Apple Pie Bed [Blaze / Robbe]

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Aussi surprenant que ça puisse paraître, lorsque je débarque dans un endroit totalement inconnu, j'ai tendance à faire profil bas et raser les murs. Si je pouvais complètement m'y fondre ça serait le top du top. Il existe peut-être un sort pour ça ? Faudra que je pense à demander. Enfin bref, jusqu'à présent, j'avais réussi à me faire plutôt discret. Toujours au dernier rang en cours, le moins d'interaction possible avec les autres élèves de ma classe et de l'école en général. Parce que pour rajouter à mon dossier de "nouveau" et donc de "cible facile" (on finit par développer un sixième sens pour ces choses-là quand on a deux mamans dans un collège moldu), en plus d'être le crétin qui hallucine au moindre truc magique, il fallait en plus que je me retape les trois années que j'avais faites à St Leonard. Vraisemblablement, j'avais pas mal de matières à rattraper, et ici rares étaient les cours de littérature ou de physique chimie.
C'est justement suite à l'un de ces cours où la baguette magique était indispensable, que j'ai pu dire adieu à mon anonymat. Définitivement.

J'ai pas spécialement envie de m'étaler sur ce moment vraiment gênant que mon ego a encore du mal a digérer, mais si vous insistez, je peux vous faire un résumé : 11 heures et des brouettes, j'ai pas vérifié, mais on se dirigeait tous vers la Grande Salle pour le déjeuner. Quelqu'un me pousse, je me casse allègrement la gueule en me prenant les pieds dans ma robe de sorcier. Un éclair bleu saphir juste sous mon nez l'espace d'une seconde, je me viande en beauté. Tout le monde me regarde et je sens un vif pincement désagréable à la base de mon cou. Et puis là, fin du game, je m'envole avec l'impression fort désagréable que tout le couloir (tableaux compris) se fout de moi.

Le rêve.

Rien que d'y repenser, j'ai des coups de chaud de honte. Oui, parce que ça n'a pas duré que quelques minutes le temps que tout le monde ait bien ris de ma situation puis je redescende gentiment et on passe à autre chose. Ah ça non ! Ce n'est point drôle sinon ! Rien que d'y repenser, j'ai des coups de chaud de honte. Autant se dire que mon avenir social dans cette école s'était totalement désolidarisé de moi et commençait à creuser sa tombe.
Et ça a duré trois jours ce bordel ! Trois interminables jours accroché à un pied de lit avec l'infirmière qui essayait de me rassurer en me disant qu'il n'y avait rien à faire a part attendre, mais que cet état de lévitation aurait pu être permanent si j'avais fait une réaction allergique.

Même si cela a un côté étrangement fascinant et satisfaisant de se sentir flotter comme ça, même si j'ai plus d'une fois tenté deux/trois mouvements de brasse pour voir si je pouvais me déplacer comme dans mes rêves (spoiler : ça ne marche absolument pas), et même si cela a pu me faire découvrir une vue imprenable sur le lac de nuit, jamais je ne réitérerai l'expérience. C'est seulement au début du troisième jour que j'ai commencé à doucement redescendre jusqu'à toucher le matelas en fin de soirée. J'ignore si ce sont des effets secondaires de la piqûre de Billywig (la saleté qui a ruiné toutes mes chances de survie) mais là simple vue des plateaux repas apportés aux autres blessés m'avait littéralement retourné l'estomac et j'avais passé tout le dîner le nez dans une bassine à cracher mes tripes. Je suis sûr qu'il y a un sort pour empêcher tout ça. Il serait temps que je m'y mette sérieusement, ça pourrait s'avérer utile et, qui sait, peut-être m'éviter de me retrouver dans de tels pétrins.

Il était bien vingt heures passé lorsque l'infirmière m'autorisa à retourner dans les dortoirs de ma maison. J'avais profité du temps passé avec elle pour discuter et me torturer l'esprit. Ainsi, je savais qu'un Serdaigle du nom de Blaze Mansfield avait été puni pour cet incident et qu'à l'heure qu'il était, il devait encore trimer aux cuisines. J'avais d'autres projets, bien qu'une bonne douche et le confort d'un bon lit moelleux n'auraient pas été de refus. Quel plaisir de sentir le sol sous ses pieds et le poids de son corps tout entier. Je n'aurai sincèrement jamais cru pouvoir dire apprécier de bonnes crampes un jour dans ma vie. Il n'y a pas à dire, on est quand même bien sûr le plancher des vaches. Au moins, je ne pouvais pas me plaindre, les escaliers étaient coopératifs ce soir et je n'avais pas croisé âme qui vive alors que je descendais en direction des sous-sols du château (excepté peut-être les tableaux, bien trop curieux de mes aventures à mon goût).

Les cuisines étaient presque aussi spacieuses que la Grande Salle. Situées juste en dessous, elles étaient encore bien agitées bien que le dernier repas commun soit finit depuis un bon moment. Il y avait une bonne dizaine de créatures étranges affairées à tout nettoyer. Quelques uns de ce petits êtres frêles tournérent leurs têtes légèrement surdimensionnées vers moi pour me fixer de leurs yeux globuleux faisant remonter de petites vagues de frissons incontrôlables le long de ma colonne vertébrale. Me sentant de plus en plus oppressé par leurs visages semblant attendre quelque chose de moi, je leur fis signe de ne pas me prêter attention et de continuer à faire ce qu'ils avaient à faire. Les voyant peu convaincus, je m'empressais de balayer du regard la pièce jusqu'à tomber sur me seul être humain,et rassemblant mon courage, je m'avançais vers lui d'un pas déterminé. Arrivant à sa hauteur, je lui tendis mécaniquement la main, un sourire figé plaqué sur le visage. Règle numéro 1 : avoir l'air avenant et ouvert à la discussion. Et je débitais d'une traite sans reprendre mon souffle :

Salut, tu dois être Blaze. C'est ma première année ici, à Poudlard, je suis chez Gryffondor. Enchanté de faire ta connaissance, moi c'est Robbe. J'y connais franchement rien en magie donc je voulais te présenter mes plus sincères excuses pour t'avoir attiré des ennuis avec ce Billywig, j'aurai dû savoir comment le rattraper pour te le rendre. J'imagine qu'il t'a échappé, il y avait tellement de monde dans ce couloir. Malheureusement, je ne pense pas qu'on puisse te le retrouver maintenant. J'espère que ça va aller ?

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La cuisine adoucit les mœurs ?
Avec la participation de @Robbe A. Oaken dans le rôle de : le nouveau. •••

On ne peut pas toujours tout réussir, dans la vie, le plus important, c'était de ne jamais abandonner. Blaze avait appris cette leçon très jeune, grâce à son père, et mettait depuis un point d'honneur à l'appliquer en toutes circonstances, ne se décourageant jamais devant l'adversité et persévérant toujours face aux difficultés. Toutefois, si M. Mansfield avait su que son fils utilisait à présent ses leçons afin de parfaire son talent pour échapper à l'autorité de ses enseignants, et progresser dans l'art subtil de faire tourner en bourrique le personnel de Poudlard, il lui aurait peut-être précisé que ces principes n'étaient pas censés s'appliquer aux bêtises.

Le mal était fait. Chacune des punitions que récoltait le jeune homme semblait simplement lui apprendre un peu mieux à échapper à la suivante, bien éloignées de leurs visées pédagogiques premières. Et Blaze les acceptait de bon cœur, avec philosophie, comme un mal nécessaire, au grand damne de ses éducateurs qui ne savaient plus par quel moyen lui mettre un peu de plomb dans la cervelle, sinon le plus définitif.

Enfin, tout ça n'avait pourtant eu que peu d'incidence sur la conclusion de sa dernière farce. C'était à croire qu'il s'était un peu rouillé pendant l'été, puisque à peine revenu à Poudlard entamer sa 4ème année, il se faisait prendre la main dans le sac, sur une plaisanterie somme toute plutôt innocente. Non seulement innocente, mais qui partait également d'une bonne intention : tirer un peu Misha de sa mauvaise humeur et de son mal du pays. Le russe, fraichement arrivé, n'avait à l'époque encore aucun ami, et le Serdaigle, serviable, s'était donc mis en tête de lui changer les idées en lui faisant sauter une potion à la tronche. Manque de bol, l'autre l'avait mal pris, et tout cela s'était terminé par un nez en sang pour Blaze, lors d'un petit passage à tabac au détour d'un couloir. Loin de refroidir ce-denier, il n'en avait été que plus déterminé et en avait conclu qu'il lui faudrait sortir les grands moyens s'il voulait avoir une chance d'impressionner son camarade. Tout ça expliquait sommairement comment il s'était retrouvé à lâcher un Billywig sur les premières années, volé au préalable dans la réserve.

Manque de bol, son chapardage était manifestement passé moins inaperçu qu'il ne l'aurait pensé et sans doute qu'un tableau vivant avait cafté l'avoir vu passer le bocal de la bestiole sous le manteau. L'enquête avait été brève, au contraire de la colle qu'avait reçu le jeune homme qui, elle, s'annonçait interminable.

Au moins, il avait évité le travail nocturne avec le garde-chasse - qu'il ne pouvait pas piffer - et avait découvert non sans un certain soulagement qu'on l'avait mis de corvée à la cuisine. Blaze s'était demandé un moment à quoi il pourrait bien servir là bas, puisque les elfes de maison faisaient déjà tout, mais les punitions n'ont pas toujours pour but d'êtres productives et on lui avait simplement demandé de récurer plats et casseroles, et sans baguette s'il vous plait ! Si cette annonce n'avait pas particulièrement ravi le jeune homme - faire la plonge était une activité particulièrement peu stimulante et passé dix minutes les mains dans le savon, il avait déjà la bougeotte - il découvrit toutefois que l'on n'avait laissé aucun professeur pour le surveiller, jugeant que les elfes suffiraient.

De fait, ils suffirent... jusqu'à un certain point. Assez pour l'empêcher de filer, c'est certain, mais ils avaient déjà suffisamment à faire en tout sens à la fin des repas pour pouvoir réellement le garder constamment à l’œil, si bien que Blaze pu ralentir un peu sa cadence, piocher dans les plats entamés qui passaient à sa portée et se paya même le luxe de visiter un peu plus en détails les cuisines, prétextant qu'il devait aller pisser pour fureter.

Toutefois, lorsque Robbe se présenta à lui, il était à peu près sagement à son poste, en train de terminer de récurer une grande poêle, les bras plongés dans l'eau chaude. Vaguement concentré sur sa tâche et dans ses pensées, le débit rapide et la main tendue du jeune Gryffondor le prirent un peu au dépourvu, n'ayant pas vu venir son camarade. Blaze haussa un sourcil et mit quelques secondes à réaliser qu'il avait face à lui le jeune homme qui avait payé les frais de sa plaisanterie, jusqu'à en planer - lui avait-on dit - pendant trois jours à cause de sa réaction à la piqure et dépassant par la-même toutes les espérances du Serdaigle. Plus étonnant encore, il n'avait pas l'air d'être venu râler ou quoi que ce soit mais... s'excuser ?

Blaze le dévisagea un instant, surpris, se demandant s'il était en train de se foutre de sa gueule ou quelque chose comme ça. Si l'autre essayait de jouer au con, c'était plutôt marrant, mais il ne pigeait pas très bien la raison de sa présence ici, et à cet instant précis. Puis, constatant à la mine sérieuse quoique peut-être légèrement mal assurée de Robbe, que ce-dernier ne semblait pas du tout plaisanter, Blaze fronça les sourcils, tout en affichant un sourire curieux.

- Wo... respire. Robbe... c'est pas toi qui a commencé le cycle en retard ?

Robbe avait parlé trop vite et d'une seule traite pour que Blaze puisse traiter une à une toutes ces informations. Il préférait donc se concentrer sur l'essentiel à ses yeux de ce qu'il comprenait des propos du Gryffondor : qu'il ne connaissait pas grand chose à la magie, et que cela en faisait quelqu'un de potentiellement très amusant à garder à l’œil.

D'un geste assuré, il lui rendit sa poignée de main, sans trop se soucier du fait que la sienne était trempée d'eau savonneuse, et enchaîna sans se démonter.

- Blaze, lui même ! C'est vrai que c'est pas de bol pour le Billywig, mais faut pas t'en faire pour ça, j'en attraperai un autre.

Il avait failli dire "faucher" à la place de "attraper", mais trouvait la situation suffisamment inattendue et originale pour la prendre au sérieux et ne pas s'autoriser ce genre de faux-pas. Si blague il y avait à faire, il n'aurait pas beaucoup d'occasions aussi belles que celle-ci, Robbe étant manifestement un client parfait : assez âgé pour en saisir le sel - du moins il l'espérait - mais assez inexpérimenté pour ne pas la voir venir.

De fait, Blaze avait déjà l'esprit à son prochain mouvement et plus du tout concentré sur sa tâche première : la vaisselle. Il reprit donc d'un ton amical et enjoué, tout en se séchant les mains dans un torchon :

- Bienvenue à Poudlard en tout cas ! J'espère que cette "mauvaise" expérience t'as pas trop traumatisé. Mais il ajouta ensuite, légèrement plus malicieusement : Mais avoue que c'est quand même plutôt marrant de flotter au dessus du sol, non ?

Puis, l'air de rien, il prit cette fois une mine plus sérieuse, presque grave, comme on se ferait du soucis.

- Par contre, c'est vrai qu'il te manque pas mal de bases, c'est un soucis, surtout à ton âge, tu risques d'être pris pour un élève plus expérimenté et te blesser.

Et de conclure :

- Mais t'inquiète, le retard ça se rattrape. Je vais te filer un coup de main.

C'était dit avec beaucoup de gentillesse et un sourire bienveillant, mais il y avait également ce je-ne-sais-quoi dans le ton qui indiquait bien qu'à aucun moment Blaze n'avait envisagé que son camarade puisse refuser sa proposition.

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Les quelques secondes main tendue, les zygomatiques en feu, sous le regard d'abord surpris du garçon les deux siennes plongées dans un évier débordant de mousse, me parurent durer des heures. Je pouvais presque voir les rouages de son cerveau s'agiter derrière ses yeux, passant d'une émotion à l'autre pour finir par se satisfaire d'un sourire curieux.

Sa main vint vigoureusement rencontrer la mienne manquant de peu de m'arracher un long soupir de soulagement comme si j'avais attendu sa validation pour me remettre à respirer normalement. Ce fut au mien, d'esprit, de se mettre à carburer vitesse grand V. J'avais définitivement perdu ces habitudes et le stress de m'être potentiellement trompé de personne m'en avait fait oublier la façon dont était sensé se dérouler le reste de cette conversation.

Mon premier réflexe fut de me rendre compte que je ne m'étais finalement pas trompé, mais qu'il n'avait pas pris le temps de se sécher la main et que la sensation était fort désagréable. Puis mes oreilles me signalèrent qu'il avait déjà recommencé à parler et que je n'avais strictement rien suivit. Top. Ça commence super bien tout ça.

Allez, allez, on branche ses neurones et on arrête de se transformer en chamallows dès qu'il s'agit d'agir en être humain normal. Il ne faudrait pas tout foirer dès le début, non ?

Il faut que je m'activer en effet. Pas le temps de niaiser, je me concentre et c'est partit !
Je ne connais pas beaucoup de façon de comprendre les autres. Sûrement l'une des nombreuses raisons qui m'empêchent de facilement trouver ma place face à quelqu'un. Alors je fais ce que je pense être la bonne méthode : j'observe, j'écoute, je prends des notes et je reste hyper attentif au moindre détail. C'est comme passer des heures l'œil collé au télescope à attendre le moindre scintillement dans l'immensité de l'espace.

J'essuyais ma main au dos de ma cuisse ni vu ni connu pour ne pas risquer de le déranger à demander le torchon et surtout me laisser distraire.

Son ton avait légèrement changé, même sa posture se faisait plus avenante. Pour me sentir plus à l'aise, je reculais de peu suivant son mouvement, la mention du mot "flotter" m'ayant procuré un haut-le-coeur que réprimais tant bien que mal. Il avait l'air franchement chouette ce type. Quelque chose de lumineux s'en dégageait. Même s'il était un poil plus âgé que moi et bien deux années d'écart, il avait l'air de faire fi de cette différence me parlant comme à son égal. Il donnait même l'impression de réellement se soucier de mon retard scolaire.
J'avais envie de lui accorder mon crédit et de me laisser porter par ce ton bienveillant qu'il employait, mais quelque chose m'en empêchait. Une sorte de sixième sens. Sûrement le manque d'habitude ou le fait de ne pas tomber sur la brute épaisse qui aurait été plus susceptible de me jouer des mauvais tours.

En tout cas, ce Blaze me rendait vraiment curieux.

Tu ferais ça pour moi ? C'est vraiment gentil de ta part. Tu sais, tu n'es pas obligé, j'ai déjà pas mal de cours de rattrapage, mais c'est difficile de tout assimiler en si peu de temps. Et puis je doute qu'on puisse penser que je suis un sorcier expérimenté après ce qu'il s'est passé haha...

Mon rire peu convaincu se fana assez rapidement alors que le souvenir douloureux que demain, il me faudrait affronter le regard de tous ces spectateurs me revenait en mémoire.
Je chassais cette idée de ma tête d'un battement de cils et me reconcentrais sur mon interlocuteur. Pas le moment de flancher. Qu'est-ce que je pouvais bien faire pour le remercier de sa gentillesse ? Tiens !

Je peux t'aider ?

demandais-je désignant l'évier du menton

S'il y a bien un truc que je connais en revanche, c'est faire la vaisselle version moldue !

enchainais-je et sans attendre sa réponse, je m'emparais d'une éponge le sourire aux lèvres, bien moins forcé cette fois, ravi de pouvoir alléger un peu sa peine.

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Blaze ne savait absolument pas dans quoi il s'engageait, avec ce nouveau, mais il y allait de bon cœur. Ce n'était tout de même pas tous les jours qu'on avait l'occasion de s'improviser en tuteur et l'égo du garçon, toujours à la recherche de nouvelles stimulations, en ronronnait d'avance. Et puis, s'il avait l'occasion de glisser une ou deux bêtises dans la caboche de son camarade, c'était décidément le plan parfait.

Pendant qu'il achevait de se sécher les mains et déposait sa poêle à moitié propre dans un égouttoir, il écouta le gryffondor avec curiosité, tachant d'en apprendre un peu plus en peu de mots sur son état d'esprit. Après tout, rien n'était encore acquis entre eux-deux, et il préférait éviter de le braquer par une remarque maladroite ou un faux-pas malvenu. Même s'il en fréquentait depuis le début de sa scolarité, les né-moldus avait toujours un je-ne-sais-quoi de décalé dans leur éducation qui le faisait beaucoup rire, mais les rendait parfois légèrement imprévisibles. Cameron et Mallory en étaient à ses yeux un parfait exemple et alors qu'il avait passé près de trois ans à partager son dortoir avec les Brown, il ne parvenait toujours pas à comprendre avec certitude comment les jumeaux fonctionnaient.

Le ton de Robbe avait quelque peu ralenti, en comparaison de sa première tirade où Blaze avait bien cru que le garçon allait finir par manque d'air, et le Serdaigle fut content de constater qu'il semblait à présent un peu plus détendu. A ses remerciements, Blaze se contenta de hausser les épaules avec une modestie feinte toujours le sourire en coin.

- Oh, c'est normal, faut s'entraider dans la vie.

La banalité de cette réponse l'affligeait lui-même, mais s'il fallait en passer par là pour ne pas attirer l'attention, il était prêt à supporter quelques mots creux. Toutefois, lorsqu'il vit Robbe se saisir d'une éponge et faire mine de le rejoindre à la plonge, il ne pu s'empêcher de lever les mains pour calmer ses ardeurs, le visage éclairé d'un sourire franc. C'est qu'on allait tout de même pas perdre de temps avec des corvées pareilles, quand même. Et puis, bien qu'en colle depuis moins d'une heure, Blaze avait le sentiment d'avoir fait plus que sa part et venait de s'attribuer un congé tout seul.

- Ça ? Non, on s'en fout, les elfes vont s'en charger.

Il jeta quand même un œil à la ronde pour s'assurer qu'aucun d'entre-eux n'était en train de les épier, mais personne ne semblait avoir entendu. C'était peut-être surprenant pour un né-moldu, mais les elfes de maisons étaient partout dans le monde des sorciers et, bien qu'un peu triste à dire, on apprenait vite à les oublier. De toute façon, depuis qu'un vieux cuisinier lui avait tapé sur les doigts avec une louche, une fois qu'il essayait de piquer dans un plat pourtant à peine entamé, Blaze ne leur vouait plus une très grande amitié, ce qui se traduisait par sa faible considération pour ces créatures.

De toute façon, il avait clairement plus amusant à faire et même s'il l'avait voulu, le jeune homme aurait maintenant été bien incapable de se concentrer sur une tâche aussi barbante que la vaisselle.

Reprenant la conversation là où ils en étaient resté, Blaze fixa Robbe d'un air sérieux quoique légèrement malicieux. Il avait le visage expressif et dans ce genre de moment, il lui était difficile de cacher qu'il s'amusait bien.

- Des cours de rattrapage, c'est cool, mais ça fait pas tout, faut pas croire. T'auras la théorie mais il te manque la pratique, et puis... Il marqua une courte pause. Il y a des trucs qu'on apprend pas en classe.

Ce genre de "truc", c'étaient ses préférés. L'enseignement à Poudlard, quoique très diversifié, restait quelque peu académique par certains aspects. Charge était aux sorciers d'étudier par eux-mêmes les aspects de la magie qui les intéressaient le plus, soit par le biais de leurs options, soit par des stages ou du travail personnel, en s'enfermant à la bibliothèque. Si Blaze n'était pas le dernier à en arpenter les rayonnages, soucieux de maintenir son bon niveau scolaire, il attribuait tout autant d'importance, dans son éducation, à l'exploration de couloirs interdits et des nombreux lieux secrets, aller à la rencontre des personnages et objets étranges que l'on pouvait croiser à Poudlard, quand on prenait le temps de fureter.

Bien que sous-estimé et considéré par la plupart des élèves comme un simple lieux où chaparder des aliments, la cuisine ne recelait pas moins de mystères que le reste du château. Blaze, qui avait eu la chance de naitre dans une famille de pâtissiers, et pâtissiers magiques qui plus est, avait été sensibilisé très jeune aux pouvoirs gustatifs d'une bonne recette. C'était d'ailleurs d'autant plus intéressant qu'on soupçonnait bien moins une tarte aux pommes qu'une potion, lorsqu'il s'agissait d'y glisser discrètement des effets rigolos.

En quelques pas rapides, le jeune homme atteignit une étagère où reposait plusieurs gros volumes illustrés qui contenaient les recettes de la plupart des préparations qu'on leur servait à chaque repas, un étage plus haut. Blaze s'en saisit d'un au hasard, revint vers Robbe et déposa le livre devant eux, avec satisfaction en entendant le son lourd et étouffé que ce-dernier produisit en tombant sur la table. C'était peut-être idiot, mais plus le bouquin était impressionnant, plus il faisait sérieux.

- Par exemple : la cuisine !

Il avait dit cela de manière particulièrement enthousiaste, tout au plaisir de se lancer dans un nouveau projet farfelu, et avouons-le, passable improvisé.

- C'est tout con, mais mettre les mains dans la patte magique, ba, ça permet de se faire une idée des dosages, de l'équilibre d'une préparation... alors qu'avec une potion, bon à part y goûter en cours de route... fais jamais ça d'ailleurs.

Il lui lança un faux regard sévère pour souligner son avertissement.

Avec un certain naturel, il commençait à prendre ce petit rôle d'enseignant au sérieux. N'appréciant rien plus que d'être au centre de l'attention, cette position lui convenait parfaitement et lui procurait une grande satisfaction. Si Robbe s'y montrait réceptif, il commençait même à envisager de ne pas se lancer immédiatement dans un petit piège, mais de faire durer un peu le plaisir.

- Bon alors ? Plutôt sucré ou salé ?

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