Lorsqu’Evelyn lui avait annoncé la nouvelle, droite et sérieuse derrière son bureau surélevée par les marches, il s’était empressé de contester. Des premières paroles qui furent celle d’un réflexe défensif : Misha ne pouvait pas avoir déclenché cet incendie. Plusieurs non sont sortis d’entre ses lèvres ce matin là, des non devenant de plus en plus fébriles et interrogatifs, comme si le doute s’immisçait peu à peu dans l’esprit d’un Oncle qui a conscience de la rancœur de son neveu. Mais plus il y pensait, plus y se refusait à le croire. Si le fils de son frère veut faire mordre la poussière à quelqu’un, c’est à Wayde et Wayde seul. Il ne prendrait pas la peine de massacrer un tas d’élèves et d’innocent. Misha est un enfant perturbé, il le sait bien, mais il n’est en aucun cas un meurtrier. Car c’est ceux dont l’incendie provoqué lors du bal avec l’air : une tentative de meurtre. Un génocide aussi violent que les précédentes tentatives.

L’ancien Auror s’était alors permis de contester. Voulant exprimer à Evelyn son sérieux doute sur cette affaire, elle ne le laissa cependant pas enchaîner deux phrases. Trop impliqué, sont les mots qu’elle employa. Wayde ne comprit alors pas pourquoi elle tenue si vite à lui annoncer le sujet de la lettre qu’elle avait reçu. Aurait-elle peur du mensonge d’un géniteur ? Qualifierait-elle son opinion trop peu objective ? Les yeux de Wayde ont pourtant bien vu ce qu’ils ont vus. Ses bras ont pourtant bien tirés son Neveu derrière lui, l’éloignant des flammes brûlantes contre lesquelles il était entrain de lutter. Les yeux de Misha, autant rempli de colère que d’une peur qu’il n’admettra jamais, s’exclamait ne rien comprendre. L’ironie et sarcasme peut bien faire partie intégrante de ce garçon, la comédie ne se joint pas au lot.

Depuis des jours, le corps tout entier de Wayde s’irrite de ne pas trouver la moindre réponse. Un élève a pourtant bien foutu le feu à cette pièce, il en est persuadé. Difficile à croire aussi, mais l’inquiétude le submerge également à l’idée que son neveu puisse être coupable, tout autant accusé à tort, sans pouvoir se mêler nullement de cette histoire avant nouvel ordre. La seule chose qui le rassure encore aujourd’hui, c’est le fait que de nombreux témoins semblent attester de l’innocence du jeune Bradford. C’est donc lassé d’une situation invivable que Wayde se permit de répondre à la lettre insultante de son neveu, pour agir finalement. Pourquoi ne l’avait-il pas fait avant ? Pourquoi s’était-il plié à la demande cruelle de la directrice ?

C'est sans surprise que Misha rentre sans frapper dans le bureau du conseiller où Wayde l'attendait. C'est sans surprise que le visage du jeune Bradford n'affiche aucune marque de respect ou de joie. Wayde, se tournant vers son neveu, une tasse café bien noir à la main, sait d'avance que les trente prochaines minutes ne seront pas une partie de plaisir. « J’ai cru que tu ne viendrais pas. » Dit-il aussi désolé que ferme, presque soulagé. Sans doute son neveu avait-il fortement hésité à venir, si encore il n’avait pas carrément changé d’avis à la dernière minute.

Wayde sait que Misha lui en veut. Il se doute du moins que le manque de soutiens qu’il lui a apporté, l’aura sûrement plus déçu que tout. A la fois, il n’était pas sûr qu’il accepterait la moindre aide de son Oncle. Wayde connaît si mal Misha, lui qui peut être si imprévisible, qu’il ose à peine lui montrer la moindre faveur ou la moindre affection. Il ne croit pas son neveu coupable, c’est ce qu’il avait rétorqué à Evelyn que se ficha bien de son avis. Torturé entre l’envie de soutenir le fils de son frère, et de laisser la direction faire les choses dans les règles, il se décida à ne pas agir. Ex-Auror au service du ministère, sauveteur de la veuve et l’orphelin, ses deux esprits ne peuvent cohabités. Et pourtant, ils vivent tous deux en Wayde dans une harmonie difficile et tangible. Evelyn ne voulu de son jugement, et Misha n’aurait certain pas voulu de l’aide de son Oncle. Il a donc suivi les choses de loin, prenant connaissance de l’avancée des évènements. Entendant parler de nombreux témoins de l’innocence de Misha, Wayde se vit rassuré. Dès qu’il reçu la lettre piquante de Misha, il sut qu’il était temps de sortir de sa coquille. Trop tard, c’est une évidence. Mais même les plus sages adultes font des erreurs.

Misha s’avachit sur le fauteuil qui fait face au bureau de Wayde, bureau sur lequel il prend place après en avoir fini de contempler la vue basse que donne le premier étage. Question rhétorique rapidement ignorée, Misha se décide à ne par perdre un seul instant. Que lui veut son oncle ? Ce dernier pensait que la réponse serait évidente. Parler de l’incendie, parler de cette accusation dont Evelyn n’a pas voulu lui parler. Lui fait-elle si peu confiance ? Peut-être veut-il se rattraper et s’excuser d’avoir été aussi faible et mou. Mais la fierté de Wade saurait-elle véritable admettre qu’il a mal agit ? Y’a t’-il véritablement un mal à vouloir conserver son emploi ? Fraîchement assit sur son grand fauteuil de bureau, une mine embêtée perce sur le visage de Wayde. Il aimerait savoir comment Misha se porte, comment il supporte cet enfer. Mais au fond, la réponse, il la connait déjà. L'interroger serait provoquer un sarcasme bien plus grand que lui. Rentrer alors dans le vif du sujet, sans perdre plus de temps, car du temps, ils en ont déjà suffisamment perdus. « Ta lettre. Tu as raison, j’ai fais le mort. J'ai pensé que tu n’accepterais pas mon aide. Tu aurais certainement voulu l'entendre de ma bouche bien avant aujourd'hui mais si ça peut te rassurer, je suis persuadé que tu n'y es pour rien. » Ranger sa fierté est une chose difficile pour Wayde. Mais il est si sûr de lui, qu'il n'a finalement aucun mal à faire comprendre à son neveu, qu'il n'est pas totalement ignare. Il est resté en haleine jusqu'au bout. Enlaçant sa tasse chaude entre ses paumes de main, Wayde enchaîne avec la conviction que son neveu n'en restera pas là. « J’ai cru comprendre que les témoignages ont été concluants, tu seras sûrement sorti d’affaire. Mais il y'a cependant une chose qu'on ne m'a pas dite. Qui t’a balancé ? » Et par ce "qui" la mâchoire de Wayde se contracte. Son regard s'assombri subitement à la simple pensée que quelqu'un ait voulu profiter de l'insolence de son neveu. Insolent peut-être, il n'empêche que ce Poufsouffle intrépide est sous sa responsabilité. Evelyn Appleton n'a pas voulu que Wayde le sache. Mais elle se doutait bien qu'il finirait pas savoir, non ? Alors qui ? Qui aurait manifestement vu son neveu mettre le feu ? Qui semble nourrir l'espoir qu'un coupable soit enfin trouvé ? La personne aura sûrement mal vu. Mais balancer quelqu'un comme cela, si gratuitement avant de se rétracter dans le doute, c'est étrange. Pourquoi a-t'-il fallut que ce soit Misha ? La réponse devrait être bien égal au fond. Qu'est ce que ça changerait ? Mais il se trouve que pour une fois, ce n'est pas l'âme de l'enquêteur qui s'éveille, mais bien celle du protecteur.

Il n’y a pas de bon ou de mauvais jour. Chaque jour est difficile entre eux. Chaque entrevue apporte sa dose de branle-bas. Le calme des premiers abords de Wayde n’empêche pas son neveu de se montrer agacé, sarcastique et mauvais. A chaque fois supplémentaire, Wayde s’étonne toujours encore de rester si contrôlé. Misha, avachit sur la chaise en face de la sienne, n’est absolument pas persuadé de la sincérité des mots de Wayde. C’est pourtant vrai, il ne la jamais cru coupable. Comme tout le monde, il a eu son lot d’hésitation, des moments où le rationnel s’efforçait de montrer le bout de son nez, tout autant que la justice. Des doutes très vites balayés par l’instinct, les réflexions, la logique. Misha n’avait rien fait. Wayde le refusait plus que tout. C’est donc avec beaucoup de certitude qu’il le lui a annoncé. Il ne le pensait pas coupable. Mais l’air condescendant du jeune garçon le force à noircir son regard. Il a peut-être déçu son neveu, mais ce dernier ne cesse de le décevoir lui aussi. « Tu me prends pour quel genre de con exactement ? » Une patience qui commence à s’envoler, une incompréhension tout aussi condescendante perce sur le visage d’un homme qui se montre trop gentil bien trop souvent. Bradford n’est ni un monstre, ni un imbécile. Malgré les froids qui règnent entre son neveu et lui, il sait faire la part des choses. Il sait couvrir d’un voile épais les rancoeurs pour se concentrer sur le plus important. Alors oui, Misha doit certainement le prendre pour un con. Et il en est assez. La sincérité douce du conseiller s’évapore encore plus vite que son café gisant dans une tasse tenue trop ferment par une main dure.

Tant mieux qu’il s’en sorte. Tant mieux si de véritables témoins ont sû attester de son innocence, c’est ce dont Wayde s’était assuré. A part son instinct, Wayde n’avait rien pour attester de l’innocence de son neveu. Ce n’est donc de toute façon pas son Oncle qui lui aura éviter une cellule à Askaban, comme il cite cette prison si bien. Une fois encore, le Poufsouffle ne réfléchit pas une seule seconde avant de parler, se laissant posséder par sa haine et sa mauvaise foi. « Que voulais-tu que je fasse gamin ? Ma parole ne vaudrait rien et tu le sais très bien. » Il se sent attaqué, à force de se défendre. Car c’est bien ce qu’il fait. Wayde se défend, lui et ses valeurs. Il a défendu et aider nombre d’élèves ce soir là, mais ce n’est toujours pas suffisant. Misha le contredira toujours.

A dire blanc, Misha répondra noir. Même lorsqu’il choisira noir l’instant d’après, Misha dira blanc. C’est acté, écrit, une suite logique imparable. Et c’est pour cette raison que la dernière réflexion de Misha sort légèrement Wayde de ses gonds. La rancoeur du jeune homme lui donne le nom du cafteur, un nom qu’il n’avait encore pas entendu de la bouche de Misha. Du moins, il n’en a pas le souvenir. Les reproches vacillent, comme si le seul coupable était l’homme assied derrière ce bureau. Mais il n’y parviendra pas. Misha ne parviendra pas à faire passer son oncle pour un coupable invétéré. Lui aussi, n’est qu’un homme. Il abandonne alors cette tasse de café noir se refroidissant avec les débats de mots. Il se lève de sa chaise dans un besoin de mouvement, de bouger ses jambes, de regarder son neveu plus intensément, de plus haut. Une main agacée se glisse dans l’une des poches de son pantalon. « Sous le coup de l’émotion, face aux flammes, occupé à me soucier de toi au milieu de visages aussi inquiets que des porcs dans un abattoir, tu crois vraiment que j’ai retenu le moindre nom ? Peux-tu seulement être sûr de me l’avoir dit ou ta mauvaise foi perpétuelle se l’invente. » Le moralisateur s’est levé de sa chaise pour faire rage. Son regard autoritaire accroit sur son visage, bien décidé à faire comprendre au gosse de 14 ans que trop de choses lui échappent encore. Mieux encore, il est décidé à lui faire comprendre que Wayde aussi, lui en veut. Après s'être rapidement tourné vers l'extérieur, le visage de Wayde fait à nouveau face à son neveu. Sa main libre pointe un index menaçant dans la direction du Poufsouffle, un instant qui cherche à attirer l’oeil de son enfant impossible, un instant qui actionne le haussement de sa voix. « Je cumule parce que je ne sais plus comment faire avec toi ! Tu ferais tout ce qui est en ton pouvoir pour m’écarter de ta vie et retrouver celle que tu avais. Et même lorsque je prends du recul, tu trouves quelque chose à me reprocher. Comprends bien une chose Misha, tu es invivable. Tu me contredira toujours, peu importe ce que je ferais, c'est dans ta nature. » Il les tient. Ses mots. Il les enchaîne avec une teneur et une certitude incroyable, comme on accroche un public à ses lèvres. Wayde fait dos à sa fenêtre, crispant à présent une main dans chaque poche, faisant tourner ses yeux dans la pièce à la recherche d’un calme olympien qui devrait être le sien. Il termine sa traversée en se rapprochant du bureau, penchant son visage vers le fils de son frère, étalant ses deux paumes de main sur un bois lisse et brillant. « J'admets mes torts. Mais dans tout ça, n’oublies pas que tu as beau me reprocher tout ce qui te vient, le seul suspect jusqu’à présent, c’est toi. Tu veux mon soutien ? Bien. Je ne lâcherais rien. » Derniers mots lâchés avant que l'une de ses paumes de main ne vienne frapper le bois avec conviction. Il ne le lâchera pas. Il ne perdra pas cette gueguerre idiote. Et ce sont autant des menaces que des promesses de soutien. Misha le contredira quoiqu'il fera. Les deux seront alors de mise. Wayde ne sait pas comment s'y prendre avec Misha, alors il tâtera le terrain.

Il aura toujours une réponse à donner. Toujours plus de haine à disperser, plus de colère à externaliser. Il met le feu aux poudres, constamment, à l’opposer, à le traiter de con tout simplement. Patience mise à rude épreuve, responsabilité passée au crible. Que voulait-il faire que Wayde fasse ? Qu’il s’en mêle de trop prêt et l’enrage ? Qu’il ne s’en mêle pas assez et l’indigne ? Qu’il ne s’en mêle pas du tout et le révolte ? Rien ne l’aurait satisfait, alors la question, bien que rhétorique, demande presque véritablement une réponse. Et il l’obtient. Essayer, le soutenir, se montrer présent, voilà ce qu’il aurait voulu. En est-il vraiment sûr ? Pourquoi Wayde se montrerait-il si distant alors ? Depuis qu’il l’a recueillit, Misha démontre son indignation. L’idée ne lui a jamais plus. Depuis le premier jour il en fait voir de toutes les couleurs à son oncle, rien qui ne lui fasse vraiment penser que Misha en aurait quelque chose à faire d’un moindre soutient. « Disons que depuis le premier jour tu ne fais pas grand-chose pour me faire savoir que tu souhaites partager plus qu’un nom de famille. » Sarcasme au regard franc, une voix qui éloigne sans mal la moindre trace de regret.

Puis voilà qu’il le traiterait presque de menteur. Il aurait pu. Mais il préfère mettre la mauvaise foi de Misha en avant. Jamais il ne lui a donné le nom de Finnbjörn, il en est persuadé. Quand bien même ce serait le cas, comment aurait-il pu y prêter attention ? Mais même ça, Misha refuse de l’accepter, ce qui embrase un peu plus la poudre qui dort. L’oncle a fait part de son inquiétude ce soir là, sentiment dont le neveu préfère ne retenir que l’acte pitoyablement héroïque. La mauvaise foi fait son grand retour sur le devant de la scène. A croire que la prochaine fois, Wayde ferait mieux d’apporter toute son attention sur lui et de laisser tous les autres mourir. Quelle importance ont les autres élèves, ils ne sont pas ses neveux, n’est-ce pas ? Misha prend alors des airs Caliméro, et accepte de devenir l’incendiaire si cela peut satisfaire son oncle. Le sujet divague, la dispute hausse le ton et les propos deviennent irrationnels. Le conseiller se met alors à sourire nerveusement. Il n’a aucune réponse à apporter à ce gamin. Ce dernier aura bien le temps de se rendre compte tout seul du ridicule de ses propos. En attendant, il se lâche. Il craque. Les reproches débordent et la patience de Wayde s’évapore.

Il reproche à son tour, ouvre ses pensés et accepte ses erreurs. Il enchaîne les déceptions, les critiques, les engueulades. Il frappe du poing sur la table. Il explose finalement au grand jour, sous la lumière d’une grande fenêtre de laquelle il aimerait se jeter pour ne plus faire face à ce qu’il se fatigue d’opposer en vain. Tout est sorti d’un seul coup, d’une traite. Une vague de colère qui déchaîne le chaos. La conversation n’est plus rattrapable à présent. C’est terminé.

Misha veut retrouver sa vie, son pays, partir loin d’ici. Ce n’est pas une nouveauté. Tout est de la faute de Wayde, ça aussi ce n’est pas nouveau. Il est le bourreau, le pire des deux, celui qui a prit des choix brutaux. Oui. Il a décidé de venir à Poudlard, d’embarquer son neveu avec lui, de l’éloigner de sa famille. Il n’allait pas rester vivre en Russie, c’était la torture de l’un, ou de l’autre. Serrant le poing sur la table, Wayde, lui, ne cesse de s’ouvrir un peu plus alors que son coup de colère ternit. « Cette famille de criminels dont tu parles, ne t’aurait jamais élevé dans le bien ! Je n'allais pas risquer d'entendre le nom de mon neveu intégrer une cellule d'ici une décennie, il était hors de question que je te laisse là-bas, hors de question que je parte vivre en Russie ! Je t’ai pris avec moi sans même le dire à mes parents, eux qui te croient toujours dans ton pays natal. J’essaie de t’épargner de leur mépris et de leurs conneries. Je leur mens continuellement depuis des années pour le bien de ton père, et il le savait ! Tu n’as pas idée des choses que je fais pour te préserver ! Il se pourrait même que ta famille veuille me voir mort à l’heure qu’il est, pour t’avoir arraché à eux, et pourtant, te voilà quand même ! J’ai fais preuve d’égoïsme en t’amenant ici à Poudlard, c’est vrai, mais j’ai fais des tas d’autres concessions. Je me suis juré de te protéger, et je le ferais ! » Misha n’est qu’un gamin. Il ne sait, ni ne connait rien. Il ignore bien le lien qui liait son Oncle et son Père. Il a encore tant de choses à apprendre. Mais lui aussi, se lève de sa chaise, et sort de ses gonds.
Alors oui, Wayde n’est pas parvenu à le protéger sur ce coup là, mais il jure de se rattraper. Davantage en entendant le nom de famille du garçon qui la balancé, baratinant des hypothèses tordues mais bien connues des enquêteurs. Le coupable accusateur, l’accusateur protecteur, ce genre de trucs. Il se nomme Sorensen, nom que l'ex Auror reconnait presque immédiatement, sans grand besoin de faire fonctionner sa mémoire. Il se hâte même à ignorer totalement les propos idiots de son neveu tant ils sont ridicules, tant le nom l'a interpellé. « Tu as bien dis Sorensen ? » Le ton soudainement plus calme, l’esprit plus réfléchit. Sans faiblir sa colère, Wayde reprend après une seconde de latence soudaine. « Je ne te crois pas coupable Misha, ce n’est pas ce que j’ai dis ! Je veux juste te faire comprendre qu’il serait préférable pour toi de faire profil bas quelques temps. Quant à ce stupide Sorensen, je me fiche bien de son amabilité mortifiante, c'est de toi dont il est question ! Cela dit, j’ai déjà entendu parler de sa famille, plutôt influente. -puis d'une voix plus faible qui ne s'adresse qu'à lui-même, Wayde se noie dans les idées- Intéressant… » D’une colère qui s’internalise à nouveau, défait de tout geste brusque, Wayde se plonge à nouveau dans des réflexions intéressés. Il connait le nom du garçon, et il a déjà entendu parler de sa famille, de quoi rendre sa situation très intéressante. Ça ne veut rien dire en soit, mais l’instinct de l’ex Auror ne le quittera jamais. Il étudiera la question. Pensé vive et sûre avant qu’il ne reprenne, décidé à se rasseoir sur la chaise qui fait face à son neveu, toujours debout. La rage filante a soudainement laissé un vide sidérale, une atmosphère pesante, et lourde. « …Qu’importe. Je fais marcher mes contacts au ministère depuis plusieurs jours pour savoir s’ils ont récemment eu à faire à ce genre de menace. On ignore encore si l’attaque venait de l’extérieur, ou tout droit de l’école. Je ne me tourne pas les pouces contrairement à ce que tu crois, et je penche encore moins la balance de la criminalité de ton côté. Mais je peux au moins constater que ta manie à te méfier de tout le monde te fait raisonner de manière intéressante. » Dit-il froidement sur la fin, rapportant son intérêt sur les hypothèses de Misha le désinculpant. Est-ce que ça ressemble à un compliment ? Sa méfiance est celle d'un Bradford, tout comme son raisonnement. Deux coudes viennent se poser sur la table alors qu’une paume de main s’étale sur son visage. Expiration fatiguée, regard maintenu dans la rage et l’intolérance, Wayde se dévoile totalement en sachant qu’à son neveu, il ne devrait rien avoir à cacher. Mais l'air reste lourd, sombre, et à n'importe quel moment, la poudre peut à nouveau s'embraser.

Celui qui trouve toujours les mots, celui qui sait toujours quoi dire à une Femme, à un enfant, à un ennemi, à un ami, se retrouve aujourd’hui nu devant ce qu’il ne peut contrôler. Lui aussi affecté par la mort de son frère, ne se voit pas une seule fois encouragé ou aidé par son neveu. Tous deux se mettent des bâtons dans les roues pour une raison commune : la peine. Tous deux souffrent d’une perte qui les inconfort, une peine qui les empêche d’avancer avec raison. Alors non, Wayde n’a jamais cherché à se débarrasser de Misha. Mais il est bienvenu d’imaginer quelques chose d’aussi simple à avancer, plutôt que de voir ce qui persiste véritablement. Pire encore lorsque les nerfs se chauffent, lorsque les durs esprits Bradford se rencontrent. Wayde lui a donné son impression, celle d’un gamin qui le rejette. Se sentir rejeté provoque la pire rancoeur et Wayde n’échappe pas à cette règle. Depuis le premier jour, il ne sait pas comment faire.

Aujourd’hui, il se libère, il dit tout. Il essaie de faire comprendre au petit que les choses n’ont pas été faciles pour lui non plus. Rien ne l’a été. Privé de sa fille, il s’est retrouvé avec un enfant de 14 ans à charge, l’enfant d’une famille de criminels. Leur histoire de famille est complexe, et Misha ignore un tas de choses, des choses que Wayde révèle peu à peu. La colère est toujours présente, mais elle se voit atténuée par une incompréhension naissante. Misha ignorait donc qu’il avait encore des grands-parents, les parents de Wayde et d’Howard pour être plus précis ? C’est pure folie. Les parents de Wayde sont des personnes compliquées. Toute leur vie ils se sont arraché pour vivre, ils ont sué toutes les gouttes de leur corps pour monter leur petite vie parfaite et créer leurs entreprises. Un fils ingrat qui s’en va, pour utiliser la magie à mauvais escient, ça a forcément crée des étincelles. Ils haïssent leur belle-fille, ils méprisent la Russie. Wayde fut le seul à savoir où ils sont précisément partis. Wayde n’est jamais retourné en Russie après la naissance de Misha pour les préserver tous deux, lui et son père. Qu’est ce qu’un Auror qui ferme les yeux éternellement sur les crimes de son frère ? La solution était simple et unique : adieu. Ils ne devaient plus se voir, accord signé par accolade entre frères. C’est pour cet raison qu’Howard avait toute confiance en Wayde. C’est pour cette raison qu’il avait été désigné tuteur. Mais il ne s’attendait pas à ce que ce soit aussi dur. Oh oui, c’est ce qu’il pourrait lui raconter, maintenant, tout de suite. Mais l’heure n’y est pas. Les esprits sont trop chauds, les poings sont trop serrés. Tout ce que Wayde désire un jour, c’est une conversation en tête à tête, dans le calme, dans un environnement propice. Alors non, Wayde n’est jamais monté au créneau pour une bonne raison. Parce que putain, il aimait son frère. Il aimait son neveu. « Si, ils sont encore bien en vie, et je promet de t’en parler quand on aura plus de temps. » Excuse bidon ou non, Wayde sait qu’il a malgré tout un rendez-vous dans très peu de temps.

Wayde ne pense pas si bien faire en se méfiant du nom Sorensen. Mais une arrivée prochaine saura le faire douter d’avantage : Van Aken. Pour l’instant, la question n’est plus de savoir qui a fait quoi, elle est plutôt de savoir si Misha est innocenté. Et c’est le cas. L’affaire n’est pas classée comme le dit Misha, aux yeux de Wayde elle a plutôt été classé sans suite. Le ministère bosse dessus, du moins il l'espère. Mais il a conscience qu'ils ne trouveront rien. Et rien que pour ça, Wayde ne lâchera rien. Et il semblerait que Misha soit également déterminé à ne rien laisser passer. Ils seront au moins deux sur ce point. Mais au milieu de tout ça, il n’est alors pas étonnant que les Aurors en prennent un coup. Wayde a parlé à beaucoup d’élèves depuis son arrivé, et il est aujourd’hui évident que cette école n’a plus confiance en ses protecteurs. Wayde a su réagir face aux flammes, mais en sera-t-il toujours de même à lui seul ? La triste vérité est simple : il n’est plus Auror. « Je ne suis plus Auror Misha, je n’ai pas le droit d’agir comme tel. Mais si ça ne bouge pas, je m’en priverais pas. Et moi je peux te dire que les branquignols je les secoue. » Son regard déterminé vient se nicher dans le regard aussi bleu de son neveu. Les élèves ne sont pas seuls, et pourtant, c’est l’impression qu’on leur donne. Wayde est venu à Poudlard pour changer ça. A présent, ce sont les Bradford qui ne sont plus seuls. Un poing toque à la porte et se permet de rentrer par la suite sans en avoir l’autorisation. « M’sieur Bradford ? » Un élève de deuxième année passe sa tête dans l’encadrement de la porte et fait soudainement face à deux visages remplis de fatigue et de rage. Le professionnalisme de Wayde coupe court à cette expression dévastatrice et accueil le garçon avec fermeté. « La prochaine fois, attendez que je vous autorise à entrer. Prenez place, je suis à vous dans un instant. » Dit-il en désignant les fauteuils préalablement installés pour ses entretiens. Puis il se tourne une dernière fois vers son neveu, plus discrètement, éloignant un peu plus le ton haussé de tout à l'heure. « Je te promet qu'on reprendra cette conversation. En attendant, ne te fais pas trop remarquer. » Conscient que son neveu fera tout l'inverse, il n'en est pas plus mécontent. L'oncle veut également le voir se battre et prouver sa valeur. Psychologie inversée, c'est bien ce qu'on dit ? Si à ce moment là, il se doutait que Misha viendrait fouiller son bureau ? Pas une seule seconde.