(#) Sujet: once upon a time in a land far away (+ junior) Mer 15 Jan - 23:38
once upon a time in a land far away
junior & erin
Chose promise, chose dûe. Les vacances n’étaient déjà plus qu’un vague souvenir tandis que le Poudlard Express s’éloignait du quai de Londres dans un bruit de fin du monde. Et entre les murs du château, c’était presque comme si elles n’avaient jamais existé. Exception faite des parfaits souvenirs que je conservais de longues heures réparties sur une journée et une soirée, toutes à la fois infernales et paradisiaques. Nos susceptibilités respectives n’avaient pas réussi à ternir durablement notre tête-à-tête et nous nous étions réveillés dans le même lit, tels deux adolescents bravant les interdits que leurs parents absents ne pouvaient même pas formuler. Après cela, les jours s’étaient étirés jusqu’à ce que je pose une fois encore mon séant sur les sièges miteux de ce train bruyant. Finnbjörn ne m’avait pas encore pardonné ce qu’il traitait de fornærmer : un savant mélange d’insolence et de comportement qu’il jugeait effronté. J’étais sincèrement ravie qu’il recommence de nouveau à user de notre langue natale de manière spontanée, quoique rien ne semble jamais réellement impulsif chez mon marmoréen jumeau. Cependant, il n’était pas obligé de se montrer si fâché à mon égard. Nous avions laissé nos différends de côté le temps de notre soirée d’anniversaire, mais l’air était revenu, toujours si glacial. Je commençais presque à être pressée que cette conservation promise ait enfin lieu pour que nous passions à autre chose.
Pas ce soir. Ce ne serait que Junior et moi à nouveau. J’avais fait la promesse à mon meilleur ami que nous nous retrouverions bien rapidement une fois la rentrée subie. Nous avions nos précieux carnets pour communiquer autant que nous le voulions et qu’importe où nous nous trouvions ; nous avions passé une majorité de nos cours assis l’un à côté de l’autre, ne dérogeant, en cela, pas à nos éternelles habitudes ; mais le temps avait coulé entre nos doigts tel l’eau froide du lac et nous étions déjà vendredi soir que je n’avais pas pu profiter un seul instant de la présence plaisante de Junior. Rien que pour moi, cela allait de soi. Le reste ne comptait pas. Alors en cette heure où la Grande Salle était déjà vide, je m’avançais d’un pas souverain dans les couloirs. L’heure du couvre-feu n’était pas encore tombée sur nous, simples élèves que nous étions, mais je ne croisais pourtant que peu des visages abrutis de mes camarades au milieu des murs sombres recouverts de tableaux. Les flammes des nombreuses chandelles qui éclairent vaguement les corridors dansent dans mes prunelles claires. Mon regard accroche les portes closes de la Grande Salle et les paroles de la directrice au moment du retour des vacances me poursuivent quelques pas durant. Ses insipides paroles de tolérance ne m’inspiraient qu’une haine brûlante : je me languissais de voir son putride pouvoir prendre fin pour qu’enfin quelqu’un de digne et respectable occupe cette fonction. C’était le souvenir d’autres flammes qui valsaient dans mes pupilles tandis que je m’enfonçais dans les étages en direction des cachots. Les regrets n’alourdissaient jamais mes pensées. Mais peut-être que, pour une fois, rarissime, le remords d’avoir compté, à tort, sur l’intervention des nôtres pour nous éviter une déconvenue fumante me pesait.
Ce n’était néanmoins pas le genre de sentiment que je conservais très longtemps, préférant de loin retrouver mon sourire fauve alors que j’approchais de l’entrée des cachots des Serpentard. Appuyée contre un pilier, il ne me reste plus qu’à attendre qu’on vienne m’ouvrir la voie et qu’un tout nouveau royaume s’ouvre enfin à sa reine. Pour l’instant, je comptais conserver ce petit secret pour moi et Junior. Mais un jour viendrait où je pourrais l’agiter sous le nez hautainement agacé de mon jumeau adoré. Nous rêvions de faire partie de Serpentard depuis que nous avions appris que notre scolarité s’effectuerait sur ces terres. Ni l’un ni l’autre n’avions eu cette chance. J’étais obligée de supporter l’horrible vue de ces blaireaux et mon frère se pavanait dans les tours lionnesques de Gryffondor. Mais de nous deux, je serais la seule à avoir franchi la frontière de cet onirique empire. Cette perspective me rendait impatiente, un empressement exprimé par mes doigts qui pianotaient la quatrième symphonie de Hooper sur mon avant-bras.
Il était inenvisageable que personne ne vienne percer le chemin qui devait être le mien. C’était tout bonnement inacceptable. Personne ne se mettait en travers de ma route, encore moins lorsque j’étais entrain de rejoindre Junior. Je n’avais guère de notion du temps lorsque mon impétuosité prenait le dessus, aussi étais-je incapable de dire combien de minutes je passais, seule dans ces sous-sols, avant qu’un nez ne se dévoile à l’autre bout du corridor. Je n’exagérais rien : l’inélégance de ses traits était de taille à rivaliser avec la grandeur de son nez. Une moue écoeurée flotta quelques secondes sur mes traits avant que mon sourire réjoui ne reprenne sa place. À la suite de cette hideuse figure, je pénétrais enfin dans la salle commune que j’aurais voulu pouvoir faire mienne. La vanité de cette maison s’exprimait à travers le moindre ornement, du tapis aux moulures de la cheminée. La vue d’impurs se prélassant ici comme ils le faisaient dans le reste du château fit perdre de sa superbe à l’image artificielle que j’avais du lieu. Je réfrénais mon envie de jouer quelques tours : je ne venais pas pour cela. Mon regard opalescent ne parvint pas à trouver celui que je cherchais. Il devait pourtant se trouver dans sa salle commune : je ne pouvais l’imaginer ailleurs. La pensée vicieuse qu’il se trouvait peut-être occupé quelque part ailleurs avec quelqu’un d’autre me laissa le goût amer d’un affront terrible. Certes, je ne l’avais pas prévenu de ma venue, mais lui ne m’avait point parlé d’un quelconque rendez-vous en cette soirée de fin de semaine.
J’en déduisais donc qu’il se trouvait dans son dortoir. Parfait : nous n’en serions que plus tranquilles. Je trouvais sans mal la direction des chambres et je me dirigeais à l’opposé des gloussements pitoyables qui provenaient d’une chambre que j’identifiais comme féminine. Ces premières années avaient l’insupportable manie de pouffer à propos de tout et n’importe quoi. Cela ne changeait nullement d’une maison à une autre. Je m’étais représenté la salle commune des Verts et Argents comme un antre de noblesse et distinction, force était de constater qu’elle était à l’image de Poudlard tout entier : décadente. Fronçant le nez de dégoût, je décidai que ça n’avait guère d’importance pour ce soir. Première, deuxième, troisième année, les indications se déclinaient sur les portes noires recouvertes de fines dorures. Parvenue devant le cinquième battant, l’envie était trop forte de jouer un petit tour à mon meilleur ami. Levant le poing, je toquais deux coups puissants contre le bois et fit un pas à gauche lorsque le visage aristocratique de Junior se dessina dans l’ouverture. Ne voyant rien ni personne, il referma la porte dans un claquement sec qui étira un peu plus mon sourire. Je réitèrai l’opération une seconde fois, satisfaite de constater qu’il faisait quelques pas dans le couloir cette fois-ci. Je me glissais dans son dos, non sans frôler son épaule du bout des doigts. La situation était encore plus délicieuse et amusante que je ne l’avais imaginée.
J’étais enfin dans son dortoir. C’était bien moins prestigieux que sa chambre à Londres, il fallait le reconnaître, mais je reconnus sans aucun mal le lit qu’il s’était choisi. Il y avait comme sa présence qui s’en dégageait, telle une aura tout à fait française. Je pris quelques longues secondes pour étudier les lieux, puis son visage concentré sur le livre qu’il récupéra du bout des doigts, avant de m’asseoir sur le lit en face du sien. J’espérrrais un accueil plus chaleurrreux. Mais au moins, cette fois, tu es là fais-je d’un ton moqueur avant d’ôter la cape d’invisibilité qui me recouvre toute entière pour dévoiler mon visage. Surrrprrrise ! rajouté-je, mes yeux pétillants d’une lueur hilare.
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Jeu 16 Jan - 2:07
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Ven 17 Jan - 13:29
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L’amusement enfantin qui faisait étinceler mon regard vacilla face à la mine presque déconfite de Junior. J’abandonne mon sourire moqueur pour lui préférer une moue contrariée. J’espérais recevoir un meilleur accueil de sa part. Mes précédentes paroles moqueuses s’approchaient donc bien trop de la vérité à mon goût : son air gêné me faisait l’effet d’un revers glacial. Je n’avais pourtant pas poussé la plaisanterie jusqu’à le rendre fou, alors que les opportunités ne manquaient pas. Il était si facile de se jouer des autres qui ne pouvaient pas me voir, une fois vêtue de ma cape d’invisibilité. J’étais convaincue qu’il s’amuserait de découvrir brusquement mon visage au milieu de son dortoir et je m’étais languie toute la semaine de l’étonnement qui écarquillerait ses yeux. La scène n’était pas à la hauteur de mes espérances et je ne parvenais même pas à me jouer de son air défait. Je l’associais bien trop à une déception de me trouver ici et cela me vexait profondément. Même son sourire habituel qui vient ourler ses lèvres après ces quelques secondes de flottement n’est pas suffisant pour vaincre ma contrariété première. Junior ne fit aucun effort de plus, passant sa main sur son visage dans un geste las et se laissa retomber sur ses oreillers. Un air hautainement boudeur prend possession de mes traits alors qu’il me somme de ne jamais lui refaire cette surprise. Aucune chance que je recommence, c’était certain. Toute à ma fâcheuse déconvenue, je ne prends pas la peine d’envisager la situation sous un autre angle et d’imaginer que mon meilleur ami, qui n’a jamais aimé les surprises, pouvait détester se retrouver ainsi devant le fait accompli. Tout de même ! c’était moi et non pas n’importe qui. De toute façon, même dans la meilleure des humeurs, jamais cette pensée n’aurait suffi à m’arrêter. Présentement, je ne pouvais pas me délecter de cet embarras que j’avais créé volontairement, mon orgueil profondément touché par l’idée qu’il ne soit pas content du tout de me voir. Sa petite référence à un sujet qui avait émaillé toute notre soirée d’anniversaire et qui avait bien failli la noircir complètement achève de rendre ma moue définitivement boudeuse et hautaine. Je ne rrrecommencerrrai pas, ça, c’est cerrrtain répliqué-je, vexée. J’ai frrrappé à ta porrrte, je te signale fais-je de toute ma mauvaise foi. Et si tu n’avais pas été seul je serrrais simplement parrrtie. Je me renfrogne à ce seul sous-entendu tout à fait explicite. Il ne me parle pas de ses compagnons de chambre mais bel et bien d’une fille. J’avais beau affirmer que je ne serais pas restée, peut-être n’était-ce pas tout à fait vrai. Jusqu’alors, personne n’était au courant de ma possession nouvelle, et j’aurais tout à fait pu en profiter pour jouer quelques tours à l’idiote qui se croyait à la hauteur de mon meilleur ami. Encorrre que je ne vois pas de qui tu pourrrais vouloirrr la compagnie dans cette maison, elles sont toutes banalement vulgairrres terminé-je un ton plus bas et plus maussade. Le voir lever les yeux au ciel me donne envie de lui tirer la langue et je ne me prive pas de ce geste parfaitement mature avant de détourner le regard, impérieusement grognon.
Je ne perçois donc l’oreiller que lorsqu’il entre dans mon champ de vision et il est déjà trop tard pour que je ne le prenne pas en pleine figure. Son odeur s’en dégageait avec force et c’en était d’autant plus agaçant. Mes yeux assombris par l’irritation le suivent tandis qu’il quitte son lit. Je ramène mes jambes contre moi, m’installant en tailleur un petit peu plus loin, marquant ostensiblement une vague fuite volontaire. Je n’allais pas bien loin cependant. Ma cape coule jusqu’à ma taille alors que je me saisis de l’oreiller abandonné pour le poser sur mes cuisses. Je peux jouer les amies invisibles, si tu prrréfèrrres répondis-je, toujours vexée par son manque flagrant d’enthousiasme. Nos regards luttent l’un contre l’autre quelques secondes encore. Je n’ai pas envie d’abandonner cette bataille là, ni aucune autre d’ailleurs, mais son sourire qui se fait plus expansif parvient à ravir un tressaillement à mes lèvres. Alors je cède à mon tour, laissant fleurir mon éternel sourire impertinent. Évidemment que c’était une bonne surprise et je laisse ma pensée s’exprimer par un outrancier roulement d’yeux. Je sais fais-je avec aplomb. Mais si tu ne sais pas l’apprrrécier à sa juste valeurrr, j’irrrais ailleurrrs la prrrochaine fois. Ce n’était pas parce que je souriais de bon coeur que ma susceptibilité n’était pas encore un peu piquée. Il était prévenu.
En quelques rapides mouvement, je retire complètement la cape et la pose en boule à côté de moi. Par nature je n’étais pas soignée avec mes affaires, loin d’être le genre de personne à trier ses plumes par couleur ou à ranger ses livres par ordre alphabétique. Je m’étonnais d’ailleurs que le bureau de Junior ne soit pas maniaquement ordonné. C’est un cadeau de moi à moi expliqué-je tandis que mes doigts fins se délestaient du tissu. Cela faisait bien longtemps que je ne demandais plus de cadeau matériel à mes parents, préférant largement les délester d’une bourse lourde de Gallions pour acheter ce qu’il me plaisait. Ils n’y voyaient aucun inconvénient, assurément parce que Grand-Père n’avait formulé aucune objection, et tout le monde était ainsi satisfait. Moi la première J’en voulais une depuis longtemps et une boutique de l’Allée des Embrrrûmes possédait celle-ci. Le vendeur avait d’ailleurs essayé de me la vendre à un prix exorbitant, son ego probablement galvanisé à la vue d’une adolescente seule dans ce coin-là de Londres. Il n’était pas resté longtemps satisfait de lui-même et j’étais à peu près sûre de l’avoir entendu glapir lorsque j’étais partie, dévoilant mon nom à cet idiot. Impulsive, je laissais les fins calculs Finnbjörn, qui aurait sûrement vu dans cet acte une décision irréfléchie : désormais, mon Grand-Père était peut-être au courant de mon achat. Mais moi, je n’y pensais même pas. C’est merrrveilleux, non ? fais-je avec un sourire un peu plus grand. Nous pouvions tenir à deux sous le tissu presque liquide. Un champ des possibles infinis s’offrait à nous et j’avais hâte de l’explorer avec mon meilleur ami.
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Ven 17 Jan - 20:17
Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Sam 18 Jan - 14:29, édité 3 fois
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Sam 18 Jan - 12:49
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Seul un silence suspendu entre Junior et moi fait écho à mes paroles fâchées. Ce moment ne prenait pas la tournure que je lui avais imaginée, ce qui me contrariait au plus haut point. Ce n’était plus que yeux levés au ciel, moues boudeuses et soupirs réticents. Une symphonie dissonante à mes oreilles qui n’avaient espéré rien de moins qu’un harmonieux concerto à quatre mains. Malgré une amitié vieille de plusieurs années déjà, nous étions incapables de maintenir ces phases exaspérées loin de nous. Mais là où j’étais capable de ne plus parler à Finnbjörn des jours entiers quand il titillait ma susceptibilité, Junior parvenait à passer mes réticences en quelques minutes seulement. Les pires des cas duraient quelques heures mais uniquement car nous nous séparions pour vaquer chacun à nos occupations. Lorsque nous restions l’un avec l’autre, cela ne pouvait jamais durer bien longtemps. À l’image de notre soirée d’anniversaire : même le coup fatal apporté par une dernière mention à Charles-Auguste n’était pas parvenu à nous brouiller définitivement. Brisant une dernière fois les convenances, nous nous étions tout simplement endormis l’un avec l’autre, dans une réconciliation muette. Tandis qu’il s’approchait de moi, délaissant son lit et ses coussins moelleux, lorsqu’ils n’étaient pas jetés à la figure des invités, je marquais une dernière fois mon dépit en me reculant légèrement. L’ombre qui se posa alors sur son visage me satisfit… une petite seconde à peine avant qu’une pointe d’un sentiment rarissime, presque inconnu, ne vienne me piquer. Il était parfaitement en tort, avec son accueil plus que glacial qui avait littéralement brisé toute mon euphorie. Pourtant, voir son visage se teinter d’une brume ténébreuse ne consolait pas mon orgueil blessé.
Je ne voulais pas céder si facilement à notre jeu de regards mais son sourire provoqua le mien. Deux enfants boudeurs et idiots, c’était le seul tableau que nous renvoyions à cet instant précis. Je ne comptais pas lui concéder une victoire aussi facile mais l’air prétentieux et impudent qu’il arbora élargit un peu plus mon sourire. Il était bien trop confiant, je le lisais dans ses yeux clairs et dans son sourire charmeur qui lui allait si bien. Plissant les yeux, j’accueillis l’affront audacieux avec une moue circonspecte. Je pourrrais bien apprrrendrrre à me passer de toi au vu de ta bonté à mon égarrrd le préviens-je avant de me pencher légèrement dans sa direction. Mes lèvres s’ourlent d’un sourire effrontément séducteur, exact reflet du sien. Ce qui serrrait bien dommage, non ? Je n’avais aucune envie ou intention de devoir renoncer à Junior d’une quelconque manière que ce soit. Et son sourire satisfait laissait entendre qu’il le savait aussi bien que moi. Cependant, j’avais encore trop d’orgueil pour l’avouer aussi frontalement et pour me laisser jouer de son insolent accueil.
Me reculant dans une position plus confortable, je laisse glisser ma toute nouvelle cape à mes côtés, indiquant à Junior la manière dont je suis entrée en sa possession. Je n’étais venue là que dans ce but premier : lui faire découvrir ma nouvelle acquisition. Certes, bien d’autres idées fleurissaient dans mon esprit : nous pourrions aller nous promener dans les couloirs vides de Poudlard, telles deux âmes invisibles souveraines d’un tout nouveau royaume. Nous pourrions nous infiltrer dans des endroits ordinairement inaccessibles mais qui suscitaient une envie chez tous les élèves ou presque : la Réserve, la Salle de bain des Préfets… Les lieux à explorer ne manquaient pas. La seule compagnie que je désirais pour accomplir ces merveilles étant mon meilleur ami, il était tout naturel que je vienne le trouver ce soir. La légèreté revenait en maître dans notre tête-à-tête, enfin. Le rire de Junior était une bien plus douce musique à mes oreilles que celle jouée par nos échanges amers. C’était bien assez ambitieux au vu de ton accueil répliqué-je, bien plus amusée que je ne l’avais été depuis mon arrivée dans ce dortoir. Conservant un sourire effronté, je hausse les épaules, l’air de rien, comme si tout cela n’avait plus aucune espèce d’importance. J’avais bien l’imprrression que tu y trouvais de nombrrreuses objections, au contrrrairrre. L’idée lancinante qu’il ait quoique ce soit à me cacher était déstabilisante et assez peu agréable, d’autant plus si la possibilité de la présence d’une fille quelconque rentrait dans l’équation. Je n’avais pas envie de remettre ce sous-entendu sur le devant de la scène pour le moment. Junior était seul avec moi, c’était tout ce qui m’importait. Si nous continuions sur nos positions premières, rien de ce que j’avais imaginé ne pourrait se réaliser ce soir, et j’étais bien trop excitée à l’idée d’explorer Poudlard avec l’unique roi à ma hauteur.
Délaissant le lit, je me relevai, frôlant innocemment le bras de Junior au passage, et commençait à faire quelques pas dans ce dortoir plus petit que sa chambre que je connaissais désormais par coeur. J’étudiais le lit de ces indignes compagnons de chambre, avant de me retourner pour lui faire face, un sourire enjôleur aux lèvres. Espionne ? demandé-je, un sourcil levé en guise d’interrogation. Couplé au premier mot que je connaissais, je ne doutais pas qu’il s’agissait là encore d’un surnom semblable à tous les autres, mais je n’aimais pas ne pas en connaître le sens exact. Je n’avais aucun prrrogrrramme prrrécis en tête, mon tendre ami. Qu’il pose la question m’autorisait à penser qu’il ne comptait pas rester allongé sur son lit à lire. Pas ce soir. Finalement, peut-être n’était-il pas si mécontent de ma venue. J’osais l’espérer. Tu sais que j’aime suivrrre ce qui s’offrrre à moi. Alorrrs je me disais que nous pourrrions choisirrr quoi explorrrer ensemble. Mon sourire s’agrandit à la pensée de tout ce qu’il était possible de faire avec ce nouveau jouet. Une idée ? fais-je avec un sourire espiègle en revenant vers lui. Sortir sur les toits de Londres avait été un moment magique dont je garderai assurément des souvenirs éternels. Partager cet instant onirique avec Junior avait été parfait, et avec cette cape, nous avions des possibilités infinies pour s’amuser encore et encore.
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Sam 18 Jan - 16:10
Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Dim 19 Jan - 15:19, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Dim 19 Jan - 14:15
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Il était une fois dans un pays lointain, un Roi et sa Reine. Une Reine et son Roi. Les souverains allaient toujours par paire et un Roi ne pouvait avoir qu’une Reine. Junior ne pouvait en avoir d’autre. Je ne pouvais l’imaginer entrain de badiner avec l’une de ces pimbêches sans cervelle de Serpentard. J’avais longtemps considéré cette maison comme l’unique qui soit digne et à la hauteur des Sorciers que nous étions mais il s’avérait finalement qu’elle n’était qu’une énième illustration de la pitoyable négligence de cette école. La majorité des filles avec lesquelles il pourrait stupidement roucouler n’avaient pas le sang assez pur pour ne pouvoir ne serait-ce que poser leurs yeux sur son doux visage tellement français. Le reste n’était peut-être pas si impur que cela, cependant aucune n’était assez convenable pour prétendre à ce titre royal. Comment pouvait-il ne pas le voir et accepter folâtrer avec n’importe qui ? Tout cela me tirait une moue indignée qui disparut bien rapidement au profit d’un sourire enjôleur. Un regard extérieur aurait du mal à suivre la cadence de notre danse unique en son genre. Mais nous, nous la maîtrisions à la perfection. Des yeux opalescents brillants d’insolence, un sourire amusé en guise d’enchaînement suivant. Ce petit manège ne me lassait jamais, quand bien même nous nous y adonnions depuis plusieurs années. Inimaginable, au vu de mon impatience légendaire, et pourtant vrai. Junior n’était pas le seul à exacerber si rapidement ma susceptibilité mais il était sans pareil dès qu’il s’agissait de me faire perdre ma moue boudeuse pour retrouver un sourire espiègle. Notre relation était unique et j’avais beau le savoir, je n’en prenais pas moins à coeur chacun de ses refus et affront.
Savoir qu’il n’appréciait guère plus les miens me procurait une satisfaction puérile. Au moins n’étais-je pas la seule à me vexer à la moindre rebuffade. Il ne manquerait plus que ça ! Je n’étais pas tant réjouie par l’idée que mon mouvement de recul n’était pas passé inaperçu que par celle que cet éloignement ne lui avait pas plu. Comme une preuve tangible que, malgré toute la perplexité offensante dont il avait fait preuve à mon arrivée, il était bien aise de ma présence dans son dortoir. Il ne m’en fallait pas beaucoup plus pour reléguer une bonne partie de ma fierté blessée aux oubliettes et réduire un peu plus la distance qui nous séparait, drapée d’une parfaite suffisance. Et moi quand tu n’as pas cet airrr insatisfait en ma prrrésence. Peut-être qu’un psychomage trouverait parfaitement intéressant d’étudier la façon dont nous nous comportions l’un avec l’autre. Ce mélange chaotique d’amour inconditionnel, de parfaite connaissance de l’autre et de querelles à n’en plus finir. C’était un tempo que je maîtrisais parfaitement mais qui ne me comblait jamais autant qu’avec Junior. Même notre danse gémellaire, avec Finnbjörn, n’était pas aussi fluide que celle-ci car sujette à de bien nombreux faux pas. Ce qui ne m’empêchait pas de l’aimer obstinément, qu’importe le degré d’agacement qu’il pouvait me procurer. Ça, mon amourrr, il faudrrra me le prrrouver carrr j’en doute désorrrmais affrrreusement me joué-je de lui, mon sourire rusé tranchant joliment avec l’air chagrin que mes yeux tentaient d’adopter. C’était une idée exquise. Rien de mieux pour réparer la tristesse causée par son accueil que la preuve de son royal amour envers moi. Je n’avais rien d’avilissant en tête, bien loin des détestables défis que nous avions mis en place à notre anniversaire, mais plutôt l’esquisse de quelque chose qui pourrait nous enchanter tous les deux afin de rattraper ce départ en demi-teinte.
Mes pas me poussent hors de ce lit sommaire et sans aucun intérêt pour partir à la découverte de ce dortoir qui n’était pas le mien. Si je connaissais la chambre de Junior aussi bien que la mienne, il n’en était rien en ce qui concernait son chez lui scolaire. Et ce n’était assurément pas à sa hauteur, tout comme ma chambrée, pitoyablement décorée de noir et de jaune, ne pouvait rivaliser avec ma demeure norvégienne ou mon appartement londonien. Un air de dégoût traverse mon visage alors que je pose le regard sur un livre moldu posé sur l’une des tables de chevet. Quelle mauvaise compagnie nous étions obligés de subir. Je fais volte-face pour revenir vers mon meilleur ami qui m’épingle d’un mot inconnu. Il m’était déjà venu à l’esprit d’apprendre le français afin de ne plus me faire avoir par ses envolées lyriques dans sa langue natale et de pouvoir lui jouer quelque imprévisible tour. Mais ces Français avaient un don pour compliquer les choses et j’avais rapidement abandonné ce projet. Mon vocabulaire n’était donc composé que de quelques mots utilitaires et d’un grand nombre de sobriquets romantiques. Et espionne n’en faisait pas partie. Junior me refusa l’accès à cette compréhension, me renvoyant vers un dictionnaire posé sur son bureau. Frekkas fais-je d’un claquement de langue agacé face à son haussement d’épaules taquin. Je n’ai aucune intention d’aller perdre mon temps à consulter le moindre livre, mais je coule malgré tout un regard désabusé en direction de son pupitre, notant le désordre qui y régnait. Un désordre relatif mais néanmoins important en ce qui concernait Junior. Pas suffisamment pourrr que je me lance dans l’explorrration de ce fouillis. Si mon prrrince veut bien m’éclairrrer... Je laisse en suspens la fin de ma phrase. Je n’avais pas l’habitude que l’on me dise non mais Junior savait trop bien flirter avec mes limites pour se moquer de moi sans que je ne m’impatiente trop.
Le but premier de cette visite nocturne n’était ni un badinage taquin, ni l’exploration de la langue française mais bel et bien de profiter de ma nouvelle cape. Le champ des possibles, sans être infini, valait la peine d’être étudié. La salle de bain des Préfets était un lieu qui faisait rêver les plus jeunes - pour son aspect secret et sa magnificence légendaire - et qu’enviaient les adolescents plus âgés. La réserve de la bibliothèque, inaccessible sans autorisation, était bien entendu une idée de choix. Sans oublier les innombrables bureaux ou pièces interdites dans lesquelles il serait si simple de se faufiler en étant invisible. Je comptais sur Junior pour s’aventurer avec moi dans les couloirs somnolents et bientôt endormis de Poudlard. Nonchalamment étalé sur le dos, il semblait prêt à bien des choses mais pas à jouer les explorateurs noctambules avec moi. Je me penche au-dessus de lui, mes longs cheveux tombant en cascade autour de mon visage : je ne l’entendais pas de cette oreille. Son haussement d’épaule indifférent m’arracha une moue agacée : son manque d’enthousiasme commençait à être vexant. Une moue rapidement remplacée par un sourire ravi alors qu’il mentionnait la réserve. Sans plus me formaliser de son flegme parfaitement anglais, je disparais de sa vue et m’empare de ma cape négligemment abandonnée sur le lit voisin. Le tissu semble couler autour de mes doigts qui n’existent plus à mes yeux. J’adorais la sensation cristalline procurée par ce contact de même que la perspective toute-puissante de me rendre invisible dès que je m’en enveloppais. Alorrrs qu’attends-tu ? le taquiné-je, disparaissant dans un rire réjoui tandis que ses paroles résonnaient face au vide. Je l’observe se lever de son lit, l’air circonspect de celui qui sait parfaitement qu’il n’est pas seul tout en étant incapable de savoir où se situe l’autre. Son regard me transperçait sans jamais se poser définitivement sur moi et je m’approche de lui à pas de loup. Il n’aime pas les surprises, mais ce n’en est plus vraiment une puisqu’il sait que je suis ici, invisible sous ma cape.
PAIR - J’allais le dissimuler à tout regard - bien que nous ne soyons que tous les deux - quand la porte s’ouvrit brusquement, apportant avec elle les bruits indésirables des rires gras de ceux qui partageaient la chambre de Junior. Je t’attends dehorrrs murmuré-je à l’oreille de mon meilleur ami, lui frôlant une troisième fois le bras avant de me glisser au plus vite en dehors du dortoir. Il s’en était fallu de peu que je sois surprise dans sa chambre. Non pas que cela me dérangeait, je n’avais rien à faire de ce que pouvaient penser ces indignes pourceaux, mais cela aurait éveillé une curiosité indésirable sur la manière dont j’étais entrée. Je traverse la salle commune en sens inverse et gagne les couloirs obscurs des cachots. Junior ne met pas longtemps à me rejoindre. Nous n’étions que tous les deux mais je restais néanmoins enveloppée dans la cape, m’approchant silencieusement face à lui jusqu’à être assez proche pour pouvoir le faire pénétrer dans ce monde mystérieux qui n’appartenait qu’aux porteurs. Que dirrrais nos parrrents ricané-je, ne me souciant pas une seule seconde de l’air désapprobateur qu’ils afficheraient sûrement en apprenant que je possédais une cape d’invisibilité et que nous nous en servions pour nous promener en toute impunité dans les couloirs. Tu es prrrêt pourrr une nuit d’illégalité, alorrrs ? soufflé-je doucement comme pour ne pas briser l’intimité que nous offrait ce simple bout de tissu. Les murs et le sol alentours étaient étrangement troublés, altérés par l’extraordinaire capacité de ce textile. Seuls dans ce couloir vide, je laissais mon rire résonner.
IMPAIR - Arrivée juste devant lui, j’ouvre grand le tissu pour l’envelopper à son tour et nous disparaissons tous les deux. Que dirrrais nos parrrents ricané-je, ne me souciant pas une seule seconde de l’air désapprobateur qu’ils afficheraient sûrement en apprenant que je possédais une cape d’invisibilité et que nous nous en servions pour nous promener en toute impunité dans les couloirs. Tu es prrrêt pourrr une nuit d’illégalité, alorrrs ? soufflé-je doucement comme pour ne pas briser l’intimité que nous offrait ce simple bout de tissu. Les alentours étaient étrangement troublés, altérés par l’extraordinaire capacité de ce textile. Nous étions dans cette pièce sans vraiment y être. Sans attendre plus longtemps, maintenant la cape serrée autour de nous, je fis un pas, l'entrainant avec moi, et nous quittâmes la chambre. J’avais déjà vécu la sensation de traverser la salle commune sans que personne n’ait conscience de ma présence, mais c’était encore mieux de partager cela avec Junior. Nos regards complices et nos sourires respectifs étaient la seule communication possible au milieu de ses camarades. Ils ne pouvaient certes pas nous voir, mais nous entendre et nous toucher restait possible. Ce qui rendait le tout délicieusement excitant. Parvenus à l’extérieur, seuls dans ce couloir vide, je laissais mon rire résonner.
Bon, nous n’avons plus qu’à monter ! Nous aurions très bien pu nous dévêtir de la cape puisqu’il n’y avait plus personne mais j’aimais trop cette intimité spéciale que nous conférait le tissu pour vouloir que cela cesse. C’était presque comme lorsque nous nous étions retrouvés tous les deux sur les toits de Londres. Nous avions un royaume unique à notre disposition et personne d’autre ne pouvait en jouir.
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Dim 19 Jan - 18:51
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PAIR — Tout à sa conversation, MacCreery ne remarqua rien et ferma derrière nous le plus normalement du monde. Nous avions la bibliothèque pour nous tous seuls, toute la nuit, et j’avais affreusement hâte de me perdre entre ses rayonnages interdits en si charmante compagnie !
IMPAIR — Une seconde de silence flotta sur le couloir et le bibliothécaire repassa la tête à l’intérieur comme pour s’assurer de n’avoir oublié personne. À l’instar du chat un peu plus tôt, son regard se posa sur nous, me donnant l’impression très désagréable qu’il nous avait repérés. C’était impossible, bien sûr, aussi il finit par sortir et faire tourner la clé dans la serrure. Mais il y avait fort à parier qu’il resterait sur le qui-vive un moment alors autant se faire très discret…
Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Lun 20 Jan - 0:01, édité 2 fois
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Dim 19 Jan - 18:51
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Dim 19 Jan - 23:46
once upon a time in a land far away
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Inconsciemment, je retiens une expiration, tandis que son nez frôle quasiment le mien et que le souffle de ses paroles vient chatouiller tendrement mon visage. Il n’y avait plus la moindre trace d’insatisfaction sur le sien. Un fait que ses mots s’empressent de venir corroborer bien que je ne l’entende guère plus, toute absorbée que je le suis par ses pupilles si près des miennes. Ses yeux, aussi clairs que les miens, cerclés d’un anneau presque noir, ne m’avaient jamais semblés aussi envoûtants que maintenant qu’ils se trouvaient à quelques centimètres seulement des miens. L’enchantement se rompt avec l’éloignement et mes sourcils se froncent légèrement face à ce charme que je n’avais jamais remarqué à ce point. Mon meilleur ami n’en manquait pas, loin de là, mais je me savais suffisamment immunisée pour ne pas souffrir ces réactions frivoles. Éloignant ce léger trouble qui s’était emparé de moi, je me redressais, m’écartant, non pas pour mettre une quelconque distance boudeuse entre lui et moi, mais pour me dégager de ce magnétisme troublant et retrouver de ma superbe. Il m’avait eue par surprise, dans une fourberie tout à fait digne d’un Serpentard. Peu de temps me fut cependant nécessaire pour retrouver mon insolent sourire. Il avait beau affirmer sa satisfaction et proclamer toute la bonté dont il faisait preuve à mon égard, je souhaitais plus que de simples mots pour être parfaitement comblée. Quelques mots faussements innocents faisaient déjà naître en moi des idées par millier et - je n’en attendais pas moins de lui - Junior ne se retint pas de sauter à pieds joints dans ce doux filet que j’avais tendu sans le moindre artifice. Je ne prends que quelques secondes de réflexion pensive avant de formuler une demande tout à fait légitime. Le doute me consumait de l’intérieur par sa faute, il était de son devoir de rassurer sa Reine. Un sourire, tout à la fois enjôleur et moqueur, vient fleurir sur mes lèvres qui plissent légèrement mes paupières. Un prrrochain tête-à-tête, de l’heurrre et du lieu de ton choix. Sans la moindrrre contrrrarrriété de ta parrrt, mon ange. À la hauteurrr de ce que nous allons vivrrre ce soirrr, évidemment. En juste retour des choses, il avait gâché - au moins ! - ma surprise, j’en voulais donc une autre en échange. Un moment qui n'appartiendrait qu’à nous, hors du commun comme ce qui s’annonçait ce soir ou ce qui avait été pour notre anniversaire, entièrement organisé par Junior. J’espérais que la peur de me décevoir lui créerait quelques cheveux blanc, sans douter pour autant de sa capacité à m’enchanter. Ainsi, nous étions tous les deux gagnants puisque nous nous assurions la promesse d’une future intime entrevue.
Sur cet engagement, je quittais le lit que je m’étais approprié pour explorer ce médiocre dortoir. Je n’avais pas examiné le matelas sur lequel je m’étais assise : si ça se trouvait, il était celui d’un impur incestueux à l’image des jumeaux de Serdaigle. Cette simple idée me provoquait des frissons de dégoût. Mais je comptais sur la bienveillance de Junior pour m’avertir le cas échéant. Il n’avait pas pipé mot, j’en déduisait donc que je ne risquais aucune infection de ce type. Cela ne rendait cependant pas son dortoir plus agréable à la vue. D’autant que je pouvais comparer ce lieu avec sa chambre londonienne et la superbe de ses appartements contrastait violemment avec la pauvreté de cette chambrée commune. Un petit soupir de dépit franchit mes lèvres. Même la beauté et la noblesse de l’argent et de l’émeraude ne parvenaient à balayer la décadence dont souffrait Poudlard. Cinq ans après la première déconvenu, je m’étais comme faite à l’idée que cette école ne nous apporterait jamais ce que Koldovstoretz faisait miroiter. Cette déconvenue pouvait nous rendre plus forts et le devait : nous avions tout à faire, ici, et avec une aide plus solide que celle qu’avait représenté Blackman, nous pourrions parvenir à nos fins. Rien de tout cela n’était à l’ordre du jour à cette heure-ci : ce n’était que Junior et moi, accompagnés de notre indéfectible complicité. Son rire empli de prétention fut le seul accueil que reçut ma demande. Une moue mécontente vint assombrir les traits de mon visage tandis qu’un sourire éthéré succédait à cet éclat incontrôlé. J’attendais, évidemment, sa réponse à ma question que je pressentais ne pas être à la hauteur de mes expectations. Je ne m’étais pas trompée. Mon regard glissa une seconde fois en direction de son bureau désordonnée. Je voyais parfaitement de quel livre il voulait parler, mais ce n’était pas ce que j’avais attendu, aussi lui retournais-je un regard polaire, parfaite contradiction à sa fausse innocence. D’accorrrd, min hanndue, je vais m’en passer et jouer selon tes rrrègles répliqué-je avec un sourire d’une cruauté tout à fait mienne, me détournant définitivement de cet inintéressant pupitre. Je ne comprenais peut-être pas le mot qu’il avait employé mais lui ne parlait pas une seule vocable norvégienne. J’étais quasiment certaine qu’il ne savait même pas dire bonjour dans ma langue natale. Puisque je n’étais pas certaine qu’il ne m’avait pas moqueusement affublée d’un sobriquet satirique, je ne me priverais pas d’en faire de même.
Une dernière ronde dans cette pièce presque exigüe et je m’en retournai à ma seule source d’intérêt. Paresseusement allongé, dans une langueur à son image, Junior ne semblait pas plus intéressé par les plans que je formais pour cette soirée que par l’étude des moldus. C’était bien évidemment vexant, mais je ne décourage pas et me penche au-dessus de lui, mes longs cheveux bruns cascadant autour de mon visage tels une étrange auréole. Cela le fit rire : c’était bien mieux que sa précédente indifférence, mais toujours pas ce que j’attendais de lui. Il se désintéresse de moi, fuyant mon regard pour jouer tendrement avec mes cheveux qui lui effleuraient le visage. J’aimais assez son air furtivement attendri, mais bien que ce tableau soit des plus agréables à contempler, je m’en détachai, appelée ailleurs et comptant bien l’entraîner à ma suite. Mes doigts s'emparent de ma cape, et dans un dernier regard, je disparais de sa vision, tandis que ma main libre vient machinalement enrouler une mèche que Junior avait caressée. Son air suspicieux me ravissait, et je l’observai me chercher du regard tout en enfilant ses chaussures, postée au pied de son lit, à quelques centimètres seulement de là où je me trouvais en enfilant ma cape. Négligemment adossée contre un des piliers du baldaquin, je ne le lâche pas des yeux tandis qu’il s’empare d’un carnet d’une plume. Pour quoi faire ? Pensait-il en avoir besoin ? Un petit rire m’échappe et son regard se braque aussitôt dans ma direction. Je m’approche silencieusement de lui avant de l’envelopper de ce tissu magique et et contemple, candide, son air émerveillé qui étudie les alentours depuis cette toute nouvelle perspective. Face à face, lové dans ce précieux tissu, nous étions plus proche que bien des fois, nos nez se touchant presque, à nouveau. Et une nouvelle fois, ses doigts viennent jouer avec mes cheveux, replaçant une mèche derrière mon oreille, tandis que mon ton gentiment taquin vient cueillir sa réflexion. Sa répartie me fait rire : il est certain qu’ils se seraient déjà arraché une bonne partie de leur chevelure s’ils avaient eu vent de toutes les règles et les bienséances que nous franchissions, lui et moi. J’imagine que j’étais la plus coupable de nous deux, car j’étais celle qui l’entrainais sur ces chemins tentateurs. Mais, au final, ne l’était-il pas tout autant que moi, pour ne jamais oser me dire non et prendre autant de plaisir à m’accompagner que moi à l’inciter ? Car toujours, comme il le formula si bien, Junior était prêt à enfreindre l’ordre édicté. Nos chuchotements seuls venaient désormais troubler l’intimité magnétique créée par ce simple bout de tissu enchanté. Il nous suffisait d’un rien pour nous sentir à l’écart d’un monde qui ne nous méritait pas. Une fois, les toits de Londres, une autre, une cape d’invisibilité. Nous nous satisfaisions de peu lorsqu’il s’agissait de s’accommoder de la présence de l’autre. J’aimais cette bulle toute particulière qui nous enveloppait et nous protégeait aussi sûrement que n’importe quel sortilège. Plus que tout, j’adorais l’impression tenace que rien ni personne ne pouvait nous atteindre et que Junior n’était qu’à moi. Il n’y avait ni pimbêche de Serpentard, ni un quelconque Français bien moins digne que lui. Rien que lui et moi.
Dessinant la suite de notre soirée, je me dirige vers la sortie. Un pas à peine et je sens déjà sa main se poser sur mon avant-bras. Je le laisse se rapprocher de moi et reprends notre route, serrée contre lui. Personne ne pourrait ainsi nous faire l’affront de nous séparer et sa chaleur réconfortante m’assurait sa présence sans que nous n’ayions à échanger ni parole, ni regard. Je lui en dédiais quelques uns cependant, alors que nous traversons sa salle commune, tendrement amusée par l’air troublé que prenaient ses traits. Mon bras remonta de quelques centimètres, suffisants pour que ma main s’empare de la sienne, et, nos doigts enroulés les uns autour des autres, nous continuâmes notre avancée, plus proches encore. Tout cela ne dura pas assez à mon goût. Je me satisfaisais trop bien du doux contact de sa peau contre la sienne. Trop pour qu’une pointe de déception ne me traverse pas alors que nous arrivâmes dans le couloir, loin de toute agitation, et que Junior se décala de quelques centimètres qui créèrent comme un affreux courant d’air. Ce désappointement ne dura pas longtemps, rapidement remplacé par un rire annonciateur des heures à venir. Il nous fallait nous dépêcher de monter les nombreuses marches pour parvenir à la bibliothèque avant que celle-ci ne ferme définitivement ses portes. L’heure du couvre-feu approchait mais nous étions à l’abri, secrètement caché sous ma cape, sous cette bulle qui était notre.
Une espièglerie toute enfantine nous gagne. Ce n’était pas grand chose, mais l’excitation de franchir un interdit en compagnie de mon meilleur ami avait toujours une saveur parfaitement unique que je me languissais de retrouver aussitôt qu’elle disparaissait. Tandis que nos pas avalaient les couloirs, dévoraient les marches et enduraient la distance qui nous séparait de l’antre des livres, sans rencontrer aucune difficulté, ma main chercha celle de Junior, et nous parcourûmes une bonne partie de notre chemin dans une parfaite proximité. Nous arrivâmes au moment même où deux rats de bibliothèque se faisaient jeter dehors. Ni l’un, ni l’autre n’était ni mon aîné, ni ma cadette. En cela, ils n’avaient aucune espèce d’importance à mes yeux, si ce n’était qu’ils nous permirent de nous glisser silencieusement derrière les portes en bois que le bibliothécaire s’apprêtait à refermer. Mon meilleur ami me poussa délicatement devant lui, sa main chatouillant ma hanche, et je pénétrais la première, quelques centimètres en avance, dans l’immense pièce qui serait nôtre cette nuit. Mon coeur palpitait agréablement fort à l’idée que nous allions devoir rester ici des heures entières, sans possibilité de fuir où que ce soit, et que personne ne viendrait nous déranger. Nous avions un lieu fermé de Poudlard pour nous tous seuls. Les palpitations cessèrent net alors qu’un grincement de fin du monde retentit derrière moi. Je m’arrête aussitôt, sans savoir si le bruit vient de mon pied ou de celui de Junior, et mes doigts se serrent un peu plus fort autour de ceux du Serpentard. Nous restons sans bouger durant quelques secondes qui semblent durer une éternité, mais MacCreery ne remarque visiblement rien, et la porte se referme, marquant là le tout début d’une délicieuse soirée.
Rompant le contact avec mon meilleur ami, j’ôte la cape qui nous recouvre d’un mouvement ample et laisse éclater un rire insouciant qui vient mourir sur mes lèvres alors que la main de Junior s’y pose, m’intimant le silence. Ses yeux posés sur la porte fermée de l’extérieur me laissent un clair accès à ce qu’il pense, et je reste sagement muette quelques secondes de plus. Jusqu’à ce que mes doigts viennent s’enrouler autour de son poignet, rendant à mes lèvres toute leur liberté. Je pense qu’il est parrrti, maintenant. Nous avions donc des rayonnages entiers pour nous amuser, aucun adulte pour nous surveiller, et surtout, une réserve inexplorée à découvrir. L’excitation était à son comble, et la présence de Junior à mes côtés n’y était pas étrangère. Me détournant provisoirement de lui, je fais quelques pas en direction des étagères alourdies de livres, pliant négligemment ma cape pour la fourrer dans la poche centrale de mon pull. C’est bien plus sympa comme endrrroit lorrrsqu’il n’y a que nous fais-je en tournant la tête dans sa direction, accompagnant mon regard d’un clin d’oeil. Je tourne sur moi-même dans un mouvement parfaitement puéril, ma chevelure brune formant comme une longue cape autour de mes épaules, et laisse fleurir un nouveau rire dans l’air épais de la bibliothèque. Soudain, un bruit se fait entendre, me stoppant net dans mes pas de danse nobles mais maladroit pour tout oeil un tant soit peu expert.
PAIR - Le verrou de la porte cliquette. Faen ! chuchoté-je. Un instinct primaire me pousse à tirer fébrilement Junior avec moi et à me cacher derrière le premier rayon qui nous masque à la vue de quiconque se tiendrait dans l’entrée. Retenant mon souffle, un oeil attentif glissé entre deux livres, j’observe la porte s’ouvrir dans un grincement maudit. J’affiche une moue pincée : qu’est-ce que ce stupide bibliothécaire peut bien avoir oublié ? Accroupie au sol, mes doigts peinent à tirer ma cape de sa cachette. De toute façon, MacCreery n’a aucune raison de venir dans notre direction, n’est-ce pas ? IMPAIR - Ce doit être être le fruit de mon imagination, car rien d’autre ne se produit. Je jette un regard menaçant en direction de Junior, lui intimant silencieusement l’ordre de ne pas se moquer. Ce qu’il ne manquerait pas de faire, je n’ai aucun doute là-dessus. Parrr quoi commencer laché-je, l’air de rien, ignorant la moquerie qui transparaît dans le regard de ce tendrement agaçant Serpentard.
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Lun 20 Jan - 17:31
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IMPAIR — Le plus normalement du monde, je le vis glisser quelque chose dans sa poche avant de se redresser. Son regard courut dans la pièce comme pour en apprécier le calme mais il s’arrêta un instant plus ou moins vers nous. Est-ce qu’il s’était senti observer ? Ça n’était pas impossible… Mes doigts se crispèrent sur l’épaule d’Erin alors qu’il faisait un pas dans notre direction. Mon coeur battait à tout rompre et menaçait d’exploser s’il ne partait pas tout de suite… Il fallait qu’il parte. Il fallait qu’il parte vite. Il était hors de question que nous passions notre nuit terrés là comme des animaux craintifs ! Nous méritions mieux que ça…
— Y’a quelqu’un ? demanda-t-il, suspicieux.
Ça ne devait pas être la première fois que deux petits malins se glissaient à l’intérieur de la bibliothèque sans y avoir été invités, bien sûr, mais il fallait espérer que, cette fois-ci, les petits malins en question s’en sortiraient sans soucis. Je tenais à cette nuit privilégiée plus encore qu’au simple fait d’avoir la Réserve à portée de main. S’il y avait une justice, il s’en irait…
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Lun 20 Jan - 17:31
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Lun 20 Jan - 22:09
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J’obtiens la promesse de la preuve désirée sans réserve aucune de la part de Junior. Cela suffit pour dissiper les nuages qui obscurcissaient mon pâle regard. Par surcroît, son manque d’incertitude à m’offrir une réponse positive me permet de me complaire dans la pensée qu’il n’est pas si insatisfait qu’il l’a montré quelques minutes plus tôt en ma présence. Et qu’il n’a rien contre un futur rendez-vous pour se faire pardonner son flegme insensible. Personnellement, j’ai un penchant coupable pour les surprises ; encore fallait-il qu’elles soient à la hauteur de celles que j’étais capable d’organiser. La barre était haut placée, mais je ne doutais pas un seul instant des capacités de mon meilleur ami à me combler par son esprit acéré et la connaissance parfaite qu’il avait de ma personne. Contrairement à Finnbjörn, lui ne reculait devant rien qui allât contre le règlement si cela avait pour but de nous offrir un moment intime et privilégié. Ainsi satisfaite, je peux me lancer dans l’exploration de cette chambre qui m’était jusqu’alors inconnue. Le dernier bastion qui avait résisté à la profondeur de nos longues années d’amitié qui s’étiraient déjà derrière nous. C’était tout au plus une garçonnière, rien de suffisamment convenable pour mon noble Français. Avait-il abandonné toute sa noblesse sur le pas de la porte pour me refuser ainsi un éclaircissement parfaitement justifié ? Je tourne dans sa direction un regard polaire et ne rencontre que son air suffisant. Soit, mon impatience était toute prête à se jouer de la sienne. Sa tentative prudente me tire malgré moi un sourire attendri. C’était toujours étrange d’entendre ces sonorités nordiques et tellement gutturales sortir d’une bouche qui n’employait jamais qu’un langage parfaitement distingué. Quand il ne parlait pas anglais mais qu’il articulait quelques paroles de français, c’était d’un ton encore plus gracieux, presque précieux. En comparaison, le norvégien paraissait brutal et sévère, ce qui n’était pas pour ternir l’image des peuples nordiques. Sa prononciation n’avait guère de rapport avec l’exemple sur lequel il s’appuyait mais je ne le corrige pas, me contentant d’un rire cajoleur. Le qualificatif qu’il consent à appliquer à ma langue maternelle me tire un haussement d’épaules indifférent. Simplement parrrce que tu prrrononces mal, min and*. Il n’avait pas voulu m’expliquer un mot français ? Il allait être submergé par des surnoms en norvégien. En sa présence, il était assez rare que j’utilise cet idiome, hormis pour les injures qui sortaient toujours plus naturellement ainsi qu’en anglais. Aussi n’y connaissait-il absolument rien, contrairement à moi qui, au fil des années, avait adopté un certain vocabulaire incontestablement mièvre. Il fallait dire que la langue s’y prêtait particulièrement bien.
Notre joute linguistique ne peut cependant s’éterniser : nous sommes attendus ailleurs, sur d’autres chemins plus séduisants. Après être venue lui chatouiller le visage de mes cheveux bruns pour le réveiller, je m’éclipse sous ma cape et patiente quelques secondes qu’il daigne s’équiper de chaussures et d’un calepin. Je le recouvre à son tour, lui faisant découvrir cette délicieuse intimité qui nous enveloppe à l’instar du tissu fluide de la cape. Les secondes s’étirent accompagnées d’un silence charmé. Nous aurions sûrement pu rester de longues minutes face-à-face, sans bouger d’un centimètre, mais pas ce soir. J’avais d’autres projets que celui de dessiner chacun des traits de son visage du regard puis de plonger dans le sien pour m’y noyer. Nos doigts qui se nouent et se dénouent - à peine quelques secondes et uniquement pour mieux se resserrer - nous entraînent à travers les couloirs et les escaliers qui parsèment les nombreux étages du château. C’était de nouveau comme si le monde entier n’appartenait plus qu’à nous. Cette stupéfiante capacité à nous approprier des lieux aléatoires et à prendre possession comme un véritable couple royal n’avait aucune limite. Poudlard n’était plus Poudlard, plus vraiment, mais un lieu onirique qui s’endormait doucement tandis que le bruit de nos pas venaient troubler ce paisible silence. Il n’y avait qu’avec Junior que je pouvais et que je voulais partager ces moments hors du temps.
Malgré une frayeur qui nous figea en plein mouvement, telles deux ridicules statues de marbre au coeur palpitant, nous arrivâmes à bon port. En quelques mouvements souples je fis disparaître la cape qui nous recouvrait, renonçant provisoirement à la tendre proximité que j’avais jusque la partagée avec Junior, et mon rire fin se répercuta en écho entre les étagères. Les doigts de mon meilleur ami mirent brusquement fin à ce son que je jugeais mélodieux, son regard inquiet fixé sur la porte. Seuls mes yeux n’étaient pas muets et continuaient de pétiller de malice. Je lui accorde quelques secondes de répit, appréciant plus que de nécessaire la chaleur de sa peau contre la mienne, avant de me défaire de son contact, lui assurant que le bibliothécaire ne nous dérangerait plus. L’assurance de mes paroles s’accompagne d’un clin d’oeil espiègle et j’ai à peine entamé mon pas de danse que Junior vient approuver mes dires. Un rire m’échappa de nouveau, avant que je ne prenne brutalement conscience d’à quel point il avait raison. La brutalité de cette vérité bloqua une demi-seconde à peine mon souffle dans ma poitrine. Partout où nous n’étions que tous les deux, le monde se dotait de couleurs plus chatoyantes et les plaisirs étaient plus vifs encore. Ce qui m’avait toujours apparu comme une évidence résonna différemment. C’était comme prendre conscience que ce tableau devant lequel je passais tous les jours possédait un détail éclatant que mon oeil n’avait jamais distingué sous cet angle. Pourrais-je jamais me lasser de Junior et de cette exceptionnelle complicité qui rendait chaque moment intime plus précieux que le quotidien ? Quand Poudlard n’aura plus de secret pour nous, et que les toits de Londres seront depuis longtemps un royaume connu par coeur, quand nous aurons franchi toutes les limites qui restreignent notre adolescence, que nous restera-t-il ? J’entrevoyais déjà toutes les nouvelles possibilités que nous n’avions encore jamais envisagées : partir en Norvège, découvrir la France… Mais est-ce que tout cela allait devoir prendre fin un jour ? Je ne le souhaitais évidemment pas, mon être tout entier se révoltait contre cette simple supposition. Ce sentimentalisme n’était pas habituel et me laissait un goût bien étrange.
Dans la pénombre de la bibliothèque fermée pour la nuit, Junior était bien incapable de saisir le trouble rapide qui s’était imposé à mes pupilles. D’autant plus qu’un cliquetis annonciateur de mauvaises nouvelles étouffa ma réflexion toute lunaire et nous propulsa derrière le premier rayonnage venu, d’où je trouvais un mince espace pour espionner ce qu’il se passait. Je sentis Junior bouger pour se rapprocher de moi mais ne bougeait pas d’un millimètre, prise par l’observation de MacCreery qui pénétrait dans son antre. C’était jouissif de l’observer dans sa routine sans que lui ne sache que nous étions là, quelques mètres plus loin, simplement séparés de sa personne par un rayonnage. Le souffle de mon meilleur ami venait me chatouiller la nuque et se mêler au mien, dans un bruit qui me semblait tempétueux. Ramenée en arrière contre le Serpentard, je ne quittais pas l’adulte des yeux. Ce dernier ne s’avança pas plus vers nous et Junior interrompit son mouvement, me laissant reposer contre lui. Mon pâle regard ne se lassait pas de ce voyeurisme inopiné. Quoiqu’il avait oublié, cela ne lui demanda pas longtemps. Après un dernier regard pour ses livres chéris, il referma le lourd battant une nouvelle fois, et le verrou tourna encore, nous enfermant définitivement pour la nuit. À moins que MacCreery n’ait encore oublié quelque chose, nous n’étions plus que tous les deux. Nous restâmes encore, serrés l’un contre l’autre, quelques secondes durant lesquels l’éloignement de ses pas nous parvinrent. Puis mon meilleur ami se releva, m'entrainant avec lui d’une main tendue que je saisis lestement. Mon gloussement rejoint le sien, exempt de nervosité en ce qui me concernait. Je ne doutais jamais de m’en sortir, et cette fois-ci pas plus qu’une autre. Dans le pire des cas notre rendez-vous nocturne aurait été écourté et nous aurions écopé d’une retenue. Je préférais de loin voir se poursuivre ce moment enchanteur. C’est à nous pourrr la nuit toute entièrrre ! me réjouis-je, puérilement satisfaite de la tournure que prennent les événements. Et dire que Finnbjörn s’arracherait les yeux en me sachant ici… Un tout nouveau rrroyaume... soufflé-je, tandis que je me tourne de nouveau en direction de Junior, en sourire tendre fleurissant sur mes lèvres alors qu’il se rapproche de moi.
Qualifiant ma danse de charmante, Junior ne me laissa aucune possibilité de répliquer, serrant mes doigts qui n’avaient pas lâché les siens pour me mener à sa suite. Ses paroles qui avaient agité mon esprit avant que le bibliothécaire ne nous interrompe revenaient chantonner aux lisières de mes pensées. Et d’autres, entendues dans les couloirs, vinrent les souligner douloureusement. Je ne mâche pas longtemps mes mots avant de les laisser franchir mes lèvres, d’un ton des plus badins. Que penses-tu des rrrumeurrrs qui agitent les couloirrrs ces derrrniers temps ? À prrropos de toi et Phoenix. Il était de notoriété publique, du moins pour ceux les connaissant, que la Gryffondor et le Serpentard ne pouvaient pas se supporter. Phoenix n’avait jamais tu ce qu’elle pensait de lui, et la réciproque était vraie. Les commérages naissaient bien souvent d’un rien, mais parfois pas, et la réaction de Junior m’intéressait tout particulièrement. Pour lui qui folâtrait avec de nombreuses filles, ce n’était, somme toute, pas si étonnant : une de plus, une de moins. Ce qui l’était, en revanche, était l’idée de ladite demoiselle. L’idée qu’il puisse batifoler avec l’une de mes amies les plus proches n’était toutefois pas vraiment pour me plaire. D’autant plus lorsque celle-ci avait une relation plutôt intime avec mon aîné. Il s’agissait très probablement de simples rumeurs infondées, mais autant s’en assurer.
Nous nous éloignions toujours plus de l’entrée, vagabondant entre les rayonnages en quête d’un but dont je devinais sans mal le sens. Mes yeux voguaient distraitement sur les nombreuses tranches des grimoires qui défilaient à chacun de nos pas. Pas vraiment intéressés, pas totalement ailleurs non plus. Il semblait que cette bibliothèque était sans fin et qu’atteindre la réserve prendrait plus que le temps qui nous était dévolu. Dans cette attitude teintée de nonchalance, mes pupilles se posèrent maladroitement sur le nom d’une section : médecine. Impulsivement, je ralentis le pas jusqu’à l’arrêter, mon intérêt éveillé et ma curiosité piquée, tandis que mon bras retombe le long de mon corps, nos doigts séparés par la brusque interruption de ma marche. Il était évident que Poudlard possédait des ouvrages moldus : au vu de ce qu’ils nous enseignaient ici et des nouveaux idéaux pitoyablement tolérants de la directrice, il ne fallait pas en attendre plus. Si j'exècre tout ce qui se rapportait à ces humains dépourvus de magie, il y a une discipline qui éveille mon attention, et ce n’est évidemment pas dénué d’égoïsme.
Le visage de mon meilleur ami réapparaît dans la périphérie de mon champ de vision, dessinant un profil des plus agréables. Je tourne un regard qui s’enflamme d’une lueur amusée, reléguant mes considérations quant à la médecine moldue bien loin dans mon esprit. Nous partagieons beaucoup, mais ce détail là n’avait jamais franchi mes confidences. Sans craindre d’être jugée - Erin Sørensen ne craignait l’opinion de personne - ce n’était pas quelque chose que je souhaitais verbaliser. Qui sait comment Junior pourrait prendre ma curiosité à l’égard de quoique ce soit de moldu ? Moi-même, à sa place, et quand bien même il aurait eu les meilleures ambitions du monde, je me serais probablement montrée d’un dédain méprisant. Oui ? soufflé-je d’un ton qui n’avait rien perdu de sa superbe, rapprochant mon visage du sien, étirant mon sourire. L’éloignement t’étais déjà insupporrrtable ? poursuis-je, gentiment taquine, avant de le contourner pour prendre la tête de notre duo. Bon, elle est encorrre loin cette rrréserrrve ? Mon soupir vint soulever une petite mèche qui me chatouille doucement la joue. Je ne venais jamais par ici, ou pas assez longtemps pour connaître les lieux, et l’emplacement de cette pièce m’était donc parfaitement inconnu.
*mon canard
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Mer 22 Jan - 11:42
Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Mer 22 Jan - 18:33, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Mer 22 Jan - 14:03
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Tout est bien plus sympa lorsqu’il n’y a que nous. C’était une vérité qui faisait écho à la mienne, certes. Mais jusque quand ? Et dans quelle mesure ? L’ombre de Phoenix n’était ni la seule à planer, ni la plus sérieuse en réalité. Ce n’était pas tant une identité qu’une existence potentielle qui agitait mes pensées. Nos doigts inextricablement mêlés, témoins charnels d’une intimité qui va bien au-delà, nous rattachent l’un à l’autre dans un contact naturel et chaleureux. Insuffisant, cependant, pour dégager le ciel de notre aventure du soir et l’exempter des nuages qui l’obscurcissent. Nous n’étions rien que tous les deux, voyant défiler autour de nous des rayonnages vides de toute présence. Tout comme nous avions grimpé les marches jusqu’à s’élever au-dessus des toits de Londres pour notre anniversaire. Dans une bulle sereine qui ne laissait filtrer personne du monde extérieur que nous ne mentionnions pas. Toutefois, cela était-il destiné à durer ? L’avenir marquerait-il la fin de ces rendez-vous unique et si précieux ? Jamais cette éventualité ne m’avait effleuré l’esprit : pour cause, je n’entendais pas les refus et n’acceptait jamais autre chose que la réalisation de mes désirs. Il était donc inconcevable qu’un jour, Junior et moi ne puissions plus nous évader loin des limites fixés par les convenances, main dans la main, comme les enfants que nous étions aujourd’hui. Mais depuis que le souvenir de notre baiser furtif et enfantin s’était rappelé à nous ; depuis que cette bribe de mémoire avait laissé entendre qu’il ne se privait pas de tester la douceur des lèvres d’à peu près la terre entière ; et, bien plus récemment, depuis qu’il s’était montré d’un enthousiasme aussi glacial que l’hiver norvégien à mon arrivée surprise, le doute s’insinuait. Pas assez puissant pour me faire douter de moi, il ne fallait rien exagérer, mais trop peu faible pour que je puisse l’évacuer d’une pichenette. Au-delà du soupçon s’enflammait aussi l’orgueil déjà blessé à l’idée de pouvoir être remplacée. Pas par Phoenix, évidemment : je ne connaissais que trop bien la haine qui brûlait entre eux deux. Mais les rumeurs s'égrenant à leur sujet pouvaient cacher une autre réalité. Je me demandais si Phoenix en avait eu vent. Le cas échéant, j’espérais de tout coeur qu’elle mettrait la main sur l’initiateur d’un commérage aussi absurde. Dans un sourire fauve que Junior ne pouvait voir, j’étais déjà prête à lui apporter mon soutien si elle souhaitait remettre les idées en place à cet inconscient.
C’est son rire qui vint saluer mon interrogation le premier puis des paroles emmitouflées d’un ton narquois. J’adresse une grimace puérile à son dos avant de retrouver mon air suffisant au moment où il jette un regard parfaitement moqueur par-dessus son épaule. Même sans distinguer nettement les traits de son visage, je n’avais aucun mal à me figurer toute la raillerie dont il se paraît en cet instant. Moque-toi autant que tu le veux, mais ce n’est pas à moi que l’ont prrrête des amourrrs que je juge douteuses. Phoenix avait le sang-pur, une éducation qui seyait bien avec la nôtre, et de nombreuses autres qualités qui la rendaient hautement fréquentable. Pour une foule de raisons, Junior ne partageait pas notre avis, et j’étais en cet instant bien aise de connaître son opinion sur la plantureuse Gryffondor. Loin de moi ces idées, je m’inquiète simplement du bonheurrr d’Hannibal mens-je, mon ton convaincant se décidant capricieux et ne jouant pas pleinement son rôle. Mon aîné était bien assez grand pour diriger sa vie d’une main de maître - d’aussi loin que je me souvienne, il l’avait toujours été, aussi l’excuse était-elle bancale au point que c’en était absurde. Une bien trrriste histoirrre répété-je, le sarcasme dans ma voix en alourdissant chaque mot. Qui pouvait-être destinée à se répéter si Junior poursuivait l’allongement de la liste de ses conquêtes. Et dont la fin serait assurément tragique si cela venait empiéter sur nos tête-à-têtes. C’était au final la seule chose qui m’importait. Qu’il batifole avec les premières venues s’il avait donc aussi peu d’estime pour la noblesse de sa personne, mais qu’il ne pense même pas à faire passer ses envies d’amourette avant les miennes.
Ses doigts se firent lâches au moment où ma moue fâchée se posait sur des titres accrocheurs. Je n’eus pas le temps de noter ni de m’inquiéter de cette distance étouffante qui s’était brusquement imposée entre nous, mon attention toute entière tournée vers ce rayon que je n’étais jamais venue consulter. Mes pas arrêtés devant les rangées de livres accompagnèrent mes yeux qui fouillaient à toute vitesse les tranches des grimoires austères. Que Poudlard possède des ouvrages moldus n’était pas étonnant, pas alors qu’ils enseignaient en option l’étude de cette pitoyable population. Finnbjörn m’avait doucereusement bernée pour que j’accepte de venir avec lui suivre ces cours indignes, ce qui jouait évidemment dans mon ressentiment à l’égard de toute forme d’apprentissage qui y était liée. Néanmoins, d’ici que notre société puisse retrouver le prestige qui était le sien et annihiler ce peuple de cafard, je conservais à l’esprit quelques mots que mon tendre jumeau avait prononcés : mieux connaître nos ennemis pour les battre. C’était sûrement très stratégique, bien trop pour mon impulsivité sanguine, mais pour un sujet en particulier, j’entrevoyais doucement la possibilité de commencer à l’appliquer. L’idée sinueuse mourut aux lisières de mon esprit alors que le visage de Junior me ramenait à la raison. Ça ne m’a même pas effleurrré l’esprrrit le rassuré-je avant de reprendre notre chemin, traçant à mon tour celui-ci. Je ne pensais pas un seul instant qu’il puisse sérieusement songer à ce que cette envie ait germé en moi, aussi poursuivis-je notre déambulation jusqu’à la réserve, sans plus me préoccuper de ce petit arrêt.
Si je ne me rendis pas compte que Junior avait mis quelques secondes à me suivre, je finis cependant par ressentir cette distance douloureuse qu’il laissait entre nous. La dissonance de notre marche, bien loin de notre intimité précédente, se poursuivit jusqu’à ce que je m’arrête devant l’entrée de la réserve et me brûla violemment tandis que je me rendais compte qu’il me fallait attendre que Junior me rejoigne. Il traînait le pas ce qui eut pour effet de me laisser muette de dépit tandis qu’il ouvrait le cordon et me laissait passer devant lui, dans un simulacre de galanterie qui masquait un glacial désenchantement. Agacé de le voir si peu enthousiaste, presque dégoûté - voire pire - je m’enfonce avec colère entre les étagères sombres de la réserve. Je ne prends aucun plaisir à me trouver ici, tout l’intérêt de partager cette première fois avec Junior fondant face à la flamme de ma vanité blessée. D’abord son accueil plus que réservé, maintenant cet air lassé, qu’il s’en aille donc s’il ne souhaitait pas être avec moi ! Qu’il rejoigne ses pimbêches minaudantes. J’étais peut-être plus piquée que je ne le pensais par l’idée qu’il puisse vouloir traîner avec une autre, à ces heures où seuls les plus intimes se retrouvant, mais je ne me concentrais que sur le mécontentement provoqué par son air las. Fallait pas venirrr, si c’était pourrr tirrrer la trrronche lâché-je, acerbe, avant de m’évanouir entre deux rayonnages, tournant sur la gauche à la recherche de quoique ce soit d’intéressant. Mais tout me semblait bien face en cet instant précis. Quelques pas plus loin, la voix de mon contrariant meilleur ami me rejoint. J’avais crrru aperrrcevoirrr un manuel à destination de ceux qui ont perrrdu toute gaieté réponds-je avec une mauvaise humeur évidente.
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Mer 22 Jan - 19:53
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Mer 22 Jan - 22:54
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Comment nos doigts pouvaient-ils rester obstinément liés - symboles d’une profonde affection - alors que nos répliques fusaient, cinglantes et assassines - emblèmes d’un orage explosif ? Cependant, malgré les ressentiments qui enflaient, je n’avais pas envie de retirer ma main de cette étreinte. Ce n’était plus que la seule à me retenir un tant soit peu aux promesses de cette soirée, qui s’évanouissaient une à une face à ces tensions sorties d’on ne savait où. L’ombre seule d’une fille quelconque enlaçant Junior de ses bras prédateurs, dont Phoenix n’était que la représentation sortie d’esprits ignares, n’avait pas la capacité d’être si menaçante. N’est-ce pas ? Subitement vient s’abattre à son tour l’ombre de mes inexistants prétendants, comme une contre-attaque formulée par mon meilleur ami. Je fronce les sourcils, agacée. Autant d’ombres qui obscurcissaient le ciel de notre doux paradis, masquant une à une les étoiles qui l’embellissaient, transformant lentement mais sûrement le rêve en cauchemar. J’avais fait de Charles-Auguste un aspirant solide alors qu’il n’était rien de plus qu’un sot contre les lèvres duquel les miennes s’étaient malencontreusement posées. Une carte à jouer dans des situations qui le requiéraient. C’était bien là le seul. Tu dois me confondrrre avec l’une de tes poules, c’est vexant répliqué-je, acide. Métaphore mue par la vision d’une poule pondeuse caquetant à chaque expulsion d’un oeuf. Sa condescendance me giflait plus violemment que la moquerie et je commençais à sérieusement considérer l’option de me retirer loin de sa compagnie puisque la mienne semblait lui être parfaitement désagréable. Mon seul et unique soupirrrant n’apporrrterrra que du sang bleu. Qu’imporrrte le titrrre que tu lui octrroie, lui au moins est un vrrrai Rrroi. Le courroux chagrin qui tempêtait dans mon crâne rendait plus âpre mon accent norvégien. Le constat était factuel et partait de l’idée préconçue - mais assez peu éloignée de la vérité en réalité - que tous les aristocrates français étaient apparentés à la royauté. Ce n’était peut-être pas exact en ce qui concernait l’autre sot, mais je ne souhaitais pas laisser le dernier mot à un Junior aussi dédaigneux. Le laisser critiquer impunément mes prétendants imaginaires revenaient à cela.
Quoiqu’il était entrain de nous arriver, c’était parfaitement désagréable. Bien plus et bien différent de toutes les fois où nos humeurs aléatoires se jouaient de nous et où nous nous fâchions pour un rien. Le rien n’existait pas présentement, ou bien je n’arrivais pas à le saisir. Il n’y avait que l’intolérable sensation que quelque chose clochait. Le beau rythme de notre valse était brisé, nous nous marchions sur les pieds et le tableau se noircissait à vue d’oeil. Tout ça pour quoi ? De nouvelles piques bien moins enfantines et bien plus empoisonnées qu’à l’accoutumée accompagnées d’un ricanement qui me déchirait les oreilles. Tu le saurrrais si tu t’inquiétais un peu moins du tien. Ma susceptibilité était bien éraflée. De tels propos venant de lui m’atteignaient bien plus que mon amertume ne le laissait deviner. Ce n’était pas comme si je me préoccupais de son bonheur, après tout. Incapable de savoir s’il cherchait à me blesser ou s’il le pensait sincèrement, j’optais tout naturellement pour la seconde solution, et c’est tristement offensés que mes yeux s’égarent sur les rayonnages.
Ce n’est qu’en déchiffrant quelques mots qui éveillent un intérêt tout particulier que je m’arrête net et que mes doigts consentent enfin à se séparer de ceux de Junior. Séparation physique qui vient renforcer l’autre, plus intime. Je ne reste guère longtemps devant ces ouvrages, savoir qu’ils existent me suffit pour l’instant. Tout l’amusement que représentait cette découverte s’est durablement envolé, et rien ne semble pouvoir éveiller de nouveau mon espiègle curiosité. Le froid polaire qui nous enveloppait ne comportait aucune douceur, loin très loin de notre royaume enneigé, véritable paradis hivernal. En toute autre circonstance, je me serais déjà fendue d’un adieu Corrrnelius poliment insolent et me serais enfuie loin, bien loin. Mais nous n’avions aucune possibilité d’échapper à cette étouffante atmosphère et c’était sûrement ce qui la rendait là si pesante. Obligés de continuer à danser alors que nos pas ne ressemblaient plus à rien.
Pénétrer dans la réserve n’avait plus aucune saveur. Les interdits bravés étaient fades, les connaissances jalousement gardées ici, ternes et quelconques, et ce tête-à-tête que j’avais fantasmé toute la journée me déplaisait. Auréolée de suffisance et d’irritation, je disparais dans un coin de la pièce accompagnée du silence que mes mots laissent derrière eux. Pouvions-nous rattraper ce moment ? Y avait-il seulement quelque chose à rattraper ? Mon caractère, dans toute l’excessivité qui le définissait si bien, ne voyait rien du tout qui soit récupérable. C’était un fiasco complet, et l’on m’y reprendrait à un sacré nombre de fois avant que je ne m’y retente. Je le sens arriver sans le voir ni même l’entendre, mais sa présence emplit brusquement l’espace autour de moi. Mes yeux qui feuillettent l’étagère face à moi font mine de s’arrêter, et dans une insuffisance impertinente je m’empare d’un livre dont je n’ai même pas déterminé le sujet. Tout ce qui compte est bien évidemment de donner l’impression que son contenu m’intéresse plus que mon meilleur ami. Rien ni personne n’éveillait plus mon insatiable engouement que lui. Ce n’était pas un grimoire trop lourd et foncièrement ennuyant, quel qu'en soit le sujet, qui pouvait rivaliser avec lui. Je m’appliquai pourtant à lui démontrer le contraire, ignorant sa présence avec une impolitesse qui frisait l’insulte. Lèvres pincées, regard balayant les lignes que je ne lisais pas des pages dont je ne comprenais pas les propos, nez plissé, j’étais une parfaite représentation de l’indifférence que quelque chose préoccupe. Avec sa présence si proche de moi et le silence qui régnait, je me sentais scrutée. Cela ne me dérangeait guère en temps normal, mais dans cette ambiance particulière, j’avais bien du mal à ne rien laisser paraître. Sa voix balaye la tentative stupide de mes pupilles claires qui ne parviennent à rien du tout. Je ne décèle aucune moquerie dans son ton mais me refuse toujours à lui accorder une quelconque attention. J’en suis néanmoins bien obligée alors que son doigt se faufile sous mon menton, me poussant doucement à relever le visage dans sa direction.
Sans contempler son regard cristallin, il était plus facile de continuer à faire brûler cette amère rancune. Plonger dans ses pupilles que je connaissais par coeur rendait la tâche plus ardue. Toutefois, je ne cillai ni ne baissai les yeux. Une moue têtue accompagna mon léger haussement d’épaules. Je ne crrrois pas qu’Errrin Sørrrensen en soit capable fais-je dans une pitoyable tentative de conserver un ton hautain et dédaigneux. Je n’étais pas capable de lui tenir tête quand il me fixait aussi intensément et avec le même sérieux qu’il interrogeait chez moi. Non, je suis entrrrain de cherrrcher de quoi fairrre disparrraîtrrre les mauvaises idées avant même qu’elles ne naissent. J’appuie ces quelques paroles offensées d’un léger claquement produit par le grimoire que je referme, sans plus y jeter un coup d’oeil. Les miens sont bien trop occupés à se noyer dans ceux de Junior et à tenter d’y déchiffrer quoi que ce soit. Mais celui-ci ne contient rrrien d’utile. Sans me défaire, ni de son regard, ni de son contact, je tends le bras en direction d’une étagère pour y laisser négligemment reposer le livre. Je sentais le souffle chaud de Junior me chatouiller le visage mais je me demandais si notre proximité pourrait faire renaître une quelconque intimité. Nous avions tellement malmené la précédente que cela me semblait tout à fait impossible. Encore aurait-il fallu qu’il le veuille. Bon, et maintenant ? lâché-je. Nous étions coincés ici mais peut-être existait-il un moyen de sortir et de retourner dans nos dortoirs. Cela ferait du bruit, assurément, mais cachés sous ma cape d’invisibilité nous pourrions nous en sortir sans le moindre mal. Je n’étais pas certaine que c’était là ce dont j’avais envie : nous étions bien loin du moment privilégié que j’avais rêvé. Néanmoins, il était inenvisageable de subir le désintérêt de Junior toute la nuit, tout comme il était impensable que je le contraigne à rester ici s’il ne le désirait pas.
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Jeu 23 Jan - 0:52
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Jeu 23 Jan - 18:49
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Poussés par mon impulsivité exacerbée par la prétention qu’affichait Junior, les mots qui franchissent mes lèvres dépassent ma pensée. Le temps d’une seconde, une infime mais interminable seconde, j’étouffe sous la pression de cet étrange sentiment. Junior cille, me libérant de son regard figé, et j’inspire, ravalant ce qui n’était ni de la tristesse, ni de la colère, mais un douloureux mélange de chagrin et de dégoût entièrement dirigé contre moi-même. Je n’aimais pas cet éclat terrible qui avait fendu les prunelles de mon meilleur ami. Même si je respirais de nouveau normalement, je sentais cette désagréable émotion qui ne me lâchait pas, accrochée de toutes ses forces aux frissons qui léchaient ma colonne vertébrale. Il m’avait accueillie avec un engourdissement qui frisait l’insulte, avait laissé entendre qu’il aurait pu être mieux occupé avec quelqu’un d’autre, venait de me réduire à bien moins que ses stupides prétendantes, et c’était pourtant contre mes paroles que s'offusquait une partie de mon être ! Mon orgueil blessé se révoltait contre cet état : ce n’était pas à moi de ressentir autre chose qu’une colère bien justifiée. Pourtant, c’était le cas. Car quoiqu’il ait pu dire ou pu faire ce soir qui me blessât, rien n’était encore à la hauteur du sous-entendu qui s’était glissé dans mes paroles. Le conditionnel venu les tempérer n’avait pas résisté à mes roulements enflammés et ainsi l’implicite était devenu limpide. Son haussement d’épaules indifférent était pire que toute réplique alors qu’il aurait du m’apparaître comme une victoire puisque je venais d’arracher le dernier mot. Nul triomphe dans cette joute qui nous opposait puisqu’à partir à du moment où nous devenions adversaires, il ne pouvait y avoir que des défaites. Son trait persiflant acheva mes frissonnements laissant place nette à une contrariété brûlante. Je détestais autant les écervelées auprès desquelles il s’acoquinait que ce pitoyable Charles-Auguste qui ne parvenait même pas à me faire prendre l’avantage. Il n’était le Roi du tout : il ne l’avait jamais été et ne le serait jamais. Probablement que du sang royal coulait dans ses veines, mais le seul et unique Roi à mes yeux était cet outrancier Serpentard qui éveillait chez moi en cet instant autant de rage que de peine. Peut-être aurait-il été plus fructueux de le lui dire. Mais je n’allais pas m’abaisser à cela alors que je ne valais pas la peine à ses yeux.
Que de paroles qui auraient dû être tues. Aussi tranchantes que des Diffindo, elles vinrent à bout de la résistance solides de nos doigts mêlés. C’était plus qu’une distance physique qui s’installait ; elle en était d’autant plus dure à supporter. Il n’y avait aucun échappatoire, la porte de la bibliothèque fermée dans notre dos telle une porte de prison. Cela nous aurait éventuellement permis de mettre fin à cette soirée catastrophique et nous nous serions retrouvés, le lendemain matin, comme chaque jour… n’est-ce pas ? La désagréable impression que les tensions ne se seraient pas si rapidement évanouies était là, tenace. Pas cette fois. Alors peut-être était-ce pour le mieux que nous continuions notre cheminement dans ce lieu abandonné de toute autre présence, quand bien même toute complicité avait déserté nos silences. Tels deux condamnés à mort, nous avançions vers notre exécution. C’était douloureux d’avancer dans ce mutisme pesant, comme si chaque pas abandonnait un peu de nous. Nous n’en étions pas à notre première mésentente, elles survenaient aussi vite qu’elles disparaissaient, nous étions habitués. C’était notre danse, notre rythme, une valse dont nous étions les seuls à pouvoir suivre le tempo. Les faux pas n’étaient qu’un prétexte pour nous faire tournoyer ou entamer une nouvelle symphonie. Mais le poids de toutes ces ombres qui nous menaçaient à l’intérieur même de notre bulle rendait les choses différentes cette fois-ci. J’étais incapable de rester aux côtés de Junior alors que cette blessante chape de plomb continuait de nous peser, instaurant un éloignement que je ressentais comme de plus en plus grand. Alors je disparais, ne laissant derrière moi que quelques mots acerbes.
D’un naturel assez peu concentré, tout effort pour lire et comprendre ne serait-ce qu’une seule ligne m’était devenu impossible. Mes forces toutes entières se dispersaient à la recherche de la présence, normalement réconfortante, de mon meilleur ami que j’avais laissé là-bas, entre deux étagères. L’oreille tendue, les sens aux aguets, le livre que je tenais ouvert n’était qu’un artifice utile pour occuper mes doigts glacés. Comme une flamme qui ne décide de briller avec force que lorsqu’une certaine personne se trouve dans son périmètre, mon attention se dressa toute entière en sentant la présence de Junior dans mon dos. Quelque part, le douloureux soulagement de savoir qu’il ne m’avait pas quittée fut semblable à un déchirement. La douleur n’était pas celle de mon orgueil blessé : alors quoi ? Je n’étais simplement pas capable de me réjouir égoïstement de le savoir à quelques pas de moi et il me fut impossible de quitter ces pages informes des yeux. C’est la douceur de son appel qui me fit prendre conscience d’à quel point mon corps tout entier était noué. Suivant le geste qu’il ordonnait avec une tendresse qui me brûlait la peau je crochetai son regard clair. C’était tout comme plonger sa peau glacée par la neige dans de l’eau tempérée, à l’image de notre retour à la réalité le soir de nos anniversaires. Nous n’avions pris conscience du froid qui nous gelait les os que lorsque nous avions retrouvé la tiède chaleur de ses appartements. Et ce qui aurait dû être une source de réconfort s’était avéré être aussi piquant que mille aiguilles. Son geste, les traits de son visage, ses pupilles cristallines, il n’avait beau dégager qu’une tendre émotion, celle-ci était aussi éprouvante à contempler qu’un bain bouillant à prendre. Mon air à moi tâchait farouchement de conserver un semblant de suffisance orgueilleuse, mais je sentais que mon regard perdait toute lueur vindicative. À défaut, j’en pourvu ma voix, mais ce fut là encore une tentative pitoyable au regard de ce que j’étais capable de faire. Son calme caressant avait plus de force que n’importe quel coup et un bien meilleur pouvoir de persuasion.
Son murmure était diablement apaisant. Ce garçon était l’enfant de Satan, j’en étais chaque jour un peu plus convaincue. Il parvenait à me mettre hors de moi en un battement de ses longs cils, puis d’un frôlement de ses doigts me rendait aussi tranquille qu’une enfant bienheureuse. Comment pouvait-il si bien me connaître et dans le même temps me croire aveuglément quand je lui déroulais la liste imaginaire de mes amourettes. Aussi immobiles que deux statues de glace, seuls nos lèvres faisaient encore quelques mouvements, dans l’unique de s’échanger d’aimables politesses. Je vins rompre cet immobilisme d’un geste sec, mais aussitôt délestée du grimoire, nous reprîmes notre mutisme gestuel. Le tout, sans que nos pupilles ne s’égarent ailleurs que dans celles de l’autre. La tournure que prendrait notre soirée pendait au-dessus de nos têtes, tel un Avada Kedavra suspendu dans le vide. Le moindre faux pas, et notre sentence était prononcée. La question en apparence banale accéléra sensiblement les battements de mon coeur. Je n’attendais rien de plus que Junior me propose de cesser là cette mascarade, et je craignais cette possibilité autant que je la désirais. Je n’avais pas envie de poursuivre cette joute épuisante et bien plus blessante que n’importe laquelle, mais je n’avais pas plus la volonté de voir la silhouette de mon meilleur ami s’évanouir dans la nuit. Je sentis quelques battements manqués se perdre douloureusement dans ma poitrine alors que ses doigts s’emparaient des miens. Combien de temps s’était écoulé depuis notre entrée dans la bibliothèque ? Je n’en avais aucune notion, mais j’avais le sentiment que cela faisait une éternité qu’il ne m’avait pas tenu la main.
Ce fut son tour de me figer à l’aide quelques mots prononcés sans aucune intonation qui viendrait en changer le sens. Il était impensable que je l’abandonne. Depuis notre toute première rencontre qui était venue éclairer mon ciel gris londonien, il en avait été ainsi. C’était bien la raison pour laquelle je craignais qu’un jour il ne s’éloigne, attiré ailleurs par une autre qu’il aimerait plus. À nous deux nous formions un tout si complet que le reste paraissait bien fade en comparaison. J’étais sa Reine, il était mon Roi, c’était ainsi et je ne souhaitais qu’une chose : que ça le reste. J’avais envie de lui hurler tout ça, mais toute ardeur volcanique semblait m’avoir désertée, ou bien était-elle contenue par cette main qui enveloppait la mienne. Alors, au lieu de lui hurler qu’il n’était qu’un fieffé imbécile et autres regrettables idioties, je détachais douloureusement mes doigts des siens. Ma brutalité était peut-être atone, pas mon impétuosité. Enfin cette insupportable distance trouvait la fin qu’elle méritait alors que je m'abîme dans une étreinte réconfortante, mes deux poings serrés venant se poser contre ses omoplates tandis que mon visage se perdait dans le lainage de son pull. Je sentais des battements véhéments tambouriner dans ma cage thoracique, sans me dire qu’ils n’étaient peut-être pas les miens. Ça non soufflé-je, ma voix étouffée par le tissu et mes cheveux qui cascadaient le long de mes pommettes. Toi non plus rajouté-je, imperceptiblement, tellement que je n’étais pas sûre qu’il m’entende. Ce qui n’était pas forcément une mauvaise chose, tant j’avais le sentiment d’avouer là une faiblesse inhabituelle. De nouveau sereine à mesure que ses envies s’expriment dans des mots dénués de coup-bas, peut-être un peu aidée par la chaleur que dégageait Junior contre moi, je me laisse à une petite moue de connivence. Ils ne contiennent rrrien de toute façon. Nous étions bien loin de ce que les gens normaux formuleraient des excuses, mais nous rendions les armes. Drapeau blanc et blanche colombe, la dispute cessait là. Tout était-il effacé ? Je n’en savais trop rien, mais nous avions maintenant toute la nuit pour éviter les dangereux pavés qui pouvaient nous mener une nouvelle fois vers des sentiers obscurs, et pour tenter de débroussailler la route. Mais puisque nous sommes rrretenus ici jusqu’à demain... Grimoires ou pas, intéressants ou pas, nous ne bougerions pas de notre antre, quand bien même celui-ci était terni par l’éclat de notre récente discorde.
electric bird.
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Ven 24 Jan - 0:20
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Ven 24 Jan - 21:24
once upon a time in a land far away
junior & erin
Cette étreinte était impulsive et irréfléchie. En cela, elle me correspondait parfaitement. La besoin primaire d’anéantir toute distance entre lui et moi ne m’était pas étranger non plus : nous avions toujours été complices et tactiles ; que nous parlions de physique ou de psyché, nous n’étions jamais bien éloignés l’un de l’autre, aussi ce fossé que nos offenses avaient creusé, un mot après l’autre, était-il trop important à mon goût. Ce qui m’était moins familier, c’était cette impérieuse nécessité de réconfort que notre houleux échange avait créée. Notre dernière dispute conséquente remontait à notre soirée d’anniversaire. Incapable de trouver le sommeil, j’avais délaissé un lit trop grand et trop froid pour trouver un moyen de rejoindre celui de Junior. Orpheus avait été d’une aide certaine, apparaissant au moment le plus adéquat. Mais ce soir, il n’y avait ni chat, ni sommeil prêt à fondre sur nous, rien qui puisse m’aider à diluer la profondeur et la sensibilité de ce geste.
J’oublie plus ou moins toutes ces considérations lorsque les bras de Junior se resserrent autour de moi, m’enfermant doucement contre lui. Mes paupières glissent, isolant mes prunelles de toute lumière, et m’enferment dans une bulle que j’ai l’impression de retrouver complète. Que me fallait-il de plus que la chaleur de Junior, son souffle chatouillant mon crâne, son parfum apaisant et cette merveilleuse impression que les dernières minutes n’avaient jamais eues lieu ? Nos coeurs battaient à l’unisson une chamade effrenée, mais je ne m’en rendais pas compte, le mien résonnant trop bruyamment. Le monde recommençait enfin à tourner, même si le temps, lui, s’était de nouveau arrêté, suspendu au-dessus de cet inattendu sauvetage. Nous étions incapable de vivre à un rythme normal lorsque nous étions ensemble : le temps s’écoulait soit trop vite, soit il s’arrêtait complètement. Dans les deux cas, il perdait tout son sens. C’était bien mieux ainsi car la perspective du temps qui passe et emporte avec lui même les amitiés les plus solides me terrifiait comme de très rares choses. Je venais d’avoir un douloureux aperçu de ce qu’il adviendrait le jour où Junior choisirait les yeux de biche d’une fille indigne de son intérêt à ma place. Nous étions deux enfants qui avaient découvert que les bouts de bois avec lesquels ils jouent depuis des années étaient en réalité des baguettes capables de lancer des sortilèges mortels. L’avaient-ils été ? Quelle place resterait-il pour notre complicité une fois devenus adultes ? Imperceptiblement, mon étreinte se resserre. Je refusais tout simplement cette éventualité. C’était un affreux concours de circonstances, quelque chose de l’ordre des planètes mal alignées, qui nous avait conduit ce soir sur un terrain si dangereusement pentu. Car Junior ne voulait pas que je l’abandonne et jamais je ne le ferais, nous n’allions pas rouler tout en bas du talus et finir rompus comme deux poupées de son. Nous étions plus forts que ça.
Ce n’était pas dans mon caractère de m’inquiéter autant, ni de ruminer mille questions. D’autant que ce moment m’apparaissait serein et à notre image : unique. Peu importe qu’il ne me soit jamais arrivé de serrer quiconque dans mes bras de cette manière : c’était présentement le minimum requis pour combler le fossé. Un minimum des plus agréables. Je sens son nez se réfugier dans ma chevelure et plus encore l’impression de renforcer notre bulle me satisfait. Il n’y avait actuellement aucun autre endroit où j’avais envie de me trouver. Je rajoute quelques mots, une supplique écorchée qui ne peut franchir mes lèvres autrement que dans un murmure. Son geste muet me tire un soupir qui relâche mes muscles tendus. La sensation agréable de ses doigts jouant avec mes cheveux achève de vaincre toute velléité de bouger ne serait-ce qu’un cil. J’étais enchantée de constater que Junior ne s’agitait pas plus que moi, ses mouvements le long de mes mèches brunes mis à part. Mon coeur battait de nouveau normalement, presque trop lentement même, comme apaisé, me ramenant au souvenir de cette nuit-là, où, nonchalamment allongés sur son lit, nous nous complaisions dans le silence de la pure présence de l’autre. Je n’avais eu besoin que de ça et c’était de nouveau le cas ce soir. Exception faite que sa seule essence ne me cajolait pas assez suffisamment pour que je puisse me passer de ce tendre contact.
Les yeux toujours clos, mes bras enveloppant continuellement son torse, je ne comptais pas quitter cette position avant un temps incertain. Les secondes, de toute façon, s'égrènent de façon chaotique et j’étais bien incapable de déduire celles que nous avions déjà passées ainsi enlacés. Junior pourrait en déduire ce qu’il voulait, cela m’était désormais égal. Tout comme l’était le fait que mes craintes s’exposaient dangereusement à travers ce geste. Fidèle à moi-même, je prenais ce que je désirais, sans me soucier des conséquences. Et je ne désirais rien de plus que de voir ces ombres déplaisantes disparaître de notre cocon pour pouvoir rester ici, dans ses bras, une petite éternité, voire plus.
Sa complétion me convenait parfaitement. Le plus maléfique de ces grimoires avait perdu tout intérêt à mes yeux et je n’avais plus aucune envie de fouiller les étagères à la recherche de quoique ce soit. J’hoche la tête dans un éparpillement de mèches sombres et de laine qui ne laisse plus vraiment voir le sens de mon geste. Plus tarrrd c’est parrrfait approuvé-je donc, un demi-sourire - car à moitié empêché par ma joue écrasée contre son pull - appuyant mes paroles. Plus tard ou jamais. Tout intérêt semblait durablement envolé, bien qu’il reviendrait sûrement plus tard. Peut-être pas en compagnie de Junior, néanmoins. Il y avait des aventures que je préférais mener seule plutôt que de risquer quoique ce soit. Et la bibliothèque serait à jamais le tableau d’une scène trop douloureuse pour que je tente de la rejouer. Il nous faudrait bannir ses allées de nos explorations nocturnes, et cette idée ne me faisait ni chaud ni froid. Nous trouverions d’autres endroits, bien plus agréables, je n’en doutais pas. Tout n’était cependant pas derrière nous. Un souffle grognon m’échappe alors que Junior se redresse. Je n’avais pas terminé ce moment, où croyait-il se rendre comme ça ? Pas très loin, heureusement, ses lèvres glissant seulement jusqu’à mon oreille. Quelles confessions étaient encore nécessaires pour que tout redevienne à la normale ? Car malgré la tendresse retrouvée dans cette étreinte, c’était bien plus que cela qui restait bancal. Un éclopé pouvait bien avancer avec le sourire, il n’en restait pas moins un éclopé. Jamais notre danse ne survivrait à une blessure pareille si nous ne la soignions pas définitivement. Ses mots touchent directement cette étrange sensation, mélange désagréable de chagrin et de dégoût personnel. La sincère franchise qui s’en dégage n’en est que plus brûlante, à l’instar d’un alcool apposé sur une plaie encore à vif. Pourtant, je ne pouvais pas me sentir mieux qu’après avoir entendu ces quelques paroles, d’apparence banale peut-être, mais qui recousaient entre eux tant de morceaux hachés par notre trop réelle dispute.
Apaisée et confuse en même temps, je sentais ma fierté se disputer l’initiative avec ma spontanéité. Si c’est rrréellement le cas, ne rrrefais plus jamais ça, ne t’avise jamais de me laisser parrrce que tu faillirrrais à tes prrropos. Même ainsi, enveloppée de ses caresses, avouant sans guère de détours ce qui me pesait tellement, sans même hausser le ton qui ne dépassa pas le murmure, je parvenais à faire preuve d’un orgueil supérieur tout à fait erinien. C’était maladroit, n’importe qui en conviendra, mais bien plus que ce que je ne faisais jamais. Tu sais soufflé-je, un ton plus bas, ma voix se perdant entre mes cheveux et son souffle, il n’y a qu’un seul vrrrai monarrque, mon Rrroi. Qu’il continue donc de penser que Charles-Auguste ravissait mes lèvres et mon coeur. L’embêter ne me dérangeait pas, bien au contraire, c’était là une composante fondatrice de notre belle danse que j’aimais tant.Et un juste retour des choses fasse à l’image déplaisante de ses prédatrices. Mais il me fallait retirer cette épine avant qu’elle ne s’infecte, et donc ne pas lui laisser croire plus longtemps que je pouvais réellement gratifier l’autre fat d’une couronne qui ne revenait qu’à lui.
De nouveau le temps s’écoula, doux rappel d’une soirée d’hiver passée à ne plus compter les heures. J’étais bien, ainsi, même si l’endroit aurait pu être plus agréable encore que la bibliothèque et plonger nos deux corps dans un confort plus voluptueux que cette position debout. Néanmoins, je n’avais aucune envie ni intention de bouger. Je me sentais entière, ainsi lovée contre Junior, et le début calamiteux de cette soirée me semblait venir d’un autre monde. Il me fallait cependant me rendre à l’évidence : mon meilleur ami détestait les surprises au point qu’elles virent au fiasco le plus total. Cette conclusion me tira un sourire amusé et secret, masqué par notre proximité qui ne s’était relâchée. Ce fut le cas jusqu’à ce qu’un bruit sourd nous fasse sursauter, faisant éclater ce moment hors du temps. Nous n’étions que tous les deux, et je m’attendais pourtant à trouver quelqu’un, debout d’un côté ou l’autre de l’allée, nous observant d’un air réprobateur. Quelqu’un, pour ne pas dire MacCreery. Mais il n’y avait personne, et c’est en constatant que le grimoire dont j’avais simulé la lecture était au sol que je compris d’où provenait cet éclat. Je le désignais à Junior d’un geste empreint de suspicion, mon regard balayant une nouvelle fois le couloir où nous nous trouvions. Il semblait improbable que ce grimoire ait soudainement chuté alors qu’il reposait sans mal depuis de longues minutes déjà.
1 - 2 - Sous nos pupilles soupçonneuses, l’ouvrage dépassa toutes nos intrigantes réflexions, et explosa. Le souffle chaud et puissant nous atteignit de plein fouet et j’eu pourtant l’impression affolée d’être traversée par un rideau de glace. Devant nous, une partie de l’étagère était noircie par l’onde. Tu n’as rrrien ? m’inquiété-je en reportant mon attention sur mon meilleur ami, certaine que tout allait bien pour moi-même puisque je ne ressentais pas la moindre douleur, ni brûlure. 3 - 4 - Sous nos pupilles soupçonneuses, l’ouvrage entama une étrange scène. Agité de soubresauts, il se déplaçait de manière infime, faisant presque du sur place. Fouillant notre droite, puis notre gauche, d’un regard agacé, je cherchais le plaisantin à l’origine de cette blague qui n’avait rien de drôle. Je ne voyais cependant personne, et les tremblements s’intensifiant, j’hésitai entre attraper ce livre pour le faire cesser. C’est ce que je m'apprêtais à faire, si Junior ne m’avait pas retenue, m’intimant que nous ferions mieux de déguerpir. 5 - 6 - Un souffle agacé échappant mes lèvres, je me penche pour rattraper ce cruel rappel à la réalité et le remettre à sa place.
electric bird.
Dernière édition par Erin B. Sørensen le Ven 24 Jan - 21:26, édité 4 fois
Le Hasard
À SAVOIR Arrivé(e) le : 28/06/2011 Parchemins rédigés : 13694 Points : 36 Crédit : (c) Septimus Veturia
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Ven 24 Jan - 21:24
Le membre 'Erin B. Sørensen' a effectué l'action suivante : Le Hasard
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior) Dim 26 Jan - 16:07
Spoiler:
1 & 2 — Il s’arrêta alors que nous finissions de parcourir quelques mètres. Il restait là, inerte sur le sol, comme s’il n’avait jamais bougé. J’aurais été seul, probablement que je me serais demandé si ça n’était pas le fruit de mon imagination mais Erin l’avait vu tout comme moi. Je fixai une seconde le grimoire et finis par hausser les épaules, aussi dubitatif qu’amusé.
— Je crois qu’il ne nous aime pas beaucoup, celui-là.
Je n’en avais pas vu le titre mais qu’il soit un manuel destiné à éradiquer toute forme de guimauve existant sur cette Terre ne m’aurait étonné en rien. Après tout, tant que nous nous déchirions, Monsieur ne s’était absolument pas manifesté !
5 & 6 — Quelques mètres à peine nous séparaient de l’ouvrage toujours sur le sol quand celui-ci s’ouvrit d’un coup et se mit à hurler comme un cochon qu’on égorge. Mon coeur loupa un battement et je ne pris pas la peine d’écouter mes propres conseils de sécurité avant de sauter sur la grimoire pour le refermer d’un coup sec. Celui-ci s’agita de plus belle sous mes mains le plaquant fermement au sol mais j’avais plus urgent à penser : avec le boucan qu’il avait fait, est-ce qu’il n’avait pas alerté le château tout entier, par exemple…?
Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Dim 26 Jan - 16:08, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: once upon a time in a land far away (+ junior)