Je n’ai pas la vie la plus extraordinaire du monde. Ni la plus ordinaire, après tout, je suis une sorcière. Je vais tenter de vous la compter sans épiloguer, ça nous fera tous gagner du temps.

Je suis la troisième et dernière enfant d’une famille moldue. Ni riche, ni pauvre, nous faisions parti de la classe moyenne, comme la majorité des personnes existantes en Irlande, je suppose. Rien de bien folichon, je vous assure. Nous habitions dans une petite maison, à la périphérie de Dublin. Contrairement à ce que vous pourriez penser, je n’ai jamais été la petite chouchou de la famille. Je suis arrivée sur le tard, mes parents ne voulaient que deux enfants, et j’ai un peu été l’accident, si vous voyez ce que je veux dire. Ce qui ne les a pas empêché de m’aimer.

Ça a changé plus tard, quand j’ai commencé à me montrer précoce en cours. J’ai toujours aimé l’école. Toujours. Contrairement à mes deux frères, je me montrais studieuse, à l’école. Ce qui n’a pas été pour déplaire à mes parents. Bien au contraire. Alors qu’ils faisaient football et basket, j’ai demandé à faire de la danse et de la harpe. Je sais, ce n’est pas commun. Et j’ai toujours un excellent niveau aujourd’hui.

C’est à huit ans que tout commence à se gâter pour moi. J’ai littéralement repoussé mon frère hors de ma chambre, sans le toucher, alors qu’il me tirait les cheveux. La première manifestation de mes pouvoirs. Mes parents l’ont aussi mal vécu que moi… Monstre. Engeance du diable. Créature des Enfers. Oui, mes parents étaient et sont encore sans doute très croyants. Ça s’est un peu calmé lorsque un sorcier du Ministère est venu leur expliquer ce qu’il se passait. C’est également cet homme qui m’a accompagnée pour la première fois sur le chemin de Traverse. J’étais, à ce moment là, la plus heureuse des petites filles. Autant dire que mes parents ne m’ont jamais accompagnée. Les autres années, les parents sorciers d’une amie se sont occupés de moi. La seule chose qu’ont fait mes parents, et pas des moindre, c’est de me verser de l’argent, tous les mois. Argent que je changeait tous les mois d’Août pour acheter mes fournitures.

Le Choixpeau m’a envoyée à Serdaigle, un choix qui ne m’a jamais étonnée. Pas de grande surprise me connaissant. Je suis entrée à Poudlard en Septembre 2006. L’après guerre n’avait pas épargné les professeur,et j’ai pu apprendre tout ce qui était arrivé au monde sorcier en Histoire de la Magie. Heureusement, rien de fâcheux ne vint gâcher mes études. Sauf un événement.

J’ai eu 17 ans en 2011… Je n’étais qu’en sixième année, étant née en fin d’année. La relation avec ma famille s’est dégradée au fil du temps et de la magie que je pratiquais, de mieux en mieux. C’est à peine s’ils m’acceptaient encore chez eux. Le jour de mon anniversaire, j’ai reçu un chèque avec un montant extravagant et une lettre de mes parents. Ils ne voulaient plus me revoir. Comme ils savaient que la majorité magique était à dix sept ans, j’ai dû accepter.

Dès les vacances, je me suis installée à Pré-au-lard et me ai travaillé au Trois Balais pendant les vacances scolaires. Pas le choix si je voulais subvenir à mes besoins.

Une fois mes ASPICS passés avec succès, j’ai trouvé un petit job au Ministère de la Magie, Service de la Justice Magique. J’y suis restée jusqu’en 2019, où je suis devenue Langue de Plomb au département des Mystères. Et n’espérez pas m’avoir, je ne répondrais à rien sur ce sujet. Je me suis installée à Godric’s Hollow, avec pour seul compagnon, mon chat. Je me suis lancée dans mon travail à fond, sans m’arrêter parfois pendant des jours.

Je me suis mise à chercher un autre emploi début 2025. Lassée par le Ministère et toutes les embrouilles des dernières années, je n’en pouvais plus de tous les secrets du Département des Mystères. Et lorsque j’ai appris que le poste de professeur de Sortilèges s’était libéré, début Septembre j’ai sauté sur l’occasion. Et j’ai eu le poste. Ne me reste plus qu’à contenter mes élèves et leur apprendre tout ce que je sais. J’espère que tout se passera bien… Je l’espère sincèrement.

Daniel Timothy O’Brian : Mon père, que je n’ai pas revu depuis mes dix sept ans. Il était un homme profondément pieux, et surtout très autoritaire. Mais il nous aimait sincèrement. Il travaillait dans une usine de textiles, lorsqu’il a décidé de couper les ponts avec moi, son unique fille. Je porte encore aujourd’hui la douleur de cette séparation. Il n’a jamais accepté le fait que je sois sorcière, pour lui tout ce qui est magique est lié au diable. Alors je respecte ce choix. J’espère juste pouvoir le revoir un jour, avant qu’il ne soit trop tard.

Bianca O’Brian : Maman est d’origine latine, espagnole je crois. Elle travaillait en tant qu’assistante de direction dans le prêt-à-porter. Aussi pieuse que mon père, mais plus douce. Elle a été la seule à pleurer à mon départ, je pense. Mais je n’ai pas eu de nouvelles non plus depuis près de quatorze ans. Je crois qu’elle est celle qui me manque le plus. Donc je préfère ne pas y penser. J’ai passé trop de temps dans la mélancolie, je ne tiens pas à en rajouter.

Tom O’Brian : Mon frère aîné. Une brute misogyne et raciste, dans mon souvenir. Il ne me manque pas et je n’ai pas envie de le recroiser. NEXT !

Mike O’Brian : Le cadet de la famille. Il suivait Tom comme un mouton, mais dans le fond, il était plus doux et plus gentil que lui. Il était le seul à me parler normalement encore une fois que mes dons magiques ce sont révélés. Je ne sais pas comment il a réagi à mon départ. Mais depuis qu’il est majeur civilement, tous les ans, depuis neuf ans, je reçois une carte pour mon anniversaire de sa part, m’enjoignant à lui répondre. Je ne l’ai jamais fait. Il faudrait ?

Premier cours… Premières années. Je prends une profonde inspiration. C’est la première fois que je me retrouve de l’autre côté du miroir, à la place du professeur. Je déglutis. Et si je ne m’en sors pas ? Et si je me perds dans ce que je dis… Cassy… Tu as travaillé six ans pour le département des Mystères et leurs secrets n’en sont plus pour toi. Tu as traversé plus de choses qu’ils n’en traverseront sans doute dans leur vie, bien que jusque là, leurs années à Poudlard ont bien été pourries. Enfin, là, ce sont les premières années. Sans doute seront-il calmes après tout, c’est une découverte aussi pour eux. Allez, un sourire et j’entre. Je les salue d’abord d’un signe de tête, et d’un coup de baguette, j’enchante la craie, qui note sur le tableau noir mon nom et mon prénom, d’une écriture élégante et soignée.

Bien ! Je suis le professeur Cassiopée O’Brian, et, à partir d’aujourd’hui, je suis votre nouveau professeur de Sortilèges.

La craie continue à écrire et trace au tableau les morts suivants :

Sortilèges faciles et utiles au quotidien

Je fixe de nouveau mes élèves grand sourire.

Ceci sera le thème de votre première année. Tout le long de cette année, nous nous pencherons sur ces sortilèges et vous apprendrez à les manier.

La craie vient se déposer sur son présentoir et je les fixe à nouveau, baguette à la main.

Bien ! Je suppose que certains d’entre vous, si ce n’est vous tous, avez ouvert vos livres avant de venir en classe ! Pourriez-vous, par hasard, me citer, un ou plusieurs sorts de votre niveau, utile pour vivre au quotidien ?

Me voilà à scruter les petites tête blondes (ou pas ) et guette les mains qui se lèvent. Je leur adresse à tous un sourire encourageant. Ils ne doivent pas être timides, pas avec moi. Je ne vais pas les manger, enfin !