(terminé) made of ice, made of stone

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Premier soir

Je le faisais souvent autrefois. Me pavaner dans les couloirs la nuit, alors que tout le monde dormait, ou du moins l’était supposé. Alors que j’y rôde en ce moment même, il me revient l’image péniblement heureuse de deux frères, l’un à Serpentard, l’autre à Gryffondor, frôlant les murs dans l’espoir de ne pas se faire prendre. Des sourires attachants aux lèvres, leur plus grande passion était le défi. Se mettre au défi de plaire qu’importe leur comportement, se mettre au défi de devenir toujours meilleur sorcier. Puis ses garçons se sont éparpillés, et l’un d’eux à mit au monde la raison de ma balade nocturne, qui aujourd’hui, n’est plus dans le risque de me faire prendre. L’adrénaline d’autrefois n’existe plus. Je ressens en ce moment une forte appréhension, presque une colère que je prépare déjà à maintenir. Pourtant il n’y a personne, je suis seul, et je ne vois rien. Seulement je sais précisément à quoi m’attendre.

Mes pas légers me mènent alors à la personne que je m’attendais à voir. En fait, je la cherchais. Je n’ai pas vu mon neveu depuis sa répartition et le banquet dans la grande salle, alors j’ai trouvé normal de le trouver pour lui demander son ressenti. C'est à se demander pourquoi des idées pareilles me traversent encore l'esprit. C'est à se demander aussi quelle mouche à piquer le Choixpeau pour avoir envoyer mon neveu à Poufsouffle. Il n'est pas comme eux. Il va les broyer, au mieux les dévorer tout cru. Je dois d'ailleurs avouer avoir caché mon rire au moment de l'entendre, manquant presque de m'étouffer. Qu'importe, je n’ai pas pu le voir plus tôt, mais j’ai su que je le verrais à cette heure. Je m’entête sûrement inutilement, mais j’ai espoir qu’on puisse avoir une conversation décente un jour, rien qu'une fois. Mais ce jour n'est pas encore arrivé. « T’en as pas marre de me donner raison Misha ? » Adresser d'un véritable épuisement ses quelques mots au garçon solitaire qui me fait à présent face. Abandonner la contraction de sa mâchoire pour se permettre d’esquisser un sourire en coin amusé par la simplicité de la chose et son ridicule. Oui, c’était facile. Il était exactement là où je l'attendais. Mon regard n’en demeure pas moins sérieux. Et je sais. Je sais que me comporter de cette façon avec lui ne créera jamais rien de plus qu’un lien de sang. J’étais heureux de l’accueillir, et voilà la tension qu’il a décidé d’installer. Je ne peux plus revenir en arrière. Je n’ai même jamais eu le pouvoir d’instaurer quoique ce soit d’autre. Mais je peux encore me battre pour ça. « Avant que tu ne t’excite, saches que je venais simplement voir comment s’est passée ta journée... Et te rappeler le règlement, accessoirement. » En toute honnêteté, ça me désole de m’abaisser à tant de gentillesse quand on sait que les efforts ne seront pas partagés. Mais je n’ai pas 15 ans, et je me dois d’agir en conséquence. Par gentillesse, je ne parle bien sûr pas de faiblesse. Je n'ai jamais baissé le froc devant lui. Mais je parviens au moins à faire preuve de tolérance. Droit devant lui, les mains dans les poches de ma robe, j'attends de sa part tout le mal qu'il est possible de sortir d'une si petite bouche.

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EXORDIUM.

Un regard à droite, un regard à gauche, il y a beaucoup trop de monde dans cette salle commune. Les gens rient, parlent fort, se cherchent, se trouvent, partagent des souvenirs de vacances ou des souvenirs commun dans une ambiance des plus joyeuses. Il n'y a que moi qui suis blasé de la vie. Je n'ai pas desserré les dents de toute la soirée, pourquoi faire cette effort, je leur dois quoi à ces inconnus ? Rien ! S'ils sont contents de se retrouver, grand bien leur en fasse mais moi je n'ai jamais demandé à intégrer cette école. Ca aurait été tellement plus simple s'il m'avait laissé dans mon ancien établissement. Tout ça parce que Monsieur voulait absolument que je découvre l'école dans laquelle est allé mon père. Qu'est-ce que je m'en carre sérieux ! J'aurai largement préféré rester à Durmstrang. Mieux encore, j'aurai préféré qu'il décline son droit d'être mon tuteur légal, laissant la place à un autre membre de ma famille. Et du côté de ma mère, il y en a à foison, j'aurai trouvé sans problème j'en suis sûr. Mais non, tous relou ces p*****s d'anglais. D'ailleurs en parlant de relou, en voilà un qui vient à ma rencontre, sourire aux lèvres et visiblement très curieux d'en savoir plus sur mon compte. Il se présente - je ne prends pas la peine de retenir son prénom - et me demande d'où je viens et pourquoi j'ai fait ma rentrée avec les nains, bien conscient que je suis plus âgé qu'eux. Merveilleux, j'ai un génie en face de moi ! Je roule des yeux, pas ce soir. Ce soir, j'ai décidé que je ne parlerai à personne, qu'ils aillent tous au diable. Demain est un autre jour mais ce soir, je ne cacherais pas mon caractère de merde. Quand je n'en ai pas envie, il ne faut jamais trop insister, ça finit toujours mal en général. "Va chier !" Dis-je d'un ton peu enclin à la discussion. Mon accent russe raisonne dans cette réponse et c'est loin de me déplaire. S'il y a bien une chose que je refuse, c'est bien de perdre cet accent, mes origines, ma marque de fabrique. Je suis un étranger dans ce pays et je compte bien le rester. Chez moi c'est ailleurs, ça ne sera jamais ici !

Je me lève et me dirige vers mon dortoir. Je ne cherche pas à savoir comment l'autre à pris ma réponse, son existence m'indiffère au plus haut point en cet instant. C'est peut-être quelqu'un de bien, peut-être quelqu'un avec qui je pourrais bien m'entendre, mais ce soir, je hais tout le monde et personne ne me fera changer d'avis. Je m'étale sur le lit qui m'a été attribué et je fixe le plafond, blasé. J'ignore combien de temps je reste comme ça, mais suffisamment longtemps pour finir par entendre d'autres de mes camarades finir par me rejoindre. Visiblement il est l'heure d'aller se coucher, sauf que je n'ai pas sommeil et je n'ai aucune envie de les entendre faire leur vie à côté de moi. Je décide donc de me lever, d'attraper un sweat et de sortir de mon dortoir sans un regard en arrière. Il ne reste plus grand monde dans la salle commune, je pourrais me contenter d'échouer ici pour le reste de la soirée mais j'ai envie de prendre l'air. Maintenant que je suis quasiment sûr de ne plus croiser personne dans les couloirs, autant visiter un peu ce château. J'imagine que comme n'importe où, je ne suis pas censé être ici, mais n'est-ce pas ce qui est le plus grisant ? Chaque pas m'éloigne de ma salle commune et me mène vers l'inconnu. J'essaye de faire le moins de bruit possible mais dans le silence de la nuit, il est difficile de passer totalement inaperçu. Qu'importe, cela ne m'arrête pas, au contraire, cela me pousse à avancer. J'ai toujours adoré sentir l'adrénaline s'infiltrer dans mes veines. J'imagine sans trop de mal que c'est génétique. Mais évidemment, ce qui apparaissait comme une bonne idée tombe totalement à l'eau quand j'entends la voix de mon oncle raisonner dans la nuit. "T'en as pas marre de me suivre à la trace ?" Lui répondis-je du tac au tac. Toujours là pour casser l'ambiance lui, c'est incroyable, quel rabat-joie. Parfois je me demande comment il peut être le frère de mon père, ils sont tellement différents ! ... enfin ils étaient ... "Merveilleuse, merci !" Répondis-je ironiquement avant de reprendre
"N'hésite pas à m'envoyer un mémo, j'le lirai à l'occasion ! Allez, Salut !" Répondis-je avant de tourner les talons, espérant, sans trop y croire, que j'allais m'en débarrasser aussi vite.

Zola Rylee Shaw
“Pour qu'un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s'y rejoignent dès le premier instant.” Kundera Milan ♦ by dream's

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Premier soir

Je pourrais me noyer dans le regret, me persuader de ne jamais avoir été la personne destinée à garantir ce rôle. Tout semble me prouver que l'accord de cet accueil froid dans ma vie était une mauvaise idée, Misha est le premier à me jeter gaiement les preuves au visage. Pourtant, je ne pense pas avoir mal agit. Revenons en arrière, et imaginons que je refuse de devenir son tuteur. Misha ne serait sûrement pas laissé à la famille de sa mère. Il aurait été envoyé dans une famille d’accueil, très loin de chez lui, une famille moldue qui n’aurait jamais été préparée à confronter un enfant sorcier de son envergure, et il n’aurait peut-être jamais été scolarisé comme il aurait dû l’être. Possible aussi que le ministère se serait directement chargé de son cas, et je n’ose imaginer leurs prises de décisions. Prenons ensuite l’option orphelinat, bâtisse dans laquelle les Russes auraient assez le culot de l’y interner malgré la famille qui hanterait encore ses traces. J’ai l’impression que, peu importe où le fils d’Howard aurait créché, il n’aurait fait que détruire son environnement, détruire ceux qui s’entêteraient à l’aider, tout en se déchirant lui-même. Et je ne fais pas exception à cette maudite règle. Manque de chance pour le nouveau membre des rangs de la maison Poufsouffle, je serais le plus difficile à amadouer à coups de déchéance. Trop de teneur, trop de principes. Je me suis même secrètement engagé à tenir une promesse : Mes parents ignorent que j’ai la garde de Misha, et si un jour l’information leur arrivait aux oreilles et qu’il leur sonnait l’envie de le rencontrer, jamais je ne les laisserais le voir. Ils ont déploré mon frère et son amour, refusé à jamais de voir leur petit fils dès lors qu’il n'était qu’un bambin. Je les aiderais donc dans la fidélité de leur principe et je le préserverais de ses grands-parents. Son comportement exécrable n’y changera rien, car c’est pour Howard que je le fais. Les promesses faites au mort ont leur taux de fragilité car elles défient l'absence de jugement, à la fois elles sont plus solides grâce à leur symbolique. Alors oui, je pense agir droitement et avoir le digne droit de surveiller ce gamin lorsque je le sens au bord d’une connerie, aussi dur que ce soit à comprendre pour lui. Des inconnus l'un pour l'autre. Des boulets tirés à pleine jambe. Ma conscience me dicte pourtant bien qu'il ne réussira pas à me faire confiance si je me ferme à lui et lui cache tant de choses. Comme cette photo rangée dans l’un des tiroirs de mon nouveau bureau.

Rester ferme et de marbre lorsque son sarcasme vient empoisonner le calme du couloir. Maintenir empochée des mains durcis par l'âge et les expériences. J'avais tellement prémédité sa réponse du même emploi verbale, que j'efforce mes lèvres de rester fixes. Pas un brin d'amusement non, juste une touche de satisfaction. L'ironie qui lui tient la langue le pousse à passer très vite le sujet et à me tourner le dos. En sachant que mon bureau se trouve au même étage que sa salle commune -paix à nos âmes-, allons nous devoir vivre ce genre de situation chaque nuit que la nature fait ? Rien ne sert de répondre à sa réaction enfantine. S’il ne veut pas communiquer, il ne communiquera pas. Je le connais déjà suffisament pour le savoir. Je n’exerce aucun pas supplémentaire alors que je le regarde tenter de s’éloigner. Se satisfaire d'une voix forte, et qui porte, tendre à le ralentir et à rapporter son attention qui me reviendra sûrement sans mal. « On a souvent fait les murs avec ton père, je peux pas t'en tenir rigueur. Aventure vagabonde, mystère et adrénaline, c'est prenant, surtout lorsqu'on ne ressent pas l'envie de rejoindre les autres et de fermer les yeux au milieu d'un tas de respirations nasales de la même sonorité qu'un pneu crevé. » Ferme et mélancoliquement dur, je lui partage ce que je sais, ce que j'ai vu jaillir de mes souvenirs alors que je marchais encore seul dans ce couloir il y a quelques instants. Je lui montre aussi que je comprends. Je comprends, mais je m'en cogne. Misha n'est pas comme nous l'étions à son âge. Un garçon perturbé, difficile, seul, triste et en colère, qui sait ce que ses envies lui dicteraient de faire ? Sortir ma baguette alors que je fixe le garçon s'étant de peu engouffré dans l'obscurité du couloir. Libérer un Lumos, une douce lumière blanche au bout du bois d'acacia qui tend à le mettre sur le fait accompli. « Mais retourne dans ton dortoir s’il-te-plaît. » Dis-je strictement, dans un froncement de sourcil défait de l'ombre sans aucune tolérance. C'est hypocrite de ma part, mais cette évidence va de soi. Je ne peux pas lui tolérer un tel relâchement, pas tout de suite. Il fera le mur un jour où l'autre, un soir où je ne lui tomberais pas dessus. Mais je suis désolé mon neveu, ce soir ne sera pas celui-ci.

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EXORDIUM.

La soirée avait bien débuté quand j'ai réussi à fuir ma salle commune pour profiter du calme de la nuit, mais évidemment il fallait que ce soit de courte durée. Les choses agréables ne peuvent pas perdurer dans le coin, Il s'en fait la mission. A croire qu'il a voué l'ensemble de son existence à me pourrir la mienne. Pourquoi ? Pour se venger d'avoir dû avoir ma garde ? Mais je ne lui ai rien demandé, il aurai pu refuser. Personne ne lui a mis un couteau sous la gorge en le forçant à signer les papiers. Il était libre de décliner la demande, prétextant qu'il ne pouvait pas prendre à sa charge un adolescent. Après tout, sa femme s'est barrée avec sa fille, j'aime à croire que c'était pour une bonne raison. Laquelle ? Je l'ignore et je m'en fous. Quand je pense que le mec est conseillé d'orientation, la bonne blague. Il est passé d'Auror à ça, c'est triste, non ? Quel est le rapport en plus ? Comment tu peux justifier ce genre de changement radical ? Non pas que je trouve le métier d'Auror merveilleux, bien au contraire, mais c'est quand même moins ringard que conseillé d'orientation. Cela dit ça lui va bien, il ne détonne pas dans le rôle. "J'ai dû mal à t'imaginer dans le rôle de délinquant. T'es plutôt du genre à rester bien sagement dans ta salle commune à obéir aux règles en imaginant le soir que tu faisais le mur avec ton frère." Je ne le connais pas, nous sommes deux parfaits inconnus. J'ignore tout de sa vie et je n'ai jamais cherché un instant à en savoir plus sur son compte. Je l'ai rejeté en bloc dès le début, je me suis fait une idée très précise du personnage et actuellement, je n'ai aucune envie d'y revenir dessus. Pour moi c'est un coincé du cul, chiant comme la pluie, qui pense qu'en me balançant ce genre de phrase, il va réussir à attirer mon attention et peut-être même mon respect. Sauf que ça ne fonctionne pas. Je n'y crois pas un instant et quand bien même ça serait vrai, qu'est-ce que ça change ? Merveilleux, quand il était gamin il faisait la même chose avec mon père et alors ? Qu'est-ce que ça peut me foutre ? Il croit que je vais être impressionné ? Que je vais le voir sous un autre jour ? Que je vais lui demander de me raconter plein d'histoires sur eux ? Raté ! Je m'en branle.

Je ne me suis même pas retourné pour lui dire ça, ne lui montrant que mon dédain. Je ne sais pas à quoi il s'attend avec ce genre de propos mais certainement pas à une réussite quelconque. Surtout que derrière il se contredit totalement et là je le retrouve. Le mec me raconte ses belles années où il faisait la même chose que moi, prétendant me comprendre mais juste derrière il me somme de rentrer dans mon dortoir. Où est la logique. Je lâche un rire, pauvre mec ! "Tu ne peux pas m'en tenir rigueur parce que t'as été à ma place mais tu veux quand même que je retourne dans mon dortoir ... C'est quoi comme technique au juste parce que là je ne vois pas !" Lui répondis-je en me retournant. "Tu ne peux pas balancer à quelqu'un que tu faisais exactement la même chose quand t'étais gosse et derrière lui dire de rentrer. Y'a un moment où tu perds ta crédibilité à faire ce genre de demande !" Evidemment, je ne suis pas complètement con, il est membre du personnel, il a toute la légitimité qu'il veut pour me faire ce genre de demande, mais la façon dont il s'y prend est déplorable et j'apprécie de le souligner. Je n'ose imaginer ce que ça va donner quand il va conseiller des élèves sur leur parcours d'avenir. "Pourquoi t'es revenu ici ?" Lui demandais-je sans détour. Il doit bien y avoir une autre raison que simplement avoir envie de me faire chier H24. S'il insiste tant pour que je rentre dans mon dortoir, qu'il soit aussi vigilant c'est qu'il y a une raison. Tout le monde parle de ce qu'il s'est passé les années précédentes ici et j'ai l'impression que personne ne sait vraiment qui était derrière tout ce qu'il s'est passé l'an dernier. Je veux savoir dans quoi je m'embarque. Parce que j'étais bien dans mon ancienne école, j'avais pas franchement de risque de mourir, pas autant qu'ici en tout cas.

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Premier soir

Hypocrisie à son comble au coeur d’une décence ingrate. Comme revenir dans le passé et demander à son plus jeune soi de ne pas faire une chose qu’on ne regrette pourtant nullement d’avoir fait. Mais toute situation qui se répète a son exception. Misha en est une. Misha qui, peu importe ce que je lui dirais, ne me prendrait jamais au sérieux. Dire alors honnêtement que je ne peux lui en tenir rigueur, conter le passé de deux frères qui se ressemblaient énormément à une époque. A quoi bon le lui dire, en sachant que ça pourrait un peu plus le pousser vers l’obscurité du couloir ? Le simple fait de lui parler gaspille de la salive, alors autant en profiter pour se plier à un peu de nostalgie réconfortante. Une nouvelle vague d’égoïsme, une nouvelle preuve de mon incapacité à gérer ce môme plus fermé qu’une huitre. Je ne sais pas m’y prendre avec lui, et il me le fait savoir sans mal. J’expire une rire nasale mesquin à l’entendre me comparer à l’élève modèle et sans dérive, ceux que je m’amusais autrefois à embêter lorsque l’ennuie était trop fort. J’ai ignoré son rire insolent car je viens de répondre du même, un peu plus discret. Echapper à la chamaillerie infantile serait bienvenu, et c’est ce que je me tue à faire depuis des semaines. Car le con de service est toujours là quelque part, au fond de moi. « Imagine bien ce que tu veux. » Qu’il continue à vivre dans son petit monde s’il ne veut pas entendre d’histoire ou en apprendre plus sur son père. Il continue sa route dans le couloir, ne me donnant pas l’honneur d’un peu d’attention. La manière dont je l’ai cherché ne s’explique toujours pas. Je pensais avoir été suffisamment ferme pour marquer la nuance entre les deux paradoxes dont j’ai fais preuve, mais apparemment ce n’était pas le cas. Quelle logique y’a-t’-il dans tout ça ? C’est la question qu’il se pose, et je dois admettre qu’il n’y en a aucune. Parce que je suis dépassé par les évènements, coupé de court par une tête brûlée qui aurait pu rendre les choses plus simples. Rester ferme, le regard fixé à son ombre, alors que le gamin étale sans gêne mon manque de crédibilité. C’est donc le résultat de mon manque de contrôle ? Je ne contrôle rien chez ce garçon, et ça me porte défaut. Je pourrais le tenir bien plus fort que ça, mais je suis bien trop souvent handicapé par la pensé qu’il est le fils de mon défunt frère. Pour autant, l’habitude assurance désinvolte marque un retour triomphant. « C’est pourtant exactement ce que j’ai dis. Si tu es trop borné pour percuter que j’aspire à te comprendre, je vais te l’expliquer avec des mots simples et radicaux : Tu n’es pas moi, tu es mineur, et je suis ton tuteur. Alors si je te demande de retourner dans le dortoir c’est pour une bonne raison. » J’aurais pu lui dire que je voulais lui exprimer à quel point je le comprend. J’aurais pu calmement lui dire que je veux voir les choses s’améliorer. Oui, j’aurais pu. Mais à quoi bon ? Perdre force et crédibilité ne fait pas vraiment partie de moi, au contraire. J’ai toujours tout fait et tout donné pour le rester. J'y suis peut-être allé un peu fort. Je ne suis pas son père, et je ne cherche pas à l'être. Je sais analyser les autres et agir en conséquence, mais je n'ai jamais su m'y prendre avec mes propres enfants. C'est un fait irréfutable.

Pourquoi suis-je revenu ? Pourquoi quitter un métier aussi passionnant pour vagabonder dans les couloirs d’une école dans laquelle les années furent autrefois longues bien que palpitantes ? La réponse est autant dans l’apparition de mon neveu que dans la disparition de mon frère. Les raisons sont simples, à la fois si peu évidentes. Se vouer à la carrière et aux problèmes des jeunes, retrouver à la fois une école qui brûle de violence. Se rapprocher du danger, instinct de protection inné à jamais. Retrouver de vieilles connaissances avec certitude, pendant que je prendrais du temps pour moi. « Si nous excluons ce soir prévisible, je ne suis pas revenu simplement pour surveiller tes moindres faits et gestes, si c’est là ta question. » Il n'a pas besoin de savoir pourquoi je suis revenu. Tout ce qu'il veut savoir au fond de lui, c'est qu'il n'est pas la seule raison de ma venue. Maintenant qu'il le sait, le reste ne lui importe sûrement pas. Les pourquoi, les comment.. J'aurais dû avoir cette discussion avec lui. J'ai tout décidé pour lui sans même lui demander son avale. J'ai moi-même allumé le feu, et il n'a plus qu'à le nourrir de haine et de reproches. Toujours entreprenant, toujours centré sur mes idées, toujours incapable de gérer la discussion au coeur d'une famille. Famille est un bien grand mot aujourd'hui, mais le sang l'impose.

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EXORDIUM.

Mais c'est ce que je fais, j'imagine ce que je veux. Ce n'est pas comme si j'étais prêt à avoir envie de rendre les armes. Je ne le connais pas et actuellement, je n'ai pas envie d'apprendre à le connaître. Je ne veux lui laisser aucune chance de pouvoir m'atteindre, aucune chance de pouvoir me connaître. Je le déteste, de tout mon coeur, non pas d'être lui, mais d'être rentré dans ma vie comme un ouragan, sans chercher à savoir si j'en avais envie. Au fond, ce n'est pas réellement lui que je déteste, c'est la raison pour laquelle on se retrouve dans cette situation. Je déteste la vie de m'avoir privé de mes parents aussi soudainement et violemment. Je déteste les autorités de ne pas avoir cherché à savoir ce que je voulais, me privant de la famille que je connais pour me mettre dans les pattes de celle dont j'ignore tout. Je déteste ma famille de les avoir laissé faire. Et plus encore, je déteste mes parents pour m'avoir abandonné. Mais je ne suis pas encore prêt à ouvrir les yeux pour me rendre compte de tout ça. J'ai trop de colère en moi et un besoin de l'exprimer à ma façon. Et quoi de mieux qu'un oncle sorti de nulle part pour me servir de bouc-émissaire. De toute façon ce n'est pas comme si j'avais quelqu'un d'autre sous la main. Ma famille est à des milliers de kilomètres de moi et pour le moment je n'ai eu aucune nouvelle d'elle. A croire que parce que mes parents sont morts et que j'ai quitté le pays, je n'existe plus pour eux. Evidemment, j'imagine que c'est bien plus compliqué que ça mais pour le moment je ne peux pas voir plus loin que le bout de mon nez. Une fois que j'aurai pris mes marques dans cette école, j'imagine que je trouverai d'autres personnes à victimiser, histoire de pimenter un peu ma vie ici et la rendre plus attrayante. En attendant, ma victime number one est en face de moi et elle va continuer à prendre cher. En même temps, ce mec le cherche bien, il pourrait juste me foutre un peu la paix et je suis sûr que ça irait mieux entre nous... Enfin, peut-être...

"Laquelle ?" Lui demandais-je sans détour en me retournant bras croisés. Quelle est cette fameuse "bonne raison" qu'il vient de m'annoncer ? J'imagine qu'il va me balancer le couplet évident du "c'est interdit d'être en dehors de sa salle commune après le couvre-feu" blablabla, je le vois gros comme une maison. Mais est-ce qu'il n'y a pas une autre raison derrière celle-ci ? Genre, un danger potentiel qui pourrait rôder dans les couloirs de cette école ? Au vu de tout ce que j'ai pu entendre sur ce qui s'est passé ici ces dernières années, ça ne m'étonnerait pas. Est-ce que ça m'effraye ? Pas réellement. Je ne prétends pas que je n'éprouve aucune crainte face à cette éventualité. Je suis aventurier mais pas particulièrement suicidaire non plus. Mais cette crainte ne m'arrête pas pour autant, disons qu'elle m'intrigue et que c'est sur mes gardes que j'avance dans l'obscurité des couloirs, en quête d'un peu d'adrénaline. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que mon cher oncle est vraiment nul pour se faire respecter et pour essayer de convaincre un adolescent de ne pas faire de connerie. Je ne dis pas que je serai meilleur que lui à ce jeu là, mais clairement, je pense que je m'en sortirai certainement mieux que lui en tout cas, ceci dit ce n'est pas trop compliqué. Faire pire serait vraiment de l'ordre de l'abus.

"Tu as vraiment l'art de ne pas savoir répondre à une question !" Répliquais-je immédiatement. Parce que concrètement c'est totalement ça. Je sais maintenant que ce n'est pas uniquement pour moi. Enfin en tout cas c'est ce qu'il prétend. Est-ce que c'est vrai ? Je l'ignore. On dira qu'on va le croire qu'à moitié. Mais j'aime à penser que son obsession pour moi n'est pas la seule raison de sa venue ici. Mais dans ce cas là, pourquoi ? Pourquoi ici et pas ailleurs ? Des écoles qui ont besoin d'un conseiller d'orientation, j'imagine qu'il y en a plein. Alors pourquoi ici ? Est-ce que c'est par rapport à tout ce qui s'est passé dans cette école ces dernières années ? J'imagine que oui, mais qu'est-ce qu'il espère au juste ? Trouver le fin mot de l'histoire ? Si des aurors se sont cassés le nez sur la question, comment peut-il espérer faire mieux ? Le mec n'est plus auror et se retrouve rétrogradé au poste de conseiller d'orientation, je ne vois pas comment il peut arriver à trouver quoi que ce soit. Enfin bon, j'imagine que l'espoir fait vivre, quelque chose dans ce genre là. "En dehors de ta nouvelle obsession pour moi, t'es venu pour quoi ? Pour avoir de nouveau des sensations fortes ?" Je n'y vais pas par 4 chemins. Il y a un moment où j'ai pas forcément envie de passer la nuit à lui sortir les vers du nez. J'ai un peu prévu de continuer mon escapade pour être franc, voir un peu à quoi ressemble cette école et s'il y a des coins sympa. Je pourrais toujours prétendre qu'étant nouveau, j'ai voulu explorer les lieux pour ne pas me perdre demain et ne pas passer 15 ans à chercher mon chemin et arriver potentiellement en retard à mon premier cours de la journée. Qu'on se le dise, ça sera quand même le cas, que je sache où se trouve ma salle ou non ne changera pas que je vais profiter de mon statut de nouveau pour prendre mon temps, histoire d'en profiter un peu. Dans quelques jours, mon excuse ne fonctionnera plus, alors autant en profiter à fond avant.

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Premier soir

Nous sommes tous les deux pathétiques. J’ignore qui est le pire entre celui qui s’entête à devenir un tuteur autoritaire et responsable, et le gamin qui veut mener sa rebellion seul avec ses troubles. Auror fragilisé, plus efficace face à un dangereux mage noir que face à un enfant. Père effacé, perdu devant les méandres d’un adolescent. Rester ferme devant ce genre de personnalité ne peut que la défier. Décerner autant d’impulsivité ne peut que pousser un rebelle à se rebeller toujours plus. Mais comment se montrer tolérant lorsqu’on ne tolère pas une seule parcelle de ce qui demande le sacrifice ? Flancher devant lui serait faire preuve de faiblesse, et pourtant, ça aiderait les choses. Où est la solution ? Faut-il se faire violence et se sacrifier pour donner ce qu’il y a de mieux ? Faut-il alors arrêter de défier les joueurs pour être sûr de gagner ? J’ai le sentiment d’en faire déjà beaucoup. J’arpente les couloirs, le coeur en deuil, ne laissant rien percevoir de ma souffrance. Je coupe les ponts avec mes propres parents pour qu’ils n’aient jamais à apprendre la place de Misha Bradford dans ma vie. Je sacrifie ma patience pour un gosse étriqué qui ne cesse de poser des questions débiles pour me faire sortir de mes gonds. Dois-je en prime baisser les armes et le laisser gagner pour que les choses puissent s'améliorer ? Je ne reste pas convaincu que ce soit la solution. Alors, mâchoire toujours aussi ferme, je me rapproche du Poufsouffle revenu vers moi et aux bras croisés avec défiance.

Pour quelle raison doit-il y retourner ? J'expire fort, à en faire frémir les poils de ma moustache. Plus con comme question, on ne fait pas. Il est évident que c’est pour éviter les ennuis. J’aimerais le rembarrer, mais mis à part sa défiance maladive, Misha ne s’en prend pas directement à moi. Continuer à faire preuve de patience, serrer le poing dans ma poche, contenir toute ma frustration dans ce petit point de pression qui me chauffe les nerfs du poignet. Pression lâchée, ardeurs calmées, mots enclenchés. « La sécurité a été renforcée cette année. Tu peux continuer dans le couloir, mais à peine auras-tu passer un tournant qu’un autre que moi te tombera dessus. Un prof ou une créature affamée, va savoir. En tout cas c’est quelqu’un qui n’aura pas ma patience. » Faire preuve d’un peu plus de légèreté, se permettre même un faible sourire, pas moins sérieux pour autant. Il voulait une réponse, il en a une. J’ai malgré tout le droit au reproche d’avoir l’art de ne pas savoir répondre aux questions. J’ai l’art de les éviter, là est la différence. Voilà enfin une chose pour laquelle je peux lui donner raison. C’est comme ça que je me sortais de mes galères lorsque j’étais môme. C’est comme ça que j’oeuvre encore aujourd’hui, sans oublier la forme de politesse qui attise la sympathie. Mais rien de ce que pourrais bien faire ne saura venir à bout de mon neveu téméraire. Il se méfie de moi comme de la peste, et moi, je ne me méfie pas suffisamment de lui. Je n'ai pas à le faire. Il me dévoile déjà tout. Après deux mois, je n’ai déjà plus de surprise.

Je me rapproche un peu plus du fils de mon frère et m’éloigne de la porte de la salle commune dans laquelle il devrait être entrain de crécher en ce moment. Sortir les mains de mes poches, passer une paume dans mes cheveux alors que je jette une nouvelle expiration de désolation. Je ne suis clairement pas obsédé par ce gnome, et je vais prendre ça comme une forme d’ironie pourrie. Mais pour le reste, à quoi bon nier ? « Y’a un peu de ça. Tu sais ce que c’est les sensations fortes, on n'peut pas y résister, pas vrai ? » Dis-je presque joueur, sans même en avoir l'air. Une partie de réponse qui esquive à nouveau la question, et ce pour une bonne raison à nouveau. « Mais ne fais pas semblant d’en avoir quelque chose à faire. Si je ne réponds pas à tes questions, c’est parce que j’aimerais pouvoir le faire en te parlant sérieusement, dans l'intérêt et le respect, d'oncle à neveu, et pas parce que tu as le malin plaisir de me défier. » Perdre de sa dureté, faire preuve d’une nouvelle vague de légèreté alors que je peux voir son visage de plus près. Rester solide malgré tout, alors qu'on ne peut être plus sincère que ça. Il y'a tellement de choses que j'aimerais lui dire. Il doit avoir tellement de questions auxquels j'ai des réponses. Mais on ne peut pas discuter dans ses conditions. Pas s'il cache sa curiosité derrière une haine qui justifie tout. Il est le fils de mon frère, sa vie m'importe. Et tant pis s'il n'est pas en mesure de le comprendre. C'est moi l'adulte, c'est à moi de faire preuve de flexibilité.

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EXORDIUM.

Une créature affamée ? Il est sérieux lui ? Soit il m'a pris pour un enfant de 5 ans et clairement on va avoir un problème s'il continue à m'infantiliser comme ça, soit alors il le pense vraiment et on va avoir aussi un problème. Le mec sait que cette école craint au plus haut point et qu'on peut crever à tout moment mais il choisit quand même de m'y inscrire. Clairement, on peut se dire qu'il veut se débarrasser de moi et quoi de mieux que de me laisser me faire bouffer par un truc qui rôde dans cette école pourrie. Mais comment il justifiera ma mort derrière ? Parce que clairement, si tout le monde sait qu'il y a des trucs chelous ici, on peut facilement les condamner pour meurtre. Je ne vois pas comment on peut s'en sortir, il y a clairement une préméditation. Je le fixe sans ciller, s'il veut me faire peur, c'est raté. "Une créature affamée ? Rien que ça ?" Répliquais-je, plus sceptique qu'autre chose. Je détourne le regard, blasé et je soupire d'exaspération. Franchement, cette discussion commence à me gonfler. Si le mec ne peut pas comprendre tout seul que clairement, me faire choper par un adulte qui pourrait me punir, je m'en tape royal, je ne peux plus rien faire pour lui. Quelles pourraient être les conséquences pour moi au final ? Me faire punir ? Mon dieu, j'ai peur. Perdre des points ? Et alors, c'est pas comme si ça comptait pour moi. Me faire virer ? Ca serait bien la meilleure chose qui pourrait m'arriver. Alors sont petit laïus là, il peut se le coller là où je pense. "J'vais prendre le risque de tomber sur quelqu'un d'autre que toi. J'pense que je m'en remettrais si je me fais choper. Et j'pense qu'il va falloir te faire à l'idée qu'on va souvent venir te voir pour te dire que j'emmerde mon monde. Prépare toi bien !" Au moins je suis honnête, pas de surprise comme ça, même si entre nous, ça paraître être de l'ordre de l'évidence quand on me connaît un minimum. Mes parents étaient habitués à recevoir des lettres de mon anciennes écoles et ils s'en tapaient bien souvent. Le seul truc qu'ils pouvaient me reprocher, c'est de ne pas toujours être très discret. C'est certainement bien la seule chose qui les dérangeaient. Mais au moins j'avais un challenge à relever, ne pas me faire choper pour les rendre fière. Là, j'ai plutôt envie de me faire choper à chaque fois, rien que pour l'emmerder.

C'est un peu de ça ? les sensations fortes, on ne peut pas y résister ? Répondre sans répondre à une question, c'est vraiment devenu un art chez lui. Enfin un art, disons que si tu t'en fous de la réponse, j'imagine que tu ne prêtes pas attention à tout ça, mais là, j'avoue que j'ai l'impression d'entendre un disque rayé. Faire un pas en avant pour trois pas en arrière, c'est bien, voilà une discussion fort intéressante. "Te cherche pas d'excuse. T'as juste pas envie de répondre à cette question, c'est tout. Parce que là le coup de "les sensations fortes, on ne peut pas y résister, pas vrai ?" c'est juste un peu ridicule en fait. Pourquoi t'es ici ? La question est simple, elle devrait recevoir une réponse simple !" Est-ce que ça me gonfle ? Oui, très clairement et je ne le cache pas. Il y a un moment où faut dire les choses franco ou faut fermer sa gueule. Mais tu fais pas genre de reporter la faute sur l'autre parce que ça t'emmerde de répondre à une question. Surtout que je ne comprends pas trop pourquoi il ne veut pas répondre. Qu'est-ce qu'il cache ? Il cherche quelqu'un ? C'est quoi le délire ? "Tu parles de respect mais comment tu veux que je te respecte quand t'es même pas foutu d'être honnête avec moi." Je ne mâche pas mes mots, mais c'est parce qu'il me gonfle. Je ne suis pas un gamin facile et j'ai beaucoup de défauts mais il y a un moment où tu peux t'en prendre qu'à toi même quand j'agis comme un con. Le mec je ne le connais pas, il m'apparait comme ultra suspect et après il se vexe que je ne le respecte pas.

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“Pour qu'un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s'y rejoignent dès le premier instant.” Kundera Milan ♦ by dream's

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Premier soir - 22h30

On pourrait le prendre pour un fou. Ramener un pauvre gamin comme son neveu dans une école dernièrement réputée dangereuse, ce n’est rien de bien normal. C’est pourtant ce qu’il a fait. Comme on emmènerait un grand malade inconscient dans un asile qui marquera la fin de sa vie. L’égoïsme de Wayde avait encore frappé, c’est un fait. Trop de choses qui nourrissent l’égo de Wayde ont menés l’avenir des deux Bradord en ses lieux. Pour autant, il y trouve de nombreux avantage pour son neveu, comme celui de se reconstruire dans un environnement prometteur et une école de renom. Le paradoxe est ambitieux, mais c’est bien ce que sont les Bradford ; des hommes ambitieux. Wayde s’était alors depuis longtemps préparé à se voir rapporter les réprimandes du fils de son frère. Il se doutait d’ailleurs que le premier soir y serait tout à fait propice, et c’est bien pour cette raison qu’il est lui-même parti à sa rencontre. Qu’il prenne cependant le risque de tomber sur quelqu’un d’autre que son oncle ne l’étonne pas le moins du monde. « J’y suis tout préparé. » Elever les mains qui sont dans ses poches, mouvement qui ouvre le bas de sa veste longue. Se permettre enfin un sourire amusé par son propre manque soudain de fermeté, à la fois amusé par l’excentricité de son neveu.

Mais ce sourire se perd bien vite, tout comme la patience de Misha. Esquiver une question par une autre, c’est un art qui se maitrise, certes. Mais c’est surtout un art qui agace. Wayde se rend bien compte qu’il agace son neveu. C’est justifié. Ils ne se connaissent pas, ils ne se font pas confiance, alors ils ne se respectent pas. C’est pourtant une discussion sérieuse, d’homme à homme et dans le respect, que Wayde semble demander dans ses dernières paroles. Le besoin que Misha a de défier son oncle empêcher ce dernier de s’ouvrir à lui. D’un point de vu extérieur, cette conversation n’est rien d’autre qu’une dispute entre gamins. Malgré tout le contrôle dont il fait preuve, l’oncle sait que Misha s’opposera à la moindre de ses paroles s’il ne se couche pas carrément. Misha ne sera satisfait que lorsque Wayde aura fermé sa bouche. Mais les dernières paroles de Misha énervent Wayde et son sang ne fait qu’un tour. Il sait qu’il a raison, qu’il a bien des choses à expliquer à son neveu, mais il vient de lui dire qu’il voudrait le faire dans une circonstance différente à celle-ci. Seulement une fois de plus, ça passe par une oreille, et ça ressort... Non, ça le rend carrément con. Au diable les conversations sincères autour d’une table. Misha broie de toute façon toutes les règles, pourquoi les règles civiques feraient exception ? « D'accord, très bien ! Tu veux que je sois honnête avec toi ? Je crois pas qu’on se retienne beaucoup de se dire les choses depuis le début, alors autant continuer comme ça. » Les nerfs sont à vif, c’est bien visible. Wayde accepte enfin la recommandation de son neveu. Il ne veut plus jouer. « Je crois que tu n'es pas sans le savoir, lorsque ma femme et ma fille sont parties, j'ai suivi des formations, j'ai totalement changé ma carrière. Je suis revenu à Poudlard parce que c'était l'idéal, l’école dans laquelle j’ai appris tout ce que je sais, l'école dans laquelle je pouvais être le plus utile. J’ai été égoïstement attiré par les drames, je ne vais pas te le cacher. Mais j’ai surtout passé les meilleures années de ma vie ici, et pas avec n’importe qui : Ton père. Alors j'ai eu bon espoir que tu apprécie de suivre de ses traces et que tu devienne aussi doué qu'il l'était. Maintenant je suis désolé si j'ai fais des choix qui te contrarient, mais je ne les ai pas fais pour t'emmerder. » Désolé, pas désolé. Pour la première fois, Wayde laisse une petite part d'émotion s'exprimer. Une pincée de tristesse mêlée à une petite colère. Parce que ce père dont il parle, Wayde l'a aussi perdu. Il a perdu un frère. Alors au moment de citer Howard, Wayde a un pincement au cœur. Il aurait aimé ajouté qu'il l'avait perdu lui aussi, mais il en a été incapable. Il espérait que Misha le comprenne, rien qu'un peu. Quoiqu'il en soit de son côté, l'oncle est tout préparé à rebondir dans le cas où son neveu se rie ingratement de lui. Il a été honnête et il le sera encore s'il le faut. Wayde ne ment pas. Il ne sait qu'omettre des détails, comme celui de la photo qui marque la venue de Wayde en Russie le jour de la naissance de Misha. Plus gros qu'un détail, cette vérité est totalement privée. Pourquoi ? A quoi bon ? Peut-être Wayde consacre de trop chaque chose à son temps.

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EXORDIUM.

Tant mieux, comme ça il ne viendra pas geindre parce qu'il ne s'attendait pas à avoir autant d'ennuis avec moi. Pourtant c'est clairement marqué sur mon front que je ne suis qu'une source d'ennui mais si certains aiment se voiler la face, grand bien leur face. Au moins là c'est clair, il sait à quoi s'attendre et j'imagine qu'il est aussi là pour voir si je vais être à la hauteur de ses attentes. Qu'il n'est crainte, même si j'avoue naviguer dans le noir pour le moment, je n'ai pas changé et je compte bien faire parler de moi. Je n'aspire pas à rester longtemps ici, qu'on se le dise mais le temps qu'il me sera imparti dans cette école me servira à assoir ma réputation. J'ai l'art de laisser un souvenir immuable dans la tête des gens que je croise et je ne doute pas un instant que mes camarades de Durmstrang aient remarqué mon absence de leurs rangs. Après, je ne suis pas en train de dire qu'ils sont tristes de mon départ ou inquiets, à mon avis ils doivent plutôt être content de me savoir loin d'eux pour la plupart et peut-être même soulagés pour certains. Je ne dis pas, il doit bien y avoir quelques uns d'un peu dégoûtés, après tout j'avais quand même des amis là bas, mais ils ne sont pas légion. "Parfait alors, je vais tâcher de ne pas te décevoir !" Dis-je en le narguant à moitié. C'est que j'ai à coeur de faire plaisir à mon cher oncle et de préserver ma belle réputation. Il ne faudrait pas qu'on pense que la mort de mes parents m'a changé, ramolli même. La honte !

Le sujet dévie un peu et je ne suis plus le centre de la conversation mais c'est mon oncle qui le devient. Pourquoi est-il ici ? Voilà une grande question à laquelle je n'ai pas encore obtenu de réponses. Et visiblement Monsieur ne compte pas me faire plaisir puisqu'il tente d'esquiver la réponse. Sauf qu'il est très mal tombé, je ne suis pas le genre de personne à lâcher facilement prise et quand j'ai une idée en tête, il est bien difficile de me faire changer d'avis. Et ce soir, j'ai décidé que je voulais savoir. C'est de sa faute, il serait sagement resté dans son bureau au lieu de venir me faire chier, on n'en serait pas là. Mais il a voulu jouer les petits malins, il va devoir en assumer les conséquences. Je m'acharne donc, m'énervant un peu. Il me saoule de me prendre pour un imbécile, ça ne va pas pouvoir continuer longtemps. Je le force donc à me parler et visiblement je vais obtenir gain de cause. C'est bien Wayde, prends l'habitude de me céder, ça sera plus simple pour tout le monde et on perdra moins de temps. Croisant les bras, je le regarde sans rien dire, attendant de connaître le fin mot de cette histoire. Je n'esquisse aucun mouvement, ni ne prononce aucune parole quand il me balance que de toute façon on ne se retient pas de nous dire les choses depuis le début. Personnellement, je ne me retiens pas, c'est une évidence. Je le déteste et je le lui fais bien comprendre, il peut toujours compter sur moi pour ça. Mais cela ne répond pas à ma question, alors j'attends. Il finit par se lancer, enfin et je l'écoute en silence. Mon dieu, où ai-je mis mon violon ? Monsieur va presque me faire pleurer avec son histoire ridicule. Il me parle encore de mon père, comme s'il pensait avoir trouver un levier qui fonctionnerait avec moi. Il ne sait pas combien il a tort. Il a parlé de drames et je veux en savoir plus sur eux. Tout le reste n'est que fioriture dans son discours pour essayer de m'atteindre, je ne suis pas dupe. "Est-ce que le danger est réel dans cette école ?" C'est bien tout ce que je veux savoir. Je me montre froid et distant. Je n'apprécie que moyennement qu'on essaye d'utiliser mon père contre moi. Je n'ai pas besoin de lui pour devenir "aussi doué" que mon père, je m'en sortais très bien à Durmstrang. "Et sache, pour ta gouverne, que je n'ai pas besoin de "suivre ses traces" pour devenir aussi doué qu'il l'était. J'ai ça dans le sang !" Qu'il ne commence pas à avoir la grosse tête si jamais je réalise son si précieux rêve, ça serait le comble.

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Premier soir - 22h30

Misha ne le décevra pas, Wayde en a bien conscience. Pour qu’on puisse décevoir quelqu’un, il faut d’ailleurs déjà que ce quelqu'un vous face confiance. Un minimum requis qui ne demeure pas entre les deux Bradford. Misha ne pourrait que l’agacer, l’énerver, le surmener jusqu’à lui faire regretter sa décision. Mais pour qu’il y parvienne, il lui faudra atteindre un niveau que Misha n’est pas prêt d’atteindre. Ce soir, il cède au caprice du jeune Poufsouffle. Ce soir, il veut finalement bien s’ouvrir un peu. Les enfants ont toujours de multiples questions, et la plupart du temps, on ne leur répond que lorsqu’ils sont en âge de les comprendre. Misha est en âge de tout, c’est bien là le problème. Alors Wayde l’attend au tournant de chaque rue, mais surtout, il n’attend pas d’être déçu.

Misha, lui, attendait une réponse. Wayde lui explique finalement tout ce qu’il voulait savoir. Il évoque sa femme, sa fille, la raison de ses choix, son défunt frère -respectable malgré son parcours-. Tout y est, tout est dit. Mais son neveu reste de marbre. Il n’espérait pas l'attendrir avec son histoire, mais il pensait au moins lire une réaction...humaine. Que ça l’intéresse ou non n’empêche pas Wayde de terminer. Il voulait savoir, Wayde lui dit, et en prime il prend son temps, exprès. La partie qui semble le plus intriguer le garçon est celle qui le concerne à nouveau : l’école. Parce qu’il y est peut-être en danger, l’égo Bradford version mini se concentre sur sa sécurité au sein de l’école. Wayde joint alors ses mains et regarde autour de lui. Il ne voit que l’obscurité du couloir, se doutant bien que c'est tout ce qu'il y aurait à voir. Une obscurité aussi sombre que l'avenir de cette école. Imager ses dires, imager sa réflexion. « Je crois.. que oui. » La conclusion est simple, mais surtout elle est honnête. Wayde vient seulement d’arriver et pourtant, il ne préssent rien de bon. Une réponse que Misha détestera sûrement, mais n’est-ce pas ce qu’il voulait, qu’ils en viennent directement au fait ? Ça ne devrait donc pas lui déplaire. L’enchaînement du garçon au sujet du talent familial flatterait presque l’ex Auror. Misha à ça dans le sang, c’est certain, un sang qu’il partage avec Wayde. « C'est ce que nous verrons, pour l'instant ce ne sont que des paroles, j'attendrais d'en voir plus. Mais jusque là gamin, le sang trop ambitieux des Bradford coule dans tes veines, je te le confirme. » C'est qu'il se mettrait presque à sourire le vieux Tonton, fier d'avoir traité son neveu de gamin ambitieux, comme il le fut avant lui. Et sont lit, il le retrouve quand Misha ? Wayde ne déplore guère de passer un peu de temps piquant avec son neveu, mais il aimerait beaucoup retrouver le sien, de lit. Mais il n'a pas l'intention de se battre pour si peu. La seule chose qui le pousse vraiment à convaincre son neveu de retourner dans le dortoir, c'est sa responsabilité professionnelle. Mais il sait qu'il est le moins bien placé pour être entendu. Cette tête de mule se renforce face à son oncle, c'est une évidence, un oncle qui se renforce également face à son neveu. « Bon, tu vas rester planter là toute la nuit ? Je suis sérieux, vas te coucher, t'as toute l'année pour faire le malin. » Encore une bonne vieille phrase de tonton ça...

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Je parais bien insensible face à ses révélations. Mais que voulez-vous, quand on érige une muraille autour de soi pour que personne ne nous atteigne, il faut se donner du mal pour la franchir et il est loin du compte. Et puis je savais déjà pour sa femme et sa fille, ce n'est pas une grande révélation. Je sais qu'elles se sont barrées, sans vraiment savoir pourquoi. J'ai cru vaguement comprendre que c'était parce qu'il travaillait trop, qu'il n'était jamais là ou un truc du genre. Moi je pense que c'était surtout un mari naze et un père désespérant et elles ont pris la bonne décision en se tirant de là. Au moins, l'avantage de leur absence c'est que je n'ai qu'à supporter sa présence à lui et pas à elles aussi. Vous imaginez, une gonzesse qui se la joue maman avec moi pour palier à la mort de mes parents et une gamine qui pense que parce qu'on est cousins, on va devenir proche ... l'enfer sur terre. Je préfère me contenter d'un oncle bancal, qui sert à rien et qui va prendre cher parce que je l'ai décidé. En fait, le vrai gros faux pas qu'il a fait c'est de parler encore de mon père. C'est encore un truc de psy que de tenter de trouver des liens ou des leviers sentimentaux, enfin un truc du genre, vous voyez ce que je veux dire. On appuie là où ça fait mal et on espère qu'en parlant d'un passé révolu - et pas sûr d'être vraiment réel - on arrive à atteindre l'autre. Sauf que ça ne marche pas avec moi. J'ai pas envie qu'on me parle de mon père. J'ai pas envie qu'on me raconte les exploits qu'il a fait quand il avait mon âge, du gamin qu'il était et de l'homme qu'il est devenu. Je ne suis pas prêt à tout ça. Je veux juste oublier qu'il a existé, parce qu'à l'heure actuelle je suis en colère contre lui et tout ce que je veux, c'est oublier que je suis son fils. Ca passera, c'est évident, mais pour le moment mon deuil suit son cours.

Tout ce que je retiens de tout ça, c'est de savoir si le danger dans cette école est réel ou non. Et visiblement, selon lui, il l'est. "Formidable ! On va te décerner la médaille de l'oncle de l'année gars ! Donc si je comprends bien, pour oublier que ta vie est un échec monstre et retrouver la vie grisante d'un passé révolu, je me retrouve dans une école qui veut potentiellement ma mort ! GE-NIAL !" Je n'y vais pas de main morte avec lui mais il le cherche aussi. Tu m'étonnes qu'elles se soient barrées, sa femme et sa fille, s'il les mettait aussi en danger. Il y a un moment où t'en as ras le cul de devoir essuyer les idées de merde de ton mari. J'ai pas tout compris sur son petit speech sur le sang et pour être honnête, je m'en cogne. Je suis ce que je veux être, qu'il en soit content ou non. Et je ne compte pas faire quoi que ce soit pour satisfaire ses attentes. Tout ce qui importe actuellement, c'est de savoir ce que je compte faire. Ca serait quelqu'un d'autre que lui, j'aurai pu céder et rentrer tranquillement dans mon dortoir ou au moins faire semblant et me barrer quelques minutes après, comme si de rien était. Mais là ça signifierait lui concéder la victoire et ça, c'est hors de question. Je sais que gagner une bataille ne signifie pas gagner la guerre et qu'il faut parfois céder des batailles pour remporter la victoire. Mais là ça me coûte trop. Je ne veux rien céder du tout, de peur qu'il en prenne l'habitude et qu'il pense qu'il peut obtenir ce qu'il veut avoir moi, en insistant. Car même si je gagne la guerre, il serait encore capable de me rappeler les victoires qu'il a remporté ou plutôt que j'aurai concédé à lui céder. Je hausse les épaules en soupirant. "Tu vois, je pourrais rentrer sans demander mon reste ou alors faire semblant pour te faire plaisir et ressortir juste après. Mais on sait tous les deux que j'peux pas faire ça, ça te ferait trop plaisir et ça te donnerait la confiance. Et puis ça me coûterais bien trop. J'crois qu'on est dans une impasse. A moins que tu me lâches et que tu cèdes les armes. Rentre dormir et m'emmerde pas !" Je rêve éveillé, j'en suis bien conscient, mais que voulez-vous, moi je ne céderai pas, donc s'il veut rentrer, qu'il ne se gêne pas surtout !

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Premier soir - 22h30

Pur adolescent martyrisé qui pense que le monde tourne autour de lui. Wayde a connu des échecs dans sa vie, comme tout le monde, ça ne veut pas dire que le reste de sa vie s’y apparente. Au contraire, l’ex Auror n’a jamais baissé les bras. Il s’est donné à une toute nouvelle carrière car il avait préféré se tourner vers l’utile avant de chuter brutalement. Il s’est rattrapé à ce qui était à sa disposition, au lieu de se laisser écraser au sol. Mais Misha préfère comprendre ce qu’il veut, garder son esprit fermé sur le seul rôle qu’il joue dans cette histoire. Il est le malheureux, le soumis, le pauvre, le laissé pour compte. Wayde s’est peut-être trompé en prenant Misha avec lui, mais il est au moins certain d’une chose ; il ne s’est pas trompé quant à sa venue ici. L’école est dangereuse. Quel adulte un minimum prévoyant et raisonnable amènerait son gosse avec lui ? Il faut croire que l’instinct de Wayde se ficha totalement de ce détail. Sa décision était prise, et jamais, il n’était revenu dessus. La médaille de l’oncle de l’année, ou du pire dans ce cas-ci, lui importe peu. Tous deux se montrent insensibles, que ce soit face à la mort de leurs proches, ou face au risque qu’ils encourent. Misha fait le deuil de ses parents avec une nonchalance monstre, tandis que Wayde ne se souci guère du danger qui menace son neveu. Les Bradford luttent contre la sensibilité avec absurdité, et ce, depuis toujours. Misha pense comme un enfant, Wayde comme un adulte. Du moins c'est ce que pense le plus adulte des deux.

Sachant pertinemment que ses échecs ne sont pas vains et que son neveu a encore beaucoup de choses à apprendre, Wayde ne cille pas face à sa réflexion. Quand bien même ça l’agace, il n’est ni étonné, ni vexé, ni touché de manière que ce soit. Il aurait presque envie de l'accompagner, de vanter à son tour le cadeau du ciel qu'est son neveu. Mais Wayde doit se rendre à l'évidence qu'il n'est plus un enfant, et que ce genre de pulsions se maîtrisent. A la place, il lui demanda pour la troisième fois de rentrer dans son dortoir. Sûrement la troisième et dernière fois. "M'emmerde pas", voilà à quoi l'aîné des Bradford a le droit. Il ne peut s'empêcher, à ce moment précis, de penser que ce garçon parle vraiment mal de la bouche. Aucun respect pour son aîné, aucune volonté de flancher pour éviter de lui donner satisfaction. Ça aurait été trop facile, il faut bien se l’avouer. Cette impasse dans laquelle ils sont est ridicule. Il pourrait laisser le garçon repartir pour éviter de jouer à ce jeu ringard qui lui fait perdre du temps, mais la vision de Misha serait toute autre : il aurait gagné et n'aurait plus aucune chance de respecter son oncle. Wayde n'a donc d'autre choix que de persévérer, peu importe la manière. « Tu as raison, on ne va pas y passer la nuit. Tu veux te balader ? Viens avec moi, on va aller voir ton directeur de maison. Je ne suis que ton conseiller d'orientation après tout -dit il ironiquement-, ce n’est plus de mon ressort à présent. » Très sérieux, à la fois dans l’attente d’un résultat manipulateur, Wayde n’attend pas la moindre réponse de son neveu avant d’effectuer un pas vers lui. Il se hâte vers Misha dans la seconde, pose une main à ras sur son omoplate et l’invite à prendre la direction qui le mènera vers une personne que Misha n’aura d’autres choix d’écouter pour la simple et unique raison qu’il n’est pas son Oncle détestable. Il ne lâche pas l'affaire. Il estime que le nouveau membre du personnel n'aura jamais de pouvoir à ce titre sur son neveu, ce qui sera par contre le cas de n'importe lequel des professeurs de l'école. Une fois de plus, c'est trop personnel. Il redirige son autorité. « Il risque d'entendre parler de toi souvent, autant faire les présentations tout de suite. » Sa main libre libère un lumos du bout de sa baguette, une lumière vive qui éclaire le couloir dans lequel Wayde pousse les pas de son neveu. Plus vite il retrouvera son lit, plus vite il pourra détendre des nerfs qui ne sont pas prêts de se reposer.

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EXORDIUM.

Il ne répond rien, j'imagine qu'il n'y a rien à répondre. C'est un oncle en carton, même pas foutu de penser trente secondes à quelqu'un d'autre que lui. Il voulait venir ici, que je suis là ou non n'y change rien. Pourquoi se soucier de la sécurité d'un gamin de 14 ans ? Sa vie n'a pas d'importance, tout ce qui compte c'est que monsieur soit content. Il fait sa béa là, il montre qu'il est courageux, qu'il peut venir en aide aux gens. On ignore comment, mais ce n'est qu'un détail. Il joue les héros, c'est en tout cas ce qu'il veut montrer. Sauf que voilà, j'ai aucune envie d'être un dommage collatéral. Qu'il ait des envies suicidaires, grand bien lui en face, mais ce n'est pas mon cas. Pourquoi a-t-il accepté ma garde ? C'est un grand mystère pour moi et je me demande si lui-même le sait. Pauvre type ! Il aurait dû me laisser à la charge de la famille de ma mère, ça aurait été mieux pour tout le monde. J'aurai peut-être mal tourné, mais au moins j'aurai eu un avenir. Avec lui, je ne suis pas sûr qu'un avenir se dessine devant moi. Mais encore une fois, on s'en fout. Je ne suis qu'un gamin prétentieux, j'imagine que si je meurs, ça ne lui fera rien.

Je refuse de céder. Je ne suis pas le genre de gars a céder de base, mais encore moins face à lui. Jamais je ne le laisserai gagner et il était évident qu'il ne me laisserait pas plus gagner cette bataille. Au fond il a raison, me céder cette victoire c'est me laisser entrevoir une faille à laquelle je vais m'infiltrer pour tout détruire. S'il m'avait laissé partir cette fois, ça aurait donné un précédent, sur lequel j'aurai pu m'appuyer pour les fois suivantes. Parce qu'il va y en avoir, des tonnes et s'il craque maintenant, il est foutu. Sauf que, malheureusement pour lui, je suis du genre têtu et je ne rends pas les armes facilement. Cette situation, c'est bien la première mais certainement pas la dernière. Une solution est trouvée, j'imagine la seule possible : le directeur de maison. Il va être content de me voir lui. Comme me dit si bien mon cher oncle, il risque de me voir souvent. "J'espère qu'il n'est pas aussi rabat-joie que toi, ça me changerait un peu !" Cela me fait ni chaud ni froid de voir mon directeur de maison, en fait j'étais conscient que c'était la seule solution. Il y avait bien la dirlo aussi, mais bon, c'est dans la même veine. C'est pas la première fois que je me retrouve dans cette situation là, ça ne sera pas la dernière. Mon directeur de maison à Durmstrang était plutôt cool. Enfin, il était strict et il aimait la discipline, mais en tête à tête, il se métamorphosait en quelqu'un de plus humain. Il avait compris que me crier dessus ou me foutre constamment en retenue n'aurait aucun impact sur moi. La possibilité de me virer non plus ne m'effrayais pas vraiment. J'étais un adolescent, il fallait être plus intelligent que ça. On a ouvert la discussion, en même temps vu le nombre de fois où on se voyait, ce n'était pas bien difficile. Parfois j'allais même directement le voir, quand je ressentais le besoin de parler. Etrangement, j'avais découvert quelqu'un d'ouvert d'esprit, qui savait écouté et qui était moins con que la moyenne. Je finissais en retenue à la fin, mais je ressentais moins l'injustice. J'imagine que ce ne sera pas la même chose avec mon nouveau directeur, mais sait-on jamais, dans le doute ... "Me touche pas, je sais marcher tout seul !" Répliquais-je froidement, avant de finir par le suivre, sagement...

Zola Rylee Shaw
“Pour qu'un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s'y rejoignent dès le premier instant.” Kundera Milan ♦ by dream's

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