjà le roi paresseux se rallonge sur son trône horizontal. Lui ne se gêne pas pour se moquer ouvertement de moi, alors j’imagine que je pouvais me draper dans cette fausse fierté exagérée le temps de le toiser avant que mon sourire ne reprenne ses droits. Ça va aller, je ne voudrrrais pas t’éblouirrr de ma rrréussite. Et puis, j’ai plus captivant qu’une bougie. Si je n’avais pas posé ma baguette à son arrivée, je l’aurais pointée sur son visage pour tenter un Bloclang informulé. Cet insolent ne méritait rien de moins que cela. Plus imperrrtinent, aussi. Mais le bois de tremble reposait près du bord du coussin, alors je me laisse glisser à côté de Junior, abandonnant une magie pour une autre.

Avec un moue sombre, je lui retourne plus ou moins sa question, l’interrogeant sur ce qu’il avait abandonné derrière lui pour me retrouver. Sa réponse efface bien rapidement l’air morose de mes traits et un rire narquois le remplace. Tu veux parrrler de cet avenirrr qui n’attend que toi et ne se prrréocuppe guèrrre de tes notes ? C’est que Monsieur était destiné à succéder à son père à la tête de l’entreprise familiale florissante. Et ça n’étaient ni les cours de potions, ni ceux de sortilèges, ni ceux d’histoire de la magie qui changeraient quoi que ce soit à cette destinée. Mon meilleur ami était loin d’être le plus assidu en cours, loin d’être le plus imbécile cependant. En fait, j’imaginais sans peine qu’il se contentait du moindre effort en sachant que son avenir n’en pâtirait pas. Junior d’Archambault serait un riche homme d’affaires à la tête de l’une des plus grandes maisons d’édition, voilà qui ne s’apprenait pas à l’école. Je ne suis pas cerrrtaine qu’il rrreste quoi que ce soit à sauver, mais si tu veux, j’ai un livrrre. Ou je peux t’entrrraîner aux Inforrrmulés, que je maîtrrrise à la perrrfection, évidemment. Je n’avais aucune intention de faire ni l’un, ni l’autre, convaincue que nous étions très bien ainsi, à ne pas nous préoccuper de nos études. Peut-être que l’un de nous deux aurait dû s’en inquiéter un peu plus : Grand-Père avait beau être influent, il me fallait certains résultats pour atteindre mon objectif. Mais cela pouvait bien attendre demain, ou le surlendemain, ou tout autre moment où la présence de mon meilleur ami ne m’arracherait pas à des obligations scolaires importunes.

Tu sais, si le coussin ne te convient pas, on doit pouvoirrr demander autrrre chose à la salle. Mais il me parrraissait bien plus grrrand avant que tu ne t’y allonges… Tu n’abuserrrais pas un peu des desserrrts parrr hasarrrd ? fais-je en me redressant, à peine, comme pour constater de mes propres yeux que Junior envahissait tout notre siège. Je n’étais définitivement pas celle qui prrrenait toute la place surrr ce banc. Un rire assassine le sérieux que j’avais tenté d’insuffler à mes propos. Nous pouvions largement tenir à plus de deux sur cet étendue de tissu rembourré, Junior avait toute la place de s’y étendre. Moi, j’étais très bien, allongée contre lui, mes doigts se perdant parmi les siens, retrouvant sa présence et son contact avec une tendresse qui m’enveloppait. Un petit soupir apaisé franchit mes lèvres, sa chaleur réconfortante me ramenant plusieurs mois en arrière. C’était insensé comme je chérissais ces instants passés chez lui cet hiver, loin du monde et de ses habitants. J’avais l’impression que ces heures volées avaient clôturé un temps d’insouciance enfantine, pour ouvrir le suivant, émaillé de bien des disputes, mais d’autre chose aussi, autre chose que je ne parvenais pas à regretter, pas un seul instant, même quand cela nous poussait à nous bouder une journée entière. Je suis la derrrnièrrre qui me plaindrrrait de cet écarrrt finis-je par dire, mon visage se relevant pour tenter de croiser le regard de Junior.
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyDim 10 Mai - 16:06



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Ainsi étendu près d’elle, loin de l’orage de la veille, je peinais presque à comprendre ce qui m’avait tenu éloigné si longtemps. Oh, bien sûr, en soi je le savais… C’était une question de fierté, un abandon éhonté, tout était logique… du moins en théorie. Ça ne m’avait plus l’air si important en pratique. Il était probable que mon ego agonisant, hurlant sûrement à la trahison d’avoir été ainsi délaissé pour une intimité rassurante, ne le voyait pas de cette manière bien longtemps et qu’il se réveillerait d’un coup d’un seul pour me faire monter au créneau pour un détail quelconque, mais pour l’instant, il était tenu au silence par le sourire d’Erin. Je voulais bien fermer à jamais les yeux sur nos différends pour un peu qu’elle continue à poser sur moi ce regard-là. J’avais la sensation délicieuse d’être le centre du monde. Du sien, en tout cas, et c’était bien là tout ce qui m’importait. J’essayai tant bien que mal de m’accrocher aux branches et de sauver le peu d’honneur qui subsistait dans ce combat perdu d’avance mais ça ne dura qu’un instant avant que mes piètres tentatives ne fondent dans un sourire bête et heureux. Tant pis pour l’honneur, elle valait bien davantage ! Ses doigts s’abandonnèrent sur mon front, et moi je m’abandonnais tout entier à son attention. C’était surprenant de voir combien il était facile de succomber ainsi aux charmes d’une fille… Un sourire, un regard et toute volonté était mise au placard pour la promesse d’une autre tendresse. Enfin… Je doutais qu’il s’agisse seulement « d’une fille », c’était plutôt « cette fille ». Si je n’étais pas insensible au charme féminin dans son intégralité, j’étais humain après tout, il me paraissait évident qu’aucune, jamais, n’était arrivée à la cheville d’Erin. Il y avait toujours eu quelque chose de différent, chez elle, quand bien même je demeurais incapable d’expliquer quoi… Mes lèvres se perdirent aux abords des siennes dans une douceur adolescente avant que je ne me laisse aller à quelque autre élan de paresse habituel. Que nous devions avoir l’air bête à sourire comme deux parfaits demeurés au moindre mot, au moindre geste, à enterrer la hache de guerre sous des caresses faussement innocentes et des baisers maladroits ! Pourtant ça ne faisait rien et pour la première fois depuis des années, depuis toujours peut-être même, je voulais bien n’être qu’un môme parmi tant d’autres, découvrant avec un plaisir coupable un monde qui m’avait jusque là laissé de marbre.

Ça va aller, je ne voudrrrais pas t’éblouirrr de ma rrréussite. Et puis, j’ai plus captivant qu’une bougie. Plus imperrrtinent, aussi.

Ses premiers mots m’arrachèrent un rire taquin. C’est que, de la réussite, il n’y avait pour l’instant rien à voir ! Toutes les bougies de la pièce flamboyaient fièrement, la flamme moqueuse devant un tel échec. Mais la suite assassina dans l’oeuf toute potentielle raillerie. À la place, je me rapprochais presque imperceptiblement d’elle, laissant mes doigts glisser sur sa joue avant de se perdre dans son cou. J’aimais le goût d’interdit que laissaient ces instants en sa compagnie. S’ils l’avaient toujours un peu eu, nous avions toujours enfreint quelques règles pour y arriver… Ce soir, il n’y avait besoin de rien. Aucun règlement à violer, aucun territoire à s’approprier… Rien de tout ça… Nous étions dans notre bon droit mais pourtant jamais il m’avait semblé m’en éloigner à ce point. Les regards dont j’avais toujours prétendu n’avoir que faire s’imposaient d’eux-mêmes sans que je ne le désire vraiment. Je me demandais ce qu’en penserait Finnbjörn… ou leurs grands-parents… imaginai sans mal le désespoir muet de ma mère… Ce qui n’avait toujours été qu’une amitié étroite prenait aujourd’hui des chemins plus tortueux sur lesquels nous nous égarions un peu.

Tu veux parrrler de cet avenirrr qui n’attend que toi et ne se prrréocuppe guèrrre de tes notes ?
Lui-même, oui, répondis-je dans un souffle amusé.

Bien sûr, je m’étais toujours parfaitement complu dans l’idée qu’un futur tout tracé m’attendait à la sortie de Poudlard, que je n’aurais qu’à marcher dans des pas qu’on avait déjà tracés pour moi, sans trop d’efforts, sans la moindre angoisse face à un possible échec… On me tiendrait la main tant qu’il le faudrait et même lorsque je déploierais moi-même mes ailes, je resterais bien sagement dans quelque chose qui m’était connu depuis toujours… Mais j’aurais aimé, malgré tout, pouvoir prétendre mériter tout ça. Qu’on attribue une possible réussite à quelque chose de plus personnel qu’au le piston paternel. Qu’on puisse au moins m’offrir le mérite des heures désespérées que je perdais chaque année pour des résultats somme toute moyens. J’avais bien conscience que l’adolescence ne me réussissait guère sur ce plan-là et que j’avais pris la mauvaise habitude (ces derniers temps encore plus que d’ordinaire) de me laisser porter dans les matières où j’étais le plus en difficulté, sachant pertinemment que je ne les continuerais jamais… mais je n’en faisais pas moins l’effort de m’acharner dans bien trop d’autres… Par fierté, j’aurais souhaité qu’on puisse le reconnaître un jour… que mes parents soient fiers… qu’ils puissent prétendre que leur unique héritier était autre chose qu’un tir-au-flanc… Mais si je ne doutais pas que ma mère le savait, nous avions connu bien trop d’obstacle dans mes premiers apprentissages pour qu’elle ne sache pas le combat quotidien que cela pouvait être pour moi de garder la tête tout juste hors de l’eau, je savais pertinemment qu’il n’y avait qu’elle pour le savoir…

Je ne suis pas cerrrtaine qu’il rrreste quoi que ce soit à sauver, mais si tu veux, j’ai un livrrre. Ou je peux t’entrrraîner aux Inforrrmulés, que je maîtrrrise à la perrrfection, évidemment.

Un petit pincement réprobateur vint chahuter sa hanche alors que je gloussais bêtement. Un geste négatif fit s’agiter quelques mèches en guise de réponse. Je n’étais pas à une soirée de perdue ! Surtout qu’elle ne l’était pas vraiment. Elle ne ferait avancer aucun devoir, c’était évident, mais jamais le temps me semblait mieux utilisé que lorsqu’il était ainsi tué en sa compagnie.

Laisse-moi maîtriser les Formulés d’abord, veux-tu, on verra le reste après.

Mais ça ne me semblait pas très urgent, ça non plus. J’étais bien plus enclin à paresser sur ce coussin énorme plutôt qu’à tenter de braver ma baguette. Il y avait des heures, trop d’ailleurs, qui existaient exprès pour ce genre de choses et celle-ci n’en faisait aucunement partie.

Tu sais, si le coussin ne te convient pas, on doit pouvoirrr demander autrrre chose à la salle. Mais il me parrraissait bien plus grrrand avant que tu ne t’y allonges… Tu n’abuserrrais pas un peu des desserrrts parrr hasarrrd ?

J’allais docilement lui répondre qu’il me convenait parfaitement lorsqu’elle reprit. Sur mon visage se lit une surprise outrée avant que je ne me mette à rire de plus belle. Ça me rappelait l’indélicatesse taquine dont j’avais pu faire preuve l’autre soir, alors qu’elle avait grimpé sur mon dos comme un petit singe sur un arbre… Mais ça n’excusait pas tout ! Je ne lui permettais pas ! Et puis c’était sa faute, en plus, c’était elle qui noyait mes craintes dans des pâtisseries ! Sous son regard moqueur, je m’étalais plus encore sur ce lit étrange, mais toute la bonne volonté du monde ne suffit pas à m’en faire occuper ne serait-ce que la moitié. Il était interminable et pourtant nous nous retrouvions l’un contre l’autre, comme si nous étions à l’étroit. Cette constatation me fit rosir légèrement alors que j’avisais discrètement des quelques centimètres, à peine, qui nous séparaient encore.

Je n’étais définitivement pas celle qui prrrenait toute la place surrr ce banc.
Si tu veux, je peux aller m’installer ailleurs. Loin de moi l’envie de déranger ton confort.

Pourtant, je n’esquissai pas le moindre geste, mes doigts profitant de la chaleur des siens, mon regard perdu dans la contemplation éhontée de ce visage rieur qui me faisait face. Je n’avais pas l’intention d’aller où que ce soit, c’était évident. Il me tardait d’être débarrassé du carcan de Poudlard et de la suivre, pour la première fois, loin des couloirs de l’école. Je ne supposais pas un seul instant que toutes nos vacances puissent ressembler à ça, quand bien même je pouvais le souhaiter sincèrement, mais réussir à trouver chaque jour des heures entières loin du monde, loin des conventions et de la bienséance, continuer ainsi à avancer sans trop savoir où nous allions mais avec le plaisir indéfectible d’y aller ensemble…

Je suis la derrrnièrrre qui me plaindrrrait de cet écarrrt.

Je ne me fis pas prier pour me noyer dans l’océan de son regard, un sourire attendri flottant vaguement sur mes lèvres. Je n’avais l’impression d’être bon qu’à ça, de toute façon. Rire pour un rien et avoir l’air perpétuellement idiot. Je ne contrôlais pas grand chose de toute façon, elle n’avait qu’à croiser mon chemin pour que toute trace d’intelligence me quitte en un instant mais il n’y avait rien qui me plaisait davantage. Et dire que j’avais passé des années entières à ricaner en regardant ces grands et leurs airs benêts, jurant tous les dieux que jamais on ne m’y prendrait ! C’était un échec cuisant… Et j’en étais ravi.

Le contraire m’aurait vexé, admis-je distraitement tandis que je lâchai ses doigts et que mon bras glissait un peu timidement autour de sa taille.

C’était étrange d’avoir l’impression de franchir quelques barrières tenaces sans même être sûr qu’elles existaient encore, de voguer entre deux eaux sans être capable de savoir laquelle serait préférable… Il n’y en avait probablement pas. L’incertitude qui nous enveloppait avait quelque chose de rassurant. Tout était exactement ce que nous connaissions mais en même temps légèrement différent. Juste assez pour nous ouvrir de nouvelles portes, trop peu pour paraître effrayant…
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyLun 11 Mai - 0:38

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Qui s’attendait à des éclats de voix lourds de colère et des fiertés brandies l’une contre l’autre aurait été bien déçu en nous voyant sur cet immense coussin, Junior allongé de tout son long comme s’il était déjà chez lui, et moi le rejoignant, la douceur de ses lèvres au coin des miennes éveillant cette envie, au creux de mon ventre, d’encore. Avions-nous l’air idiot ? Assurément. Jamais mes sourires n’avaient été aussi tendres et nos oeillades aussi dénuées de moquerie. Il y en avait ! il y en avait toujours. Mais elle était bien vite remplacée par ce quelque chose en plus, ces douceurs adolescentes dans lesquelles nous nous complaisions si facilement. Qu’en penseraient-ils, tous, s’ils nous voyaient ainsi étendus côte à côte, ne nous souciant de plus rien, pas même de nos querelles habituelles ? Je repensais aux propos de Finnbjörn et n’étais pas assez sotte pour croire qu’il ne se doutait de rien. Peut-être même qu’il avait décelé bien avant moi ce que je peinais encore à déterminer. Qu’avait-il dit, déjà ? Que ma relation avec mon meilleur ami avait bien changé ? Non, pas changé, évolué plutôt. Il m’en avait semblé mécontent, sans que je ne cherche à approfondir la question. Cela faisait alors plusieurs jours que Junior ne me parlait plus, et penser à lui éveillait un ressentiment volcanique que je n’avais pas le coeur à ressasser en présence de mon jumeau. Il n’y avait pourtant rien chez le Serpentard qui pourrait déplaire à quiconque. Ou en tout cas, rien qui puisse me déplaire, à moi. Pas même cette mauvaise foi capricieuse qui enflammait mes nerfs aussi facilement qu’un Incendio le ferait d’une feuille morte. Oui, assurément, j’avais l’air bien stupide dès qu’il me gratifiait de ces tendresses si plaisantes, et pourtant, je n’aurais échangé ma place pour rien au monde. Qu’importe ce que pourraient en penser les miens, la réprobation de mes frères ou de mes grands-parents me semblaient bien lointaine, à l’abri dans ce tout nouveau royaume.

Dans un rire espiègle je lui propose de s’adonner à la lecture du grimoire que j’avais si vite délaissé pour lui préférer un entraînement qui n’avait mené à rien de concluant. Ses doigts se chargent de condamner ma moquerie, j’en profitai impudemment pour m’en saisir et leur préférer une étreinte à ces pincements réprobateurs. Comme monsieur le souhaite réponds-je négligemment, peu mécontente de ne pas avoir à m’entraîner à quoi que ce soit. J’avais suffisamment occupé mon temps avant l’arrivée de mon meilleur ami, je n’avais pas envie de faire autre chose que me perdre dans sa compagnie. Et puis, ces derniers temps, je nous trouvais d’une sagesse exemplaire : les BUSEs approchaient et jamais nous n’avions été aussi assidus, à passer bien trop de temps, à la bibliothèque ou ailleurs, dans des révisions chronophages. Personnellement, je ne trouvais bien mieux ici, sur ce coussin aux allures d’oasis lointain, lovés sous les étoiles. Je chasse les mèches que son mouvement de négation avaient ramenées sur son front, mon regard clair teinté d’amusement, et de tendresse, à croire qu’il ne pouvait plus s’en passer dès lors qu’il se posait sur les traits de mon meilleur ami.

Son rire était décidément une mélodie qui plaisait particulièrement au mien, le déclenchant comme un écho. Comme pour me prouver que j’avais tort, il s’étend un peu plus, bien loin d’assassiner tout l’espace qui s’offrait à nous, que nous réduisions pourtant à un tiers à peine. En même temps, ce n’était pas de l’autre côté que j’avais envie d’être, parce que ça n’était pas de l’autre côté que Junior se trouvait. C’était bien le seul intérêt de ce siège infini, en réalité. Tu peux essayer répliqué-je avec insolence, sans bouger d’un millimètre, mes prunelles ancrées dans les siennes le mettant au défi de seulement tenter une échappée. Je ne disais pas que je le poursuivrais jusqu’au bout de cet immense coussin, mais je ne disais pas l’inverse non plus. Tout semblait bien simple ce soir, c’en était presque déroutant, un brin étourdissant aussi. La dernière fois que nous nous étions perdus dans cette simplicité merveilleuse, nous avions encore trouvé, et le moyen de nous mettre en danger - bien que je ne regrette rien - et celui de nous endormir en colère contre l’autre. Je serais pourtant la dernière à m’en plaindre, sachant aussi bien que lui que les orgueils n’étaient jamais très loin. Pour l’instant ils étaient assoupis, qu’ils le restent encore quelques heures, rien de cette pièce n’avait l’air de pouvoir nous atteindre. Demain apporterait assez vite un nouveau lot de mécontentements auxquels il faudrait nous soumettre.

C’était facile de se perdre dans la clarté de son regard et dans cette douce chaleur qui m’envahissait alors. Son bras autour de ma taille achève de refermer cette bulle autour de nous, la même que d’habitude, et pourtant si différente. C’était une impression vague d’être au milieu de quelque chose de trop grand pour nous, mais l’inconnu avait en même temps ceci de fascinant qu’il était partagé avec Junior. Peu importe, au fond, c’était d’une simplicité unique, avec lui. Aussi bien nos disputes tissées à partir de rien que ces moments hors du temps où ne restait que la complicité et un brin de cet autre chose aux saveurs d’interdit. Toute la distance réduite à néant par une étreinte silencieuse et son parfum qui m’enveloppe aussi sûrement que son bras, le mien se perdant jusqu’à sa joue sur laquelle j’abandonne quelques caresses, ma joue appuyée contre son torse. S’il trouvait encore de quoi se vexer, c’est qu’il était et serait à jamais un éternel insatisfait.

J’étais bien, là, mieux, bien mieux, qu’ailleurs. Et si ce n’était mon esprit impulsif et incapable de rester calme bien longtemps, j’aurais parfaitement pu m’assoupir ici, contre Junior, et ne me réveiller que plusieurs heures après, voire le lendemain matin. Mais comme toujours, je finis par rompre le silence tranquille qui nous enveloppe, roulant sur le ventre pour me redresser légèrement. Je me perds quelques secondes en chemin dans le regard que Junior pose sur moi, avant de déclarer l’air de rien, plus occupée à détailler ses traits qu’à m’intéresser à ce que je lui disais. Grrrand-Pèrrre ne voit aucun inconvénient pourrr cet été, Aussi bien pour me laisser découvrir la France aux côtés de mon meilleur ami que pour l’entraîner avec moi jusqu’en Norvège dès que le mariage de sa cousine serait terminé. Si de longues journées de mondanités n’avaient absolument rien d’attrayantes, elles prenaient un jour tout nouveau dès lors que c’était pour les passer en présence de Junior. si ça tient toujourrrs. Nous n’en avions pas reparlé depuis Pré-Au-Lard, mais, pour ma part, l’idée lancée cet après-midi là avait fait office de promesse qui n’attendait que la confirmation parentale. Je me disais d’ailleurrrs qu’il pourrrait êtrrre utile que tu m’apprrrennes quelques mots de frrrançais, autrrres que ceux que je maîtrrrise déjà, ou bien je rrrisque d’appeler votrrre ministrrre mon amourrr et je ne suis pas sûrrre que ce serrrait du meilleurrr effet. Mon sourire dévoilait clairement tout le sérieux que j’accordais à mes propres mots, quoique l’effort d’acquérir quelques notions supplémentaires dans cette langue pompeuse que mon meilleur ami maîtrisait à la perfection ne me paraissait pas insurmontable. Même si ce n’était pas tant pour communiquer avec ce que la société sorcière française faisait de plus pure que pour donner une bonne image des Sørensen, à la hauteur de notre lignée, comme me l’avait clairement ordonné mon aïeul.

Quant à proposer l’inverse, cela ne me traversa pas l’esprit. J’imaginais très mal entendre un jour du norvégien de la bouche de mon meilleur ami. Déjà parce que les sonorités bien âpres de ma langue maternelle ne s’associaient pas avec le flegme de la langue anglaise ou les accents ampoulés de la langue française, et puis ensuite parce que nous parlions tous anglais et que nous évitions d’échanger en norvégien lorsque nous avions des invités. Il en allait de la bonne éducation, après tout. Cependant, ces considérations linguistiques me ramenèrent à d’autres, tout aussi prosaïques, mais qui m’arrachent un sourire amusé. J’ai finalement quelques idées pourrr nommer l’autrrre stupide oiseau l’en informé-je, bien que ma récente responsabilité à l’égard de cet animal ne soit pas une source de préoccupation pour mon meilleur ami, tout au plus une source de moquerie éternelle, que mes prunelles lui conseillaient présentement de délaisser sous peine de lourdes représailles.
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyMar 12 Mai - 16:17



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

L’idée de faire quelque chose de cette soirée ne me paraissait pas très enviable. Évidemment, je ne doutais pas qu’Erin finirait par en avoir assez de paresser sur son coussin géant mais, pour l’heure et tant qu’elle ne se rebellait pas, je me contentais à la perfection de ce rien tranquille qui nous enveloppait tous les deux. J’aurais bien le temps de réviser ou de chercher à apprendre je ne savais quoi. J’avais toute une vie, pour ça ! Nous n’étions pas à quelques minutes, quelques heures dans le meilleur des cas. Et puis, quand bien même il faudrait bouger pour assouvir quelque désir de ma meilleure amie, je n’avais aucune envie de le faire pour réviser. C’était non d’avance ! Je n’avais pas délaissé mes livres pour rejoindre les siens, ça n’avait aucun sens ! Ne l’avais-je pas de toute façon déjà fait la veille, quand il avait fallu occuper, seul et abandonné, la soirée qui aurait dû lui être consacrée ? Je revoyais d’ici les heures lentes qui s’étaient écoulées entre quelques lignes de sortilèges et autres malédictions toutes tournées vers cette Gryffondor stupide… Je n’avais aucune envie de recommencer pour l’instant. Les BUSEs étaient encore loin… nous avions le temps… rien qu’un peu… Mes doigts se chargèrent de lui faire tendrement payer sa moquerie mais ce fut loin d’avoir l’effet escompté. Elle ne sembla pas culpabiliser rien qu’une seconde et attrapa doucement ma main, la gardant ainsi dans la sienne. Mes lèvres s’étirèrent davantage, dans un sourire toujours plus attendri, alors que je la lui laissais sans broncher. Nous devions avoir l’air fin, ainsi étendus au milieu d’une salle presque vide, cherchant encore et toujours des contacts qui ne nous avaient jamais fait défaut.

Comme monsieur le souhaite.

Elle ne semblait pas plus encline que moi à verser dans l’utilité. Il n’y avait là rien d’autre qu’un amusement tranquille et le plaisir évident de profiter de sa présence. Comme à chaque fois. …ou presque. Ça me ramenait des mois en arrière, alors que nous prenions nos aises dans mon appartement déserté de toute autorité parentale, alanguis sur mon lit et rêvassant tout éveillés sous les effets grisants de nos bêtises. Ça avait l’air tellement loin, en réalité… Comme si Décembre appartenait à une autre vie. Il s’était passé tellement de choses depuis… Pas que des bonnes, loin de là… C’était étrange d’avoir l’impression que tout avait changé mais que tout était sensiblement identique en même temps. Enfin, ce soir, qu’importe les ombres qui avaient pu se poser sur notre existence, je n’en voyais aucun. Il n’y avait que nos rires qui éclataient à l’unisson et des sourires complices. Il ne me fallait guère davantage. Il n’y avait bien qu’elle qui savait si bien contenter mon caractère capricieux. Elle valait bien tout ce que je pouvais vouloir au monde, et même infiniment plus. Ça avait toujours été le cas, aussi loin que je me souvienne… Qui aurait cru que cette enfant sortie de nulle part serait toujours à mes côtés bien des années plus tard et me deviendrait aussi essentielle…?

Presque à sa demande, je finis par m’étaler davantage, tentant tant bien que mal de prendre un maximum de place sur notre lit d’appoint. Ce fut évidemment un échec, nous pourrions y rentrer facilement à quatre sans nous sentir à l’étroit, mais ça ne sembla pas me chagriner rien qu’un instant. Je m’offusquai à moitié de ses viles moqueries et laissai alors entendre que j’étais prêt à lui laisser tout l’oreiller si seulement ça lui faisait plaisir. Je n’avais pas vraiment l’intention de bouger, c’était évident, mais si Madame le demandait, peut-être que je pourrais faire un petit effort. C’est que je n’avais pas envie que ce prétendu abus de desserts nuise à son petit confort !

Tu peux essayer, lâcha-t-elle avec insolence.

Mon regard se fit suspicieux. D’un côté, j’avais bien envie de lui prouver que j’étais capable de m’éloigner, juste pour la beauté du geste et l’espoir qu’elle me retienne… Mais d’un autre, je craignais qu’elle ne le fasse pas seulement pour me prouver qu’elle était au-dessus de ça. Il fallait bien avouer que j’étais bien, là, tout proche d’elle et que l’idée de me retrouver à l’autre bout de la pièce ne m’enthousiasmait pas beaucoup. Doucement, je roulai un peu en gloussant, m’éloignant à une lenteur affolante. Je ne pris pas la peine d’aller bien loin, à un mètre d’elle à peine, un juste équilibre entre sa présence et ma fuite. Elle n’aurait sûrement qu’à tendre le bras pour me rattraper… si tant est qu’elle ait vraiment envie de le faire, ce dont je n’étais pas bien sûr.

Quoi qu’il en soit, mon éloignement ne dura que quelques minutes avant que le fil de notre soirée reprenne ses droits et n’assassine plus encore la moindre distance qui tentait de se mettre entre nous. Mon bras autour de sa taille, ses doigts sur ma joue… j’étais bien. Nous empruntions des chemins connus qui revêtaient aujourd’hui des airs étrangement différents. Il n’était pas rare de s’abandonner ainsi à quelques caresses mais cela me semblait plus agréable que d’ordinaire. Comme si les rapprochements maladroits dont nous étions victimes depuis quelques jours délicieux me faisaient poser sur nos habitudes un regard différent. Vaguement moins innocent, peut-être… Le temps se suspendit. J’aurais pu rester là des heures, toute la nuit même, me prélassant sans l’ombre d’une hésitation dans cette chaleur rassurante. Mais il était évident qu’Erin ne pouvait supporter une telle inertie très longtemps. Elle s’agita rapidement et roula sur le ventre, son regard accrochant la légère déception du mien. C’était injuste ! Nous étions bien, non ? J’aimais la sentir tout contre moi et réaliser inconsciemment que nous pourrions profiter de ce moment jusqu’au bout de la nuit… Finalement, ça n’avait pas tenu si longtemps…

Grrrand-Pèrrre ne voit aucun inconvénient pourrr cet été.

Tout ça pour ça…? Elle ne pouvait pas me le dire sans briser la tendresse de notre étreinte ? Je l’aurais entendue exactement de la même manière ! Péniblement, presque à contre-coeur je me redressai à mon tour. Le coude planté dans le matelas, la tête pesant lourd dans ma main, je la fixais en attendant la suite. Parce qu’il y en aurait sûrement une, non ? J’espérais en tout cas.

Si ça tient toujourrrs.
Pourquoi ça ne tiendrait plus ?

Je n’avais pas encore eu de réponse à la dernière lettre que j’avais envoyé à mes parents, peu après la soirée de van Aken, mais je ne doutais pas qu’ils ne verraient aucun inconvénient à me laisser partir quelques jours avec les Sørensen. Ils avaient certainement bien plus confiance en eux que ça pouvait être mon cas. Ils me sauraient certainement en sécurité et assez bien entouré pour ne pas faire n’importe quoi. Personnellement, je n’en étais pas aussi sûr… mais la seule perspective de quelques jours de plus aux côtés d’Erin me poussait à fermer les yeux sur les craintes que cela pouvait bien m’inspirer en même temps. Je ne savais pas à quoi m’attendre… Et dans le doute, je préférais m’attendre au pire… Tranquillement, mes doigts reprirent leurs droits sur elle, glissant le long de son dos. C’était presque instinctif, comme si mon inconscient voulait profiter de chaque instant passé loin du monde et se perdre en caresse avant d’avoir à retrouver la bienséance.

Je me disais d’ailleurrrs qu’il pourrrait êtrrre utile que tu m’apprrrennes quelques mots de frrrançais, autrrres que ceux que je maîtrrrise déjà, ou bien je rrrisque d’appeler votrrre ministrrre mon amourrr et je ne suis pas sûrrre que ce serrrait du meilleurrr effet.

Je ne pus m’empêcher de rire en l’entendant. Je n’avais aucun mal à imaginer la scène ! Nous pourrions très bien le justifier par une méconnaissance de la langue et laisser le regard outré de bien du monde assister à une fuite gloussante. Mais quelque chose me disait que sa famille ne serait pas ravie d’avoir à supporter quelques frasques supplémentaires. Au même titre que la mienne d’ailleurs… Si mes parents acceptaient que j’embarque quelqu’un avec moi, ça n’était sûrement pas pour les couvrir de honte ! C’était dommage, cela dit, je trouvais l’idée séduisante et diablement amusante !

Tout ce que tu voudras, acceptai-je alors que mon sourire peinait à se défaire de cet air un peu canaille qu’elle y avait fait naître avec ses bêtises. Même si, entre nous, je doute que ça le dérange beaucoup… Ce serait flatteur qu’une aussi charmante jeune fille se permette de le draguer à moitié.

Même si, en soi, ça devait tout de même arriver régulièrement… Je n’avais aucun mal à croire que c’était tout à fait le genre de Reyes de minauder bêtement auprès de quiconque avait argent et pouvoir dans l’espoir, je l’espérais, vain d’en profiter également. Elle avait toujours très bien retenu les surnoms idiots dont je la gratifiais depuis des années, elle se souviendrait sûrement aussi bien du reste. Il y avait quelque chose d’agréable à l’idée qu’elle fasse l’effort d’apprendre quelques phrases dans une langue qu’elle ne comprenait pas, seulement parce que j’avais eu le malheur de l’inviter à un mariage sans importance… J’avais l’impression qu’elle entrait un peu plus dans la vie que je menais loin de Poudlard et qui lui avait toujours été plus ou moins inconnue. J’avais bon espoir que le regard de ma mère change un peu en voyant ses efforts.

En tout cas, j’ai hâte de voir comment tu te débrouille, mon ange.

Ce qui était parfaitement sincère. Il n’y avait pas l’ombre d’une moquerie, seulement quelque taquinerie touchée. L’idée d’en faire autant, si elle me traversa l’esprit, ne s’arrêta pas pour autant. Il était probable que j’essaye de retenir quelques mots de base, ne serait-ce qu’un bonjour ou un merci, mais je n’avais aucun espoir de faire mieux. Et pas forcément envie non plus, pour être parfaitement honnête. Il y avait toujours quelque chose d’envoutant à l’écouter parler Norvégien, des réminiscences d’une magie ancienne dont je ne savais rien et qui m’apparaissait presque merveilleuse. Les sonorités me semblaient souvent vilaines mais leur assemblage faisait immanquablement voyager au travers de l’espace et du temps. Est-ce que c’était égoïste de ne pas vouloir perdre ça ? Sûrement un peu… Mais elle ne m’en tiendrait probablement pas rigueur… du moins, je ne le pensais pas.

J’ai finalement quelques idées pourrr nommer l’autrrre stupide oiseau.
Merveilleux… Ton pigeon va enfin avoir un nom…

Le sourire mal camouflé qui ourlait mes lèvres laissait entendre sans l’ombre d’un mal que mon manque évident d’entrain n’était là que pour l’embêter. Je n’avais strictement rien contre ce pauvre oiseau, tant qu’il ne se mettait pas à piailler à n’en plus finir comme ce fut le cas en cours de Soins la dernière fois… Je gardais même de bons souvenirs de sa venue au monde quand, penchés au-dessus de l’oeuf comme deux imbéciles, nous le regardions casser sa coquille avec une attention toute particulière. Je n’avais jamais vraiment su pourquoi c’était moi qu’elle était venue chercher ce jour-là, plutôt que son merveilleux Misha qui avait sûrement connu plus ou moins la même chose au même moment, alors que je n’y connaissais strictement rien et que mon intérêt pour les volatiles se limitait au moment où je voyais le hibou de mes parents arriver avec un paquet quelconque à la table du petit-déjeuner. Je ne le saurais sûrement jamais, en réalité, et n’avais aucun mal à me faire à l’idée. Parfois, l’ignorance avait du bon…

Bon, alors, ces idées…? Ne te fais pas prier ! Et puis, d’ailleurs, c’est Monsieur ou Madame Pigeon ?

Je ne me faisais aucune illusion de toute façon, il y avait de grand chance que je ne parvienne jamais à le prononcer correctement… Ce serait à base de skrskr incompréhensible… Quelque chose qui éloignerait encore un peu plus Erin et sa bête du commun des mortels… Et puis… elle pouvait bien lui donner tous les noms du monde, je savais parfaitement qu’il resterait à jamais « son pigeon » à mes yeux.
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyMer 13 Mai - 16:47

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Il ose ! Mes lèvres, prêtes à dessiner un sourire pleinement satisfait et un brin victorieux, se courbent en une moue outrée. Il ose s’éloigner et me priver de cette douce chaleur dans laquelle je me complaisais à merveille ! Son gloussement moqueur m’arrache une petite plainte offusquée qui se transforme rapidement en un rire à la hauteur du sien en le voyant ainsi rouler un peu plus loin, comme un enfant dans l’herbe grasse d’un printemps insouciant. Il ne fuyait pas bien vite, pas bien loin non plus. Cela ne ressemblait guère à une fuite, en réalité. Je n’avais qu’à tendre les doigts pour atteindre de nouveau sa présence. Ce que je fais, effleurant les siens avant de les crocheter et de glisser dans sa direction. C’était bien mieux ainsi, j’étais bien mieux là, lovée contre lui, au milieu d’un coussin qui nous offrait plus d’espace que nous ne pourrions jamais en occuper. Tu vois comme ton poids alourrrdi par les pâtisserrries enfonce le coussin ? Ça me fait rrrouler jusqu’à toi. Tentative moqueuse pour avoir le dernier mot, étouffée par le bras de Junior passé autour de ma taille qui m’enlace un peu plus intensément, supprimant définitivement toute distance entre nous. J’égare quelques caresses sur sa joue et mon esprit se perd dans cette étreinte d’une douceur que je ne connaissais et ne voulais connaître nulle part ailleurs. Mes respirations étrangement apaisées m’apportent les effluves de son parfum. Dès que nous étions tous les deux, c’était toujours la même chose : le temps perdait toute notion. S’écoulait-il à une vitesse étourdissante ou bien à une lenteur affolante ? Dehors, le monde pouvait bien être à feu et à sang, notre royaume était suspendu hors du temps et nous protégeait trop bien du reste. Je ne désirais rien de plus que de me perdre toute la nuit au moins dans ces bras familiers et précieux. De toute façon, il faudrait toute la volonté du monde pour résister à la mienne, toute entière déterminée à ne pas m’éloigner de mon meilleur ami plus que je ne le fais alors que des pensées turbulentes me font me redresser.

Je distingue comme un soupçon de déception dans son beau regard clair qui me pousse à me pencher pour effleurer ses lèvres. Juste une ombre pour en chasser une autre. Peut-être que je m’y attardais plus que de nécessaire, mais il m’apparaissait brusquement primordial de me montrer des plus prudentes face à toute forme de chagrin. Mes propos éloignent toute possibilité de nous y abandonner un peu plus encore, mais les regrets qui pourraient pointer le bout de leur nez s’effacent sous le plaisir de cet été qui se dessine de plus en plus distinctement. Je hausse les épaules avec une nonchalance assassinée par le sourire enthousiaste qui danse au coin de mes lèvres, ravie de savoir que rien n’empêchait nos desseins de se réaliser. Sait-on jamais soufflai-je, faussement dubitative. Imagine ! un désaccorrrd parrrental, un marrriage annulé, un dysfonctionnement de tous les porrrtoloins... Bien évidemment, nulle part dans cette liste imaginaire ne se glissait la possibilité que Junior puisse ne plus désirer ces vacances à deux. Impensable et irréel, tout simplement. Mon rire maltraite violemment ces fausses préoccupations. Dans le fond, seule la première pourrait réellement nous incapaciter. Car l’union de sa cousine n’était qu’un prétexte, j’étais prête à le suivre n’importe où, que ce soit en France ou ailleurs, pour une occasion spéciale ou simplement pour se prélasser des jours entiers dans les propriétés familiales que sa famille possédait en France. Et si d’aventure tous les portoloins du monde devaient cesser de fonctionner, nous serions simplement immobilisés à Londres qui pouvait s’avérer être un magnifique terrain de jeu, nous l’avions déjà expérimenté. En fait, peu m’importait le lieu et la raison, seuls comptaient ces jours où la présence de mon meilleur ami se faisait certaine.

Ses doigts retrouvent mon dos, étreinte qui ne se terminait jamais vraiment, tendresses renouvelées comme un fil sans fin. Il était impossible que je puisse jamais me lasser de cela. De lui. Et, alors que nous formions le projet d’un été l’un auprès de l’autre, je me demandais comment nous avions pu passer d’aussi longues semaines loin de l’autre, seulement rattachés par quelques lettres où nous nous racontions nos journées dans les moindres détails, et quelques instants volés à une escapade londonienne. Je lui fais part de cette intention d’apprendre quelques mots de français, autres que les amour, prince, surnoms divers et variés qui ponctuaient nos échanges. Son sourire diablement séduisant ne cessait d’accentuer le mien, ses mots encore plus. Je rigole à l’idée d’appeler ainsi un ministre de la magie, figure éminente de nos sociétés sorcières, qu’importe la langue et le continent. Je m’amuse surtout de constater que cela ne gênerait pas vraiment Junior qui semble en rire autant que moi. J’étais bien moins certaine de ce point-là concernant nos parents, cependant. À n’en pas douter, un vieil homme apprécierait effectivement les flatteries d’une adolescente, mais tous les yeux braqués sur nous ne retiendraient que le manque de bienséance d’une Sørensen invitée à une réception par cette illustre famille qu’étaient les d’Archambault. Moi, je ne retenais que le charmante jeune fille puis m’attardai sur la fin de sa phrase. Drrraguer ? Je tentais vaguement d’adopter un air scandalisé, rapidement remplacé par un sourire espiègle et une lueur goguenarde. Tu ne m’avais jamais avisée que ces mots de frrrançais impliquaient un flirrrt quelconque. Parrr Merrrlin, si j’avais su... Cela n’aurait rien changé car j’avais toujours eu connaissance de la traduction, parfois approximative pour certains mots, de ces surnoms mièvres au possible. C’était justement la raison pour laquelle nous les utilisions. Entre nous et uniquement entre nous. Comme si je pouvais me débrrrouiller autrrrement que parrrfaitement. Mon ton suffisant et orgueilleux se brise dans l’éclat de rire qui m’échappe face au regard que Junior me porte alors. Mais évidemment, c’est uniquement parrrce que j’ai le meilleurrr de tous les prrrécepteurrrs. Flatterie qui n’était en rien bien éloignée de la vérité. Je n’avais jamais eu aucun mal à retenir tous les stupides surnoms dont nous nous affublions depuis des années. Il avait cet avantage-ci que je l’écoutais avec un intérêt bien plus prononcé que n’importe quel autre enseignant. Je me ferais un devoir d’être des plus assidues dans mes futures leçons de français, et ce ne serait pas tant dû à la beauté de la langue qu’à celle que je trouvais toujours dans ces moments avec Junior.

Je dévie quelque peu, la silhouette de mon oiseau-tonnerre traversant mes pensées. Junior ne cessait de se moquer de mes capacités à en prendre soin depuis le jour où je l’avais reçu des mains de Vayne. J’avais pourtant tenu à ce que mon meilleur ami soit présent avec moi lors de l’éclosion, nos deux visages circonspects penchés sur cette coquille qui s’était fendillée pour laisser apparaître la tête décharnée de ce poussin déplumé. Et je tenais maintenant à lui faire part de mes idées pour le nommer et l’appeler enfin autrement que stupide volatile, à la face du monde du moins, puisqu’en privé il en serait probablement toujours ainsi. Si je ne me privais jamais de m’en moquer ouvertement, je me devais de le défendre face à l’insolence de Junior. Avec un petit reniflement de mépris, je redresse mon menton dans un geste hautain. Ce serrra Monsieur Pigeon, pourrr toi. Lorsque je l’avais accompagné au cours de soins aux créatures magiques, où il avait fait une démonstration parfaite d’équitation face à un public malheureusement composé en trop grande partie de pathétiques bouffons, j’en avais profité pour apporter l’oiseau à Vayne qui s’était assuré de son état et m’avait éclairée sur son sexe. Depuis que je savais qu’il s’agissait d’un mâle, mon esprit s’était fixé sur quelques noms, n’en restait finalement que deux. J’avais pensé à Heimdall, ça veut dirrre garrrdien et c’est une figurrre de la mythologie norrrvégienne. Quelques explications concises avant que mon sourire ne réapparaisse, plus espiègle que jamais, prêt à se venger gentiment de son dédain à l’égard du volatile qui était le mien. Sinon, j’hésite avec Corrrnelius, Un rapide coup d’oeil sur les traits de mon meilleur ami, je me mords les lèvres pour retenir un gloussement, et je reprends, plus sérieuse, sans trop lui laisser le temps de se vexer. ou bien Kenaz, une rrrune de feu associée aux Drrragons et à la puissance en générrral. Tu te souviens ? C'est à cause de celle-ci que j'avais prrresque fait flamber la salle de classe... J’avais déjà une petite préférence qui se confirmait chaque fois que je posais mon regard opalin sur ce qui n’était encore qu’un petit oiseau dont les plumes commençaient à peine à apparaître, mais j’attends sagement l’avis de Junior.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyJeu 14 Mai - 0:31



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Erin ne sembla pas apprécier l’outrage que ma fuite, mon horrible fuite !, pouvait bien constituer. Son visage laissa entrevoir un mécontentement qui ne dura qu’à instant avant qu’elle ne se mette à rire avec moi, assistant sûrement avec quelque moquerie amusée à mon roulement pathétique. Même Orpheus n’aurait sûrement pas fait mieux alors qu’il passait ses journées à rouler sous les fenêtres pour suivre le soleil ! C’était du grand art, de la cavale digne des plus beaux romans ! Il fallait espérer qu’elle apprécie le spectacle à sa juste valeur. Mais au lieu de me laisser savoir ce qu’elle pouvait bien en penser, ses doigts s’approchèrent des miens et s’en saisirent avant qu’elle ne revienne toute entière jusqu’à moi. Mon sourire se fit plus grand encore, presque fier. Elle n’avait pas tenu bien longtemps avant d’abattre toute la distance que j’avais remise entre nous et je crois que rien n’aurait pu me faire plus plaisir ce soir-là ! Qui aurait cru, en nous voyant ainsi lovés l’un contre l’autre, que c’était encore tendu quelques instants plus tôt ? Il n’y avait plus rien d’autres que la tendresse évidente qui existait depuis toujours entre nous… et je ne voulais rien de plus. J’accueillis son retour à mes côtés avec une douceur un peu taquine et l’enlaçai timidement. C’était le genre de moment incroyable qui n’existait qu’avec elle. Une bulle délicieuse et rassurante qui se dressait entre nous et le monde, nous promettant une tranquillité bienvenue et des terres qui n’appartenaient qu’à nous.

Tu vois comme ton poids alourrrdi par les pâtisserrries enfonce le coussin ? Ça me fait rrrouler jusqu’à toi.

Un petit rire choqué m’échappa face à cette moquerie affreuse. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre ! Pourtant, loin de m’en offusquer, je haussai tant bien que mal les épaules, une certaine satisfaction brillant au fond de mon regard clair. Qu’elle roule, qu’elle roule ! Tant qu’elle finissait sa course contre moi, je voulais bien que mon poids s’alourdisse de la sorte ! Elle ne m’avait pas l’air bien gêné non plus d’ailleurs.

Rappelle-moi de continuer sur cette voie, c’est terriblement efficace.

Et puis, doucement, le calme s’imposa comme il le faisait parfois. Nul besoin de combler le silence ou de trouver de quoi s’occuper, sa seule présence suffisait largement. J’aurais aimé que ça dure comme ça longtemps. Jusqu’à demain, au moins ! Profiter des heures auprès d’elle et m’enivrer de son odeur envoutante. Je n’avais aucun mal à nous imaginer là, somnolant sous les étoiles, jusqu’à ce que le soleil ne se lève à nouveau. Mais, sans surprise, Madame en décida autrement. Elle s’agita un peu, me forçant à lui rendre sa liberté, puis dut se rendre compte du désaccord que je pouvais bien porter à cette initiative. Ses lèvres effleurèrent les miennes, presque quelques excuses silencieuses, avant qu’elle ne reprenne le cours de ses pensées. Moi, j’eus du mal à raccrocher. J’avais probablement l’air bête de ces adolescents amourachés et je m’en accommodais très bien. Ces échanges avaient immanquablement un goût de trop peu, laissant derrière eux l’envie d’y retourner. Si je n’avais jamais vraiment pensé qu’un jour nous nous embrasserions le plus naturellement du monde, ça me semblait aujourd’hui être l’évidence même. S’il y avait bien une personne au monde digne de tant d’attentions c’était elle ! Et puis, rien n’avait vraiment changé entre nous, comme s’il y avait déjà eu inconsciemment, dans cette relation, la place pour de si tendres égarements.

Sait-on jamais. Imagine ! un désaccorrrd parrrental, un marrriage annulé, un dysfonctionnement de tous les porrrtoloins…

Je hochai consciencieusement la tête à chacune de ses propositions, pourtant je ne voyais pas vraiment ce qui aurait pu nous empêcher de nous retrouver. Mes parents savaient que ce serait une déclaration de guerre que de me refuser la compagnie de ma meilleure amie et je doutais de toute façon que ma mère, quand bien même il était question d’Erin, résiste bien longtemps à quelques supplications autoritaires. Et puis, je n’étais plus un enfant, j’étais en âge de décider ce que je voulais faire de mon été ! Du reste, ça n’était pas véritablement gênant. Le programme serait juste bousculé, il n’y avait rien d’irrattrapable…

Au diable ce mariage, il y aurait mille et une choses à faire bien plus intéressantes que cette réception ! Et qu’importe les portoloins, les voyages ne sont qu’un prétexte, je suis certain que nos vacances seraient tout aussi délicieuses si nous étions coincés à Londres, déclarai-je sans l’ombre d’une hésitation, un sourire un peu rêveur s’esquissant doucement sur mes lèvres à l’évocation de l’été à venir. Quant aux parents… Penses-tu sincèrement qu’ils me refuseraient quoi que ce soit ? Qu'ils tentent et je ferais de leurs vacances un enfer !

Du moins, à mon petit niveau. Je ne doutais pas qu’Erin était immensément meilleure que moi à ce jeu-là mais je n’oubliais pas que j’avais une image à préserver et que l’idée n’était pas d’offrir à mes géniteurs l’image d’un délinquant en puissance. …seulement de l’enfant tyran dont ils étaient les auteurs. Ce qui, pour un été, était largement suffisant. Il était hors de question que je renonce à ces vacances qui, pour la première fois de ma vie, s’annonçaient terriblement enthousiasmantes ! Il n’était pas question de passer des semaines à partager la vie de cousins que je ne voyais jamais et à voguer ici ou là au gré des invitations de mes parents… Je ne doutais pas que ça serait le plan pour les semaines passées à leurs côtés, loin de là, mais la perspective de la présence de ma meilleure amie au milieu de tout ça me faisait oublier un peu ce qui s’apparentait pour une fois à des mauvais côtés.

Je ne laisserai rien se mettre entre ces vacances et nous. Absolument rien.

Si mon ton restait amusé, il n’en était pas moins ferme. C’était sûrement idiot mais j’avais envie qu’elle sache que je n’y voyais pas seulement que des circonstances qui tombaient bien. J’y tenais, sincèrement. En attendant, mes doigts entamèrent une ronde abstraite dans son dos, s’y délestant de douces caresses. Je l’écoutais me faire par de son envie d’être capable de dire davantage en français que les seuls surnoms dont nous usions, me perdant au passage dans la contemplation minutieuse de cette beauté qui m’apparaissait chaque fois un peu plus. Le monde dehors pouvait cesser brutalement de tourner, je n’étais pas certain d’être en mesure de m’en inquiéter. Tant que cette salle tenait bon, je saurais m’en satisfaire sans mal. Mon rire fit naître à nouveau le sien, visiblement enchanté à l’idée de jouer à un jeu douteux avec le Ministère français. Oh, je ne doutais pas qu’elle serait prête à s’y risquer, ne serait-ce que pour glousser bêtement ensemble après et nous moquer de l’univers tout entier mais il y avait des gens qui n’apprécieraient absolument pas la plaisanterie… Sa famille… ou la mienne… ou les deux… Et si nous voulions continuer à profiter d’instants partagés loin de Poudlard, mieux valait ne pas l’oublier. Il était question de honneur à nos noms et de laisser après notre passage la meilleure des impressions…

Drrraguer ?

Je haussai les épaules avec toute l’innocence du monde alors que son air choqué se craquelait déjà tant il était feint.

Tu ne m’avais jamais avisée que ces mots de frrrançais impliquaient un flirrrt quelconque. Parrr Merrrlin, si j’avais su…
Si tu avais su…? l’interrogeai-je alors que mes doigts pianotaient au creux de ses reins comme s’ils s’impatientaient d’obtenir une réponse.

Il était évident que je n’avais aucun mal à l’imaginer supposer qu’elle ne se serait pas abaissée à les employer aussi souvent, ne serait-ce que pour la forme. Et je l’attendais au tournant, évidemment. Je bouderais pour cette même forme s’il le fallait ! En réalité, je ne lui avais jamais caché l’aspect mielleux de tous ces mots doux et c’était bien ça qui nous avait encouragé à nous en affubler à tout va. C’était parfaitement idiot, bien sûr, mais cela faisait partie de la longue liste des choses que je ne voulais bien faire qu’avec elle. Et je crois que nous avions largement conscience du ridicule de ces sobriquets puisque tous les rapprochements du monde n’avaient pas suffi à nous les faire abandonner, comme si avec le temps ils s’étaient défait de toute leur mignonnerie première pour ne garder aujourd’hui que les moqueries que nous leur accordions.

Comme si je pouvais me débrrrouiller autrrrement que parrrfaitement. Mais évidemment, c’est uniquement parrrce que j’ai le meilleurrr de tous les prrrécepteurrrs.

Si ses premiers mots me firent poser sur elle un regard faussement las de tant de prétention, la suite m’arracha un sourire qui n’avait rien à envier à son orgueil. Je n’étais pas convaincu d’être doté d’une pédagogie quelconque mais cela ne faisait rien, j’étais prêt à prendre le compliment sans broncher ! Elle se débrouillerait parfaitement, c’était évident, mais je n’y serais pas pour grand chose. Et je voulais bien lui laisser tout le mérite sans une hésitation ! Il me tardait presque que l’on s’y mette. L’écouter maltraiter cette autre langue avec son accent dépaysant ou, je le savais d’avance, m’attendrir bêtement sur ses prononciations hasardeuses ou ses erreurs sans importance. J’espérais être à la hauteur de mon élève voire, pourquoi pas, lui donner envie de persévérer dans cette voie. Je n’eus pas vraiment le temps de rêvasser plus longtemps que déjà la Poufsouffle repoussait loin de nous les décors tout français que j’imaginais pour nous ramener à quelque chose de plus présent : son oiseau. Je ne pouvais pas dire vraiment que j’y portais un intérêt sans faille mais, dans le fond, je suppose que je l’aimais bien. Il commençait doucement à faire partie de mon environnement et même si je le trouvais particulièrement agaçant, j’étais toujours partant pour avoir de ses nouvelles. Je gardais un bon souvenir de sa naissance. D’aussi loin que je me souvienne, c’était la première fois que j’assistais à quelque chose du genre. Ça n’était pas merveilleux mais c’était assez mignon pour laisser des traces.

Ce serrra Monsieur Pigeon, pourrr toi.

Je ricanai en hochant la tête avec un sérieux peu crédible. Ça m’allait, Monsieur Pigeon. Ça lui allait comme un gant ! Enfin… si tant est qu’un gant puisse à aller à un oiseau. Pour l’instant, il ne ressemblait pas à grand chose… Un poulet tout chétif et encore un peu déplumé… Une classe et une élégance rare, évidemment ! C’était le genre d’animal qui en imposait ! Orpheus aurait sûrement été ravi de faire sa connaissance et d’y mettre un petit coup de croc, ne serait-ce que pour aller se vanter auprès des autres chats de l’école d’avoir vaincu un oiseau-tonnerre à pattes nues.

J’avais pensé à Heimdall, ça veut dirrre garrrdien et c’est une figurrre de la mythologie norrrvégienne.

Ça avait au moins le mérite d’être prononçable. Ça n’était pas très beau mais on ne laisserait pas une corde vocale à chaque fois qu’il faudrait parler de lui ! J’attendais sagement la suite lorsque le sourire d’Erin se fit annonciateur de bêtise. La suspicion voila alors mon regard tandis que je me préparais au pire.

Sinon, j’hésite avec Corrrnelius…

Un claquement de langue réprobateur m’échappa alors que mon bras revenait près de moi, loin de cette meilleure amie cruelle qui ne méritait pas l’ombre d’une caresse. Je détestais ce prénom stupide, elle le savait très bien, et je savais au moins aussi bien qu’elle prendrait un malin plaisir à appeler son imbécile de dinde toutes les cinq minutes si jamais elle avait le malheur de l’affubler d’un nom pareil. Je levais le nez d’un air boudeur alors qu’elle reprenait.

…ou bien Kenaz, une rrrune de feu associée aux Drrragons et à la puissance en générrral. Tu te souviens ? C'est à cause de celle-ci que j'avais prrresque fait flamber la salle de classe…

Je me souvenais… vaguement… Elle faisait flamber des choses tous les trois matins, je commençais à perdre le fil et oubliais un peu ce qui en était la cause. Mais si elle pensait noyer l’affront dans des souvenirs communs, elle risquait d’être déçue.

Moui… Au moins, c’est à la hauteur de tes goûts douteux, ma douce… Mais pourquoi voudrais-tu associer quelque chose rappelant les dragons à un pigeon ? Et puis, il fera des tempêtes, non, pas du feu ? Ta logique m’échappe…


Et, avec toute la mauvaise volonté du monde, je ne faisais pas beaucoup d’efforts pour parvenir à la suivre…
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyVen 15 Mai - 19:34

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Terriblement efficace, terriblement plaisant également. Pas qu’il s’empiffre de pâtisserie jusqu’à n’en plus pouvoir, mais cette fausse excuse qui me poussait au creux de ses bras. Ses paroles viennent chatouiller mon rire qui se perd rapidement dans le calme tissé par ses mains autour de ma taille et mes doigts égarés sur son visage. C’était à l’image de toutes nos bulles précédentes, répétitions infinies de moments pleins d’une tendresse qui l’était tout autant. Un calme apaisant dont il semblait impossible de se lasser, aussi longtemps qu’il était partagé avec Junior. S’il était définitivement doué pour exacerber mon irritation à toute vitesse, il était également des plus habiles lorsqu’il s’agissait de réveiller une palette d’émotions plus candides, plus sensibles. Il n’y avait qu’en sa présence et que dans cette étreinte-là que je pouvais laisser le temps filer sans broncher, sans que mon tempérament volcanique n’ait envie d’ailleurs. C’était une place qui me ravissait et que je ne pouvais seulement imaginer être un jour dévolue à une autre. Est-ce que je soupçonnais seulement que ce petit garçon de sept ou huit ans à peine rencontré un peu par hasard lors de notre arrivée à Londres occuperait cette place-là des années plus tard ? D’une certaine manière, c’était une évidence qui ne m’avait jamais questionnée et que je n’avais jamais remise en doute. Il n’y avait jamais eu de place à prendre, parce qu’elle n’existait pas avant que Junior, ses caprices, ses moqueries, ses sourires et nos jeux d’enfants ne s’imposent, indétrônables. Aucune place à occuper, juste celle qu’il s’était créée et qui ne revenait donc qu’à lui. Certes, cette année avait fait vaciller bien des convictions, et des ruines d’un baiser bien lointain s’étaient construites bien des rancoeurs, mais j’avais peine à croire qu’elles subsistaient encore. Et, de fil en aiguille, je me laissai aller à penser à cet été qui n’attendait plus que nous et dont nous avions formé les contours à travers quelques ébauches.

Je nous arrache à ce silence captivant en me redressant, chassant d’un baiser mutin cette lueur déçue qui s’empare un instant de ses prunelles claires. Qu’il ne prenne pas ombrage, je n’allais pas bien loin : je comptais bien profiter encore longtemps de sa chaleur et de notre étreinte. Il assassine sans pitié les improbables empêchements qui pourraient ruiner nos projets communs, déjà bien malmenés par mes propos. Cet écho parfait de mes pensées inflexibles sur la question fait naître un sourire sur mes lèvres. L’évocation de nos vacances me plongeait immanquablement dans une gaieté rêveuse et je n’avais qu’une hâte : celle de les concrétiser. Qu’importe que ce soit à Londres, en France ou à l’autre bout de monde. Une nouvelle fois, nous n’avions besoin que d’un prétexte pour justifier ce qu’il y avait de plus légitime à mes yeux, à savoir l’envie de passer le plus de temps possible en sa présence. Peut-être que les événements nous permettaient de donner des couleurs bien décontractées à nos envies mais ces dernières n’en étaient en rien dépendantes. Si ça n’avait pas été une réception pour célébrer une union familiale, ça aurait été autre chose. Dussé-ce être rien du tout, je ne me serai jamais départie de ce désir adolescent de m’échapper aussi longtemps que possible avec Junior. C’était lui qui comptait, pas les circonstances. Ne déchaînons pas les enferrrs tout de suite, je doute en effet que tes parrrents soient capables de te rrrefuser quoi que ce soit ! répondis-je dans un sourire qui ne tarde pas à se faire un peu plus doux, un peu moins moqueur, mon air adoptant le même sérieux inébranlable que je lisais chez mon meilleur ami. Considèrrre donc que, peu imporrrte où et pourrrquoi, tu écopes de ma prrrésence pourrr la durrrée prrrévue initialement. Précieuses journées soustraites à l’absence pénible qui accompagnait traditionnellement les vacances d’été. Mon rire revient danser entre nous alors que je chasse une mèche sur son front. Je note quand même tout ce que tu serrrais prrrêt à déployer pourrr assurrrer ces vacances. Et que nous ne perrrdrrrions rrrien à nous échapper de la rrréception… si jamais l’idée nous venait. J’avais bien du mal à conserver ce ton et cet air faussements innocents. De toute manière, ils n’étaient jamais si peu crédibles que venant de moi. Est-ce que j’insinuais que nous pourrions nous éclipser du mariage sitôt que notre présence ne serait plus soumise au regard parental ? Peut-être bien. Après tout, ce genre de mondanité réunissait tellement de monde que l’absence de deux adolescents n’était pas ce qui se remarquait le plus facilement.

Que nous choisissions de nous enfuir ou non, il pourrait m’être utile d’apprendre quelques mots supplémentaire de la langue de mon meilleur ami. Non pas que je ne sois pas capable de me présenter à d’éminents représentants de la société sorcière française en les affublant des mêmes surnoms mièvres que Junior, mais certains en seraient moins amusés que moi. Moins amusés que nous. Ses caresses dessinent des formes indécises dans mon dos tandis que nos rires se mêlent. Les questions d’honneur et de réputation me semblaient bien fades à côté de ces instants hors du temps. Néanmoins, l’idée soulevée était assez amusante, quand bien même elle ne se réaliserait jamais. D’autant que ces niaises appellations étaient de tout temps réservées au Serpentard et à lui uniquement. Il y aurait comme un goût étrange à en gratifier une personne qui n’appartenait pas à ce duo que nous formions, comme une contrariété à nous priver de l’exclusivité de ces taquineries bien à nous. Un ridicule qui revêtait des apparences bien plus royales quand c’était nous qui les partagions. Je n’avais jamais été trompée sur le sens véritable des mon amour, mon prince, mon ange et tous les autres ! mais je laisse en suspens l’idée mensongère que c’était peut-être le cas. Junior répète mes derniers mots, ses doigts pianotant une mise en garde au creux de mes reins. Dans un nouveau rire, je laisse retomber mon bras puis ma tête sur le coussin, laissant quelques secondes nous échapper dans un silence moqueur. Si j’avais su, mon bien-aimé, que ces mots n’étaient que badinerrries frrrivoles... Je suspends ma phrase ainsi que le geste que j’avais entamé en direction de sa joue, mes doigts à égale distance de son visage et du mien, un sourire indéfinissable aux lèvres. Je n’aurrrais rrrien changé conclus-je en haussant maladroitement les épaules, ma main abandonnant une caresse assortie d’un sourire espiègle sur la joue de Junior. J’étais presque prête à parier qu’il s’attendait à ce que j’affirme tout l’inverse, et la plaisanterie aurait été séduisante s’il m’avait paru amusant de la poursuivre. Ce qui n’était pas le cas, elle était très bien où elle était. Et puis, je préférais encore me vanter sans vergogne d’être la plus douée de tous sous l’air faussement blasé de Junior. Il n’empêche, tu ne nies pas soufflai-je, un ton en-dessous, avant que la conversation ne prenne un autre chemin, mon sourire tentant de remporter le dernier mot.

Si le volatile dont j’avais la responsabilité depuis quelques semaines n’était pas à la charge de Junior, loin de là, j’avais tout de même cette envie de partager les étapes que je jugeaient importantes avec mon meilleur ami. Il avait été présent lors de l’éclosion, la tête déplumée et visqueuse de l’oiseau était apparue sous nos regards harmonisés par la surprise de cette première fois. Et maintenant que je savais que cette créature était un mâle, il me fallait lui trouver un nom. Nouvelle phase qu’il me plaisait d’expérimenter en la compagnie du Serpentard. Bien qu’il soit fort probable qu’il se contente de l’appeler Monsieur Pigeon pour le restant de la vie de ce pauvre oiseau. Par principe, je chasse son ricanement moqueur d’une petite tape sur l’épaule mais mon sourire était un joli reflet du sien. Je commençais ma liste, qui se résumait en réalité à deux noms, décidant soudainement de l’émailler d’un troisième choix. C’était peine perdue de chercher à prendre Junior de court : il me connaissait par coeur, en témoigne son regard lourd de méfiance alors que je fais une petite pause. Trop tard pour que mon esprit sarcastique fasse marche arrière cependant. Toute la réprobation qui s’inscrit d’un coup sur ses traits me fait pouffer, gloussements accentués par l’air boudeur qu’il adopte ensuite. J’étais néanmoins affreusement offusquée de cette distance qu’il instaure entre nous, son bras m’abandonnant et me laissant frigorifiée. Sans exagération aucune, comme à mon habitude. Je poursuis néanmoins, dévoilant le dernier nom sur lequel je m’étais arrêtée, attendant son avis, partant à la recherche de cette étreinte qu’il me refusait éhontément. J’avais bien pensé à Ansuz, la rrrune du vent et donc des tempêtes, mais c’est tout de même moins élégant que le feu bougonnai-je, pas tant par rapport à mes paroles qu’à mes tentatives répétées de retrouver son bras autour de moi. Une prrréférrrence, alorrrs ? reprends-je finalement, abandonnant un instant mes essais infructueux pour les remplacer par un sourire plein de malice.
electric bird.
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyDim 17 Mai - 16:44



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Le calme apaisant que nous pouvions connaître, comme toujours, ne dura pas bien longtemps. Je finissais par me faire au caractère sans cesse en mouvement de ma meilleure amie. Elle progressait, cela dit. Elle n’était plus obligée de nous embarquer systématiquement dans mille et une aventures… mais elle peinait encore à seulement profiter d’un silence tranquille. Mais c’était Erin dans toute sa splendeur et je ne l’aurais changée pour rien au monde. Ce que j’acceptais chez elle sans même sourciller aurait probablement suffi à me faire fuir chez n’importe qui d’autre… mais elle n’était pas n’importe qui. Qui aurait pu penser que cette insupportable gamine dont l’accent maltraitait déjà si joliment notre langue prendrait la place centrale de mon existence ? Moi qui changeais de partenaire de bêtises comme de chemise, me lassant du monde entier comme je me lassais du reste… Je n’avais même pas pris la peine de m’en étonner tant tout s’était passé dans la normalité la plus troublante. Elle s’était imposée sans que nous le cherchions vraiment et n’avait plus jamais quitté ma vie… juste comme ça… du jour au lendemain, elle avait tout bousculé et je n’avais jamais cherché à faire changer ça. Ses lèvres vinrent effleurer les miennes pour chasser la déception de la voir s’éloigner et elle reprit le plus normalement du monde le fil de ses pensées, sortant de nulle part des rappels à nos vacances à venir et des autorisations implicites que nous n’avions même jamais abordées. Malgré le malaise que pouvaient bien m’inspirer ses grands-parents, j’avais hâte. Profiter de quelques jours avec elle loin d’ici, découvrir la vie qu’elle pouvait bien mener lorsque l’été me l’arrachait pour des semaines entières… Je ne savais pas exactement à quoi m’attendre mais j’étais presque certain que cela me plairait au plus haut point. C’était comme s’éloigner un peu de l’enfance que nous avions partagée… et il n’y avait personne au monde avec qui je voulais partager ça sinon elle. Le sourire qui étira ses lèvres en fit naître un très similaire sur les miennes. Peut-être aurait-ce dû être effrayant… peut-être l’était-ce en réalité, mais la perspective d’un territoire inconnu à apprivoiser ensemble éclipsait tout le reste.

Ne déchaînons pas les enferrrs tout de suite, je doute en effet que tes parrrents soient capables de te rrrefuser quoi que ce soit !

Mon sourire se fit plus amusé en l’entendant. J’avais presque l’impression fière de les avoir correctement éduqués. Ils n’avaient pas mis bien longtemps à apprendre les bases, à savoir que mes envies étaient les seules qui comptaient dans cette famille et que j’étais bien assez méritant pour obtenir absolument tout ce que je pouvais bien vouloir… Est-ce que c’était parfaitement vrai ? Ça n’avait aucune espèce d’importance. Tant qu’ils en étaient convaincus, ma mère tout du moins, ça m’allait parfaitement.

Considèrrre donc que, peu imporrrte où et pourrrquoi, tu écopes de ma prrrésence pourrr la durrrée prrrévue initialement, reprit-elle alors que je hochais la tête, visiblement satisfait par la sanction qu’elle souhaitait m’infliger. Elle repoussa une mèche tombée sur mon front, ce qui ne fit qu’étirer un peu plus le sourire idiot qui refusait de m’abandonner. Je note quand même tout ce que tu serrrais prrrêt à déployer pourrr assurrrer ces vacances. Et que nous ne perrrdrrrions rrrien à nous échapper de la rrréception… si jamais l’idée nous venait.
Oh mais c’est que je serais prêt à tout pour ces vacances avec toi, mon amour.

Et derrière l’apparente plaisanterie, il y avait quelque chose de sincère. J’y tenais réellement. C’était sûrement idiot, après tout nous passions dix mois par an ensemble ou presque, mais ça ne faisait rien. C’était un projet délicieux auquel il était hors de question de renoncer. S’il fallait remuer ciel et terre pour que cela arrive bel et bien, je ne voyais aucune objection à le faire…

Je ne doute pas qu’elle nous viendra… D’autant plus qu’une fuite serait sans doute bien simple et la liberté qui en découlerait immensément plus agréable.

Il y aurait sûrement du monde à ce mariage, personne ne prendrait la peine de s’inquiéter de notre présence. Mes parents seraient trop occupés à faire des courbettes à tout ce qui avait des responsabilités, mes grands-parents retrouveraient leurs amis pour dépecer avec désespoir notre société décadente et nous, nous aurions tout le loisir de voguer où bon nous semblerait, occupant notre temps à notre gré sans un regard pour nous surveiller… Je ne doutais pas qu’on chercherait de temps en temps à nous apercevoir, par principe, mais personne ne pousserait l’effort bien longtemps. Après tout, nous n’étions plus des enfants et nos familles respectives nous avaient assez bien élevés, disait-on, pour éviter que nous fassions n’importe quoi. Ça n’était clairement pas le genre de la maison, de toute façon ! Nous n’enfreignions jamais les règles, bien trop sages pour nous y risquer. Laisser échapper quelques mots doux au Ministre, par exemple, n’avait rien d’envisageable, nous connaissant ! Si l’idée était amusante, c’était sûrement parce qu’elle n’avait rien de sérieux. Je n’étais pas certain d’avoir très envie d’entendre Erin jouer à ce jeu-là avec n’importe qui… Il y avait des choses qui n’appartenaient qu’à nous et j’espérais bêtement qu’elles le restent. Tout ce qui avait un jour constitué cette bulle délicieuse dans laquelle nous nous prélassions à n’en plus finir… Elle se mit à rire de plus belle et se laissa tomber face contre le coussin. Je ne doutais pas qu’elle était fière d’elle !

Si j’avais su, mon bien-aimé, que ces mots n’étaient que badinerrries frrrivoles…

Le suspense plana encore un instant, la main d’Erin à quelques centimètres de moi. Je restais prêt à bouder, dans le doute. Il y avait chez elle une facilité à vous faire attendre le pire tout en sachant pourtant qu’il ne fallait s’attendre à rien. Elle pouvait prétendre que mon esprit de contradiction était affreusement présent mais elle n’avait strictement rien à m’envier de ce côté-là. Elle avait le don de me surprendre, dans le bon comme dans le mauvais sens, tapant bien souvent à l’exact opposé de là où je l’attendais.

Je n’aurrrais rrrien changé.

Comme à cet instant précis… Je ne pus m’empêcher de lever les yeux au ciel, amusé, accueillant sa caresse avec un plaisir que je ne pris même pas la peine de dissimuler. J’aimais toutes ses attentions, sentir ses doigts courir sur ma peau ou se perdre dans mes cheveux… Il y avait quelque chose d’évident à chaque tendresse abandonnée, à chaque baiser échangé. Ce qui ne m’avait que très rarement traversé l’esprit auprès d’autres demoiselles me semblait parfaitement normal avec elle. Je ne savais pas vraiment s’il était prudent d’espérer que ça le reste bien longtemps mais j’étais bien incapable de faire autrement. Est-ce que le destin finirait par nous ôter le droit de jouer à ce jeu-là ? Ça n’était pas follement impossible…

Je préfère ça ! Durant une seconde, je nous ai cru obligés d’arrêter pour ne pas froisser tes toutes nouvelles pruderies…

Je penchai la tête, presque imperceptiblement, pour profiter une seconde de plus du contact de sa main sur ma joue. Ç’aurait été un affreux gâchis ! Mais elle ne sembla pas y accorder bien longtemps que, déjà, elle se vantait de son talent. Je ne la coupai pas dans son élan et ne trouvai finalement rien à y redire. Sa prétention était certes ridicule mais finalement pas infondée… Alors soit. Qu’elle fasse pour cette fois !

Il n’empêche, tu ne nies pas.
Je n’ai rien à nier, constatai-je dans un haussement d’épaules.

Manque de chance, elle me fit rapidement regretter de lui avoir concédé ça ! La perspective tant de nos vacances que de ces leçons de français disparut en un rien de temps, remplacée par quelque chose de beaucoup plus terre-à-terre : son oiseau. Dire que je m’en fichais aurait été mentir, évidemment, mais je préférais de loin l’idée de rêvasser à ce qui nous attendait plutôt que de repenser aux piaillements incessants d’un volatile déplumé. Je me pliai néanmoins volontiers à l’exercice et ressentis même une joie enfantine à l’idée de participer à ce choix de nom… Quand j’y repense, il y avait quand même quelque chose de très intime à tout ça… Il y avait presque l’ombre d’un véritable couple qui se dessinait en filigrane… une naissance, un prénom… Même sans m’en rendre vraiment compte, j’étais fier d’être autorisé à partager tout ça avec elle, alors qu’il y aurait sûrement eu une myriade de personnes plus qualifiées ou intéressées que moi… Un ricanement approbateur m’échappa quand elle prétendit qu’il serait « Monsieur Pigeon » pour moi, mais elle le fit taire bien vite d’une tape sur l’épaule.

Mais quelle violence ! Il faut prévenir la société protectrice des oiseaux magiques qu’il y a un pigeon en danger dans les environs !

Je ris de plus belle, prenant machinalement soin d’éloigner mon épaule de ses doigts, ce qui ne servait entre nous à pas grand chose puisque les miens jouaient toujours dans son dos, me forçant immanquablement à rester à porter de coups… Mais là encore, ça ne dura pas bien longtemps. La liste des noms potentiels commença correctement. Heimdall… Ça n’était pas magnifique mais après tout, pourquoi pas. Ça rappelait chez elle et posait sur le poulet une aura divine qu’il ne méritait clairement pas… Du moins, pas pour l’instant… Mais la suite fut moins enthousiasmante encore. Voilà que non contente d’avoir des goûts douteux, Madame voulait verser dans l’humiliation ! Un regard hautain et ma main l’abandonna entièrement. C’était cruel ! Et je craignais, dans le fond, qu’elle en soit réellement capable ! Je la voyais déjà me lancer des regards moqueurs à chaque fois qu’il lui faudrait appeler son idiot de pigeon ! Elle reprit sa liste tout en cherchant à retrouver mon contact… en vain bien sûr, je faisais parfaitement attention à ne pas ne serait-ce que la frôler. Ça lui apprendrait à jouer à ce jeu-là, tiens !

J’avais bien pensé à Ansuz, la rrrune du vent et donc des tempêtes, mais c’est tout de même moins élégant que le feu.

Elle s’agita quelques secondes de plus, faisant fondre mon agacement sans grand mal. Je trouvais ça affreusement mignon… tant même qu’un sourire attendri faisait craqueler mon air boudeur. C’était injuste ! Bien trop simple ! Mais elle ne sembla pas s’en offusquer, bien au contraire…

Une prrréférrrence, alorrrs ?
Monsieur Pigeon, déclarai-je d’un ton sans appel alors que mes doigts reprenaient leur danse dans son dos, mais puisque ça ne faisait pas vraiment partie de ta liste douteuse… Je suppose que Kenaz est ce qui lui siéra le mieux… C’est affreusement laid mais lui aussi alors ce serait parfait.

Mon sourire se voulait taquin, laissant entendre que je ne le pensais pas totalement. Oh, bien sûr, le pauvre oiseau ne ressemblait pas à grand chose, c’était un fait… et je peinais sincèrement à voir le rapport entre le feu et cette créature-là, encore un phoenix ça se tenait mais là… Mais puisqu’il fallait choisir… Cela n’empêchait pas qu’il resterait Monsieur Pigeon à tout jamais…
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyJeu 21 Mai - 14:44

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Fallait-il se préoccuper de cette douceur, la mienne, celle qui débordait presque lorsque Junior était dans les parages ? Une douceur qui ne me ressemblait guère et dans laquelle on pouvait peut-être déceler une forme de faiblesse contre laquelle il me faudrait me prémunir avant qu’il ne soit trop tard. Peut-être, peut-être bien... Plus probablement, il était déjà trop tard pour me préserver de quoi que ce soit concernant mon meilleur ami. Comment était né ce lien, c’était un mystère que même les plus grands Aurors ne pourraient résoudre. Pour moi, pour nous je le pensais, c’était une évidence qu’il n’y avait pas à questionner. Et pour notre entourage ? Est-ce que mes aïeuls avaient décelé tous les écarts et toutes les concessions que je faisais et étais prête à faire pour Junior ce soir-là, lorsque j’avais tenté de fuir notre appartement londonien afin de le retrouver en France, là où il m’avait été enlevé ? Est-ce qu’ils avaient vu là le simple geste inconsidéré d’une enfant impulsive et impétueuse, ou avaient-ils vu se tracer mes plus récentes incartades qui renforçaient chaque fois un peu plus ce qui nous unissait ? Jamais une telle faiblesse ne m’avait parue si douce et délicieuse. Parce que ça n’en était pas une. Je partageais peut-être avec Junior plus qu’il m’était autorisé de le faire, mais je ne me sentais pas amoindrie de quoi que ce soit à ses côtés.

Ses doigts qui dansaient le long de mon dos et nos sourires n’appelaient rien d’autre qu’une poursuite répétée de ces tendresses. Depuis combien de temps n’avions-nous pas profité d’un moment d’une simplicité pareille ? Il me semblait que rien ne pourrait nous ôter à cette torpeur ravissante qui nous seyait à merveille. Ce n’était pourtant pas gagné, vu nos caractères respectifs et nos tendances, depuis quelques mois, à nous dresser l’un contre l’autre pour un rien. Ce devait être quelque chose comme la concordance parfaite de nos deux égoïsmes d’enfants qui, dès le moindre décalage, s’irritaient d’un mécontentement brûlant. Nous n’étions pas des disciples de la concession, exception faite de l’autre. Et encore. L’un envers l’autre, peut-être. Les compromis à l’égard du reste du monde, eux, étaient inexistants. Ce que nous voulions, nous l’arrachions par la force ou nous l’octroyions de droit. N’en déplaise à quiconque, nous avions décidé ces vacances et nous les aurions, qu’importe que ce soit en France, en Norvège ou ailleurs. Son ton est sans appel et me laisse un sourire réjoui. Je ne doutais pas un seul instant qu’il soit effectivement prêt à tout pour nos vacances, au moins autant que moi, mais l’entendre l’affirmer avec cette sincérité désarmante avait un quelque chose de plaisant dans lequel je me complais avec délices. J’ai hâte de m’enfuirrr avec toi. Rrrien ne serrra plus plaisant que de te suivrrre loin de toutes les cérrrémonies et courrrbettes des adultes ! Je ne savais pas vraiment où avait lieu le mariage mais j’imaginais un lieu reculé, un quelconque manoir au coeur d’une propriété immense, et il n’y aurait rien pour nous retenir de l’explorer. Nous n’étions que deux adolescents parmi une foule d’invités plus prestigieux les uns que les autres : qui chercherait à nous retenir ? Et des autrrres adolescents rajoutai-je, car aucun de ceux de notre âge ne pouvaient valoir la peine que nous ne nous éclipsions pas loin de tout. Il va sûrrrement y avoirrr une belle palette d’étudiants de Beauxbâtons, non ? fais-je, sans chercher à masquer le début de raillerie dans ma voix. Je m’imaginais un défilé de jeunes sorciers tous plus précieux et fragiles les uns que les autres. Les Anglais étaient peut-être d’une nonchalance et d’un laxisme effarant, j’avais encore le souvenir de cet échange organisé avec l’école de Beauxbâtons au cours d’un été et de toutes les manières empruntées de ses étudiants.

La perspective de me retrouver dans un tout autre milieu, parfaitement inconnu et où tout serait à apprivoiser, avait un petit quelque chose de férocement séduisant. Le fait de me retrouver avec Junior au sein de dynamiques qu’il maîtrisait parfaitement, aussi. Apprendre quelques mots supplémentaires de français ne pourrait que me servir. Autres que ces surnoms mièvres qui constituaient actuellement tout mon lexique francophone. Ma taquinerie en suspens, comme mes doigts à quelques centimètres de sa joue, avant que je ne lui concède sans peine que je n’aurais rien changé à nos tendres moqueries. Il roule des yeux comme pour signifier tout ce qu’il pense de ma moquerie mais je ne m’en offusque pas, un sourire amusé aux lèvres, perdant un peu plus mes doigts sur sa joue, m’abandonnant à son regard clair. Jamais jamais jamais, mon amourrr réfutai-je en secouant la tête comme je le pouvais pour marquer mon désaccord entier. Je ne concevais rien qui puisse me forcer à cesser ces jeux adolescents. Sauf mon meilleur ami lui-même, évidemment, mais dans quelle réalité ? Pas la notre, en tout cas. Son léger mouvement de tête pour ne pas perdre une miette des frôlements que je concédais à son visage m’arrache un sourire un peu plus grand encore avant que je ne lui offre toute la prétention de mes dons innés pour l’apprentissage linguistique. Junior me laisse cette victoire-là et déjà mes pensées s’échappent en direction du volatile pour lequel je cherche un nom depuis quelques jours.

Son ricanement lui vaut un petit coup sur l’épaule et sa rebuffade me secoue d’un rire moqueur tandis que mes lèvres s’alourdissent d’un rictus annonciateur de sarcasme. Enfin, mon ange, ne te rrrabaisse pas à ce point-là, tu n’as rrrien d’un pigeon. Je laisse passer une petite seconde, mon sourire s’accentuant à cette attente et cette compréhension qui se dessine dans le regard bleuté de Junior. Un poulet, au minimum. Non, un coq ! Un nouveau rire alors que je le défie du regard, m’attendant évidemment à un retour, sans trop savoir encore quelle forme il allait prendre. Je craignais ces doigts qui chatouillaient mon dos, prête à les esquiver si d’aventure il souhaitait se venger physiquement de ce qu’il allait prendre comme un affront digne d’un crime de lèse-majesté ! Oh, il allait se draper dans sa fierté, cela ne faisait aucun doute, outré que je puisse ainsi interpréter des propos qu’il n’avait jamais souhaité affubler de ce sens-là que je leurs avais trouvé. Dommage pour lui, mais j’étais évidemment prête à faire amende honorable.

Il me faudrait le faire. Car je lui présente mes quelques idées de noms pour celui qu’il persiste à appeler Monsieur Pigeon et ne résiste pas à l’envie taquine de glisser ce prénom qu’il déteste au plus haut point entre deux, bien plus sérieux. C’était l’outrage de trop ! Il m’abandonne sur le coussin, ses doigts cessant leurs plaisantes caresses, ses traits fermés d’un air hautain et boudeur. Sans cesser de présenter mes idées à voix haute, je pars à la recherche de cette étreinte qu’il me refuse désormais, mes sourcils se fronçant à mesure qu’il esquive mes tentatives. Mon bras tendu essayait vainement de s’emparer du sien et j’en suis finalement réduite à l’abandonner sur sa taille, espoir vague qu’il daigne en faire de même. Mon obstination eut raison de la sienne, et dans un sourire qui plaisait bien au mien, il abandonne son masque fâché et m’accorde de nouveau ses faveurs. Son verdict me fait plisser les yeux dans une moue lourde d’avertissement. Je voulais un réel avis, pas une nouvelle moquerie, même si celle-ci était de bonne guerre et ne fit en rien pâlir mon sourire. Tu es d’une mauvaise foi crrruelle. Tu rrrirrras moins lorrrsqu’il serrra plus majestueux que toi ! Mais soit, je note que Kenaz est ton choix. Dommage, j’aimais bien le deuxième, moi. Je ne peux m’empêcher de l’embêter, encore un peu, mes lèvres assassinant sans mal toute trace de sérieux qu’il pourrait être tenté d’interpréter comme une réelle injure. Est-ce que j'avais un nom pour ce volatile piailleur, alors ? Il semblerait bien que oui. Je te rrremerrrcie quand même de m'avoirrr prrrêté ton concourrrs dans cette lourrrde tâche ! conclus-je finalement, plus satisfaite qu'il n'était raisonnable de l'être pour une telle situation. La raison n'avait de toute façon jamais fait partie de mon caractère.
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyDim 24 Mai - 19:30



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Je le savais déjà : rien ne serait plus long, durant cette fin d’année, que d’attendre que n’arrivent enfin les vacances. D’ordinaire, il y avait toujours une certaine tristesse à l’idée d’abandonner ma meilleure amie derrière moi autant que de savoir que je serais directement sous le joug parental pendant deux mois… mais cette fois me semblait bien différente. Oh, Erin ne serait pas à mes côtés d’un bout à l’autre de l’été, bien sûr, mais nous en partagerions quelques jours… finalement bien plus que d’habitude. J’avais hâte, véritablement hâte. Je me fichais bien que nous visitions son pays, le mien, ou que nous nous contentions de paresser quelque part à Londres, la seule chose qui me paraissait essentielle était sa présence. Je voulais bien faire n’importe quoi, n’importe où, n’importe quand, mais je serais intraitable sur la compagnie. Je voyais d’ici le regard las de ma mère, comprenant sûrement bien mieux que moi encore la douceur évidente qui émanait de nos gestes et de nos sourires complices, le regret sûrement immense d’avoir accepté que je lui propose de m’accompagner tout comme, elle le ferait bien vite, de m’avoir laissé la suivre au bout du monde. C’était probablement les espoirs de toute une vie qui se briseraient un à un à mesure que les jours passeraient mais ça ne faisait rien. Elle saurait sans nul doute en nourrir d’autres ou, si tant était ce qu’elle voulait vraiment, plaquerait sur ma meilleure amie toutes les rêveries qu’elle avait attribuées à bien d’autres.

J’ai hâte de m’enfuirrr avec toi. Rrrien ne serrra plus plaisant que de te suivrrre loin de toutes les cérrrémonies et courrrbettes des adultes !

Je hochai la tête avec un plaisir que je ne cherchai même pas à dissimuler. Je me prélassais avec délice dans cette entente retrouvée, peinant à réaliser que quelques heures plus tôt c’était encore une gueguerre terrible. Ça n’avait aucune importance. S’il y avait bien une chose pour laquelle nous étions terriblement doués, c’était les retrouvailles. Qu’importe que les disputes durent des jours ou quelques minutes à peine, les retours à la normale étaient toujours merveilleux.

Et des autrrres adolescents. Il va sûrrrement y avoirrr une belle palette d’étudiants de Beauxbâtons, non ?

Mon regard se fit interrogateur alors que sa voix, comme souvent, se voulait un peu moqueuse. Je ne comprenais pas trop où était le problème avec les élèves de Beauxbâtons… Du moins dans leur grande majorité… Il n’y en avait bien qu’un qui, par principe, pouvait me déranger. Du reste, ils m’avaient toujours semblé parfaitement respectables. Je ne connaissais pas tout le monde, bien évidemment, mais ceux qu’il m’avait été donné de rencontrer les années précédentes m’avaient laissé une impression agréable.

Sûrement, oui… Je prendrai d’ailleurs grand soin de leur faire comprendre que tu es chasse gardée, chère amie.

Quand bien même cette déclaration puait la plaisanterie à plein nez, je n’étais pas très loin de la prendre pour projet. Après tout, même si elle avait été parfaitement claire sur le sujet, je préférais que certains sachent que je n’avais nullement l’intention de la partager avec n’importe qui. Est-ce que c’était égoïste ? Peut-être un peu. Mais je m’en fichais éperdument. Je ne quittais pas les couloirs de Poudlard avec elle pour qu’on me la ravisse à nouveau à la première occasion ! Je donnais assez ici et il était probable que les terres norvégiennes soient propices à quelques mauvaises surprises de ce genre également… aussi j’espérais bien que les quelques jours que nous passerions auprès des miens m’épargneraient ça. À la perspective de ces vacances suivit celle de quelques leçons pour lui apprendre davantage que des surnoms ridicules et dégoulinants de bons sentiments. Là encore, j’avais hâte. Je ne doutais pas qu’elle saurait m’impressionner et que je me retrouverais bien bête à la voir s’en sortir à la perfection. J’avais eu la chance de commencer mon apprentissage très jeune, sinon je ne me faisais aucune illusion du niveau pathétique que j’aurais bien pu avoir s’il m’avait fallu le faire maintenant… Je peinais déjà à retenir trois runes, ça n’était pas pour espérer apprendre quelques conjugaisons souvent douteuses et du vocabulaire sans intérêt. L’idée-même de perfectionner sa connaissance du français fut prétexte à quelque moquerie supplémentaire. Un air choqué qui ne dura pas bien longtemps et un suspense presque intolérable… Voilà tout ce qu’il me fallut supporter pour une caresse bien méritée. J’en profitai sans honte, m’efforçant de faire perdurer ce contact quelques instants de plus…

Jamais jamais jamais, mon amourrr.

Je l’espérais. Rares étaient les fois où aucun surnom idiot ne se glissait dans nos conversations. C’était souvent la preuve que quelque chose n’allait pas ou que nos egos s’étaient froissés pour une quelconque raison…
Quoi qu’il en soit, Erin ne resta pas bien long sur ce sujet, lui préférant visiblement l’existence de son oiseau-tonnerre et plus encore sa dénomination. Il y avait quelque chose de plaisant à partager ces moments avec elle. J’étais presque fier qu’elle accepte de m’inclure dans leur vie sans que je n’y mérite, réellement, la moindre place. Ce qui n’empêcha évidemment pas la situation de déraper légèrement. En un rien de temps, tout n’était que violence et moquerie, des sourires ravis et outrés flottant doucement sur nos lèvres. Son air n’annonçait rien de bon. Je ne savais pas ce qu’elle m’avait encore trouvé mais force était de constater que ça ne me plairait pas pour une Noise !

Enfin, mon ange, ne te rrrabaisse pas à ce point-là, tu n’as rrrien d’un pigeon.

Je ne pus m’empêcher de rire le plus bêtement du monde en l’entendant. Je m’étais attendu inconsciemment à beaucoup mais pas à ça ! Comme si elle n’avait pas compris que je parlais du seul véritable pigeon de cette histoire ! Mes doigts glissèrent quelques chatouilles au milieu de leurs caresses comme pour lui faire part de mon désaccord.

Un poulet, au minimum. Non, un coq !
Venant d’une pintade, je le prends comme un merveilleux compliment, gloussai-je en mettant un point d’honneur à laisser entendre que je n’en pensais rien. Il était seulement question de rester dans la volaille.

Mais l’amusement de sa bêtise ne dura pas bien longtemps. Madame trouva utile de réenchérir en se prétendant prête à affubler son poussin déplumé de mon prénom. C’était déjà peu flatteur en soi mais elle savait parfaitement que je ne le portais nullement dans mon coeur et la voir en jouer ainsi me vexant légèrement. Assez pour que je décide de lui retirer toute tendresse, reprenant ma main et l’éloignant d’elle au maximum. Si j’étais prêt à la suivre dans nombre de ses railleries, prenant finalement bien moins la mouche que je ne l’aurais dû, j’avais tout de même mes limites ! La voir s’agiter dans l’espoir que je reprenne là où je m’étais arrêté m’attendrit néanmoins rapidement. J’étais faible… bien trop faible… Son bras s’abandonne sur ma taille, m’arrachant un sourire un peu idiot, avant que je ne consente à la câliner à nouveau. Elle ne le méritait pas, pas vraiment, mais je prenais un plaisir immense à laisser mes doigts courir sur elle, aussi je pouvais toujours prétendre que ça n’était pas pour elle que je le faisais… quand bien même ça ne serait pas crédible bien longtemps, même avec toute la mauvaise foi du monde.

Tu es d’une mauvaise foi crrruelle. Tu rrrirrras moins lorrrsqu’il serrra plus majestueux que toi ! Mais soit, je note que Kenaz est ton choix. Dommage, j’aimais bien le deuxième, moi.

Je levai le nez d’un air boudeur et prétentieux, ignorant son sourire gentiment moqueur. Elle ne s’arrêtait donc jamais ?! Qu’avais-je fait pour mériter une meilleure amie aussi insupportable que celle-ci ? J’étais pourtant sage et je faisais bien des efforts… Au point de ravaler ma fierté, comme ce soir ! Ça ne méritait pas tant d’acharnement, bien au contraire !

Je te rrremerrrcie quand même de m'avoirrr prrrêté ton concourrrs dans cette lourrrde tâche !
Je n’aurais pas dû… tu es beaucoup trop méchante ! Et puis je ne l’appellerai jamais que Monsieur Pigeon, de toute façon.

Je lui tirai la langue avec une maturité incroyable et laissai échapper un soupir tranquille, bien loin des soi-disants regrets que je pouvais avoir face à cette aide dont elle aurait largement pu se passer. Doucement, ma main quitta son dos pour repousser une mèche de ses cheveux, la glissant derrière son oreille, avant de se perdre sur sa joue ou effleurant ses lèvres, comme si je me l’appropriais un peu avec une tendresse infinie. Hors de notre bulle, le temps filait, et si j’avais du mal à y faire attention, je peinais à l’oublier pour autant. L’heure de notre rendez-vous… mon retard… nos bêtises… le couvre-feu approchait à grand pas, voire peut-être même qu’il était déjà là… Il aurait été logique de commencer à bouger pour rejoindre nos dortoirs mais je me sentais bien ici, à l’abri… et l’envie de la quitter était aux abonnées absentes…

Tu es attendue ailleurs, ce soir…?

J’aurais probablement été vexé qu’elle dise oui, bien sûr… mais j’avais bon espoir que nous passions la nuit sur ce coussin géant, loin du reste du monde… La première depuis que les choses avaient un peu changé…
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyDim 24 Mai - 23:36

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Un ricanement s’échappe de mes lèvres alors que mes yeux partent à la recherche des siens et mes doigts, à l’assaut d’une mèche de sa chevelure qui n’avait cesse de vouloir ombrager son beau regard. Depuis la promesse des beaux jours d’été que nous allions passer ensemble, jamais une attente ne m’avait parue si longue. Je me languissais déjà de lui faire découvrir les steppes norvégiennes et de partir explorer les campagnes françaises à ses côtés. Nous passions pourtant autant de temps que possible l’un avec l’autre, ici, à Poudlard, mais ce qui se dessinait comme nos premières vacances communes n’avait rien de comparable avec ces délicieuses habitudes. Pour la première fois, la toute première fois après des années d’une amitié comme je n’en partageais avec personne d’autre que Junior, j’allais découvrir de quoi était fait son quotidien, en-dehors des murs de notre école, par-delà les toits de Londres. Une excitation impatiente teintée d’un plaisir indicible, mais qui n’abolissait en rien ma raillerie habituelle. Si mon meilleur ami avait toujours trouvé grâce à mes yeux, ça n’était pas le cas de ses congénères. Aristocrates pompeux et imprégnés de leur propre suffisance qui semblaient aussi fragiles que les plus fins des parchemins. Les élèves de Beauxbâtons que j’avais pu rencontrer étaient à la hauteur de ce qu’ils deviendraient plus tard : des sorciers au sang noble, mais si fats et précieux qu’ils en devenaient ridicules. Ces considérations étaient bien loin de s’appliquer à Junior, mais je ne peux m’empêcher un début de sarcasme. Il ne le relève pas, m’inspirant une moue parfaitement sage, un sourire parfaitement innocent. Qui se brisent aussitôt qu’il se fend d’une déclaration espiègle, m’arrachant un rire amusé, et satisfait aussi. J’aimais assez l’ombre de sérieux que je croyais distinguer dans les propos plaisantins de mon meilleur ami, comme s’il n’y avait rien que je désirais plus que de parader à son bras au milieu d’une foule dont je n’avais rien à faire, juste avant de nous enfuir dans un tête-à-tête qui se suffisait à lui-même. Il y aurrra bien moins foule quand nous serrrons chez moi, mais ça a ses avantages, et pas des moindrrres ! Nul besoin de fairrre comprrrendrrre quoi que ce soit à qui que ce soit, tout le monde le sait déjà parrrfaitement. Que savaient-ils exactement, moi-même je n’en étais pas bien certaine. Mais ils le savaient, et personne n’oserait me voler la présence de Junior. J’ai hâte de voirrr comment tu comptes t’y prrrendrrre. Ne t’inspirrre pas trrrop de Finn, les fleurrrs assorrrties, c’est tellement vieux jeu. Quoique, j’étais prête à cet effort si cela lui faisait outrageusement plaisir.

De nouvelles moqueries, de nouvelles caresses. C’était d’une douce évidence et c’était un plaisir infini que de retrouver des moments d’une telle simplicité. Comme si notre bulle n’attendait que nous et nos fiertés enfin repassées pour venir à nouveau nous envelopper tendrement et nous isoler loin du monde. Je préférais, et de loin, cette danse rythmée par des taquineries qui ne soulevaient rien de plus grave que des airs faussements vexés et des chatouilles punitives. C’était-là une valse que j’étais prête à pratiquer pour l’éternité toute entière, tant mon cavalier était doué pour me faire oublier le temps qui passait, là-bas, dans le monde réel duquel nous préférions nous soustraire. Pas à pas, de raillerie en raillerie, j’en viens à mon oiseau-tonnerre qui ne possédait toujours pas d’autre nom que stupide volatile ou pigeon déplumé. Cela me convenait très bien, lorsque j’étais face à ses yeux fourbes, mais face aux autres, il était nécessaire de lui trouver un sobriquet plus élégant. L’ombre d’un sarcasme qui prenait forme dans mon esprit vient danser sur mes lèvres, laissant tout le loisir à Junior de suspecter, à raison, que j’allais de nouveau me fendre d’une pique quelconque dont il serait la malencontreuse victime. Encore que, pour un martyr, il se défendait plutôt bien, ne tardant pas à assassiner mon sourire en me traitant de pintade. Mon air offusqué ne fait pas long feu, déjà mon rire retrouve le sien, et même la légère tape sur son épaule a plus des allures de caresse que de velléité. Tu es affrrreusement médisant ! Je tentai vaguement de bouder, mais cela ne ressemblait décidemment à rien. Heureusement, j’avais plus d’un sarcasme dans ma besace, mais le suivant m’ôta la chaleur de Junior que je cherchai à reconquérir par tous les moyens, entre deux sourires et deux explications formulées d’un ton désintéressé. Seule m’importait cette étreinte qu’il me refusait et qu’il continua de me contester bien trop longtemps. La bataille prit fin alors que mon bras rejoignait sa taille et qu’un sourire visant à l’amadouer se dessina sur mes traits. Cela fonctionna à la hauteur de mes espérances et déjà je me retrouvais de nouveau contre lui, ses doigts reprenant leur place dévolue. C’est qu’il était bien trop facile de s’habituer à ces tendresses-là, bien trop aisé d’y plonger et de s’y noyer. Et quelle noyade ! Il n’y en avait aucune que je ne souhaitais plus que celle-ci. En un temps record, c’était devenu une évidence sotte, une habitude de laquelle je ne souhaitais pas me défaire, pas plus que je ne désirais voir mon meilleur ami l’abandonner.

Etaient-ce toutes ces cajoleries qui m’assuraient de ne pas froisser définitivement Junior ? Peut-être bien, et j’étais décidée à en jouer encore un peu, encore un tout petit peu. Son nez prétentieusement relevé, boudeur et hautain à la fois, me dévoile son visage sous un profil tout aussi agréable à contempler et mon sourire idiot se perd quelque peu dans la contemplation de ses traits, tandis que me pensées s’amusaient seules en imaginant le temps que je pourrais passer, silencieuse, à le détailler ainsi s’offusquer, avant qu’il ne daigne plonger de nouveau son regard dans le mien, s’interrogeant sur ce qui pouvait bien me garder muette et occupée. Je ne suis que gentillesse et générrrosité, moi fis-je d’un ton légèrement plaintif et lourdement démenti par le gloussement que je laisse échapper. Tu pourrras l’appeler Monsieur Pigeon, mais c’est un prrrivilège qui t’es rrréserrrvé lui accordai-je finalement, ignorant son geste puéril, me laissant aller un peu plus contre lui alors que son soupir vient chatouiller ma joue. Le tendre ballet des caresses ne tarda pas à reprendre, ses doigts se jouant de mon visage avec une douceur apaisante qui parvint à endormir pour ce soir mes envies impérieuses et impétueuses.

Pour une fois, c’est Junior qui vint briser cet adorable silence, sa question me faisant lever deux sourcils, interrogatifs. Comme si je pouvais avoir planifié quoi que ce soit d’autre ce soir, alors que l’espoir incertain qu’il me rejoindrait m’avait conduite ici et que j’avais obstinément décidé de ne pas bouger de cette salle avant une heure avancée de la nuit, afin d’être certaine que nous ne puissions pas nous manquer. J’y décelais cependant autre chose qui ressemblait à l’envie de ne pas bouger tout de suite de ce coussin géant, quand bien même le couvre-feu devait être passé, là-bas dehors. Un désir sous-entendu qui me fait secouer doucement la tête, de gauche à droite, un sourire aux lèvres. Absolument pas. J’espèrrre que toi non plus. Je ne lui laissais pas vraiment le choix, mais j’osais croire qu’il n’avait jamais eu l’intention de l’avoir. Tout doucement, la même torpeur m’enveloppe alors que mes doigts ne cessent de s’abandonner sur ses hanches. Hé ! c’est la constellation du drrragon notai-je d’une voix voilée par le long silence qui s’était durablement installé entre nous et notre étreinte, mes paupières rendues lourdes par le confort voluptueux dans lequel je me trouvais, étendue tout contre Junior et ses caresses, perdus au milieu d’un refuge douillet.
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyMer 27 Mai - 19:07



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Je n’avais jamais vraiment réfléchi aux potentiels invités de ce mariage ridicule. Bien sûr, je savais qu’il y aurait une bonne partie de ma famille, et des gens très importants… mais la possibilité de nous retrouver au milieu de ceux qui auraient pu être mes camarades de classe ne m’avait pas effleuré l’esprit. Pourtant, ça se tenait ! Il y en avait sûrement plus d’un ayant pour parent l’un ou l’une desdits gens importants. Et je devais bien avouer que l’idée était plaisante. Non pas de les voir, pas nécessairement, je m’en fichais bien… mais j’aimais assez l’idée d’avoir à marquer mon territoire pour la première vraie fois depuis que nous nous connaissions. C’était idiot, mais j’avais hâte. Il fallait bien reconnaître que c’était plus que flatteur ! Combien auraient la chance d’être accompagné par une cavalière aussi merveilleuse que la mienne ? Je ne parlais pas seulement de sa beauté indéniable mais de tout le reste également. Quand bien même elle savait se montrer insupportable quand elle le désirait (et elle le désirait souvent), je n’aurais rien voulu changer en elle. C’était sans nul doute la personne la plus incroyable qu’il m’avait été donnée de rencontrer. Le reste du monde faisait bien pâle figure à côté et, dans le fond, je supposais, sûrement à juste titre, que son arrivée dans ma vie n’était pas sans lien avec l’absence totale d’envie de m’entourer davantage. J’avais toujours été un gamin plus ou moins solitaire, dans le sens en tout cas où je n’étais pas fichu de me faire de véritables amis, trop occupé à m’en lasser pour ça, mais depuis des années maintenant, les autres n’avaient plus vraiment d’intérêt. Il n’était même plus question de les approcher pour un temps, je m’en fichais juste éperdument. Ils étaient là, seulement là, vivant à côté sans que je ne daigne vraiment les remarquer. Pourquoi se contenter d’une fade population alors qu’il existait une aussi flamboyante amie à portée de main ? Le rire qui la secoua après mon aveu idiot m’en tira semblable. C’est qu’elle n’avait pas l’air contre ! Est-ce que c’était une sorte d’approbation implicite ? Peut-être que je l’espérais un peu.

Il y aurrra bien moins foule quand nous serrrons chez moi, mais ça a ses avantages, et pas des moindrrres ! Nul besoin de fairrre comprrrendrrre quoi que ce soit à qui que ce soit, tout le monde le sait déjà parrrfaitement.

Je ne savais pas exactement ce qu’ils pouvaient bien savoir mais il était évident que notre relation n’était un secret pour personne. Tout le monde connaissait l’existence de notre amitié, qu’on y pose un regard attendri ou réprobateur. Ma famille entière, de mes grands-parents paternels qui vivaient près de nous à quelques cousins français à peine croisés, avait déjà entendu parler d’Erin au moins une fois, sinon bien davantage, tant il m’était naturel de glisser son nom dans toutes les conversations.

J’ai hâte de voirrr comment tu comptes t’y prrrendrrre. Ne t’inspirrre pas trrrop de Finn, les fleurrrs assorrrties, c’est tellement vieux jeu.
Aucun risque, soufflai-je en riant à nouveau, mais je me ferai un plaisir d’agir avec toi comme si tu étais déjà mienne, le message n’en sera pas moins clair et il sera délicieux à faire passer.

Je ne l’avais jamais imaginée ainsi une seule seconde, pour être tout-à-fait honnête. Je peinais à imaginer Erin appartenir à qui que ce soit, et à moi moins encore. J’avais bien trop conscience de son caractère d’une liberté insaisissable pour espérer rien qu’un instant de pouvoir l’entraver. Mais l’espace d’une soirée, pour offrir à des idiots que nous reverrions jamais, je n’avais aucun scrupule à l’envisager. Après tout, ça ne serait sûrement rien d’autres qu’un jeu de plus dont nous ririons ensemble dès notre intimité retrouvée. Je n’étais pas convaincu que ma tendre mère apprécie beaucoup le spectacle s’il lui parvenait tant il risquait de faire fuir les potentielles prétendantes qu’elle espérait faire tomber dans les filets familiaux, mais ça ne faisait rien. C’était un mal pour un bien, dans le fond, et j’étais certain que ma meilleure amie n’aurait rien contre l’idée de faire d’une pierre deux coups non plus.

La suite fut ouvertement plus moqueuse mais pas moins désagréable pour autant. J’aimais ce rythme à deux temps que nous jouions constamment. Toujours bienveillant mais rarement d’une douceur évidente. C’était normal de chercher la petite bête, d’appuyer tendrement là où ça faisait mal. Nos querelles n’avaient d’égales que nos caresses et je me complaisais chaque jour un peu plus dans cette relation difficile à suivre qui en aurait rendu fou plus d’un. Je ne m’étais pourtant pas attendu à me faire traiter de bien des noms d’oiseaux, au sens le plus littéral du terme. C’était impossible de garder mon sérieux avec une andouille comme celle-là à mes côtés ! Je me défendis tant bien que mal dans un gloussement amusé, ce qui ne fit qu’aggraver la situation. Erin afficha un air choqué pendant au moins une seconde toute entière avant de me frapper encore, plus tendre que la première fois.

Tu es affrrreusement médisant !
C’est à la hauteur de ta violence, [i]mon amour[i]. Je suis sûr que je sortirai d’ici en étant couvert de bleus…

Ce qui ne semblait pas me déranger pour une Noise ! Si tous les coups ressemblaient à ceux-là, elle pouvait continuer toute la nuit si le coeur lui en disait, j’étais bien loin d’avoir envie de me défendre. Il n’y eut bien qu’une vague tentative pour lui faire payer ses moqueries, retenant mes doigts de continuer leur art sur son dos, mais là encore, ça ne dura qu’un instant. Il fallait bien reconnaître que je n’avais aucune envie de la garder loin ce soir. Nous aurions tout le loisir de reprendre nos distances lorsqu’il nous faudrait retrouver le monde extérieur, en attendant nous pouvions profiter de cette intimité rassurante et bienvenue. La victoire lui revenait sans grand mal mais j’en profitai tout autant, sans la moindre honte. Je lui en concédais beaucoup, ce soir, mais je n’y voyais aucun inconvénient. Il fallait seulement espérer qu’elle n’en prendrait pas trop l’habitude ! Loin de moi l’envie de continuer indéfiniment à la laisser vaincre si facilement ! Enfin… plus ou moins… Si c’était pour finir ainsi, blotti contre elle, peut-être pourrai-je revoir mes exigences à la baisse sur un plus long terme…

Je ne suis que gentillesse et générrrosité, moi.

Sur quoi je levai exagérément les yeux au ciel avant de glousser avec elle. Si le reste de l’humanité l’aurait probablement contredite sans même avoir l’impression de mentir, ça n’était absolument pas mon cas. Avec moi, elle l’était. Je n’avais strictement jamais eu à m’en plaindre, ou du moins pas assez pour que l’on puisse décemment le compter.

Tu pourrras l’appeler Monsieur Pigeon, mais c’est un prrrivilège qui t’es rrréserrrvé.
Madame est trop bonne.

Doucement, les plaisanteries finirent par se taire d’elles-mêmes, noyées sous la tendresse de nos gestes. J’avais un peu l’impression de découvrir un tout autre aspect de notre relation. Oh, nous avions toujours été tactiles entre nous, abandonnant sans le moindre mal des caresses discrètes ou laissant machinalement nos doigts se retrouver… mais rien qui était semblable à cet étalage-là. J’appréciais la découverte. Probablement plus encore que je voulais bien me l’avouer. Peut-être y avait-il quelque chose de vaguement plus adulte qui donnait à notre adolescence un goût surprenant… J’avais envie de rester là des heures, à profiter de cette proximité tranquille… Le monde qui tournait encore hors de la salle devait pourtant s’approcher du couvre-feu, ce qui supposait que nous devrions le faire aussi… D’un autre côté… Étions-nous à une incartade près ? Nous l’avions bafoué pour visiter la Réserve, nous l’avions bafoué pour jouer dans la Salle de Bain des préfets… Nous pouvions sûrement le faire également pour gagner quelques heures agréables dans cette salle isolée… Erin secoua la tête à ma question. Est-ce que notre nuit se dessinait entre ces quelques murs ? Je l’espérais.

Absolument pas. J’espèrrre que toi non plus.

J’imitai son geste sans me départir de mon sourire. Que pourrais-je vouloir faire d’autre que de rester auprès d’elle tant qu’il m’était possible de le faire ?! Le calme retomba sur nous, nous enveloppant tout entiers. Nos caresses ne cessaient pas, se ralentissant seulement, alourdies par la somnolence qui nous prenait tous les deux. Je crois qu’aucune soirée à Poudlard, ni même ailleurs, ne m’avait jamais paru aussi agréable que celle-ci. Elle valait bien d’avoir oublié ma fierté pour rejoindre la Poufsouffle ! Je ne regrettais rien, sinon d’avoir mis si longtemps à me décider… Le temps se suspendit totalement. Il n’avait plus aucune raison de s’écouler puisque nous restions prisonniers de cette bulle délicieuse. Il n’y avait plus rien d’autres que nos mains s’abandonnant sur cet autre, se l’appropriant comme si elles en avaient le droit… Une certaine torpeur se cala avec nous sur le coussin géant et il n’y eut plus rien d’autre pour exister que la chaleur d’Erin.

Hé ! c’est la constellation du drrragon.

J’essayai péniblement de me concentrer sur les étoiles mais le sommeil qui venait peu à peu, profitant de la sérénité de ces retrouvailles pour s’imposer, m’empêchait de distinguer vraiment quoi que ce soit. Il n’y avait que des petites taches un peu floues sur un fond sombre… et j’eus beau me frotter doucement les yeux, rien n’y fit. Aussi je ne cherchai pas davantage et hochai machinalement la tête avant de resserrer tendrement mon étreinte sur sa taille fine…

Hmm… magnifique…

J’étais de toute façon incapable de faire la différence entre une constellation et une autre. Oh, sur une carte ça passait à peu près mais dans le ciel, c’était une autre histoire… J’étouffai un bâillement, me calai un peu mieux dans le confort de notre lit pour la nuit et finis par nicher mon visage au creux de son cou, m’enivrant avec envie de son parfum. Ça n’était certainement pas la première nuit que nous passions ensemble, loin de là, mais dans mes souvenirs jamais la distance n’avait à ce point si peu compter. Je me sentais bien, ce soir-là, étrangement en sécurité. Un peu comme sur les toits de Londres alors que sa seule présence suffisait à m’assurer que rien ne pourrait jamais nous arriver…
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyVen 29 Mai - 0:18

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Et plus nous évoquons la perspective de ces jours d’été qui ne nous emporteront pas, pour une fois, à des extrémités opposées du globe, et plus ils se parent de charmants avantages. Celui de ne pas devoir nous séparer tout de suite, par-dessus tous les autres. Ainsi que ce bonheur adolescent de partir à la découverte d’une réalité qui m’était parfaitement inconnue, alors qu’elle constituait une part non négligeable de la vie de mon meilleur ami ; et celui, reflet exact du précédent, de lui faire découvrir mon monde nordique. Je me languissais déjà de l’enlever à une nuit insipide pour nous échapper dans un recoin de notre domaine et observer l’aube se lever alors que minuit ne serait passé que de trois heures. Et, aussi étrange que cela puisse paraître, je trouvais merveilleusement satisfaisant cette présomption toute nouvelle qu’avait Junior. Je n’avais jamais rencontré grand monde de son entourage, ses parents, ses grands-parents, quelques vagues cousins, tout au plus. Quant aux miens, ils n’ignoraient pas quel lien nous partagions, et s’il était évident que mon meilleur ami était également un très proche camarade de mon jumeau adoré, ou qu’il éprouvait une affection incompréhensible pour Judith, il l’était encore plus que nul n’avait intérêt à tenter de me dérober sa présence.

Alors, cet orgueil n’était en rien un affront à mes yeux, loin de là, encore moins la marque surannée d’une possession hautaine. Comment s’offusquer de cette envie plaisante qu’il avait de proclamer à la face de tout son monde français ce que nous étions, quand bien même je ne la savais pas vraiment moi-même ? Si cela m’évitait en plus la peine d’avoir à supporter d’infâmes imbéciles si satisfaits d’eux-mêmes qu’ils en devenaient plus idiots encore, ce n’était qu’un bonus appréciable. J’étais enchantée de trôner à son bras, un roi et une reine conquérant un tout nouveau royaume. Et peut-être, peut-être un peu, juste un tout petit peu, de montrer à toute sotte qui serait tentée de venir battre des cils devant Junior que celui-ci n’avait pas de temps à lui accorder, pas de place à lui offrir. Pas une qui soit à ses côtés, du moins. Loin de chasser cette idée de son esprit, donc, je lui offre un sourire joueur en l’incitant à ne pas imiter mon frère adoré en ce qui concernait les fleurs assorties. Déjà ? relevai-je en laissant mes doigts glisser sur sa joue, mon sourire relevé d’amusement. Je suis impatiente de découvrrrirrr comment tu comptes rrrrendrrre le message limpide et délicieux à la fois. Je ne me départissais jamais de cette pointe moqueuse qui rythmait mes propos, mais mon sourire suffisait bien souvent à atténuer tous les sarcasmes de mon ton… du moins, quand il n’était pas encore plus railleur.

Comme il le devint rapidement alors que des ébauches de noms franchissent mes lèvres pour rencontrer l’opinion biaisée de mon meilleur ami. Un deuxième coup aux allures de caresse vient rythmer cette douce danse et j’essaie tant bien que mal de conserver mon sérieux boudeur une seconde de plus, mais mon sourire est incapable de résister à sa voix, surtout lorsqu’elle se fend de réparties telles que celle-ci. Tu es le plus médisant de tous et je suis d’une violence excessive, c’est noté. Nous étions sur un pied d’égalité, c’était tout ce qui comptait. Une ignominie contre une autre, qui ne franchiraient jamais l’intimité de notre bulle. En cas de bleus, ton baume fonctionne à merrrveille lui rappelai-je, dans ma grande bonté. Il était évident que la force de mes mécontentements répétés laisseraient des traces : c’est que je l’avais frappé si fort ! ou qu’il avait la peau bien sensible, c’était à la discrétion de chacun. Il tenta brièvement de me punir de mes moqueries répétées en me refusant sa chaleur, mais je remportai bien vite cette nouvelle bataille et retrouvai ses doigts sur mon dos, en même temps que mon sourire.

Nos rires ne laissent aucune place à la dissension, ce soir et je ne pourrais jamais m’en plaindre. C’était agréable, de se perdre de nouveau dans des moqueries d’une tendresse infinie sans craindre le mot de trop qui offensera définitivement l’autre. À bien y réfléchir, j’avais conscience que la faute m’en incombait en grande partie. J’étais celle des deux qui avait tissé un mensonge empoisonné autour de nous. Mais tout ceci était derrière nous, inutile de se repencher sur la question et de ressasser ce qui n’avait plus lieu d’être depuis que nous avions renvoyé aux oubliettes ce qui n’aurait jamais dû naître. Lentement, nos railleries se font plus espacées et nos silences plus longs. Le ballet incessant de nos tendresses comme seule preuve que nous ne dormons pas encore. Je ne voulais rien d’autre que cet instant dure toujours. C’était incroyablement apaisant et merveilleusement enivrant, comme une facette encore inexplorée d’une relation pourtant soumise à bien des aventures. Aucune n’avait jamais été à la hauteur de celle-ci… et en même temps, cette dernière ne serait rien sans toutes les autres. Comme un tout d’une logique effarante, mais qui aurait pu prédire la suite ? Que nous passerions des légères caresses, presque discrètes, en tout cas bien enfantines, à ces tendres égarements sans fin que nous ne cessions de compléter de nouvelles frivolités ? Oui, tout ceci était des plus agréables, ce coussin me paraissait paradisiaque, et cette étreinte, la plus magique d’entre toutes.

Le souffle de Junior me tire de cette plaisante torpeur, un sourire reprenant possession de mes lèvres alors que je secoue bien maladroitement la tête. Je n’étais attendue nulle part ailleurs, et quand bien même ça aurait été le cas, je crois que rien n’aurait pu m’arracher des bras de mon meilleur ami présentement. Lui non plus n’avait rien de prévu qui me l’enlèverait de la plus cruelle des façons, et c’était bien une nuit ici qui se dessinait sans à-coups sous nos yeux fatigués. Il n’en fallut pas beaucoup plus pour que cette sérénité silencieuse ne revienne nous envelopper tout entiers, sans que jamais nos caresses ne cessent. Mes doigts se perdaient quelque part le long de son flanc, mon regard clair noyé dans le ciel étoilé. Je le voyais sans vraiment le voir, jusqu’au moment où mon attention se fendit d’une reconnaissance astrales. Je sentis vaguement Junior remuer mais tout mon intérêt pour l’astronomie s’évanouit aussi vite qu’il était apparu alors qu’il resserre son étreinte, sa chaleur m’encerclant un peu plus encore, ses bras me ravissant à tout le reste. Je capitule sans opposer la moindre résistance au sommeil qui m’offre son plus bel étau et me tortille une dernière fois pour trouver la position idéale, lovée au creux de cette douce étreinte. Il n’y avait pas plus belle façon de s’endormir, c’est du moins la réflexion que je me fis juste avant que la léthargie qui précède l’endormissement ne m’ôte toute conscience de ce qu’il se passait.

Il ne faisait pas très chaud, là où je me trouvais. L’obscurité m’empêchait de distinguer les contours de la pièce, mais il semblait y avoir une porte, qui s’éloignait à mesure que je m’approchais, derrière laquelle des coups résonnaient. Mes doigts tendus ne cherchaient qu’une chose : s’emparer de la poignée pour faire pivoter le battant et obtenir une réponse à cette question que je ne formulais pas vraiment. Un temps infini et paradoxalement très court me fut nécessaire pour y parvenir. Ce n’était pas tant de mon fait que de celui des coups qui faisaient vibrer la porte en bois et qui la propulsent brusquement jusqu’à moi, faisant naître une petite douleur irritante. Il me faut encore une autre éternité avant de parvenir à m’emparer de la poignée, une seconde pour actionner la clenche, une dernière pour pousser le battant.

Je cligne des yeux une première fois, presque aveuglée par ce plafond lumineux, avant de me rappeler où je me trouve. Un coussin géant, la chaleur de Junior pour seule couverture, et le sommeil qui était venu nous cueillir. Je me redresse sur un coude, mon autre main frottant mes paupières encore alourdies par le sommeil, avant de venir se poser sur l’épaule agitée de mon meilleur ami. Juniorrr... Mon souffle, un peu rauque, n’a aucun effet, si ce n’est celui d’achever mon réveil. Ce n’était pas un secret pour moi que les nuits du Serpentard étaient entrecoupées de bien des cauchemars, quand ça n’étaient pas des visions. Mes doigts caressent un instant sa joue, avant de glisser de nouveau sur son épaule pour le secouer mollement puis, graduellement, avec un peu plus de véhémence. Juniorrr ? Il ouvre finalement les yeux, un regard paniqué qui cherche autour de lui où il se trouve, ce qu’il fait, et en compagnie de qui, son esprit certainement encore aux prises avec les réminiscences de son mauvais rêve. C’est moi. Ça va ? C’était un cauchemarrr ? Je me redresse en même temps que lui, le corps entier alourdi par les limbes du sommeil qui s’accrochent encore à nous, l’esprit parfaitement alerte cependant.
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptySam 6 Juin - 15:55



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Déjà Poudlard se dessinait comme une image lointaine alors même que nous ne l’avions pas encore quitté. Il n’était plus question que de quelques jours inutiles et sans fin avant qu’une nouvelle vie ne s’offre à nous. Bien sûr, elle serait temporaire, bien plus que ne l’étaient nos errances scolaires, mais qu’importe. Rien ne m’avait jamais paru aussi enviable que ces quelques jours à venir. Comment avions-nous tenu si longtemps sans jamais nous y abandonner ? Maintenant que c’était à portée de main, je dois bien avouer que je ne comprenais pas. Peut-être qu’on nous l’aurait accordé bien avant si nous avions fait l’effort de le demander…? Sûrement, en réalité. Mais d’un autre côté, j’aimais à croire qu’il n’y avait nulle coïncidence ! Ça n’était pas pour rien s’il nous avait fallu attendre de nous rapprocher à ce point pour faire tomber les dernières barrières qui pouvaient bien subsister. Dans le fond, elle s’éloignait un peu plus encore du commun des mortels. Qui avais-je pris la peine d’inviter à partager quelques jours d’une vie qui ne lui était pas d’ordinaire accordée ? Absolument personne ! Jamais personne n’avait été autorisé à me suivre loin de Londres, gardant presque jalousement une existence tranquille et dorée de l’autre côté de la Manche. Après tout, c’était le seul endroit au monde où j’étais libre de faire ce que bon me semblait sans craindre que l’école toute entière ne finisse par en avoir vent… C’était un détail précieux. Pour être tout-à-fait honnête, je ne pense pas avoir eu grand chose à me reprocher, rien qui aurait pu jeter l’opprobre sur ma famille pour un peu que Poudlard ne l’apprenne mais j’avais toujours tenu à ce sentiment de liberté et de totale impunité… Jusque là… Mais il était question d’Erin. Juste d’Erin… la plus fidèle alliée que je n’aurais sûrement jamais… et bien plus encore. Il n’y avait qu’à voir la faculté que nous avions à nous projeter ensemble sur des terres inconnues pour réaliser que c’était la meilleure décision du monde.

Déjà ?

Je hochai doucement la tête alors que ses doigts glissaient à nouveau sur ma joue. Oui, déjà. Comme s’il y aurait un jour où cela finirait par être vrai. Je n’attendais rien de semblable, n’y croyais même pas un instant. Elle n’était pas de celles qu’on pouvait envisager posséder un jour. Pourtant, il n’y aurait rien eu de particulièrement illogique à l’envisager rien qu’une seconde… Nous flirtions ouvertement et elle était très certainement à la hauteur des exigences parentales en matière de demoiselle… mais non. Elle m’était bien trop précieuse pour être reléguée au simple rang de conquête potentielle. Elle était infiniment plus que ça. C’était, je crois, presque cruel de la réduire à si peu tant elle était tout.

Je suis impatiente de découvrrrirrr comment tu comptes rrrrendrrre le message limpide et délicieux à la fois.
Tu seras impressionnée, déclarai-je en gloussant de plus belle, je suis certain que tu réclameras que je continue même ici !

Au moins, oui ! En réalité, il n’y avait sûrement aucun intérêt, ici, à tenter de faire comprendre au monde qu’il n’y avait aucune place à prendre auprès d’elle. Oh, elle était ravissante, bien sûr, et aucun mâle digne de ce nom n’était en mesure de prétendre le contraire, mais je doutais sincèrement que cela puisse suffire à en attirer beaucoup. Ses frasques tenaient à distance et bien du monde la voyait infiniment plus détestable qu’elle ne l’était réellement. Elle était seulement plus volcanique que la moyenne, voilà tout… Je ne me souvenais même plus exactement de la première impression qu’elle m’avait faite, lorsque nous nous étions rencontrés… Mes souvenirs se faisaient si flous que c’était comme s’il n’y avait jamais vraiment eu d’existence avant elle. Ce qui était particulièrement faux, bien sûr, le monde allait et venait et j’avais sûrement bien croisé tout ce qui se faisait sur le plan descendance de grandes familles… mais ça ne comptait finalement pas. J’avais sûrement dû la voir comme je la voyais aujourd’hui : extraordinaire et brillante. Sinon, pourquoi remuer vainement ciel et terre dans l’espoir de la retrouver quelques semaines plus tard ?

Doucement, les rêveries estivales s’estompèrent. Je ne doutais pas que nous les reprendrions plus tard, nous n’étions presque plus bons qu’à ça ces derniers temps, mais pour l’heure notre discussion se fit plus taquine encore. Depuis combien de temps n’avions-nous pas connu une soirée comme celle-ci ? Sans heurt ni dispute…? Ça devait sûrement se compter en mois. J’avais bon espoir que toutes les prochaines suivent le même chemin, tranquille et rassurant. Nous avions toujours eu l’habitude de nous chamailler, bien sûr, mais jamais nous n’avions pris le risque de mettre en péril notre amitié comme ce fut le cas cette année… Je préférais de loin des broutilles idiotes qui finissaient par nous faire rire après deux heures de boudage intensif aux rancunes tenaces qui ne laissaient place qu’à des égos blessés…

Tu es le plus médisant de tous et je suis d’une violence excessive, c’est noté.

Je hochai à nouveau la tête, un sourire amusé flottant tendrement sur mes lèvres. C’était un beau tableau. Sûrement à la hauteur de l’image que nous pouvions renvoyer d’ordinaire.

En cas de bleus, ton baume fonctionne à merrrveille.
Mais c’est que je serai sûrement trop mal en point pour pouvoir l’appliquer tout seul…

Sur quoi je posai sur elle de grands yeux exagérément désespérés. Tant de violence laisserait forcément des séquelles, il était probable que je puisse à peine bouger, agonisant à moitié sous l’horrible violence de ces coups ! Quelque chose comme ça… Ses railleries ne se firent pas moins là après ça, si bien que je fus dans l’obligation de sévir et de la priver des tendres attentions qui lui étaient accordées jusque là. Ça ne dura néanmoins pas bien longtemps… Nous passions un moment très agréable pour vouloir installer durablement la moindre distance entre nous ! Quelques minutes, au moins deux ou trois !, et mes doigts reprirent leurs droits sur son dos, avec un plaisir que je ne cachai même pas. Ça s’arrêta à peu près là… Les taquineries moururent d’elles-mêmes, assassinées par nos caresses qui n’en finissaient plus. Nous étions si loin des quelques effleurements habituels et pourtant rien ne m’en semblait plus proche à la fois. Tout était logique. Je ne me posais pas la moindre question concernant le bien fondé de ce changement. C’était évident. Certains auraient peut-être craint de gâcher une si belle amitié pour un flirt malvenu, moi je ne voyais nulle différence entre notre amitié merveilleuse et ce nouveau je ne savais quoi. Elle restait ma meilleure amie, que mes mains s’aventurent sur elle ou non, et elle le resterait probablement à jamais. Elle ne semblait d’ailleurs pas plus réticente que moi. Est-ce qu’elle y voyait la même suite on ne pouvait plus normale, elle aussi ? Chaque étreinte de ces derniers mois n’avaient sûrement existé que pour nous préparer à tout ça. Nous faire comprendre, peut-être, ce que nous voulions vraiment…? Je n’en sais trop rien. Sûrement un peu, dans le fond. C’était presque comme si nous ne nous disputions pas seulement pour laisser un désespoir idiot nous pousser dans les bras l’un de l’autre, réconfortant un égoïsme palpable en lui assurant qu’il n’y aurait jamais personne d’autre que nous…

En tout cas, ce soir, c’était certain : il n’y aurait personne d’autre. Et ce jusqu’à demain puisqu’un accord somnolant fut rapidement scellé. Nous passerions la nuit ici, loin du monde. La dernière remontait à notre anniversaire et rien que les souvenirs de son retour maladroit me tirèrent un nouveau sourire. Le calme le plus apaisant du monde finit par se poser sur nous, nous enveloppant sans mal. Le monde avait arrêté d’exister, il ne reprendrait sa place que le lendemain, nous n’étions pas pressés… J’aimais ces instants hors du temps que n’appartenaient qu’à nous, ses moments partagés dont l’humanité ne savait jamais rien. Le mouvement tendre et lent de ses doigts me berçaient, me laissant doucement plonger dans un demi-sommeil paisible. Je ne dormais pas vraiment, continuant à la câliner de plus en plus distraitement, attentif à sa chaleur, à la mélodie de son souffle qui se mêlait au mien quelque part entre nous mais bien trop loin cependant pour faire encore pleinement attention à ce qui nous entourait… Les étoiles, la lueur vacillante des chandelles, les bruits du couloir… Il n’y avait plus grand chose pour exister en dehors de ce coussin et de son occupante. Elle tenta bien de me ramener à la réalité mais mes faibles efforts restèrent vains… Un instant plus tard, je m’endormais tranquillement, blotti contre elle avec la sensation délicieuse d’être à la place exacte que je devais occuper.

Il me semble que ça fait une éternité que nous étions là, dans cette salle déserte, à regarder Finnbjörn et Reyes disputer une partie de bataille explosive. Ils m’ont l’air à égalité sans que je ne puisse l’assurer pour autant. Je n’y fais pas très attention, pour être honnête. J’aurais presque envie de m’en aller pour profiter du soleil qui brille au travers de la fenêtre mais Erin m’en empêche un peu. Tout contre moi, son bras autour de ma taille et son menton sur mon épaule, elle suit le combat des Gryffondor avec une attention toute particulière. Je la sens qui se tend lorsque son frère manque de perdre mais soupire de soulagement face à cette fausse alerte. Un sourire tendrement moqueur s’esquisse sur mes lèvres alors que, d’un coup, la nuit tombe, les chandelles s’allumant d’elles-mêmes pour pallier à l’obscurité. Nous ne bougeons pas pour autant, suivant les doigts de nos camarades retourner quelques cartes supplémentaires. Dehors, des cris se font entendre. Au loin, d’abord, puis de plus en plus proches. Une carte explose sur la table sans que nous ne cherchions à en attribuer la défaite à qui que ce soit. L’ambiance a changé, la tension est palpable. Mon regard croise celui de Finnbjörn juste avant qu’il ne se lève, baguette en main, et n’aille jeter un coup d’oeil par la fenêtre. Les cris redoublent d’intensité. Nous nous redressons presque d’un bond juste avant que la porte ne s’ouvre et qu’une foule sans visage ne déferle dans la pièce. La fenêtre se brise, un bruit sourd résonne jusque dans mes os, m’arrachant un frisson si violent qu’il m’en donne la nausée. Sans trop savoir pourquoi, mes doigts se saisissent du bras de Reyes qui se débat comme une enragée, hurlant dans une langue que je ne comprends pas. Erin nous pousse en direction de la porte, lançant des sorts à tort et à travers dans l’espoir de nous frayer un chemin mais en vain, ils se dissipent avant de toucher quoi que ce soit. Il nous faut jouer des coudes, pousser et repousser encore… Notre progression est rapide mais difficile. Néanmoins, la Gryffondor parvient à se défaire de mon emprise et disparait, emportée par la marée humaine contre laquelle nous luttons toujours. Erin assène un coup dans mon épaule, sa voix laissant entendre un désespoir étouffé… puis un autre plus fort… et encore un autre… J’ai envie de lui hurler que je n’y suis pour rien, qu’il faut qu’on s’en aille avant de finir comme elle mais rien ne sort. Un autre coup…

… et j’ouvris péniblement les yeux sur le visage de la Poufsouffle. Ce fut pourtant le calme qui me frappa avant même sa présence. Pas de gens à tout va, pas de risques oppressants sans pour autant parvenir à expliquer lesquels. Le ciel étoilé se précisait peu à peu tandis que mon souffle se faisait plus lent. Tout allait bien…

C’est moi.

Il me fallut bien quelques secondes de plus pour que les contours de notre soirée ne se redessinent enfin, me laissant entrevoir ce qu’elle fait là… et ce que j’y fais également… Je m’assis sur le lit, un peu ailleurs, encore pris dans un sommeil lourd et peinant à reprendre complètement pied avec la réalité. À côté, Erin m’imita.

Ça va ? C’était un cauchemarrr ?
Oui, bredouillai-je en me frottant les yeux, répondant aux deux questions à la fois.

Ça ne pouvait qu’être un cauchemar de toute façon, dans quel monde prendrais-je la peine de filer un coup de main à Phoenix ? S’il y avait la possibilité de la laisser périr où que ce soit, je ne m’y opposerais certainement jamais ! En être débarrassé une bonne fois pour toutes méritait bien qu’on ferme les yeux sur le comment, non…? Cette pensée idiote me fit soupirer doucement, presque de soulagement, avant que je ne me relaisse tomber sur le coussin, m’étirant paresseusement en étouffant un bâillement.

Je t’ai réveillée…?

La question ne se posait sûrement pas dans le fond… Une moue gênée remplaça la légère incompréhension qui avait brouillé mes traits alors que j’ouvrais les yeux. Je ne craignais aucun jugement de sa part, loin de là, elle savait mieux que quiconque que mes nuits étaient souvent mauvaises mais tout de même… Pour une fois que nous quittions nos dortoirs respectifs, il aurait été agréable qu’elle puisse au moins se reposer…

Je suis vraiment désolé.

Si je ne lui proposai pas pour autant de la raccompagner jusqu’à sa salle commune (le mal était fait de toute façon) j’en étais pas moins parfaitement sincère… Je voyais d’ici le reste de la nuit, long et silencieux, à lutter contre le sommeil pour la laisser profiter du sien… C’était la moindre des choses, dans le fond, elle n'avait pas accepté de rester ici pour avoir à me supporter de la sorte jusqu'à demain matin ! D'ici qu'elle finisse par regretter, il n'y avait sûrement pas des kilomètres...
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyDim 7 Juin - 23:53

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Un Déjà aux accents envoûtants qu’il appuie d’un léger hochement de tête. Je savourais plus que de raison le futur enivrant qui se conjuguait derrière ces deux courtes syllabes, sans même en distinguer tous les contours. Qu’impliquait-il, exactement, au-delà de ces preuves limpides et délicieuses que Junior me promettait ? J’étais trop imprégnée de l’éternité de notre adolescence pour en discerner tout le sens. Aucune de mes paroles n’était pourtant jetée à tort et à travers. Je n’avais peut-être pas la capacité de discerner le futur mais j’étais convaincue de pouvoir le façonner à ma guise. Surtout si celle-ci s’accordait aussi bien avec la sienne. Son gloussement provoque un rire que je ne retiens pas, en même temps que quelques mots. Je n’en doute même pas ! Et c’était vrai au-delà de toute mesure. Nous n’avions rien à prouver à qui que ce soit, aucune assurance à trouver dans les regards envieux d’une foule nous entourant, et, malgré tout, j’étais certaine d’adorer ces attentions de la part de mon meilleur ami. Que ce soit là-bas ou ici. Un plaisir égoïste dont je ne rougissais pas, que je revendiquais même ! Junior n’était pas un Sørensen, il n’était pas imprégné de cette aura composée de tous les sentiments particuliers que je vouais aux miens. Pourtant, depuis nos tous premiers au revoir, j’avais été déterminée à m’échapper de l’appartement londonien de Grand-Père pour le retrouver. Et chaque jour, depuis, n’avait fait que renforcer ce lien vibrant entre nous. J’étais déjà Sa Reine depuis aussi longtemps qu’il était Mon Roi. Alors être sienne ? Je n’étais celle de personne, mais je savais à quel point son absence laissait un vide immense. Être avec lui plutôt qu’à lui. Ce n’était qu’un débat grammatical que nous n’avions pas besoin d’avoir et dont je ne ressentais même pas la nécessité de m’offusquer. Qu’il envoie tous ces délicieux messages aux yeux rivés sur nous, mon interprétation serait à la lumière de ce que nous étions. Aussi indéfini que ce soit. Depuis le début de l’année, bien des barrières avaient été abaissées, comme une suite logique à ce qui était déjà, un prémisse agréable à ce qui serait. Quoi de plus normal, donc, que de poursuivre avec un début d'été à son bras à parader, vêtue d’une tenue appropriée et de l’assurance que cela durerait toujours ?

Tendresses et taquineries, les unes succédant aux autres dans un cercle sans fin, comme pour mieux mettre en lumière toute la douceur qui nous enveloppait, comme pour mieux nous éloigner encore des précédentes semaines empoisonnées par certains non-dits. Cette soirée faisait bien trop écho à celle de nos anniversaires pour que les parallèles ne se créent pas naturellement dans mon esprit. Les toits de Londres et les étoiles qui brillaient au-dessus de ceux de Poudlard, un coussin géant et son lit dans lesquels nous nous perdions d’égale manière, le même rythme éblouissant qui alternait entre nos moqueries et nos sourires affectueux. Une seule différence et elle était du plus bel effet : son insolence concernant mes baisers n’était plus qu’un lointain souvenir effacé par les nombreuses fois où ses lèvres avaient réchauffé les miennes. Était-ce tout ce qu’il nous fallait pour faire disparaître l’amertume ? En tout cas, il n’y en avait aucune ce soir. Tout n’était que sarcasmes rapidement anéantis par des rires sincères et tentatives de mauvaise foi. Comme celle de mon meilleur ami, ses yeux grands ouverts dans un accablement immense, cherchant à me convaincre de la véracité de ses complaintes. Je m’en charrrgerrrai avec plaisirrr. Mon petit rire accompagne mes doigts qui massent doucement son épaule, comme si j’appliquais un baume invisible sur une plaie qui l’était tout autant. Puis, il devient un sourire sauvage alors que ma main se glisse jusqu’à sa taille, lui arrachant quelques gloussements à travers des chatouilles impitoyables.

Junior me retire aussitôt toutes ses attentions. Crime passible de bien des représailles ! Néanmoins, je me contente pour l’instant d’une moue boudeuse et de partir à leur recherche. Mon meilleur ami pourrait sûrement prétendre qu’il s’agissait là de vindicatifs assauts face auxquels il n’eut d’autre choix que celui de céder et m’envelopper de nouveau de son étreinte chaleureuse ; après tout, il était le plus doué de tous lorsqu’il s’agissait de perfidie. Je récupère enfin ce dont il avait osé me priver de longues et cruelles minutes et plus rien n’a alors d’importance. Combien s’interrogeraient sur la relation que nous ne cessions de tisser du bout des doigts, à notre place ? Combien se perdraient dans des considérations douteuses sur la légitimité du chemin qu’empruntait notre amitié ? Probablement beaucoup. En ce qui me concernait, pas une seule seconde. J’avais l’impression tenace que nous étions exactement là où nous devions être. Du moins, je n’aurais voulu être nulle part ailleurs. Ces caresses, ces câlins, ces baisers volés et offerts avec toute la bonne volonté du monde, ils étaient une douce évidence qui accompagnait cette amitié qui avait toujours été. Elle semblait bien loin, cette première étreinte spontanée dans laquelle je m’étais perdue le cœur battant, craignant ces éclats qui ne ressemblaient alors à rien de ce dont nous avions l’habitude.

Blottie contre lui, j’abandonne une infinité de caresses le long de son dos, mouvements lents et tendres qui me bercent aussi efficacement que son souffle qui vient chatouiller mon cou. Mes pensées suivaient leur cours, la torpeur qui m’enveloppait doucement les rendant désordonnées. Elles passaient de cet instant hors du temps, à ses semblables que je chérissais tant. Puis elles s’évadèrent dans ce futur tout proche que nous pourrions bientôt parcourir main dans la main, dessinant d’autres moments comme celui-ci. Ma faible tentative de nous intéresser aux étoiles qui étendaient ce dôme brillant au-dessus de nos têtes échoue et ne laisse que ce silence paisible dans lequel je me love un peu plus, mes paupières glissant sur mes prunelles claires. Juste avant que le sommeil ne m’emporte définitivement dans l’inconscience léthargique propre aux heures de la nuit, je me demande s’il nous sera possible de passer toutes celles de notre été de cette manière. Il n’y avait rien de plus agréable que de m’endormir tout contre mon meilleur ami, hormis ce qui précédait.

Le réveil fut moins paisible que la manière dont nous nous étions laissés emporter par les bras de Morphée. J’ouvre les yeux sur un ciel étoilé, désorientée, aveuglée par ces millions de points lumineux. Et, reposant contre moi, le corps agité de Junior. Délaissant les dernières limbes de mon sommeil, je m’évertue à le tirer de son cauchemar, tout en espérant que ce n’était qu’un mauvais rêve et pas les images d’un futur que son don lui dessinait lorsqu’il était le plus vulnérable. Il ouvre enfin les yeux et quelques secondes lui sont nécessaires pour retrouver un souffle plus lent, plus apaisé. Nous nous relevons dans un même mouvement rendu maladroit par le sommeil qui ne nous a pas encore complètement abandonnés. Un petit soupir m’échappe alors qu’il me confirme que c’était un cauchemar. Ce n’était qu’un cauchemar. Mon sourire revient déjà alors que Junior se laisse tomber sur le coussin et s’étire de tout son long. J’avais envie de plonger contre lui et de retrouver sa chaleur réconfortante, ce que je ne me retiens pas de faire, enfouissant mon visage dans son cou, étouffant ma réponse par la même occasion, ne laissant qu’un marmonnement incompréhensible. Qu’importe, de toute façon, qu’il m’ait ou non réveillée. Ce n’était pas la première fois, pas la dernière non plus. Je m’y refusais.

Me redressant, je croise son regard bleuté avant de lui dédier un sourire. Tu peux ! Je pensais que tu avais au moins la décence de rrrêver de moi. Fière de ma moquerie, je cache de nouveau mon visage là où il se trouvait, profitant du parfum de Junior qui m’enveloppait plus que jamais. Le sommeil n’était pas loin, prêt à étendre ses doigts pour m’emporter à nouveau avec lui, mais je me redresse vivement, bien avant qu’il n’ait pu le faire. Attends. Comme si Junior allait fuir quelque part ! Mon regard fouille la pièce et trouve rapidement ce que mes pensées venaient de ramener à la lisière de ma conscience. Je me relève, traversant d’un pas étourdi par les lambeaux de somnolence restants l’étendue moelleuse qui nous accueillait depuis un temps incertain, retrouvant le sol pour quelques secondes à peine. Mes doigts pâles s’emparent d’une couverture aussi douce que du coton qu’il me semblait bien avoir discernée à mon arrivée dans les lieux, et je rejoins bien vite Junior. De quelques gestes rapides, je reviens m’étendre à ses côtés, nous enveloppant du tissu doux et sombre. Et puis, je reviens me lover contre mon meilleur ami, la courtepointe nous isolant un peu plus du reste du monde qui ne devait pas penser à nous, tout entier à ses rêves nocturnes. Je retiens encore un peu les miens, croisant le regard ensommeillé de Junior. Il disparaît quelques secondes du mien alors que je lui dérobe un baiser et puis ma tête revient se poser sur le coussin, une jambe entremêlée avec la sienne, mes doigts s’aventurant sur ses tempes puis dans sa chevelure. Il fait encorrre nuit noirrre, soufflai-je d'une voix ensommeillée. Enfin, excepté les étoiles qui luisaient, tachetant le bleu foncé de la voûte céleste. on doit avoirrr plusieurrrs heurrres avant demain. Autant pour profiter d'un sommeil bien mérité.
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyMer 10 Juin - 0:10



lie awake under pink sky
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Dans le fond, cette soirée faisait écho à bien d’autres… à toutes ces nuits passées, chez l’un, chez l’autre, à braver les implicites interdictions de quitter nos chambres respectives pour chasser les tristes images de mes cauchemars ou les certitudes angoissantes d’un avenir tout tracé dans le son rassurant de sa voix et la chaleur délicieuse de ses bras. C’était d’une innocence parfaite, bien sûr, mais déjà nous nous retrouvions ainsi pour partager un morceau de nuit et refaire le monde en chuchotant jusqu’à ce que Morphée nous attrape. Je pense, sincèrement, que tout ce que nos familles comptent d’adultes a eu vent, un jour ou l’autre, de ces entrevues nocturnes et du réconfort que nous avions toujours su y trouver. Pour ma part, en tout cas… J’aurais eu du mal à prétendre que l’innocence, ce soir, était toujours là mais, en même temps, nous n’en étions pas très loin. Qu’importe les rumeurs idiotes et le flirt vulgaire qui nous avait poussé à envisager une nouvelle soirée en tête-à-tête, il n’en était rien… et j’étais incapable de nous imaginer autrement que blottis l’un contre l’autre dans une évidence enfantine qui ne nous avait jamais vraiment quittés. Le temps avait ralenti sa course, calant son rythme sur la lenteur de nos caresses… des effleurements doux et tranquilles qui nous poussaient à chaque seconde à abandonner la lutte et à sombrer dans un sommeil reposant. Cela faisait sûrement bien longtemps que j’avais eu si peu de mal à m’endormir. D’ordinaire, c’était toujours des heures d’attente, pris dans le tourbillon de mes pensées, craignant peut-être encore malgré les années que vienne le moment de fermer les yeux… Ce soir, il n’en avait rien été. Il n’y avait qu’elle et ses attentions, assommant ma vigilance et assassinant mes angoisses. Elle avait toujours eu un effet apaisant, qu’importe que nous nous disputions en permanence ou que nous puissions bouder chaque jour qui existait… À ses côtés, tout me paraissait acceptable. Tout allait bien, forcément. Et tout irait bien. C’était du moins ce que j’avais supposé… À tort.

La tranquillité ne fut que de courte durée et déjà mon inconscient me jouait des tours. Est-ce que c’était la frustration de ces derniers jours qui s’évacuait ? Ça n’était pas impossible, bien sûr, mais j’aurais évidemment préféré que cela se fasse autrement… sans avoir à troubler son repos ni le mien. Pourtant, le regard qu’elle posait sur moi alors que je rouvrais péniblement les yeux n’avait rien de réprobateur. Elle ne semblait pas me tenir rigueur de ce réveil chaotique… Je le faisais bien assez pour deux. Bien sûr, ça n’était pas la première fois… mais tout de même… Elle avait un goût étrange, comme un renouveau à la suite des autres… Une nuit comme il y en avait eu de nombreuses mais plus unique en même temps… Dans un bâillement étouffé, je me laissai retomber sur le coussin, chassant sans regret les restes de mon mauvais rêve. Et avant même que je n’ai eu le temps de retrouver une place confortable, Erin me rejoignit, m’enveloppant à nouveau de sa chaleur. Son visage niché dans mon cou et quelques mots rendus incertains par son souffle qui s’écrasait sur ma peau furent tout ce que je pus obtenir comme réponse. Je ne m’en offusquai pas pour autant, profitant avec délice de ce réveil parfait. Je voulais bien que mes nuits se fassent en pointillés si à chaque fois que j’ouvrais les yeux, j’avais droit à de si tendres moments… Dans mon esprit alourdi de sommeil se dessina, pour la première fois, la possibilité que ça soit le cas. C’était très flou, très abstrait, j’aurais été bien incapable de l’exprimer aussi clairement ce soir-là mais c’était sans l’ombre d’un doute la naissance pure et simple d’un espoir flamboyant. Mais même au beau milieu de la nuit, ma meilleure amie restait fidèle à elle-même et ne pouvait s’empêcher de bouger. Elle se redressa légèrement, m’arrachant un petit grognement plaintif, et laissa son regard clair s’attacher au mien. Je le soutins aussi pleinement que je le pus, malgré le sommeil brûlant et l’envie plus brûlante encore de la ramener tout contre moi. J’aimais les chatouilles de sa respiration dans mon cou et la sensation sûrement fausse de pouvoir presque sentir son coeur battre avec le mien.

Tu peux ! Je pensais que tu avais au moins la décence de rrrêver de moi.
Je garde ça pour les nuits où tu n’es pas là, répliquai-je avec un sourire taquin juste avant qu’elle ne reprenne sa place.

Mes doigts se perdirent tendrement dans ses mèches sombres, prenant grand soin de ne pas s’y accrocher sans le vouloir. Si les heures à venir ressemblaient à ce moment précis, je n’avais rien contre l’idée de rester éveillé jusqu’à demain pour en profiter. Je me sentais bien. J’avais tout ce que je pouvais vouloir : un lit confortable et la plus essentielle des compagnies. C’était toujours un peu étrange de voir combien elle me suffisait, alors même que j’avais toujours été d’une exigence à faire pâlir les plus capricieux d’entre nous. Chaque instant qui composait notre vie ne faisait que le confirmer un peu plus. Elle était tout ce dont j’avais nécessairement besoin, le reste n’était que secondaire… Et comme si elle avait lu dans mes pensées, elle se releva presque d’un bond et m’abandonna sur ce coussin trop grand et trop froid…

Attends.

Je me redressai péniblement et la suivis des yeux. Elle quittait notre îlot de tendresse pour s’aventurer dans l’immensité de la pièce… Peut-être n’était-elle pas si grande en réalité mais, cette nuit, elle semblait assez infinie pour emporter Erin bien loin de moi. L’obscurité ne jouait pas en notre faveur… Bien sûr, les étoiles brillaient assez pour nous offrir quelques lueurs rassurantes mais elles n’éclairaient pas suffisamment pour rendre au monde toute sa réalité. Les ombres accentuaient tant la distance que l’impression oppressante qu’elle m’abandonnait. C’était idiot, je le savais, tout comme je savais qu’elle n’irait nulle part et qu’elle finirait par me revenir mais la lucidité semblait somnoler, elle aussi.

Mais… qu’est-ce que tu fais ?

Il ne fallut qu’un instant pour qu’elle se saisissent de je ne savais trop quoi de poser un peu plus loin et qu’un de plus pour qu’elle retrouve le chemin de notre lit… Le matelas s’affaissa sous son poids, me faisant rouler légèrement et glousser bêtement. L’angoisse vague que son départ avait bien pu faire naître se dissipa aussitôt. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Où aurait-elle pu aller, de toute façon ? Je ne l’imaginais pas partir sans un regard en arrière et le laisser ici sans même une explication. Qu’elle veuille rentrer se coucher à Poufsouffle, passe encore, mais certainement pas sans même me prévenir. Pour se faire pardonner, elle étendit sur nous une couverture que je n’avais pas remarqué jusque là. Un merci à peine soufflé s’enfuit entre mes lèvres alors que ses jolis yeux croisaient à nouveau les miens. Je ne pus m’empêcher de sourire en m’y noyant. Il y avait eu de très nombreuses nuits à Poudlard, plus nombreuses que cela encore, mais aucune ne m’avait jamais semblé à la hauteur de celle-là. Ses lèvres effleurèrent les miennes avant qu’elle ne se réinstalle correctement. Le monde n’existait plus. Il pouvait arrêter de tourner, je n’étais pas certain de vraiment le remarquer. Il n’y avait plus que ce cocon merveilleux et puis nous. Une de ses jambes s’aventura entre les miennes, ses mains retrouvant le chemin de mon visage avant de se perdre dans mes cheveux, comme les miennes l’avaient fait quelques minutes plus tôt. Je ne pus retenir un sourire parfaitement idiot d’étirer mes lèvres. Ses attentions étaient agréables. Je voulais bien assassiner ma fierté plus souvent si ça me permettait de m’abandonner ainsi à son bon vouloir, me prélassant éhontément dans toute la tendresse qu’elle m’offrait.

Il fait encorrre nuit noirrre.

Je hochai la tête à sa constatation. Mes doigts remontèrent doucement le long de son bras, jusqu’à son épaule… s’attardant un instant sur la peau douce de son cou… Je n’étais pas pressé que le jour se lève. Il finirait par me la ravir, la poussant dans un quotidien qui nous échappait parfois… La bienséance, le regard des autres, ne serait-ce que celui de ses frères… Il était naturel de garder nos distances, rien qu’un peu, et de conserver loin des connaissances de l’humanité toute entière ces habitudes qui ne les regardaient en rien. Je n’avais pas envie de partager tout cela avec qui que ce soit… ni d’avoir à répondre à leurs questions idiotes et aux doutes sur le bien fondé de notre amitié. Nous, nous savions. Qu’importe les autres, ils ne comptaient pas. Mes doigts reprirent tendrement leur chemin en sens inverse… lentement… effleurant son coude, glissant sur sa taille… caressant sa hanche ou effleurant le haut de sa cuisse… Je me perdais un peu dans mes caresses, retrouvant une somnolence distraite et apaisée.

On doit avoirrr plusieurrrs heurrres avant demain.

Le temps jouait en notre faveur. Demain était encore loin. Que le soleil finisse par mourir dans la nuit et qu’il ne revienne jamais ! J’avais envie que cette parenthèse n’ait aucune fin. C’était bien peu réaliste, je devais sûrement en avoir conscience, mais qu’importe.

Rendors-toi, ma Reine, l’encourageai-je d’une voix tout aussi ensommeillée que la sienne. Je ferai tout mon possible pour ne pas te réveiller une seconde fois.

Nulle promesse que je n’étais pas certain de tenir, seulement l’assurance que je ferais de mon mieux… Je remontai soigneusement la couverture sur elle et repoussai une mèche qui barrait son visage.

J’espère que cette nuit deviendra une habitude…

Je n’avais pas vraiment réfléchi, en réalité, laissant les mots m’échapper avec un naturel parfait. C’était vrai, je l’espérais. Que nous nous retrouvions quelques fois, l’an prochain, pour partager un coussin semblable à celui-ci, nous perdant dans des cajoleries infinies. Ça ne pouvait pas être seulement l’histoire d’une fois. Je m’y refusais. Nous étions trop bien pour ne jamais recommencer… Mais je n’étais pas sûr qu’elle m’ait entendu. Elle semblait lutter contre le sommeil, mais la lutte était inégale et je ne doutais pas que le combat touchait à sa fin. Elle méritait de se reposer et de profiter des heures qui nous séparaient encore de l’extérieur. Un regard attendri, peut-être davantage, glissa sur elle avant que je ne me blottisse un peu plus dans notre bulle… Il allait falloir tenir jusqu’à demain… mais là encore, c’était couru d’avance…
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptySam 13 Juin - 23:09

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Nul réveil ne pouvait égaler ceux qui se faisaient aux côtés de Junior, aussi chaotiques soient-ils. Les enfants que nous avions été un temps bravaient déjà bien des interdits pour se retrouver dans un seul et même grand lit afin de profiter, encore un peu plus, de la présence réconfortante de l’autre. Des murmures à n’en plus finir qui nous emmenaient loin d’un monde paisiblement endormi pour construire le nôtre. L’impulsion première avait sûrement été des plus égoïstes : rien de moins qu’un désir capricieux, celui de retrouver la compagnie de Junior. Qu’importe les impératifs nocturnes, qu’importe les règles de nos parents ! La petite fille que j’étais alors ne voulait pas souffrir l’éloignement de ce petit garçon qui s’était si rapidement imposé dans le paysage de ses fréquentations. Et ça n’était pas un long couloir sombre ou l’assurance de se faire réprimander qui auraient pu m’arrêter. Il n’y avait rien de plus plaisant, ces soirs-là, que de fuir mes draps sur la pointe des pieds pour me glisser sous ceux de mon meilleur ami, dont les grands yeux bleus profonds semblaient incapables de se fermer sur l’incertitude de ma venue. L’envie spontanée de la première fois s’était doucement transformée en un rituel que je me plaisais à appliquer à la lettre, jusqu’à ce que Poudlard ne passe par là et ne me ravisse la possibilité de rejoindre mon meilleur ami dans son dortoir. Encore qu’il nous avait offert la présence de l’autre au quotidien, et il me semblait désormais que nous avions trouvé un biais pour concilier les deux. Était-ce voué à devenir une habitude ? Il n’y avait rien que je souhaitât moins. Et quand il était question de volonté, la mienne savait bien y faire pour s’imposer au reste.

La certitude que ça n’avait été qu’un cauchemar me tire un petit bâillement assoupi que j’étouffe dans le cou du Serpentard, au creux duquel j’enfouis mon visage et quelques grommellements inintelligibles. Un instant, la plénitude de cette étreinte fait s’arrêter le temps déjà bien ralenti dans sa course effrénée par nos regards et nos caresses à n’en plus finir. Son parfum conjugué à l’ensommeillement qui n’était pas bien loin, prêt à m’emporter de nouveau avec lui, m’enveloppaient toute entière et me laissaient l’agréable sensation de flotter dans un entre-deux parfait. La seule attache étaient ses bras qui me serraient contre lui et son corps autour duquel s’accrochaient les miens. Ses excuses provoquent une moquerie prétentieuse et une pause à la fois bien courte et pourtant trop longue dans ce moment si tendre. Un regard complice, un sourire taquin, et je retournais déjà bien vite me lover tout contre lui, retrouvant sa chaleur et son odeur comme si les abandonner, ne serait-ce qu’une seconde, m’était douloureux. La torpeur dans laquelle j’étais toujours plongée n’était pas étrangère à ces sentiments, bien réels mais décuplés. À mi-chemin entre l’énergie du réveil et l’engourdissement du sommeil, je n’avais d’autre envie que de me perdre un peu plus dans ses bras et au bout de ses doigts qu’il égarait dans mes cheveux, et de rester ici pour au moins l’éternité toute entière.

Jusqu’à ce qu’un souvenir fugace apporte avec lui la promesse d’un confort supplémentaire et me pousse à abandonner brièvement mon meilleur ami et notre indolence pour m'aventurer en dehors de notre confortable royaume. Je n’allais pas bien loin et je n’y allais pas bien longtemps ; à peine le temps pour mes doigts de s’emparer de cette couverture sombre et moelleuse et j’étais de retour, mon sourire comme réponse et le pas rendu maladroit par le sol instable et les traces encore prégnantes des quelques heures de sommeil déjà écoulées. Je me glisse bien hâtivement contre Junior, le plaid conservant pour nous nos chaleurs et parfums respectifs, nous isolant un peu plus d’un monde avec lequel nous ne voulions rien avoir à faire. Un baiser, une étreinte plus resserrée encore et de nouvelles tendresses. Il aurait été si facile de plonger de nouveau dans un sommeil paisible, mais il était hors de question que j’abandonne mon meilleur ami à l’obscurité d’une nuit déjà rendue effrayante par un cauchemar. Il était dur de lutter, pourtant, et chaque nouvelle caresse que je lui cédais tentait impitoyablement de m’entraîner avec elle dans l’inconscience d’un somme retrouvé.

Je laissai échapper un nouveau bâillement avant de noter que le ciel était d’un noir d’encre, ou peut-être étaient-ce mes paupières déjà closes, et qu’il nous restait sûrement quelques heures pour nous prélasser sur ce coussin géant, l’un tout contre l’autre. Ses doigts se perdaient le long de mon bras, puis au creux de mon cou, et enfin en sens inverse. Encore et encore, m’entraînant dans une somnolence paisible qui ne demandait qu’à s’approfondir. Mais j’étais bien, là, pleinement consciente de sa proximité et de son souffle qui me chatouillait doucement. Sa voix semble venir de loin, de bien loin, alors que je le sentais pourtant là, au bout de mes doigts. Un sourire endormi et lointain vient flotter sur mes lèvres alors que le rythme de ma respiration et de mes cajoleries se fait plus lent. Passanstoi marmonnai-je vaguement, l’impression que tout mon corps devenait lourd se faisant plus tenace. Si c’était la réalité, c’était la plus douce qui soit ; si je rêvais déjà, mes songes n’auraient pas d’autre choix que de devenir vérité. C’est prrromis. J’avais déjà fait la promesse de rien de moins que toujours, celle de faire de cette nuit une habitude me paraissait au moins aussi enviable. Je ne savais plus trop si j’avais prononcé ces mots à voix haute ou si mon inconscient avait répondu en silence aux propos de Junior qui avaient tant bien que mal percé la léthargie qui s’emparait de mes pensées, mais qu’importe. L’été nous emporterait avec lui en France et en Norvège et nous offrirait la possibilité de décliner ce moment au pluriel.

Aucun adulte ne m’avait jamais empêchée de traverser chambres et couloirs pour retrouver Junior en pleine nuit lorsque j’étais enfant, ce n’était pas maintenant qu’ils pourraient le faire. Le sol en pierres était froid, mais lui non plus ne m’arrêterait pas. Dans la cour de Poudlard, le mariage battait encore son plein et les chants des sorciers toujours éveillés et parfaitement alcoolisés m’accompagnèrent tandis que je délaissais le premier étage pour me perdre en direction des cachots. Si je croisais quelques visages, ils m’étaient tous inconnus et aucun ne s’offusqua de me croiser en pyjama dans les couloirs du château alors que le couvre-feu était passé depuis déjà bien longtemps. Je refermais la porte derrière moi, quittant un monde fait de bruits et de rencontres importuns, pour retrouver celui, bien plus délicieux, composé uniquement de Junior et de moi. Par-delà les fenêtres de la tour se déclinaient les constellations perceptibles depuis cette partie-là de la France. Plus rien n’existait d’autres que nos sourires respectifs et le bruissement léger de la couette que je repousse au moment de me glisser dessous. Comme d’habitude. C’était comme d’habitude. Et, lovée dans les bras de mon meilleur ami, il ne me fallut guère de temps pour m’endormir.

Au moment où je fermais les yeux dans ce rêve aux accents de futur plausible, je les rouvrais dans un présent plus tangible. Paupières lourdes de sommeil qui se demandent, une nouvelle fois, ce qu’il se passe, et prunelles claires qui partent à la recherche d’une réponse. Elles croisent et questionnent le regard bleu de mon meilleur ami, mais, dans cet entre-deux confus et cotonneux dans lequel j’étais plongée, ne comprennent rien. Si ce n’est qu’il était vraisemblablement réveillé et que quelque chose, ou peut-être lui, m’avait tirée de ce rêve agréable. La réalité ne l’était pas moins, certes, mais l’idée qu’il faille potentiellement se lever et abandonner le confort de notre nid douillet m’arracha un gémissement plaintif. Non ! j’étais trop bien ici, ne pouvions-nous pas faire l’impasse sur cette journée pour nous perdre quelques heures de plus dans cette pièce, à l’écart du monde ? Dans un grognement qui fait écho à mes pensées, je resserre notre couverture et plonge de nouveau mon visage contre Junior, prête à me rendormir, au moins à profiter de nouvelles caresses. S’il nous fallait nous réveiller complètement pour retrouver la bienséance et les cours sans fin, je voulais me faire prier. Mais quelque chose n’allait pas, je le compris au moment où un froid glacial s’imposa à moi, amené par l’éloignement du Serpentard. Une lamentation s’échappe de mes lèvres alors que je me redresse, essayant difficilement de garder les yeux ouverts et de comprendre ce qu’il se passait. Pourquoi est-ce que, tout d’un coup, il faisait si froid, et où était passée la chaleur réconfortante qui avait ponctué toute notre soirée ? Qu’est-ce qu’il se passe ? demandai-je d’une voix encore lourde de sommeil, retenant un bâillement et me frottant les yeux. Est-ce qu’il avait fait un nouveau cauchemar ? Cette simple idée, qui avait mis un temps infini à se frayer un chemin à travers mon esprit endormi, m’aide à émerger un peu plus. Peut-être que nous n’avions pas à nous séparer, pas tout de suite... même si la perspective de la nuit si agitée de Junior n’était pas bien plus plaisante.
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptySam 20 Juin - 17:29



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

La couverture qu’elle étala sur nous nous éloigna un peu plus du monde qui continuait de tourner en nous ignorant… Plus rien existait. C’était presque une constante, je crois. Nous faisions de notre monde un endroit où il n’y avait nulle place pour quiconque n’était pas nous. …et cette nuit ne dérogeait pas à la règle. J’aimais à croire que le destin avait bien fait les choses et que nos retrouvailles, si elles avaient eu lieu la veille comme ça avait été initialement prévu, n’auraient pas été à la hauteur de celles-ci. Peut-être n’aurions-nous jamais envisagé de rester ou que notre complicité aurait été dérangée par les plaisanteries stupides qui avaient été la raison première de nos rendez-vous… Là… Là il n’y avait rien d’autre que l’envie évidente de quelques heures en sa compagnie et celle plus évidente encore de lui faire savoir combien elle comptait. Assez pour assassiner toute fierté et lui offrir la possibilité d’en jouer ou de me railler davantage. Bien sûr, je ne prétendais pas qu’hier je n’avais pas eu envie de la voir, c’était on ne pouvait plus faux, mais elle n’avait été que plus forte d’avoir eu à lutter ainsi pour exister. Doucement, le poids de son corps contre le mien s’alourdissait un peu, comme si elle sombrait peu à peu dans les tréfonds d’un nouveau sommeil. Je me fichais bien d’avoir à tenir éveillé des heures de plus, il me semblait que le spectacle qu’elle offrait en valait bien la peine. Mes lèvres s’étirèrent d’un sourire attendri alors que ses gestes ralentissaient leur cadence, devant de plus en plus lent tout en promettant de n’être bientôt plus qu’un contact oublié.

Passanstoi.

Oh si, sans moi ! Je ne lui donnais pas longtemps avant de s’abandonner entre les bras de Morphée comme elle était en train de le faire entre les miens. Je continuai mes caresses, un peu plus douces à chaque seconde qui passait, comme pour l’accompagner sur le chemin des songes sans jamais la déranger. Elle méritait de pouvoir se reposer. Je ne doutais pas que sa soirée de la veille avait été éprouvante et, peut-être, que cette journée l’avait été également. Dans un souffle machinal, je laissai échapper l’espoir d’une autre fois… de plein d’autres fois… Je n’étais pas certain qu’elle m’ait entendu, je n’attendais aucune réponse… Pourtant dans un dernier effort, elle se délesta de quelques mots :

C’est prrromis.

Est-ce que ça avait été un automatisme inconscient dont elle ne se souviendrait même pas le lendemain ou bien était-ce une promesse à prendre pour argent comptant ? Il fallait bien admettre que je n’en savais rien puisqu’une seconde plus tard, elle avait perdu le combat et sombrer dans un sommeil bien mérité. Je m’oubliais dans la contemplation de son visage à moitié caché que la très faible lumière du ciel rendait presque irréel. Elle paraissait presque fragile… Ce qui pouvait être affreusement ridicule en soi puisqu’elle était sans aucune hésitation l’une des filles les plus fortes qu’il m’ait jamais été donné de rencontrer. Rien ne lui résisterait jamais, j’en étais convaincu… Pourtant, si calme et apaisée, elle prenait des airs enfantins, presque innocents, que je ne lui connaissais pas vraiment et qui lui allaient merveilleusement bien. Il y avait quelque chose de très intime à profiter de son sommeil pour me perdre dans une admiration tendre. Est-ce que j’avais déjà réellement perdu mes nuits ainsi ? Je ne crois pas. Il était probable que mon regard se soit déjà glissé jusqu’à son minois endormi après un réveil quelconque, mais je n’avais aucun souvenir conscient du plaisir éhonté que cela pouvait bien me procurer ce soir. C’était comme jouir en pleine conscience d’un privilège que peu avaient la chance d’avoir… Et, plus que jamais, j’espérais que le nombre ne croîtrait jamais. J’aimais assez l’idée d’être le seul à pouvoir profiter de l’adorable tableau que peignaient ses nuits sans pour autant parvenir à me l’avouer vraiment. Peu à peu, mes attentions ralentirent à leur tour et malgré mes efforts pour garder les yeux ouverts, je finis par rejoindre Erin dans l’inconscient qui s’était emparée d’elle.

La porte de l’ascenseur s’ouvrit en grinçant, laissant entrer un homme trapu au visage rougeaud. Il me salua d’un signe de tête juste avant de s’agripper à l’une des poignées qui pendaient du plafond. Sous son bras, un numéro de la Gazette était roulé mais il m’était possible de lire un « juillet 2026 » qui dépassait d’un éventail de pages mal mises. Une image bougeait, comme un flash, sans que je ne parvienne à distinguer quoi que ce soit et avant que je n’aie eu le temps de m’intéresser aux gros titres, la grille se referma et le cabine se mit en branle dans un cahot soudain.

Toujours pas de nouvelles des mômes ?

Ma voix résonna dans la petite pièce, grave et éraillée, forçant l’homme à tourner la tête dans ma direction.

Sørensen et d’Archambault ?

Je hochai simplement la tête.

Aucune, reprit-il d’un air sombre, mais on finira bien par leur mettre la main dessus.

Sur quoi l’ascenseur s’arrêta dans un sursaut nerveux, rouvrant à nouveau ses portes…

…au moment-même où je rouvrais les yeux. Je me redressai en panique, le coeur au bord des lèvres et le sang battant bruyamment à mes oreilles. Il me fallut ce qui me sembla une éternité pour reprendre mes repères. Je ne reconnaissais rien… ni ma chambre, ni mon dortoir, la flamme bleutée flottant d’ordinaire près de mon lit avait disparu, ne laissant à la place qu’une lumière trop faiblarde pour parvenir à distinguer quoi que ce soit. L’angoisse montait, et monta plus encore alors que les images volées me revenaient de plus belle. Il était question du Ministère, j’en avais des souvenirs assez traumatisants pour reconnaître les horribles ascenseurs entre mille… et de nous… de… recherches…? Un poids tomba dans mon estomac, m’arrachant un gémissement plaintif. Le Ministère était à notre recherche. Je ne savais pas pourquoi, depuis quand, ni même ce qu’on pouvait bien risquer mais la sentence m’effraya sans même exister encore. Elle existerait, c’était certain et ça me suffisait pour m’en inquiéter. On m’a souvent questionné sur le sujet, comment je faisais la différence entre un simple rêve et l’expression claire d’un futur possible, mais je n’ai jamais vraiment été en mesure de l’expliquer. C’était seulement évident… presque physique. Je ne savais pas comment mais je savais. Je ne prétendais pas que mes interprétations étaient bonnes ni que j’étais toujours en mesure de comprendre ce que je voyais mais la différence m’était toujours apparue clairement… et cette fois n’échappait pas à la règle. Il n’était pas question d’un cauchemar mais de quelques secondes qui auraient bientôt une existence réelle dans une vie dont je ne faisais même pas partie… mais qui changerait sûrement la mienne…

À côté de moi, quelque chose bougea. Je sursautai violemment, encore aux prises avec une panique tenace. Mon regard se posa sur Erin dont les yeux papillonnaient un peu puis sur le reste de la pièce. La raison de ma présence ici me revint péniblement. Notre soirée, nos étreinte… Elle était là. Elle était toujours là… aussi me semblait-il évident que le Sørensen dont il était question ne pouvait être qu’elle. Avec qui pourrais-je être assez inconscient pour faire quelque chose d’assez grave pour que le Ministère veuille « me mettre la main dessus » sinon elle…? Ma gorge se serra bêtement alors que je prenais pleinement conscience de ce dont il était question… Si on nous cherchait, c’est qu’on avait fui… On devait risquer gros pour partir en cavale plutôt que de laisser de les meilleurs avocats du pays gérer ça à notre place… très gros… Sans vraiment le réaliser, mes doigts se posèrent sur l’épaule de ma meilleure amie et la secouèrent doucement. Ses yeux s’ouvrirent enfin, s’accrochèrent un instant aux miens, un peu perdus. J’ouvris la bouche, prêt à tout lui raconter, quand elle se mit discrètement à grogner et se reblottit contre moi, son visage enfoui dans le tissu froissé de ma chemise. J’eus un geste de recul machinal pour l’empêcher de se rendormir si facilement. C’était pas le moment ! Si jamais il y avait des choses que j’ignorais dans le déroulement de nos vacances, je voulais le savoir maintenant. C’était sûrement idiot, je le sais bien désormais, mais il me semblait presque évident que si quelque chose devait déraper, ce serait plus ou moins de sa faute. Involontairement, peut-être, sûrement même, mais tout de même. Les souvenirs de ses grands-parents et des secrets assez sombres et énormes pour qu’on veuille m’effacer la mémoire allaient dans ce sens… Je ne doutais même pas que ça puisse être lié. C’était la première fois que le Ministère en avait après moi depuis des lustres et ça coïncidait avec la première fois que je prendrais la peine de rejoindre les siens pour quelques jours dans leur vie… la coïncidence était bien trop grosse pour me paraître crédible.

Qu’est-ce qu’il se passe ?

Mon regard se fit plus fuyant qu’il ne l’avait été jusque là. Peut-être qu’elle savait… Après tout, ça n’était pas la première fois qu’elle me faisait prendre des risques sans même sourciller… pourquoi pas cette fois-ci...?

On, bredouillai-je en essayant de cacher l'inquiétude violente qui faisait trembler ma voix, on va avoir des ennuis avec le Ministère, je sais pas ce qu’on va faire comme bêtises mais… mais ça a l’air grave, Erin, sérieusement, vraiment vraiment grave...

Les deux seules issues possibles, c’était sûrement la cavale toute notre vie ou la prison pour au moins aussi longtemps… Si l’idée d’une fuite avec m’avait toujours paru alléchante, ce soir elle me donnait la nausée…
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyDim 21 Juin - 14:35

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D’un vague frottement, je chasse les picotements qui s’éparpillent sous mes paupières. Junior s’était écarté, me privant de sa chaleur et de son étreinte. Quant à la couverture bleutée, qui nous avait isolés un peu plus de ce monde qui continuait de tourner sans nous, elle avait glissé le long de nos jambes et n’était plus que le souvenir froissé d’une bulle réconfortante. Retenant un deuxième bâillement, je m’étire de tout mon long, mes doigts abandonnant mon visage encore engourdi par le sommeil pour tenter d’en délester le reste de mon corps. J’avais déjà, en temps normal, bien du mal à émerger rapidement de mes nuits et me réveiller sans traîner, mais cela s’avérait encore plus compliqué quand c’était aussi agréable que de dormir dans les bras de mon meilleur ami. Je cherche à croiser son regard et à comprendre ce qu’il se passe, en même temps que je lui pose la question ; en vain. Ses yeux fuyants refusaient de rencontrer les miens, m’arrachant, de ce fait, une moue aux contours boudeurs. Pourquoi cette distance soudaine entre nous, alors que la soirée entière n’avait été qu’une longue suite de tendres taquineries et de douces caresses ?

Peut-être avait-il fait un nouveau cauchemar ? et cette pensée repousse un peu plus les dernières limbes du sommeil qui s’accrochaient vigoureusement à moi. Rapidement, cependant, ses paroles tremblantes d’une inquiétude palpable font disparaître l’idée d’un mauvais rêve. À sa place se dessine l’ombre d’une vision. Et pas n’importe laquelle, puisqu’elle semble nous concerner tous les deux. J’avais beau trouver les arts divinatoires complètement mystificateurs et fallacieux, je ne portais pas le même jugement sur le futur que discernait parfois mon meilleur ami. Tout ce qu’il voyait se réalisait toujours, quand bien même ça n’étaient souvent que des moments quelconques d’un quotidien ordinaire. Je ne savais pas comment il était capable de faire la différence entre un cauchemar tout ce qu’il y avait de plus irréel et l’assurance d’un avenir plus ou moins proche, mais il le pouvait. C’était peut-être le seul domaine de notre amitié où sa conviction était la mienne. Alors s’il me disait que nous allions avoir des ennuis avec le Ministère, je le croyais.

Mille questions subsistaient cependant, achevant de me réveiller définitivement. Envolés, le doux rêve qui était le mien, ainsi que la chaleur du corps de Junior contre lequel je m’étais lovée avant de m’endormir. Au-dessus de nous, les étoiles brillantes semblaient appartenir à une toute autre dimension. La nôtre n’était composé que de ce tourment confus qui pesait, comme une chape de plomb dont j’avais du mal à percevoir tous les tenants et aboutissants. Comment ça, des ennuis ? Et quand ? Présentement, j’avais bien du mal à me figurer pour quelle raison nous pourrions être dans le viseur des autorités. Nous ne faisions rien d’autre que projeter un monde lavé de toute souillure en batifolant loin de nos camarades. Si c’était répréhensible et que nos tuteurs nous exhortaient à conserver ces idées hors de portée des oreilles profanes, ce n’était pas suffisamment grave pour nous attirer de gros ennuis.

Je m’étais quelques fois interrogée sur le sens de ce futur que les visions de Junior lui laissaient percevoir. Était-il immuable et figé ? Ou pouvions-nous le modifier en connaissance de cause ? S’il m’annonçait demain que j’allais obtenir un Effort Exceptionnel à un devoir, qu’est-ce qui m’empêcherait de rater sciemment ce dernier pour changer cet avenir que l’on m’avait décrit ? D’une manière un peu imaginaire, il était la voix du destin et j’étais celle de la volonté. Mais les deux ne pouvaient s’entendre, la dernière se dressant face au premier qui tenterait de lui imposer un chemin tout tracé. Je n’aimais pas ce que je ne pouvais maîtriser et c’était le cas de ce temps incertain vaguement dépeint par mon meilleur ami. Néanmoins, ce qu’il avait vu le troublait suffisamment pour que cela se lise sur son visage, s’entende dans sa voix. Ce n’était pas le petit aperçu d’une note banale obtenue dans un cours dont nous nous fichions bien et il n’était pas question que je me rallonge et me rendorme sur cette note-ci.

Qu’est-ce que tu as vu, exactement ? demandai-je en repliant mes jambes en tailleur. Je ne pouvais empêcher cette lueur d’excitation de faire danser la flamme de mon regard. Des ennuis, d’accord, mais était-ce si grave qu’il avait l’air de le penser ? Grand-Père ne laisserait jamais rien m’arriver, il jouait de son influence pour nous protéger, comme il l’avait fait pour nous laver de tout soupçon après l’échec pathétique de Ménésis Blackman. S’il s’agissait enfin de reprendre ce qui était notre droit et de débarrasser notre société sorcière de tous les impurs la souillant, peu m’importaient les ennuis avec le Ministère : celui-ci changeraient indubitablement. Il ne me traversait même pas l’esprit que nos ennuis puissent être le symbole d’un échec quelconque dans une stratégie mise en place à cette fin. Le jour où nous passerions aux choses sérieuses, il était impensable que nous échouions. Aussi doux que ce futur paraisse, aussi flamboyant et heureux soit-il, il ne se réaliserait pas dans quelques jours, cela demandait du temps et bien des manigances, j’en avais conscience. Ou alors, Grand-Père gardait bien plus de secrets que je ne le pensais. Une foule de possibilités, rendues bien confuses par la fatigue qui m’enveloppait encore suite à cette nuit hachée.

Dans l’attente d’un éclaircissement de la part de mon meilleur ami, mon visage tourné vers lui, je persiste à rechercher son regard. Je peinais à capter durablement ses prunelles océans depuis qu’il m’avait brièvement dépeint notre futur. Il ne me refusait pourtant jamais ces partages silencieux… sauf lorsqu’il avait quelque chose à me reprocher. Comme si fuir mon regard m’empêcherait de le comprendre. Qu’importe la forme du reproche, ou son degré, c’en était toujours un. Mes sourcils se froncent tandis que mon esprit tente de comprendre ce que Junior pouvait penser en cet instant. Et mes bras se croisent alors que je n’y parviens pas. Ce n’était quand même pas ma faute s’il avait eu une vision, et il ne m’avait jamais rien reproché de tel lors de précédentes nuits sans sommeil, alors pourquoi cet éloignement déplaisant ? Je n’aimais pas me perdre en conjectures, pas plus que de nager en plein doute ; je préférais, de loin, l’assurance d’une vérité parfaitement exposée. Pourrrquoi est-ce que j’ai l’imprrression d’avoirrr fait quelque chose de mal ? fais-je d’un ton grognon. Il avait été si proche, toute la soirée, et il était maintenant si lointain. J’avais préféré le changement lorsqu’il s’était produit dans l’autre sens...
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyDim 21 Juin - 19:15



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Rares étaient les fois où mes nuits m’apparaissaient aussi ambigües que celle-ci… Horrible et délicieuse à la fois… Pourtant, après ce second réveil, les mots tranchants sifflant encore à mes oreilles comme pourrait le faire un couperet, le délice s’était envolé. Peut-être que j’avais fait une erreur en la réveillant, peut-être que j’aurais dû la laisser se reposer, peut-être que ça ne la concernait même pas… Après tout, ils étaient quatre… et puis ça n’était sûrement pas à la minute… Les ennuis n’arriveraient pas avant des semaines, elle pouvait bien terminer sa nuit… mais ça avait été plus fort que moi. Je n’avais même pas réfléchi, poussé par une angoisse intraitable. J’étais presque certain qu’elle avait toutes les réponses, comme si les ombres que ces derniers mois avaient dessiné sur le tableau des Sørensen ne pouvaient qu’avoir un lien avec l’intérêt soudain du Ministère à notre égard. Bêtement, mon imagination échafaudait tous les scénarios possibles… Je n’avais aucun mal à nous imaginer avoir du sang sur les mains, qu’il s’agisse de notre propre fait ou non. C’était sûrement déjà arrivé, par chez eux… Je me souvenais des sombrals et des trois impurs morts pour la bonne cause… Pourquoi pas un de plus, hein ? Pourquoi pas…? De toute façon, j’étais tenu au secret, ils pouvaient bien faire ce que bon leur semblait sans risquer quoi que ce soit… Mon estomac se noua davantage. De son côté, Erin semblait peiner à s’extraire du pays des songes, me forçant à m’éloigner pour éviter qu’elle n’y sombre à nouveau. L’atmosphère me semblait lourde, bien loin du calme tranquille que nous lui connaissions jusque là. Mes doutes la concernant me faisaient culpabiliser autant qu’ils me rappelaient tous les travers dont elle était la cause… Si ma mère savait… quand elle le saurait… Je ne savais même pas ce qui m’attendait vraiment que je m’en voulais de lui causer du tort. Une accumulation de petits riens qui la feraient sans nul doute finir par défaillir…

Comment ça, des ennuis ? Et quand ?

Sa première question me laissa bête. J’en savais rien, moi ! Des ennuis qui nous pousseraient à prendre la fuite pour éviter les sanctions. J’étais incapable de savoir lesquels, ni pourquoi. Des ennuis, c’était tout !

Cet été… J’ai réussi à lire juillet mais peut-être avant, j’en sais rien…

Peut-être que nous n’aurions même pas le temps d’aller jusqu’aux vacances… Si ça avait lieu avant…? L’odeur piquant des flammes qui léchaient la salle de bal me revint soudainement. Mon visage perdit sûrement le peu de couleurs qui lui restait encore. Je me souvenais de la panique qui avait été mienne alors qu’on nous escortait jusqu’aux salles d’interrogatoire du Ministère, après la chute de Blackman, l’impression tenace que j’allais finir mes jours derrière les barreaux alors que je n’avais pas fait grand chose… C’était sûrement quelque chose que je tenais de mon père, je pense… Cette faculté à clamer haut et fort que je voulais faire de grandes choses pour remettre notre société sur les rails tout en étouffant sous la couardise à chaque risque éventuel… Pourtant, je savais pertinemment que pour elle, j’étais capable de beaucoup… De trop, peut-être… Laisser ma vie entre les mains inquiétantes des siens… alors pourquoi pas risquer de l’y laisser entre celles plus intransigeantes des autorités…?

Qu’est-ce que tu as vu, exactement ?
Rien, soufflai-je dans un haussement d’épaules nerveux, enfin… juste une conversation… mais je ne sais même pas de qui il s’agit… Je… C’était au Ministère, et quelqu’un a demandé s’il y avait du nouveau nous concernant et l’autre a répondu que non mais qu’ils finiraient par nous mettre la main dessus… Ça… Ça a duré quelques secondes, c’est tout… Et il y avait un journal qui disait qu’on était en Juillet aussi mais je ne sais même pas quand en Juillet et j’ai pas vu le moindre titre, rien… Je ne sais rien d’autre. Je sais rien d’autre…

Je me sentais bête d’avoir finalement si peu de choses à lui raconter… Elle n’avait jamais vraiment remis en question ce que je pouvais percevoir mais je craignais qu’elle le prenne plus à la légère qu’il ne le faudrait sûrement… Je n’étais pas de ceux qui pensaient qu’on pouvait se défaire de ce qui était écrit. Ça nous tomberait dessus, quoi que nous fassions. Si ça n’était pas directement nous les coupables, on serait impliqués de toute façon. Assez pour qu’on nous recherche. Je voyais déjà des affiches pulluler un peu partout, avec des photos peu flatteuses et des récompenses pour toute information. Elle était belle, la fuite ! Et dire que j’avais toujours espéré qu’on ferait simplement fi de exigences parentales pour aller vivre notre vie comme on l’entendait, sans pression sociale, sans blason à entretenir… juste nous pour rien de moins que toujours… Je n’avais jamais imaginé que nous nous contenterions d’une vie de cavale, glissant de ville en ville dans une inexistence parfaite… Je n’avais pas envie de cette fuite-là, fut-elle avec ma meilleure amie… Ça devait être libérateur, pas plus entravant encore que nous connaissions déjà… Je sentais son regard qui partait à la recherche du mien, pesant, lourd de questionnements mais j’étais incapable de le soutenir. Je ne doutais pas qu’elle l’avait remarqué. On se connaissait bien, trop bien, pour qu’elle puisse passer à côté… Mais qu’est-ce que je pourrais trouver comme explication ? J’en avais aucune… Ça n’était que des suppositions, fondées peut-être mais des suppositions malgré tout. Je me voyais mal lui dire que je la tenais presque responsable d’une catastrophe qui n’était même pas encore arrivée… Mais il était question d’Erin… et mettre les pieds dans le plat faisait sûrement partie des aptitudes les plus remarquables qu’elle possédait.

Pourrrquoi est-ce que j’ai l’imprrression d’avoirrr fait quelque chose de mal ?

Je sentis tous mes muscles se tendre à sa question mais j’espérais que le drap de la nuit le cacherait assez… Je savais que je devais démentir mais rien ne vint. Elle n’avait rien fait de mal… mais pour combien de temps…? Ma main passa nerveusement sur mon visage avant que je ne me relaisse tomber sur le matelas dans un bruit étouffé. Le silence retomba presque aussitôt. Je ne savais pas quoi dire… Je ne voulais l’accuser de rien mais refusais pour autant de feindre que ces derniers mois ne m’inspiraient aucune suspicion. Je ne prétendais pas que c’était forcément elle ou les siens, seulement que c’était une supposition plausible. Et, même avec toute la mauvaise foi du monde, elle serait sûrement peu à même de m’assurer du contraire. J’ouvris la bouche et la refermai sans avoir émis le moindre son. Je ne pouvais pas la laisser ainsi, c’était avouer alors que ça n’était pas tout à fait vrai !

Si tu savais quoi que ce soit, tu me le dirais ? Quelque histoire qu’il puisse y avoir ou… ou je ne sais pas, n’importe quoi… Tu me le dirais, n’est-ce pas ?

J’aurais aimé m’assurer que oui mais en réalité, je n’en savais rien. Quel secret cachaient les Sørensen ? Même de celui que je partageais avec eux, je ne savais finalement pas grand chose… alors du reste… Je n’étais plus à une clause près, la mort planant déjà au-dessus de ma tête depuis de longues semaines, tant que ça pouvait mettre en lumière ce rêve gênant. S’ils avaient prévu quelque chose, quoi que ce soit, je voulais savoir. Les dés étaient déjà jetés, de toute façon, et je savais déjà que je la suivrais dans son échappée, que j’y serais mêlé d’une manière ou d’une autre… Je ne cherchais pas à m’en défaire ou à l’en blâmer… Je voulais seulement savoir à quoi m’attendre.
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Message(#) Sujet: Re: lie awake under pink sky (junior) lie awake under pink sky (junior) EmptyMar 23 Juin - 22:13

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Juillet… Une date qui disait beaucoup, tout en ne disant rien. Un temps flou et confus qui venait assombrir le délicieux tableau de nos vacances que nous avions passé la soirée à dépeindre. L’été, qui s’annonçait chatoyant il y a quelques heures encore, se parait soudainement de bien tristes couleurs. Cette vision, quelle qu’elle soit, prenait place à cette période, mais ce qui nous concernait, nous, pouvait aussi bien survenir la veille de ce futur, comme cela pouvait arriver demain... D’autant plus qu’un mois, c’était bien long. En somme, la réponse de Junior n’éclaircissait rien, et il se garda bien de préciser les ennuis dont il était question. Son visage perd un peu plus de ses couleurs alors qu’un petit silence tombe. À pâlir ainsi, il pourrait bientôt se confondre avec les plus translucides des fantômes du château… Je n’avais jamais aimé ces réveils brutaux et tourmentés qui étaient la conséquence systématique d’une vision mais, cette nuit plus que les autres, les secondes qui s’écoulaient avaient une saveur plus amère encore. Quoiqu’il se joue dans l’esprit de mon meilleur ami, c’était bien loin des tendres considérations qui avaient émaillé notre soirée. J’en mettrais ma main au feu.

En revanche, l’incertitude la plus totale enveloppait encore les détails de ce que Junior avait entrevu et je pars à la recherche de clarification, ramenant toute la nervosité du Serpentard à la surface. Je m’en voulais peut-être un peu de remuer ainsi la source de son angoisse, mais je détestais ne pas comprendre et tout m’échappait, dans cet avenir qu’il m’annonçait. Comment pouvais-je être d’une quelconque aide s’il ne me disait pas tout nous concernant ? Doucement, je perds mes doigts contre les siens. Je sentais bien qu’il était affecté, ses hésitations, nombreuses, et les pauses dans son récit le prouvaient bien. Cependant, j’avais beau écouter avec un sérieux rare les mots agités qui composaient son histoire, je ne percevais rien qui puisse faire vaciller cette flamme de certitude qui brûlait éternellement en moi. Etais-je déçue ? Peut-être un petit peu. Mon enthousiasme, soufflé par l’absence de combustible, n’était plus qu’une vague souvenir. Ce n’étaient là que des maigres informations, quelques secondes de vie volées dans la nuit, et qui pouvaient s’interpréter de bien des façons.

Ça pourrrait êtrrre parrrce que nous avons décidé de fuirrr plus tôt que prrrévu ou pourrr plein d’autrrres rrraisons. Pourrrquoi serrraient-ce forrrcément de grrros ennuis ? Ou bien il ne me disait pas tout sur ce qu’il venait de voir, ou bien il conservait pour lui le cheminement de ses pensées qui l’amenait jusqu’à cette conclusion. Dans l’un, comme dans l’autre, ma curiosité ne pouvait s’en satisfaire, pas plus que mon impatience. Je ne savais pas si le futur qu’entrapercevaient les voyants était immuable, gravé dans la roche, impossible à modifier. Bien que que mon idée sur la question soit assez tranché. Junior, lui, n’avait jamais remis en doute la moindre de ses visions, et non plus le fait qu’elles se produiraient, quoiqu’il advienne, alors je me gardais bien de le faire. Il y avait comme une forme de délicatesse dans cette retenue que je n’expérimentais que rarement. Mais comment aurais-je pu me moquer de mon meilleur ami quand il était ainsi, aussi affecté ? Sans dire que cela me perturbait autant que lui, après tout, j’avais toute confiance en les pouvoirs de mes aïeuls et ne doutait pas un seul instant qu’ils étaient capables de me tirer de tous les mauvais pas, je me questionnais tout de même sur les raisons de ce futur. Fuir avec Junior, d’accord. Rien ne me semblait plus enviable que de pouvoir passer toutes les heures de chaque jour en sa compagnie, sans avoir à nous plier à une quelconque bienséance. Mais, et les miens ? Il me semblait que l’équation était parfaite avec la possibilité de les retrouver en transplanant tout bêtement ou en demandant un portoloin. Ce qui divergeait notablement d’avec la perspective d’un Ministère à notre recherche.

C’était un casse-tête que nous ne pouvions pas résoudre dans l’immédiat. Mon impatience détestait cette impuissance, et moi, je n’appréciais pas l’évitement prononcé de mon meilleur ami. Il fuyait mon regard avec une application qui frisait l’insolence et je finis par retirer ma main de la sienne pour croiser les bras, une moue froncée sur le visage avant d’abandonner toute délicatesse et de lui poser frontalement la question. J’espérais peut-être un peu qu’il démente avec véhémence, mais il n’en fit rien. Au fond, je le savais d’avance : le soupçon qui grandissait en moi, devenant certitude, n’était pas né de rien. Je le connaissais bien, trop bien, et cette sensation tenace qu’il me reprochait quelque chose sans même le dire à voix haute n’était pas le fruit de mon imagination. Il était donc logique qu’il garde le silence et continue de tout faire pour ne pas croiser mes prunelles claires rivées sur lui, avant de se laisser lourdement tomber sur l’immense coussin qui n’avait plus rien du parfait paradis n’appartenant qu’à nous. Et les secondes s’écoulent, forgeant ma conviction, assombrissant mon regard, nouant mes muscles.

Mes doigts commencent à pianoter un agacement grandissant sur mon bras tandis que mes pensées, elles, essayaient de devenir ce qui pouvait bien être ma faute. Rien, absolument rien, pas l’ombre d’un début de réponse. Et finalement, alors qu’il consent à se départir de son mutisme qui commençait lentement à échauffer mon exaspération, il me prend au dépourvu. Si sa pâleur pouvait lui laisser tout le loisir de prétendre au titre de fantôme, mes sourcils toujours plus froncés me rapprochaient davantage de mon jumeau adoré et de son air éternellement réprobateur. Cependant, tout le mécontentement indigné qui menaçait de m’envelopper toute entière et de dresser mon orgueil blessé face à Junior est bien vite soufflé par mon soupir, telle la flamme d’une petite chandelle face à un vent trop puissant pour elle. Je pourrais mettre cela sur l’heure avancée de la nuit et le sommeil qui ne traînait pas trop loin pour justifier cette faiblesse. La vérité était plutôt à chercher du côté de notre dernière dispute. Les mots d’alors de mon meilleur ami dansaient encore devant mes yeux avec une facilité déconcertante. Nuls remords pour avoir fait ce que j’avais fait, simplement la certitude que je prendrais désormais soin de l’en informer si une telle envie me reprenait et, surtout, de le tenir à l’écart de tout danger potentiel. D’accord, j’avais quelque peu échoué en lui confiant une partie de ce secret de famille qui était le mien. Mais la vérité totale passait forcément entre quelques écueils. Est-ce que sa vision en était un autre ? Evidemment fais-je en repoussant du bout des doigts le morceau de couverture qui reposait encore sur mes jambes. Il faisait presque trop chaud désormais, dans cette nouvelle bulle tissée par un futur incertain, alourdie par les doutes de mon meilleur ami. Si j’étais au courrrant de quoi que ce soit susceptible de conduirrre à ce que tu as vu, je te le dirrrais. Mais rrrien ne se trrrame, à ma connaissance. L’amère sensation de devoir me justifier pour quelque chose que je n’avais pas fait me restant en travers de la gorge, je me laisse tomber sur le dos à mon tour, la tête à l’opposé de celle de Junior, visage tourné vers les étoiles qui scintillaient toujours, comme si rien ne pouvait jamais les atteindre.
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