Maudits pirates !

Se réconcilier par le méfait
Avec la participation de @Sasha L. Vicenzo dans le rôle de : la marine. •••

Quand il aperçu Sasha cet après-midi là, Blaze lui adressa de loin de grands gestes enthousiastes d'abord, avant de lui faire explicitement signe de se montrer discrète, ce qui venait complètement en contradiction avec son attitude précédente. De toute façon, pour la discrétion, c'était clairement raté. Le jeune homme avait troqué son uniforme bleu et noir pour une tenue plus confortable : un t-shirt au motif des Bizarr' Sisters et un pantalon large. Plus original était l'espèce de chapeau qui lui coiffait la tête, si on pouvait vraiment parler de chapeau. Manifestement, Blaze avait essayé d'ensorceler un bonnet à lui pour le métamorphoser en tricorne, ce qui avait plutôt bien fonctionné pour la forme mais moins pour la texture, donnant cette impression étrange qu'il portait un chapeau de pirate en laine qui avait l'air clairement bien trop chaud pour la saison.

Sa camarade à portée de voix, le jeune homme intima un mouvement pour se mettre en route sans tarder, tout en portant un doigt sur ses lèvres afin de lui indiquer de garder le silence, qu'il rompu l'instant d'après.

- Salut Sasha ! Tu vas voir, c'est trop cool, mais je suis pas certain que ce soit hyper autorisé alors on devra faire ça discrètement.

Ayant dit cela, Blaze commença à presser un peu le pas, contournant le lac à petite foulée pour s'éloigner du château et de ses innombrables fenêtres qui donnaient sur eux. La berge devenait progressivement légèrement plus sauvage et finalement ils s'arrêtèrent devant un petit bosquet de jonc et de hautes herbes, d'une pauvre hauteur d'une trentaine de centimètres, d'où sortait, à moitié camouflée, l'une des barques dont se servait le collège pour accueillir ses étudiants en première année, ou pour les rares activités nautiques qu'il proposait.

Manifestement sans trop se soucier de tremper ses chaussures, Blaze fit quelques pas dans l'eau qui ici lui arrivait aux chevilles et dans un grand bruit de splash clapoteux, attrapa le nez de la barque et tira dessus pour la mettre à l'eau. L'avant flottait à présent pendant que l'arrière, lui, était toujours échoué et permettait encore d'y grimper sans risque. S'essuyant le front après ce petit effort, il accorda à Sasha un sourire ravis et lui désigna le bout encore sec de la barque.

- Notre bâteau pirate ! Bon, il est pas aussi beau que celui de Durmstrang mais ils ont pas voulu me le prêter, désolé, faudra faire sans.

Maintenant que la barque était découverte, on pouvait remarquer qu'un panier s'y trouvait, assez grand et recouvert de ce qui ressemblait à une petite nappe à carreau dans le plus pur style britannique.

Le regard de Blaze avait quelque chose de légèrement fuyant, ou d'excité. C'était difficile à dire. Il allait du lac au château, passait par le visage de Sasha avant de se reporter sur la barque, comme s'il allait survenir quelque malheur prêt à leur gâcher la journée s'ils ne se dépêchaient pas, ou mieux, un monstre à combattre. Chez lui, aventure et risques allaient toujours de paire et on ne savait jamais très bien s'il les appréhendait ou les attendait avec plaisir.

Finalement ses yeux s’arrêtèrent sur Sasha et il se fendit cette fois d'un sourire léger, bien moins arrogant que ceux qu'il avait pu lui proposer depuis leurs retrouvailles.

- Tu peux être la capitaine, si tu veux, ça ne me dérange pas.

Vu l'éclat dans ses yeux, ça avait carrément l'air de le déranger, au contraire, mais cette petite marque d'affection était très certainement une des plus sincère et authentique qu'il lui ait offert depuis longtemps. Blaze n'était pas vraiment coutumier de l'humilité, ses déclarations d'amitié ou d'autre chose passaient plus généralement par des démonstrations grandiloquentes qui visaient tout autant à amuser Sasha qu'à mettre son propre talent en valeur. Cette fois-ci, néanmoins, comme traversé d'une espèce de sursaut de maturité ou parce que leur dernière discussion avait dû, mine de rien, laisser quelques germes de bon sens dans sa tête, il avait décidé de renoncer à juste impressionner la jeune fille. Lui laisser le commandement du navire, c'était en soit quelque chose de plus rare et donc de plus précieux qu'il pouvait lui proposer.

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Maudits pirates !

Sasha ⊹ Blaze

L’idée était bonne et amusante. Bonne, mais suspecte. Je veux dire, elle venait de Blaze, alors comment se fier totalement à lui les yeux fermés ? Qui me dit qu'il ne s'agit pas encore d'un stratagème bien orchestré par le roi des loubards ? Ma mauvaise foi devrait pourtant écarter cette idée de mon esprit car je sais, je sais qu'il s'est calmé ses derniers temps. Il est occupé à bien d'autres choses, concentré sur bien d'autres personnes. Il passe pas mal de temps avec Skyler par exemple, d'autres avec le merveilleux prix d'une chasse au trésor. Je ne surveille pas ses moindres faits et gestes, je sais juste que Blaze aime occuper son temps. Mais comme je sais que les vieilles habitudes reviennent vite au galop, je me suis méfiée de sa proposition aux premières secondes de lecture de sa lettre, une autre de mes vieilles habitudes rapidement écartée. Et pourquoi pas ? Pourquoi ne passerais-je pas un peu de temps seule avec Blaze ? A croire que je n'ai pas confiance. J’ai beau adorer mes amis, respecter cette bande de mouflards, aucun n’est vraiment digne de confiance. C’est d’ailleurs bien ce qui nous rend tous si spéciaux. Proches mais destructeurs. Cassants mais aimants. Fidèles mais peu fiables. Une bande de paradoxe à l’état pure. Je n'exprime pas suffisamment tout ce dégoût qui me ronge lorsque je vois des parasites s'accrocher de si près à nous, à eux. Je n'aimerais pas qu'on puisse finalement la voir, la distinguer, la toucher. Ma jalousie.

Les beaux jours reviennent, et avec eux, les sorties ensoleillées. C'est donc nichée dans un jean taille haute et un t-shirt rayé rouge, blanc et noir que je me rends sur les berges du lac en ce début d'après-midi. Il est vraiment tôt, si tôt, que beaucoup mangent encore. Pour moi, c'était l'heure parfaite pour s'emparer d'une barque et filer sur les eaux en toute discrétion. Ce dernier est d'ailleurs le maître mot de nos retrouvailles, autant exprimés par ses signes qu'il me fait de loin, que par les salutations qu'il déclare une fois à portée de voix. « Détends-toi, certains ont encore les langues pendues à leur plat, on devrait passer inaperçus ! » Dis-je confiante en redressant le chapeau de pirate niché sur sa tête. D’où est-ce qu’il sort ça ? S’il voulait passer inaperçu, c’est raté. N’importe qui le remarquerait avec ce truc. Froncer les sourcils à cette pensée, l’accompagner d’un sourire amusé.

Confiante, je suis le Serdaigle qui nous engouffre un peu plus dans la nature, sur un côté de la berge à l’abri des regards. Un coup d’œil derrière moi, et je peux discerner les pierres du château entre les feuilles. Voilà qui me semble parfait. Rapporter le regard vers l’avant, poser mes yeux sur le bord du lac voisinant un petit bosquet de jonc dont on voit dépasser les planches d’une barque. Je regarde Blaze se mouiller les pieds, tendre le bras pour attraper le nez du bateau et le tirer dans l’eau. A peine commencé, Blaze se salit déjà. Il n’a jamais eu peur de se salir les mains. Scrutant une moitié de barque à terre, l’autre dans l’eau, sa référence au bateau de Durmstrang me fait sourire. « Je les ai toujours trouvé trop orgueilleux. » Définition : ta barque est dix fois mieux. Consciente qu’un bateau énorme s’avère tout de même bien mieux qu’une simple barque, ne pouvant accueillir les plus belles réceptions et même les groupes de musque comme celui représenté sur le t-shirt de Blaze, je garde en tête le plaisir d’une après-midi à deux durant laquelle nous ferons tout simplement ce que nous voudrons.

Un panier. Il y a un panier au fond de la barque. Il n’aurait tout de même pas préparé un espèce de pique nique bizarre, comme ceux auxquels on ramène des nappes exactement comme celles-ci afin de s’asseoir dessus ? Le regard fuyard de Blaze me force à faire de même, mais sûrement pas pour les mêmes raisons que lui. Je m’interroge sur ce panier et sur cette circonstance. Lui, c’est autre chose. Aurait-il hâte de monter à bord ? Un moment de latence lourd que je ne comprends pas. Toutes traces de nos impressions individuelles s’évaporent lorsque nos regards se croisent à nouveau. Défait toute arrogance et confiance, j’offre d’un réflexe le même sourire léger que m’offre Blaze. Un sourire qui s’étend d’avantage lorsque le brun me donne les commandes. Ce n’est qu’une barque. Aucun d’entre nous n’est capitaine, ou matelot. Nous ne seront que deux pêcheurs improvisés entre trois planches menaçant de couler. Mais le message est pourtant clair, et flatteur. La petite attention est touchante. Défait moi aussi d’une certaine arrogance, je rétorque avec amusement, et malgré tout, une fausse forme de fierté. « Du coup tu ne m’en veux pas si je te pique ceci ? » Amusée, souriante, formellement taquine, je retire le couvre chef qu’il s’est sûrement ardemment procuré pour le déposer sur ma propre tête. Toutes dents dehors, sourire charmant jusqu’aux oreilles, main à plat sur le tricorne, je me tourne vers la barque, prête à grimper dedans. « Mon arrière grand-père était un navigateur, il avait son propre bateau, il est normal que je reprenne les rennes ! » Motivée, accrochée à l'idée de passer une après-midi inoubliable, voilà que je me dévoile. Je n'avais jamais parlé de mon grand-père avant aujourd'hui. Italien pur souche, mort pour avoir rencontré la Vélane qui fait mon sang. Histoire tragique que je n'ai jamais raconté à personne. Pourquoi faire ? A peine consciente de ce que je viens de dire, finalement certaine de ne devoir en tenir trop rigueur, espérant qu'il prenne cet aveux comme une marque de mon affection, j'appelle mon ami à me rejoindre. « Allez, montez dans la chaloupe matelot, que nul poiscaille ne résiste aux pirates impitoyables que nous sommes ! » Prendre une voix forte et cassée, employer des mots familiers, prête à entrer dans une phase d'éclate, le genre rares venant de moi et inconvenantes d'après les dires de ma mère.

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C'était avec une très légère pointe de soulagement que Blaze constata que Sasha était prête à jouer le jeu. Certes c'était elle qui, pour une fois, avait parlé la première d'aventure et de piraterie, mais le jeune homme savait également que de leur groupe, elle était peut-être celle qui avait le plus de standing. Ça ne l'empêchait absolument pas de se joindre à eux, bien sûr, mais là où Jade n'hésitait jamais à exprimer son enthousiasme avec force démonstration et où Misha se montrait brutalement honnête, l'italienne, elle, était tout de même plus adepte des sourires mystérieux et bienveillants.

Ca allait parfaitement à Blaze, même s'il avait parfois un peu l'impression de proposer des activités à une fille trois fois plus mûre que lui et qui le supportait comme on apprécierait un gamin agité. Bien sûr, sur d'autres plans de leur relation, Sasha ne se montrait pas aussi mûre que cela, mais en ce qui concernait les aventures, il fallait bien reconnaitre qu'en général elle se montrait plus sobre qu'eux. D'ailleurs, c'était cette attitude qui avait fortement agacé Misha lorsqu'elle avait refusé de participer à la chasse au trésor et au camping.

Aussi, Blaze fut très satisfait lorsqu'elle lui annonça de manière détournée que leur barque conviendrait très bien pour l'après-midi. La jeune fille avait toujours une manière très gracieuse quoi qu'un peu alambiquée d'exprimer ses idées, mais c'était aussi ce qui pouvait rendre les discussions avec elle amusante. Il fallait savoir lire entre les mots. Néanmoins, Blaze espéra secrètement qu'elle ne ferait pas ça tout le temps. Leur dernière et récente prise de bec avait justement eu pour sujet le caractère trop cryptique de sa camarade qui avait continué jusqu'à la fin à refuser de lui annoncer une vérité qu'il estimait mériter.

Enfin, aujourd'hui, ce n'était pas forcément le sujet. Il ne comptait pas l'amener au large pour la forcer à cracher ses secrets, en fait, l'idée était tout simplement de passer une bonne journée. Misha et Jade étaient occupés, et c'était très bien ainsi, un peu plus de calme n'était pas forcément un mal et de toute façon ils n'auraient pas tenus à quatre sur une seule embarcation. Pour finir, chaque membre de leur groupe avait une personnalité forte, ce qui avait comme bon côté de faire des étincelles lorsqu'ils se retrouvaient à quatre, mais avait également le désavantage de se masquer les unes les autres. Parfois, pour mieux s'apprécier, il fallait mieux des tête-à-têtes, Blaze en était persuadé.

Bien entendu, il ne pouvait pas dire tout cela à Sasha. De toute façon il détestait justifier ses actions. C'était mieux de juste... faire les choses, proposer, et puis, on verrait bien comment c'était reçu. De fait, il n'avait pas spécialement prévu de confier le commandement du navire à sa camarade, mais cette décision s'imposa d'elle même lorsqu'il eut terminé de tirer le barque à moitié dans l'eau et la fixa qui attendait sur la rive. Prendre un peu sur lui-même, c'était encore l'une des choses les plus sincères qu'il pouvait proposer, sachant que tout le reste aurait forcément, avec lui, un arrière goût de grandiloquence. Sasha méritait des démonstrations plus raffinées, et également plus franches, il lui avait fallu plus d'un an pour le comprendre finalement. Mais il comprenait. Petit à petit.

Ce dont, par contre, il ne s'attendait pas, c'était qu'elle lui pique son chapeau !

- Eh là ! s'écria-t-il avec indignation. Ça lui avait quand même bien pris au moins deux bonnes heures avant de réussir son enchantement. D'abord outré, il grimaça finalement d'un ton plus piteux. La métamorphose est même pas réussie.

C'était vrai. Avait-on jamais vu un pirate avec un tricorne en laine ? On aurait dit que sa mère venait de le lui tricoter pour Halloween... Levant les yeux au ciel avec une pointe d'amusement, Blaze haussa finalement les épaules, lui abandonnant le chapeau. Que pouvait-il faire d'autre ? Quand Sasha décidait de jouer de son charme, on ne pouvait que s’incliner. Il était certain que dans le château, il lui suffisait de sourire aux portes pour qu'elle la laisse passer, sans utiliser ni clef ni sortilège.

Il leva néanmoins un sourcil surpris quand la jeune fille lui appris soudain que son arrière-grand-père avait été marin ?

- C'est vrai ? Trop cool ! Mais t'en as déjà fait du coup ?

S'il s'était imaginé capitaine jusque là, c'était pour son tempérament, mais à la vérité, Blaze n'avait qu'une expérience très réduite de la mer et de la navigation. C'était à peine s'il était allé une demi-douzaine de fois à la plage dans toute sa vie. Sa famille était citadine depuis plusieurs générations et le large ne les avait jamais vraiment intéressés. Il hocha donc la tête avec un grand sérieux.

- Dans ce cas le chapeau te reviens de plein droit, capitaine. Prends en soin, il rétrécit à l'eau froide.

Annonça-t-il sur un ton assez semblable à celui qu'avait pris Sasha pour lui demander de mettre la barq... la chaloupe à l'eau. La laine, c'était fragile. Lorsque l'italienne fut installée dedans, il tira de toutes ses forces, manqua de tomber à la renverse mais retrouva son équilibre. L’embarcation flottait à présent paisiblement à quelques dizaines de centimètres du bord. Sans demander son reste, il grimpa dedans, sortit sa baguette et annonça :

- Locomotor barda !

Lancé à pleine puissance et sur des objets plus légers, le sortilège permettait de les faire léviter. Ici, il serait amplement suffisant pour permettre de déplacer la barque sans se fatiguer à ramer. A sa grande satisfaction, leur navire commença à prendre le large, ce qui tira un grand sourire à Blaze qui adressa immédiatement une espèce de pseudo salut militaire à Sasha, plus comique que réaliste.

- Première étape du plan, réussie ! Deuxième étape : passer une chouette après midi !

Disant cela, il tira un peu sur le panier qui se trouvait toujours au fond de l’embarcation et en retira la nappe qui le couvrait. Dedans, l'espace avait été divisé en deux. D'un côté, plein de bocaux qui avaient l'air plutôt sales et où divers insectes et larves grouillaient faiblement, endormie par l'obscurité dans lesquelles elles avaient été plongées jusqu'ici. De l'autre, bien séparé, deux grandes bouteilles de jus de citrouille, des jumelles pour regarder les oiseaux et trois sifflets étranges.

- C'est des appeaux à êtres de l'eau, d'après ce qu'on m'a expliqué. Je ne sais pas si ça marche, mais si à un moment tu veux voir un strangulot en vrai...

Tout en disant cela, Blaze avait retiré ses chaussures et entreprenait de les vider par dessus bord consciencieusement. Puis, quand il eut fini, il laissa trainer son regard sur le lac, et soupira tranquillement, manifestement satisfait de la sensation du soleil sur sa peau et de la légère brise qui venait agréablement rafraichir la chaleur de cet après-midi d'avril.

Soudain, il rouvrit brusquement les yeux, avec ce genre de regard pétillant qu'il avait lorsque lui venait une bonne idée. Ou juste idée. Même si elle était objectivement mauvaise, d'ailleurs.

- Bon ! Si t'as de la famille marin, alors tu sais pêcher ? Tu me montres ?

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Spoiler:

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Sasha ⊹ Blaze

Non, je ne suis pas la plus drôle et déjantée du groupe. Ce n’est pas à ça qu’on m’accepte et m’apprécie, mais j’ai bien d’autres atouts appréciables. Mon physique, mon pouvoir, c’est une chose. Mais j’ai cette élégance, mêlée à une certaine froideur, qui attire, qui attise le mystère. Cœur et vie fermés, je daigne adopter une part d’amicalité et de bienveillance envers ceux qui le méritent. Rares sont ceux qui attisent réellement ma sympathie, celle qui anime la véritable amitié. Le plus souvent, j’apprécie sans craindre de perdre. Généralement, j’aime bien, mais au fond, je m’en fiche. Mais depuis quelques temps, j’admets avoir cette petite attache pour eux, eux uniquement. A tel point que j’ai peur de leur réaction le jour où ils apprendront ce que je ne leur ai pas dis. Sky et Jade s’en ficheront, Blaze sera heureux d’avoir découvert le pot aux roses, mais Misha lui, n’aura certainement aucune pitié. Lorsqu’y penser me donne la boule au ventre, je pense subitement à ma grand-mère, et ça passe. Je pense à cette nature d’apparence élégante, au fond si peu délicate. Je ne suis qu’à moitié humaine, et contrairement à ce que j’imaginais en arrivant, c’est cette humanité qui prend le dessus sur la créature. C’est que je serais presque déçue de moi.

Déception mise de côté alors que j’ai accepté la proposition de Blaze, celle de s’évader une petite après-midi. Aisance et fierté rapidement venus compenser cette faible humanité trop prenante. N’être à nouveau qu’un visage d’ange déployant des mots auxquels il faut savoir lire entre les lignes. N’être à nouveau que ce sourire naturellement séducteur alors que je m’empare de son couvre chef bien mieux à sa place au sommet de ma tête. Éveiller l’indignation de Blaze, une grimace qui ne réveille en moi aucune culpabilité quelconque. Pour l’instant, je le garde. « Ton Capitaine le trouve très bien ! » Déjà prise au jeu alors que je le contourne pour filer droit vers la chaloupe, je ne m’attendais pas à être mise à l’aise de si tôt.

Voilà que je dévoile quelques mots sur ma famille. Sans savoir ce qui m’a prit, j’affiche une expression neutre. Rien n’est grave, il ne doit pas en douter outre mesure. Le brun semble plutôt emballé, même un peu surpris. J’hoche une tête approbatrice lorsqu’il me demande si j’ai déjà navigué. Oui, un peu. Cette justification lui suffit à définitivement me nommer capitaine, sûrement que le petit jeu de rôle dont je me suis éprise en entrant dans la chaloupe lui aura plu également. Le regarder pousser la barque et manquer de trébucher avant de bondir à l’intérieur des planches flottantes. Avant même que je ne puisse m’emparer d’une rame ou de demander qui aurait le courage de commencer, le Serdaigle prend les devants avec un sortilège qui devrait nous permettre d’avancer sans le moindre effort. Blaze est un sorcier très doué. Je sais toujours de qui je m’entoure. Je ne choisis pas mes fréquentations au hasard. Pensé furtive le complimentant, laissant s’afficher un petit sourire satisfait sur mon visage de moitié ombré par le tricorne en tissu.
La première étape achevée d’après ses dires, laisse à présent place à la deuxième : passer une chouette après-midi. Obsédée par mon regard porté sur la surface de l’eau, je ne trouve rien à redire. J’admire le reflet du ciel et de la barque et je m’imagine les eaux de la baie de Naples et les déluges de la mer Tyrrhénienne. Lorsque je rapporte mon attention sur Blaze, celui-ci dévoile le contenu du panier. Me voilà rassurée de n’y voir aucune fleure, aucun pique nique, ni la moindre marque d’attention délicate. C’est plutôt un regard intrigué qui se penche vers le panier. Je reconnais là bien des choses, sauf les trois sifflets. Nous avons là des boissons pour nous, et des appâts pour les créatures aquatiques. « Si on arrive à attirer un Strangulot avec ça, c'est toi que je nomme Capitaine ! » Dis-je en le regardant vider l’eau gisant dans ses chaussures. Taquine, je ne fais en vérité qu’exprimer la crainte d’en croiser un. Le lac est tout de même plus inquiétant que les mers et océans. Il y vit une colonie d'êtres de l'eau, des Strangulots et même un calmar géant. Mais je suis venue là pour tout affronter pas vrai ? De toute façon, s’il ne nous vient pas l’idée d’aventurer notre curiosité dans les profondeurs, il ne devrait pas y avoir de problème. « Et si on se contentait de chopper des poissons pour l'instant ? Je pourrais peut-être en glisser quelques uns bien puants sous les draps de mes camarades de dortoir. » Dis-je en me rapprochant mesquinement de Blaze. Je les déteste pas toutes, mais franchement, vous avez déjà dormi avec 4 pestes dans un une seule chambre ? Ça tire à balle réelle. Du coup, l'idée me plaît vraiment. Puis un moment de latence offre un calme olympien, une brise douce et chaude fait voler mes cheveux au vent avec légèreté.

Le silence est rompu par Blaze et une demande bien spécifique. Reconnaître l’illumination de ses yeux, celle des bonnes idées. Lui offrir un regard désespérément réceptif. Il veut que je lui montre comment on pêche. Je dois avouer que je n’ai pas fais ça depuis longtemps. Mais quelle autre merveilleuse occasion que celle-ci pour prouver que Sasha Vicenzo sait se salir les mains ? Décaler mes fesses et m'approcher alors de Blaze et du panier. « Je n’ai jamais connu mon grand-père, mais une chance, son âme vivra à jamais dans Papa Vicenzo qui m’apprit des tas de choses ! » D’un regard je fais le tour du propriétaire et de ce dont nous disposons. Blaze parle de pêcher depuis hier, j’espère au moins qu’il a apporté de quoi accrocher les appâts. Dans le genre canne à pêche, oui, c'est bien de ça que je veux parler. Mais je ne vois rien à bord. Tourner alors un visage embêté vers Blaze, fixer ses petits yeux marrons avec douce désolation. « Idéalement on pêche avec du matériel. Mais bon, on est deux pirates moisis dans une barque, j’imagine qu’il faut pas trop en demander. » Un peu mauvaise sur les bords, je ne quitte pas Blaze des yeux d’un regard océan appuyé. « Je veux bien tenter la version sorcier avec un Carpe Retractum, mais ça risque d’être dangereux, la barque n’a aucune stabilité. Ce sort déploie un filet élastique, et on peut autant risquer de se faire tirer dans l’eau que de tirer le poisson vers nous. » Prévenir Blaze des dangers probables, totalement consciente que si peu ne l’arrête pas. « Mais on peut essayer si tu me tiens ? » Si j'ai conscience de ce que je dis sur le coup ? Pas vraiment. Je n’y vois rien de mal, je suis même super concentrée sur la question et j’estime que c’est notre seule solution. Pour cause, il accepte. On pourrait tout autant jeter un wingardium leviosa pour faire glisser un appât verticalement dans et hors dans l’eau, agir comme si je tenais une canne à pêche sans fil. Mais comme je ne suis pas sûre de pouvoir suivre l’appât jusque dans l’eau, je préfère tenter ce que je connais déjà. Je sors alors appât gluant de l’un des bocaux et le jette à l’eau. Cette bestiole spéciale se met alors à couler, et je reste attentive. Tendre ma baguette, attendre le moment propice pour jeter le sortilège contre la surface de l’eau. Jeter un dernier regard à Blaze, un regard de confiance, un regard qui lui demande pour la dernière fois de bien faire attention à moi dans le cas où je me ferais tirer vers le lac. Maintenant, j’attends le bon moment. L’intuition joue beaucoup. Et mon intuition voit une bulle explosée à la surface de l’eau, le moment parfait pour me lancer.

« CARPE RETRACTUM ! » (Sortilège réussi dans le flood).

1 : Je sens que j'ai une prise, et elle tire pas mal. Heureusement que Blaze me tient sinon je pencherais un peu trop pour prendre le dessus. Je ramène la chose à moi. C'est un plutôt gros poisson ! Je n'ai pas perdu la main, merci papa ! « Grandioso ! »
6 : Je sens que j'ai une prise, et elle tire légèrement, rien de bien grave. Je prends le dessus sans mal et ramène la chose à moi. C'est un petit poisson, j'ai réussis !
5-3 : Je sens que j'ai une prise un peu lourde, mais ça ne tire pas. Je prends le dessus et ramène le filet au bout de ma baguette. Ce n'est pas un poisson, pas même une petite crevette. Je viens de pêcher des algues. Bon, ça arrive, mais Blaze a au moins la preuve que ça peut fonctionner !
2-4 : Je ne sens rien. Mon intuition s'est totalement trompée, ou alors je suis passée tout prêt d'avoir quelque chose.

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Le membre 'Sasha L. Vicenzo' a effectué l'action suivante : Le Hasard

'Le Hasard' : 1

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Blaze n'est pas quelqu'un de très compliqué à contenter. Une belle après-midi, du soleil, la fraicheur de l'eau, une amie avec qui partager ça et un soupçon de frisson et d'aventure à l'idée des créatures qui s'agitent sans doute quelque part sous leur barque, juste histoire de se tenir les sens en alerte... c'est décidément parfait !

La remarque de Sasha sur les strangulots le fait sourire.

- Chiche ?

Mais ces bestioles ont vraiment trop sale réputation pour que l'on s'amuse à les appeler sans une bonne raison. Elles seraient parfaitement capable de renverser la barque et de ruiner l'après midi. Voire pire. On dit qu'elles ont déjà emporté quelques sorciers par le fond, ceux qui auraient eu le malheur de lâcher leur baguette à cause de la surprise en tombant à l'eau.

Définitivement, mieux vaut se contenter de pêcher ! C'est quand même plus sûr et puis, il faut parfois laisser l'aventure venir toute seule. La provoquer, c'est déjà un peu la contrôler et lui faire perdre de son charme. En parlant de charme, Sasha semble également enthousiasmée par l'idée, allant même jusqu'à lui proposer de se servir de leurs potentielles prises pour s'en prendre au dortoir des Serpentards.

Blaze haussa un sourcil, cherchant à savoir si sa camarade rigole. Est-ce qu'elle s'était brouillée avec ses camarades ? Elle s'entendait plutôt bien avec Skyler, non, pourtant ? Vivian aussi lui avait semblé plutôt sympathique, quoique peut-être un peu bêcheuse. Bluebell, par contre, a l'air d'avoir sacrément mauvais caractère. Mais enfin, c'est Sasha qui est en face de lui, pas un fragile petit moineau. Il ne doute pas une seule seconde qu'en cas de problème, ce serait certainement elle qui ressortirait vivante du dortoir.

- C'est comme ça qu'on fait les bombabouse en Italie ? Plus artisanal mais cool, j'avoue.

De son côté, le jeune homme ne peut que faire la comparaison avec son propre dortoir. Cameron s'en prend suffisamment dans la tronche comme ça pour ne pas en rajouter outre mesure, et puis, avec Mallory qui s'invite régulièrement, il préfère éviter de déclarer la guerre aux jumeaux. C'est un coup à devoir s'asseoir sur leurs parties de cartes nocturnes.

Alors que Blaze s'était jusqu'alors laissé aller à lézarder un peu, laissant paresseusement la barque s'en aller à la dérive vers le centre du lac en profitant des bruits et de la chaleur, il se décide finalement à lancer la machine. Après tout, on est là pour pêcher, non ? Et Sasha est censée être une experte, c'est ça ? Ou alors il a un peu trop surinterprété ? Au moins, elle ne l'en détrompe pas immédiatement, évoquant à nouveau son grand-père et le sang de marin qui coule dans ses veines. Chose qu'il ignorait jusque là, sinon certainement qu'il lui aurait proposé une activité nautique un peu plus tôt. C'est vrai qu'ils n'ont jamais vraiment pris le temps de discuter famille, tous les deux. Ni même avec grand monde, d'ailleurs. Depuis quelques temps, Blaze réalise qu'il ferait bien de poser un peu plus de questions à ses potes, s'il ne veut pas se rendre compte trop tard qu'il est passé à côté d'un truc important. D'ailleurs... enfin, on verra ça après.

En tout cas, Sasha semble avoir décidé de prendre les choses en main. Alors que le jeune homme l'observe d'un œil impatient fouiller un peu ce qu'il a rapporté, elle fait rapidement la grimace en constatant le manque de matériel.

- Quel matériel ? La baguette ça suffit pas ? A croiser le regard dubitatif de la jeune fille, non, ça ne suffit pas. En général ça suffit pour tout. plaide-t-il, légèrement contrarié de son manque de prévision.

C'est que les pratiques moldus, bon, il ne connait qu'à moitié. Littéralement qu'à moitié. Et avec un papa comptable à Londres, c'est clair que la pêche sans magie c'était pas vraiment le sujet de discussion qui revenait le plus souvent à table, on ne va pas se mentir. Laissant faire l'italienne, manifestement plus calée sur le sujet, il lui rend son regard, toujours aussi insondable, supposant qu'elle doit réfléchir à un moyen de rattraper cette bourde. Un instant plus tard, elle finit par proposer d'y aller "au sortilège", plus dangereux, plus risqué. De mauvaise grâce, Blaze haussa les épaules.

- Ouais c'est ce que je pensais.

Heureusement qu'il lui en faut bien plus pour entâcher sa bonne humeur et la lumière d'intérêt n'a toujours pas quitté son visage.

- En même temps, c'est pas mal de leur laisser leur chance, aux poissons, non ?

Il allait ajouter quelque chose sur le fait qu'il n'était simplement pas sûr de pouvoir rivaliser en force avec le calmar s'ils tombaient sur lui, mais Sasha ajouta d'un ton détaché qu'il faudrait tirer à deux. Ce qui impliquait de la tenir. Sur le moment, Blaze ne su pas trop ce qu'il ressentit. Peut-être une légère touche d'agacement. Elle savait, quand même, que c'était un peu compliqué en ce moment ? Il lui semblait qu'ils en étaient arrivé à l'idée tacite que mieux valait un peu calmer le jeu entre eux-deux, non ? Ce n'était pas un rendez-vous, c'était une petite aventure purement amicale, alors pourquoi fallait-il qu'elle le mette dans une situation pareil ?

D'un autre côté, il était littéralement impossible qu'il refuse. D'abord parce que ce n'était pas son genre de refuser quoi que ce soit, surtout si ça leur permettait de tenter un truc marrant avec les poissons du lac, ensuite parce que c'était difficile de dire non à Sasha quand elle était si proche, elle avait cette capacité assez innée à vous embrouiller la tête même avec des paroles anodines. Et enfin parce que refuser, eh bien, serait revenir à avouer que toutes ces idées lui bel et bien avaient traversé l'esprit, et il préférait faire comme si de rien n'était. Passer outre et passer à autre chose, histoire de ne pas rajouter de l'eau au moulin qui lui tournait dans la tête.

- Heu, ouais, bien sûr !

Répondit-il simplement avec son enthousiasme habituel.

- Franchement si on s'y met à deux on choppe le calmar au calme.

Il se déplaça tranquillement sur la barque, se demanda une fraction de seconde comme s'y prendre et puis passa simplement les bras autour de la taille de sa camarade, les jambes appuyées contre les bords de la barque, prêt à tirer de toutes ses forces en arrière en cas de poisson récalcitrant. Il suivit du regard Sasha s'emparer d'une larve sans frémir ce qui lui tira un sourire légèrement amusé, au moins dans certaines circonstances savait-elle mettre de côté son côté princesse.

- Je savais bien que t'avais une âme de pirate. dit-il simplement alors que la larve tombait à l'eau avec un petit bruit discret.

Remuant un peu pour essayer de voir ce qui se passait par dessus l'épaule de sa camarade, celle-ci semblait assez concentrée. A leur avantage, il n'y avait pas grand monde qui venait pêcher dans le lac noir,à part peut-être le garde-chasse et les elfes de maison quand ils avaient besoin de réapprovisionner les cuisines. Au moins ne devraient-ils pas trop attendre, sans doute que les poissons n'étaient pas trop farouches dans le coin.

De fait, Blaze sursauta légèrement quand, après à quelques instants à peine, Sasha rompit l'attente en agitant vivement sa baguette, lançant le sortilège d'une voix forte. Immédiatement, le jeune homme contracta sa prise alors que s'engageait une bataille face à la bestiole qui, indiscutablement, avait du répondant. Lui tenait Sasha fermement pour lui offrir de la stabilité, cette-dernière, elle, faisait le gros du boulot en remontant le poisson à la seule force de ses bras et de son sortilège.

Finalement, après une ou deux minutes tout au plus, un temps qui lui sembla plus long que ça, ils partirent soudain en arrière, déstabilisant la barque, à l'instant où le poisson sortit de l'eau pour s'écraser sur le pont de l'embarcation, agité de convulsions.

- Enoooorme !

Blaze s'était écrié, les yeux brillants, le visage ravis. Énorme, c'était le cas de le dire, le poisson avait en effet une bonne taille, bien plus imposante que ce qu'il aurait imaginé voir en se lançant dans cette partie de pêche.

- C'est presque un calmar géant !

C'en était clairement pas un, il ne fallait pas être un génie pour le constater, mais Blaze avait dit cela en riant, toujours à son excitation. Soudain, contemplant la bête qui continuait à s'agiter vigoureusement, une ombre lui passa sur le visage et son sourire s'évanouit. Soudain tendu, il chercha le regard de Sasha.

- Heu... on fait quoi ?

D'ici une minute tout au plus, le poisson aurait fini de suffoquer et ils pourraient le mettre dans le panier pour le ramener au collège si l'envie leur en prenait. Mais Blaze était un citadin. Un pur et dur. Autant dire qu'il n'avait jamais eu à chasser ou pêcher quoi que ce soit pour se nourrir et que cette idée même et les images qui l'accompagnaient lui étaient très étrangères. En somme, il ne s'était tout simplement pas préparé à devoir tuer ou laisser mourir un animal sous ses yeux.

Peut-être que Sasha, elle, saurait prendre les choses en main, mais de son côté il était manifestement perplexe. Partagé entre l'idée que pêcher était un acte plutôt culturel, et qu'il ne voulait pas passer pour une chiffe-molle sentimentale, et une certaine répugnance à l'idée de continuer à fixer l'animal crever sous leur nez, sans rien faire. Blaze n'était certes pas le dernier lorsqu'il s'agissait de se montrer cruel, voire carrément insensible parfois, mais tuer des petits animaux gratuitement... disons honnêtement que c'était nouveau pour lui.

- On le... remet à l'eau ?

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Sasha ⊹ Blaze

Chiche d’attraper un strangulot. Je suis joueuse, bien sûr, mais je ne donne pas cher de sa victoire et cet négativité amusée se lie dans mon regard. Décidément accrochée à l’idée d’être et de rester Capitaine, je m’imagine même une farce anodine, puérile et puante à faire subir à mes colocataires de dortoir. Idée ridicule en soit, qui pourrait bien m’empêcher de dormir moi aussi, à moins que je ne parvienne à concocter une petite potion qui me préserverait des odeurs pendant quelques heures. Un clin d’oeil réceptif vient accompagner son léger sarcasme sur les bombabouses en Italie. Il est depuis toujours si facile d’attaquer amicalement ou brusquement une personne en utilisant ses origines lointaines ou natales. Misha et la Russie en font d’ailleurs les frais continuellement.

Il me laisse entièrement les rennes. Il doit certainement savoir que j’aime avoir et garder le contrôle. Mais je ne veux pas le priver d’une bonne après-midi active en m’emparant égoïstement de tout ce qu’il y a de plus amusant. Une chance encore, personne n’a besoin de ramer suite à un sortilège parfaitement maîtrisé. Il veut que je lui montre comment on pêche, et fierté oblige, je n’ai pas pu m’empêcher de vanter une fois encore les origines de ma famille. Mais au fond, qu’est ce que je connais ? J’ai déjà navigué et pêché avec mon père, sur un bateau qu’il avait réquisitionné à cet effet. Façon sorcier, façon moldu, quelle importance, c’est lointain tout ça. J’ignore pourquoi je suis restée bloqué sur la pêche façon moldu, mais elle me semble tout de même plus amusante et manuelle que la version sorcier. J’ai donc fait remarquer à Blaze qu’on manque de moyen actuellement, et ça semble le surprendre. Il s’attendait à quoi, un filet magique ? Je ne connais malheureusement pas tous les secrets de la magie. J’ai encore le souvenir d’avoir déjà pêché au carpe rectractum, mais en toute honnêteté, c’est plus dangereux encore qu’un bon filet de pêche. Il s’interroge, ce qui est tout à fait normal pour tout sorcier qui se respecte. Je lui explique alors que la technique traditionnelle est plus sûre. La baguette est puissante, et c’est bien ce qui la rend plus dangereuse. Plus susceptible de se faire tirer à l’eau, je ne doute pas cependant que nous n’aurions aucun mal à remonter. Tâchez malgré tout de faire attention à ne pas lâcher votre baguette dans la panique ! Visiblement attaché à son carpe retractum, Blaze me vend cet usage comme une chance laissée aux poissons. Un air taquin et impitoyable revient au galop et s’affiche sur mon visage ensoleillé. « Je ne laisse jamais aucune chance. » Pirate sur-joué, regard en coin perçant la surface de l’eau, j’aborde ce jour comme les autres. Sans pitié, mais avec amusement.

Je lui ai demandé s'il voulait bien me tenir. Je ne réalise pas. Je trouve ça si anodin, que je ne m’en rend pas compte. Sûrement parce que c’est la seule sécurité que je puisse proposer. Je sens bien que le silence soudain de Blaze n’est pas aussi anodin que mon ressenti. Quel est le problème exactement ? Faut-il que je lui jette mon plus beau regard de Vélane pour qu’il daigne bien vouloir me tenir ? Est-ce que ça le gênerait ? Il passe parfois des journées à me faire la cour comme un enfant de 8 ans, et le jour où il peut poser ses mains sur moi, il serait gêné ? Allons donc. Peut-être espérait-il une journée loin de ça, loin de ce petit jeu qui fonde malgré tout une part de notre amitié. Et voilà que moi, innocente souriante, je viens ramener ce fondement sur le tapis. Je ne pensais pas tant à mal. Est-ce que le fait de provoquer une gêne à la simple idée de me toucher, prouverait qu’on ne pourra jamais rien partager de plus que ce jeu débile, et depuis peu, des suspicions fatiguantes ? Bref, j’y repenserais plus tard.

Un brin d’enthousiasme refait surface alors qu’il accepte finalement de me servir d’assurage. Balayer mes pensés précédentes, laisser s’afficher un sourire en coin approbateur au bord de mes lèvres. Me tourner finalement vers une eau encore trop calme. Si calme, qu’on ne croirait pas qu’il y vit un calamar géant comme le cite si bien Blaze. Reprit par l’enthousiasme d’une telle après-midi, je ne réponds pas à Blaze et me contente de rester concentrer sur la surface du lac. Les bras de Blaze m’entourent alors la taille, un contact assez étrange maintenant qu’il est opéré. Pas désagréable, mais vraiment bizarre. Qu’importe, il me laisse suffisamment de latence pour que je puisse m’emparer de l’une de ses larves hors du commun. Puis l’attendu ne manque pas, mon âme de pirate s’éveille, mais surtout, se remarque. Habituée à cette image de princesse, il est malgré tout certaines choses qui ne me font ni peur, ni dégâts. On peut être une Princesse sans pour autant jouer les saintes nitouches naïves et victimes de leur triste société. Je fais mes propres lois.

Sentir le souffle de Blaze entre deux brises dans ma nuque, sentir sa petite tête peinée à voir au dessus de mon épaule pour observer la parcelle d’eau dans laquelle j’ai laissé couler la larve. Rester concentré sur ma prise, celle qui appelle mon instinct. Sortilège jeté, je sens les bras de Blaze faire pression et ses pieds pousser quelque peu sur les planches de la barque pour me maintenir stable. La pression de l’eau rend une si petite proie terriblement lourde. Après un temps rapide, considérable dans nos esprits, je parviens à tirer le poisson jusqu’à nous d’un filet scintillant. Blaze s’exclame pendant que la barque penche d’un côté et de l’autre. La pression était si forte ? L’enthousiasme de Blaze accompagne ma fierté et mon étonnement. La barque se voit prise d’une ribambelle d’émotions soudaines. « Même moi je n’y crois pas ! » Ce n’est clairement pas un calamar géant, mais c’est clairement énorme ! Nous regardons tous deux le poisson suffoquer et congestionner entre les bancs de la barque. Et mon ami se tend soudainement. Un tout nouveau regard se tourne vers moi, comme un enfant ferait face au diable. Pitié et rancoeur s’installent sur le visage du Serdaigle, tandis que le mien, figé et vide de sentiment, comprend finalement le fond de sa pensé rien qu’avec le ton de sa voix. Hausser les sourcils, réagir finalement avec une teinte de moquerie. « Quoi mon petit coeur d’artichaut, tu t’es déjà attaché ? » Nous n’avons pas tous les mêmes sensibilités, mais j’ignorais qu’un poisson congestionnant lui flanquerait à ce point la trousse. Ce n’est pas lui qui voulait pêcher ? Si mon grand-père me voyait pêcher pour remettre les bêtes à l’eau dans la seconde, il me jetterait avec elles. Voilà un nouveau point qui me diffère de Blaze et me rapproche de Misha, héritier de chasseurs. C’est comme si Misha abattait la biche et lui retirait ensuite la balle pour la laisser sur place. Ça n’a aucun sens. Il faut bien que ça serve, non ? Mais restons compréhensifs, après tout je ne suis pas là pour le traumatiser, ni pour préparer une blanquette de poisson après coup. Et s’il pose la question, c’est qu’il est sûrement tiraillé entre sa fierté et sa pitié. Et moi, je ne peux m'empêcher d'en rajouter et de jouer la complice du diable. « Je ne lui ai pas planté d’hameçon dans la bouche, il a toutes les chances de survivre si on le veut. » Dure et cruelle nature. Blaze doit se rendre compte qu’en cet instant, ce poisson n’est pas bien différent d’un être humain. Gratuitement chassé, gratuitement dépecé de sa vie. Quand serait-il pour Blaze en temps de guerre ? Bon, je l’admets, je vois les choses avec tellement de négativité que ça en devient presque morbide. « Je ne te traiterais pas de mauviette, si telle est ta question. » Soudainement moins morbide, je me permets un sourire attendrissant à son attention. Qu’il fasse ce qu’il veut, je ne le jugerais pas. Tout ce qui compte pour moi maintenant, c’est de le voir à l’oeuvre.

Ranger ma baguette avant de tendre mon bras pour m’emparer de celle du Serdaigle. Baguette de Blaze à plat dans ma main, je la glisse juste sous son nez pour l’inviter à l’empoigner. « Tu tentes le coup mon subalterne ? » Cheveux dorés au vent, de parts bloqués par le tricorne encore posé sur ma tête, je me rends compte que la pêche fait ressortir le côté brute de ma personnalité. Cela-dit, rien ne m'empêche de rester précieuse et jolie, c'est comme ça que le monde me connaît.

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Se réconcilier par le méfait
Avec la participation de @Sasha L. Vicenzo dans le rôle de : la marine. •••

Blaze avait beau aimer jouer les durs, se glisser dans la peau d’un pirate ou discuter torture avec Erin, tout ça restait de l’ordre du jeu. Le jeu. C’était cela qui le maintenait à flot, parce que sans jeu, il devrait faire face à beaucoup trop de choses, plus qu’il n’y était prêt. Le jeu le mettait à l’abri des conséquences, des responsabilités, tant qu’il jouait, il était tout puissant, rien ne pouvait s’opposer à lui.

Bien sûr, il arrivait que cette façade se craquelle. Parfois. Lorsqu’il devait faire face à une expérience nouvelle ou inattendue. Tuer un poisson, aussi anodin que cela puisse sembler pour certains, était de ces expériences. Pourtant, quelque chose dans le ton goguenard de Sasha semblait l’encourager à ne pas se débiner, comme une mauvaise conseillère, un persifflement diabolique à son oreille qui le tentait. Il n’y avait pas à avoir peur, ni de remord. Après tout, il mangeait de la viande à tous les repas ou presque, où était la différence ?
Pour se donner un peu plus de temps, il adressa un regard à sa capitaine et répliqua d’un ton franchement ironique à sa moquerie.

- Quoi ? Je pensais le mettre dans un bocal et l’appeler Truitestein, avec un peu de chance il deviendra ultra badass ?

Sasha soufflait désormais le froid et le chaud, avançant que rien n’était fait, tout était encore possible. Qu’elle respecterait sa décision, sans se foutre de sa gueule. Sauver, pas sauver. Cela ne dépendait plus que de lui et lui seul, elle ne prendrait pas partie. Le jeune homme s’attarda un instant sur le regard de l’italienne. A cet instant, elle ne semblait plus aussi jolie. Elle paraissait terrible, révélant qu’elle le veuille ou non cette nature sombre qui l’habitait. Comme l’année dernière ? Peut-être, cela ferait sens.

Blaze n’était pas idiot, il se doutait bien de ce fond dérangeant chez son amie. Sans doute d’ailleurs que c’était aussi ça, qui l’avait attiré, poussé à s’imposer comme ami, Blaze ne s’entouraient pas de gens ennuyeux et il n’aimait rien de moins que gratter la jolie surface des personnalités des gens, découvrir ce qu’ils avaient de planqué au fond du cœur. Découvrir un nouveau sortilège, une connaissance ancienne ou un trait de caractère, où était la différence ? Chacun rendait le monde plus intéressant, plus complexe.

D’un geste lent, il récupéra sa baguette dans la main de sa camarade, sans la perdre des yeux. Et répondit par un sourire suspect.

- Tout pour ma capitaine.

Au fond de sa tête, une petit voix lui soufflait que c’était une très mauvaise idée. Qu’un sortilège aussi puissant était difficile à maîtriser, surtout qu’il le lancerait pour la première fois, qu’on avait déjà vu des sorciers voir leur magie se retourner contre eux… mais cette petite voix, ces derniers temps il avait tendance à la faire taire. Il n’était plus un gosse, les plus grands sorciers avaient toujours pris des risques, ils avaient innové, s’étaient montré audacieux, doués. Blaze voulait lui aussi devenir un jour un grand de ce monde, ministre, pourquoi pas, ou inventer quelque chose de grand, de glorieux. Il n’y avait pas de raison que ça se passe mal pour lui.

Il pointa sa baguette sur l’animal et l'observa une seconde. Au fond de lui, quelque chose n'avait pas envie de réussir, quelque chose lui disait que ce ne serait pas vraiment une avancée positive dans sa vie. D'un autre côté, autre chose se réveillait en lui. Lui aussi avait une part sombre, ce n'était pas réservé à Sasha, son ambition était dévorante, il était prêt à aller très loin... jusqu'à trouver ses limites ?

- Avada Kedavra.

Il sursauta. A sa propre surprise et son grand déplaisir, quelques étincelles vertes venaient de jaillir de sa baguette et vinrent effleurer le dos poisson. Celui-ci tressauta un peu mais se remit ensuite à remuer, comme si de rien n'était.

Il y eut un silence. Ce qu'il avait faillit accomplir pouvait être passible d'emprisonnement à Azkaban, à condition bien sûr qu'on puisse seulement prouver qu'il l'avait bien lancé le sortilège, mais c'était d'un autre niveau que ses frasques habituelles. Et d'un autre côté... d'un autre côté, non, ce n'était pas si différent. Il passait son temps à enfreindre les règles du château, en quoi tuer un poisson devait-il changer sa vie ?

Blaze avait senti, au moment où il s'apprêtait à lancer le sortilège, qu'il prenait le risque de franchir une ligne rouge, interdite. Pas seulement pour la législation du monde des sorciers, mais pour lui-même, comme s'il n'y aurait plus de retour en arrière après ça. Qu'il avait mis le doigt dans un engrenage terrible. Mais cette voix aussi, il l'avait fait taire. Il venait de lancer un sortilège interdit et le monde ne s'était pas écroulé. Désormais, tout était possible.

Avec une imperceptible froideur, il conclue.

- Defodio..

Et cette fois-ci, le poisson fut mort. Blaze tourna légèrement son regard qui se porta sur Sasha. Il se sentait tout puissant, maintenant. Chargé à bloc d'adrénaline.

- Tu es vélane non ? Ou au moins un peu ?

Il avait dit cela avec douceur et fermeté. Ce qu'il venait d'accomplir lui avait donné de la force, mais elle n'embrouillait pas son esprit. Au contraire, il avait les pensées plus claires, plus tranchantes que jamais, du moins de son point de vue.

- Un secret contre un secret ?

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'Le Hasard' : 6

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Sasha ⊹ Blaze

En ce moment, j’ai l’impression d’être ce petit diable sur l’épaule de Blaze. Et pourtant, il n’est question là que de laisser ou non mourir un poisson fraîchement extirpé de son habitat. Un poisson, un animal qu’on mange assez régulièrement. En soit le crime est déjà commis, ce n’est juste pas nous qui le pêchons à la source. Ce petit diable sur son épaule le provoque un peu, plus de la taquinerie qu’une véritable machination pour de mauvaises intentions. L’un de mes sourcils se hausse d’avantage à l’écouter donner un prénom à notre poisson, un retour de sarcasme qui ne provoque rien d’autre en moi. Aucun de nous ne peux véritablement rester sérieux, pas vrai ? Eh bien il semblerait que si. Je suis plutôt sérieuse en lui faisant savoir que le poisson pourrait s’en sortir sans mal et sans séquelle. La pêche traditionnelle, parfois fatale, aurait comporté des risques. Mais dans le cas de celui-ci, tout dépend de nous. Je fais preuve d’un peu de sadisme, je dois bien l’admettre. Cette pression que je lui donne n’est pas cool, mais au fond de moi, ça me fait marrer.

Avant qu’il ne se décide sur le sort du poisson, et pour ne pas y passer des siècles, je lui tend sa baguette pour qu’il l’empoigne et tente un carpe retractum à son tour. Mais l’idée que je me faisais de la suite des évènements prend une toute autre tournure. Mon attention se tourne à nouveau sur le poisson agonisant, et cette baguette qui se pointe vers lui. Froncement de sourcil soudain, j’entre-ouvre la bouche, pourtant incapable d’en placer une. Les choses s’enchaînent rapidement, à la fois, le temps s’écoule lentement. Comme un ralenti pendant lequel il nous est impossible d’agir plus vite que le temps. Une formule s’échappe des lèvres de Blaze. Puis le silence. Rien ne se passe. La sortilège impardonnable qu'il était à deux doigts de réussir s'étouffe. Il avait décidé de le faire. L'interdit a bien faillit être bravé. Pas moins découragé, un autre sortilège s'extirpe d'entre ses lèvres, moins fatal, moins interdit. Rien de plus ne se fait entendre qu’une dernière convulsion. Le poisson meurt sous nos yeux.

Le changement est radical. Le temps nous offre toujours le même soleil, la même brise et les mêmes gloussements de l’eau qui chante. Mais soudainement, dans nos coeurs et notre comportement, tout est différent. Un contraste puissant entre nous et l’environnement extérieur, me force soudainement à voir l’atmosphère d’une toute autre vision. Tout est plus froid, et pourtant, ça ne me déplaît pas. Ça ne déplaît pas à l’Italienne qui a pourtant passé sa vie sur les plages chaudes. Pour la première fois depuis très longtemps, mon coeur se retourne. Je n'avais aucune attache avec ce poisson, je me fichais bien de le voir mourir. Mais la stupeur est sans pareil. C’était inattendu, interdit, pure folie. Une folie qui maintient ma bouche entre-ouverte et mon regard figé sur le maître d’oeuvre. Il n’a quand même pas tout fait ça pour moi ? Quoiqu’il en soit, je n’ai pas fini d’être surprise. Gonflé à bloc, Blaze se tourne finalement vers moi, prit d’autant de douceur que de fermenté. Il a l’air paisible et sûr de lui. Et cette assurance me cloue sur place. La question est lâchée. La bombe est prête à éclater. Mes lèvres entre-ouvertes s’esquissent progressivement en un large sourire, aussi amusé que fièrement sadique. « Je n'avais encore jamais rencontré quelqu’un comme toi. » Sont mes premiers mots depuis quelque petites minutes. Sa faculté à être si direct s’oppose totalement à mes manipulations lentes. C’est fascinant, je peine à en trouver mes mots.

L’air plus impressionné que vraiment intimidé, je m’efforce de reprendre le contrôle de la situation. Oui, car je dois bien admettre qu’en ce moment, c’est Blaze qui domine. Et il veut faire perdurer cette domination par un échange de bon procédé. Un secret contre un autre. Est-ce qu’il est l’heure pour moi de révéler la vérité à mon ami, celle que je me suis tant amusée à cacher ? Est-ce que la vérité risque de changer quoique ce soit entre nous ? Cette crainte est justifiée. Et si ce jeu était la seule chose qui nous unissait finalement ? Et si en découvrant les règles, Blaze décide que je ne suis rien d’autre qu’une Vélane dont il est un peu trop sensible ? Je n'ai pas l'impression d'en dégager tant que ça, alors j'ose espérer qu'il tient à moi un minimum. Il faut que je reprenne le contrôle, immédiatement. Porter un dernier et long regard sur le poisson mort à nos pieds. Prendre une grande expiration et un air assuré, avant de me lancer, regard ramené droit dans les yeux du Serdaigle. « Tu as l’air si sûr de toi, que je me demande bien pourquoi tu me poses la question. » Comme si j’étais incapable de répondre simplement par oui ou par non, me voilà encore entrain de tourner autour du pot. Je lui dois bien la vérité, alors je me reprends, lâchant un soupire qui se lasse de jouer les miss complexes. « Si je n’ai pas connu mon grand-père, c’est parce qu’il a mit fin à ses jours, ne sachant plus qui il était après avoir prit connaissance de l’envoutement de ma grand-mère, Vélane. » La demi-vélane aux origines proches se dévoile alors, à sa manière. Baisser le regard un instant sur l’eau endormi, sur le calme soudainement plat du lac. « Est-ce que ça t’effraie ? » Non je ne suis pas un monstre. Oui je me fiche bien de ce qu’on peut penser de moi, je peux faire changer d’avis n’importe qui. Mais je ne veux pas être un monstre aux yeux de mes amis les plus intolérants. J’ai déjà donné. Maintenant qu'il sait, il y’a tant de choses que j’aimerais aborder. Je veux être sûre qu’il comprenne que je ne passe mon temps à user de mes charmes sur lui, qu’une part de ma nature s’en charge seule. La seule fois où j’ai vraiment manipulé le pauvre Blaze, fut l’année dernière, le sujet de notre petite controverse en Octobre dernier.

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Se réconcilier par le méfait
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Des fois, Blaze se demandait pourquoi il éprouvait à ce point le besoin de faire des conneries. "Tester ses limites" comme il appelait ça, avec philosophie. Mais aujourd'hui, Blaze ne se demandait plus rien. En deux mots et un trait de lumière verte, il avait brisé l'un des plus grands tabous de leur société, un geste littéralement impardonnable, car on ne pouvait lui trouver d'excuses. Il n'y aurait plus de bon élève, plus de circonstances atténuantes, de faux semblants, de petites magouilles ou de négociations pour s'en tirer. Le crime était d'une autre nature, contre-nature.

Pourtant... pourtant rien. Aucun auror ne venait leur hurler de rentrer sur la berge pour leur passer les menottes, aucun détraqueur n'avait fait son apparition à l'horizon. Le ciel était toujours bleu, le soleil brillait toujours, il faisait encore bon, partagé entre la douceur du jour et la fraicheur de l'eau. On pouvait même entendre des oiseaux chanter, un peu plus loin. S'il était capable de jeter un tel sort et que rien, au fond, ne s'y opposait, existait-il vraiment des limites ? Le jeune homme avait toujours vécu avec cette idée vague qu'un jour ou l'autre, on le stopperait. Il se ferait mal, peut-être, ou se prendrait la rouste de sa vie. D'une certaine manière il n'attendait que ça, qu'une bonne fois pour toute quelqu'un lui passe un vrai savon, qu'on lui dise clairement "arrête-toi là".

Mais non. Il ne s'était rien passé, cette fois non plus. Sasha n'avait pas l'air horrifiée, tout le contraire même, il y avait une forme de fierté, comme si un peu du mérite de ce qui venait de se passer ici lui revenait. En cela elle n'avait pas totalement tort, mais seulement un peu. Non, elle n'avait jamais rencontré quelqu'un comme lui, effectivement, le compliment le toucha, au même titre que l'expression fascinée qui se lisait sur son visage, mais il ne le voyait pas seulement comme une confirmation bienvenue, non, c'était un dû.
Car oui : non pas de limite, encore, toujours rien, et si même le sortilège de la mort ne déchaînait pas sur lui les foudres des cieux, du monde, alors, tout était possible, non ? Il semblait à Blaze qu'une espèce de digue venait de s'effacer, tout simplement, l'horizon n'était pas la fin du monde, juste une vue de l'esprit, il y avait encore tant à explorer.

En cet instant, de fait, il se sentait investi d'une potentialité presque totale. Rien, non rien ne pouvait s'opposer à lui, il en était convaincu soudain et loin de l'effrayer, cette immensité le ravissait. Il était véritablement ce pirate qu'un instant plutôt ils avaient joué, pas pour de faux, non, il l'était vraiment. Il pouvait aller partout, expérimenter ce qu'il voudrait rien ne s'opposait à sa curiosité. Il soufflait sur cette journée comme un vent de liberté.

Alors, tel un prince tout juste couronnée, son premier choix se porta sur Sasha. Il voulait savoir. Il avait décidé de savoir. Elle ne pouvait pas le lui refuser, il suffisait de demander. Et il demanda. Un secret contre un secret. Non pas un secret trivial, celui d'un crime, certes, qui pourrait l'envoyer à Azkaban, mais le secret de leur propre pouvoir car enfin, il ne doutait pas que Sasha aurait pu aussi lancer le sort. Peut-être pas aujourd'hui, mais demain, certainement qu'elle le lancerait aussi. Ils n'étaient pas le genre de personne à se conformer aux règles qu'on leur imposait.

A l'espèce de question que lui pose alors l'italienne, il se contente de hausser les épaules d'un air dégagé. Il a juste envie de l'entendre, une bonne fois pour toute. Parce qu'aujourd'hui, il lui semble que cela lui ferait plaisir, et que rien ne s'y oppose plus vraiment. Les digues sont rompues. La jeune fille explique, alors, son grand-père encore lui, alors il ne s'était pas trompé, c'était bien l'ombre de cette conversation qui planait sur eux depuis le début de leur excursion. Un grand-père épris d'une vélane et qui finalement y perdait la vie. Vélane dont le sang coulait à présent dans les veines de sa camarade. Diluée peut-être, mais vivace. Est-ce que cela l’effraie ? Pas aujourd'hui.

- Pourquoi pas ?

Il répond avec un sourire, plus tranquille qu'à l'accoutumé, moins excité mais non moins radieux. La vie est belle. Certaines choses sont effrayantes. Et alors ? Les deux vont ensemble, non ? Sinon où serait l'aventure ?

- C'est mieux quand c'est un peu effrayant, non ?

Pour la première fois depuis un temps qui lui semblait très long, son regard se détacha de sa camarade. Pas pour la fuir, il avait l'intime conviction que si elle décidait d'utiliser son pouvoir maintenant, juste là, sur lui, il y resterait insensible. Pas aujourd'hui. Blaze fixait l'eau maintenant.

- Je pense l'avoir découvert il y a quelques semaines. Ca faisait sens. Il y a déjà eu des cas de lien entre sorciers et vélane, on l'a étudié en première année, en histoire et puis...

Il réfléchissait, se rendant compte qu'il n'avait pas vraiment prévu quoi dire, si un jour la révélation venait à tomber, trop préoccupé qu'il avait été par l'enquête en elle-même. Finalement, il haussa les épaules. On n'allait pas refaire le match. Se retournant vers elle, il se laissa aller dans la barque, mi-allongé mi-adossé au rebord, légèrement indolent, pour profiter du soleil tout en fixant son amie ce qui, par certains aspects, revenait au même.

- Moi je trouve ça cool en tout cas. Et toi ?

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Sasha ⊹ Blaze

Je suis finalement aussi flippante que lui. Ce mec a essayé de jeter un sortilège de mort sur un poisson, qu’est ce que je fais encore sur cette barque ? Et si j’en étais capable moi aussi ? Trop de choses me retiennent. Ma fascination d’abord, mon manque de réaction ensuite, signe parfait que j’aurais presque été figée sur place. Puis il y a la question fatidique, celle qui me force à tout avouer. Une fois de plus, je ne peux m’empêcher de m’amuser, d’éloigner encore la réponse, comme s’il était trop facile et trop ennuyeux de simplement poser une question pour avoir la réponse. Ça ne marche pas toujours comme ça, et j’aime perpétuer cette tradition qui nous dépasse, mystère de la vie, frustration humaine. Un haussement d’épaule me répond, un haussement qui balaye ma perte de temps. Je crois que c’est le moment, pas vrai ? J’accepte d’échanger un secret contre un autre.

L’histoire partielle de ma famille jaillit, et le long du peu raconté, je crains de connaître le plus profond de ses pensés. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’après coup, regard fuyant sur la surface de l’eau qui m’évoque finalement le tombeau de mon grand-père, je lui demande si cette vérité l’effraie. Ce dont je suis capable, effraie plus d’un être dans ce monde, si ça ne répugne pas carrément. Son sourire tranquille ramène mon regard à lui, sur un visage apaisé, presque trop radieux après de tels aveux. Si tout le monde pouvait réagir comme lui, le monde se porterait bien mieux. Un peu moins si tout le monde se mettait à déverser des sortilèges impardonnables à tout va. Lorsqu’il évoque l’effrayant bienvenu, mes dents viennent à nouveau percer entre mes lèvres dans un sourire radieux et rassuré. « Oui, c’est sûrement pour ça que je n’ai pas fuis de la barque à la nage après ta tentative détraquée. » Approuvant sa réponse interrogative, je me permet une touche de plaisanterie dans cette environnement ensoleillé, devenu pourtant si lourd.

Mais tout s’apaise alors, et tout se mélange. Le poids d’un secret s’envole, tandis que ma tête ne parvient pas à oublier ce que Blaze a essayé de faire. Je l’écoute me parler de ses sujets d’étude de première année. Son regard n’est plus tourné vers moi, son regard est à son tour attiré vers l’eau. Au fond, je me fiche bien de savoir comment il l'a deviné. Erin se fait un tel plaisir de lâcher des indices partout à qui saura les voir, qu’un jour ou l’autre, l’école entière saura, et ça ne sera plus qu’une rumeur. A la fois attendrie et fascinée, j’observe Blaze s’installer dans une position relaxe. Est-ce qu’il se moque tant que ça de ce qui vient de se confirmer, ou ses semaines de certitude l’ont déjà aidé à s’y faire ? Quoiqu’il en soit je maintiens mes yeux sur lui, sur son corps à moitié allongé à la recherche de soleil, sur son regard appuyé dans ma direction. Je reste assise là, où je suis assise depuis que je lui ai tendu sa baguette, comme si je n’osais pas bouger. Au final, sa dernière appréciation déclenche un autre sourire et me fait nerveusement tendre les jambes. Le soleil chauffe déjà à travers mon Jean. « Au fond, personne ne m’aimera jamais pour ce que je suis vraiment, je suis en partie prisonnière de ce corps. Mais oui, ça a ses bons côtés. J’obtiens toujours ce que je veux, et ça, c'est cool. » Mélancolique et sérieuse sur le début, amusée sur la fin. Un détour regard dans les eaux troubles, et une main qui se libère du bois craquant vient retirer le couvre chef en tissu du capitaine pirate niché sur ma tête. Je n’ai qu’à me pencher un peu et à tendre le bras pour être en mesure de le déposer sur le visage de Blaze fixé sur moi. Rester penchée sur lui, incliner la tête, coudes posés sur mes genoux, regard soudainement plus sérieux accroché au visage trop paisible de Blaze. Ni dans le jugement, ni mécontente, mon regard océan est doux. Sérieux, mais doux. « Pourquoi tu as fais ça ? » Est-ce que je change de sujet brutalement ? Chaque secret son temps de parole.

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Se réconcilier par le méfait
Avec la participation de @Sasha L. Vicenzo dans le rôle de : la marine. •••

Le garçon laissait désormais son regard papillonner, allant de l'eau qui clapotait, aux bords du lac, sans oublier de s'attarder sur sa camarade. Elle semblait un peu troublée et sans doute qu'il y avait de quoi. On ne révélait pas si simplement une telle ascendance et alors qu'il la fixait il s'amusa de se demander à quoi elle pouvait bien penser, là, tout de suite. Quelques heures plus tôt, encore, il aurait pris comme un défi de parvenir à lire dans le comportement de son amie, décrypter ses gestes pour tenter de percer les mystères qui pouvaient bien se nouer sous cette chevelure blonde et ce jolie visage. Mais maintenant, le jeune homme prenait plaisir à ne pas en ressentir l'obligation. Il lui semblait qu'il avait tout son temps pour mieux comprendre Sasha, qu'à présent qu'il avait dénoué la plus cruciale des questions, le reste irait plus simplement. Et comme on trouve le repos après un grand effort, il ne ressentait pas d'autre envie que celle de se détendre. Le mystère était résolu.

Tout à ses pensées sur la vélanité de sa camarade, la question de l'avada lui servait à peine de toile de fond. Il en avait tiré une forme d'excitation, bien sûre, qui lui avait offert assez d'adrénaline pour s'emporter, brusquer un peu les choses et les faire avancer, mais que valait un petit sortilège fasse à la conclusion de plusieurs mois d'enquête et de suspicion ? Aussi fut-il un peu surpris quand Sasha préféra évoquer ce sujet en guise de réponse, lui assurant qu'elle ne fuirait pas la barque.

Il se contenta d'un hochement d'épaule amusé pour toute réponse à cette pique moqueuse. Tout ça n'est pas bien sérieux, ou plutôt, c'était plus simple de s'en convaincre. Bien sûr que ce qui s'est joué ici est grave, dans un camp comme dans l'autre, et autant une grand-mère inhumaine qu'un sort impardonnable peuvent vous changer la vie à jamais. Mais s'ils le décidaient, s'ils s'en convainquaient fort, tout ça ne pouvait rester que des jeux d'enfants.

Néanmoins, il n'était pas aveugle. Sasha était tendue. Sans doute avait-elle plus de mal que lui à balayer les choses d'un revers de la main, à s'en soucier peu car elles appartenaient à demain. Blaze n'était pas très fort pour rassurer les gens, leur prodiguer des paroles apaisantes et même, il se demandait si son amie avait vraiment besoin de ça. De son point de vue, elle était certainement plus solide que lui, lui qui se mettait en colère à la moindre frustration et ne parvenait même pas à contrôler ses tendances cleptomanes. Elle, avait maîtrisé son don des années et des années, et jusqu'à aujourd'hui il n'avait rien vu venir.

- Ba... il te reste les filles, déjà. Ça fait une bonne moitié d'humanité.

Il sentit que ce n'était peut-être pas ce qu'il fallait dire, d'ailleurs, cela sonnait un peu faux à ses propres oreilles. Non. Il ne fallait pas réfléchir ainsi.

- Demi-vélane, quart-vélane, c'est ce que tu es vraiment aussi, non ? Je veux dire, imagine quelqu'un de beau, il pourrait tenir le même raisonnement : "les gens m'aiment que pour mon physique, blabla" mouais ba en attendant ça fait partie d'eux, ils se sont construits une personnalité avec. C'est un peu se dire qu'une de nos caractéristiques est si forte qu'elle écrase les autres, celles qui comptent. Mais j'imagine que t'as pas spécialement essayé de lutter contre ta vélanité, non ? Que tu fais avec, tous les jours en te regardant dans la glace, ba il y a pas de raison que ça compte moins que le reste et puis...

Il haussa à nouveau les épaules.

- ... on s'attache toujours à des trucs futiles, au début d'une relation. On se dit "cool cette fille - ou ce gars - a ça pour lui, ça me donne envie d'en savoir plus, mais avec le temps faut bien creuser. Le jour où tu te mets en couple, vous allez pas causer h24 de tes pouvoirs, à un moment faudra bien aller au ciné à deux ou ce genre de trucs.

Il ne savait pas s'il exprimait correctement le fond de sa pensée et fixa finalement son regard dans celui de sa camarade. Il passait un bon moment et ne souhaitait pas grand chose de plus que de le partager avec elle et cherchait ainsi le moyen de dissiper les quelques ombres qu'il devinait parfois dans les mots de Sasha.

- Mon père est moldu, ma mère sorcière. Je pense pas qu'il l'aime juste pour ses pouvoirs, même si c'est important pour lui. Même, ça la rend plus cool, je pense, à ses yeux, mais c'est juste un truc en plus. Pourtant si on y réfléchit, quand on est moldu, il y a moyen de tomber amoureux d'un sorcier juste pour sa magie, mais tu tiens pas un mariage là dessus... même pas six mois, en fait. C'est un coup à se faire chier.

Il ricana et se retrouva soudain avec son chapeau sur la tête. A moitié enfoncé sur ses yeux, de part son inclinaison, il ne voyait plus grand chose. C'était bienvenue, le soleil tapait un peu sur son crâne et le couvre-chef lui prodiguait un peu d'ombre. De fraicheur, moins, il était tout de même en laine. La jeune fille s'était penché sur lui et soudain, comme les vieilles sensations pas encore enterrée, il se sentit un peu petit et écrasé par sa présence. Il lui avait beau sembler avoir dompté la créature, en la révélant au grand jour, elle n'en existait pas moins, toujours là, tapie et qui le fixait maintenant. Il remua légèrement, dissipant un vague fond de malaise qu'il ne souhaitait pas laisser ressurgir pour l'heure.

La question tomba, et ce fut seulement alors que Blaze réalisa qu'elle n'était pas dans le jugement, mais aurait très bien pu l'être. D'autres se seraient montré horrifiés de son geste et si jusqu'alors, tout s'était enchaîné naturellement, ce ne fut que face à l'interrogation légitime de Sasha qu'il sembla prendre conscience de ce que pouvait représenter son geste. Il voulu hausser les épaules, mais ça ne serait certainement pas suffisant.

- Je me suis dis que peut-être ça serait plus facile à avouer pour toi ?

Il ne voulait pas dire que, certainement, un peu du pouvoir de sa camarade lui avait permis de dépasser les dernières hésitations qui le retenaient de lancer le sortilège. Déjà ce serait un peu trop insister sur le potentiel de son charme, si elle pouvait pousser à l'impardonnable, peu de choses en ce monde lui résisterait vraiment, ensuite parce qu'il se refusait à avouer, autant à elle qu'à lui même, qu'il était si sensible à ce genre de magie. Blaze avait quelque chose de brute et de franc qui s’accommodait mal des illusions. Comme une pierre qui roule et emporte avec violence tout sur son passage, il suffisait de la dévier un tout petit peu pour le faire aller ailleurs sans qu'il n'y puisse grand chose. Qu'on l'agace, le provoque ou le flatte et sans hésiter il succombait au piège, quitte, pour s'en sortir, à l'écraser sous sa force.

- Si tu avais un pouvoir très puissant mais interdit à porté de main, tu n'essaierais pas de l'utiliser ? Au moins une fois ? Juste pour voir, genre, discrètement ?

Il lui offrit un sourire malicieux de dessous son chapeau mais qui, malgré lui, transpirait une certaine ambition.

- Moi je crois qu'on comprend mieux l'intérêt des interdits quand on les expérimente un peu.

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Maudits pirates !

Sasha ⊹ Blaze

C’est le genre d’après-midi qu’on ne s’attend pas à vivre. Une partie de pêche dérape, un moment entre ami dérive alors que la barque, elle, reste bien droite sur les flots. La mort fait parler d’elle sous un soleil printanier, et les aveux retardés d’une amie respectent finalement la perspicacité lente d’un garçon qui se fait soudainement violence. Et un coeur froid et distant oublie presque trop sereinement l’action perturbante du garçon qui s’entête subitement à réchauffer les coeurs. Un paradoxe qui frustre et qui rend chacune de nos paroles palpitante. Figée sur le banc craquelant d’une barque, Blaze me provoque une esquisse en coin en blaguant sur le fait qu’il me reste encore les filles. Pas faux, mais pas intéressant. Puis il part de plus belle, comme tenté de me détendre en me donnant tort. Je l’écoute me dire ce que je n’ai jamais imaginé jusqu’à aujourd’hui. On m’a appris à utiliser mes facultés, à jouer dans ce petit monde fragile. On ne m’a jamais appris à regarder la créature que je suis d’un oeil humain. J’ai grandis dans la fierté et la jouissance d’un pouvoir qui défie toutes les lois. Supérieurs aux humains, autant sorciers que moldus. La Vélane est une créature crainte. Elle effraie, et elle en joue. Elle se cache parmi les faux siens, méprisant en silence. Je suis cette descendance à qui on a apprit la méfiance, sans pour autant craindre, ni rien, ni personne. Un être fier de son image et de son influence. Je me suis toujours éloignée de la petite fille pour me rapprocher de la créature. Mais depuis mon arrivée à l’école, je change. Un peu. Légèrement. Blaze semble faire partie de la source de ses changements. Car je l’écoute, attentivement, dire des choses que personne ne m’avait encore dit. Du moins pas de cette manière. Ma Vélanité fait partie de moi, comme il le dit si bien, c’est une vérité à laquelle je me suis parfaitement et fièrement adaptée. Mais je n’ai jamais pensé au fait que ça pourrait plaire de plein gré. Je suis à moitié humaine malgré tout, et cette humanité, bien qu’elle ne domine pas toujours, constitue également ma personne. Alors selon Blaze, quand bien même je suis une Vélane, c’est un détail qui pourrait plaire au plus lucide des garçons, au lieu de faire fuir ? Dans son processus visant à me conforter, Blaze me parle de ses parents. L’un sorcier, l’autre moldu. Il est persuadé que même si la magie a été un fondement puissant de leur relation, le mariage lui, ne tient pas que sur ça. Ils ont appris à se connaître. Il est évident que le Serdaigle a raison. Evidemment je suis bien plus qu’un corps envoutant. Mais la Vélane fait peur, et rien n’y changera jamais. A moins de trouver la perle rare qui saura l’apprécier. Mais qu’est-ce que je pourrais bien lui répondre ? Je ne suis pas très douée pour ce genre de conversations. Je n’en ai pas eu beaucoup au cours de ma vie de scolarité à domicile. Alors les choses les plus simples du monde se réveillent. Alors mon regard, toujours fixé à ses petites prunelles marrons, s’attendrit au dessus d’un sourire sincère qui s’efforce de dégager le moins de séduction possible. « Merci. » Voilà tout ce que je trouve à dire, d’une voix douce et reconnaissante. Courte réponse, et pourtant, aucune autre n’aurait été aussi parfaite. Exprimée de cette manière, elle veut tout dire.

Toujours aussi peu bavarde mais pleinement expressive, je pose une question qui prend également tout son sens. Le tricorne retourne sur la tête de son maître, et je cherche à comprendre pourquoi mon co-capitaine à voulu faire ça. D’où lui est venue cette idée complètement loufoque ? Est-ce que c’est moi, sans le vouloir, qui l’aurait poussé à tuer ce poisson ? Le charme ne serait tout de même pas allé jusque là ? J’ignore s’il ressent mes pensés pesantes sur ma poitrine, mais à me pencher de cette façon vers lui, je le sens oppressé à son tour. Ne l’avais-je pas prévenu ? Sérieuse et douce, j’attends la dure réponse à ma simple question. Non, sa réponse semble très simple au contraire. C’est surtout complètement dingue. Il pensait me mettre à l’aise dans mes révélations en me faisant flipper avec un sortilège impardonnable ? Qu’aurait-il à ajouter à cela ? Je le sais très impulsif à sa manière. Blaze est en roue libre, constamment, la faute ne me revient clairement pas. Je le saurais. Je le sentirais. Non il reprend et me parle d’un pouvoir puissant à portée de main, une curiosité qui pousse le vice. La curiosité de Blaze est sans limite, tout comme son impulsivité. Un sourire malicieux vient finalement percer sur son visage. Il éveille le mien d’un commun accord, totalement séduit par ses paroles. Comment ne pourrais-je pas être séduite pas des interdits curieux, lorsque je me suis moi-même en possession d’un pouvoir qui me permet d’en braver ? Qui mieux que moi peut comprendre ? Suis-je aussi immorale que lui, à sourire avec pareille malice et conviction ? Je me rappel alors les après-midi de débauche auprès de ma grand-mère, un apprentissage réservé aux Vélanes ambitieuses. « J’ai un goût prononcé pour les interdits. » Dis-je d’un regard naturellement charismatique, malgré la malice et le taquin. « Si tu m’en parle, c’est que tu connais mon impression. Tu dois bien te douter qu’avec un tel pouvoir, je n’ai pas fais que des choses honnêtes dans ma vie. »

Que peut-on ajouter à cela ? Jusqu'où est-ce que notre conversation pourrait aller ? « Bon, allé, à toi de décider co-capitaine. On peut lister nos désirs interdits les plus sombres et organiser nos plans d'avenir démoniaques en toute discrétion à bord de cette barque. Ou tu peux prendre la main et tenter de pêcher un poisson dont la puanteur se répandra bientôt dans les affaires du blaireau de notre choix. Je n'exclu pas non plus la sieste de début d'après-midi. » Un haussement de sourcil vient faire scintiller cette esquisse presque malsaine sur mes lèvres. Amusée, encore très touchée par cet échange que j'ai avec Blaze, je lui laisse véritablement le choix, le laissant savoir que j'apprécie beaucoup le moment. J'aime bien discuter avec lui finalement, bien plus que je ne l'aurais jamais pensé.

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