Naissance
Un matin d’octobre. Le 24 précisément. Il faisait froid en cette année 1982, le vent sifflait dans les arbres, annonçant peut-être le destin futur, un destin de fuite en avant et de grand vent. La nuit avait été agitée pour ma mère et je vins au monde dans les larmes, le deuxième fils d’une famille de sangs-purs écossais, dans la chambre de mes parents. Ma mère accoucha seul, je n’étais pas l’ainé et mon père n’avait donc pas jugé nécessaire de faire le déplacement, il avait déjà un héritier, le reste lui importait peu. Mon frère était chez ma grand-mère, ma mère lui avait demandé de le garder dans les derniers jours, elle ne se sentait pas capable de s’en occuper, dans son état. C’était une petite entorse au principe aristocratique qui avait guidé sa vie, un aveu de faiblesse même. Une femme de la haute société doit seule assumer sa maisonnée, en toutes circonstances.
Mes relations avec ma mère resteront toujours entachées de cet échec que l’on m’imputa. Elle m’en voulu toujours d’avoir révéler chez elle une faiblesse. Elle m’éleva donc froidement, sans amour. Certes c’était la coutume même pour mon frère mais pour moi cela se doublait d’une distance de dépit, de dégoût presque.

Pouvoirs
Ma mère souriait en me parlant. C’était la première fois, j’avais six ans et ma mère souriait. Pourtant je m’étais emporté ce jour-là, j’avais cassé le vase en porcelaine, l’héritage familial, dans un accès de colère. Dans n’importe quelle autre circonstance, ma mère aurait crié, m’aurait puni, envoyé dans ma chambre pour de longues heures, giflé. Mais il y avait une spécificité. Je n’avais jamais touché ce vase. Je l’avais foudroyé du regard et il était tombé en morceaux. Ça n’avait rien d’étonnant, tout le monde était sorcier dans ma famille depuis la nuit des temps. Mais c’était un soulagement : je n’étais pas cracmol, je ne serais pas une honte pour ma famille. La magie était entrée dans ma vie et même quand je le voudrais elle n’en partirait pas complètement. Il s’en suivrait, quelques années plus tard, une lettre pour Poudlard, un envoi à Serpentard, sans surprise.

Mauvaises fréquentations
Harry Potter. Un nom qui cristallisait la haine dans sa famille. Pourtant nous étions dans la même école. Mais pas du même bord. Mon bord était celui du sang, de la pureté de la lignée. Nous nous entraînions, avec les miens, le soir dans les sous-sols, à l’abri des regards. Nous attendions notre tour. Nous voulions la victoire et étions prêts à tout, nous en faisions le serment. Nous n’étions pas Mangemorts, certains le deviendront. Mais nous répondrions présent l’appel, quand viendrait l’heure de se lever contre les impurs. En attendant la magie noire nous fascinait, nous envahissait l’esprit, nous envoûtait par son pouvoir destructeur. C’était une drogue dont il était difficile de se sevrer. Les batailles arrivèrent, nous n’étions certes pas en première ligne mais nous ne restions pas non plus à l’arrière. Nous soutenions nos aînés dans leur combat. Sans crainte, sans peur des représailles, sans doute sur notre légitimité. Le sang avant tout. La pureté est notre force. Nous vaincrons.

Mort
Je n’étais pas proche de mon frère. Nous étions des mêmes idées avant d’être du même sang. Plutôt camarade de lutte que frères. Du moins, je voulais le croire. J’avais pleuré la mort de certains camarades, j’avais pleuré notre défaite amèrement, comme on pleure un rêve englouti. J’avais continué à y croire malgré tout, ça avait été ma vie, la défaite ne changerait rien à cela. J’avais échappé à Azkaban, j’avais plaidé l’erreur de jeunesse. Tout cela pour continuer, reconstruire ce qui pouvait l’être. À la sortie de Poudlard, j’étais décidé à accentuer mon combat. La vie, ou plutôt la mort, en avait décidé autrement. Accident de magie noire ? Exécution secrète ? Mort trop banale pour être relevée ? Mon frère n’était plus.
L’anéantissement. La perte de tout repère, de toute raison. Sans que je m’en rende compte, durant toutes ces années, mon frère avait été un pilier, un mentor. Il m’avait montré Poudlard et ses recoins, m’avait initié à la magie noire, m’avait fait ce tatouage qui ressemblait tant à la fameuse marque. C’était l’heure d’une remise en question brutale et profonde.
Lettre
Père, Mère

Je vous écris ce que je n’ai pas le courage de vous dire en face.
J’ai fini ma scolarité à Poudlard, je n’en suis pas sorti brillamment mais je n’ai jamais déshonoré la famille durant toutes ces années. Maintenant Alexis est mort et cet évènement transforme à jamais mon existence.
J’ai décidé de partir, voilà ce que je veux vous dire. Ce n’est pas un coup de tête, j’ai besoin de prendre le large. Je ne sais pas où je vais, je ne sais pas ce que je ferai mais je pars.
Ne cherchez pas, s’il vous plaît, à me retenir, ni à me retrouver. Je ne renie pas ce que vous m’avez appris mais j’ai besoin d’autre chose.

Adieu,
Votre fils, Benjamin

Whitby
Quitter un château, une famille, tout un milieu, pour une cabane insalubre dans une petite ville portuaire isolée, il fallait le faire. Ranger sa baguette et vivre comme un moldu quand jusque là je n’avais jamais eu à faire la vaisselle à la main était un choix pour le moins radical. Je tirai un trait sur mon passé, en partie, au moins temporairement. La magie avait certainement tué mon frère. Les idées pro sangs-purs n’avaient fait qu’aggraver les choses. Je ne reniais pas tous mes actes, je ne devenais pas un fervent défenseur des nés-moldus. Je m’éloignais juste physiquement et mentalement de la magie. J’avais rangé ma baguette au fond d’un tiroir, hésité à la briser avant de me raviser : personne ne pouvait prévoir la suite des évènements.
Un bateau, quelques filets de pêche, les éternels paniers à crabe, voilà une nouvelle vie. Partir en mer, suivre les embruns, attraper l’écume des vagues au passage, sentir l’odeur salée du vent. Être libre de ses pensées, débarrassé du passé. Il en avait rêvé et c’était fait. Personne ici ne savait qui il était, un marin parmi d’autres avec ses souvenirs et ses secrets. Ni plus ni moins mystérieux que ces anciens bagnards, anciens maris, anciens soldats venus refaire leur vie.

Rencontre
– Il fait grand vent aujourd’hui n’est-ce pas, vous voulez de l’aide ? Lui criait une femme, les cheveux dans les yeux alors qu’il tentait péniblement d’amarrer son bateau. Ce n’était pas commun de voir une femme sur le ponton, par ce temps, ce n’était pas commun, une femme marin…
– Oui volontiers, tenez moi la pendille pendant que je fais un nœud de cabestan s’il vous plaît.
Elle prit le bout d’une main experte, le regarda faire son nœud d’un œil avisé.
– Merci beaucoup, avec ce vent j’étais un peu en difficulté. Voilà, il ne bougera plus, même en cas de tempête.
Il la regarda, son visage amusé fouetté par les embruns.
– Est-ce que vous me permettez de vous offrir un verre en remerciement ? Ça nous réchauffera tout les deux.
Quelques minutes plus tard, ils étaient attablés dans un petit café à la déco chic sur la plage.
– Je voudrais un café allongé s’il vous plaît. Et vous madame… ? Il se rendit compte qu’il ne connaissait même pas encore son nom.
– Elenna, Elenna Priest, un chocolat chaud si possible.

Rencontre II
Un regard noir sous une chevelure blonde. C’était la première vision qu’il avait eu de la fille d’Elenna, fille adoptive qui s’ignorait, mais fille quand même. Il avait fallu dompter cette enfant accrochée à sa mère comme une moule son rocher, un rayon de soleil, comme l’appelait sa mère, « capitaine Davy Jones » comme la surnommait son frère – adoptif lui aussi – en riant. Les premières fois il était passé en coup de vent, ne voulant pas troubler cette petite famille qui ne l’attendait pas. Mais un dimanche matin, Elanna rentrait de l’église, comme tous les dimanches, les enfants rentraient de l’abbaye en ruine, comme tous les dimanches, il fut invité à déjeuner. Ce n’était pas comme tous les dimanches en fait. Au lieu de prendre un air effarouché, le visage d’Hilary s’illumina en le voyant, elle lui sauta dans les bras.
Ils s’attablèrent donc tous les quatre, devant un poulet rôti un peu trop cuit, sur une table branlante, en plein courant d’air d’une fenêtre mal fermée. Malgré tout cela, ce dimanche me donna une famille, une femme que j’aimais et qui m’aimait sans se préoccuper des ragots de l’église, de toutes façons elle était déjà mal vu, mère célibataire de deux enfants adoptés. Une fille que je voulais protéger. Un fils déjà grand, déjà presque indépendant, mais avec qui je pourrais partager les secrets de la mer. Ce n’était pas prévu mais au fond était-ce grave ?

Pouvoirs II
Je n’avais pas assisté à ce qui aurait pu causer un drame dans cette famille déjà fragile. Hilary avait explosé un verre comme moi j’avais explosé un vase en porcelaine. Ce n’était ni le même standing, ni les mêmes conséquences. Dans une petite ville catholique où tout se sait très vite, ça aurait pu être l’élément de trop, d’une certaine manière ce fut l’élément de trop. Hilary n’était plus seulement une pièce rapportée, une irlandaise adopté par une femme seule, elle était perçue maintenant comme un monstre, comme une créature malfaisante et mystérieuse.
La lettre de Poudlard non plus n’avait pas eu le même retentissement et cela, je l’avais vu de mes propres yeux. Dans toute famille de sorcier, cette lettre était accueillie avec joie mais Elanna semblait dépassée. Je décidais de ne rien dire, de ne pas perturber encore plus ce fragile équilibre, mon fragile équilibre. Elanna avait étonnamment bien pris les choses au final, Hilary irait à Poudlard en septembre. Elle était sorcière même si elle le découvrait à peine, sorcière élevée par des moldus mais ses pouvoirs étaient indéniables.

Alcool
Elanna avait toujours eu un problème avec l’alcool. Elle buvait pour oublier comme elle disait, elle buvait quand la prière ne suffisait plus à sécher ses larmes, à atténuer sa peine. Oublier ces coreligionnaires qui lui faisait comprendre que sa famille n’est était pas une, que sa fille n’était pas à sa place, oublier la marchande de poissons sur le marché du port qui ne manquait pas une occasion de lui demander « Qui est le père ? », oublier le voisin qui s’étonnait de mes allées et venues, oublier la souffrance, la douleur d’être rejetée par ses pairs. Je lui disais d’arrêter, elle acquiesçait avant de recommencer. Willem s’inquiétait, cachait les bouteilles, mais nous étions bien impuissants tout les deux. Jusqu’au drame, quelques jours avant septembre.

Mort II
La mer était agitée, elle avait bu. Elle était agitée, elle aussi, rongée par les critiques, les reproches, les remarques désobligeantes, elle avait pris la mer, comme un dernier remède. Et elle y était restée, laissant ses enfants, me laissant seul avec eux. À quoi servait-il de me répéter que j’aurais dû l’en empêcher, je ne pouvais pas l’attacher de force, la contraindre… Elle avait été une femme libre toute sa vie, libre comme la mer. Une mère et un marin, les deux dans un même corps et le marin avait eu raison d’elle.
Ma douleur était immense comme mon devoir : protéger ses enfants, mes enfants maintenant. Je lui devais bien cela. Willem pourrait peut-être se débrouiller seul, peut-être le voudrait-il d’ailleurs. Mais Hilary avait besoin de lui. Le monde de la magie peut se révéler cruel, j’en savais quelque chose. Malgré mon désarroi, malgré ma peine, malgré ma haine même contre ceux qui l’avait poussé à bout, je me devais d’être fort. Je ne fuirais pas devant sa mort comme j’avais fui devant la mort de mon frère. J’avais une famille à charge maintenant.

Chemin de traverse
Londres, fin août. Il était temps de faire les achats de rentrée. Hilary ne se doutait pas que j’étais un sorcier comme elle et il n’était pas temps de lui dire. Moins elle en saurait, mieux ce serait. Mais je tenais l’accompagner dans ses achats. Même si cela signifiait retourner à Londres, prendre des risques de croiser d’anciennes connaissances. 5 heures de train, dont 3 de jeu de cartes, nous étions arrivé. Entre temps le voile de mes secrets s’étaient malheureusement légèrement soulevé, elle avait vu mon tatouage.
Une nuit plus tard, c’était l’heure des courses. D’abord Gringotts, sans surprise, puis la librairie, Olivanders, un choix difficile de baguette, une animalerie, un rat. Pas de mauvaises rencontres, heureusement malgré la proximité toujours plus grande de l’allée des Embrumes. Le lendemain, Poudlard attendait.

Train
Londres-Whitby, Whitby-Londres, 5 heures, deux correspondances. J’aimais d’autant plus ces trajets qu’Hilary commençait à s’ouvrir, à se confier, à parler de Poudlard. À demi-mots d’abord, à coeur ouvert ensuite. Blackmann me rappelait des heures sombres mais je n’étais pas prêt à les affronter. Londubat était plus incompétent que dangereux. Mais les événements suivants, l’incendie, le selma, me mirent hors de moi. Je devais protéger ma fille. Ça ne suffisait plus de l’accompagner à l’école, de lui financer ses études. Il fallait que j’y retourne, que je sortes ma baguette de son tiroir, que je prennes un poste, n’importe lequel aux environs de Poudlard. Je ne voulais rien dire à Hilary mais en regardant le paysage défiler par la fenêtre, je savais que ma décision était prise.

Cicatrice
Il me fallait rompre définitivement avec mon passé. Cela faisait des années que je n’avais pas réfléchi à ma position concernant les sorciers. Mon passé de pro sangs-purs laissait des traces et tout d’abord ce tatouage. Pas la marque des ténèbres, non, mais pas loin.
Je n’étais plus pro sang-pur mais étais-je devenu si tolérant ? J’avais voulu refaire ma vie avec une moldue, j’élevais maintenant ses enfants, un moldu et une sorcière de sang probablement mêlé. Je ne ferais plus de grande théorie sur le sang, c’en était fini pour moi. Je protégerais les miens, moldu, sang-mêlé ou autre.
Je pris un briquet, la flamme rougeoyait sur ma peau. Sans un cri, je l’appliquais sur le dernier vestige de mes idées passées, sur ce tatouage honni de tous. La douleur m’arracha une larme, la chair crépitait sous le feu. J’étais enfin débarrassé de mon passé, la vie recommençait définitivement.

Entretien
– Qu’est-ce qui vous pousse à vous portez candidat au poste de garde-chasse ?
– Je connais la nature mieux que personne, je sais en prendre soin, tant de manière magique que moldue.
– Votre CV est pour le moins étrange, vous avez rompu tout contact avec la magie pendant des décennies, pourquoi revenir aujourd’hui ?
– Aujourd’hui Poudlard me semble avoir besoin de stabilité et cette stabilité passe, à mon avis, par retrouver un corps d’enseignants et de personnels soudé, dévoué à leurs tâches respectives. Je veux apporter ma pierre à cette édifice. Je suis conscient que mon CV peut être déroutant mais c’est le CV d’un homme de la mer, d’un marin soucieux de vivre une vie en adéquation avec ses principes, avec la nature environnante.
– Très bien, nous vous recontacterons si nous retenons votre candidature, si dans un délai de trois semaines vous n’avez pas de réponse, veuillez considérer que votre candidature n’est pas retenue.
Deux semaines plus tard, sur un malentendu certainement, tant il lui avait semblé ne pas correspondre aux attentes, ou alors Poudlard était encore plus en manque qu’il ne le pensait. Il prendrait donc son poste peu après Noël.

Deux photos résumaient ce qu’on pouvait appeler ma famille.

La première, décrépie, les couleurs passées, abîmée sur les bords, je n’avais jamais vraiment pris soin de la conserver. On voyait une grande demeure en arrière plan avec un ciel dégagé. Au centre, quatre personne se tenaient droite, le visage grave. Un homme fort, l’air préoccupé, 45 ans environ, dans un costume qui dénotait sa condition aristocratique. À sa gauche, une femme menue, ma mère, son épouse, de 10 ans sa cadette, une robe ample, les cheveux attachés en un strict chignon, femme au foyer de toujours. Un jeune homme en costume, décédé aujourd’hui, Alexis, mon frère. Un garçon sage, qui avait toujours été l’honneur de la famille, héritier des idées et des biens. Mort dans des circonstances troubles. Devant lui, un jeune garçon, en tenue sobre lui aussi, le cadet de la famille, moi en fait. Que dire de plus ? Je n’étais pas heureux ici, personne n’était heureux sur cette photo prise par obligation, une famille unie par le sang et les idées mais pas par l’amour.

La seconde comptait aussi quatre personnes mais c’était là la seule ressemblance. Elenna en tenue de marin, des chaussures en caoutchouc aux pieds, un gilet de sauvetage sous le bras. Elle mettait toujours son gilet, sauf en ce jour tragique où elle avait trouvé la mort dans la tempête. Elle semblait heureuse, contemplant la mer, contemplant sa fille qui se tenait devant elle. Hilary arborait un grand sourire édenté, elle avait dix ans à l’époque et une vie sans soucis. Ses cheveux cachaient ses yeux lumineux, rieurs, le vent des embruns fouettait son visage. Willem se tenait derrière elle, protecteur, jetant un coup d’oeil derrière lui vers ce qui était sa fierté, son phare. C’était un beau jeune homme, de fier allure, un marin comme sa mère adoptive même s’il avait choisi de rester à terre. J’étais un peu en retrait sur cette photo, comme si je cherchais encore ma place, mais je souriais sans me forcer, j’étais enfin heureux, c’était eux ma vraie famille.

Un étendu d’herbe à perte de vue, le bruissement du vent dans les arbres, les gémissements lointains de quelque mystérieuse créature de la forêt, le lac dont la pâle transparence s’étendait au loin. Un cadre idyllique, non ? Et pourtant… Premier jour de retour à Poudlard et déjà les ennuis commençaient. Le parc semblait à l’abandon et c’est à peine si les détritus ne jonchaient pas les berges du lac. Les élèves n’avait donc aucun respect pour la nature… Il était loin le temps où Hagrid prenait soin du parc avec passion et surtout de ses créatures. Je n’avais jamais apprécié Hagrid à l’époque, question de principe, mais je devais reconnaître qu’en tant que garde-chasse il faisait du bon boulot.
C’était mon tour aujourd’hui de soigner ce parc, un prétexte avant tout pour prendre soin d’Hilary au fond, mais pas que. La mer me manquait déjà, Whitby me manquait déjà, Willem aussi mais j’étais heureux finalement de retourner à Poudlard, de revoir ses murs qui, certes, m’avait causé tant d’ennuis, mais qui représentait aussi la possibilité d’un renouveau après la mort de celle qui n’avait jamais été ma femme mais qui l’était dans mon coeur.
Assez rêvassé, il n’était plus temps de songer au passé ! J’avais du boulot. Et tout d’abord réprimander ces deux élèves impertinents en train de cueillir des fleurs dans le parc :
« Non mais c’est quoi ça ? Qui vous a dit qu’on pouvait cueillir des fleurs comme ça ? Alors voilà, c’est le début du printemps, le début des amours ou je ne sais quoi et on se croit tout permis ? Partez ! Tout de suite, sinon je préviens vos directeurs de maison ! »
Les deux jeunes déguerpirent sans demander leur reste. Je n’étais pas méchant au fond, je comprenais tout à fait leur envie mais si je les laissais faire les plantes ne donneraient jamais de graines et le parc péricliterait.
Par quoi commencer ensuite ? Ma raison me disait qu’il faudrait aller voir la forêt, c’était là le gros du travail d’un garde-chasse. Mais mon coeur m’entraînait inexorablement vers le lac. Qu’y avait-il au fond ? Personne ne savait précisément tout comme personne ne connaissait précisément les profondeurs de la forêt. Mais avant de s’intéresser aux profondeurs, je me devais de nettoyer les abords… Allez, du courage ! Je pris ma baguette et tentais de faire disparaître tout ce qui trainait.