Lunox avait reçu cette lettre de Carla Yaxley au bon moment. Son devoir d’Histoire de la Magie lui avait demandé tant de temps et d’énergie qu’elle en avait perdu toute sa vigueur au moment de passer à celui d’Astronomie qui nécessitait presque autant de recherches pour être réalisé. Elle se doutait qu’elle aurait dû l’effectuer à l’avance pour ne pas être contrainte de se dépêcher et de prendre ainsi le risque de bâcler le travail. Malheureusement, l’enfant avait pris la fâcheuse habitude de trier ses matières et de garder le pire pour le fin. Sa plume témoignait de ses longues heures d’écriture tant sa base était toute chaude au toucher. L’encrier avait été vidé d’un quart et sans doute même gaspillé puisque la petite avait dû s’y reprendre à plusieurs fois avant de remplir un parchemin qui lui semblait correct et qui pouvait peut-être répondre aux besoins du professeur Hatwell. Ne plus toucher à cette plume pendant quelques minutes serait donc comparable à un instant délectable de répit.

Cette lettre la sauvait et lui donnait le prétexte de remettre l’Astronomie à plus tard, juste le temps d’y répondre. Son contenu ne lui demandait pas grand-chose à faire mis à part de se rendre dans la salle commune de sa propre maison durant la soirée. Cette demande lui tira un petit sourire des lèvres. Elle se souvenait de son prénom et du visage aux traits fins qu’elle avait lorsqu’elle était venue honorer l’invitation de sa grand-mère. Certes, les deux filles ne s’étaient plus revues par la suite mais elles avaient échangé quelques sympathies avant que leurs chemins ne se séparent. Des sympathies banales et avant tout courtoises certes, mais qui permettaient au moins à l’expéditeur de se montrer amical dans sa lettre et dans ses intentions. Il n’en fallut pas plus à Lunox pour accepter de la rencontrer. Tout en écrivant rapidement sa réponse, la tête blonde trouvait cela curieux qu’elle ne l’ait pas reconnue depuis tout ce temps. Peut-être s’étaient-elles déjà croisées mais qu’elles s’étaient involontairement ignorées ? C’était l’hypothèse la plus probable. Lunox avait vu tant d’enfants venir et partir du manoir familial qu’elle n’aurait jamais pensé tous les revoir un jour. De plus, le château grouillait tellement d’élèves qui se déplaçaient en même temps jour après jour qu’elle ne pouvait traiter toutes les informations qu’elle percevait.

Contente qu’une ancienne connaissance ne lui témoigne de l’attention, la fillette abandonna sans scrupules son devoir d’Astronomie. Elle devait réfléchir à la robe qu’elle enfilerait pour cette soirée en duo. Il s’agissait d’une descendante des Yaxley qui était l’une des plus grandes et nobles familles de toute la Grande-Bretagne. Le passé de sa grand-mère Cordelia à Durmstrang lui avait permis de nouer des liens avec des sorciers de haute lignée et ce, même si elle ne possédait pas une philosophie aussi extrême que la leur concernant les moldus. Dans un sens, cela n’avait jamais étonné Lunox ; Cordelia avait toujours aimé l’ambition et la grandeur.

Peu après le dîner du soir, Lunox dépêcha ses pas vers les cachots puis vers son dortoir. Porter des robes n’était pas ce qu’elle aimait le plus pour en avoir porté jour après jour au manoir mais elle avait assimilé que toute rencontre mondaine ou en compagnie d’une personne de bonne famille nécessitait de respecter des codes. Des codes que sa grand-mère lui avait appris avec fermeté, quitte à lui donner des coups de canne pour que Lunox ne les retienne et devienne une enfant bien élevée aux manières irréprochables. Cette volonté n’avait cependant pas été entièrement transmise à la petite, bien trop entêtée pour s’y convenir. Pour cette fois, elle ferait l’exception juste parce que c’était une Yaxley et qu’elle était bien trop excitée de la revoir.

Parfaitement bien coiffée d’un chignon tressée que lui avaient fait deux amies de son dortoir, elle se contempla une dernière fois dans le miroir en détaillant sa petite robe bleu qui lui arrivait jusqu’aux genoux. Elle avait fait en sorte de choisir l’une des plus belles de sa garde-robe pour ne pas se ridiculiser. Enfin, suffisamment satisfaite, Lunox se rendit à la salle commune de Serpentard.

Carla était là, confortablement installée sur l’un des fauteuils sombres de la pièce, à l’écart des autres élèves qui discutaient activement de Quidditch ou de, ce que Lunox ne savait pas ce que cela voulait dire, BUSE. Les deux sorcières finirent par se reconnaître au même moment. Carla l’interpella, agitant la main pour l’inciter à la rejoindre. La première année ne se fit pas prier et lui adressa un premier sourire alors qu’elle s’installait à ses côtés, sur ce fauteuil doux et moelleux. Ici, personne ne les dérangerait.

— Bonsoir, Carla ! Ca fait longtemps qu’on ne s’est pas vues, je suis vraiment ravie que tu m'aies écrit. Je ne pensais pas te revoir, d’ailleurs. Je me suis dit que tu aurais peut-être rejoint Durmstrang puisque tout le monde autour de nous n’en disait que du bien, lança-t-elle en ponctuant sa tonalité de surprise, de spontanéité et de curiosité.

Elle jeta ensuite un petit regard discret à la tenue de son aînée et constata avec étonnement que cette dernière ne portait pas de robe. Lunox aurait-elle fait tous ces efforts pour rien ? L’idée de s’être entêtée à respecter les règles dictées par sa grand-mère alors qu’elle-aussi se serait davantage sentie mieux en petit pull et jupe d’école déforma légèrement ses traits en une mine désillusionnée.

La fillette porta son regard vers la cheminée au loin, blasée.

Carla semblait toute aussi ravie que Lunox de ces petites retrouvailles. Sa remarque quant au fait qu’elle ne l’aurait pas reconnu ne renfrogna pas l’enfant, au contraire. Elle voyait le fait d’avoir grandi comme un compliment puisqu’elle avait souvent rêvé pouvoir agir comme les grands et surtout d’être libre de faire tout ce qu’elle désirait sans la surveillance systématique de sa grand-mère. Maintenant qu’elle était à Poudlard, elle commençait à goûter à ce si bon plat qu’était la liberté. Un plat contrôlé prudemment par les autorités compétentes que représentait le personnel certes mais que pouvaient faire quelques paires de yeux face à des centaines de pieds se déplaçant partout jour après jour ? Lunox avait bien deviné que ce serait différent par ici.
Après un sourire réciproque, deux vieilles connaissances entamèrent ensemble leur première discussion autour de l’académie de Durmstrang. Cela étonnait visiblement Carla que l’enfant ait cru qu’elle aurait été scolarisée dans le grand nord et elle lui posa directement la question de savoir ce qui lui avait mis cette idée en tête. Lunox avait tant eu l’habitude d’entendre parler de cette académie en bien et comme étant l’une des meilleures de toutes qu’elle n’avait eu que cela en bouche durant son enfance. Parfois Ilvermorny lorsque sa grand-mère lui racontait les histoires de son passé mais elle avait longtemps cru qu’elle n’irait pas à Poudlard. Presque chaque année, un problème de taille envahissait cette école et si l’an dernier le danger avait pris la forme d’un incendie, les années précédentes s’étaient montrées bien plus cruelles. Des mangemorts avaient pris la direction de Poudlard.

La fillette était néanmoins d’accord avec son aînée sur un point : Poudlard restait un endroit génial. Les élèves partageaient la même culture et la même langue qu’eux, ce qui facilitait bien les choses. Il n’était pas certain qu’elle aurait pu facilement s’intégrer si elle avait été envoyée à Durmstrang. Mais maintenant qu’elle était à Poudlard, elle ne se posait plus vraiment la question.

— Mais je suis d’accord avec toi. C’est sympa ici ! Ajouta-t-elle en retrouvant son sourire pétillant.

Contre toute attente pour Lunox, Carla ne lui tenait pas rigueur quant à l’effort vestimentaire qu’elle avait fait. Cela la soulagea d’un poids : celui d’avoir mal fait les choses. Au moins, elle pouvait se dire que Cordelia aurait approuvé son intention. Elle avait tout de même hâte de retrouver son pyjama plus tard puisqu’elle sentait des regards lointains mais curieux se tourner discrètement vers elle. Pourtant, sa robe était loin d’être extravagante.

Son interlocutrice, quant à elle, se dédouana du choix de sa tenue du jour en l’informant qu’elle était passée dans les cuisines de l’école pour récupérer des bonbons. Cette information stimula aussitôt la gourmandise de Lunox dont l’expression venait de passer de l’enthousiasme à l’impatience et l’excitation. Comme beaucoup d’enfants de son âge, elle adorait les friandises ! Il n’y avait rien de plus simple pour attirer sa sympathie que de l’inviter à en manger. Son regard alla s’extasier près de la petite table basse où, effectivement, étaient entreposés des sachets colorés à peine ouverts.

— Oh ! Génial ! Oui, bien sûr, les sucreries, j’adore ça. Merci d’y avoir pensé, ne dis pas que tu n’es pas à la hauteur, répondit-elle gaiement avant de saisir un bonbon hors de sa boite en carton. Mmmh, je crois que cette dragée doit avoir le goût de la cerise !

La jeune fille leva sa main en direction de sa bouche qui s’ouvrit légèrement puis elle croqua dans l’aliment, savourant d’avance le plaisir gustatif que cela lui procurerait. Mais au lieu du goût de cerise qu’elle crut avoir correctement prédit, sa langue rencontra à la place la saveur d’un poivron.

Lunox tendit une autre dragée à la couleur émeraude à sa camarade, espérant qu’elle aurait un peu plus de chance. C’était tout ou rien : on pouvait autant tomber sur un bonbon agréable qu’un autre qui vous donnait l’envie d’aller vomir immédiatement. Le parfum foie et tripes était d’ailleurs l’un des pires à croquer. Mais malgré ces risques, les dragées surprises restaient un incontournable pour les amateurs de friandises magiques et pour les esprits joueurs.

Tout en profitant de cette dégustation, Carla relança la conversation en demandant à Lunox si elle se plaisait à Poudlard et si tout allait bien pour elle en sachant qu’elle n’avait pas à hésiter si elle avait besoin de quelque chose. La première année trouvait très gentil de sa part qu’elle lui pose ces questions comme si elle s’inquiétait de son séjour ici-même. Elles ne s’étaient rencontrées qu’une fois mis à part ce soir mais elles se parlaient comme de vieilles amies. L’écart de l’âge ne semblait pas poser de problème pour l’instant.

Lunox ne lui fit pas part de ses difficultés en métamorphose et en astronomie pour la simple raison qu’elle voulait lui donner l’impression qu’elle était une très bonne élève dans tous les domaines.

— Et toi, ce n’est pas trop dur d’être en sixième ou septième année ? Demanda-t-elle innocemment en croquant dans une dragée au goût de cacahuète.

Lunox hocha doucement la tête de haut en bas quand Carla lui fit comprendre la raison pour laquelle elle étudiait à Poudlard. C’était parfaitement logique. Le sang-pur de Carla la protégeait de la menace des mangemorts. Non seulement les Yaxley était une grande famille mais en plus, il n’y avait aucun moldu dans leur lignée.

Elle ne savait guère ce qu’elle en pensait. La fillette était habituée à ce qu’on lui raconte qu’il ne fallait pas se mélanger aux moldus — à l’exception des nés-moldus—, ni à leur monde mais d’un autre côté, elle trouvait cela dommage. Ce monde dénué de magie était pourtant fort intéressant si on s’y penchait un peu plus. Mais jamais Lunox n’avait pris l’initiative de parler de ce sujet à sa grand-mère qui était bien trop têtue à ce propos. Celle-ci lui avait rabâché maintes et maintes fois que c’était trop dangereux pour l’univers des sorciers que de s’intéresser ou de s’approcher des moldus.

— Ah oui, exact. Je suis bête ! Tu sais s’il est arrivé quelque chose aux sang-mêlé ? Demanda-t-elle avec prudence. Parce que moi je suis de sang-mêlé… On ne sait jamais.

Lunox espérait que Poudlard prospérerait encore pendant des années mais s’il devait y avoir une nouvelle attaque, elle voulait être certaine qu’elle ne risquait rien malgré le fait que son sang ne soit pas aussi pur que celui de Carla. En soi, elle ignorait quelles différences il y avait entre un sang entièrement magique et un sang qui ne le serait pas mais elle pensait que cela devait être une différence vraiment capitale puisque cela avait engendré tant de violences.

Les bonbons qu’elles se partageaient fondaient rapidement dans leurs bouches. La dragée que la petite avait donné à sa camarade avait apparemment le goût de l’herbe, ce qui n’était pas le plus infect certes mais il ne s’agissait pas non plus d’une saveur exceptionnelle. Lunox fit une légère grimace en imaginant le goût que cela devait avoir.

La tête blonde dégustait avec satisfaction une friandise à la réglisse. En général, les enfants n’aimaient pas la réglisse mais aussi surprenant que cela puisse être, Lunox trouvait cela bon. Elle n’en mangerait pas dix d’affilée mais le goût particulier et légèrement mentholée lui plaisait, entre deux autres friandises. La variété présente dans ces sachets était fort appréciable et l’enfant était certaine que son ami Freddie aurait aimé être là, à sa place.

Carla lui apprit que Skyler était une personne réservée et introvertie. Elle tenait à sa solitude et tisser des liens ou simplement des amitiés n’était pas dans ses cordes. Lunox trouvait ce comportement très étrange. Pour une fille comme elle qui aimait les rencontres, les discussions et se faire des amis, l’idée que l’on puisse rechercher le contraire lui semblait totalement insensée. Ces informations la troublaient légèrement mais ce n’était rien comparé au fait que Carla trouvait le professeur Thorstein cool. Ce terme créa un scepticisme sur le visage de Lunox. Il y avait bien des adjectifs qualificatifs très adaptés pour cette enseignante mais elle n’avait pas l’impression que cool fasse partie de la liste.

— T’es sûre qu’on a la même prof ? J’attends de voir en tout cas ! Répondit-elle avec étonnement.

Elle haussa les épaules et reprit :

A vue d’oeil, la fillette estimait que son aînée avait parfaitement l’air d’être quelqu’un de bienveillant, d’aimable et de sociable. Elle devait être capable d’attirer autour d’elle n’importe quel groupe d’amis. Elle la trouvait très jolie, de surcroît. Et comme si être jolie ne suffisait pas, elle s’en sortait bien d’un point de vue scolaire. D’après Carla, la sixième année était plus calme puisque l’arrivée massive des examens ne se faisait qu’en septième année. Elle ajouta d’ailleurs qu’au fur et à mesure, le choix des options permettait de rendre le quotidien d’élève plus agréable qu’au tout début.

Tout en l’écoutant, Lunox se jeta sur une petite sucette rouge sang. D’après ses souvenirs, cela avait le goût de la fraise !

— Ca a l’air terrible la septième année, dis donc, dit-elle dans un petit soupir. Tu as pris quelles options, au fait ? Je ne connais que l’option soins aux créatures magiques que l’on peut choisir en troisième année mais je ne sais pas ce qu’il y a d’autre.

Il y avait tant de choses à savoir au sujet de Poudlard et comme elle débutait à peine sa scolarité, elle n’avait pas encore eu l’occasion d’assimiler toutes ces informations diverses. Ceci dit, même sans tout connaître à l’heure actuelle, Carla semblait persuadée qu’elle s’en sortirait. Lunox lui adressa un nouveau sourire, contente du compliment qu’elle venait de recevoir.

Les paroles de Carla étaient rassurantes. Les mangemorts n’avaient pas mis les sang-mêlé dans leur collimateur à condition qu’ils acceptaient la politique menée. Lunox avait vaguement entendu parler d’une rébellion qui avait eu lieu par des personnes qui avaient même trahi leur propre sang et ils avaient été punis. Elle ignorait par quels procédés mais d’après l’air sombre qu’avait pris sa grand-mère quand elle lui avait expliqué tout cela sans les affreux petits détails, les retenues n’avaient pas été fort sympathiques. En tout cas, Lunox était plutôt soulagée de conclure que si ces événements venaient à se reproduire, elle ne risquerait rien. Selon Carla, elle pourrait même bénéficier de l’influence de sa grand-mère. L’enfant lui sourit, son visage s’illuminant un peu plus.

Il lui était difficile de parler davantage de ce qui s’était produit avant sa scolarité pour la simple et bonne raison qu’elle n’avait pas vraiment d’avis là-dessus. Elle trouvait horrible qu’on puisse être méchants et discriminants envers les nés-moldus mais d’un autre côté, elle comprenait pourquoi les sorciers conservateurs l’étaient. Ils avaient leurs raisons. Ils voulaient protéger le monde de la magie ainsi que leurs proches. Lunox trouvait les inventions et les recherches moldues fascinantes mais elle savait aussi que les moldus, même s’ils pouvaient être gentils, étaient tout aussi capables de paniquer devant un peu de magie et prendre des décisions irrationnelles et drastiques. Pour preuve, sa grand-mère lui racontait souvent des histoires autour du procès de Salem qui s’était produit dans son pays natal, les États-Unis.

Lunox avait interrogé Carla au sujet de ses amis, à Poudlard. Son aînée ne lui cacha pas qu’elle avait avant tout pas mal de connaissances et seulement deux ou trois vrais amis. Il y avait notamment une dénommée Casey Pumpkin, décrite comme étant plus ou moins de la même trempe que Skyler. Une brève microexpression de méfiance s’était créé aux coins des lèvres de Lunox au moment où elle l’appris. Elle espérait que cette Casey n’était pas aussi désagréable. Une Skyler lui suffisait amplement. Il y avait aussi, dans l’entourage de Carla, les jumeaux Sorensen. Lunox les connaissait de vue et de réputation. Elle n’avait pas d’avis général à leur sujet car elle ne les avait jamais vraiment approché. Mais si Carla les fréquentait, c’était qu’ils devaient être sympathiques et intéressants ! La fillette garda l’information dans un coin de sa tête et elle ne fit pas attention à l’hésitation de sa camarade lorsque celle-ci décrivit sa relation avec le fameux Finn.

Ces adjectifs étaient différents de ceux qui qualifiaient les amis de Lunox. A l’exception de Kathleen, peut-être. En tout cas, la petite Serpentard avait tendance à croire que les journées étaient plus amusantes et pétillantes en compagnie de personnes de nature extravertie, avec beaucoup d’énergie en elles. Elle pouvait apprécier les natures calmes mais elle avait du mal à les comprendre et elle ne partageait pas autant de complicité avec elles qu’avec les autres.

La conversation divergea sur le professeur Thorstein et également sur les professeurs que Carla trouvait puissants et compétents. Elles n’étaient pas d’accord sur la vision qu’elles avaient de l’experte en défense contre les forces du mal mais Carla apporta à Lunox une opinion plus nuancée et suffisamment crédible pour que la blondine veuille bien la croire.

C’était une façon détournée d’avouer qu’elle était très susceptible et qu’elle préférait les manières douces à son égard. Ceci dit, Lunox ignorait encore que la manière forte était celle qui la poussait le plus vers le meilleur d’elle-même et c’était ainsi qu’elle s’était forgée un caractère bien trempé depuis son enfance, une détermination et une combativité sans failles.

L’enfant amena à sa bouche un nouveau bonbon à la saveur explosive. Elle retint difficilement une grimace mais elle n’en demeura pas moins captivée par la suite de la discussion. Carla lui expliquait les différentes options possibles à Poudlard tout en les commentant en fonction de ses préférences. La sixième année n’aimait pas les matières pratiques qui se faisaient à l’extérieur. Elle aimait les disciplines plus posées comme l’étude des runes qui, elles, n’avaient pour le moment pas l’air de passionner Lunox. Quant à l’étude des moldus, en revanche, cela l’intéressait parce qu’elle était trop curieuse de ce monde qui lui était si inconnu.

Un peu perplexe, la jeune fille se mordit la lèvre inférieure avant de prendre la parole :

Carla mit fin aux questionnements de Lunox concernant le passé sinistre de Poudlard qui avait été habité par les mangemorts, il y a quelques années. Il était vrai que l’enfant souhaitait savoir quelle punition avait été appliquée aux enfants de parents moldus mais visiblement, elle ne tirerait pas cette information de Carla. A défaut de l’interroger elle à ce sujet, elle mit de côté cette curiosité pour un moment plus opportun. Peut-être devrait-elle poser directement la question au bibliothécaire de l’école ? Lui-même répondait toujours à ses demandes !
Les deux Serpentard parlaient de leur entourage. Lunox pensait que sa camarade ne devait sans doute pas beaucoup s’amuser avec des fréquentations plutôt discrètes à ses côtés mais elle fut surprise d’apprendre que ce n’était pas forcément le cas. Carla savait s’amuser, ce qui rendait sa personne encore plus chaleureuse aux yeux de la première année.

— Ca, c’est génial ! Je trouve ça triste quand on est sérieux tout le temps, avoua-t-elle avant de manger un nouveau bonbon.

Elle écouta attentivement ce que son amie lui dit au sujet de Erin Sorensen. Contrairement à Casey Pumpkin, elle était loin d’être calme mais plutôt imprévisible. Personne ne s’ennuyait avec elle. Dit comme ça, la description vendait du rêve à Lunox. Elle était certaine de bien apprécier cette Erin si un jour elle devait la rencontrer.

— Elle a l’air top, Erin ! Au moins, personne ne pourra la surprendre puisque c’est elle qui vous surprendra, déclara-t-elle en riant doucement. Tu pourras me la présenter, un de ces jours ? Et tu veux dire quoi par pour le meilleur, comme pour le pire?

Cette expression n’était pas très claire car la jeune enfant ne parvenait pas à la visualiser. Est-ce que Erin était une fille qui ne faisait pas dans la mesure ? Etait-ce tout ou rien ? De quelle façon ?

Finalement, apprendre toutes ces précieuses informations à propos de l’entourage de Carla était très enrichissant. Pour Lunox qui avait l’habitude de faire le premier pas vers les autres pour les connaître, cette discussion avec Carla lui apprenait une autre façon de se renseigner sur les gens, ne serait-ce que pour réfléchir à l’avance de la façon dont elle devrait les approcher. En y repensant, elle s’en voulait un peu de ne pas avoir procédé ainsi avant d’aller voir Skyler pour la première fois. Si elle avait su comment elle était avant de lui adresser la parole, elle aurait agi autrement avec elle.

— Oui, c’est super pénible, dit Lunox en réponse à sa camarade qui admettait elle non plus ne pas apprécier les ordres.

C’était pour cela qu’elle avait tant rêvé de sa liberté d’élève, avant d’intégrer Poudlard. Après avoir eu la confirmation qu’elle étudierait bien dans cette école, la blondine avait presque compté chaque jour qui la séparait de la rentrée. Elle aimait son domicile mais elle voulait quelque chose de plus grand et de plus vaste, sans trop de contraintes. La différence entre les règles fixées par Cordelia et celles de l’école, c’était que l’on pouvait braver plus facilement celles de l’école. Comment le concierge ou le garde-chasse pouvait-il gérer des centaines d’élèves à la fois ? C’était impossible. Il y avait toujours quelques esprits rusés pour échapper à leur vigilance. Le but était d’en faire partie.

Carla lui donna quelques informations supplémentaires concernant l’étude des runes. Elle en parlait comme étant une langue ancienne très utile pour déchiffrer les plus vieux grimoires et avoir accès aux anciennes formes de magie. Lunox hocha lentement la tête, comprenant peu à peu l’utilité de cette discipline. Elle ne l’avait pas vu de cette manière, se cantonnant simplement à l’image des petites pierres divinatoires que l’on exploitait effectivement dans les récits.

Peut-être que, finalement, Lunox se laisserait bien tenter par l’étude des runes lors de sa troisième année. Cordelia possédait une bibliothèque bien à elle, au manoir. Lunox n’avait jamais obtenu le droit de s’y rendre seule lorsqu’elle voulait lire un roman. Elle devait toujours obtenir l’autorisation de sa grand-mère et également se faire accompagner par elle. De nombreuses fois, elle avait voulu approcher certains rayons qui lui tapaient à l’oeil mais Cordelia la freinait toujours dans ses intentions. Mais en y repensant, il devait sûrement y avoir des ouvrages en runes très intéressants à déchiffrer…

Contrairement aux runes, l’étude des moldus ne fascinait pas du tout Carla. La jolie sixième année paraissait intriguée par les raisons qui poussaient Lunox à trouver les inventions moldues pertinentes. Elle ne lui avait pas posé méchamment la question mais Lunox lisait à travers elle la même expression de stupéfaction qu’elle lisait sur le visage de sa grand-mère quand elle lui disait qu’elle aimait bien la pratique du Judo. Elle en avait d’ailleurs pratiqué dans le plus grand des secrets, avec son voisin moldu— qu’on lui avait strictement interdit d’aller le voir ou de lui parler une seule fois. Sa grand-mère avait fini par le découvrir et la fillette avait été sévèrement punie. Lunox avait dû lui promettre de ne plus jamais porter de tenue de sport moldu, ni d’en parler tout court. Dans un sens, elle aurait bien voulu en parler à Carla mais elle savait, de toute évidence, que ce n’était pas une bonne idée.

— C’est vrai que la magie est plus pratique et plus puissante que la techn...tech-no-lotruc moldu là, dit la première année en hésitant. Par exemple, les portoloins sont plus efficaces que leurs choses qui volent là, avec des gens dedans. Mais ils arrivent quand même à envoyer des gens sur la Lune avec un gros engin. Dès que je suis arrivée à Poudlard, certains parlaient même d’un moyen de communiquer plus rapidement qu’avec un hibou ! Et chaque année, ils trouvent de nouveaux trucs pour faire encore plus de choses par rapport à ça. Franchement, dans ma classe, j'ai l'impression qu'ils ont tous vécu chez les moldus tellement ils savent tout sur ça et que, moi, je suis la seule à avoir une famille de sorciers.