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once upon a time in a land far away (+ junior)
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Message(#) Sujet: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyMer 15 Jan - 23:38

once upon a time in a land far away
junior & erin


Chose promise, chose dûe. Les vacances n’étaient déjà plus qu’un vague souvenir tandis que le Poudlard Express s’éloignait du quai de Londres dans un bruit de fin du monde. Et entre les murs du château, c’était presque comme si elles n’avaient jamais existé. Exception faite des parfaits souvenirs que je conservais de longues heures réparties sur une journée et une soirée, toutes à la fois infernales et paradisiaques. Nos susceptibilités respectives n’avaient pas réussi à ternir durablement notre tête-à-tête et nous nous étions réveillés dans le même lit, tels deux adolescents bravant les interdits que leurs parents absents ne pouvaient même pas formuler. Après cela, les jours s’étaient étirés jusqu’à ce que je pose une fois encore mon séant sur les sièges miteux de ce train bruyant. Finnbjörn ne m’avait pas encore pardonné ce qu’il traitait de fornærmer : un savant mélange d’insolence et de comportement qu’il jugeait effronté. J’étais sincèrement ravie qu’il recommence de nouveau à user de notre langue natale de manière spontanée, quoique rien ne semble jamais réellement impulsif chez mon marmoréen jumeau. Cependant, il n’était pas obligé de se montrer si fâché à mon égard. Nous avions laissé nos différends de côté le temps de notre soirée d’anniversaire, mais l’air était revenu, toujours si glacial. Je commençais presque à être pressée que cette conservation promise ait enfin lieu pour que nous passions à autre chose.

Pas ce soir. Ce ne serait que Junior et moi à nouveau. J’avais fait la promesse à mon meilleur ami que nous nous retrouverions bien rapidement une fois la rentrée subie. Nous avions nos précieux carnets pour communiquer autant que nous le voulions et qu’importe où nous nous trouvions ; nous avions passé une majorité de nos cours assis l’un à côté de l’autre, ne dérogeant, en cela, pas à nos éternelles habitudes ; mais le temps avait coulé entre nos doigts tel l’eau froide du lac et nous étions déjà vendredi soir que je n’avais pas pu profiter un seul instant de la présence plaisante de Junior. Rien que pour moi, cela allait de soi. Le reste ne comptait pas. Alors en cette heure où la Grande Salle était déjà vide, je m’avançais d’un pas souverain dans les couloirs. L’heure du couvre-feu n’était pas encore tombée sur nous, simples élèves que nous étions, mais je ne croisais pourtant que peu des visages abrutis de mes camarades au milieu des murs sombres recouverts de tableaux. Les flammes des nombreuses chandelles qui éclairent vaguement les corridors dansent dans mes prunelles claires. Mon regard accroche les portes closes de la Grande Salle et les paroles de la directrice au moment du retour des vacances me poursuivent quelques pas durant. Ses insipides paroles de tolérance ne m’inspiraient qu’une haine brûlante : je me languissais de voir son putride pouvoir prendre fin pour qu’enfin quelqu’un de digne et respectable occupe cette fonction. C’était le souvenir d’autres flammes qui valsaient dans mes pupilles tandis que je m’enfonçais dans les étages en direction des cachots. Les regrets n’alourdissaient jamais mes pensées. Mais peut-être que, pour une fois, rarissime, le remords d’avoir compté, à tort, sur l’intervention des nôtres pour nous éviter une déconvenue fumante me pesait.

Ce n’était néanmoins pas le genre de sentiment que je conservais très longtemps, préférant de loin retrouver mon sourire fauve alors que j’approchais de l’entrée des cachots des Serpentard. Appuyée contre un pilier, il ne me reste plus qu’à attendre qu’on vienne m’ouvrir la voie et qu’un tout nouveau royaume s’ouvre enfin à sa reine. Pour l’instant, je comptais conserver ce petit secret pour moi et Junior. Mais un jour viendrait où je pourrais l’agiter sous le nez hautainement agacé de mon jumeau adoré. Nous rêvions de faire partie de Serpentard depuis que nous avions appris que notre scolarité s’effectuerait sur ces terres. Ni l’un ni l’autre n’avions eu cette chance. J’étais obligée de supporter l’horrible vue de ces blaireaux et mon frère se pavanait dans les tours lionnesques de Gryffondor. Mais de nous deux, je serais la seule à avoir franchi la frontière de cet onirique empire. Cette perspective me rendait impatiente, un empressement exprimé par mes doigts qui pianotaient la quatrième symphonie de Hooper sur mon avant-bras.

Il était inenvisageable que personne ne vienne percer le chemin qui devait être le mien. C’était tout bonnement inacceptable. Personne ne se mettait en travers de ma route, encore moins lorsque j’étais entrain de rejoindre Junior. Je n’avais guère de notion du temps lorsque mon impétuosité prenait le dessus, aussi étais-je incapable de dire combien de minutes je passais, seule dans ces sous-sols, avant qu’un nez ne se dévoile à l’autre bout du corridor. Je n’exagérais rien : l’inélégance de ses traits était de taille à rivaliser avec la grandeur de son nez. Une moue écoeurée flotta quelques secondes sur mes traits avant que mon sourire réjoui ne reprenne sa place. À la suite de cette hideuse figure, je pénétrais enfin dans la salle commune que j’aurais voulu pouvoir faire mienne. La vanité de cette maison s’exprimait à travers le moindre ornement, du tapis aux moulures de la cheminée. La vue d’impurs se prélassant ici comme ils le faisaient dans le reste du château fit perdre de sa superbe à l’image artificielle que j’avais du lieu. Je réfrénais mon envie de jouer quelques tours : je ne venais pas pour cela. Mon regard opalescent ne parvint pas à trouver celui que je cherchais. Il devait pourtant se trouver dans sa salle commune : je ne pouvais l’imaginer ailleurs. La pensée vicieuse qu’il se trouvait peut-être occupé quelque part ailleurs avec quelqu’un d’autre me laissa le goût amer d’un affront terrible. Certes, je ne l’avais pas prévenu de ma venue, mais lui ne m’avait point parlé d’un quelconque rendez-vous en cette soirée de fin de semaine.

J’en déduisais donc qu’il se trouvait dans son dortoir. Parfait : nous n’en serions que plus tranquilles. Je trouvais sans mal la direction des chambres et je me dirigeais à l’opposé des gloussements pitoyables qui provenaient d’une chambre que j’identifiais comme féminine. Ces premières années avaient l’insupportable manie de pouffer à propos de tout et n’importe quoi. Cela ne changeait nullement d’une maison à une autre. Je m’étais représenté la salle commune des Verts et Argents comme un antre de noblesse et distinction, force était de constater qu’elle était à l’image de Poudlard tout entier : décadente. Fronçant le nez de dégoût, je décidai que ça n’avait guère d’importance pour ce soir. Première, deuxième, troisième année, les indications se déclinaient sur les portes noires recouvertes de fines dorures. Parvenue devant le cinquième battant, l’envie était trop forte de jouer un petit tour à mon meilleur ami. Levant le poing, je toquais deux coups puissants contre le bois et fit un pas à gauche lorsque le visage aristocratique de Junior se dessina dans l’ouverture. Ne voyant rien ni personne, il referma la porte dans un claquement sec qui étira un peu plus mon sourire. Je réitèrai l’opération une seconde fois, satisfaite de constater qu’il faisait quelques pas dans le couloir cette fois-ci. Je me glissais dans son dos, non sans frôler son épaule du bout des doigts. La situation était encore plus délicieuse et amusante que je ne l’avais imaginée.

J’étais enfin dans son dortoir. C’était bien moins prestigieux que sa chambre à Londres, il fallait le reconnaître, mais je reconnus sans aucun mal le lit qu’il s’était choisi. Il y avait comme sa présence qui s’en dégageait, telle une aura tout à fait française. Je pris quelques longues secondes pour étudier les lieux, puis son visage concentré sur le livre qu’il récupéra du bout des doigts, avant de m’asseoir sur le lit en face du sien. J’espérrrais un accueil plus chaleurrreux. Mais au moins, cette fois, tu es là fais-je d’un ton moqueur avant d’ôter la cape d’invisibilité qui me recouvre toute entière pour dévoiler mon visage. Surrrprrrise ! rajouté-je, mes yeux pétillants d’une lueur hilare.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyJeu 16 Jan - 2:07



once upon a time in a land far away
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

L’heure du couvre-feu n’était pas encore tombée mais il me semblait que depuis cette nouvelle rentrée, personne ne prenait véritablement la peine de mettre le nez dehors bien tard. Est-ce que c’était les événements de Noël qui laissaient derrière eux cet arrière goût de danger ? Ça n’était pas totalement impossible... Je reconnaissais sans mal me sentir moins à l’aise dans les couloirs sombres de Poudlard qu’à l’accoutumée, de même qu’il était difficile de fermer les yeux sans avoir l’impression grandissante d’être pris au piège. C’était ridicule, sans doute, peut-être n’avions-nous vraiment rien craint mais il restait une part de moi qui refusait cette évidence troublante. Mon père était resté vague. Il n’avait pas vanté son implication dans cette menace encore floue mais il n’avait pas non plus prétendu que ça ne venait pas de nous. Il me semblait seulement qu’il n’en savait rien et que son ego piqué au vif refusait d’admettre qu’il avait été laissé de côté dans cette affaire. Comme moi... J’aurais aimé prétendre « comme nous » mais l’attitude de Finnbjörn me poussait à croire qu’il en savait bien plus qu’il ne le laissait paraître. Alors pour ne pas nuire à l’image de l’importance toute paternelle, je m’étais contenté de me taire. Qu’on pense que j’en savais autant que les autres était probablement ce qui pouvait arriver de mieux ! Mais j’avais tout tu par la même occasion... Notre ignorance complète sur le sujet et les séquelles que ça avait laissé chez moi. Les réveils en sursaut pour avoir senti encore l’odeur piquante des flammes, la distance que je ressentais face à cet ami qui ne m’avait jamais tant paru inaccessible, la nuit qui m’apparaissait plus terrifiante encore... Pour la première fois de ma vie (la deuxième peut-être, encore que les restes s’étaient estompés avec le temps), j’avais compris que la pureté de mon sang et la noblesse de ma famille ne m’éviteraient pas tous les dangers... Quoi qu’il se passe, il fallait penser autrement et ne pas aveuglément faire confiance à des préceptes qui, bien que justes, ne pouvaient pas m’apporter toute la protection que j’espérais... C’était fort de cette déduction qui m’était apparu comme une évidence durant les vacances que j’avais décidé de rejoindre l’équipe de Serpentard et ses joueurs à l’impureté répugnante. Faire profil bas et pouvoir prétendre, dans le pire des cas, être en train de chercher une once de rédemption au milieu de la vermine. C’était bien le seul endroit où je pouvais me risquer à tomber aussi bas sans que mes proches ne puissent me reprocher quoi que ce soit. Après tout, c’était un sport plus que sorcier et il était inadmissible qu’aucun d’entre nous ne foule le terrain sous nos couleurs… Je n’étais pas certain que cette entreprise soit bonne mais je n’avais de toute façon aucune autre option potentielle. Il fallait jouer sur deux tableaux, dans le doute, alors que les deux m’échappaient tout entier. Je faisais au mieux et advienne que pourra…

Confortablement installé sur mon lit, des lueurs sous-marines changeantes dansant devant les lucarnes en face de moi, je terminai distraitement le roman glissé par mon père dans mes bagages. Il devait paraître quelques semaines plus tard et, comme à notre habitude, je servais d’ultime cobaye. Malheureusement, il n’était pas à la hauteur de ce que j’en avais attendu. Je m’étais rapidement lassé du sentimentalisme des personnages et supposais que ma mère aurait été plus sensible à cette histoire que moi. Les aventures de petits orphelins désargentés qui, à force de travail et de courage, réussissaient à atteindre les plus hautes sphères de notre société ne touchaient aucune corde sensible et je ne m’identifiais à rien. Je continuais, encore et encore, dans le seul espoir qu’il se ramasse à la fin même si j’avais fini par me faire à l’idée qu’il épouserait la gueuse qu’il côtoyait depuis toujours et qu’ils seraient heureux jusqu’à la fin des temps… Il n’y avait ni sang ni larmes, rien qui ressemblait à des sang-de-bourbes maltraités ou des moldus massacrés… (Je savais pertinemment que ça n’était pas dans un catalogue officiel que nous pouvions mettre en avant ce type d’oeuvres, mais elles n’en restaient pas moins plus attrayantes à mes yeux.) En d’autres termes, ce livre était d’une banalité à faire peur et d’un ennui mortel. Un soupir venait de m’échapper lorsqu’on frappa à la porte de ma chambre. Je n’avais rien contre l’idée d’être tiré de ce long, très long, fleuve tranquille, aussi je quittai prestement mon lit en abandonnant mon occupation derrière moi sans l’ombre d’un regret. J’abandonnai ma main sur la poignée et ouvris distraitement… pour tomber nez-à-nez avec le mur du couloir. Je fronçai légèrement les sourcils, jetai un regard à droite puis à gauche mais le couloir semblait désert. J’étais d’accord pour être distrait, pas pour être pris pour un imbécile. Cette année, les nouvelles recrues me paraissaient plus stupides encore que les années précédentes, aussi j’imaginais sans mal qu’un petit malin se croyait drôle et ricanait comme l’imbécile qu’il était quelques mètres plus loin. Je secouai la tête, désespéré par tant de bêtise, et laissai claquer la porte derrière moi. Je n’eus même pas le temps de retrouver mon lit que l’on frappa à nouveau. Je voulais bien me montrer d’une patience d’ange, la même que l’on me connaissait d’ordinaire, mais il ne fallait tout de même pas qu’il s’amuse à ça toute la soirée, il risquait, qui qu’il soit, de retrouver la porte de son dortoir coincée durant la nuit et oublier jusqu’à l’espoir d’en sortir demain… J’ouvris à nouveau sans plus de résultat. Personne… Je retins un soupir en m’avançant dans le couloir dans l’espoir d’apercevoir quelque chose. Une ombre, un dortoir entrouvert… Mais rien. Strictement rien… Tout paraissait aussi calme que lorsque j’étais rentré dans le mien. Il n’y avait que l’impression d’un frôlement sur mon épaule et le parfum reconnaissable entre mille d’Erin. Jusque là, je n’avais pas supposé qu’elle me manquait plus que cela. Nous passions nos journées assis l’un à côté de l’autre, elle était assurément la personne avec laquelle je passais le plus de temps sur une semaine… Aussi que mon inconscient ne me l’impose avec tant de naturel me gêna autant que cela m’amusa. Je finis par faire demi-tour, en espérant seulement que ça ne recommencerait pas une troisième fois, et me remis tranquillement sur mon lit en récupérant le livre que j’y avais négligemment balancé.

J’espérrrais un accueil plus chaleurrreux. Mais au moins, cette fois, tu es là, déclara la voix moqueuse de ma meilleure amie à quelques dizaines de centimètres de mon lit.

Je sursautai malgré moi tout en dardant un regard des plus surpris dans sa direction. Ce fut ce moment-là qu’elle choisit pour ôter un tissu brillant et dévoiler son joli minois qui n’avait de toute évidence rien à faire là. Je restai hébété un instant, incapable de savoir quelle réaction adopter. Étrangement, je sentais mon intimité violée. Ça n’avait pas beaucoup de sens, pourtant, elle prenait ma chambre pour la sienne et partager mon lit avec elle m’avait paru d’une évidence toute naturelle. Elle y était à sa place, sans le moindre doute. Mais ici, dans ce dortoir commun, ça me semblait affreusement différent. Je n’avais pourtant pas grand chose à cacher… Il y avait seulement une photo de mes parents sur ma table de nuit, la lettre d’une cousine reçue le matin même abandonnée à côté et une balle appartenant à mon chat gisant telle une offrande au pied du lit. Mon bureau était peut-être un peu moins bien rangé qu’à l’ordinaire mais ça n’était que des livres maladroitement empilés faute de place, des parchemins de cours et quelques brouillons de devoirs à venir, la plume qu’elle m’avait offerte à Noël plantée dans un lourd socle ouvragé comme seul signe d’une richesse que j’étalais d’ordinaire avec joie… Dans le petit espace qui m’était alloué ici, il n’y avait rien de choquant ni d’honteux, tout Poudlard aurait pu y passer qu’on aurait eu bien du mal à trouver quoi que ce soit à y redire. Mais c’était un cocon où personne ne mettait jamais les pieds, personne avec qui je ne le partageais pas du moins, et je crois que j’aurais aimé que ça le reste. Avec le recul, je pense que j’avais brusquement pris conscience, au moment où elle m’était apparue, que l’endroit me paraissait affreusement indigne, tant de moi que d’elle, ce qui accentuait la gêne abstraite que sa présence avait fait naître. C’était d’une bêtise incroyable, évidemment, son dortoir à elle ne devant pas être bien différent de celui-là. Nous étions à Poudlard, il était difficile de trouver plus triviaux que ces dortoirs tous identiques qui s’étalaient le long du couloir…

Surrrprrrise, rajouta-t-elle, ses yeux de glace pétillant d’amusement.

Je me ressaisis enfin et laissai mes lèvres s’étirer d’un sourire discret. Celui-là même qu’il était courant de me voir arborer à la moindre occasion. Elle savait sûrement mieux que quiconque que je détestais être ainsi pris au dépourvu et elle devait très certainement trouver la situation à son goût. Moi, j’étais pris entre deux feux : d’un côté il était évident que j’étais content de la voir, d’autant plus là que personne ne viendrait la ravir, mais d’un autre, elle me mettait au pied du mur et me sentir ainsi acculé ne me donnait guère envie de faire grand effort. Je passai la main sur mon visage sans jamais cesser de la fixer puis je me laissai retomber sur mes oreillers, le dos contre le mur.

Ne refais jamais ça. Déjà, j’ai frôlé la crise cardiaque. Et puis on prévient avant d’entrer chez les gens ! C'est que tu aurais eu l’air bien fine si je n’avais pas été seul, tiens...

Je levais les yeux au ciel avec exagération et finis par lui jeter un coussin en guise de réprimande. Il ne m’avait pas fallu bien longtemps pour me radoucir mais j’espérais sincèrement qu’elle n’en ferait pas une habitude ! Qu’elle vienne, je n’avais rien contre (c’était probablement cette première fois qui rendait la situation gênante, les prochaines seraient différentes) mais qu’elle ait au moins la décence de prévenir avant ! Après, il était évident qu’il n’y aurait eu absolument personne sinon mes colocataires mais c’était seulement en hommage à Charles-Auguste qui m’avait ruiné toute une partie de notre anniversaire… Elle pouvait bien croire qu’elle n’était pas la seule à s’amouracher du premier bon parti de passage, ça ne lui ferait pas de mal. Et j’aimais à imaginer qu’elle ne le vivrait pas mieux que moi... Je consentis seulement maintenant à abandonner le fond de mon lit pour me rapprocher d’elle. Je tendis distraitement le bras et mes doigts glissèrent sur l’étoffe de sa cape tandis que j’y posais un regard suspicieux.

Donc maintenant tu joues les espionnes invisibles, c’est ça ?

Ça lui ressemblait tout-à-fait et je la revoyais encore m’embarquer à la suite de Sherwin et Pumpkin lors de leur réception… Mon sourire se fit plus franc alors que je lâchais un soupir audible et résigné comme si je tranchais enfin après une longue lutte intérieure.

Mais... d’accord. C’est une bonne surprise.

Ce qui ne m’empêchait pas de ne pas porter les surprises, quelles qu’elles soient, dans mon coeur, bien évidemment. Mais je voulais bien faire une petite exception pour celle-ci, parce qu'elle venait d'elle…
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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyVen 17 Jan - 13:29

once upon a time in a land far away
junior & erin


L’amusement enfantin qui faisait étinceler mon regard vacilla face à la mine presque déconfite de Junior. J’abandonne mon sourire moqueur pour lui préférer une moue contrariée. J’espérais recevoir un meilleur accueil de sa part. Mes précédentes paroles moqueuses s’approchaient donc bien trop de la vérité à mon goût : son air gêné me faisait l’effet d’un revers glacial. Je n’avais pourtant pas poussé la plaisanterie jusqu’à le rendre fou, alors que les opportunités ne manquaient pas. Il était si facile de se jouer des autres qui ne pouvaient pas me voir, une fois vêtue de ma cape d’invisibilité. J’étais convaincue qu’il s’amuserait de découvrir brusquement mon visage au milieu de son dortoir et je m’étais languie toute la semaine de l’étonnement qui écarquillerait ses yeux. La scène n’était pas à la hauteur de mes espérances et je ne parvenais même pas à me jouer de son air défait. Je l’associais bien trop à une déception de me trouver ici et cela me vexait profondément. Même son sourire habituel qui vient ourler ses lèvres après ces quelques secondes de flottement n’est pas suffisant pour vaincre ma contrariété première. Junior ne fit aucun effort de plus, passant sa main sur son visage dans un geste las et se laissa retomber sur ses oreillers. Un air hautainement boudeur prend possession de mes traits alors qu’il me somme de ne jamais lui refaire cette surprise. Aucune chance que je recommence, c’était certain. Toute à ma fâcheuse déconvenue, je ne prends pas la peine d’envisager la situation sous un autre angle et d’imaginer que mon meilleur ami, qui n’a jamais aimé les surprises, pouvait détester se retrouver ainsi devant le fait accompli. Tout de même ! c’était moi et non pas n’importe qui. De toute façon, même dans la meilleure des humeurs, jamais cette pensée n’aurait suffi à m’arrêter. Présentement, je ne pouvais pas me délecter de cet embarras que j’avais créé volontairement, mon orgueil profondément touché par l’idée qu’il ne soit pas content du tout de me voir. Sa petite référence à un sujet qui avait émaillé toute notre soirée d’anniversaire et qui avait bien failli la noircir complètement achève de rendre ma moue définitivement boudeuse et hautaine. Je ne rrrecommencerrrai pas, ça, c’est cerrrtain répliqué-je, vexée. J’ai frrrappé à ta porrrte, je te signale fais-je de toute ma mauvaise foi. Et si tu n’avais pas été seul je serrrais simplement parrrtie. Je me renfrogne à ce seul sous-entendu tout à fait explicite. Il ne me parle pas de ses compagnons de chambre mais bel et bien d’une fille. J’avais beau affirmer que je ne serais pas restée, peut-être n’était-ce pas tout à fait vrai. Jusqu’alors, personne n’était au courant de ma possession nouvelle, et j’aurais tout à fait pu en profiter pour jouer quelques tours à l’idiote qui se croyait à la hauteur de mon meilleur ami. Encorrre que je ne vois pas de qui tu pourrrais vouloirrr la compagnie dans cette maison, elles sont toutes banalement vulgairrres terminé-je un ton plus bas et plus maussade. Le voir lever les yeux au ciel me donne envie de lui tirer la langue et je ne me prive pas de ce geste parfaitement mature avant de détourner le regard, impérieusement grognon.

Je ne perçois donc l’oreiller que lorsqu’il entre dans mon champ de vision et il est déjà trop tard pour que je ne le prenne pas en pleine figure. Son odeur s’en dégageait avec force et c’en était d’autant plus agaçant. Mes yeux assombris par l’irritation le suivent tandis qu’il quitte son lit. Je ramène mes jambes contre moi, m’installant en tailleur un petit peu plus loin, marquant ostensiblement une vague fuite volontaire. Je n’allais pas bien loin cependant. Ma cape coule jusqu’à ma taille alors que je me saisis de l’oreiller abandonné pour le poser sur mes cuisses. Je peux jouer les amies invisibles, si tu prrréfèrrres répondis-je, toujours vexée par son manque flagrant d’enthousiasme. Nos regards luttent l’un contre l’autre quelques secondes encore. Je n’ai pas envie d’abandonner cette bataille là, ni aucune autre d’ailleurs, mais son sourire qui se fait plus expansif parvient à ravir un tressaillement à mes lèvres. Alors je cède à mon tour, laissant fleurir mon éternel sourire impertinent. Évidemment que c’était une bonne surprise et je laisse ma pensée s’exprimer par un outrancier roulement d’yeux. Je sais fais-je avec aplomb. Mais si tu ne sais pas l’apprrrécier à sa juste valeurrr, j’irrrais ailleurrrs la prrrochaine fois. Ce n’était pas parce que je souriais de bon coeur que ma susceptibilité n’était pas encore un peu piquée. Il était prévenu.

En quelques rapides mouvement, je retire complètement la cape et la pose en boule à côté de moi. Par nature je n’étais pas soignée avec mes affaires, loin d’être le genre de personne à trier ses plumes par couleur ou à ranger ses livres par ordre alphabétique. Je m’étonnais d’ailleurs que le bureau de Junior ne soit pas maniaquement ordonné. C’est un cadeau de moi à moi expliqué-je tandis que mes doigts fins se délestaient du tissu. Cela faisait bien longtemps que je ne demandais plus de cadeau matériel à mes parents, préférant largement les délester d’une bourse lourde de Gallions pour acheter ce qu’il me plaisait. Ils n’y voyaient aucun inconvénient, assurément parce que Grand-Père n’avait formulé aucune objection, et tout le monde était ainsi satisfait. Moi la première J’en voulais une depuis longtemps et une boutique de l’Allée des Embrrrûmes possédait celle-ci. Le vendeur avait d’ailleurs essayé de me la vendre à un prix exorbitant, son ego probablement galvanisé à la vue d’une adolescente seule dans ce coin-là de Londres. Il n’était pas resté longtemps satisfait de lui-même et j’étais à peu près sûre de l’avoir entendu glapir lorsque j’étais partie, dévoilant mon nom à cet idiot. Impulsive, je laissais les fins calculs Finnbjörn, qui aurait sûrement vu dans cet acte une décision irréfléchie : désormais, mon Grand-Père était peut-être au courant de mon achat. Mais moi, je n’y pensais même pas. C’est merrrveilleux, non ? fais-je avec un sourire un peu plus grand. Nous pouvions tenir à deux sous le tissu presque liquide. Un champ des possibles infinis s’offrait à nous et j’avais hâte de l’explorer avec mon meilleur ami.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyVen 17 Jan - 20:17



once upon a time in a land far away
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

L’arrivée d’Erin jeta un froid perplexe dans le dortoir. Je ne réagis pas, me contentant de la fixer bêtement. Qu’est-ce qu’elle espérait, hein ? Que je saute de joie à l’idée de la voir débarquer à l’improviste dans le seul endroit de cette école qui n’était pas encore un véritable lieu de passage ? Sûrement… Pourtant, c’était mal me connaître. Bien sûr que sa présence me faisait plaisir et que j’étais content de la voir (j’étais toujours content de la voir !) mais j’aurais aimé que les choses se fassent autrement. Qu’elle me demande mon avis. Ou tout du moins qu’elle me prévienne… Son sourire s’était fait la malle et elle ne semblait plus aussi enthousiaste qu’à son arrivée. Je ne doutais pas une seule seconde qu’elle m’en voyait seul responsable et n’avait pas pris la peine de se remettre une seule seconde en question. Qu’est-ce que ça pouvait faire que je passe mon existence à me plaindre à chaque fois qu’on me prenait au dépourvu de la sorte ? Pourquoi aurait-elle dû se sentir concernée par quelque chose qui ne la touchait pas directement ? Ça ne m’étonnait pas vraiment mais je ne m’en sentis pas moins vexé. J’aurais aimé qu’elle sache d’avance que ça ne me plairait pas, juste parce qu’on était censés se connaître assez pour ça. Et là, elle prendrait la mouche parce qu’elle n’avait pas été accueillie comme la Reine qu’elle était. Évidemment… Notre entrevue n’avait même pas encore commencé qu’elle m’épuisait déjà. Tout ça pour une bêtise que je n’avais jamais demandée…!

Je ne rrrecommencerrrai pas, ça, c’est cerrrtain.

Je levai les yeux au ciel une fois de plus en l’entendant. Son air boudeur laissait plus largement entendre qu’elle ne reviendrait absolument jamais plutôt que de seulement prendre en considération la possibilité de m’avertir de sa venue. Je n’étais même pas en tort mais ne pouvais m’empêcher de ressentir une infime culpabilité poindre dans mes veines face à sa moue vexée. C’était le genre de choses qui n’arrivait bien qu’avec elle. Sûrement parce que d’aussi loin que je puisse me souvenir, c’était la seule à qui j’ai jamais vraiment tenu. Je doutais parfois de la réciprocité de tout ça, supposant sans mal qu’entre elle et moi, c’était elle qu’elle choisirait. La preuve, même moindre, en était encore là. Mais c’était sûrement Erin dans toute sa splendeur, il aurait été ridicule d’en attendre autre chose. Qu’importe l’espoir tenace…

J’ai frrrappé à ta porrrte, je te signale, me fit-elle savoir, déclenchant un soupir aussi agacé qu’amusé. J’étais néanmoins rassuré à l’idée que le parfum que j’avais cru sentir, comme si mon inconscient me renvoyait à elle alors même que je venais seulement de la quitter, n’était pas le fruit de mon imagination. L’idiot de gamin, c’était elle, et le fantasme odorant, c’était elle également. Et si tu n’avais pas été seul je serrrais simplement parrrtie.

Je l’espérais, en effet ! Ça ne m’était jamais arrivé jusque là mais je savais avec une certitude troublante que le souvenir de cette présence invisible n’allait pas me laisser tranquille tout de suite… Que ça soit pour inviter qui que ce soit à partager un instant mon dortoir que pour y vivre tout simplement. J’imaginais bien qu’elle n’allait pas rester là indéfiniment et qu’elle aurait bien mieux à faire de son bien que de squatter ma chambre jusqu’à la fin des temps mais… Comment savoir ? Il me fallait trouver une solution d’ici la prochaine fois.

Encorrre que je ne vois pas de qui tu pourrrais vouloirrr la compagnie dans cette maison, elles sont toutes banalement vulgairrres.

Elle marquait un point mais je ne me laissai pas démonter pour autant et me contentai de hausser les épaules comme si, moi, je le voyais très bien. En réalité, des filles qu’il y avait à Serpentard, seule notre préfète était potentiellement fréquentable mais elle n’était ni vraiment jolie ni très bien entourée… Je doutais qu’Erin puisse statuer sur ce premier point, je n’avais pas l’habitude de parler de mes goûts en matière de demoiselle avec elle… Quant au deuxième… Il était toujours plus simple de changer les fréquentations de quelqu’un que de purifier son sang. Elle ferait parfaitement l’affaire pour ce soir ! Après tout, ce n’était qu’une ombre flottant vaguement sur le temps que je passais loin de ma meilleure amie, rien de plus… Je n’attendis pas davantage pour l’attaquer lâchement à coup de coussin dans l’espoir de dérider un peu la situation. Un sourire victorieux étira mes lèvres alors qu’elle se le prenait en pleine tête puis je finis enfin par bouger vraiment. Je sentais son regard détailler le moindre de mes gestes et ne cherchai pas une seule seconde à m’en défaire. Elle ramena ses jambes contre elle au moment où je m’en rapprochais, marquant ainsi un éloignement évident qui me peina plus que je l’aurais cru. Mon visage s’assombrit légèrement alors que je respectais son choix et gardais au maximum mes distances, effleurant seulement un pan du tissu qui reposait sur le lit.

Je peux jouer les amies invisibles, si tu prrréfèrrres.
Non, je ne le préfère pas, déclarai-je simplement, mais après tu es bien libre de faire ce que tu veux.

Je ne la forçais à rien, ni à me fuir ni à me supporter. Je ne l’avais d’ailleurs jamais fait et si cette amitié parfois un peu bancale existait depuis si longtemps, c’était seulement parce qu’elle l’avait bien voulu également. Son regard s’accrocha au mien et je le soutins un moment. Je ne savais pas vraiment ce qu’elle me voulait, ce soir, mais je n’étais pas décidé à la laisser s’enfuir si facilement. J’aimais à croire que ça n’était pas seulement pour me montrer sa trouvaille. Elle avait une semaine entière pour le faire, se glisser illégalement jusque là n’était pas d’une parfaite nécessité. Mais avec Erin, on n’était jamais sûr de rien… Le combat ridicule que nous venions d’entamer, à chercher presque celui qui détournerait les yeux en premier, me tira un sourire plus sincère et plus amusé. Je n’étais pas doué pour tenir mes humeurs très longtemps avec elle et quand bien même je n’avais véritablement pas apprécié son entrée et le viol sauvage de mon intimité, j’étais bien incapable de lui en tenir rigueur davantage. Son visage se fendit à son tour avant qu’elle ne roule des yeux avec une exagération presque théâtrale.

Je sais. Mais si tu ne sais pas l’apprrrécier à sa juste valeurrr, j’irrrai ailleurrrs la prrrochaine fois.

Je pris alors l’air le plus prétentieux et sûr de moi que je pouvais avoir en stock, une esquisse presque séductrice dansant dans sur mes lèvres qu’au fond de mes yeux clairs, et affichai clairement le doute que sa menace m’inspirait.

Je suis sûr que tes pas te mèneraient quand même jusqu’ici, mon amour. Tu avais tout Poudlard à portée de main et c’est dans mon dortoir qui tu es venue te perdre… Avoue que tu es incapable de te passer de moi.

En réalité, je n’en étais pas aussi certain, même s’il y avait sûrement une petite part de vérité derrière tout ça. De toutes les options qu’offrait Poudlard, c’était quand même celle-ci qu’elle avait choisi. Probablement l’une des moins palpitantes du lot. Elle aurait pu profiter de la salle de bain des préfets qui, disait-on, était d’un luxe inégalable, fouiner dans le bureau de la directrice pour essayer d’en apprendre davantage sur ses intentions ou se glisser dans la Réserve pour mettre la main sur ce qu’on nous interdisait de savoir (et qui aurait pu être utile pour exterminer toute une partie de la population) mais au lieu de ça, elle était venue me voir, moi, alors qu’elle me voyait tous les jours. Ma déduction me tira une moue convaincue et, sans vouloir me l’avouer, satisfaite. Erin se défit alors de sa cape et l’abandonna à côté d’elle, comme s’il était question d’un tissu sans importance.

C’est un cadeau de moi à moi.

Madame se gâtait ! Son aveu me tira un sourire plus grand. C’était souvent les meilleurs cadeaux qu’on pouvait recevoir, certain à cent pour-cents que la surprise ne serait pas mauvaise.

J’en voulais une depuis longtemps et une boutique de l’Allée des Embrrrûmes possédait celle-ci, reprit-elle alors que je hochais simplement la tête. Je n’étais pas un très grand adepte de cet endroit, contrairement à quelques cousins qui y traînaient bien trop pour ne pas finir par paraître affreusement louches. Les boutiques étaient d’un goût douteux et les fréquentations me laissaient toujours un peu craindre pour ma vie. Mais que les Sørensen, du moins Erin, en soient friands, ça n’avait rien de surprenant. J’y voyais très bien Finnbjörn également, soit dit en passant. C’est merrrveilleux, non ?

Son enthousiasme me tira un rire discret, accentué par l’élargissement de son sourire. Mon regard glissa sur la boule de tissu posée sur le lit et remonta machinalement le long du bras de la Poufsouffle pour se reposer enfin sur son visage.

J’ose espérer que tu as des projets plus ambitieux que de venir me tenir compagnie la nuit…? …non pas que j’y vois la moindre objection, bien sûr… Mais ça ne serait pas franchement à la hauteur d’une telle cape.

La supposition qu’elle puisse se faufiler jusqu’ici au milieu de la nuit couplée au souvenir de sa chaleur rassurante s’étendant sous mes draps me troubla une seconde à peine mais je ne laissai rien entrevoir, sinon un sourire gentiment taquin. Je ne doutais pas une seule seconde qu’elle ait pu déjà tout prévoir. Le château vivait sûrement ces derniers instants de calme et le pauvre n’en savait rien.

Sérieusement…? Quel est le programme, ma belle espionne ?

Après avoir risqué ma vie sur un toit trempé seulement pour qu'elle puisse profiter de la neige et franchi tous les interdits que pouvait bien encore comporter ma vie, il était évident qu'il en faudrait beaucoup pour que je ne la suive pas aveuglément dans ses bêtises...
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Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Sam 18 Jan - 14:29, édité 3 fois
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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptySam 18 Jan - 12:49

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Seul un silence suspendu entre Junior et moi fait écho à mes paroles fâchées. Ce moment ne prenait pas la tournure que je lui avais imaginée, ce qui me contrariait au plus haut point. Ce n’était plus que yeux levés au ciel, moues boudeuses et soupirs réticents. Une symphonie dissonante à mes oreilles qui n’avaient espéré rien de moins qu’un harmonieux concerto à quatre mains. Malgré une amitié vieille de plusieurs années déjà, nous étions incapables de maintenir ces phases exaspérées loin de nous. Mais là où j’étais capable de ne plus parler à Finnbjörn des jours entiers quand il titillait ma susceptibilité, Junior parvenait à passer mes réticences en quelques minutes seulement. Les pires des cas duraient quelques heures mais uniquement car nous nous séparions pour vaquer chacun à nos occupations. Lorsque nous restions l’un avec l’autre, cela ne pouvait jamais durer bien longtemps. À l’image de notre soirée d’anniversaire : même le coup fatal apporté par une dernière mention à Charles-Auguste n’était pas parvenu à nous brouiller définitivement. Brisant une dernière fois les convenances, nous nous étions tout simplement endormis l’un avec l’autre, dans une réconciliation muette. Tandis qu’il s’approchait de moi, délaissant son lit et ses coussins moelleux, lorsqu’ils n’étaient pas jetés à la figure des invités, je marquais une dernière fois mon dépit en me reculant légèrement. L’ombre qui se posa alors sur son visage me satisfit… une petite seconde à peine avant qu’une pointe d’un sentiment rarissime, presque inconnu, ne vienne me piquer. Il était parfaitement en tort, avec son accueil plus que glacial qui avait littéralement brisé toute mon euphorie. Pourtant, voir son visage se teinter d’une brume ténébreuse ne consolait pas mon orgueil blessé.

Je ne voulais pas céder si facilement à notre jeu de regards mais son sourire provoqua le mien. Deux enfants boudeurs et idiots, c’était le seul tableau que nous renvoyions à cet instant précis. Je ne comptais pas lui concéder une victoire aussi facile mais l’air prétentieux et impudent qu’il arbora élargit un peu plus mon sourire. Il était bien trop confiant, je le lisais dans ses yeux clairs et dans son sourire charmeur qui lui allait si bien. Plissant les yeux, j’accueillis l’affront audacieux avec une moue circonspecte. Je pourrrais bien apprrrendrrre à me passer de toi au vu de ta bonté à mon égarrrd le préviens-je avant de me pencher légèrement dans sa direction. Mes lèvres s’ourlent d’un sourire effrontément séducteur, exact reflet du sien. Ce qui serrrait bien dommage, non ? Je n’avais aucune envie ou intention de devoir renoncer à Junior d’une quelconque manière que ce soit. Et son sourire satisfait laissait entendre qu’il le savait aussi bien que moi. Cependant, j’avais encore trop d’orgueil pour l’avouer aussi frontalement et pour me laisser jouer de son insolent accueil.

Me reculant dans une position plus confortable, je laisse glisser ma toute nouvelle cape à mes côtés, indiquant à Junior la manière dont je suis entrée en sa possession. Je n’étais venue là que dans ce but premier : lui faire découvrir ma nouvelle acquisition. Certes, bien d’autres idées fleurissaient dans mon esprit : nous pourrions aller nous promener dans les couloirs vides de Poudlard, telles deux âmes invisibles souveraines d’un tout nouveau royaume. Nous pourrions nous infiltrer dans des endroits ordinairement inaccessibles mais qui suscitaient une envie chez tous les élèves ou presque : la Réserve, la Salle de bain des Préfets… Les lieux à explorer ne manquaient pas. La seule compagnie que je désirais pour accomplir ces merveilles étant mon meilleur ami, il était tout naturel que je vienne le trouver ce soir. La légèreté revenait en maître dans notre tête-à-tête, enfin. Le rire de Junior était une bien plus douce musique à mes oreilles que celle jouée par nos échanges amers. C’était bien assez ambitieux au vu de ton accueil répliqué-je, bien plus amusée que je ne l’avais été depuis mon arrivée dans ce dortoir. Conservant un sourire effronté, je hausse les épaules, l’air de rien, comme si tout cela n’avait plus aucune espèce d’importance. J’avais bien l’imprrression que tu y trouvais de nombrrreuses objections, au contrrrairrre. L’idée lancinante qu’il ait quoique ce soit à me cacher était déstabilisante et assez peu agréable, d’autant plus si la possibilité de la présence d’une fille quelconque rentrait dans l’équation. Je n’avais pas envie de remettre ce sous-entendu sur le devant de la scène pour le moment. Junior était seul avec moi, c’était tout ce qui m’importait. Si nous continuions sur nos positions premières, rien de ce que j’avais imaginé ne pourrait se réaliser ce soir, et j’étais bien trop excitée à l’idée d’explorer Poudlard avec l’unique roi à ma hauteur.

Délaissant le lit, je me relevai, frôlant innocemment le bras de Junior au passage, et commençait à faire quelques pas dans ce dortoir plus petit que sa chambre que je connaissais désormais par coeur. J’étudiais le lit de ces indignes compagnons de chambre, avant de me retourner pour lui faire face, un sourire enjôleur aux lèvres. Espionne ? demandé-je, un sourcil levé en guise d’interrogation. Couplé au premier mot que je connaissais, je ne doutais pas qu’il s’agissait là encore d’un surnom semblable à tous les autres, mais je n’aimais pas ne pas en connaître le sens exact. Je n’avais aucun prrrogrrramme prrrécis en tête, mon tendre ami. Qu’il pose la question m’autorisait à penser qu’il ne comptait pas rester allongé sur son lit à lire. Pas ce soir. Finalement, peut-être n’était-il pas si mécontent de ma venue. J’osais l’espérer. Tu sais que j’aime suivrrre ce qui s’offrrre à moi. Alorrrs je me disais que nous pourrrions choisirrr quoi explorrrer ensemble. Mon sourire s’agrandit à la pensée de tout ce qu’il était possible de faire avec ce nouveau jouet. Une idée ? fais-je avec un sourire espiègle en revenant vers lui. Sortir sur les toits de Londres avait été un moment magique dont je garderai assurément des souvenirs éternels. Partager cet instant onirique avec Junior avait été parfait, et avec cette cape, nous avions des possibilités infinies pour s’amuser encore et encore.
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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptySam 18 Jan - 16:10



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Notre relation m’avait toujours paru évoluer dans un entre-deux troublant mais étrangement satisfaisant. Il n’était pas question de se laisser marcher sur les pieds sous prétexte que nous étions proches et nous ne reculions que rarement à l’approche d’une dispute, la laissant éclater dans des moues boudeuses et des silences tendus… Mais il n’était pas non plus question de s’embourber dans des différends idiots qui menaçaient de détruire notre belle entente, si bien que l’orage passait à une vitesse incroyable. J’imagine que pour un oeil extérieur, c’était parfois difficile à suivre. Comment, en cinq minutes à peine, nous pouvions nous regarder en chiens de faïence dans l’air glacé de nos désaccords puis rire avec une complicité naturelle comme s’il ne s’était rien passé ? J’aurais été bien incapable d’en donner la moindre explication. Il n’y avait bien qu’avec elle que les choses se déroulaient ainsi. Il en fallait de toute façon beaucoup pour me tirer la moindre bouderie tant l’intérêt que j’offrais aux autres était minime… Malgré sa surprise maladroite et mon accueil peu chaleureux, nous étions parvenus à retrouver des sourires entendus. La tension s’était apaisée et passées les premières secondes d’une gêne palpable, il me semblait plus aussi dérangeant qu’elle se retrouve dans mon dortoir. Nous étions loin de l’intimité feutrée de ma chambre, à Londres, et je ne pouvais m’empêcher de garder l’oreille alerte, mais ça faisait néanmoins l’affaire.

Je pourrrais bien apprrrendrrre à me passer de toi au vu de ta bonté à mon égarrrd, menaça-t-elle en s’approchant doucement de moi, un sourire délicieusement séducteur accroché aux lèvres. Ce qui serrrait bien dommage, non ?

J’aimais ces jeux d’enfants qui me donnaient l’impression d’être le centre de son monde. Qu’importe si je savais pertinemment que ça n’était pas le cas et que trop de monde gravitait autour d’elle… Les vacances m’en avaient offert un tableau trop précis pour être appréciable et quand bien même je feignais désormais l’indifférence, je ne pouvais que craindre le jour où elle finirait par jeter son dévolu sur n’importe quel maraud de passage et se détournerait de moi. Je n’avais jamais véritablement pensé à l’idée qu’il puisse y avoir autre chose entre nous qu’une seule amitié, bien trop traumatisé par les conséquences désastreuses qu’un simple baiser avait pu avoir mais je savais qu’elle était infiniment trop importante pour supporter de la voir roucouler auprès d’un autre. Je voulais garder à tout jamais l’exclusivité de notre règne et les souvenirs tendres qui en avaient toujours découlé. Après tout, elle était ma Reine et je refusais d’avoir à la partager. Pour l’heure, nous étions loin de tout ça. Il n’y avait que nous, sans personne pour savoir ne serait-ce qu’elle était là. J’haussai un sourcil amusé face à ce visage effronté et m’appuyai négligemment sur le matelas.

Il n’y a pas à dire, j’aime mieux quand tu ne me fuis pas.

Elle comprendrait parfaitement l’allusion à son mouvement de recul passé, je n’en doutais pas. Est-ce que c’était bête d’avoir été blessé pour si peu ? Sûrement… Mais ça avait été plus fort que moi. Qu’elle boude, c’était une chose, mais qu’elle cherche à mettre toute la distance du monde entre nous… Heureusement, elle n’avait pas gardé ses positions très longtemps et venait d’assassiner quelques centimètres avec une insolence parfaitement Erinienne.

Et puis ça n’aurait aucun sens. Nous savons tous les deux que ma bonté à ton égard est sans égale.

Je n’étais pas parfaitement convaincu de la véracité de mes propres dires, bien sûr, mais il était certain que c’était auprès d’elle que ma propre bonté était la plus prompte à s’exprimer. Du reste, je ne pouvais qu’espérer ne pas trop m’éloigner de la vérité. Elle profita de mon inattention pour se défaire de sa cape et la laisser reposer négligemment sur le lit. Je l’observais un instant et finis par remonter jusqu’à sa propriétaire, qui s’installait plus confortablement encore. La distance qui séparait ce lit du mien me parut tout-à-coup interminable. Qu’il aurait de la chance, cet imbécile, de profiter de son odeur rassurante toute la nuit ! Son enthousiasme finit par revenir sans s’inquiéter des difficultés que nous avions eues à son arrivée. Elle paraissait contente de me raconter l’histoire de son acquisition et semblait l’être plus encore à l’idée que je puisse partager son sentiment à l’idée de tout ce qui se dessinait à l’avenir. C’était affreusement difficile de rester indifférent à cette Erin plus simple et plus candide qu’elle ne l’était d’ordinaire.

C’était bien assez ambitieux au vu de ton accueil. J’avais bien l’imprrression que tu y trouvais de nombrrreuses objections, au contrrrairrre.

Un nouveau sourire vint fleurir sur mes lèvres, vaguement moqueur. J’aimais assez l’air de reproche qui s’entendait derrière tout ça. J’espérais qu’elle soit aussi gênée que j’avais bien pu l’être face à la menace d’une éviction, sans pour autant avoir à l’esprit de la mettre en application. Il le faudrait bien un jour, bien sûr, d’un côté comme de l’autre, cédant à la pression de ces familles dans l’expectative de quelques alliances intéressantes et héritiers bien nés mais j’avais l’intention de profiter des années de liberté qu’il me restait encore. …et d’en profiter à ses côtés… Elle finit par se relever, abandonnant son bien derrière elle et un frôlement le long de mon bras. Son geste me rappela son arrivée et je ne pus que me sentir idiot d’avoir cru que tout ça ne venait que de moi. Heureusement qu’elle n’en avait rien su, je voyais d’ici son air railleur et quelques piques d’une moquerie bien prétentieuse. D’un regard absent, je suivais ses pas dans mon antre provisoire, amusé qu’elle se sente si à l’aise peu importe où elle mettait les pieds. Le monde entier était sa maison et elle agissait partout comme si elle était chez elle.

Espionne ?
Oui, soufflai-je dans un haussement d’épaules amusé, tu as un dictionnaire sur mon bureau, si cela t’intéresse.

Il était évident que je ne m’attendais pas à ce qu’elle perde une seule seconde de son précieux temps à fourrer le nez dans un bouquin chiant comme la pluie. Surtout pas alors que j’étais en mesure de lui éviter ça. Je me préparais d’avance à quelques phrases vindicatives dans un norvégien désespérément inaccessible. Si elle avait fini par prendre l’habitude de mots doux pathétiques et français, la réciproque n’était pas vraie. Pourtant, ça n’était pas rare de les entendre glisser quelques mots étrangers dans leurs conversations, tous Sørensen qu’ils étaient, mais je n’avais jamais cherché à les suivre sur ces chemins-là. À tort, peut-être…? Je n’étais pas à l’abri d’un revirement de situation, un jour, mais pour l’heure je m’en passais très bien.

Je n’avais aucun prrrogrrramme prrrécis en tête, mon tendre ami. Tu sais que j’aime suivrrre ce qui s’offrrre à moi. Alorrrs je me disais que nous pourrrions choisirrr quoi explorrrer ensemble.

Sa proposition me tira un sourire ravi. Qu’elle projette sur notre complicité sur ses bêtises me faisait plus plaisir que je ne l’avouais vraiment. Elle aurait très bien pu proposer cela à qui que ce soit d’autre. Son frère, par exemple… ou Bradford puisqu’il avait eu l’air d’une importance incroyable l’autre soir… Néanmoins, la dernière fois qu’il n’y avait pas eu de programme à suivre, nous avions failli nous écraser lamentablement au bas de mon immeuble et nous étions tristement retrouvés à jouer les serviteurs. Je n’étais pas certain que l’inconnu nous seyait très bien mais je n’avais aucune envie d’y renoncer pour autant. Je me laissai négligemment tomber sur le dos, fixant un instant l’émeraude piquetée d’argent du ciel de mon baldaquin tandis qu’elle revenait enfin vers moi. Elle m’apparut à l’envers durant une seconde, ce qui me fit étouffer un ricanement enfantin.

Une idée ?

Je haussai alors les épaules, sans trop savoir. Comme tout élève de Poudlard, j’avais bien envie de prendre possession du luxe réservé aux préfets mais il était de notoriété publique qu’il fallait un mot de passe… et attendre dans le couloir désert que quelqu’un y entre ou en sorte ne me faisait guère rêver.

Non… pas vraiment… Mais si tu veux jeter ton dévolu sur la Réserve, il faudrait y aller tout de suite. Ce serait plus discret de se faire enfermer à l’intérieur de la Bibliothèque que de tenter d’en rouvrir la porte ensuite.

Il n’y avait pas mille et un endroits hors de notre portée d’ordinaire alors si elle avait l’intention de visiter ce qui nous avait échappé jusque là, il n’y avait pas beaucoup de possibilité. Après, je n’avais rien contre l’idée de profiter au hasard du château endormi mais la nouveauté risquait de prendre un coup dans l’aile. Sans avoir été habitué à enfreindre le règlement à tout va, qui n’était jamais sorti hors de sa salle commune après le couvre-feu…?

Passer la nuit toute entière seul avec toi, ma beauté, dans la plus pure illégalité a quand même un petit quelque chose de tentant, je l'avoue...

Mais il allait sans dire que je me fichais éperdument de notre futur point de chute. Quoi que nous fassions, je ressentais la même hâte. Braver les interdits à ses côtés commençait à faire partir des moments les plus délicieusement excitants de mon existence et il me tardait de voir lequel d'entre eux nous bafouerions ce soir...
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Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Dim 19 Jan - 15:19, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyDim 19 Jan - 14:15

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Il était une fois dans un pays lointain, un Roi et sa Reine. Une Reine et son Roi. Les souverains allaient toujours par paire et un Roi ne pouvait avoir qu’une Reine. Junior ne pouvait en avoir d’autre. Je ne pouvais l’imaginer entrain de badiner avec l’une de ces pimbêches sans cervelle de Serpentard. J’avais longtemps considéré cette maison comme l’unique qui soit digne et à la hauteur des Sorciers que nous étions mais il s’avérait finalement qu’elle n’était qu’une énième illustration de la pitoyable négligence de cette école. La majorité des filles avec lesquelles il pourrait stupidement roucouler n’avaient pas le sang assez pur pour ne pouvoir ne serait-ce que poser leurs yeux sur son doux visage tellement français. Le reste n’était peut-être pas si impur que cela, cependant aucune n’était assez convenable pour prétendre à ce titre royal. Comment pouvait-il ne pas le voir et accepter folâtrer avec n’importe qui ? Tout cela me tirait une moue indignée qui disparut bien rapidement au profit d’un sourire enjôleur. Un regard extérieur aurait du mal à suivre la cadence de notre danse unique en son genre. Mais nous, nous la maîtrisions à la perfection. Des yeux opalescents brillants d’insolence, un sourire amusé en guise d’enchaînement suivant. Ce petit manège ne me lassait jamais, quand bien même nous nous y adonnions depuis plusieurs années. Inimaginable, au vu de mon impatience légendaire, et pourtant vrai. Junior n’était pas le seul à exacerber si rapidement ma susceptibilité mais il était sans pareil dès qu’il s’agissait de me faire perdre ma moue boudeuse pour retrouver un sourire espiègle. Notre relation était unique et j’avais beau le savoir, je n’en prenais pas moins à coeur chacun de ses refus et affront.

Savoir qu’il n’appréciait guère plus les miens me procurait une satisfaction puérile. Au moins n’étais-je pas la seule à me vexer à la moindre rebuffade. Il ne manquerait plus que ça ! Je n’étais pas tant réjouie par l’idée que mon mouvement de recul n’était pas passé inaperçu que par celle que cet éloignement ne lui avait pas plu. Comme une preuve tangible que, malgré toute la perplexité offensante dont il avait fait preuve à mon arrivée, il était bien aise de ma présence dans son dortoir. Il ne m’en fallait pas beaucoup plus pour reléguer une bonne partie de ma fierté blessée aux oubliettes et réduire un peu plus la distance qui nous séparait, drapée d’une parfaite suffisance. Et moi quand tu n’as pas cet airrr insatisfait en ma prrrésence. Peut-être qu’un psychomage trouverait parfaitement intéressant d’étudier la façon dont nous nous comportions l’un avec l’autre. Ce mélange chaotique d’amour inconditionnel, de parfaite connaissance de l’autre et de querelles à n’en plus finir. C’était un tempo que je maîtrisais parfaitement mais qui ne me comblait jamais autant qu’avec Junior. Même notre danse gémellaire, avec Finnbjörn, n’était pas aussi fluide que celle-ci car sujette à de bien nombreux faux pas. Ce qui ne m’empêchait pas de l’aimer obstinément, qu’importe le degré d’agacement qu’il pouvait me procurer. Ça, mon amourrr, il faudrrra me le prrrouver carrr j’en doute désorrrmais affrrreusement me joué-je de lui, mon sourire rusé tranchant joliment avec l’air chagrin que mes yeux tentaient d’adopter. C’était une idée exquise. Rien de mieux pour réparer la tristesse causée par son accueil que la preuve de son royal amour envers moi. Je n’avais rien d’avilissant en tête, bien loin des détestables défis que nous avions mis en place à notre anniversaire, mais plutôt l’esquisse de quelque chose qui pourrait nous enchanter tous les deux afin de rattraper ce départ en demi-teinte.

Mes pas me poussent hors de ce lit sommaire et sans aucun intérêt pour partir à la découverte de ce dortoir qui n’était pas le mien. Si je connaissais la chambre de Junior aussi bien que la mienne, il n’en était rien en ce qui concernait son chez lui scolaire. Et ce n’était assurément pas à sa hauteur, tout comme ma chambrée, pitoyablement décorée de noir et de jaune, ne pouvait rivaliser avec ma demeure norvégienne ou mon appartement londonien. Un air de dégoût traverse mon visage alors que je pose le regard sur un livre moldu posé sur l’une des tables de chevet. Quelle mauvaise compagnie nous étions obligés de subir. Je fais volte-face pour revenir vers mon meilleur ami qui m’épingle d’un mot inconnu. Il m’était déjà venu à l’esprit d’apprendre le français afin de ne plus me faire avoir par ses envolées lyriques dans sa langue natale et de pouvoir lui jouer quelque imprévisible tour. Mais ces Français avaient un don pour compliquer les choses et j’avais rapidement abandonné ce projet. Mon vocabulaire n’était donc composé que de quelques mots utilitaires et d’un grand nombre de sobriquets romantiques. Et espionne n’en faisait pas partie. Junior me refusa l’accès à cette compréhension, me renvoyant vers un dictionnaire posé sur son bureau. Frekkas fais-je d’un claquement de langue agacé face à son haussement d’épaules taquin. Je n’ai aucune intention d’aller perdre mon temps à consulter le moindre livre, mais je coule malgré tout un regard désabusé en direction de son pupitre, notant le désordre qui y régnait. Un désordre relatif mais néanmoins important en ce qui concernait Junior. Pas suffisamment pourrr que je me lance dans l’explorrration de ce fouillis. Si mon prrrince veut bien m’éclairrrer... Je laisse en suspens la fin de ma phrase. Je n’avais pas l’habitude que l’on me dise non mais Junior savait trop bien flirter avec mes limites pour se moquer de moi sans que je ne m’impatiente trop.

Le but premier de cette visite nocturne n’était ni un badinage taquin, ni l’exploration de la langue française mais bel et bien de profiter de ma nouvelle cape. Le champ des possibles, sans être infini, valait la peine d’être étudié. La salle de bain des Préfets était un lieu qui faisait rêver les plus jeunes - pour son aspect secret et sa magnificence légendaire - et qu’enviaient les adolescents plus âgés. La réserve de la bibliothèque, inaccessible sans autorisation, était bien entendu une idée de choix. Sans oublier les innombrables bureaux ou pièces interdites dans lesquelles il serait si simple de se faufiler en étant invisible. Je comptais sur Junior pour s’aventurer avec moi dans les couloirs somnolents et bientôt endormis de Poudlard. Nonchalamment étalé sur le dos, il semblait prêt à bien des choses mais pas à jouer les explorateurs noctambules avec moi. Je me penche au-dessus de lui, mes longs cheveux tombant en cascade autour de mon visage : je ne l’entendais pas de cette oreille. Son haussement d’épaule indifférent m’arracha une moue agacée : son manque d’enthousiasme commençait à être vexant. Une moue rapidement remplacée par un sourire ravi alors qu’il mentionnait la réserve. Sans plus me formaliser de son flegme parfaitement anglais, je disparais de sa vue et m’empare de ma cape négligemment abandonnée sur le lit voisin. Le tissu semble couler autour de mes doigts qui n’existent plus à mes yeux. J’adorais la sensation cristalline procurée par ce contact de même que la perspective toute-puissante de me rendre invisible dès que je m’en enveloppais. Alorrrs qu’attends-tu ? le taquiné-je, disparaissant dans un rire réjoui tandis que ses paroles résonnaient face au vide. Je l’observe se lever de son lit, l’air circonspect de celui qui sait parfaitement qu’il n’est pas seul tout en étant incapable de savoir où se situe l’autre. Son regard me transperçait sans jamais se poser définitivement sur moi et je m’approche de lui à pas de loup. Il n’aime pas les surprises, mais ce n’en est plus vraiment une puisqu’il sait que je suis ici, invisible sous ma cape.

PAIR - J’allais le dissimuler à tout regard - bien que nous ne soyons que tous les deux - quand la porte s’ouvrit brusquement, apportant avec elle les bruits indésirables des rires gras de ceux qui partageaient la chambre de Junior. Je t’attends dehorrrs murmuré-je à l’oreille de mon meilleur ami, lui frôlant une troisième fois le bras avant de me glisser au plus vite en dehors du dortoir. Il s’en était fallu de peu que je sois surprise dans sa chambre. Non pas que cela me dérangeait, je n’avais rien à faire de ce que pouvaient penser ces indignes pourceaux, mais cela aurait éveillé une curiosité indésirable sur la manière dont j’étais entrée. Je traverse la salle commune en sens inverse et gagne les couloirs obscurs des cachots. Junior ne met pas longtemps à me rejoindre. Nous n’étions que tous les deux mais je restais néanmoins enveloppée dans la cape, m’approchant silencieusement face à lui jusqu’à être assez proche pour pouvoir le faire pénétrer dans ce monde mystérieux qui n’appartenait qu’aux porteurs. Que dirrrais nos parrrents ricané-je, ne me souciant pas une seule seconde de l’air désapprobateur qu’ils afficheraient sûrement en apprenant que je possédais une cape d’invisibilité et que nous nous en servions pour nous promener en toute impunité dans les couloirs. Tu es prrrêt pourrr une nuit d’illégalité, alorrrs ? soufflé-je doucement comme pour ne pas briser l’intimité que nous offrait ce simple bout de tissu. Les murs et le sol alentours étaient étrangement troublés, altérés par l’extraordinaire capacité de ce textile. Seuls dans ce couloir vide, je laissais mon rire résonner.

IMPAIR - Arrivée juste devant lui, j’ouvre grand le tissu pour l’envelopper à son tour et nous disparaissons tous les deux. Que dirrrais nos parrrents ricané-je, ne me souciant pas une seule seconde de l’air désapprobateur qu’ils afficheraient sûrement en apprenant que je possédais une cape d’invisibilité et que nous nous en servions pour nous promener en toute impunité dans les couloirs. Tu es prrrêt pourrr une nuit d’illégalité, alorrrs ? soufflé-je doucement comme pour ne pas briser l’intimité que nous offrait ce simple bout de tissu. Les alentours étaient étrangement troublés, altérés par l’extraordinaire capacité de ce textile. Nous étions dans cette pièce sans vraiment y être. Sans attendre plus longtemps, maintenant la cape serrée autour de nous, je fis un pas, l'entrainant avec moi, et nous quittâmes la chambre. J’avais déjà vécu la sensation de traverser la salle commune sans que personne n’ait conscience de ma présence, mais c’était encore mieux de partager cela avec Junior. Nos regards complices et nos sourires respectifs étaient la seule communication possible au milieu de ses camarades. Ils ne pouvaient certes pas nous voir, mais nous entendre et nous toucher restait possible. Ce qui rendait le tout délicieusement excitant. Parvenus à l’extérieur, seuls dans ce couloir vide, je laissais mon rire résonner.

Bon, nous n’avons plus qu’à monter ! Nous aurions très bien pu nous dévêtir de la cape puisqu’il n’y avait plus personne mais j’aimais trop cette intimité spéciale que nous conférait le tissu pour vouloir que cela cesse. C’était presque comme lorsque nous nous étions retrouvés tous les deux sur les toits de Londres. Nous avions un royaume unique à notre disposition et personne d’autre ne pouvait en jouir.
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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyDim 19 Jan - 18:51



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Il ne nous fallut pas bien longtemps pour nous défaire de la tension lourde de son arrivée. Ma gêne et sa vexation finirent par s’envoler, laissant place aux sourires complices que nous passions notre vie à échanger. Je me demandais, parfois, si l’entente aurait été aussi parfaite avec ce qui aurait dû être ma soeur, si nous serions parvenus un jour à nous connaître aussi bien que ça pouvait être le cas avec Erin… Et puis la question disparaissait d’elle-même parce que toute soeur qu’elle aurait pu être, elle n’aurait jamais été à ce point une alliée, seulement une rivale pénible dans la quête constante de l’attention parentale. Chaque pas de travers n’aurait pas été une occasion de s’amuser mais la promesse certaine de quelque coup bas à l’approche. Là, il n’y avait pas de doute à avoir, pas l’ombre d’une crainte. Je pouvais bien faire toutes les bêtises du monde, elle m’y suivrait sans hésiter, tout comme j’avais pris l’habitude de le faire avec elle. Je doutais qu’il puisse y avoir un jour quelqu’un à la hauteur pour la remplacer tant l’évidence coulait entre nous. Pourtant, il arriverait bien un moment où nos chemins si étroitement liés finiraient par s’éloigner… On grandirait, tout bêtement, et nos vies ressembleraient à autre chose que le terrain de jeux qu’elles étaient actuellement. Oh, j’avais hâte, quelques fois. Non pas de l’abandonner derrière moi, bien sûr, mais de voir ce que cet avenir-là pouvait bien réserver. Hâte d’être pris plus au sérieux que ça l’était actuellement et de pouvoir exister par moi-même plus qu’au travers de l’existence paternelle. J’espérais seulement que les amis que j’avais eu jusqu’ici n’auraient pas complètement disparu d’ici là… Et toute présente qu’elle était, Erin s’approcha plus encore de moi, me tirant un sourire toujours plus grand, tendrement victorieux, comme si le seul fait qu’elle fasse machine arrière après s’être reculée m’offrait une supériorité évidente.

Et moi quand tu n’as pas cet airrr insatisfait en ma prrrésence.

Je n’avais pas vraiment eu un air insatisfait, il fallait toujours qu’elle en rajoute ! Et puis, quand bien même, je m’étais largement rattrapé depuis, non ? Elle devait bien voir que sa présence me satisfaisait parfaitement et que j’en profitais comme il se devait. Je me savais assez chanceux pour vivre ce moment étrange alors que personne d’autre dans cette école n’avait vraiment cette chance. La seule véritable barrière qui existait encore entre nous, c’était nos maisons différentes et elle venait de tomber d’un seul coup.

Je ne suis jamais insatisfait quand tu es là, reconnus-je en achevant le peu de distance qui subsistait encore, le bout de mon nez frôlant presque le sien, jamais jamais.

L’ambiguïté qui s’était toujours posée sur notre relation m’amusait. La proximité qui nous liait, les mots doux que nous nous lancions, la jalousie qui nous dévorait… C’était parfois un peu troublant, j’en convenais, mais toujours d’un délice absolu. Juste pour cela je n’étais pas certain que l’ombre toute féminine que je m’étais plu à faire planer à son arrivée puisse devenir réelle pour l’instant. Est-ce que j’étais prêt à prendre le risque de la perdre, elle, pour une innocente incapable de prendre dignement la relève ? Certainement pas ! Au grand dam de mes parents, d’ailleurs, qui voyaient la liste de potentielles prétendantes désespérément vide. J’avais bien le temps pour ces considérations-là, et je ne doutais pas un seul instant qu’ils feraient tout leur possible pour pallier au manque et me présenter tout ce que leur répertoire faisait de plus fréquentable. J’espérais seulement que ça finirait à peu près aussi bien qu’eux, dans une entente tendre et complice, à défaut d’être un amour inconditionnel… C’était tout le mal que je me souhaitais et probablement le mieux que je pouvais en attendre.

Ça, mon amourrr, il faudrrra me le prrrouver carrr j’en doute désorrrmais affrrreusement.
Et quelle preuve te faudrait-il, mon ange, pour faire enfin fuir tes doutes ?

Le problème avec Erin, c’était qu’on ne savait jamais ce qui pouvait se passer dans le labyrinthe de ses pensées. Aussi lui demander quelque chose d’aussi banal que cela pouvait s’avérer risquer… J’avais beau tenir sincèrement à eux, il fallait bien avouer que les jumeaux Sørensen étaient parfois un peu étranges… pour ne pas dire clairement louches… On ne savait jamais vraiment sur quel pied danser avec eux et ce qui pouvait apparaître purement innocent venant des autres se révélait parfois parfaitement intéressé venant d’eux. Et si ça ne me dérangeait en rien avec elle, avec lui j’en étais moins certain… Nos entraînements me semblaient parfois douteux et je craignais de m’être lancé dans quelque chose qui me dépassait un peu. Étais-je réellement prêt à m’ouvrir à ce point à quelqu’un, sans borne ni limite ? Je n’en étais pas certain… encore moins alors que le retour n’était pas à la hauteur du sacrifice… Et depuis le bal de Noël, je peinais plus encore à me sentir à l’aise dans cette relation qui me paraissait presque à sens unique. Pour la première fois de ma vie, son calme légendaire m’avait semblé presque inhumain. Quelque chose m’avait profondément dérangé au point que je préfère la fuite au semblant de protection qu’aurait pu m’apporter sa présence. Son indifférence, l’ordre douteux de ses priorités, les accusations qu’il avait pu laisser tomber… C’était trop, trop d’un coup, trop pour moi… Si je ne le fuyais pas pour autant, même depuis la rentrée, je n’en étais pas moins sur la réserve. Il subsistait quelque chose qui me mettait mal à l’aise sans que je ne puisse réellement dire quoi. La Poufsouffle finit par quitter le lit qu’elle occupait et se perdit dans la piètre découverte de ce qui faisait ma chambre. Nous étions loin de mon véritable domaine et des quelques mètres carrés qui m’appartenaient depuis cinq ans on en faisait vite le tour.

Frekkas.

Je n’avais pas la moindre idée de ce que cela pouvait bien vouloir dire et ne lui ferais pas le plaisir de le lui demander. Néanmoins, je me satisfaisais de la connaître aussi bien. J’aurais pu mettre ma main au feu qu’elle se délesterait de quelques mots dans sa langue nordique en guise de vengeance, et je l’aurais retrouvée évidemment intacte ! Je ne pus m’empêcher de rire fièrement, comme un enfant auquel on ferait un compliment bien mérité. Son regard glissa jusqu’à mon bureau et je l’imaginai cherchant des yeux le dictionnaire mentionné sans jamais avoir l’intention d’y poser rien qu’un doigt.

Pas suffisamment pourrr que je me lance dans l’explorrration de ce fouillis. Si mon prrrince veut bien m’éclairrrer…

Je l’observai un instant, un sourire à peine esquissé flottant sur mes lèvres, puis reportai mon attention sur le fouillis si tristement désigné. Elle n’avait pas tort : quand on me connaissait cela ressemblait à un affreux bazar. Pourtant ça n’était que quelques piles de parchemins et de livres, peut-être une plume ou deux mais rien de particulièrement choquant… Il n’y en avait pas partout, ça n’était pas sur le point de choir et ça restait relativement lisible même pour un oeil non averti. Mais était-ce de ma faute si je ne pouvais pas m’étaler comme bon me semblait et que nous manquions de place dans cette chambre ?! Je faisais comme je pouvais mais comparé à la pièce immense que j’occupais à Londres, il était évident que les rangements se faisaient moins présents… J’aimais à croire que Beauxbâtons aurait été plus à la hauteur de ce que devait être une école prestigieuse !

Sur la droite, juste à côté de celui de runes. Tu ne peux pas le louper, il y a les drapeaux sur la tranche, c’est affreusement criard.

Mon sourire se fit plus amusé encore alors que j’affichais un air parfaitement innocent. Je savais très bien qu’elle n’avait pas espéré que je l’éclaire sur l’endroit où elle pouvait trouver le dictionnaire en question mais plutôt que je lui balance enfin la signification du mot en lui-même, mais c’était bien trop tentant de la laisser s’impatienter un peu. Mais, évidemment, elle n’était pas venue ici pour recevoir un quelconque cours de vocabulaire, fut-il en français ! Aussi elle dessina dans l’atmosphère tranquille de notre soirée un tableau des plus plaisants. Madame avait l’intention de se jouer du règlement mais également de m’entraîner avec elle sur les chemins tortueux de l’illégalité. Ça n’était pas la première fois mais ça n’en était pas moins excitant pour autant. Étendu sur mon lit, sans pression ni entrain véritable, j’attendais de voir ce que nous réserveraient les heures à venir lorsque le visage d’Erin, à l’envers, vint se placer au-dessus du mien, ses longs cheveux bruns effleurant distraitement ma peau. Ça me fit rire et je repoussai avec une tendresse évidente les mèches qui me chatouillait. Elle parut vexée que je ne me presse pas davantage à l’idée de bouger mais ça ne dura qu’un instant : ma proposition parut lui convenir puisqu’elle sourit à nouveau. Je ne pus m’empêcher de l’imiter tout en jouant négligemment avec ses cheveux qui ondulaient toujours juste au-dessus de moi. Elle ne me laissa toutefois pas faire plus longtemps et s’éloigna brusquement, me forçant à me redresser un peu pour continuer de voir ce qu’elle faisait. Elle récupéra sa cape et se tourna à nouveau vers moi juste avant de disparaître à nouveau.

Alorrrs qu’attends-tu ?
J’arrive, soufflai-je en me relevant, la cherchant du regard sans jamais la voir. Ça n’était pas particulièrement agréable, comme sensation, de la savoir là sans savoir où. Je visualisais à peu près l’endroit d’où elle avait disparu mais elle pouvait avoir bougé et me laisser dans l’ignorance la plus totale.

Je pris le temps d’enfiler mes chaussures abandonnées au pied de mon lit et de récupérer dans le tiroir de ma table de nuit un petit calepin et une plume à encre intégrée que je fourrai dans la poche de mon pantalon. J’ai à peine le temps de mettre la main sur ma baguette que le tissu m’enveloppe à mon tour, m’offrant une proximité toute particulière avec sa propriétaire. Notre cachette parfaitement me tira un air émerveillé tandis que mes doigts glissaient le long de la frontière entre le monde et notre bulle. Je savais, pour l’avoir vécu de l’extérieur, qu’on ne nous voyait pas du tout mais d’ici, il était difficile de s’en rendre compte. C’était comme être caché derrière un rideau dans l’espoir maladroit de passer inaperçu…

Que dirrraient nos parrrents ?

Sa remarque me renvoya promptement à notre anniversaire et toutes les incartades qui furent les nôtres ce soir-là. Est-ce qu’une balade dans les couloirs de Poudlard était vraiment le pire que nous ayons fait ? J’en doutais. Un haussement d’épaules m’échappa alors que je replaçais une mèche brune derrière l’oreille de ma meilleure amie.

Rien qu’ils n’auraient pas déjà dit plus d’une fois !

Et, en toute honnêteté, je ne suis pas certain qu’ils m’auraient laissé la revoir aussi tranquillement s’ils avaient eu vent des ennuis que nous cherchions à tout va. Elle était d’une influence affreuse et aucun parent normalement constitué (certainement pas ma mère qui tâchait tant bien que mal de veiller sur moi malgré la distance et l’adolescence) ne souhaiterait ça pour sa progéniture. Mais, moi, je n’en voulais aucune autre et savais avec certitude qu’il n’y avait rien de plus délicieux que de s’éloigner du droit chemin en sa douce compagnie.

Tu es prrrêt pourrr une nuit d’illégalité, alorrrs ?
Toujours, mon amour, lui répondis-je sur le même ton intimiste.

C’était sûrement ce que je préférais chez elle : cette capacité étrange à faire naître une intimité précieuse dans chaque idée douteuse que nous pouvions avoir. Je gardais à l’esprit ces instants flottants sur les toits de Londres comme l’expression la plus pure du cocon qu’elle n’avait aucun mal à tisser autour de moi. Le monde gardé à distance et les risques rendus muets… Plus rien d’autre au monde que sa présence délicieuse, sa chaleur rassurante et cette amitié évidente. Erin finit par esquisser un pas en direction de la sortie et je la suivis sans opposer la moindre résistance. Ma main se posa légèrement sur son bras pour m’assurer qu’elle ne s’éloignerait pas sans prévenir ou que personne ne passerait malencontreusement entre nous et le dortoir finit par n’être plus qu’un lointain souvenir. Je crois, sincèrement, que je n’avais jamais rien vécu de plus troublant que la traversée de la salle commune ainsi soustrait au regard des autres. Ils étaient tous là, vaquant à leurs occupations et continuant leurs conversations, comme si nous n’existions pas. Comme ce fut le cas sous la neige, ça laissait presque un goût de pouvoir. Nous pouvions tout faire, absolument tout, sans être inquiétés d’aucune manière. Je me rapprochai d’Erin tandis que mes doigts resserraient doucement leur étreinte sur elle. C’était à peine si j’osais encore respirer de peur qu’on nous surprenne. Malheureusement, notre traversée eut une fin et le couloir désert n’offrait pas une telle excitation. Néanmoins, je me sentais plus libre de vivre normalement. Un soupir rassuré m’échappa alors que je reprenais mes distances et rendais à ma belle toute sa liberté.

Bon, nous n’avons plus qu’à monter, déclara-t-elle après avoir ri sans se soucier de mes camarades derrière la porte de la salle commune.

Je hochai la tête avec enthousiasme et laissai ma main glisser jusqu’à la sienne avant de l’entraîner dans le couloir.

Dépêchons-nous avant que ça ferme !

Je me sentais réellement comme un enfant à qui on aurait promis tous les plus beaux cadeaux et il n’y avait bien qu’avec elle qu’une telle sensation existait encore. Il devait nous rester quelques minutes à peine pour arriver jusqu’aux portes de la bibliothèque avant que MacCreery n’ait tout barricadé pour la nuit. Nos pas résonnaient faiblement dans les couloirs assommés par la nuit, seul signe de notre présence en leur sein. Les flammes vacillantes des torches ne nous dessinaient aucune ombre et les vitres froides ne renvoyaient aucun reflet. Nous n’existions plus vraiment et semblions être deux âmes errantes dans un château hanté. Il n’y eut bien qu’un chat pour nous fixer, comme s’il nous voyait vraiment, et miauler sur notre passage mais il n’alerta personne et nous laissa continuer notre route. Même les escaliers jouèrent en notre faveur puisqu’ils nous laissèrent grimper jusqu’au premier sans nous faire faire le moindre détour. Je ralentis machinalement la cadence à l’approche de notre hôtel pour la nuit. Lorsque que l’on arriva à quelques mètres à peine de notre destination, le bibliothécaire fit sortir deux Serdaigle qui étaient visiblement restés jusqu’au bout. Il tourna la tête dans leur direction le temps de leur dire bonne nuit, nous offrant l’occasion rêvée d’entrer discrètement. Je laissai Erin avancer d’un pas et me glissai silencieusement derrière elle. Mes mains effleurèrent ses hanches alors que je la poussai avec une hâte fébrile à l’intérieur de la bibliothèque. Dans la manoeuvre, une planche du parquet de la bibliothèque grinça. Mon coeur s’arrêta de battre aussitôt. Il était hors de question de se faire attraper si près du but !
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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyDim 19 Jan - 18:51

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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyDim 19 Jan - 23:46

once upon a time in a land far away
junior & erin


Inconsciemment, je retiens une expiration, tandis que son nez frôle quasiment le mien et que le souffle de ses paroles vient chatouiller tendrement mon visage. Il n’y avait plus la moindre trace d’insatisfaction sur le sien. Un fait que ses mots s’empressent de venir corroborer bien que je ne l’entende guère plus, toute absorbée que je le suis par ses pupilles si près des miennes. Ses yeux, aussi clairs que les miens, cerclés d’un anneau presque noir, ne m’avaient jamais semblés aussi envoûtants que maintenant qu’ils se trouvaient à quelques centimètres seulement des miens. L’enchantement se rompt avec l’éloignement et mes sourcils se froncent légèrement face à ce charme que je n’avais jamais remarqué à ce point. Mon meilleur ami n’en manquait pas, loin de là, mais je me savais suffisamment immunisée pour ne pas souffrir ces réactions frivoles. Éloignant ce léger trouble qui s’était emparé de moi, je me redressais, m’écartant, non pas pour mettre une quelconque distance boudeuse entre lui et moi, mais pour me dégager de ce magnétisme troublant et retrouver de ma superbe. Il m’avait eue par surprise, dans une fourberie tout à fait digne d’un Serpentard. Peu de temps me fut cependant nécessaire pour retrouver mon insolent sourire. Il avait beau affirmer sa satisfaction et proclamer toute la bonté dont il faisait preuve à mon égard, je souhaitais plus que de simples mots pour être parfaitement comblée. Quelques mots faussements innocents faisaient déjà naître en moi des idées par millier et - je n’en attendais pas moins de lui - Junior ne se retint pas de sauter à pieds joints dans ce doux filet que j’avais tendu sans le moindre artifice. Je ne prends que quelques secondes de réflexion pensive avant de formuler une demande tout à fait légitime. Le doute me consumait de l’intérieur par sa faute, il était de son devoir de rassurer sa Reine. Un sourire, tout à la fois enjôleur et moqueur, vient fleurir sur mes lèvres qui plissent légèrement mes paupières. Un prrrochain tête-à-tête, de l’heurrre et du lieu de ton choix. Sans la moindrrre contrrrarrriété de ta parrrt, mon ange. À la hauteurrr de ce que nous allons vivrrre ce soirrr, évidemment. En juste retour des choses, il avait gâché - au moins ! - ma surprise, j’en voulais donc une autre en échange. Un moment qui n'appartiendrait qu’à nous, hors du commun comme ce qui s’annonçait ce soir ou ce qui avait été pour notre anniversaire, entièrement organisé par Junior. J’espérais que la peur de me décevoir lui créerait quelques cheveux blanc, sans douter pour autant de sa capacité à m’enchanter. Ainsi, nous étions tous les deux gagnants puisque nous nous assurions la promesse d’une future intime entrevue.

Sur cet engagement, je quittais le lit que je m’étais approprié pour explorer ce médiocre dortoir. Je n’avais pas examiné le matelas sur lequel je m’étais assise : si ça se trouvait, il était celui d’un impur incestueux à l’image des jumeaux de Serdaigle. Cette simple idée me provoquait des frissons de dégoût. Mais je comptais sur la bienveillance de Junior pour m’avertir le cas échéant. Il n’avait pas pipé mot, j’en déduisait donc que je ne risquais aucune infection de ce type. Cela ne rendait cependant pas son dortoir plus agréable à la vue. D’autant que je pouvais comparer ce lieu avec sa chambre londonienne et la superbe de ses appartements contrastait violemment avec la pauvreté de cette chambrée commune. Un petit soupir de dépit franchit mes lèvres. Même la beauté et la noblesse de l’argent et de l’émeraude ne parvenaient à balayer la décadence dont souffrait Poudlard. Cinq ans après la première déconvenu, je m’étais comme faite à l’idée que cette école ne nous apporterait jamais ce que Koldovstoretz faisait miroiter. Cette déconvenue pouvait nous rendre plus forts et le devait : nous avions tout à faire, ici, et avec une aide plus solide que celle qu’avait représenté Blackman, nous pourrions parvenir à nos fins. Rien de tout cela n’était à l’ordre du jour à cette heure-ci : ce n’était que Junior et moi, accompagnés de notre indéfectible complicité. Son rire empli de prétention fut le seul accueil que reçut ma demande. Une moue mécontente vint assombrir les traits de mon visage tandis qu’un sourire éthéré succédait à cet éclat incontrôlé. J’attendais, évidemment, sa réponse à ma question que je pressentais ne pas être à la hauteur de mes expectations. Je ne m’étais pas trompée. Mon regard glissa une seconde fois en direction de son bureau désordonnée. Je voyais parfaitement de quel livre il voulait parler, mais ce n’était pas ce que j’avais attendu, aussi lui retournais-je un regard polaire, parfaite contradiction à sa fausse innocence. D’accorrrd, min hanndue, je vais m’en passer et jouer selon tes rrrègles répliqué-je avec un sourire d’une cruauté tout à fait mienne, me détournant définitivement de cet inintéressant pupitre. Je ne comprenais peut-être pas le mot qu’il avait employé mais lui ne parlait pas une seule vocable norvégienne. J’étais quasiment certaine qu’il ne savait même pas dire bonjour dans ma langue natale. Puisque je n’étais pas certaine qu’il ne m’avait pas moqueusement affublée d’un sobriquet satirique, je ne me priverais pas d’en faire de même.

Une dernière ronde dans cette pièce presque exigüe et je m’en retournai à ma seule source d’intérêt. Paresseusement allongé, dans une langueur à son image, Junior ne semblait pas plus intéressé par les plans que je formais pour cette soirée que par l’étude des moldus. C’était bien évidemment vexant, mais je ne décourage pas et me penche au-dessus de lui, mes longs cheveux bruns cascadant autour de mon visage tels une étrange auréole. Cela le fit rire : c’était bien mieux que sa précédente indifférence, mais toujours pas ce que j’attendais de lui. Il se désintéresse de moi, fuyant mon regard pour jouer tendrement avec mes cheveux qui lui effleuraient le visage. J’aimais assez son air furtivement attendri, mais bien que ce tableau soit des plus agréables à contempler, je m’en détachai, appelée ailleurs et comptant bien l’entraîner à ma suite. Mes doigts s'emparent de ma cape, et dans un dernier regard, je disparais de sa vision, tandis que ma main libre vient machinalement enrouler une mèche que Junior avait caressée. Son air suspicieux me ravissait, et je l’observai me chercher du regard tout en enfilant ses chaussures, postée au pied de son lit, à quelques centimètres seulement de là où je me trouvais en enfilant ma cape. Négligemment adossée contre un des piliers du baldaquin, je ne le lâche pas des yeux tandis qu’il s’empare d’un carnet d’une plume. Pour quoi faire ? Pensait-il en avoir besoin ? Un petit rire m’échappe et son regard se braque aussitôt dans ma direction. Je m’approche silencieusement de lui avant de l’envelopper de ce tissu magique et et contemple, candide, son air émerveillé qui étudie les alentours depuis cette toute nouvelle perspective. Face à face, lové dans ce précieux tissu, nous étions plus proche que bien des fois, nos nez se touchant presque, à nouveau. Et une nouvelle fois, ses doigts viennent jouer avec mes cheveux, replaçant une mèche derrière mon oreille, tandis que mon ton gentiment taquin vient cueillir sa réflexion. Sa répartie me fait rire : il est certain qu’ils se seraient déjà arraché une bonne partie de leur chevelure s’ils avaient eu vent de toutes les règles et les bienséances que nous franchissions, lui et moi. J’imagine que j’étais la plus coupable de nous deux, car j’étais celle qui l’entrainais sur ces chemins tentateurs. Mais, au final, ne l’était-il pas tout autant que moi, pour ne jamais oser me dire non et prendre autant de plaisir à m’accompagner que moi à l’inciter ? Car toujours, comme il le formula si bien, Junior était prêt à enfreindre l’ordre édicté. Nos chuchotements seuls venaient désormais troubler l’intimité magnétique créée par ce simple bout de tissu enchanté. Il nous suffisait d’un rien pour nous sentir à l’écart d’un monde qui ne nous méritait pas. Une fois, les toits de Londres, une autre, une cape d’invisibilité. Nous nous satisfaisions de peu lorsqu’il s’agissait de s’accommoder de la présence de l’autre. J’aimais cette bulle toute particulière qui nous enveloppait et nous protégeait aussi sûrement que n’importe quel sortilège. Plus que tout, j’adorais l’impression tenace que rien ni personne ne pouvait nous atteindre et que Junior n’était qu’à moi. Il n’y avait ni pimbêche de Serpentard, ni un quelconque Français bien moins digne que lui. Rien que lui et moi.

Dessinant la suite de notre soirée, je me dirige vers la sortie. Un pas à peine et je sens déjà sa main se poser sur mon avant-bras. Je le laisse se rapprocher de moi et reprends notre route, serrée contre lui. Personne ne pourrait ainsi nous faire l’affront de nous séparer et sa chaleur réconfortante m’assurait sa présence sans que nous n’ayions à échanger ni parole, ni regard. Je lui en dédiais quelques uns cependant, alors que nous traversons sa salle commune, tendrement amusée par l’air troublé que prenaient ses traits. Mon bras remonta de quelques centimètres, suffisants pour que ma main s’empare de la sienne, et, nos doigts enroulés les uns autour des autres, nous continuâmes notre avancée, plus proches encore. Tout cela ne dura pas assez à mon goût. Je me satisfaisais trop bien du doux contact de sa peau contre la sienne. Trop pour qu’une pointe de déception ne me traverse pas alors que nous arrivâmes dans le couloir, loin de toute agitation, et que Junior se décala de quelques centimètres qui créèrent comme un affreux courant d’air. Ce désappointement ne dura pas longtemps, rapidement remplacé par un rire annonciateur des heures à venir. Il nous fallait nous dépêcher de monter les nombreuses marches pour parvenir à la bibliothèque avant que celle-ci ne ferme définitivement ses portes. L’heure du couvre-feu approchait mais nous étions à l’abri, secrètement caché sous ma cape, sous cette bulle qui était notre.

Une espièglerie toute enfantine nous gagne. Ce n’était pas grand chose, mais l’excitation de franchir un interdit en compagnie de mon meilleur ami avait toujours une saveur parfaitement unique que je me languissais de retrouver aussitôt qu’elle disparaissait. Tandis que nos pas avalaient les couloirs, dévoraient les marches et enduraient la distance qui nous séparait de l’antre des livres, sans rencontrer aucune difficulté, ma main chercha celle de Junior, et nous parcourûmes une bonne partie de notre chemin dans une parfaite proximité. Nous arrivâmes au moment même où deux rats de bibliothèque se faisaient jeter dehors. Ni l’un, ni l’autre n’était ni mon aîné, ni ma cadette. En cela, ils n’avaient aucune espèce d’importance à mes yeux, si ce n’était qu’ils nous permirent de nous glisser silencieusement derrière les portes en bois que le bibliothécaire s’apprêtait à refermer. Mon meilleur ami me poussa délicatement devant lui, sa main chatouillant ma hanche, et je pénétrais la première, quelques centimètres en avance, dans l’immense pièce qui serait nôtre cette nuit. Mon coeur palpitait agréablement fort à l’idée que nous allions devoir rester ici des heures entières, sans possibilité de fuir où que ce soit, et que personne ne viendrait nous déranger. Nous avions un lieu fermé de Poudlard pour nous tous seuls. Les palpitations cessèrent net alors qu’un grincement de fin du monde retentit derrière moi. Je m’arrête aussitôt, sans savoir si le bruit vient de mon pied ou de celui de Junior, et mes doigts se serrent un peu plus fort autour de ceux du Serpentard. Nous restons sans bouger durant quelques secondes qui semblent durer une éternité, mais MacCreery ne remarque visiblement rien, et la porte se referme, marquant là le tout début d’une délicieuse soirée.

Rompant le contact avec mon meilleur ami, j’ôte la cape qui nous recouvre d’un mouvement ample et laisse éclater un rire insouciant qui vient mourir sur mes lèvres alors que la main de Junior s’y pose, m’intimant le silence. Ses yeux posés sur la porte fermée de l’extérieur me laissent un clair accès à ce qu’il pense, et je reste sagement muette quelques secondes de plus. Jusqu’à ce que mes doigts viennent s’enrouler autour de son poignet, rendant à mes lèvres toute leur liberté. Je pense qu’il est parrrti, maintenant. Nous avions donc des rayonnages entiers pour nous amuser, aucun adulte pour nous surveiller, et surtout, une réserve inexplorée à découvrir. L’excitation était à son comble, et la présence de Junior à mes côtés n’y était pas étrangère. Me détournant provisoirement de lui, je fais quelques pas en direction des étagères alourdies de livres, pliant négligemment ma cape pour la fourrer dans la poche centrale de mon pull. C’est bien plus sympa comme endrrroit lorrrsqu’il n’y a que nous fais-je en tournant la tête dans sa direction, accompagnant mon regard d’un clin d’oeil. Je tourne sur moi-même dans un mouvement parfaitement puéril, ma chevelure brune formant comme une longue cape autour de mes épaules, et laisse fleurir un nouveau rire dans l’air épais de la bibliothèque. Soudain, un bruit se fait entendre, me stoppant net dans mes pas de danse nobles mais maladroit pour tout oeil un tant soit peu expert.

PAIR - Le verrou de la porte cliquette. Faen ! chuchoté-je. Un instinct primaire me pousse à tirer fébrilement Junior avec moi et à me cacher derrière le premier rayon qui nous masque à la vue de quiconque se tiendrait dans l’entrée. Retenant mon souffle, un oeil attentif glissé entre deux livres, j’observe la porte s’ouvrir dans un grincement maudit. J’affiche une moue pincée : qu’est-ce que ce stupide bibliothécaire peut bien avoir oublié ? Accroupie au sol, mes doigts peinent à tirer ma cape de sa cachette. De toute façon, MacCreery n’a aucune raison de venir dans notre direction, n’est-ce pas ?
IMPAIR - Ce doit être être le fruit de mon imagination, car rien d’autre ne se produit. Je jette un regard menaçant en direction de Junior, lui intimant silencieusement l’ordre de ne pas se moquer. Ce qu’il ne manquerait pas de faire, je n’ai aucun doute là-dessus. Parrr quoi commencer laché-je, l’air de rien, ignorant la moquerie qui transparaît dans le regard de ce tendrement agaçant Serpentard.
electric bird.



Dernière édition par Erin B. Sørensen le Dim 19 Jan - 23:46, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyLun 20 Jan - 17:31



once upon a time in a land far away
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Ainsi Madame semblait avoir des doutes quant à la bonté et l’amour que je pouvais bien éprouver pour elle. Comme si une telle remise en question avait vraiment lieu d’être ! Nous nous connaissions depuis une éternité, s’il y avait dû avoir des doutes sur ce point, ils auraient existé depuis bien longtemps ! Aussi je ne doutais pas une seule seconde qu’elle avait une idée derrière la tête. Encore fallait-il savoir laquelle… Il fallait toujours s’attendre à tout, avec Erin. Toujours s’attendre au pire, peut-être aussi… Pourtant, je n’imaginais pas qu’elle puisse me vouloir le moindre mal et les quelques humiliations dont nous pouvions nous gratifier parfois à l’instar de la fin presque chaotique de notre anniversaire n’avait jamais vraiment pour but de blesser qui que ce soit. Après tout, il n’y avait que nous et je n’avais aucune crainte de son jugement (j’espérais qu’elle ne craignait pas davantage le mien). Quelques secondes de silence s’étirèrent après mon interrogation. Je ne savais pas si elle réfléchissait réellement ou si elle ne faisait que ménager son effet. Puis un sourire un peu moqueur étira à nouveau ses lèvres, me tirant une moue légèrement dubitative. Qu’est-ce qu’elle me préparait encore…?

Un prrrochain tête-à-tête, de l’heurrre et du lieu de ton choix, me fit-elle alors savoir. Sans la moindrrre contrrrarrriété de ta parrrt, mon ange. À la hauteurrr de ce que nous allons vivrrre ce soirrr, évidemment.

Alors c’était ça qu’elle attendait de moi ? Que j’organise simplement notre prochaine entrevue ? Je m’étais attendu à tellement pire que je ne pus m’empêcher de ricaner discrètement, soulagé. C’était mignon, en réalité. Presque trop pour la fière et dure Sørensen qu’elle était d’ordinaire. Elle se ramollissait un peu et je trouvais cela absolument charmant. J’aimais l’idée qu’elle veille à ce que le monde ne suffise pas à nous éloigner et que la bulle rassurante qui était si souvent nôtre continue de vivre encore et encore. Je me fichais bien de lire entre les lignes et d’y voir de nouvelles règles à bafouer ou de nouveaux risques à prendre… La seule chose qu’il y avait à garder à l’esprit c’était sa volonté de retrouver, déjà, alors même que nous ne l’avions pas quittée, l’intimité merveilleuse que nous partagions ensemble.

Tout ce que tu voudras, ma douce.

Sur quoi elle abandonna le lit, me la laissant suivre du regard sans y faire particulièrement attention. Il allait falloir trouver une idée brillante pour ce prochain rendez-vous et, autant dire qu’après notre escapade sur les toits de Londres, la barre serait difficile à atteindre. J’aimais à croire qu’elle ne serait pas d’une exigence incroyable mais ça détonnait avec ce que je connaissais d’elle. Quoi qu’elle ne m’était jamais vraiment apparue comme une guimauve de premier choix mais, ce soir, elle s’en rapprochait plus que jamais. C’était loin de me déplaire, évidemment ! Puis, aux perspectives d’un avenir proche succédèrent les esquisses d’un cours de français, ou du moins le combat puéril autour d’un dictionnaire. C’était toujours amusant de lui refuser des bêtises dans le genre, de la voir perdre patience et afficher cette moue mécontente qui lui allait à ravir. Je supposais, peut-être à tort, que nous avions eu tous les deux la même habitude qu’on nous cède quasiment tout, aussi de jouer le rôle du trouble-bête me plaisait au plus haut point. Elle n’était de toute façon jamais en reste. Elle ne m’en voudrait pas longtemps, certainement pas aujourd’hui alors qu’elle commençait déjà à dessiner tout autre chose pour notre soirée. Et puis, quand bien même elle le ferait, ce serait très certainement terminé d’ici que nous passions la porte. Le regard qu’elle me lança alors était froid et n’annonçait rien de bon mais il eut le mérite de me faire sourire de plus belle.

D’accorrrd, min hanndue, je vais m’en passer et jouer selon tes rrrègles.
Min hanndue, répétai-je prudemment avec une prononciation probablement des plus fautives, c’est définitivement très moche.

Mais je n’en pensais rien. Ça n’était pas la langue la plus agréable à l’oreille, c’était un fait, ils devaient tous avoir l’impression de se faire réprimander à longueur de journée, dans le grand Nord, mais j’avais toujours trouvé fascinant de les écouter parler… Ça me faisait l’effet de vieilles malédictions dans des dialectes oubliés, celles-là même qu’on pouvait chercher dans les grimoires poussiéreux qui traînaient dans les greniers. Je suis certain que d’y comprendre quoi que ce soit aurait rompu le charme et je ne pensais pas que cela soit parfaitement nécessaire. Après tout, elle parlait un anglais parfait, notre communication était fluide, il aurait été dommage de vouloir percer les mystères qui l’entouraient encore. La bataille en resta là, dans une égalité gênante, et le visage d’Erin apparut au-dessus du mien, comme débarrassé des restes de la guerre. Elle était juste là, ses mèches brunes caressant doucement ma peau, attendant sûrement que je daigne enfin faire preuve d’un minimum d’entrain. Oh ! Il viendrait ! Seulement, j’étais bien, là. Il n’y avait rien dans cette pièce qui puisse me ravir son attention alors il était normal d’en profiter rien qu’un peu. Cela ne dura pas, malheureusement, et il me fallut déjà me redresser et me préparer pour l’expédition prochaine sous son regard redevenu invisible. Je détestais cette sensation plus encore que les surprises ! Elle était là, évidemment, mais il m’était impossible de savoir où avec la moindre exactitude. Mon regard ne savait où se poser et les brèves paroles que j’avais bien pu prononcer semblaient se répercuter infiniment sur les murs du dortoir sans heurter le moindre obstacle vivant. Il n’y eut que son rire qui s’éleva alors que je glissais plume et papier dans ma poche pour m’indiquer sa position. Je levai exagérément les yeux au ciel et sentis l’air s’agiter près de moi, signe qu’elle s’approchait. Nous partions pour la bibliothèque, plus encore pour la Réserve, nous n’avions pas la moindre idée de ce que nous pourrions y découvrir… il était évident qu’il fallait de quoi prendre des notes, juste au cas où. Je n’avais pas l’intention de passer toutes mes nuits enfermé là-bas, fussent-elles si délicieusement partagées ! Un geste d’Erin suffit à me recouvrir à mon tour, m’ouvrant la porte de sa bulle. La proximité qui fut nôtre quelques instants plutôt revint plus brutalement encore. Sa chaleur me paraissait presque perceptible et son souffle régulier s’écrasait sur moi sans que je ne trouve utile de m’en défaire. Je n’étais pas certain qu’il faille réellement bouger. Nous aurions pu tout aussi bien rester ici, blottis dans cette intimité nouvelle, sans que j’en sois particulièrement dérangé. Mais avant que je n’ai le temps d’émettre l’idée, Erin s’avança vers la porte du dortoir et je la suivis presque machinalement. Dehors, ma main se posa sur son bras pour éviter que nous soyons séparés, puis ses doigts glissèrent jusqu’aux miens pour les étreindre avec un naturel évident. Je la laissais faire sans broncher, profitant de la douceur de sa peau contre la mienne en même temps que de la sensation grisante d’avoir littéralement disparu des yeux du monde.

Sortir de la salle commune nous offrit qu’un vague instant de répit avant que nous nous précipitions dans les hauteurs. Et tout commença comme si nous ne nous étions jamais arrêtés. L’impression délicieuse d’avoir le monde à portée de main et rien ni personne pour se mettre en travers de notre chemin autant que la chaleur rassurante de cette main qui s’était à nouveau saisi de la mienne comme si elle lui appartenait. J’aimais cette balade nocturne plus que je l’aurais cru. Et alors que je réalisais bêtement combien cela pouvait être vrai, je resserrai presque imperceptiblement mon étreinte sur ces doigts fins abandonnés entre les miens. Je n’étais pas vraiment pressé d’arriver à destination, pas vraiment pressé que se rompt le charme troublant de ce trajet silencieux. C’était comme évoluer dans le plus parfait des secrets. Ce qui se passait ici n’en sortirait jamais puisque personne, absolument personne, n’avait seulement conscience de notre existence. Mais toutes les bonnes choses ont toujours une fin et notre route en eut une également. Les immenses portes de bois se dessinèrent au bout d’un énième couloir en même temps que les silhouettes un peu raides de deux Serdaigle mis à la porte. Les voix étaient étouffées, sûrement par habitude du silence régnant dans leur antre, mais leur vague conversation nous suffit à détourner toute attention de notre arrivée. Le bruit de nos pas était couvert par les mots balancés dans des chuchotements posés et même le grincement qui nous fit frôler à tous les deux la crise cardiaque sembla passer inaperçu. Figés comme deux statues ridicules, accrochés l’un à l’autre comme si nos vies en dépendaient, nous attendions que l’orage passe. Combien de temps avant que le bibliothécaire ne mette le doigt sur notre présence ? Longtemps, heureusement… Il referma la porte sans paraître se douter de quoi que ce soit et, enfin, je m’autorisai à respirer. Ma meilleure amie finit par s’éloigner et explosa d’un rire cristallin que je fis taire d’un geste vif, plaquant ma main sur ses lèvres pour en étouffer le moindre son. Il ne devait pas être loin, c’était stupide de tenter le diable ! J’étais incapable de détourner les yeux de la porte, craignant qu’elle ne s’ouvre d’une seconde à l’autre. Nous n’en étions pas loin et, abandonnés par la protection légère de la cape, totalement à découvert.

Je pense qu’il est parrrti, maintenant, me fit remarquer Erin alors que ses doigts tiraient doucement sur mon poignet pour m’éloigner de son visage.

Je hochai simplement la tête, l’ombre d’un sourire rassuré flottant sur mes lèvres. Elle s’éloigna légèrement et je la suivis des yeux sans un mot. Je ne pouvais m’empêcher d’être légèrement aux aguets, l’oreille tendue vers le couloir désert. Ça passerait, bien sûr, mais pour l’instant, notre arrivée était trop fraîche pour être certain que personne n’était encore dans les parages.

C’est bien plus sympa comme endrrroit lorrrsqu’il n’y a que nous.
Tout est bien plus sympa lorsqu’il n’y a que nous, répliquai-je aussitôt, les joues vaguement rosies tant par sa déclaration que le clin d’oeil qui était venu l’appuyer.

Heureusement, la pénombre qui régnait en ce début de nuit et la danse envoûtante d’Erin suffisaient à cacher mon trouble. Elle avait bien mieux à faire que de scruter la moindre de mes réactions, trop occupée à tournoyer comme une enfant qui se rêverait princesse. Son rire emplit l’air à nouveau et je ne pus que me sentir mieux. Elle suffisait, elle, toute entière, à apaiser mes craintes et je finis par me perdre dans la contemplation éhontée de cette maladroite danseuse. Elle était toujours aussi gracieuse, presque royale, et sa silhouette fine qui se découpait, presque abstraite, dans les ombres du soir la rendait plus belle encore. Comme sur les toits, sous la neige, le décor dans lequel elle évoluait la rendait presque digne d’un rêve. Mais à chaque rêve succédait le réveil et celui-ci prit la forme du cliquetis significatif d’une clé qu’on glisse tant bien que mal dans une serrure.

Faen !

La main arachnéenne d’Erin se mit à courir sur mon bras avant de m’attirer d’un geste brusque vers elle. Elle nous cacha désespérément derrière la première étagère venue et laissa le silence retomber sur notre couple. Une fébrilité excitante m’avait pris pour cible et, entre les battements anarchiques de mon coeur et le bouillonnement grisant de mon sens, je me sentais affreusement vivant. Il était de ces risques agréables à prendre, bien loin des flammes du bal de Noël et de la chute de notre anniversaire. La menace était trop légère pour paraître véritablement gênante et il n’y avait plus alors qu’une insolence violente et l’envie stupide de prendre secrètement le dessus sur un adulte qui l’était plus encore. La porte s’ouvrir à nouveau dans un grincement glaçant puis des pas se glissèrent à l’intérieur, faisant chanter le parquet comme nous l’avions fait en rentrant. Je me rapprochai discrètement d’Erin pour observer la scène par dessus son épaule. Les livres qui nous offraient la bonheur de voir sans être vus ne laissaient passer qu’une infime partie du spectacle mais il fallait s’en contenter. Un silence de mort s’était invité à nos côtés et même ma respiration saccadée ne se sentait pas assez légitime pour s’exprimer. Le temps s’était littéralement suspendu. Je tirai légèrement mon acolyte en arrière en le voyant s’approcher. Fausse alerte ! MacCreery se traîna jusqu’à son bureau, ouvrit un tiroir dans un nouveau grincement et le referma bruyamment. Il semblait prendre son temps comme pour nous faire languir davantage. Est-ce qu’il savait que nous étions là ? Il n’en avait pas eu l’air quand nous étions entrés, qu’importe le grincement, mais les rires de la Poufsouffle auraient pu suffire à l’en faire douter. Il fallait espérer qu’il ne s’agisse là que d’un vague oubli de je ne sais quoi et qu’il ne vienne pas s’aventurer jusqu’à nous…


PAIR — Le plus normalement du monde, je le vis glisser quelque chose dans sa poche avant de se redresser. Son regard courut dans la pièce comme pour en apprécier le calme et il fit demi-tour sans demander son reste. La porte claqua derrière lui, la clé tourna dans la serrure, en sortit et ses pas s’éloignèrent dans le couloir comme ils l’avaient déjà fait avant cela. Un soupir m’échappa alors que je me relevais et tendais la main à Erin pour l’aider à en faire de même.

C’était moins une, gloussai-je un peu nerveusement. Cela dit… Charmante, ta petite danse.

Mon ton était tendrement moqueur, bien sûr, mais je ne lui laissai guère le temps de répliquer que ma main retrouvait la sienne et que je l’entraînais droit sur la Réserve. Quitte à devoir se faire prendre plus tard, autant avoir eu l’occasion d’y mettre les pieds un moment.
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Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Lun 20 Jan - 17:32, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyLun 20 Jan - 17:31

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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyLun 20 Jan - 22:09

once upon a time in a land far away
junior & erin


J’obtiens la promesse de la preuve désirée sans réserve aucune de la part de Junior. Cela suffit pour dissiper les nuages qui obscurcissaient mon pâle regard. Par surcroît, son manque d’incertitude à m’offrir une réponse positive me permet de me complaire dans la pensée qu’il n’est pas si insatisfait qu’il l’a montré quelques minutes plus tôt en ma présence. Et qu’il n’a rien contre un futur rendez-vous pour se faire pardonner son flegme insensible. Personnellement, j’ai un penchant coupable pour les surprises ; encore fallait-il qu’elles soient à la hauteur de celles que j’étais capable d’organiser. La barre était haut placée, mais je ne doutais pas un seul instant des capacités de mon meilleur ami à me combler par son esprit acéré et la connaissance parfaite qu’il avait de ma personne. Contrairement à Finnbjörn, lui ne reculait devant rien qui allât contre le règlement si cela avait pour but de nous offrir un moment intime et privilégié. Ainsi satisfaite, je peux me lancer dans l’exploration de cette chambre qui m’était jusqu’alors inconnue. Le dernier bastion qui avait résisté à la profondeur de nos longues années d’amitié qui s’étiraient déjà derrière nous. C’était tout au plus une garçonnière, rien de suffisamment convenable pour mon noble Français. Avait-il abandonné toute sa noblesse sur le pas de la porte pour me refuser ainsi un éclaircissement parfaitement justifié ? Je tourne dans sa direction un regard polaire et ne rencontre que son air suffisant. Soit, mon impatience était toute prête à se jouer de la sienne. Sa tentative prudente me tire malgré moi un sourire attendri. C’était toujours étrange d’entendre ces sonorités nordiques et tellement gutturales sortir d’une bouche qui n’employait jamais qu’un langage parfaitement distingué. Quand il ne parlait pas anglais mais qu’il articulait quelques paroles de français, c’était d’un ton encore plus gracieux, presque précieux. En comparaison, le norvégien paraissait brutal et sévère, ce qui n’était pas pour ternir l’image des peuples nordiques. Sa prononciation n’avait guère de rapport avec l’exemple sur lequel il s’appuyait mais je ne le corrige pas, me contentant d’un rire cajoleur. Le qualificatif qu’il consent à appliquer à ma langue maternelle me tire un haussement d’épaules indifférent. Simplement parrrce que tu prrrononces mal, min and*. Il n’avait pas voulu m’expliquer un mot français ? Il allait être submergé par des surnoms en norvégien. En sa présence, il était assez rare que j’utilise cet idiome, hormis pour les injures qui sortaient toujours plus naturellement ainsi qu’en anglais. Aussi n’y connaissait-il absolument rien, contrairement à moi qui, au fil des années, avait adopté un certain vocabulaire incontestablement mièvre. Il fallait dire que la langue s’y prêtait particulièrement bien.

Notre joute linguistique ne peut cependant s’éterniser : nous sommes attendus ailleurs, sur d’autres chemins plus séduisants. Après être venue lui chatouiller le visage de mes cheveux bruns pour le réveiller, je m’éclipse sous ma cape et patiente quelques secondes qu’il daigne s’équiper de chaussures et d’un calepin. Je le recouvre à son tour, lui faisant découvrir cette délicieuse intimité qui nous enveloppe à l’instar du tissu fluide de la cape. Les secondes s’étirent accompagnées d’un silence charmé. Nous aurions sûrement pu rester de longues minutes face-à-face, sans bouger d’un centimètre, mais pas ce soir. J’avais d’autres projets que celui de dessiner chacun des traits de son visage du regard puis de plonger dans le sien pour m’y noyer. Nos doigts qui se nouent et se dénouent - à peine quelques secondes et uniquement pour mieux se resserrer - nous entraînent à travers les couloirs et les escaliers qui parsèment les nombreux étages du château. C’était de nouveau comme si le monde entier n’appartenait plus qu’à nous. Cette stupéfiante capacité à nous approprier des lieux aléatoires et à prendre possession comme un véritable couple royal n’avait aucune limite. Poudlard n’était plus Poudlard, plus vraiment, mais un lieu onirique qui s’endormait doucement tandis que le bruit de nos pas venaient troubler ce paisible silence. Il n’y avait qu’avec Junior que je pouvais et que je voulais partager ces moments hors du temps.

Malgré une frayeur qui nous figea en plein mouvement, telles deux ridicules statues de marbre au coeur palpitant, nous arrivâmes à bon port. En quelques mouvements souples je fis disparaître la cape qui nous recouvrait, renonçant provisoirement à la tendre proximité que j’avais jusque la partagée avec Junior, et mon rire fin se répercuta en écho entre les étagères. Les doigts de mon meilleur ami mirent brusquement fin à ce son que je jugeais mélodieux, son regard inquiet fixé sur la porte. Seuls mes yeux n’étaient pas muets et continuaient de pétiller de malice. Je lui accorde quelques secondes de répit, appréciant plus que de nécessaire la chaleur de sa peau contre la mienne, avant de me défaire de son contact, lui assurant que le bibliothécaire ne nous dérangerait plus. L’assurance de mes paroles s’accompagne d’un clin d’oeil espiègle et j’ai à peine entamé mon pas de danse que Junior vient approuver mes dires. Un rire m’échappa de nouveau, avant que je ne prenne brutalement conscience d’à quel point il avait raison. La brutalité de cette vérité bloqua une demi-seconde à peine mon souffle dans ma poitrine. Partout où nous n’étions que tous les deux, le monde se dotait de couleurs plus chatoyantes et les plaisirs étaient plus vifs encore. Ce qui m’avait toujours apparu comme une évidence résonna différemment. C’était comme prendre conscience que ce tableau devant lequel je passais tous les jours possédait un détail éclatant que mon oeil n’avait jamais distingué sous cet angle. Pourrais-je jamais me lasser de Junior et de cette exceptionnelle complicité qui rendait chaque moment intime plus précieux que le quotidien ? Quand Poudlard n’aura plus de secret pour nous, et que les toits de Londres seront depuis longtemps un royaume connu par coeur, quand nous aurons franchi toutes les limites qui restreignent notre adolescence, que nous restera-t-il ? J’entrevoyais déjà toutes les nouvelles possibilités que nous n’avions encore jamais envisagées : partir en Norvège, découvrir la France… Mais est-ce que tout cela allait devoir prendre fin un jour ? Je ne le souhaitais évidemment pas, mon être tout entier se révoltait contre cette simple supposition. Ce sentimentalisme n’était pas habituel et me laissait un goût bien étrange.

Dans la pénombre de la bibliothèque fermée pour la nuit, Junior était bien incapable de saisir le trouble rapide qui s’était imposé à mes pupilles. D’autant plus qu’un cliquetis annonciateur de mauvaises nouvelles étouffa ma réflexion toute lunaire et nous propulsa derrière le premier rayonnage venu, d’où je trouvais un mince espace pour espionner ce qu’il se passait. Je sentis Junior bouger pour se rapprocher de moi mais ne bougeait pas d’un millimètre, prise par l’observation de MacCreery qui pénétrait dans son antre. C’était jouissif de l’observer dans sa routine sans que lui ne sache que nous étions là, quelques mètres plus loin, simplement séparés de sa personne par un rayonnage. Le souffle de mon meilleur ami venait me chatouiller la nuque et se mêler au mien, dans un bruit qui me semblait tempétueux. Ramenée en arrière contre le Serpentard, je ne quittais pas l’adulte des yeux. Ce dernier ne s’avança pas plus vers nous et Junior interrompit son mouvement, me laissant reposer contre lui. Mon pâle regard ne se lassait pas de ce voyeurisme inopiné. Quoiqu’il avait oublié, cela ne lui demanda pas longtemps. Après un dernier regard pour ses livres chéris, il referma le lourd battant une nouvelle fois, et le verrou tourna encore, nous enfermant définitivement pour la nuit. À moins que MacCreery n’ait encore oublié quelque chose, nous n’étions plus que tous les deux. Nous restâmes encore, serrés l’un contre l’autre, quelques secondes durant lesquels l’éloignement de ses pas nous parvinrent. Puis mon meilleur ami se releva, m'entrainant avec lui d’une main tendue que je saisis lestement. Mon gloussement rejoint le sien, exempt de nervosité en ce qui me concernait. Je ne doutais jamais de m’en sortir, et cette fois-ci pas plus qu’une autre. Dans le pire des cas notre rendez-vous nocturne aurait été écourté et nous aurions écopé d’une retenue. Je préférais de loin voir se poursuivre ce moment enchanteur. C’est à nous pourrr la nuit toute entièrrre ! me réjouis-je, puérilement satisfaite de la tournure que prennent les événements. Et dire que Finnbjörn s’arracherait les yeux en me sachant ici… Un tout nouveau rrroyaume... soufflé-je, tandis que je me tourne de nouveau en direction de Junior, en sourire tendre fleurissant sur mes lèvres alors qu’il se rapproche de moi.

Qualifiant ma danse de charmante, Junior ne me laissa aucune possibilité de répliquer, serrant mes doigts qui n’avaient pas lâché les siens pour me mener à sa suite. Ses paroles qui avaient agité mon esprit avant que le bibliothécaire ne nous interrompe revenaient chantonner aux lisières de mes pensées. Et d’autres, entendues dans les couloirs, vinrent les souligner douloureusement. Je ne mâche pas longtemps mes mots avant de les laisser franchir mes lèvres, d’un ton des plus badins. Que penses-tu des rrrumeurrrs qui agitent les couloirrrs ces derrrniers temps ? À prrropos de toi et Phoenix. Il était de notoriété publique, du moins pour ceux les connaissant, que la Gryffondor et le Serpentard ne pouvaient pas se supporter. Phoenix n’avait jamais tu ce qu’elle pensait de lui, et la réciproque était vraie. Les commérages naissaient bien souvent d’un rien, mais parfois pas, et la réaction de Junior m’intéressait tout particulièrement. Pour lui qui folâtrait avec de nombreuses filles, ce n’était, somme toute, pas si étonnant : une de plus, une de moins. Ce qui l’était, en revanche, était l’idée de ladite demoiselle. L’idée qu’il puisse batifoler avec l’une de mes amies les plus proches n’était toutefois pas vraiment pour me plaire. D’autant plus lorsque celle-ci avait une relation plutôt intime avec mon aîné. Il s’agissait très probablement de simples rumeurs infondées, mais autant s’en assurer.

Nous nous éloignions toujours plus de l’entrée, vagabondant entre les rayonnages en quête d’un but dont je devinais sans mal le sens. Mes yeux voguaient distraitement sur les nombreuses tranches des grimoires qui défilaient à chacun de nos pas. Pas vraiment intéressés, pas totalement ailleurs non plus. Il semblait que cette bibliothèque était sans fin et qu’atteindre la réserve prendrait plus que le temps qui nous était dévolu. Dans cette attitude teintée de nonchalance, mes pupilles se posèrent maladroitement sur le nom d’une section : médecine. Impulsivement, je ralentis le pas jusqu’à l’arrêter, mon intérêt éveillé et ma curiosité piquée, tandis que mon bras retombe le long de mon corps, nos doigts séparés par la brusque interruption de ma marche. Il était évident que Poudlard possédait des ouvrages moldus : au vu de ce qu’ils nous enseignaient ici et des nouveaux idéaux pitoyablement tolérants de la directrice, il ne fallait pas en attendre plus. Si j'exècre tout ce qui se rapportait à ces humains dépourvus de magie, il y a une discipline qui éveille mon attention, et ce n’est évidemment pas dénué d’égoïsme.

Le visage de mon meilleur ami réapparaît dans la périphérie de mon champ de vision, dessinant un profil des plus agréables. Je tourne un regard qui s’enflamme d’une lueur amusée, reléguant mes considérations quant à la médecine moldue bien loin dans mon esprit. Nous partagieons beaucoup, mais ce détail là n’avait jamais franchi mes confidences. Sans craindre d’être jugée - Erin Sørensen ne craignait l’opinion de personne - ce n’était pas quelque chose que je souhaitais verbaliser. Qui sait comment Junior pourrait prendre ma curiosité à l’égard de quoique ce soit de moldu ? Moi-même, à sa place, et quand bien même il aurait eu les meilleures ambitions du monde, je me serais probablement montrée d’un dédain méprisant. Oui ? soufflé-je d’un ton qui n’avait rien perdu de sa superbe, rapprochant mon visage du sien, étirant mon sourire. L’éloignement t’étais déjà insupporrrtable ? poursuis-je, gentiment taquine, avant de le contourner pour prendre la tête de notre duo. Bon, elle est encorrre loin cette rrréserrrve ? Mon soupir vint soulever une petite mèche qui me chatouille doucement la joue. Je ne venais jamais par ici, ou pas assez longtemps pour connaître les lieux, et l’emplacement de cette pièce m’était donc parfaitement inconnu.

*mon canard
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyMer 22 Jan - 11:42



once upon a time in a land far away
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Il ne nous fallut pas longtemps, malgré l’amusement et le plaisir certain que nous ressentions à nous titiller dans le confort tout relatif de ce dortoir commun, pour quitter la tanière des Serpents et profiter du château silencieux jusqu’à la bibliothèque. Je n’avais pas l’heure exacte, il m’aurait fallu me défaire de la douce étreinte des doigts d’Erin pour relever ma manche et regarder ma montre, mais le couvre-feu devait tout juste être passé ou, du moins, il vivait ses derniers instants. Et je crus que notre soirée en faisait autant alors que la porte tout juste fermée de la bibliothèque cliquetait déjà à nouveau. Ni une ni deux, nous nous retrouvions à moitié cachés derrière un rayonnage, le coeur battant à tout rompre et l’oeil avide de la vie sans intérêt de MacCreery. La chaleur d’Erin et l’impression troublante de toute puissance alors que nous l’observions sans qu’il n’en sache rien donnaient à cet instant de flottement une saveur sans pareil. Je craignais qu’il finisse par nous remarquer et que nous en restions là, bien plus que je craignais une possible sanction d’ailleurs, mais le hasard joua en notre faveur, et après avoir récupéré je ne sais quoi, il tourna les talons sans nous inquiéter davantage. Un silence total tomba alors sur la bibliothèque. Ni elle ni moi ne bougions, son corps reposait encore faiblement contre le mien, toujours à l’abri derrière notre étagère. Les pas du bibliothécaire s’éloignèrent dans le couloir, résonnant à n’en plus finir comme s’ils ne voulaient jamais nous quitter. Pourtant, notre solitude revint. Le couloir s’endormit à nouveau en nous promettant la plus tranquille des libertés et je consentis enfin à bouger. La chaleur rassurante de ma meilleure amie disparut aussitôt mais la simple perspective de ce qui nous attendait m’empêchait de la regretter. Nous étions seuls pour la nuit toute entière et nous avions à portée de main tout le savoir que recelait Poudlard ! Il y avait quelque chose d’incroyablement excitant. Bien sûr, l’interdit qui planait sur notre présence ici n’y était pas pour rien mais je ne doutais pas une seule seconde qu’une nuit entière ailleurs n’aurait pas eu tout à fait le même effet…

C’est à nous pourrr la nuit toute entièrrre ! Un tout nouveau rrroyaume…
Et bien partons à sa conquête, ma Reine, lâchai-je à mi-voix tout en l’entraînant loin de notre cachette sommaire.

La main d’Erin ne quitta pas la mienne et, rapidement, les étagères se mirent à défiler. Notre objectif n’était pas toutes ces sections consultables n’importe quand mais bien la seule et unique Réserve, qui échappait encore et toujours à la plus grande majorité des élèves… Enfant, je n’avais jamais vraiment envisagé mes années à Poudlard comme la recherche perpétuelle de bêtises à faire et de règles à violer… et pourtant… Je ne regrettais évidemment rien mais il était amusant de voir comment une seule personne avait suffi à me faire quitter avec envie les chemins si tranquilles que j’arpentais autrefois. On pouvait bien dire ce que l’on voulait, si j’enchaînais les caprices je restais un môme relativement sage. Assez pour que perdure encore cette image lisse et sans tache auprès de bien des adultes…

Que penses-tu des rrrumeurrrs qui agitent les couloirrrs ces derrrniers temps ? À prrropos de toi et Phoenix.

Sa question me parut sortir de nulle part. Elle résonna dans le silence endormi de la bibliothèque et me revint si promptement que je ne pus m’empêcher d’éclater d’un rire surpris. En toute honnêteté, je m’en fichais éperdument ! On entendait tout et n’importe quoi dans les couloirs, c’était bien connu… Parfois, on prenait un petit quelque chose pour un indice évident et, à d’autres moments, on prenait l’absence parfaite de quelque chose pour un indice tout aussi évident. J’avais arrêté de m’inquiéter sur ce que l’on pouvait bien dire dans mon dos, c’était ce qu’il y avait de plus sage. J’écoutais d’une oreille distraite, m’en amusais parfois (comme celle-ci) et reprenais ma vie comme s’il ne s’était rien passé. Il y avait plus plus dérangeant à mes yeux que les fantasmes ridicules d’une bande d’adolescents dont la vie était si médiocre qu’ils se sentaient obligés d’inventer celle des autres pour exister. Ce qui me surprenait, en revanche, c’était qu’Erin y ait accordé le moindre crédit. Et qu’elle fasse planer cette histoire dans le ciel dégagé de notre soirée. Est-ce qu’elle supposait que la fille que j’aurais pu vouloir recevoir ce soir était celle-ci ? Je préférais encore ma préfète, toute traitre qu’elle était ! Le regard que je glissai alors jusqu’à elle se voulait moqueur tandis que je haussais distraitement les épaules. Que voulait-elle que je réponde à ça, sérieusement ? Dire que je m’en fichais, ce qui était vrai, ne la comblerait probablement pas. Elle prétendrait que je pouvais faire un petit effort et donner une véritable réponse, quelque chose comme ça… Mais en même temps, elle connaissait mieux que quiconque l’inimitié farouche qui me liait à Reyes. S’il y avait quelque chose que j’aimais au moins aussi peu que les impurs, c’était les arrivistes. Et que cette idiote profite de mes amis pour se faire une place dans un monde qui n’était pas le sien m’agaçait au plus haut point. Qu’elle cesse donc de se prendre pour ce qu’elle n’était pas et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes ! La plèbe m’avait toujours dépassé autant qu’amusé et c’était avec des railleries mauvaises que j’en regardais leur plus fervente opportuniste se dépatouiller tant bien que mal pour gravir des échelons qui finiraient par céder sous son poids de toute façon…

Oh… Je regrette seulement qu’on nous ait percés si vite à jour… Mais qu’est-ce que tu veux… Il faut croire que l’amour indéfectible que je peux lui porter se voit même à travers toute l’antipathie du monde…

Je me retins de rire à nouveau tant c’était ridicule. J’étais assez regardant sur le pedigree des filles que je fréquentais pour ne pas avoir envie de flirter avec n’importe quoi ! Il fallait être certain qu’elles étaient issues de famille respectable, qu’aucun impur ne soit venu souiller leur sang, que leurs idéologies ne soient pas à l’exact opposé des miennes (batifoler avec une traitre-à-son-sang me dégoûtait au moins autant que d’approcher une sang-de-bourbe) et que les seules vues qu’elles puissent avoir soient sur moi et non sur ce que nous possédions. Et qu’elles soient jolies était un atout non négligeables, bien évidemment ! Des exigences d’une normalité effrayante mais qui, de nos jours, étaient de plus en plus difficiles à satisfaire. La (très) courte liste de mes conquêtes n’en était qu’une triste preuve. Quoi que j’ai pu laisser entendre à notre anniversaire, alors que les souvenirs affreusement flous de notre baiser rencontrait le déplaisir des images de ceux qu’elle avait échangé avec ce benêt de Charles-Auguste, je n’avais jamais conté fleurette à grand monde et m’en portais à merveilles. Si mes lèvres avaient bien effleuré celles de quelques autres filles, une main suffisait largement à les compter. Mais qu’importe, j’étais prêt à rajouter Phoenix Reyes à leur nombre pour la soirée, tant que cela n’existait que dans la pénombre mystérieuse de la bibliothèque.

À moins que tu ne cherches à vérifier que je n’ai aucunement l’intention de me jouer de toi ? l’interrogeai-je sans me défaire de mon air goguenard. Tu me diras, ce serait difficile maintenant que nos intentions ont été si salement exposées à la vue de tous… C’est une bien triste histoire que celle-là…

Je hochai la tête, comme si de voir tous les efforts et le travail de tant d’années partir en fumée me faisait terriblement mal. Mais mon jeu d’acteur, ce soir, n’était pas crédible pour une noise. Et notre route au travers de ce temple du silence continua de plus belle. Est-ce qu’elle pouvait réellement imaginer que j’avais pour projet de me rapprocher d’elle pour je ne sais quelle raison obscure ? Qu’elle puisse croire que je flirtais, ou sortais qu’importe, avec Reyes me paraissait déjà particulièrement insensé : je passais le plus clair de mon temps avec elle et je ne doutais pas que la Gryffondor passait le reste à être dans les parages à ma place, elle se serait bien doutée de quelque chose à un moment donné, elle n’était pas ni si aveugle ni si stupide… Mais, soit, admettons ! Mais qu’elle puisse supposer que j’espérais la faire mienne, elle, seulement mu par des intérêts qui, sans jamais avoir été évoqués dans les couloirs, ne paraissaient en rien louables me dérangeait bien davantage ! Elle avait donc si peu confiance…? Le sourire amusé que j’avais gardé jusque là se fana presque instantanément et, imperceptiblement, la pression de mes doigts sur les siens se relâcha. Si je n’avais jamais eu de mal à supposer qu’elle roucoulait avec le monde entier, je n’avais jamais ne serait-ce qu’envisager que sa présence à mes côtés ne soit due à autre chose qu’à l’amitié qu’elle me portait. Et, avant ce soir, il me semblait évident que cette certitude-là était partagée. À tort, peut-être…? Est-ce qu’Erin sentit également toute la distance qui nous séparait tout-à-coup ? Ça n’était pas impossible… En tout cas, elle ralentit la cadence si rapidement qu’elle s’arrêta avant même que je ne le réalise réellement. Sa main quitta tout-à-fait la mienne, ne laissant que la nuit froide pour seule compagne. Je réprimai un sursaut et m’arrêtai à mon tour quelques pas plus loin. Elle était là, à deux mètres à peine, plantée devant une étagère dont je ne distinguais rien. Je me rapprochai légèrement dans l’espoir de comprendre quelque chose à cette brusque pause mais elle ne m’en laissa pas l’occasion. Son regard clair se tourna aussitôt dans ma direction, me forçant à la regarder elle plus que les ouvrages qui s’étalaient juste derrière.

Oui ? L’éloignement t’était déjà insupporrrtable ?

Il est évident que la disparition de sa chaleur enveloppante laissait une réponse positive me brûler les lèvres. Je ne comprenais pas ce qui lui prenait et son éloignement si en phase avec le fil de mes pensées me troublait plus que je voulais bien l’admettre.

Non, je m’assurais juste que tu ne songeais pas à faire demi-tour, c’est tout.

Ce qui aurait été parfaitement inutile, en soi, puisque nous étions enfermés depuis l’extérieur. Il y avait bien la possibilité de lancer un sortilège sur la serrure pour la déverrouiller mais ça plus l’ouverture des battements grinçants de la porte risquaient de réveiller le château tout entier. J’aimais à croire qu’elle m’aurait au moins mis dans la confidence, histoire de ne pas me laisser ici, pris au piège par le retour de MacCreery, des préfets en pleine ronde ou de je ne savais qui encore… Sur quoi elle me contourna prestement et reprit notre route le plus normalement du monde.

Bon, elle est encorrre loin cette rrréserrrve ?

Je ne pus m’empêcher de la regarder s’éloigner un peu tristement. La connexion évidente qui ne nous avait pas lâchés depuis mon dortoir était rompue et je peinais à en comprendre la cause. C’était reparti aussi vite que c’était venu et ça laissait désormais plus qu’un vide gênant. Je laissai mes yeux courir sur les livres qui l’avaient interpellée un peu plus tôt mais n’y trouvai rien d’intéressant. Il n’y avait là que des ouvrages probablement moldus, du moins à en croire les titres dénués de toute magie et les maisons d’édition qui m’étaient parfaitement inconnues… Je ne lui offris pas le temps de remarquer que je ne la suivais pas et me remis en marche presque aussitôt, les mains enfoncées dans les poches de mon pantalon et une distance affreusement raisonnable entre nous. Les dernières étagères disparurent derrière nous et enfin se dessina le Saint Graal. D’aussi loin que je me souvenais, je n’avais jamais mis les pieds dans cette partie si bien gardée de la bibliothèque. Et, à cet instant précis, je n’étais plus certain d’en avoir très envie. L’enthousiasme s’était un peu fait la malle et je regrettais presque d’avoir été ainsi tiré de mon lit.

Après toi, soufflai-je en décrochant le cordon de sécurité qui tenait lieu de frontière.

Je le replaçai machinalement derrière nous et m’engouffrai sans grand plaisir dans ces rayonnages tant attendus. Je laissais un doigt sauter de tranche en tranche, lisant à peine ce qui se matérialisait au fur et à mesure sous mes yeux. Il y avait quelques livres spécialisés sur l’élevage de créatures dangereuses, je supposais que c’était ceux-là qui avaient brûlé par deux fois déjà… De vieux grimoires en runes qu’il m’aurait fallu des heures et des heures pour traduire la moindre page tant le titre lui-même me semblait obscur… Et puis, il fallait bien être honnête, je m’en fichais complètement ! Du titre, du livre… de toute cette bibliothèque en réalité !

Pourquoi tu t’es arrêtée ?

Je jetai mon dévolu sur un manuel de sortilèges avancés, histoire de ne pas être venu pour rien, et le tirai doucement de son étagère. C’était en anglais et toujours plus intéressant que les créatures… Il ne restait plus qu’à en voir la table des matières dans l’espoir qu’il y ait quelque chose à en tirer…
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Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Mer 22 Jan - 18:33, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyMer 22 Jan - 14:03

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junior & erin


Tout est bien plus sympa lorsqu’il n’y a que nous. C’était une vérité qui faisait écho à la mienne, certes. Mais jusque quand ? Et dans quelle mesure ? L’ombre de Phoenix n’était ni la seule à planer, ni la plus sérieuse en réalité. Ce n’était pas tant une identité qu’une existence potentielle qui agitait mes pensées. Nos doigts inextricablement mêlés, témoins charnels d’une intimité qui va bien au-delà, nous rattachent l’un à l’autre dans un contact naturel et chaleureux. Insuffisant, cependant, pour dégager le ciel de notre aventure du soir et l’exempter des nuages qui l’obscurcissent. Nous n’étions rien que tous les deux, voyant défiler autour de nous des rayonnages vides de toute présence. Tout comme nous avions grimpé les marches jusqu’à s’élever au-dessus des toits de Londres pour notre anniversaire. Dans une bulle sereine qui ne laissait filtrer personne du monde extérieur que nous ne mentionnions pas. Toutefois, cela était-il destiné à durer ? L’avenir marquerait-il la fin de ces rendez-vous unique et si précieux ? Jamais cette éventualité ne m’avait effleuré l’esprit : pour cause, je n’entendais pas les refus et n’acceptait jamais autre chose que la réalisation de mes désirs. Il était donc inconcevable qu’un jour, Junior et moi ne puissions plus nous évader loin des limites fixés par les convenances, main dans la main, comme les enfants que nous étions aujourd’hui. Mais depuis que le souvenir de notre baiser furtif et enfantin s’était rappelé à nous ; depuis que cette bribe de mémoire avait laissé entendre qu’il ne se privait pas de tester la douceur des lèvres d’à peu près la terre entière ; et, bien plus récemment, depuis qu’il s’était montré d’un enthousiasme aussi glacial que l’hiver norvégien à mon arrivée surprise, le doute s’insinuait. Pas assez puissant pour me faire douter de moi, il ne fallait rien exagérer, mais trop peu faible pour que je puisse l’évacuer d’une pichenette. Au-delà du soupçon s’enflammait aussi l’orgueil déjà blessé à l’idée de pouvoir être remplacée. Pas par Phoenix, évidemment : je ne connaissais que trop bien la haine qui brûlait entre eux deux. Mais les rumeurs s'égrenant à leur sujet pouvaient cacher une autre réalité. Je me demandais si Phoenix en avait eu vent. Le cas échéant, j’espérais de tout coeur qu’elle mettrait la main sur l’initiateur d’un commérage aussi absurde. Dans un sourire fauve que Junior ne pouvait voir, j’étais déjà prête à lui apporter mon soutien si elle souhaitait remettre les idées en place à cet inconscient.

C’est son rire qui vint saluer mon interrogation le premier puis des paroles emmitouflées d’un ton narquois. J’adresse une grimace puérile à son dos avant de retrouver mon air suffisant au moment où il jette un regard parfaitement moqueur par-dessus son épaule. Même sans distinguer nettement les traits de son visage, je n’avais aucun mal à me figurer toute la raillerie dont il se paraît en cet instant. Moque-toi autant que tu le veux, mais ce n’est pas à moi que l’ont prrrête des amourrrs que je juge douteuses. Phoenix avait le sang-pur, une éducation qui seyait bien avec la nôtre, et de nombreuses autres qualités qui la rendaient hautement fréquentable. Pour une foule de raisons, Junior ne partageait pas notre avis, et j’étais en cet instant bien aise de connaître son opinion sur la plantureuse Gryffondor. Loin de moi ces idées, je m’inquiète simplement du bonheurrr d’Hannibal mens-je, mon ton convaincant se décidant capricieux et ne jouant pas pleinement son rôle. Mon aîné était bien assez grand pour diriger sa vie d’une main de maître - d’aussi loin que je me souvienne, il l’avait toujours été, aussi l’excuse était-elle bancale au point que c’en était absurde. Une bien trrriste histoirrre répété-je, le sarcasme dans ma voix en alourdissant chaque mot. Qui pouvait-être destinée à se répéter si Junior poursuivait l’allongement de la liste de ses conquêtes. Et dont la fin serait assurément tragique si cela venait empiéter sur nos tête-à-têtes. C’était au final la seule chose qui m’importait. Qu’il batifole avec les premières venues s’il avait donc aussi peu d’estime pour la noblesse de sa personne, mais qu’il ne pense même pas à faire passer ses envies d’amourette avant les miennes.

Ses doigts se firent lâches au moment où ma moue fâchée se posait sur des titres accrocheurs. Je n’eus pas le temps de noter ni de m’inquiéter de cette distance étouffante qui s’était brusquement imposée entre nous, mon attention toute entière tournée vers ce rayon que je n’étais jamais venue consulter. Mes pas arrêtés devant les rangées de livres accompagnèrent mes yeux qui fouillaient à toute vitesse les tranches des grimoires austères. Que Poudlard possède des ouvrages moldus n’était pas étonnant, pas alors qu’ils enseignaient en option l’étude de cette pitoyable population. Finnbjörn m’avait doucereusement bernée pour que j’accepte de venir avec lui suivre ces cours indignes, ce qui jouait évidemment dans mon ressentiment à l’égard de toute forme d’apprentissage qui y était liée. Néanmoins, d’ici que notre société puisse retrouver le prestige qui était le sien et annihiler ce peuple de cafard, je conservais à l’esprit quelques mots que mon tendre jumeau avait prononcés : mieux connaître nos ennemis pour les battre. C’était sûrement très stratégique, bien trop pour mon impulsivité sanguine, mais pour un sujet en particulier, j’entrevoyais doucement la possibilité de commencer à l’appliquer. L’idée sinueuse mourut aux lisières de mon esprit alors que le visage de Junior me ramenait à la raison. Ça ne m’a même pas effleurrré l’esprrrit le rassuré-je avant de reprendre notre chemin, traçant à mon tour celui-ci. Je ne pensais pas un seul instant qu’il puisse sérieusement songer à ce que cette envie ait germé en moi, aussi poursuivis-je notre déambulation jusqu’à la réserve, sans plus me préoccuper de ce petit arrêt.

Si je ne me rendis pas compte que Junior avait mis quelques secondes à me suivre, je finis cependant par ressentir cette distance douloureuse qu’il laissait entre nous. La dissonance de notre marche, bien loin de notre intimité précédente, se poursuivit jusqu’à ce que je m’arrête devant l’entrée de la réserve et me brûla violemment tandis que je me rendais compte qu’il me fallait attendre que Junior me rejoigne. Il traînait le pas ce qui eut pour effet de me laisser muette de dépit tandis qu’il ouvrait le cordon et me laissait passer devant lui, dans un simulacre de galanterie qui masquait un glacial désenchantement. Agacé de le voir si peu enthousiaste, presque dégoûté - voire pire - je m’enfonce avec colère entre les étagères sombres de la réserve. Je ne prends aucun plaisir à me trouver ici, tout l’intérêt de partager cette première fois avec Junior fondant face à la flamme de ma vanité blessée. D’abord son accueil plus que réservé, maintenant cet air lassé, qu’il s’en aille donc s’il ne souhaitait pas être avec moi ! Qu’il rejoigne ses pimbêches minaudantes. J’étais peut-être plus piquée que je ne le pensais par l’idée qu’il puisse vouloir traîner avec une autre, à ces heures où seuls les plus intimes se retrouvant, mais je ne me concentrais que sur le mécontentement provoqué par son air las. Fallait pas venirrr, si c’était pourrr tirrrer la trrronche lâché-je, acerbe, avant de m’évanouir entre deux rayonnages, tournant sur la gauche à la recherche de quoique ce soit d’intéressant. Mais tout me semblait bien face en cet instant précis. Quelques pas plus loin, la voix de mon contrariant meilleur ami me rejoint. J’avais crrru aperrrcevoirrr un manuel à destination de ceux qui ont perrrdu toute gaieté réponds-je avec une mauvaise humeur évidente.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyMer 22 Jan - 19:53



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Entre Phoenix et moi, le courant n’était jamais vraiment passé et c’était somme toute de notoriété publique. Du moins, les amis que nous avions en commun le savaient et, à ma connaissance, s’en accommodaient très bien. C’était ce qu’avait laissé entendre Finnbjörn lors de la pathétique réception des Sørensen, en tout cas. Tout le monde savait que nous ne ferions que très peu de vagues, bonne éducation oblige, et je crois que c’était à peu près comme ça sur tous les points de nos vies communes. Quand bien même elle m’exaspérait, je n’avais jamais tenté de lui nuire de quelque manière que ce soit, ni même de la discréditer vraiment auprès de nos proches. Je me contentai de faire savoir qu’elle ne m’inspirait pas la moindre confiance et chacun était libre d’en penser ce qu’il voulait ! De même, je ne m’étais jamais senti menacer par la Gryffondor et n’avais jamais craint qu’elle puisse essayer de retourner qui que ce soit contre moi. Mais voilà qu’elle n’avait même pas besoin d’être là pour se mettre à planer sur le duo que nous formions avec Erin. Sa seule ombre avait d’un coup l’air bien plus menaçante que la jeune femme elle-même… D’autant plus que je ne comprenais pas l’intérêt soudain de ma meilleure amie pour les ragots et celui-ci en particulier. Peut-être que c’était seulement pour me piquer un peu mais elle savait très bien que je m’en fichais assez pour laisser couler. En soi, je ne l’aimais pas, c’était un fait, mais on pouvait bien prétendre qu’elle était la femme de ma vie si on voulait sans que ça n’entache réellement ma réputation. Son sang avait l’air assez propre, elle avait des fréquentations qui ne laissaient pas à désirer et avait su se faire accepter de bien du monde… Je préférais largement qu’on suppose que je fricotais avec elle plutôt qu’avec n’importe quelle sang-de-bourbe de l’école. Même si, en toute franchise, jamais je ne me risquerai à y poser rien qu’un doigt…

Moque-toi autant que tu le veux, mais ce n’est pas à moi que l’on prrrête des amourrrs que je juge douteuses.

Je levai les yeux au ciel en l’entendant. Si elle espérait m’embêter, c’était raté. Qu’elle ait pu juger bon de me poser si directement la question me dérangeait bien davantage que les amours fictives qu’on imaginait entre Reyes et moi. Je ne voyais de toute façon pas en quoi cela pouvait bien regarder Erin. Je n’avais pas l’intention de lui mettre le grappin dessus, quoi qu’elle en dise, aussi j’étais bien en droit de passer mon temps libre à fricoter avec qui bon me semblait, fut-elle Phoenix Reyes. Moi, au moins, je ne multipliais pas les conquêtes ! Le seul nom qui était revenu depuis bien longtemps c’était celui-ci et seulement celui-ci…

Ça ne saurait tarder, pourtant… Je ne suis pas sûr que tes prétendants soient tous aussi irréprochables que la mienne, répliquai-je dans un sourire condescendant alors que j’étais pris de nausées à la seule idée d’avoir lié Phoenix Reyes et prétendante dans la même phrase. Entre les pondeurs d’impurs, les impurs eux-mêmes et le Roi des Imbéciles… C’est à qui fera le plus tache dans ton arbre généalogique.

Un haussement d’épaules faussement indifférent m’échappa presque malgré moi, espérant ainsi me détacher de tout le ressentiment idiot que cette conversation m’inspirait. Si j’excellais dans l’art des caprices et que j’étais un envieux hors-pair (il faut bien reconnaître ses torts de temps en temps), je pouvais me targuer de ne pas être particulièrement jaloux ni même très possessif. Je savais ce que je valais et n’avais pas peur que mes proches puissent un jour l’oublier… Sauf avec elle. Depuis le début ou presque, je craignais que d’autres finissent par me la ravir et que le sentiment de plénitude que j’étais en mesure de connaître avec elle et elle seule m’échappe un jour. Nous avions beau passer notre vie à nous chamailler, je ne me souvenais pas m’être senti aussi à ma place ailleurs qu’à ses côtés. J’avais trouvé une alliée véritable, la seule que j’adorais sans retenue et qui, il me semble, me le rendait de la même manière. Aussi chaque être qui pouvait traverser sa vie de quelque façon me paraissait d’une antipathie monstre. Je savais qu’il me faudrait faire avec, un jour, que la bulle que nous avions su construire finirait par exploser pour que nous puissions reprendre nos vies loin de cette adolescence délicieuse mais je n’y étais pas prêt pour l’instant. Aussi difficile que cela pouvait être à avouer, j’avais besoin d’elle.

Loin de moi ces idées, je m’inquiète simplement du bonheurrr d’Hannibal.
Ah ? Parce qu’Erin Sørensen est capable de s’inquiéter pour un autre bonheur que le sien ?

Un ricanement moins évident que je l’aurais voulu m’échappa. Ça n’était pas très juste, j’en convenais. Je ne savais pas exactement quel lien elle entretenait avec son aîné, je supposais qu’il était moins important que Finnbjörn à ses yeux mais bien davantage que Judith, mais je n’avais aucun doute quant au fait qu’elle était très attachée à sa famille et probablement prête à bien davantage pour eux que je ne le serai jamais pour la mienne. Mais c’était entièrement sa faute, de toute façon ! J’avais un minimum de valeurs et aller faire la cour à la copine d’un autre n’en faisait définitivement pas partie. Alors le bonheur de son frère, si quelqu’un venait à l’érafler, ça ne serait pas moi ! Lui-même ne semblait pas y tenir tant que ça, en même temps, pour en faire reposer une partie sur les épaules bancales de Reyes… Dès qu’elle aurait trouvé un meilleur pigeon ailleurs, elle n’hésiterait certainement pas à aller le plumer, oubliant totalement le pauvre Hannibal derrière elle sans l’ombre d’un regret ! Mais tout ça ne me regardait pas…

Une bien trrriste histoirrre.

À l’image de cette soirée qui battait déjà de l’aile avant même d’avoir véritablement commencé. Peut-être que nous aurions dû nous en tenir aux débuts chaotiques que nous avions entrevus et abandonner aussitôt. Après tout, ça avait déjà dégénéré à son arrivée et il n’avait fallu que de quelques minutes pour que ça recommence à nouveau… Si c’était ça sur toute la nuit, nous finirions par la passer aussi éloignés que la bibliothèque ne nous le permettait. Et, de toute évidence, Erin avait à coeur d’installer cette distance dès maintenant puisque sa main quitta la mienne quelques instants plus tard, me laissant un peu hébété. Qu’il était loin notre trajet parfait ! Le silence agréable et ses doigts glissés entre les miens… Là, l’air était lourd et sa chaleur disparue. Elle ne semblait pas l’avoir remarqué ou, du moins, n’avait pas l’air dérangée par le changement. C’était d’autant plus blessant d’ailleurs… Si elle avait juste eu besoin de compagnie pour perdre sa soirée ici, elle aurait très bien pu trouver quelqu’un d’autre… J’étais absolument certain que Bradford se serait fait un plaisir de jouer les chevaliers servants et d’assassiner sa solitude.

Ça ne m’a même pas effleurrré l’esprrrit.

Sur quoi elle reprit sa route tranquillement, m’abandonnant derrière elle comme si je n’avais jamais été là. Je détestais cette soirée et je la détestais plus encore d’être venu me chercher pour m’imposer ça. Je perdis quelques secondes à observer les ouvrages qui l’avaient intriguée et finis par lui emboîter le pas, de moins en moins enthousiaste. Je ne pouvais pas dire que l’ambiance qui régnait à Serpentard était excellente, loin de là, mais elle n’était pas pire que celle qui régnait dans cette pièce à cet instant précis. Le sourire amusé qui fendait généralement mes lèvres en sa compagnie n’était plus qu’un lointain souvenir et j’étais bien incapable de me défaire de la lueur déçue qui dansait dans mon regard clair. Je n’avais pas la moindre idée de ce que je faisais là et si j’avais eu la possibilité de retourner me coucher sur le champ, je l’aurais fait sans le moindre doute. Je défis le cordon de sécurité pour nous ouvrir le passage et le remis derrière nous. Mon attention se perdit péniblement entre les ouvrages qui nous étaient jusque là interdits mais le coeur n’y était pas. Il était probable que, dans d’autres circonstances, ça aurait eu l’air du Paradis sur Terre, ce soir ça avait des airs d’Enfer… Et pas le même Enfer que celui tout hivernal sur lequel nous avions régné un moment, non, juste une véritable torture dont j’aurais préféré me passer.

Fallait pas venirrr, si c’était pourrr tirrrer la trrronche, me cracha-t-elle au visage avant de s’éloigner.

Je la regardai faire, le coeur plus lourd qu’à l’ordinaire. Je n’aimais pas la tournure que prenait tout ça. Nous avions beau avoir l’habitude que la situation s’envenime rapidement, je n’avais jamais l’impression que quelque chose clochait réellement. Nous n’étions pas sur la même longueur d’ondes ou notre susceptibilité avait fait des siennes… Qu’importe. Rien de grave ni de surprenant. Alors que ce soir, c’était comme si elle m’échappait. Et si j’avais envie de la retenir, j’en étais bien incapable. J’étais bêtement vexé par son attitude. Peut-être qu’elle regrettait vraiment de m’avoir demandé de l’accompagner ? Ça n’était pas particulièrement impossible et depuis que nous avions quitté notre cachette idiote, j’en avais presque clairement l’impression. Un soupir m’échappa alors que je tirais un livre de son étagère et que je consentais à lui adresser la parole en faisant fi du reproche éhonté qu’elle venait de me claquer à la figure.

J’avais crrru aperrrcevoirrr un manuel à destination de ceux qui ont perrrdu toute gaieté.

Malgré l’agacement et son comportement ridicule, je ne pus m’empêcher de sourire en entendant sa réponse d’un ridicule affligeant. Je refermai le livre sans rien y avoir trouvé d’intéressant et le reposai avec précaution, comme si je n’y avais jamais touché. Je pris la direction d’Erin et m’adossai au meuble, non loin d’elle. Je pris soin de croiser les bras dans un geste boudeur qui ne ressemblait plus à grand chose et dardai sur elle un regard qui se fit moins las que prévu. Elle était nulle, c’était un fait, mais c’était ma nulle et je détestais cette tension pesante. Je voulais bien qu’on se dispute mais pour des choses futiles comme un jeu de cartes ou un bol de soupe mais absolument pas pour quelque chose de plus grave comme l’incertitude palpable qui planait au-dessus de nous et me paraissait presque remettre en question ma place à ses côtés.

Est-ce que ça t’arrive, parfois, de me prendre un peu au sérieux ?

Il n’y avait pas la moindre animosité dans ma voix, même pas l’ombre d’un reproche. Je glissai doucement un doigt sous son menton avant de la forcer, tout aussi doucement, à tourner la tête.

J’espère que tu as gardé le nom, en tout cas, tu as l'air d'en avoir besoin autant que moi…
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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyMer 22 Jan - 22:54

once upon a time in a land far away
junior & erin


Comment nos doigts pouvaient-ils rester obstinément liés - symboles d’une profonde affection - alors que nos répliques fusaient, cinglantes et assassines - emblèmes d’un orage explosif ? Cependant, malgré les ressentiments qui enflaient, je n’avais pas envie de retirer ma main de cette étreinte. Ce n’était plus que la seule à me retenir un tant soit peu aux promesses de cette soirée, qui s’évanouissaient une à une face à ces tensions sorties d’on ne savait où. L’ombre seule d’une fille quelconque enlaçant Junior de ses bras prédateurs, dont Phoenix n’était que la représentation sortie d’esprits ignares, n’avait pas la capacité d’être si menaçante. N’est-ce pas ? Subitement vient s’abattre à son tour l’ombre de mes inexistants prétendants, comme une contre-attaque formulée par mon meilleur ami. Je fronce les sourcils, agacée. Autant d’ombres qui obscurcissaient le ciel de notre doux paradis, masquant une à une les étoiles qui l’embellissaient, transformant lentement mais sûrement le rêve en cauchemar. J’avais fait de Charles-Auguste un aspirant solide alors qu’il n’était rien de plus qu’un sot contre les lèvres duquel les miennes s’étaient malencontreusement posées. Une carte à jouer dans des situations qui le requiéraient. C’était bien là le seul. Tu dois me confondrrre avec l’une de tes poules, c’est vexant répliqué-je, acide. Métaphore mue par la vision d’une poule pondeuse caquetant à chaque expulsion d’un oeuf. Sa condescendance me giflait plus violemment que la moquerie et je commençais à sérieusement considérer l’option de me retirer loin de sa compagnie puisque la mienne semblait lui être parfaitement désagréable. Mon seul et unique soupirrrant n’apporrrterrra que du sang bleu. Qu’imporrrte le titrrre que tu lui octrroie, lui au moins est un vrrrai Rrroi. Le courroux chagrin qui tempêtait dans mon crâne rendait plus âpre mon accent norvégien. Le constat était factuel et partait de l’idée préconçue - mais assez peu éloignée de la vérité en réalité - que tous les aristocrates français étaient apparentés à la royauté. Ce n’était peut-être pas exact en ce qui concernait l’autre sot, mais je ne souhaitais pas laisser le dernier mot à un Junior aussi dédaigneux. Le laisser critiquer impunément mes prétendants imaginaires revenaient à cela.

Quoiqu’il était entrain de nous arriver, c’était parfaitement désagréable. Bien plus et bien différent de toutes les fois où nos humeurs aléatoires se jouaient de nous et où nous nous fâchions pour un rien. Le rien n’existait pas présentement, ou bien je n’arrivais pas à le saisir. Il n’y avait que l’intolérable sensation que quelque chose clochait. Le beau rythme de notre valse était brisé, nous nous marchions sur les pieds et le tableau se noircissait à vue d’oeil. Tout ça pour quoi ? De nouvelles piques bien moins enfantines et bien plus empoisonnées qu’à l’accoutumée accompagnées d’un ricanement qui me déchirait les oreilles. Tu le saurrrais si tu t’inquiétais un peu moins du tien. Ma susceptibilité était bien éraflée. De tels propos venant de lui m’atteignaient bien plus que mon amertume ne le laissait deviner. Ce n’était pas comme si je me préoccupais de son bonheur, après tout. Incapable de savoir s’il cherchait à me blesser ou s’il le pensait sincèrement, j’optais tout naturellement pour la seconde solution, et c’est tristement offensés que mes yeux s’égarent sur les rayonnages.

Ce n’est qu’en déchiffrant quelques mots qui éveillent un intérêt tout particulier que je m’arrête net et que mes doigts consentent enfin à se séparer de ceux de Junior. Séparation physique qui vient renforcer l’autre, plus intime. Je ne reste guère longtemps devant ces ouvrages, savoir qu’ils existent me suffit pour l’instant. Tout l’amusement que représentait cette découverte s’est durablement envolé, et rien ne semble pouvoir éveiller de nouveau mon espiègle curiosité. Le froid polaire qui nous enveloppait ne comportait aucune douceur, loin très loin de notre royaume enneigé, véritable paradis hivernal. En toute autre circonstance, je me serais déjà fendue d’un adieu Corrrnelius poliment insolent et me serais enfuie loin, bien loin. Mais nous n’avions aucune possibilité d’échapper à cette étouffante atmosphère et c’était sûrement ce qui la rendait là si pesante. Obligés de continuer à danser alors que nos pas ne ressemblaient plus à rien.

Pénétrer dans la réserve n’avait plus aucune saveur. Les interdits bravés étaient fades, les connaissances jalousement gardées ici, ternes et quelconques, et ce tête-à-tête que j’avais fantasmé toute la journée me déplaisait. Auréolée de suffisance et d’irritation, je disparais dans un coin de la pièce accompagnée du silence que mes mots laissent derrière eux. Pouvions-nous rattraper ce moment ? Y avait-il seulement quelque chose à rattraper ? Mon caractère, dans toute l’excessivité qui le définissait si bien, ne voyait rien du tout qui soit récupérable. C’était un fiasco complet, et l’on m’y reprendrait à un sacré nombre de fois avant que je ne m’y retente. Je le sens arriver sans le voir ni même l’entendre, mais sa présence emplit brusquement l’espace autour de moi. Mes yeux qui feuillettent l’étagère face à moi font mine de s’arrêter, et dans une insuffisance impertinente je m’empare d’un livre dont je n’ai même pas déterminé le sujet. Tout ce qui compte est bien évidemment de donner l’impression que son contenu m’intéresse plus que mon meilleur ami. Rien ni personne n’éveillait plus mon insatiable engouement que lui. Ce n’était pas un grimoire trop lourd et foncièrement ennuyant, quel qu'en soit le sujet, qui pouvait rivaliser avec lui. Je m’appliquai pourtant à lui démontrer le contraire, ignorant sa présence avec une impolitesse qui frisait l’insulte. Lèvres pincées, regard balayant les lignes que je ne lisais pas des pages dont je ne comprenais pas les propos, nez plissé, j’étais une parfaite représentation de l’indifférence que quelque chose préoccupe. Avec sa présence si proche de moi et le silence qui régnait, je me sentais scrutée. Cela ne me dérangeait guère en temps normal, mais dans cette ambiance particulière, j’avais bien du mal à ne rien laisser paraître. Sa voix balaye la tentative stupide de mes pupilles claires qui ne parviennent à rien du tout. Je ne décèle aucune moquerie dans son ton mais me refuse toujours à lui accorder une quelconque attention. J’en suis néanmoins bien obligée alors que son doigt se faufile sous mon menton, me poussant doucement à relever le visage dans sa direction.

Sans contempler son regard cristallin, il était plus facile de continuer à faire brûler cette amère rancune. Plonger dans ses pupilles que je connaissais par coeur rendait la tâche plus ardue. Toutefois, je ne cillai ni ne baissai les yeux. Une moue têtue accompagna mon léger haussement d’épaules. Je ne crrrois pas qu’Errrin Sørrrensen en soit capable fais-je dans une pitoyable tentative de conserver un ton hautain et dédaigneux. Je n’étais pas capable de lui tenir tête quand il me fixait aussi intensément et avec le même sérieux qu’il interrogeait chez moi. Non, je suis entrrrain de cherrrcher de quoi fairrre disparrraîtrrre les mauvaises idées avant même qu’elles ne naissent. J’appuie ces quelques paroles offensées d’un léger claquement produit par le grimoire que je referme, sans plus y jeter un coup d’oeil. Les miens sont bien trop occupés à se noyer dans ceux de Junior et à tenter d’y déchiffrer quoi que ce soit. Mais celui-ci ne contient rrrien d’utile. Sans me défaire, ni de son regard, ni de son contact, je tends le bras en direction d’une étagère pour y laisser négligemment reposer le livre. Je sentais le souffle chaud de Junior me chatouiller le visage mais je me demandais si notre proximité pourrait faire renaître une quelconque intimité. Nous avions tellement malmené la précédente que cela me semblait tout à fait impossible. Encore aurait-il fallu qu’il le veuille. Bon, et maintenant ? lâché-je. Nous étions coincés ici mais peut-être existait-il un moyen de sortir et de retourner dans nos dortoirs. Cela ferait du bruit, assurément, mais cachés sous ma cape d’invisibilité nous pourrions nous en sortir sans le moindre mal. Je n’étais pas certaine que c’était là ce dont j’avais envie : nous étions bien loin du moment privilégié que j’avais rêvé. Néanmoins, il était inenvisageable de subir le désintérêt de Junior toute la nuit, tout comme il était impensable que je le contraigne à rester ici s’il ne le désirait pas.
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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyJeu 23 Jan - 0:52



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Comment avions-nous pu en arriver là si rapidement ? Le mystère restait entier… Il me semblait que ça ne faisait que quelques secondes à peine que, cachés derrière un rayonnage, son corps reposant maladroitement contre le mien, nous regardions MacCreery nous offrir ce qui aurait dû être la meilleure nuit de ce début d’année… Et au lieu de ça, le gouffre qui se creusait un peu plus à chaque instant me paraissait infranchissable. Est-ce que c’était vraiment Reyes le déclencheur de cette apocalypse ? J’aurais sincèrement voulu prétendre que oui, elle l’était, mais ça n’avait aucun sens… Ni les reproches sous-jacents, ni les attaques perçues si violemment, ni… ni rien en réalité. Elle n’aurait dû être un prétexte à quelques plaisanteries douteuses et des rires complices, pas à tout ça ! Ce soir, je ne nous reconnaissais pas. Je n’avais pas la moindre idée de ce qui était arrivé à notre amitié mais j’espérais plus que tout que ça ne durerait pas. Je ne voulais pas passer chaque jour à prier pour que ça n’explose pas, pour que ce qui restait de nous ne finisse pas par s’envoler en fumée. Ne valions-nous pas mieux que cette dispute troublante ? Visiblement pas…

Tu dois me confondrrre avec l’une de tes poules, c’est vexant.

L’une de mes poules…? C’était fou de voir tout ce qu’un mensonge que je n’avais même pas prononcé avait pu laisser derrière lui. Peut-être que de me rendre compte quelle image médiocre elle avait de moi me faisait plus mal que je ne l’imaginais…? Pourtant, c’était la même image que j’avais d’elle… Mais elle m’avait donné des raisons de l’avoir ! Ce qui n’était pas mon cas. Je n’avais rien dit. Absolument rien ! Je ne l’avais jamais laissée croire que je ne sais quelle idiote me dévorait du regard avec tout l’amour du monde (j’aurais plutôt parier sur une lubricité déplacée dans le cas de cet imbécile) dans des moments plus qu’intimes et attendait avec impatience de me passer la corde au cou !

Il n’y a pas de risques, non, m’exclamai-je avec prétention, comme si ces filles qui n’avaient jamais existé me paraissaient infiniment mieux qu’elle.

Rien ne pouvait être plus faux, pourtant… J’avais un respect immense pour Erin, une tendresse incroyable et aucune fille au monde, qu’importe qu’elle fut plus belle, plus intelligente ou plus facile à suivre !, aucune fille n’avait jamais pu rivaliser avec ma meilleure amie. Elle avait des défauts insupportables, elle me faisait perdre mon sang-froid comme personne n’y arrivait et il n’était pas rare que je me demande pourquoi j’étais ami avec elle tant elle pouvait se montrer détestable mais je ne l’aurais échangée pour rien au monde. Aucune poule, aucune princesse… Personne. Mais j’aurais préféré mourir que de le reconnaître. Qu’elle croit qu’il y en avait des tas, comme elle, mieux qu’elle même !, et qu’il ne me serait pas difficile de la remplacer !

Mon seul et unique soupirrrant n’apporrrterrra que du sang bleu. Qu’imporrrte le titrrre que tu lui octrroies, lui au moins est un vrrrai Rrroi.

Sa réplique me fit clairement l’effet d’une gifle et durant une seconde, rien qu’une toute petite seconde, je la fixai, incapable de réagir. C’était comme si mon monde venait de s’effondrer et que je n’avais plus rien à quoi me raccrocher. Elle me sembla plus étrangère qu’elle ne l’avait jamais été, comme si je n’étais plus certain de qui j’avais à mes côtés. Pourtant, ça n’était que la digne continuité de cette soirée déplorable ! Mais d’une part elle… elle reconnaissait ce qu’elle avait déjà plus d’une fois sous-entendu et verbalisait ce qui la liait à ce maraud sans cervelle ! Et d’une autre, elle lui offrait purement et simplement la place que j’avais toujours occupée. Il n’était pas vraiment question d’un titre de noblesse ou de privilèges quelconques, non… C’était affreusement plus que ça. Une Reine n’avait qu’un Roi et visiblement, elle avait fait son choix. Des deux, je crois que c’était le plus difficile à accepter. Je fus tout juste en mesure de hausser les épaules, feignant de la plus pitoyable des manières une indifférence qui n’existait pas et reportai mon attention sur le vide qui nous entourait. Je ne voyais plus le moindre jeu dans cette joute ridicule, seulement la déclaration d’une guerre dont je n’avais jamais voulue. Dans le fond, le message était clair : elle partirait. Probablement même plus tôt que je ne l’avais envisagé… Je l’avais déjà soupçonné à notre anniversaire, craignant de n’être à ses côtés qu’un Bouffon de substitution… Ça n’était peut-être pas si éloigné de la réalité, finalement…

Tu le saurrrais si tu t’inquiétais un peu moins du tien.

Venant de n’importe qui d’autre, je me serais fendu d’un sourire railleur et n’y aurais porté aucune attention. Mais elle n’était pas n’importe qui d’autre… Elle était… bêtement tout, en réalité. Dès le premier jour, ça avait été elle. Malgré l’éloignement imposé, c’était resté elle. Quand on s’était retrouvés, c’était encore elle… Toujours. La seule pour qui je m’étais vraiment inquiétée à Noël… La seule qui avait réussi à me laisser l’impression gênante (la certitude ?) qu’il aurait mieux valu y laisser ma vie plutôt que de la récupérer sans elle… Tous les amis que je pouvais avoir au monde, même son frère dont j’étais pourtant affreusement proche, n’avaient jamais pu se montrer à ce point indispensables ni modifier durablement l’ordre égoïste de mes priorités de manière si désintéressée.

Il n’y a rien qui vaille la peine de m’abaisser à ça, sifflai-je, la gorge nouée et le sang battant à mes oreilles. Je crois que de ma vie je n’ai jamais prononcé de mensonge aussi atroce et énorme que celui-ci.

Ce fut sur ça que ses doigts lâchèrent les miens et que toute la distance du monde se glissa entre nous. Dans d’autres circonstances, j’aurais tourné les talons sans un mot et ne lui aurait laissé que mon absence pour toute compagnie mais il y avait cette porte fermée qui me faisait presque prisonnier. Sûrement que je n’avais pas envie d’abandonner… tout simplement… Sûrement que j’avais peur qu’en quittant cette maudite bibliothèque, nous soyons incapables de retrouver ce que nous y avions laissé… Je ne sais pas. Je sais seulement qu’à aucun moment l’idée concrète de passer la porte en sens inverse ne me traversa réellement l’esprit. Alors, malgré tout, nos pas nous menèrent jusqu’à la Réserve qui nous accueillit en son sein. Ce qui avait l’air, sur le papier, d’être une idée tentante se révéla finalement dénué de tout intérêt. Je ne voyais plus ce qui m’avait conquis de prime abord et les livres qui s’étendaient à perte de vue sur les étagères n’étaient ni plus ni moins que des bouquins semblables à tous les autres. L’interdiction ne suffisait pas à leur rendre l’étincelle magique qui faisait briller les yeux de chaque élève de Poudlard… Notre dispute, l’incompréhension violente qui nous était tombée dessus pour la première fois de notre vie commune avait tout éclaboussé et terni jusqu’à l’éclat de notre nuit. Dans un espoir vacillant, ma voix résonna à nouveau… sans agressivité, sans moquerie ni méchanceté… Je tâtais péniblement le terrain, bien conscient du risque que je prenais alors. Il y avait des chances pour qu’elle m’envoie sur les roses sans le moindre ménagement mais je refusais de rester simplement là à attendre que le jour se lève. Qu’importe si j’étais plus blessé que je ne voulais bien l’admettre. Contre toute attente, elle finit par me répondre… avec toute l’insolence qui était sienne. Je ne pus retenir un sourire. Elle avait beau être insupportable, elle était douée pour faire fondre tout le négatif que je pouvais lui ressentir à son égard. Comme toujours… Alors j’abandonnai mon livre sans intérêt et me rapprochai silencieusement d’elle. Mes pas étaient presque timides, comme si je craignais de la déranger. L’ignorance qui m’accueillit acheva le peu d’espoir qu’elle avait réussi à raviver. Une seconde passa. Puis deux… puis infiniment trop… Elle ne daigna toujours pas relever les yeux vers moi, comme si je n’existais pas. Elle m’en voulait au moins autant que je lui en voulais moi-même, je le savais, mais c’en était pas moins difficile de faire ainsi face à si peu d’intérêt… Je ne me démontai pas pour autant, prêt à la voir s’échapper, et la forçai à lâcher son livre des yeux. J’étais toujours d’une grande douceur avec elle mais je ne l’avais jamais été tant qu’à cet instant-là. Elle pouvait fuir à tout moment et je savais avec certitude que je ne chercherai pas à l’en empêcher. Si elle s’en allait, ça en resterait là pour ce soir. Et pour aussi longtemps qu’elle le voudrait, en réalité. Si j’étais prêt à abandonner mes positions au nom de cette amitié qui comptait plus que de raison, il était hors de question que je me traîne aux pieds de qui que ce soit, fussent-ils ceux d’Erin ! Elle se laissa faire et plongea son regard clair dans le mien.

Je ne crrrois pas qu’Errrin Sørrrensen en soit capable.
Le contraire m’aurait étonné, murmurai-je simplement sans jamais m’éloigner de son visage ni détacher mes yeux des siens.

Bien sûr que sa phrase faisait écho à l’horreur que j’avais pu lui balancer ! J’en étais parfaitement conscient… Mais feindre l’ignorance me permettait tant d’essayer de repartir sur autre chose que d’éviter d’avoir à lui présenter mes excuses. Est-ce que j’aurais dû le faire ? Probablement… N’importe qui d’un tant soit peu bien élevé l’aurait fait… Mais je n’étais pas le seul à avoir des torts et je n’avais aucune envie de reconnaître les miens sans qu’elle ne le fasse également. C’était d’une puérilité pathétique mais mon ego blessé refusait de s’en défaire. J’avais déjà fait l’effort de revenir alors qu’elle s’était contentée de fuir !

Non, je suis entrrrain de cherrrcher de quoi fairrre disparrraîtrrre les mauvaises idées avant même qu’elles ne naissent. Mais celui-ci ne contient rrrien d’utile.

Le livre qu’elle tenait se referma dans un claquement sourd et retrouva à l’aveugle son étagère. Le regard de la Poufsouffle ne quittait pas le mien et je ne prenais pas la peine de le faire davantage. J’aurais été incapable de dire s’il ne s’était passé quelques secondes ou bien des heures depuis que nous avions mis le pied dans la Réserve. Le temps se jouait de moi sans que je ne trouve rien à y redire. Nous marchions sur des oeufs, bien sûr, mais elle était encore là. Pour l’instant… Elle aurait eu toutes les raisons de fuir et pourtant elle ne l’avait pas fait.

Bon, et maintenant ?

Sa question resta en suspend un instant. Je n’en avais pas la moindre idée. La logique aurait voulu que nous rebroussions chemin et en restions là pour ce soir. Cela faisait deux fois que nous frôlions la catastrophe (encore fallait-il que nous ne l’ayons pas atteinte, ce dont je n’étais pas parfaitement convaincu), il était stupide d’attendre qu’une troisième n’arrive pour limiter les dégâts…

Et bien… maintenant…

Je haussai les épaules, prêt à lui suggérer de rentrer. C’était ce que nous avions de mieux à faire quand bien même accepter un tel échec m’était difficile. Je me fichais bien de la Réserve et de la découverte que nous pourrions louper, c’était notre tête-à-tête que je m’en voulais de laisser ainsi tomber. Doucement, mon doigt quitta son menton et effleura son bras avant de se glisser jusqu’aux siens. Je récupérai sa main comme si je ne l’avais lâchée tout en espérant qu’elle me la laisserait. Mon coeur battait plus fort encore.

Ne m’abandonne pas, Erin.

Les mots passèrent mes lèvres sans se parer du moindre artifice. Sans nonchalance ni prétention, pas même l’ombre d’un sourire. C’était juste d’une sincérité qui me dépassa moi-même et à laquelle je ne m’étais pas attendu. Je ne suis pas certain qu’il y ait eu derrière cette supplication presque injonctive la seule image de cette soirée blessée. Je ne voulais pas qu’elle m’abandonne ce soir, bien sûr, je ne voulais pas qu’elle me tourne le dos et rentre à Poufsouffle… Mais je ne voulais surtout pas qu’elle laisse quelqu’un d’autre, qui que ce soit, se mettre entre nous. Je ne prétendais pas que notre bulle pourrait retrouver tout l’éclat que nous lui connaissions mais je refusais qu’elle éclate.

Il… il paraît que la bibliothèque n’ouvre pas avant huit heures demain matin… et… et j’ai envie de profiter de cette nuit avec toi. Et tant pis si les livres ne contiennent rien d’utile et qu’ils ne sont même pas fichus de régler les problèmes de mauvaises idées ou de manque de gaieté.

Ça n’était pas vraiment des excuses, j’en convenais parfaitement, mais ça sentait la culpabilité à plein nez… Pour l’heure, c’était le mieux que je puisse faire sans savoir comment elle allait me recevoir. Et j’osais à peine espérer que c’était mieux que rien…
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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyJeu 23 Jan - 18:49

once upon a time in a land far away
junior & erin


Poussés par mon impulsivité exacerbée par la prétention qu’affichait Junior, les mots qui franchissent mes lèvres dépassent ma pensée. Le temps d’une seconde, une infime mais interminable seconde, j’étouffe sous la pression de cet étrange sentiment. Junior cille, me libérant de son regard figé, et j’inspire, ravalant ce qui n’était ni de la tristesse, ni de la colère, mais un douloureux mélange de chagrin et de dégoût entièrement dirigé contre moi-même. Je n’aimais pas cet éclat terrible qui avait fendu les prunelles de mon meilleur ami. Même si je respirais de nouveau normalement, je sentais cette désagréable émotion qui ne me lâchait pas, accrochée de toutes ses forces aux frissons qui léchaient ma colonne vertébrale. Il m’avait accueillie avec un engourdissement qui frisait l’insulte, avait laissé entendre qu’il aurait pu être mieux occupé avec quelqu’un d’autre, venait de me réduire à bien moins que ses stupides prétendantes, et c’était pourtant contre mes paroles que s'offusquait une partie de mon être ! Mon orgueil blessé se révoltait contre cet état : ce n’était pas à moi de ressentir autre chose qu’une colère bien justifiée. Pourtant, c’était le cas. Car quoiqu’il ait pu dire ou pu faire ce soir qui me blessât, rien n’était encore à la hauteur du sous-entendu qui s’était glissé dans mes paroles. Le conditionnel venu les tempérer n’avait pas résisté à mes roulements enflammés et ainsi l’implicite était devenu limpide. Son haussement d’épaules indifférent était pire que toute réplique alors qu’il aurait du m’apparaître comme une victoire puisque je venais d’arracher le dernier mot. Nul triomphe dans cette joute qui nous opposait puisqu’à partir à du moment où nous devenions adversaires, il ne pouvait y avoir que des défaites. Son trait persiflant acheva mes frissonnements laissant place nette à une contrariété brûlante. Je détestais autant les écervelées auprès desquelles il s’acoquinait que ce pitoyable Charles-Auguste qui ne parvenait même pas à me faire prendre l’avantage. Il n’était le Roi du tout : il ne l’avait jamais été et ne le serait jamais. Probablement que du sang royal coulait dans ses veines, mais le seul et unique Roi à mes yeux était cet outrancier Serpentard qui éveillait chez moi en cet instant autant de rage que de peine. Peut-être aurait-il été plus fructueux de le lui dire. Mais je n’allais pas m’abaisser à cela alors que je ne valais pas la peine à ses yeux.

Que de paroles qui auraient dû être tues. Aussi tranchantes que des Diffindo, elles vinrent à bout de la résistance solides de nos doigts mêlés. C’était plus qu’une distance physique qui s’installait ; elle en était d’autant plus dure à supporter. Il n’y avait aucun échappatoire, la porte de la bibliothèque fermée dans notre dos telle une porte de prison. Cela nous aurait éventuellement permis de mettre fin à cette soirée catastrophique et nous nous serions retrouvés, le lendemain matin, comme chaque jour… n’est-ce pas ? La désagréable impression que les tensions ne se seraient pas si rapidement évanouies était là, tenace. Pas cette fois. Alors peut-être était-ce pour le mieux que nous continuions notre cheminement dans ce lieu abandonné de toute autre présence, quand bien même toute complicité avait déserté nos silences. Tels deux condamnés à mort, nous avançions vers notre exécution. C’était douloureux d’avancer dans ce mutisme pesant, comme si chaque pas abandonnait un peu de nous. Nous n’en étions pas à notre première mésentente, elles survenaient aussi vite qu’elles disparaissaient, nous étions habitués. C’était notre danse, notre rythme, une valse dont nous étions les seuls à pouvoir suivre le tempo. Les faux pas n’étaient qu’un prétexte pour nous faire tournoyer ou entamer une nouvelle symphonie. Mais le poids de toutes ces ombres qui nous menaçaient à l’intérieur même de notre bulle rendait les choses différentes cette fois-ci. J’étais incapable de rester aux côtés de Junior alors que cette blessante chape de plomb continuait de nous peser, instaurant un éloignement que je ressentais comme de plus en plus grand. Alors je disparais, ne laissant derrière moi que quelques mots acerbes.

D’un naturel assez peu concentré, tout effort pour lire et comprendre ne serait-ce qu’une seule ligne m’était devenu impossible. Mes forces toutes entières se dispersaient à la recherche de la présence, normalement réconfortante, de mon meilleur ami que j’avais laissé là-bas, entre deux étagères. L’oreille tendue, les sens aux aguets, le livre que je tenais ouvert n’était qu’un artifice utile pour occuper mes doigts glacés. Comme une flamme qui ne décide de briller avec force que lorsqu’une certaine personne se trouve dans son périmètre, mon attention se dressa toute entière en sentant la présence de Junior dans mon dos. Quelque part, le douloureux soulagement de savoir qu’il ne m’avait pas quittée fut semblable à un déchirement. La douleur n’était pas celle de mon orgueil blessé : alors quoi ? Je n’étais simplement pas capable de me réjouir égoïstement de le savoir à quelques pas de moi et il me fut impossible de quitter ces pages informes des yeux. C’est la douceur de son appel qui me fit prendre conscience d’à quel point mon corps tout entier était noué. Suivant le geste qu’il ordonnait avec une tendresse qui me brûlait la peau je crochetai son regard clair. C’était tout comme plonger sa peau glacée par la neige dans de l’eau tempérée, à l’image de notre retour à la réalité le soir de nos anniversaires. Nous n’avions pris conscience du froid qui nous gelait les os que lorsque nous avions retrouvé la tiède chaleur de ses appartements. Et ce qui aurait dû être une source de réconfort s’était avéré être aussi piquant que mille aiguilles. Son geste, les traits de son visage, ses pupilles cristallines, il n’avait beau dégager qu’une tendre émotion, celle-ci était aussi éprouvante à contempler qu’un bain bouillant à prendre. Mon air à moi tâchait farouchement de conserver un semblant de suffisance orgueilleuse, mais je sentais que mon regard perdait toute lueur vindicative. À défaut, j’en pourvu ma voix, mais ce fut là encore une tentative pitoyable au regard de ce que j’étais capable de faire. Son calme caressant avait plus de force que n’importe quel coup et un bien meilleur pouvoir de persuasion.

Son murmure était diablement apaisant. Ce garçon était l’enfant de Satan, j’en étais chaque jour un peu plus convaincue. Il parvenait à me mettre hors de moi en un battement de ses longs cils, puis d’un frôlement de ses doigts me rendait aussi tranquille qu’une enfant bienheureuse. Comment pouvait-il si bien me connaître et dans le même temps me croire aveuglément quand je lui déroulais la liste imaginaire de mes amourettes. Aussi immobiles que deux statues de glace, seuls nos lèvres faisaient encore quelques mouvements, dans l’unique de s’échanger d’aimables politesses. Je vins rompre cet immobilisme d’un geste sec, mais aussitôt délestée du grimoire, nous reprîmes notre mutisme gestuel. Le tout, sans que nos pupilles ne s’égarent ailleurs que dans celles de l’autre. La tournure que prendrait notre soirée pendait au-dessus de nos têtes, tel un Avada Kedavra suspendu dans le vide. Le moindre faux pas, et notre sentence était prononcée. La question en apparence banale accéléra sensiblement les battements de mon coeur. Je n’attendais rien de plus que Junior me propose de cesser là cette mascarade, et je craignais cette possibilité autant que je la désirais. Je n’avais pas envie de poursuivre cette joute épuisante et bien plus blessante que n’importe laquelle, mais je n’avais pas plus la volonté de voir la silhouette de mon meilleur ami s’évanouir dans la nuit. Je sentis quelques battements manqués se perdre douloureusement dans ma poitrine alors que ses doigts s’emparaient des miens. Combien de temps s’était écoulé depuis notre entrée dans la bibliothèque ? Je n’en avais aucune notion, mais j’avais le sentiment que cela faisait une éternité qu’il ne m’avait pas tenu la main.

Ce fut son tour de me figer à l’aide quelques mots prononcés sans aucune intonation qui viendrait en changer le sens. Il était impensable que je l’abandonne. Depuis notre toute première rencontre qui était venue éclairer mon ciel gris londonien, il en avait été ainsi. C’était bien la raison pour laquelle je craignais qu’un jour il ne s’éloigne, attiré ailleurs par une autre qu’il aimerait plus. À nous deux nous formions un tout si complet que le reste paraissait bien fade en comparaison. J’étais sa Reine, il était mon Roi, c’était ainsi et je ne souhaitais qu’une chose : que ça le reste. J’avais envie de lui hurler tout ça, mais toute ardeur volcanique semblait m’avoir désertée, ou bien était-elle contenue par cette main qui enveloppait la mienne. Alors, au lieu de lui hurler qu’il n’était qu’un fieffé imbécile et autres regrettables idioties, je détachais douloureusement mes doigts des siens. Ma brutalité était peut-être atone, pas mon impétuosité. Enfin cette insupportable distance trouvait la fin qu’elle méritait alors que je m'abîme dans une étreinte réconfortante, mes deux poings serrés venant se poser contre ses omoplates tandis que mon visage se perdait dans le lainage de son pull. Je sentais des battements véhéments tambouriner dans ma cage thoracique, sans me dire qu’ils n’étaient peut-être pas les miens. Ça non soufflé-je, ma voix étouffée par le tissu et mes cheveux qui cascadaient le long de mes pommettes. Toi non plus rajouté-je, imperceptiblement, tellement que je n’étais pas sûre qu’il m’entende. Ce qui n’était pas forcément une mauvaise chose, tant j’avais le sentiment d’avouer là une faiblesse inhabituelle. De nouveau sereine à mesure que ses envies s’expriment dans des mots dénués de coup-bas, peut-être un peu aidée par la chaleur que dégageait Junior contre moi, je me laisse à une petite moue de connivence. Ils ne contiennent rrrien de toute façon. Nous étions bien loin de ce que les gens normaux formuleraient des excuses, mais nous rendions les armes. Drapeau blanc et blanche colombe, la dispute cessait là. Tout était-il effacé ? Je n’en savais trop rien, mais nous avions maintenant toute la nuit pour éviter les dangereux pavés qui pouvaient nous mener une nouvelle fois vers des sentiers obscurs, et pour tenter de débroussailler la route. Mais puisque nous sommes rrretenus ici jusqu’à demain... Grimoires ou pas, intéressants ou pas, nous ne bougerions pas de notre antre, quand bien même celui-ci était terni par l’éclat de notre récente discorde.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyVen 24 Jan - 0:20



once upon a time in a land far away
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

J’avais comme l’impression que quelque chose avait changé sans parvenir à savoir quoi. Les foudres de notre querelle semblaient affreusement moins factices que celles que je leur connaissais. d’ordinaire et le silence qui s’était installé entre nous bien plus pesant encore… Je n’avais jamais vraiment apprécié que nous nous disputions, évidemment, mais cela faisait partie des habitudes acquises au fil des ans. C’était devenu comme un jeu, à celui qui répliquerait en dernier, à celui qui tiendrait le plus longtemps en boudant. Mais il n’y avait jamais rien de particulièrement réel derrière tout ça. Un sourire et tout redevenait d’une banale normalité. Est-ce que c’était réellement possible, ce soir ? Est-ce que, quoi qu’il se passe, j’étais en mesure de fermer les yeux et d’oublier qu’elle n’attendait probablement rien d’autre que le retour de son seul et unique soupirant ? D’aucuns auraient prétendu que c’était de la jalousie, moi j’y voyais plus largement de la déception. Comme si notre duo merveilleux était finalement basé sur du vent. Ah qu’elle était belle, ma Reine, à changer si promptement de couronne ! Et, dans tout ça, je me sentais terriblement stupide. Tant d’avoir laissé mes paroles largement dépasser ma pensée que d’avoir cru à notre règne sans l’ombre d’un doute. Depuis notre anniversaire, pourtant, l’image de ce benêt pathétique nous hantait mais l’espoir qu’il y avait une once d’humour derrière ses dires avait été tenace… Il n’y en avait plus désormais. L’affaire était close : elle partirait. Il était probable même qu’elle m’échappe bien avant qu’elle ne disparaisse totalement… Chaque pas qu’elle ferait dans sa direction la pousserait loin de moi. J’aurais tellement aimé prétendre que je m’en fichais ! Mais dans cette bibliothèque bien trop silencieuse, les yeux fixés sur l’endroit où elle avait fini par quitter mon champ de vision, j’en étais incapable. De ma vie jamais mon coeur ne m’avait paru aussi lourd. Je lui en voulais de m’imposer ça autant que je m’en voulais d’avoir participé à cet effondrement…

Pourtant, je me risquai à suivre ses pas dans l’espoir branlant de ne pas en rester là. Peut-être qu’elle le voulait, elle. Peut-être qu’elle n’attendait plus rien de nous… Parce que j’en attendais quelque chose, moi ? La question resta en suspend, sans réponse. Je n’en avais aucune à m’offrir. Une indifférence froide m’accueillit alors que j’arrivais à sa hauteur. Pas à geste. Pas un regard. Elle me sembla presque méprisante, ainsi murée dans son silence. L’idée n’avait plus l’air aussi bonne que prévue… Je préférais très certainement l’incertitude à un rejet évident. Mais si je ne le faisais pas, est-ce qu’elle le ferait, elle ? Et si elle ne le faisait pas, est-ce que je parviendrais à me le pardonner ? Rien n’était moins sûr. Le monde était bien trop inconstant pour accepter perdre mon principal repère. Alors, doucement, je la forçai à admettre mon existence. Qu’elle boude autant qu’elle le voulait mais qu’elle cesse de m’ignorer de la sorte. Si je n’étais pas prêt à formuler des excuses en bonne et due forme tant les torts étaient partagés et que j’étais persuadé qu’elle ne reconnaîtrait jamais les siens, je l’étais à faire des efforts pour préserver ce que nous n’avions pas brisé sur notre passage. Elle se laissa faire. Je ne cherchai pas à m’éloigner. Son regard accrocha le mien et je le soutins sans broncher. Je sentais mon coeur résonner dans tout mon corps. Je n’avais jamais eu l’impression d’être si proche de la perdre. Comme si un battement de cil aurait suffi à la faire disparaître. Le temps ralentit, s’étira, s’arrêta… Il acceptait de me laisser profiter de cet instant incertain, coincé entre la colère et l’amitié. Le calme qui régnait dans la pièce m’étouffait. J’avais envie de partir autant que j’avais envie de rester. Je n’étais pourtant pas d’un naturel particulièrement indécis mais, ce soir, chaque option me paraissait mauvaise. Et probablement qu’Erin ressentait la même chose. Sa question me laissa bête. Et maintenant…? Je n’en savais rien. Et maintenant nous abandonnerions la Réserve et nous nous glisserions dans nos dortoirs comme si nous en étions jamais sortis. C’était un choix logique et raisonnable. Les tensions étaient palpables et le mal était fait. Je n’étais pas certain qu’il nous faille réellement nous acharner pour l’instant. Ce qui tenait encore n’était pas invincible et je craignais que nous finissions par l’achever. Les souvenirs de la porte de ma chambre s’ouvrant sur elle, Orpheus dans les bras, me revinrent sans raison. Et maintenant j’avais plus envie que jamais de rester à ses côtés avant que sa vie ne l’appelle ailleurs et vivre sans regret les derniers jours de notre règne. Avoir tout tenté, espéré jusqu’au bout… Qu’importe si la fin n’en était que plus douloureuse encore. Parce qu’elle arriverait, n’est-ce pas ? Évidemment… Dans le fond, je l’avais toujours su et redouté à la fois. Nous ne pourrions pas rester éternellement les adolescents que nous étions aujourd’hui. Son cher Charles quitterait Beauxbâtons, elle quitterait Poudlard et leurs chemins finiraient par se lier bien plus étroitement que les nôtres ne l’avaient jamais fait. Les amitiés qui duraient des vies entières n’existaient que dans les livres. Ma main glissa jusqu’à la sienne avec une timidité craintive. Un rien pouvait envenimer les choses et je n’en avais jamais si pleinement conscience. Et puis, sans prévenir, les mots quittèrent mes lèvres. Sincères et inquiets. Elle se défit de mon étreinte et, pour la deuxième fois de la soirée, mon monde parut s’effondrer. Elle me détestait donc à ce point ?! J’eus un mouvement de recul instinctif et désespéré, comme si cela aurait pu me protéger de rejet qu’elle m’offrait.

Mais au lieu de me planter là, elle assassina la distance et laissa ses bras m’entourer. Si ça n’avait aucun sens, je ne pris pas la peine de m’en offusquer ! Je lui rendis doucement son étreinte. Je ne voulais plus la lâcher. Plus jamais. Tant qu’elle serait tout contre moi, elle aurait bien du mal à rejoindre son soupirant pathétique ! Son visage se cacha à moitié dans le tissu de mon pull tandis que mes doigts remontaient le long de son dos. Le monde recommençait enfin à tourner. Mon coeur, lui, ne cessa pas sa course effrénée et je craignais qu’Erin ne puisse le remarquer. Sa chaleur était infiniment rassurante et semblait suffire à éloigner les ombres menaçantes qui se vivaient à chaque recoin de la bibliothèque.

Ça non.

Ça n’était peut-être qu’un souffle malmené par notre étroite étreinte mais jamais deux mots n’avaient si bien sonné à mes oreilles ! J’étais incapable d’envisager cette évidence sur le long terme mais ça n’avait aucune importance. Ce soir, je ferais avec, qu’importe si ça ne devait durer qu’un instant. J’enfouis mon nez dans ses mèches sombres et fermai doucement les yeux. C’était comme être de retour chez moi après une interminable absence. Autour de nous, plus rien n’avait d’importance. Je me fichais de cette bibliothèque, je me fichais du couvre-feu, je me fichais des ennuis que nous pourrions avoir. Il n’y avait plus qu’elle et ce rapprochement délicieux. Après la tempête, il n’y avait rien de plus réconfortant au monde. Elle était là, juste là… et elle ne m’abandonnerait pas.

Toi non plus, rajouta-t-elle plus bas.

Je secouai imperceptiblement la tête pour toute réponse. Non, moi non plus. Jamais ! Qu’importe si ça n’était pas parfaitement réaliste, qu’importe si je savais au fond qu’il y aurait bien un jour où les liens étroits auxquels nous tenions tant ne seraient plus qu’un agréable souvenir… Ce soir, j’y croyais ! Ce soir, j’étais prêt à le lui jurer s’il le fallait ! Jamais je ne l’abandonnerais. Et puis, un peu bancal, un semblant d’excuses brisa le silence qui peinait à nous rendre notre liberté. Pour beaucoup, ça n’aurait eu l’air de rien mais pour nous c’était un armistice bienvenu. Ma main droite quitta lentement son dos pour jouer d’un geste machinal dans ses cheveux de sirène. Des caresses abandonnées se mêlaient à nos paroles maladroites. Ça n’était pas parfait, nous n’étions pas doués pour ces choses-là, bien trop fiers pour accepter de s’abaisser ainsi, mais je les voyais comme elles étaient réellement : prometteuses.

Ils ne contiennent rrrien de toute façon.

Nous n’avions pas vraiment pris la peine de le vérifier jusque là. Je revoyais quelques titres à peine survolés et un sommaire délaissé… Du reste, il n’y avait rien. La Réserve n’avait été qu’un décor dans cet acte tragique. Et cela pouvait continuer à n’être rien d’autre qu’une toile de fond pour un peu que les scènes jouées se fassent plus agréables. L’endroit n’avait toujours été qu’un prétexte. Je nous revoyais, sous sa cape, au beau milieu de mon dortoir désert. Nous aurions très bien pu y rester sans que ça n’entache l’envie de passer cette nuit en sa compagnie. Peut-être même que, si nous y étions restés, rien de tout ça ne se serait passé… Rien n’était moins sûr, évidemment, mais j’avais envie de croire qu’il n’y avait jamais eu la moindre épée de Damoclès pendouillant au-dessus de nos têtes et que tout, absolument tout, aurait pu être évité. Sinon, est-ce que ça ne voulait pas dire que nous risquions de traverser d’autres orages semblables à celui-ci ? Je n’avais aucune envie d’entrer en guerre contre Erin si la seule victoire qu’il y avait à en tirer était notre perte. Aucune victoire ne pouvait exister ainsi…

Mais puisque nous sommes rrretenus ici jusqu’à demain…

Mes lèvres s’étirèrent faiblement en l’entendant. Tant d’enthousiasme, c’était incroyable… Je n’avais toujours pas daigné bouger, profitant de ce rapprochement que je n’avais jamais osé espérer. Si nous n’avions jamais eu de mal à donner à notre relation une dimension tactile et qu’il nous était arrivé de partager jusqu’à mon lit, je ne me souvenais pas avoir connu quoi que ce soit de semblable à cette étreinte qui s’éternisait. Tout le désespoir qui s’était abattu sur moi se ressentait très certainement dans cette façon prudente que j’avais de la garder tout contre moi mais ça n’avait guère d’importance. Elle pouvait bien se rendre compte que j’avais eu peur, le plus sincèrement du monde, je n’avais rien à perdre. Elle ne pourrait que comprendre combien je pouvais tenir à elle et, toute la fierté qui était mienne d’ordinaire ne voyait aucun mal à ça.

… nous aurons largement le temps de tous les inspecter plus tard…?

C’était une piètre tentative mais elle laissait voir tout le soulagement que je pouvais ressentir à présent. Nous n’étions pas totalement sortis d’affaire, évidemment, et je n’étais de toute façon plus assez confiant en cette soirée pour espérer réellement que tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes mais ça n’était qu’un détail. Le pire, je l’espérais, était derrière nous et toute la nuit s’étendait devant nous. Oh, bien sûr, ce serait peut-être un peu long d’attendre demain matin dans cette exacte position mais pour l’heure, ça me paraissait être une suite enviable. Nous n’étions de toute façon pas à quelques secondes, Poudlard ignorait tout de notre présence ici et personne n’aurait l’idée de venir nous y chercher.

Tu sais, soufflai-je doucement à son oreille après m’être légèrement redressé, quoi que j’ai pu dire ce soir… tu vaux la peine que je m’abaisse à m’inquiéter d’un autre bonheur que le mien… le tien m’importe.

Je n’avais aucune envie de revenir sur le reste : je pensais toujours autant de mal des imbéciles qui lui tournaient autour et j’étais bien aise qu’elle croit que je connaissais des filles au moins aussi bien qu’elle ; mais il me semblait important de rétablir la vérité sur ce point. Qu’elle me prenne pour le pire Don Juan de notre génération si ça lui faisait plaisir, qu’elle suppose que je crevais de jalousie si le coeur lui en disait mais par pitié, qu’elle sache qu’elle avait une place immense dans ma vie et que ce que je ressentais à son égard était tout ce qu’il y avait de plus vrai et sincère. Je refusais que nous passions la nuit avec la possible menace de ce mensonge planant sur nous. Qu’elle doute de ce qu’elle voulait mais pas de ça…
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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyVen 24 Jan - 21:24

once upon a time in a land far away
junior & erin


Cette étreinte était impulsive et irréfléchie. En cela, elle me correspondait parfaitement. La besoin primaire d’anéantir toute distance entre lui et moi ne m’était pas étranger non plus : nous avions toujours été complices et tactiles ; que nous parlions de physique ou de psyché, nous n’étions jamais bien éloignés l’un de l’autre, aussi ce fossé que nos offenses avaient creusé, un mot après l’autre, était-il trop important à mon goût. Ce qui m’était moins familier, c’était cette impérieuse nécessité de réconfort que notre houleux échange avait créée. Notre dernière dispute conséquente remontait à notre soirée d’anniversaire. Incapable de trouver le sommeil, j’avais délaissé un lit trop grand et trop froid pour trouver un moyen de rejoindre celui de Junior. Orpheus avait été d’une aide certaine, apparaissant au moment le plus adéquat. Mais ce soir, il n’y avait ni chat, ni sommeil prêt à fondre sur nous, rien qui puisse m’aider à diluer la profondeur et la sensibilité de ce geste.

J’oublie plus ou moins toutes ces considérations lorsque les bras de Junior se resserrent autour de moi, m’enfermant doucement contre lui. Mes paupières glissent, isolant mes prunelles de toute lumière, et m’enferment dans une bulle que j’ai l’impression de retrouver complète. Que me fallait-il de plus que la chaleur de Junior, son souffle chatouillant mon crâne, son parfum apaisant et cette merveilleuse impression que les dernières minutes n’avaient jamais eues lieu ? Nos coeurs battaient à l’unisson une chamade effrenée, mais je ne m’en rendais pas compte, le mien résonnant trop bruyamment. Le monde recommençait enfin à tourner, même si le temps, lui, s’était de nouveau arrêté, suspendu au-dessus de cet inattendu sauvetage. Nous étions incapable de vivre à un rythme normal lorsque nous étions ensemble : le temps s’écoulait soit trop vite, soit il s’arrêtait complètement. Dans les deux cas, il perdait tout son sens. C’était bien mieux ainsi car la perspective du temps qui passe et emporte avec lui même les amitiés les plus solides me terrifiait comme de très rares choses. Je venais d’avoir un douloureux aperçu de ce qu’il adviendrait le jour où Junior choisirait les yeux de biche d’une fille indigne de son intérêt à ma place. Nous étions deux enfants qui avaient découvert que les bouts de bois avec lesquels ils jouent depuis des années étaient en réalité des baguettes capables de lancer des sortilèges mortels. L’avaient-ils été ? Quelle place resterait-il pour notre complicité une fois devenus adultes ? Imperceptiblement, mon étreinte se resserre. Je refusais tout simplement cette éventualité. C’était un affreux concours de circonstances, quelque chose de l’ordre des planètes mal alignées, qui nous avait conduit ce soir sur un terrain si dangereusement pentu. Car Junior ne voulait pas que je l’abandonne et jamais je ne le ferais, nous n’allions pas rouler tout en bas du talus et finir rompus comme deux poupées de son. Nous étions plus forts que ça.

Ce n’était pas dans mon caractère de m’inquiéter autant, ni de ruminer mille questions. D’autant que ce moment m’apparaissait serein et à notre image : unique. Peu importe qu’il ne me soit jamais arrivé de serrer quiconque dans mes bras de cette manière : c’était présentement le minimum requis pour combler le fossé. Un minimum des plus agréables. Je sens son nez se réfugier dans ma chevelure et plus encore l’impression de renforcer notre bulle me satisfait. Il n’y avait actuellement aucun autre endroit où j’avais envie de me trouver. Je rajoute quelques mots, une supplique écorchée qui ne peut franchir mes lèvres autrement que dans un murmure. Son geste muet me tire un soupir qui relâche mes muscles tendus. La sensation agréable de ses doigts jouant avec mes cheveux achève de vaincre toute velléité de bouger ne serait-ce qu’un cil. J’étais enchantée de constater que Junior ne s’agitait pas plus que moi, ses mouvements le long de mes mèches brunes mis à part. Mon coeur battait de nouveau normalement, presque trop lentement même, comme apaisé, me ramenant au souvenir de cette nuit-là, où, nonchalamment allongés sur son lit, nous nous complaisions dans le silence de la pure présence de l’autre. Je n’avais eu besoin que de ça et c’était de nouveau le cas ce soir. Exception faite que sa seule essence ne me cajolait pas assez suffisamment pour que je puisse me passer de ce tendre contact.

Les yeux toujours clos, mes bras enveloppant continuellement son torse, je ne comptais pas quitter cette position avant un temps incertain. Les secondes, de toute façon, s'égrènent de façon chaotique et j’étais bien incapable de déduire celles que nous avions déjà passées ainsi enlacés. Junior pourrait en déduire ce qu’il voulait, cela m’était désormais égal. Tout comme l’était le fait que mes craintes s’exposaient dangereusement à travers ce geste. Fidèle à moi-même, je prenais ce que je désirais, sans me soucier des conséquences. Et je ne désirais rien de plus que de voir ces ombres déplaisantes disparaître de notre cocon pour pouvoir rester ici, dans ses bras, une petite éternité, voire plus.

Sa complétion me convenait parfaitement. Le plus maléfique de ces grimoires avait perdu tout intérêt à mes yeux et je n’avais plus aucune envie de fouiller les étagères à la recherche de quoique ce soit. J’hoche la tête dans un éparpillement de mèches sombres et de laine qui ne laisse plus vraiment voir le sens de mon geste. Plus tarrrd c’est parrrfait approuvé-je donc, un demi-sourire - car à moitié empêché par ma joue écrasée contre son pull - appuyant mes paroles. Plus tard ou jamais. Tout intérêt semblait durablement envolé, bien qu’il reviendrait sûrement plus tard. Peut-être pas en compagnie de Junior, néanmoins. Il y avait des aventures que je préférais mener seule plutôt que de risquer quoique ce soit. Et la bibliothèque serait à jamais le tableau d’une scène trop douloureuse pour que je tente de la rejouer. Il nous faudrait bannir ses allées de nos explorations nocturnes, et cette idée ne me faisait ni chaud ni froid. Nous trouverions d’autres endroits, bien plus agréables, je n’en doutais pas. Tout n’était cependant pas derrière nous. Un souffle grognon m’échappe alors que Junior se redresse. Je n’avais pas terminé ce moment, où croyait-il se rendre comme ça ? Pas très loin, heureusement, ses lèvres glissant seulement jusqu’à mon oreille. Quelles confessions étaient encore nécessaires pour que tout redevienne à la normale ? Car malgré la tendresse retrouvée dans cette étreinte, c’était bien plus que cela qui restait bancal. Un éclopé pouvait bien avancer avec le sourire, il n’en restait pas moins un éclopé. Jamais notre danse ne survivrait à une blessure pareille si nous ne la soignions pas définitivement. Ses mots touchent directement cette étrange sensation, mélange désagréable de chagrin et de dégoût personnel. La sincère franchise qui s’en dégage n’en est que plus brûlante, à l’instar d’un alcool apposé sur une plaie encore à vif. Pourtant, je ne pouvais pas me sentir mieux qu’après avoir entendu ces quelques paroles, d’apparence banale peut-être, mais qui recousaient entre eux tant de morceaux hachés par notre trop réelle dispute.

Apaisée et confuse en même temps, je sentais ma fierté se disputer l’initiative avec ma spontanéité. Si c’est rrréellement le cas, ne rrrefais plus jamais ça, ne t’avise jamais de me laisser parrrce que tu faillirrrais à tes prrropos. Même ainsi, enveloppée de ses caresses, avouant sans guère de détours ce qui me pesait tellement, sans même hausser le ton qui ne dépassa pas le murmure, je parvenais à faire preuve d’un orgueil supérieur tout à fait erinien. C’était maladroit, n’importe qui en conviendra, mais bien plus que ce que je ne faisais jamais. Tu sais soufflé-je, un ton plus bas, ma voix se perdant entre mes cheveux et son souffle, il n’y a qu’un seul vrrrai monarrque, mon Rrroi. Qu’il continue donc de penser que Charles-Auguste ravissait mes lèvres et mon coeur. L’embêter ne me dérangeait pas, bien au contraire, c’était là une composante fondatrice de notre belle danse que j’aimais tant.Et un juste retour des choses fasse à l’image déplaisante de ses prédatrices. Mais il me fallait retirer cette épine avant qu’elle ne s’infecte, et donc ne pas lui laisser croire plus longtemps que je pouvais réellement gratifier l’autre fat d’une couronne qui ne revenait qu’à lui.

De nouveau le temps s’écoula, doux rappel d’une soirée d’hiver passée à ne plus compter les heures. J’étais bien, ainsi, même si l’endroit aurait pu être plus agréable encore que la bibliothèque et plonger nos deux corps dans un confort plus voluptueux que cette position debout. Néanmoins, je n’avais aucune envie ni intention de bouger. Je me sentais entière, ainsi lovée contre Junior, et le début calamiteux de cette soirée me semblait venir d’un autre monde. Il me fallait cependant me rendre à l’évidence : mon meilleur ami détestait les surprises au point qu’elles virent au fiasco le plus total. Cette conclusion me tira un sourire amusé et secret, masqué par notre proximité qui ne s’était relâchée. Ce fut le cas jusqu’à ce qu’un bruit sourd nous fasse sursauter, faisant éclater ce moment hors du temps. Nous n’étions que tous les deux, et je m’attendais pourtant à trouver quelqu’un, debout d’un côté ou l’autre de l’allée, nous observant d’un air réprobateur. Quelqu’un, pour ne pas dire MacCreery. Mais il n’y avait personne, et c’est en constatant que le grimoire dont j’avais simulé la lecture était au sol que je compris d’où provenait cet éclat. Je le désignais à Junior d’un geste empreint de suspicion, mon regard balayant une nouvelle fois le couloir où nous nous trouvions. Il semblait improbable que ce grimoire ait soudainement chuté alors qu’il reposait sans mal depuis de longues minutes déjà.

1 - 2 - Sous nos pupilles soupçonneuses, l’ouvrage dépassa toutes nos intrigantes réflexions, et explosa. Le souffle chaud et puissant nous atteignit de plein fouet et j’eu pourtant l’impression affolée d’être traversée par un rideau de glace. Devant nous, une partie de l’étagère était noircie par l’onde. Tu n’as rrrien ? m’inquiété-je en reportant mon attention sur mon meilleur ami, certaine que tout allait bien pour moi-même puisque je ne ressentais pas la moindre douleur, ni brûlure.
3 - 4 - Sous nos pupilles soupçonneuses, l’ouvrage entama une étrange scène. Agité de soubresauts, il se déplaçait de manière infime, faisant presque du sur place. Fouillant notre droite, puis notre gauche, d’un regard agacé, je cherchais le plaisantin à l’origine de cette blague qui n’avait rien de drôle. Je ne voyais cependant personne, et les tremblements s’intensifiant, j’hésitai entre attraper ce livre pour le faire cesser. C’est ce que je m'apprêtais à faire, si Junior ne m’avait pas retenue, m’intimant que nous ferions mieux de déguerpir.
5 - 6 - Un souffle agacé échappant mes lèvres, je me penche pour rattraper ce cruel rappel à la réalité et le remettre à sa place.
electric bird.



Dernière édition par Erin B. Sørensen le Ven 24 Jan - 21:26, édité 4 fois
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Message(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) once upon a time in a land far away (+ junior) EmptyDim 26 Jan - 16:07



once upon a time in a land far away
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Je n’avais jamais cru qu’il y aurait entre nous un échange si simple et si complexe à la fois. C’était étrange de se rendre compte à quel point les mots devenaient superflus tant, à cet instant précis, tout était évident. Nous étions, je crois, sur la même longueur d’ondes et les craintes partagées de voir l’autre s’enfuir nous faisaient entrevoir notre soirée sous les mêmes lumières. Mais d’un autre côté… Je ne pouvais me demander comment nous nous en sortirions, de celle-là. Notre proximité n’avait jamais fait l’objet du moindre doute, ni pour nous ni pour qui que ce soit nous connaissant un minimum… mais cette proximité n’avait jamais eu la moindre place dans notre équation. Que nous nous tenions la main ou laissions nos doigts effleurer l’autre en passant faisaient partie des quelques habitudes tendres qui nous liaient mais jamais il n’y avait eu une telle nécessité ni une telle force dans une étreinte. De ma vie, je n’avais probablement jamais connu cela avec qui que ce soit. Pas aussi longtemps, pas aussi pleinement. Et là où ça aurait finalement dû être quelque chose d’affreusement gênant ; s’ouvrir ainsi, laisser l’autre apercevoir ses plus profondes faiblesses puisqu’un tel attachement ne pouvait finalement qu’en être une ; je ne voyais qu’un apaisement incroyable. Et j’aimais à croire qu’Erin le vivait de la même manière. En tout cas, elle ne bougeait pas. Elle ne cherchait pas à se défaire de mon étreinte ni à écourter ce rapprochement. Là, tout contre moi, elle semblait en profiter au moins autant que je le faisais moi-même. C’était un armistice bienvenu dans la guerre que nous menions depuis de longues et interminables minutes. Doucement, son corps sembla se détendre entre mes bras. Était-ce normal de me sentir mieux encore après ça ? Elle me semblait presque trop à sa place, ainsi lovée contre moi… Je peinais à saisir toute l’ampleur du contraste saisissant entre les mots salement crachés, les images violemment balancées et cette réalité d’une tendresse évidente. Le sens m’échappait sans que je ne cherche à le retenir pour autant. Je ne doute pas une seule seconde que l’absence totale de compréhension du tableau troublant que nous formions alors n’était que la volonté farouche de rester dans l’ignorance et de préserver ce que nous avions déjà.

Parce que, en toute honnêteté, nos lendemains me paraissaient plus incertains que jamais. Oh, bien sûr, nous étions réconciliés ! Je ne prétendais pas que les ombres n’existaient plus, loin de là, mais elles pouvaient encore se tenir à distance… Mais qu’en serait-il de nous ? Je veux dire… N’y aurait-il pas un avant et un après ces retrouvailles secrètes ? Je voyais cette escapade nocturne comme un tournant presque malaisant. Le bien-être immense qui me venait d’elle à cet instant précis risquait de laisser des traces… Et la fierté stupide qui nous habitait tous les deux me faisait craindre d’avoir à tirer à jamais un trait là-dessus… À moins d’une autre dispute. Serions-nous (serais-je) assez bêtes pour provoquer une autre soirée comme celle-ci, remuer les peurs d’un avenir qui arriverait trop vite et emporterait avec lui les restes de notre amitié seulement pour retrouver l’étreinte rassurante de ses bras ? J’osais à peine espérer que non. Mais du même temps, je n’avais aucune envie d’y renoncer. Je resserrai presque imperceptiblement l’emprise que j’avais sur son corps alors que nos langues se déliaient péniblement. Il n’était pas vraiment question de s’excuser, pas plus que de faire revenir l’entière vérité sur les horribles mensonges qui avaient été proférés, non, seulement de balayer avec maladresse les plus honteux d’entre eux. J’étais prêt à la laisser croire n’importe quoi pour un peu qu’elle accepte d’admettre que je tenais à elle le plus sincèrement du monde. Le reste n’avait guère d’importance puisque, de toute façon, y faire toute la lumière ne changerait rien. Qu’est-ce que cela pouvait faire qu’elle sache que le harem qu’elle m’imaginait était désespérément vide puisqu’il existait bel et bien son soupirant ridicule et qu’il me la ravirait bien plus vite que je ne l’aurais jamais cru ?

Si c’est rrréellement le cas, ne rrrefais plus jamais ça, ne t’avise jamais de me laisser parrrce que tu faillirrrais à tes prrropos.

Mes lèvres esquissèrent un sourire attendri. J’aimais à croire que ma présence lui importait réellement et qu’elle avait besoin de moi autant que j’avais besoin d’elle. Est-ce que c’était seulement vrai ? J’aurais été incapable d’y apporter une réponse claire mais je m’en fichais éperdument. Ce soir, ça le serait. Elle m’apparaissait plus fragile que jamais et je n’avais pas le coeur à croire que ça n’était qu’un rôle. Au contraire, je ne l’en aimais que davantage. Qu’importe si demain m’annonçait que je m’étais fourvoyé !

Ça ne fait aucunement partie de mes intentions, je te le promets.

Et j’étais tellement sûr de moi que j’aurais pu accepter tous les Serments du monde, quitte à laisser ma vie reposer sur ces promesses-là. J’espérais qu’elle me savait sincère et que toutes les disputes du monde ne suffiraient pas à l’en faire douter. Nos chemins se sépareraient, nous le savions sûrement aussi bien que l’autre, mais jamais, au grand jamais, il me serait venu à l’idée d’accélérer le processus. Encore moins après ce soir alors qu’elle m’apparaissait plus importante encore… Mes doigts n’en finissaient plus de se perdre entre ses mèches sombres, y abandonnant leurs caresses avec une régularité parfaite. Je n’y pensais plus. Je ne pensais plus à grand chose, en réalité. J’étais seulement bien, heureux d’être là. Nous avions pu traverser un orage douloureux, l’arrivée me paraissait en valoir la peine.

Tu sais, reprit-elle après quelques secondes de silence, il n’y a qu’un seul vrrrai monarrrque, mon Rrroi.

Ce qui aurait dû achever de me rassurer me laissa un goût de tristesse amer. Je ne doutais même pas d’elle et de sa sincérité, honnêtement, et j’étais prêt à lui faire confiance les yeux fermés, comme toujours… mais… mais ça ne durerait pas. Je gardais ma place parce qu’il était à des kilomètres de là et que sa seule existence n’était pas assez forte pour m’en déloger mais qu’en serait-il lorsqu’il n’y aurait pu ces barrières ? Je n’étais pas convaincu qu’un homme, quel qu’il soit, accepte que sa moitié offre la couronne à un autre. Je ne m’en offusquais même pas, bien trop conscient que j’étais de ceux-là, mais cela ne rendait pas la réalité moins douloureuse. J’aurais dû me réjouir d’apprendre que les choses étaient plus sérieuses que je ne le croyais, entre ma Reine et son prétendant, mais j’en étais égoïstement incapable. Je ne voyais que la fin prochaine de notre doux règne et l’éloignement qui en découlerait. Lorsque nous nous reverrions, il y aurait cet autre (ces autres ?), ces carcans de société et de bienséance qui annihileraient sans l’ombre d’un mal le charme délicieux qui agissait entre nous.

J’espère bien.

Ma voix mourut d’elle-même, faible et dénuée de toute la hauteur qu’on lui connaissait d’ordinaire. Oui, je l’espérais mais l’espoir ne suffisait pas à me faire oublier ce qui nous attendait. Il n’en fallut pas davantage pour faire retomber sur nous un silence tranquille. Le temps dansait étrangement, me laissant incapable de savoir si cela faisait des secondes ou des heures que nous étions ainsi blottis l’un contre l’autre, loin du reste du monde et de tout ce que l’univers avait comme réalité. Il n’y avait que nous. Comme souvent. Ce qui ne faisait pas partie de notre bulle rassurante n’existait plus. La bibliothèque me semblait être un îlot perdu au milieu d’un rien infini et je me surpris même à espérer que cela resterait ainsi pour toujours. Erin semblait trouver l’instant agréable puisque, contre toute attente, elle n’avait toujours pas cherché à reprendre sa liberté. Qui aurait cru que mon inaccessible meilleure amie se laisserait aller à profiter d’un élan de tendresse semblable à celui-ci ? Je doutais que sa réputation douteuse puisse survivre longtemps à ce genre de publicité là. Cette pensée idiote me tira un sourire tout aussi idiot. Mais il ne dura pas bien longtemps… Près de nous, un bruit sourd retentit, nous faisant sursauter d’un même mouvement. Mon coeur se remit à battre n’importe comment alors que notre petite bulle éclatait brusquement. Mon regard fouilla difficilement les environs, s’attendant presque à tomber sur la silhouette faussement menaçante de MacCreery. Je n’avais entendu ni la porte ni le moindre pas mais j’étais prêt à croire que je n’y avais seulement pas fait attention. Mais la solitude qui nous étreignait depuis le début n’avait pas changé. Aucune trace de qui que ce soit de vivant, ni homme ni animal… Rien… Il n’y avait qu’un grimoire gisant sur le seul sans emprunte de quelque main qui l’aurait fait choir de son étagère. La tendresse des secondes passées était désormais bien loin, remplacée par un doute sourd. Quelque chose m’échappait et Erin n’avait pas l’air d’en comprendre davantage. Puis, sans prévenir, le bouquin se mit à s’agiter. Doucement, d’abord, presque imperceptiblement, puis de manière plus évidente. Il tremblait là, comme ça, le plus normalement du monde. J’eus un mouvement de recul instinctif. Ma meilleure amie, elle, était plus encline à l’affrontement et esquissa un geste en direction de l’ouvrage. Je l’arrêtai machinalement, resserrant mon étreinte sur sa taille fine.

Je pense pas que l’idée soit brillante, mon ange, soufflai-je sans détacher mon regard du livre agité. On devrait continuer notre exploration et le laisser là. Au pire, MacCreery se débrouillera avec demain matin…

Nous ne savions pas à quoi nous étions confrontés, aussi mieux valait ne prendre aucun risque. Il y avait toujours eu des livres étranges, à Poudlard, et je ne doutais pas une seule seconde que ceux de la Réserve était les pires d’entre tous. Il n’y avait qu’à voir le Monstrueux livre des Monstres, qui avait été au programme, pour entrevoir la monstruosité de ce qui n’y était pas. À contre-coeur, je mis un terme à notre tendre rapprochement et reculai d’un pas. Le froid qui me tomba dessus me fit frissonner. Je le regrettai déjà ! Ma main attrapa la sienne et je l’entrainai à l’opposé du grimoire qui n’avait toujours pas cessé de bouger…


3 & 4 — Nos pas résonnèrent doucement dans la bibliothèque déserte, rapidement suivis par le bruit d’un objet traînant sur le sol. Je finis par me retourner et posai les yeux sur le grimoire qui ne nous avait pas lâché. Il se remit à s’agiter sur place aussitôt que nous nous arrêtions. Est-ce que c’était un livre là pour traquer les visiteurs indésirables ? S’il nous suivait comme ça jusqu’à ce que nous retournions nous coucher, nous risquerions d’être rapidement démasqués ! L’un de nous, du moins, mais personne ne mettrait bien longtemps à supposer que notre duo ne s’était pas séparé pour l’occasion…

code by bat'phanie


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