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La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan]
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Message(#) Sujet: La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] EmptyDim 6 Mai - 19:24


La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé

Le doux bruit de la pluie résonnait dans le château, produisant un rythme régulier alors que les gouttes d’eau venaient s’écraser contre les murs de pierres et les fenêtres. Les environs de Poudlard étaient complètement détrempés, transformant le sol devant les serres en terrain boueux et glissant, remontant le lac d’un niveau en immergeant ses berges et faisant fuir les quelques élèves qui se trouvaient encore dans le parc. En cette saison, la météo pouvait se montrer fort trompeuse et même si l’Écosse avait connu de belles éclaircies depuis le début du mois de mai, il n’était pas rare de se retrouver sous une averse de plusieurs heures en cette période. Le soleil s’était donc retrouvé caché derrière d’épais nuages gris, plongeant le château dans une semi-pénombre bien que la journée ne soit pas encore avancée, rendant l’atmosphère morose et pesante. Il était incroyable de constater combien l’humeur pouvait être intimement liée au temps, combien la vie pouvait paraître plus douce et plus facile lorsque les rayons du soleil réchauffaient la peau, baignant l’environnement d’une lueur chaude et apaisante, et au contraire combien il était facile de sombrer dans la morosité et les pensées sombres dès que le climat se dégradait.
Une respiration sifflante se fit progressivement entendre, couvrant petit à petit le martèlement de la pluie contre les vitres alors qu’elle gagnait en intensité. Au bout de plusieurs minutes de ce qui sembla être une ascension acharnée, Prudence se démarqua dans l’embrasure des escaliers, complètement essoufflée, courbée en deux et semblant souffrir d’un poing de côté. La Gryffondor se laissa mollement glisser contre le mur de pierres sombres, juste sous une fenêtre de la tour et ferma les yeux tout en tentant de reprendre son souffle. Sa journée avait très mal commencée et tout n’avait fait qu’empirer au fur et à mesure que les heures s’étaient écoulées, la rendant d’une humeur massacrante. Pour commencer, elle s’était réveillée en nage d’un cauchemar dont elle ne se souvenait pas mais qui lui avait laissé une horrible sensation oppressante dans la poitrine, comme si un danger planait encore sur elle malgré son réveil. Encore un brin hébétée, la Gryffondor avait donc décidé de se changer les idées et de descendre dans la salle commune afin de trouver une bonne âme pour jouer à la bataille explosive, au lieu de quoi elle avait pu constater que des élèves de troisième année s’étaient amusés avec des farces et attrapes de chez Zonko, détruisant au passage le parchemin qu’elle avait laissé la veille sur le coin d’une table. Parchemin qu’elle devait rendre à la fin de la semaine au professeur Burgess et qui traitait d’un filtre de confusion. Prudence ayant quelques difficultés en la matière, elle avait passé plusieurs jours enfermée à la bibliothèque afin de se forcer à travailler pour pouvoir rendre un travail correct dans les temps. Travail réduit à néant, donc. Fulminante, la brune avait donc pris le chemin de la Grande Salle sans grande conviction, l’estomac noué à l’idée de devoir recommencer toutes ces recherches et certaine que le résultat ne serait pas aussi probant. Le reste de la journée aurait pu se dérouler de façon plus agréable, toutefois même la météo semblait avoir envie de la mettre au supplice, décidant de faire tomber des cordes sur les alentours de l’école, rendant toute excursion dans le parc et autour du lac impossible. Se promener sur le sentier qui longeait l’étendue d’eau étant son principal remède pour se remettre les idées en place quand quelque chose la chiffonnait, Prudence se retrouvait donc à errer dans les couloirs sombres et froids de l’école, toujours bouillante de colère et sur le qui-vive.
Si la jeune fille devait être honnête avec elle-même, cela faisait un petit moment désormais qu’elle ne connaissait plus le sommeil réparateur et profond qui la caractérisait depuis son enfance. Nombreuses étaient les nuits où elle se réveillait en sursaut, transpirante, le cœur battant la chamade, prête à saisir sa baguette pour répondre à une éventuelle attaque. Attaque qui n’existait que dans son subconscient, apparemment. Oui, si Prue devait être honnête, elle admettrait qu’elle avait du mal à trouver et à garder le sommeil depuis le passage de Menesis Blackman à la tête de l’école. Au final, elle avait passé l’année précédente sur les charbons ardents, indignée par ce qui se déroulait au sein de l’école et faisant de son mieux pour être utile à ce qu’elle considérait comme la bonne cause du haut de sa troisième année d’étude de la magie. L’adrénaline qui coulait alors à flot dans ses veines lui avait maintenu la tête hors de l’eau, lui permettant de résister aux horreurs dont elle avait été le témoin et de se focaliser sur la résistance qui s’était mise en place dans le château, relayant ses émotions au second plan. Toutefois maintenant que la menace s’était dissipée et que la vie avait retrouvé son cours normal à Poudlard, tout semblait lui revenir en pleine figure et elle n’en avait pas l’habitude. Ce sentiment d’impuissance, d’indignation, de rage et de mépris mêlés qui semblait ressurgir parfois en elle au moment où elle s’y attendait le moins la terrassait complètement, la laissant vidée de toute énergie et la tête pleine de reviviscences.
Il fallait qu’elle se ressaisisse, elle le savait. Tout d’abord, elle n’avait pas été directement victime des injustices causées à ses camarades, étant une Sang-Pure ; sa douleur et sa peine n’étant donc pas légitimes. La Gryffondor ne pouvait se plaindre de tous ces évènements alors qu’elle avait eu la « chance » d’être épargnée grâce à son statut sanguin tandis que ses condisciples étaient envoyés aux cachots et réduits à l’état d’esclaves et d’objets de torture. Alors pourquoi ressentait-elle toutes ces émotions contradictoires ? Pourquoi se retrouvait-elle là, étendue sur le sol glacé d’une des tours du château à ruminer ses idées noires alors qu’elle n’était même pas une victime ? La culpabilité, certainement. Elle aurait aimé en faire plus l’an dernier, elle aurait même.
De rage, elle repoussa son sac de toile à quelques mètres d’elle et posa la tête contre le mur, ses yeux bleus rivés sur la vitre en face d’elle. Les gouttelettes de pluie venaient se fracasser contre le verre de façon incessante, remplissant le couloir désert d’une sorte de mélodie morose et déprimante qui brisait le silence. Merlin qu’elle se sentait dépourvue à ce moment précis, chose dont elle n’avait pas l’habitude. Si seulement elle avait pu gagner le parc afin de s’y balader, une bouffée d’air frais et un brin de soleil auraient certainement chassé tous ses tourments. Jusqu’à la prochaine fois, susurra une petite voix dans sa tête.
Serrant le poing, elle soupira. À ce rythme-là elle ne parviendrait jamais à se maintenir au niveau pour les examens de fin d’année… Certes, elle n’avait pas de soucis à se faire concernant la plupart des matières, mais les potions et la métamorphose la stressaient tout de même énormément. Penser aux potions la ramena à son devoir détruit et son estomac se contracta de nouveau sous le coup de la colère et du stress. Décidément, c’était bel et bien une journée de merde.
Un bruit de pas se fit soudain entendre dans les escaliers non loin de là et Prudence porta immédiatement son attention dessus, quittant la fenêtre et l’hypnotisante chute des gouttes d’eau du regard. Quelqu’un arrivait, et ce quelqu’un allait la trouver là, vautrée contre un mur et le regard aussi expressif que celui d’un Strangulot.

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Message(#) Sujet: Re: La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] EmptyJeu 10 Mai - 23:55


la pluie tombe toujours
plus fort sur un toit percé
Prudence & Rioghbhardan

Je regarde le hibou s’envoler à tire-d’aile au travers du ciel gris et menaçant de cette étrange journée. Quelques secondes de plus et il disparaît. Ça y est… Je ne peux retenir un soupir maladroit. Je ne me comprends pas. La potentielle promesse d’un avenir correct vient de s’envoler accrochée à la patte d’un oiseau mais rien n’y fait… Il y a toujours ce poids lourd et dérangeant dans le creux de mon estomac. C’est quoi, mon problème, hein ?! Pourquoi je me réjouis pas ? Pourquoi je peux pas juste me dire que c’est une page qui se tourne pour mieux en commencer une autre, loin d’ici ?! Il m’est arrivé que des merdes dans cette école ! Blackman, les mensonges de mon père, Blackman, la dépression de ma mère, Blackman, la torture, Blackman, les conneries de Rosenberg, Blackman… Il est temps de partir. De voir autre chose. D’arrêter de vivre chaque jour avec la crainte discrète mais bien présente qu’un autre truc nous tombe encore dessus. J’ai le droit de passer à autre chose. Non. Il est temps de passer à autre chose. Pourtant, j’ai beau y penser et retourner ça dans ma tête à tout bout de champ, ça ne change rien à l’évidence : je n’ai pas envie que ça s’arrête. Aussi à chier qu’elle a pu être pendant huit ans (et ça n’est même pas vraiment le cas) ma vie est ici. Entre ces murs. J’aime les habitudes que j’y ai prises, j’aime les gens que j’y ai rencontrés, j’aime même les cours que j’y suis dans l’ensemble… Je n’ai rien en dehors… Pas de rêves particuliers, pas d’espoirs incroyables, pas même vraiment une famille qui m’attend… C’est méchant dit comme ça, je sais bien, mais c’est vrai. Bien sûr ils seront contents de me voir revenir et je le serai sûrement aussi de les retrouver mais… On vit tous très bien loin les uns des autres. On s’y est fait. Ils ont l’habitude de voir mon lit vite (je soupçonne Gally de le récupérer quand je ne suis pas là) et de partager des moments géniaux sans moi. Tout comme j’ai pris l’habitude de ne pas les voir à la table du petit-déjeuner et de prendre mes décisions sans consulter qui que ce soit. C’est ça… Ma vie est ici et, pour la jenesaiscombientième fois de mon existence, on me demande de tout recommencer. Repartir de zéro. Rebâtir quelque chose. Et si je ne veux pas ? Et si je n’ai pas le courage de laisser derrière moi ce que j’ai construit ici ? Pour la première fois de ma vie, je me sens bien. J’ai des gens en qui j’ai confiance à mes côtés, je commence à peine à entrevoir un futur potable. J’ai pas envie de tout gâcher parce qu’on a décidé que c’était maintenant qu’il fallait aller à sa rencontre. Mais c’est pas comme si on me demandait mon avis, de toute façon… Dans quelques semaines, j’aurais mes ASPICs et je volerai loin d’ici, moi aussi…

Il me faut ce qui me paraît une éternité pour m’arracher à la contemplation désintéressée du coin de ciel où le hibou s’est volatilisé. Ça ulule bêtement, ça doit pas comprendre ce que je fous encore ici. Moi non plus, à dire vrai… Il faudrait que je bouge, que je rentre, que je rejoigne mon dortoir… Mais… Mais ça veut dire affronter le regard de Milo et feindre que tout va bien. Que je vis correctement cette fin d’année alors que rien est plus faux au monde. Et je n’ai pas le courage de faire semblant maintenant. Et si on m’accepte quelque part ? Ou pire, si ça n’est pas le cas ? Si je n’ai pas envie de voir la suite arriver, je n’ai pas non plus envie de faire face à un nouvel échec. Je me détourne du spectacle de la pluie qui tombe encore et encore et enjambe machinalement un tas de fiente et de plumes. Je remonte mon sac sur mon épaule. Le bruit de mes pas résonne contre les pierres froides des escaliers. Le suicide interminable des gouttes sur les fenêtres de la tour me fout le moral dans les chaussettes. Comme si j’avais besoin de ça ! Difficile de croire que le printemps est là. J’aimerais me caler dans un coin de la salle commune, devant la cheminée où un feu brûlerait encore… Mais non. La cheminée est éteinte et la salle commune sûrement bondée de gamins qui évitent la pluie… Alors, doucement, je descends les marches, voguant vers l’inconnu. Je m’en fiche un peu. Je ne suis pas pressé… Mes doigts détachent l’une des fermetures de mon sac, puis l’autre. Les marches se succèdent. Avec une lenteur maladroite, ils fouillent, repoussent les morceaux de parchemin chiffonnés, virent les plumes décoiffées… Le couloir se dessine enfin. Et puis, la victoire : un paquet de dragées surprises, l’un des derniers vestiges de mes quelques jours à l’infirmerie. Rares sont les fois où il y a à manger dans mon sac… Surtout ce genre de nourriture-là… Mais il faut croire que, comme une adolescente en peine, j’avais prévu le coup et glissé ingénieusement une ration de survie entre deux livres ennuyeux. Ça aussi, ça fait partie des merdes de mon année. Abattu par sa propre équipe. Une première dans l’histoire du Quidditch de Poudlard, je crois ! Mais personne ne peut rien faire… Aucune preuve, rien du tout. Le mal est fait. Il faut pardonner… Je sais plus quoi encore. C’est ça. J’ai l’air si con…? Et quand je pense que Danni se retrouvera toute seule au milieu de ce bordel ! J’aurais presque envie de supplier Milo de se mettre au sport pour ne pas l’abandonner. Mais ça voudrait dire lui demander de prendre des risques inutiles (et je suis désormais douloureusement bien placé pour savoir qu’il y en a) alors je préfère encore que ma capitaine soit seule contre le monde entier… Rien de ce que je peux entrevoir ne me réjouit. Mais j’aime à croire que ce sera temporaire et que je n’aurais qu’à respirer l’air nouveau de la liberté pour relativiser un peu… Vain espoir j’imagine…

Le goût caramel de ma dragée me tire un vague sourire. Au moins, le destin n’est pas trop dégueulasse. Il est encore assez sympa pour ne pas foutre sous mes doigts les saveurs les plus immondes du paquet. Mon sourire s’agrandit en repensant à la tête de Daniela après celle au piment. C’était une bonne soirée, ça… Il y a eu beaucoup de bonnes soirées, cette année. Je ne regrette rien, je crois. Même si tout n’était pas toujours simple. Au bruit lent de mes pas s’ajoute les bonbons qui s’entrechoquent dans la boîte. Bêtement, je les agite un peu. Ça les mélange, ça fait comme de la musique. Il n’y a pas âme qui vive dans les environs. Ça aussi, ça fout le bourdon. On dirait que le château est mort. Je hausse distraitement les épaules à cette réflexion et baisse les yeux sur mes chaussures. Un lacet défait, l’autre menaçant d’en faire de même. Qu’importe. Je tourne. Bientôt, je rejoindrai les escaliers. Et après… Après j’en sais rien. J’improviserai, j’imagine. Mais finalement, je n’ai pas le temps d’aller bien loin qu’une ombre se dessine sur le sol. Un sac de toile, puis des jambes pas très loin… Mon regard les suit, remontant jusqu’au visage d’une fille qui me fixe d’un air absent. Elle est là, assise contre un mur, dans ce couloir désert. Et il me faut un instant pour réaliser que ça n’est pas tout à fait « normal ». Je fronce légèrement les sourcils. « Tout va bien ? » J’entends ma voix rebondir autour de nous et je me rends compte de la bêtise de ma question. C’est pas comme si elle en avait l’air. Mais je ne la connais pas et ça n’est pas franchement dans mes habitudes de me mêler de la vie des gens. On a tous des problèmes et je n’ai pas les épaules assez larges pour supporter ceux du monde entier. Toutefois, je finis par effacer la distance qui nous sépare. J’ai l’impression que ça me prend une éternité. Cette journée est bizarre. Et visiblement, il n’y a pas que moi pour ne pas la vivre merveilleusement bien. Sans trop réfléchir, je lui tends le paquet de dragées que je tiens toujours dans la main. « T’en veux ? » Je ne suis pas doué pour jouer les psys mais ça avait remonté le moral de Daniela, ces trucs-là, la dernière fois, alors pourquoi pas le sien…?
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Message(#) Sujet: Re: La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] EmptyDim 13 Mai - 21:44


La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé

   
La pluie tombait toujours sur Poudlard et semblait même s’être intensifiée, s’accompagnant désormais de grosses bourrasques et d’un ciel de plus en plus sombre et menaçant. Les branches du Saule-Cogneur ployait sous la force du vent et le lac noir, d’habitude si paisible, était agité de remous. Si l’on regardait au loin en direction de Pré-au-Lard il était même possible de deviner des éclairs qui illuminaient de temps à autre le ciel à la couleur d’encre, bien que le grondement du tonnerre ne se fasse pas encore entendre. L’averse n’était donc pas prête de s’arranger, prenant même plutôt la direction d’un orage. Il ne manquait plus que ça pour clore à la perfection cette horrible journée.
Se dressant devant la Gryffondor dans le couloir encore désert quelques minutes plus tôt se trouvait désormais un jeune homme brun, plutôt carré, arborant une robe de sorcier de l’école aux couleurs des Poufsouffle. Son visage fermé, sa mâchoire contractée et ses traits plutôt tirés faisait penser que lui aussi était préoccupé par quelque chose en ce moment. D’après la réaction qu’il eut en remarquant Prudence, étendue sur le sol froid de la tour avec un air hagard, il semblait tout aussi surpris qu’elle de trouver quelqu’un dans ce coin du château à ce moment précis. La plupart de leurs condisciples avaient certainement regagné leur salle commune, bavassant sur le dernier match de Quidditch ou le devoir en date à rendre, s’échangeant les derniers potins ou bien s’avançant dans leurs révisions. En bref, personne n’avait eu l’idée d’aller arpenter les couloirs sombres et froids de l’école alors que l’orage menaçait. Personne, sauf eux apparemment.
Relevant doucement la tête, Prudence croisa le regard de son interlocuteur et senti le rouge lui monter lentement aux joues tandis qu’elle essayait de mettre un nom sur son visage. Elle n’avait pas pour habitude d’apparaître ainsi devant ses camarades, et même devant qui que ce soit en fait. Non pas que la Gryffondor soit du genre à avoir honte de ses émotions, néanmoins elle n’aimait pas passer pour une geignarde auprès des autres, surtout quand sa mélancolie n’était pas vraiment justifiée. Rioghbhardan O’Callaghan, car c’était bien lui, avait semblé hésiter quant à la conduite à adopter devant cette rencontre incongrue, restant figé quelques instants avant de s’avancer lentement vers elle. Prudence le connaissait seulement de vue ; poursuiveur dans l’équipe de Poufsouffle et au cœur de nombreux bruits de couloir suite au passage de Blackman à la direction de l’école. En soi, pas assez pour qu’elle puisse s’en faire son propre avis. Perdue dans sa contemplation du nouveau venu, Prue mit un moment à réaliser qu’il lui avait posé une question. De nouveau ses joues s’enflammèrent de gêne et elle haussa mollement les épaules tout en fuyant son regard. Elle n’aimait pas mentir et elle en aurait bien été incapable de toute façon, son teint pâle, ses yeux cernés et sa bouche pincée répondant pour elle, mais elle n’avait pas envie de se lamenter sur son sort. De toute façon, elle n’aurait même pas su par quoi commencer ; sa nullité embarrassante en potion ? Son incapacité à suivre un cours sans ressentir de douloureux fourmillements dans les jambes et ses pensées lui échapper alors qu’elle tentait en vain de rester concentrée ? Son sentiment grandissant de solitude sans aucune raison apparente ? Ou bien le fait qu’elle semblait aller de plus en plus mal alors que la vie au château s’était clairement embellie au cours des derniers mois, et qu’elle n’osait parler à personne de tout ça ? Elle savait grâce au professeur VaatiVidya qu’elle voyait lors de ses cours d’arithmancie qu’une cellule de soutien avait été mise en place suite aux évènements de l’an passé. Mais à quoi bon prendre rendez-vous avec qui que ce soit alors qu’elle n’avait été victime d’aucun abus ? Qu’aurait-elle de beau à raconter lors de ses fameux entretiens dans l’espoir d’enfin retrouver un sommeil décent ? Encore une fois elle en venait à la même conclusion : que ses émotions et sentiments n’étaient pas justifiés et qu’elle ne pouvait donc rien y faire. Mais même en sachant ça, elle ne pouvait s’empêcher d’être de plus en plus rongée par un sentiment de culpabilité et de honte qui devenait fort handicapant.
Se décidant enfin à relever la tête vers Rioghbhardan, Prue remarqua le paquet de dragées surprises de Bertie Crochue qu’il avait à la main et se retrouva tellement déstabilisée lorsqu’il lui en proposa qu’elle se retrouva à bégayer comme une vulgaire première année :
 
« Euh oui, m-merci ! »
 
Et elle plongea maladroitement sa main dans le paquet de dragées, en extirpant rapidement une à la suspicieuse couleur brune. Sachant d’expérience qu’il ne fallait pas hésiter avant d’enfourner ces petites choses dans sa bouche en essayant de deviner leur goût – meilleur moyen de finir par se dégonfler – elle s’empressa de l’y envoyer. La douce saveur de la cerise fit danser ses papilles et elle ferma momentanément les yeux pour profiter pleinement du goût. Étonnamment, le simple fait de manger la dragée eut un effet plutôt réconfortant sur son moral, la renvoyant aux vacances d’été dans la maison familiale à Esher, où sa mère agitait sa baguette pour dénoyauter les cerises et leur préparer un crumble. Elle se revoyait, occupée à chahuter dans les jambes de May en compagnie de son frère en n’attendant qu’une seule chose : le retour de leur père afin de jouer à la bataille explosive et avoir une nouvelle histoire de sorcier célèbre. Ah, qu’elle avait pu être insouciante à cette époque !
S’extirpant de ses souvenirs, Prue rouvrit les yeux et reporta son attention sur Rioghbhardan.
 
« Merci ! » répéta-t-elle d’une voix plus assurée tout en lui adressant un petit sourire, étrangement ragaillardie par le bonbon.
 
« Toi aussi tu es venu admirer la beauté des lieux ? » enchaîna-t-elle d’un ton ironique en désignant d’un coup de menton la fenêtre au-dessus de leur tête.
 
La pluie martelait toujours les carreaux et l’on peinait à distinguer l’autre bout du lac désormais tandis que les premiers coups de tonnerre se faisaient entendre au loin. La luminosité était si faible que l’heure paraissait beaucoup plus tardive qu’elle ne l’était réellement. Pour un peu, on se serait cru en mars.
 
« Je m’appelle Prudence, quatrième année à Gryffondor et désastre ambulant en ce qui concerne les potions. Pour vous servir ! »
 
Peut-être que son petit cynisme pseudo-humoristique réussirait à faire sourire Rioghbhardan ? Après tout, lui aussi avait la tête de quelqu’un qui avait besoin d’un remontant.

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Message(#) Sujet: Re: La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] EmptySam 19 Mai - 20:09


la pluie tombe toujours
plus fort sur un toit percé
Prudence & Rioghbhardan

Je ne m’attendais pas à trouver quelqu’un là. Je veux dire… Depuis que j’ai quitté la volière, le château est désert. Rien. Personne. Comme si c’était déjà juste des souvenirs un peu effacés avec le temps… Et là, juste au détour d’un couloir, elle est là, à attendre je ne sais quoi. Je reste là à la fixer un instant. Je ne sais pas quoi lui dire, à cette fille. Je ne la connais pas. Je ne sais même pas son nom. Son regard finit par croiser le mien, ce qui suffit à la faire rougir. Je ne comprends pas très bien. Normalement, je m’en serais sûrement amusé, j’en aurais joué un peu, profitant de cet effet involontaire et surprenant. Aujourd’hui, je ne sais juste pas comment réagir. J’ai fait quelque chose ? On se connaît ? J’en ai pourtant pas l’impression… Ma question reste sans réponse. Est-ce que je la dérange ? Elle attend quelqu’un ? Je ne sais plus vraiment quoi penser. Je n’ai pas vraiment pour habitude de fréquenter des filles incapables d’aligner deux mots (voire même d’en sortir rien qu’un) face à un membre du sexe opposé… Loin de là ! Je ne sais pas si c’est moi, le problème, ou si c’est quelque chose qui me dépasse complètement. C’est… perturbant. Si jamais elle reste aussi silencieuse que ça, je vais passer mon chemin vite fait ! En attendant, je ne me démonte pas pour autant et finis par me rapprocher, presque comme on se rapproche d’un animal sauvage, avec une prudence exagérée pour éviter de l’effrayer. Je crois que c’est un peu l’impression qu’elle me donne : un petit faon prêt à fuir au moindre geste brusque. Je ne sais même pas si c’est une bonne idée d’effacer la distance. Je la mets peut-être plus mal à l’aise encore. Je sais très bien que je n’ai pas la meilleure réputation du monde mais je n’ai jamais violé ou assassiné de gamines dans les couloirs. Au pire, elle peut très bien me dire qu’elle veut que je dégage et je lui foutrais la paix sans chercher plus loin. Dans le fond, je suis sûr que c’est ce que je devrais faire. Prendre la poudre d’escampette et pas me soucier plus que ça de son existence. Mais elle me fait de la peine, je crois. Là, toute seule, au milieu de nulle part et visiblement abandonnée de tous. C’est con mais le fait qu’on partage bizarrement la même galère à ce moment précis me pousse à rester. Et puis, de toute façon, je n’ai pas envie de rentrer. Pour quoi faire, hein ? Devoir m’extasier devant l’avenir qui m’attend peut-être ? Avoir à expliquer à quel point j’aimerais faire tel ou tel truc en sortant de là ? Feindre que le monde est incroyable alors qu’en ce moment, mon humeur n’a rien à envier au ciel gris de cet après-midi ? J’ai pas envie. Pas envie de retrouver Milo, pas envie de croiser Tracy, pas envie de me plonger dans des révisions qui ne feront que me rappeler un peu plus encore de ce qui m’attend bientôt. Non. Je ne veux pas. Alors je finis mon chemin jusqu’à elle et lui tends d’un geste machinalement prudent le paquet de dragées que je tiens. « Euh oui, m-merci ! » Un bref hochement de tête me sert de réponse. Y’a pas de quoi. Mais, ça ne m’aide pas à comprendre ce qui lui arrive. Ou, en tout cas, pourquoi elle est aussi gênée face à moi. Autrefois, j’aurais compris, je faisais tout pour, aujourd’hui, je suis juste… juste moi. Un gamin débile encore une fois largué dans sa propre vie.

Elle glisse le bonbon entre ses lèvres et ferme les yeux une seconde. Je ne sais pas trop quoi faire, pour le coup. Je me sens étrangement empoté, planté là au beau milieu du couloir à côté d’une fille que j’ai jamais vue de ma vie. L’hésitation se lit dans mon regard alors que j’esquisse un nouveau geste dans sa direction et me laisse glisser silencieusement le long du mur. J’étends mes jambes devant moi et soupire sans un bruit. « Merci ! » Je sursaute discrètement et reporte mon attention sur elle. Ça va, c’est qu’une dragée, elle est pas non plus obligée de me remercier quinze fois ! Elle a l’air néanmoins un peu moins mal à l’aise. C’est toujours ça, j’imagine. C’était quoi en vrai ? Le bonbon de l’amitié ? J’en sais que dalle mais l’idée m’amuse un peu. Comme s’il suffisait de ça pour faire tomber les barrières qu’il peut y avoir entre les gens. Non mais sérieusement ? Il faut croire qu’il y a une part de vrai avec elle, en tout cas. C’est bizarre. Pas désagréable, hein, mais définitivement bizarre. « Toi aussi tu es venu admirer la beauté des lieux ? » Je suis son regard jusqu’à la fenêtre. Les gouttes de pluie s’écrasent toujours contre la vitre. Le même bruit répétitif et désolant qui m’a accompagné tout le long du trajet me revient aussitôt alors que j’avais presque réussi à l’oublier. Je ne sais même pas pourquoi je suis venu, en vrai. Parce que je n’avais pas d’autre endroit où aller ? Que je cherchais à fuir ma propre vie tout en désespérant à l’idée de la laisser derrière moi ? C’est un peu contradictoire, non ? J’ai peur de passer à autre chose mais n’ai pas assez de courage pour en profiter encore comme il se doit. Est-ce qu’il n’y a qu’à moi que ça arrive, des trucs comme ça ? J’en sais rien… Je ne connais pas grand monde qui ait connu le même parcours. Ici, mes amis doivent avoir du mal à se mettre à ma place, et chez moi, personne n’a eu à vivre ça… Peut-être que c’est normal mais ça me paraît juste stupide. Je suis juste stupide… Je me fends rapidement d’un sourire amusé alors que je repose les yeux sur elle. Peut-être est-il un peu forcé mais je finis par jouer assez bien la comédie pour que ça passe facilement… Surtout qu’on ne se connaît pas. « C’est que ce serait dommage de louper un ciel aussi moche et une ambiance aussi morte, tout de même ! » Tu parles ! Je finis par poser mon paquet de bonbons entre nous, lui signifiant du regard qu’elle peut se servir autant qu’elle veut. Autant que ça serve à quelqu’un. Moi, si j’en mange une ou deux autres, ça tiendra du miracle. J’abandonne ma tête contre le mur derrière moi et ramène distraitement une jambe contre mon torse. Je repousse le pan de ma robe de sorcier et pose mon bras sur mon genou dressé, fixant avec un désintérêt total mes doigts jouant avec l’air froid et lourd de cette journée pluvieuse. « Mais on ne m’avait pas dit qu’on trouvait des demoiselles abandonnées au beau milieu des couloirs les jours de pluie… » Je l’observe un instant. Elle doit avoir l’âge de Wendy, je pense, quelque chose comme ça. Une gamine quoi. Et qu’est-ce qui peut bien pousser une ado d’une quinzaine d’années à s’enfuir loin du monde ? J’en sais rien… J’ai l’impression que ça fait une éternité que je n’ai plus quinze ans… « J’imagine que si je l’avais su, j’aurais rapidement changé de passe-temps ! » Un clin d’oeil taquin ponctue ma réplique idiote alors qu’un coup de tonnerre arrive faiblement jusqu’à nous. On doit offrir un spectacle étrange, tous les deux. Mais ça fait longtemps que j’ai arrêté de m’intéresser à l’image que je pouvais bien renvoyer. Dans quatre-vingt-quinze pour-cents du temps, elle est déplorable, et le reste ne tient qu’à la chance… « Je m’appelle Prudence, quatrième année à Gryffondor et désastre ambulant en ce qui concerne les potions. Pour vous servir ! » Ainsi donc elle s’appelle Prudence ? Ce nom lui va bien, je trouve. Il me renvoie à la petite chose presque craintive sur laquelle je suis tombé en arrivant. « Dan. » Je lui tends la main dans un geste exagérément protocolaire, un regard un peu rieur posé sur elle. « Bientôt ex-Poufsouffle et interdit de chaudron depuis deux ans. » En vrai, ma BUSE n’était pas si mauvaise… J’ai juste eu un P. Je devais pas être loin de la moyenne, je pense… Mais bon, c’était pas brillant quand même. Pas assez pour continuer cette matière. Et c’est tant mieux, j’imagine. Burgess m’impressionne. Mais, d’un autre côté, elle a ce quelque chose de rassurant que je serais bien incapable d’expliquer. « Que fait une quatrième année à Gryffondor assise par terre en plein désert ? » Parce que j'imagine qu'elle ne se contente pas d'admirer la beauté des lieux...
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Message(#) Sujet: Re: La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] EmptyLun 21 Mai - 22:31


La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé

Le temps continuait de s’assombrir et pendant quelques secondes Prudence se demanda pourquoi personne parmi le personnel du château n’avait songé à installer davantage de torches dans ce couloir. Certains coins de l’école étaient en permanence éclairés et on y voyait constamment comme en plein jour, tandis que les alentours des tours restaient froids et lugubres à peine le soleil avait-il décliné. Peut-être était-ce pour dissuader les jeunes esprits de s’y aventurer une fois l’heure de la journée bien avancée ? Ou alors simplement parce qu’il s’agissait d’un des endroits les moins fréquentés de l’école ? Sans doute quelque chose de pragmatique et logique du genre. Ce qui était tout de même un peu ironique lorsque l’on savait qu’un simple enchantement de la part du Professeur Winslow aurait suffi à éclairer faiblement mais suffisamment le couloir afin de permettre à tout le monde d’y voir quelque chose à plus de dix mètres… Décidément le monde de la magie pouvait se montrer très contradictoire.   
Le temps que la jeune Gryffondor déguste sa dragée, le nouvel arrivant s’était rapproché et laissé tomber à son tour contre la paroi de pierres, l’air tout aussi désemparé et surpris par le contexte que sa camarade. Manifestement ce couloir semblait être le lieu de rencontres privilégié des âmes en peine et des égarés du jour. Si quelqu’un avait dit ce matin à Prudence qu’elle se retrouverait assise là en compagnie d’un septième année de la maison Poufsouffle à grignoter des dragées surprises de Bertie Crochue, elle ne l’aurait pas cru. Non pas que l’idée lui déplaise, dans le fond, elle était plutôt quelqu’un de sociable et elle aimait rencontrer de nouvelles personnes néanmoins elle préférait le faire en dehors de ses petites crises existentielles. Quelque soit les problèmes qui tourmentaient Rioghbhardan, ils étaient certainement bien plus complexes et sérieux que ceux de la jeune fille et elle se sentait gênée rien qu’à l’idée de lui avouer ses insomnies et angoisses suite au passage de Blackman au sein de Poudlard, du moins pour l’instant. Ce n’était même pas une question de vouloir paraître robuste et mature devant un garçon plus vieux, la chose ne lui avait même pas effleuré l’esprit, non. Juste un brin de pudeur. Toute sa vie, Prue s’était caractérisée auprès de son entourage par son franc parler, son audace, sa témérité et elle devait bien l’avouer, son courage face à toutes sortes de situations. Elle était du genre à foncer tête baissée devant n’importe quoi et à ne compter que sur ses propres capacités pour s’en sortir, quitte à être blessée. Et si elle échouait, elle réessayait le lendemain sans jamais se laisser démonter. Se retrouver ainsi démunie par une menace qui n’en était même plus une à présent lui donnait la sensation d’un étau se resserrant autour de sa poitrine, la laissant pour la première fois de sa vie dans l’errance, l’insécurité et la peur. Comment lutter contre un ennemi qui n’est plus là ? Comment vaincre une peur irrationnelle, illogique et pourtant si présente ? Comment gagner contre ses propres pensées, empêcher ses souvenirs de ressurgir à des moments inopportuns la laissant complètement pantelante et terrifiée ? Au plus loin que sa mémoire la ramenait, Prue n’avait jamais eu peur. Enfin, façon de parler ; comme tous les enfants elle avait bien craint une ou deux choses. Néanmoins elle n’avait jamais eu besoin d’être réconfortée et rassurée par ses parents, préférant affronter elle-même ce qui l’angoissait et se rendre compte seule qu’elle n’avait aucune raison de le craindre. L’insouciance de la jeunesse aidant, elle s’était toujours relevée des situations qui auraient pu l’empêcher de s’épanouir et développer ses craintes. En revanche, maintenant que la chose se présentait à elle sous un genre nouveau, où il n’était pas question d’attraper sa baguette et de foncer, luttant de toutes ses forces et clamant des sorts à tout va, elle se retrouvait piégée. Piégée par elle-même, ses pensées, ses remords et ses souvenirs…
Revenant au moment présent suite à la tirade de son camarade à propos de la météo, Prudence soupira et aborda une moue dégoûtée.  
 
« C’est clair que le temps est vraiment dégueulasse ! »
 
Pas besoin d’être un génie pour le constater, mais c’était quand même agréable de le souligner. Comme si admettre la chose la rendait moins déprimante. Si seulement tout était aussi simple que de parler du climat…
La dernière partie de la réplique de son interlocuteur la fit rire et elle feint d’être touchée d’un petit geste théâtral de la main à l’intention de Rioghbhardan. Étrangement, toute la tension qui avait semblé s’accumuler suite à l’arrivée de ce dernier dans le couloir semblait s’évaporer peu à peu ne laissant que deux adolescents perdus et tentant de s’apprivoiser plutôt maladroitement, offrant un spectacle à la fois cocasse et criant de vérité. Il ne fallait pas être legilimans pour voir que derrière leur tentative d’humour se cachait un profond sentiment de mal-être.
 
« Promis la prochaine fois j’annoncerai ma présence d’un hibou ! Ça t’évitera d’arriver trop tard, qui sait tu aurais pu avoir de la concurrence ! »
 
 Alors que le brun se présentait par son diminutif, Prudence constata qu’elle ne s’était pas trompée à propos de son identité. Elle lui serra la main en retour tout en essayant de maintenir sur son visage un air faussement sérieux mais force est de constater qu’elle échoua et opta pour un sourire franc à la place.
 
« Enchantée, Dan presque ex-Poufsouffle ! »
 
Il était quand même fou de noter le nombre d’élèves de Poudlard qu’elle ne serait jamais amenée à croiser au cours de sa scolarité. Allant même jusqu’à ignorer leur nom et leur visage, tandis qu’à côté il lui était possible d’associer aisément les deux concernant des personnes à qui elle n’avait jamais parlé. Question de popularité, sans doute.
La dernière question de Dan la ramena un peu brutalement à ce qui l’avait principalement conduite à s’isoler et elle retint un soupir. Son regard coula en direction du paquet de dragées et elle décida de piocher dedans. Après tout, son condisciple lui avait fait comprendre qu’elle pouvait se servir, et elle avait bien besoin d’un peu de réconfort sous forme de sucre pour se lancer dans ce qui la tourmentait. Pas de chance, la dragée avait un goût de savon à la menthe qui la fit plisser le nez et tousser quelques secondes avant de pouvoir reprendre correctement son souffle. Saleté de trucs, se dit-elle en déglutissant péniblement pour tenter d’effacer le goût de savon de sa bouche.
 
« Eh bien… commença-t-elle en se demandant bien par quoi débuter, j’ai passé une sale nuit, le genre où tu te réveilles sans vraiment te rappeler quel jour on est ni qui tu es vraiment avant d’être brutalement ramenée à la réalité. Tout aurait pu s’arrêter là si les idiots qui partagent ma tour à Gryffondor n’avaient pas décidé de jouer avec je-ne-sais-quelle-chose stupide qui explose, saccageant tout mon devoir de potions à rendre à Burgess incessamment sous peu… »
 
Elle soupira, consciente qu’il n’y avait certes pas là de quoi se mettre dans tous ces états. Au pire, elle passerait pour une hystérique aux yeux de Dan et puis tant pis, elle avait passé quatre ans à Poudlard sans vraiment le croiser, elle pourrait bien faire de même durant les derniers mois de classe. Et à qui irait-il raconter qu’il avait croisé une névrosée de Gryffondor qui en prime lui avait volé ses bonbons ? Sûrement personne que ça intéresserait.
 
« Je n’arrive pas à dormir depuis un moment, avoua-t-elle soudain en triturant nerveusement le pan de sa robe rouge et or, je suis à bout et la moindre contrariété me fait craquer. Je voulais souffler et me calmer mais avec toute cette pluie impossible d’aller dehors. Alors j’ai pensé qu’essayer de mourir d’asphyxie en montant dans la plus haute tour de l’école m’aiderait à me calmer, tu vois ? Ridicule un peu la fille non ? »
 
Piètre tentative pour faire de l’humour, mais c’était la seule façon pour Prudence de se livrer un tant soit peu. C’était plus que tout ce qu’elle avait bien pu dire à ses amis ou à sa famille, ponctué d’ironie certes, mais toujours mieux que rien. Au final, parler avec un total inconnu pouvait aider à délier les langues. La Gryffondor se tourna alors un peu plus vers Rioghbhardan, ancrant son regard bleu dans le sien.
 
« Et toi ? Ça n’a pas l’air d’aller des masses non plus. »
 
Si elle avait pu un peu laisser échapper ce qu’elle avait sur le cœur, peut-être qu’il le pourrait aussi ?

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Message(#) Sujet: Re: La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] EmptyMar 22 Mai - 17:37


la pluie tombe toujours
plus fort sur un toit percé
Prudence & Rioghbhardan

S’il y a une chose incroyablement simple à Poudlard, c’est bien de rencontrer des gens. Je ne parle pas forcément de relations incroyables qui durent toute la vie ou quoi que ce soit y ressemblant, non, seulement des autres. Celles un peu moins importantes, ces gens auxquels on continuera à dire bonjour pendant quelques jours avant de réaliser qu’on s’en fout un peu… Ici, il suffit de faire quelques pas dans un couloir pour tomber sur à peu près tout le monde… Mais rarement tout le monde a pris l’apparence d’une fille esseulée au milieu de nulle part. Je ne sais pas pourquoi je me suis arrêtée. Ça ne me ressemble pas vraiment, en réalité. Je ne suis pas un enfoiré de première, contrairement à ce que beaucoup semblent s’acharner à penser, mais je ne suis pas vraiment un ange… J’ai rien contre les gens mais je ne m’y intéresse pas particulièrement non plus. On a tous nos propres problèmes et se pencher sur ceux des autres ne fait pas partie de ce que je fais de mieux. Mais force est de constater que je suis là malgré tout. Assis à côté de cette fille, au milieu de nulle part. Je ne saurais pas expliquer pourquoi. Peut-être qu’on pourra prétendre que sa solitude m’a rappelée la mienne, l’an dernier mais j’en suis même pas certain. Oh, bien sûr, la voir là n’est pas sans me rappeler des souvenirs… Shiver, la raclée que je me suis mangé, ma fuite et l’arrivée salvatrice de Tracy… Mais je doute très franchement que les images que cela me renvoie y soient pour quoi que ce soit. Je n’ai pas l’intention de jouer les mains secourables. Enfin… Je crois… Je lui laisse le temps de se faire à ma présence, de me demander de dégager si c’est ce qu’elle veut. De se composer un masque moins fragile que celui qu’elle avait jusque là. C’est pas comme si j’allais lui en vouloir de se montrer moins vraie qu’elle ne l’est en réalité. On ne se connait pas. Je ne connais même pas son prénom. Je suppose juste qu’elle est de quelques années plus jeune. Quatorze ou quinze ans. Et encore, peut-être que je me plante complètement. « C’est clair que le temps est vraiment dégueulasse ! » La violence de sa réplique me tire un éclat de rire un peu surpris alors que je hoche sagement la tête. Oh oui ! Le temps est vraiment dégueulasse. Difficile de croire que l’été approche et, avec lui, la fin de l’année… Tout me ramène à mon départ prochain… « D’après les prévisions de la Gazette de ce matin, il va falloir supporter ça jusqu’à la fin du week-end, au moins. » Je ponctue ma phrase par un vague haussement d’épaules. Ça veut dire tirer un trait sur le terrain et les révisions près du lac… Être coincé à l’intérieur… Avoir à supporter la présence de l’autre folle de Rosenberg plus longtemps que d’ordinaire… Le bonheur total, en d’autres mots… J’ai hâte…

Heureusement pour tous les deux, on ne s’éternise pas sur la météo. Il n’y a pas grand chose à en dire, de toute façon… Mais il faut bien reconnaître que c’est le sujet bateau par excellence, quelque chose qui ressemble à « je veux bien te parler mais je ne sais définitivement pas quoi dire » et c’est exactement ça. Là encore, je ne me reconnais pas vraiment. Je n’ai jamais eu de mal à engager la conversation avec qui que ce soit, bien loin de là. Il faut croire que les traumatismes ont la vie dure et que, là où je n’avais pas peur de déranger, je crains désormais bien trop d’être jugé pour me laisser totalement aller… Je pense qu’à la maison, ce sera différent. Personne n’aura rien à me reprocher, lorsque je rentrerai. Qu’importe à qui je parle, qu’importe qui je suis, qu’importe ce que j’ai fait… Tout le monde s’en foutra… Parfois, j’ai l’impression qu’on pourrait s’en foutre, ici aussi… Je veux dire, cette fille-là, par exemple, elle n’a pas l’air à deux doigts de prendre la fuite juste au souvenir de la petite Joanne. Mais dès que j’arrive à admettre que la personne qui m’en veut le plus dans ce château, c’est moi, il y a toujours quelque chose pour me laisser penser le contraire… Rosenberg en tête. Alors dans le doute… Néanmoins, l’atmosphère s’allège un peu. Elle rit, entre dans mon jeu. Mon sourire s’agrandit discrètement alors que je sens mon corps se détendre un peu. Même si cette rencontre est bizarre, je ne peux pas dire qu’elle soit désagréable ou quoi… Je ne regrette pas vraiment de m’être arrêté, pour l’instant. « Promis la prochaine fois j’annoncerai ma présence d’un hibou ! » La prochaine fois ? Parce qu’elle a l’habitude de se retrouver dans les coins les plus dépeuplés du château ? Dans le fond, peut-être… Peut-être qu’elle cherchait la solitude, la tranquillité et que j’ai tout fait capoter… Mais, passée la gêne, elle n’a pas l’air franchement dérangée par ma présence à ses côtés. J’en sais rien. « Ça t’évitera d’arriver trop tard, qui sait tu aurais pu avoir de la concurrence ! » Je prends presque instantanément une moue choquée. « De la concurrence ?! » Je me renvoie sans mal à me pavaner ici ou ailleurs, fier comme un coq, bien trop sûr de l’image que je pouvais renvoyer pour douter de moi… Je retrouve facilement mon regard prétentieux, bien qu’aujourd’hui rien de tout ça ne soit très sérieux. Il n’aura fallu qu’un an pour tout remettre en question. Même si les choses s’arrangent un peu, le reflet que me renvoie le miroir ne m’est pas toujours simple à supporter et je crois que ça finit par se ressentir dans ma façon d’agir avec les autres. Même si Milo n’était plus là, je ne me vois pas, à présent, aborder éhontément une fille dans le seul but d’en tirer profit, avec la certitude d’être assez irrésistible pour y parvenir… Et puis, qu’est-ce que je pourrai y gagner de plus que l’amie fidèle que j’ai dégoté la dernière fois ? « Comme si je pouvais avoir de la concurrence… » Je lève les yeux au ciel comme si ça n’avait aucun sens mais j’ai bien du mal à retenir le sourire un peu idiot qui cherche à s’installer sur mes lèvres. Évidemment que je pourrais avoir de la concurrence… Après tout, mon propre copain sait qu’il n’aurait aucun mal à trouver mieux alors une fille sortie de nulle part… Je sais qu’il ne devait pas penser à mal et que c’est un peu ridicule de ne pas oublier cette phrase maladroite mais c’est trop m’en demander que de faire comme si ça ne me revenait pas souvent en mémoire… Et si, l’an prochain, il finissait par le faire, hein ? Qu’il ouvrait enfin les yeux en se baladant dans les couloirs et que « Mieux » arrivait devant lui comme par magie ? Avant que j’ai le temps de m’inquiéter davantage, sa main se glisse dans la mienne et la serre avec un sérieux maltraité. « Enchantée, Dan presque ex-Poufsouffle ! » Mes doigts exercent une légère pression sur les siens avant de leur rendre leur liberté. « Moi de même, Désastre ambulant en potions. »

Sa main quitte la mienne pour le paquet de dragées. Si j’en crois sa toux et sa grimace, la pioche n’a pas été bonne. Le désespoir de Daniela face au piment de la sienne me revient aussitôt et je réprime difficilement mon amusement. Je n’ai pas envie qu’elle pense que je me moque d’elle, ça n’est pas le cas. Je ne sais même pas si elle le remarque, en réalité. Je ne lui laisse pas vraiment le temps de revenir sur mon air idiot et l’interroge sur ce qui l’a poussé à s’éloigner du monde. Peut-être qu’elle se contentera de me dire que ça ne me regarde pas. Ça ne serait pas faux, en réalité. Bien sûr que ça ne me regarde pas. Il y a dix minutes à peine, je ne savais même pas qu’il y avait une Prudence en quatrième année chez les Gryffondor ! « Eh bien… » Pourtant, même si elle hésite, elle reprend. Comme si c’était normal de se confier à moitié au premier garçon qui passe. Peut-être que pour elle ça l’est ? Étrangement j’en doute mais, après tout, pourquoi pas ? « J’ai passé une sale nuit, le genre où tu te réveilles sans vraiment te rappeler quel jour on est ni qui tu es vraiment avant d’être brutalement ramenée à la réalité. Tout aurait pu s’arrêter là si les idiots qui partagent ma tour à Gryffondor n’avaient pas décidé de jouer avec je-ne-sais-quelle-chose stupide qui explose, saccageant tout mon devoir de potions à rendre à Burgess incessamment sous peu… » Je l’écoute presque religieusement, imaginant sans trop de mal le désespoir qu’elle a pu ressentir face à son devoir détruit… C’est malheureusement le genre de choses qui arrive. Ça craint, bien sûr, mais ce n’est probablement pas la fin du monde. Pour un peu qu’elle ait gardé son brouillon, y’a sûrement moyen de tout reprendre tranquillement et d’avoir un travail à Burgess. J’ouvre la bouche pour essayer de la remotiver lorsqu’elle reprend. « Je n’arrive pas à dormir depuis un moment, je suis à bout et la moindre contrariété me fait craquer. Je voulais souffler et me calmer mais avec toute cette pluie impossible d’aller dehors. Alors j’ai pensé qu’essayer de mourir d’asphyxie en montant dans la plus haute tour de l’école m’aiderait à me calmer, tu vois ? Ridicule un peu la fille non ? » Je secoue la tête. Non, je ne la trouve pas ridicule. « De toute évidence, t’as raté. » Elle est encore bien en vie et n’a pas l’air incroyablement bien. Je ne peux pas comparer avec avant mais soit elle était clairement au fond du gouffre et alors il y a eu une amélioration, soit rien a vraiment changé… « T’as été voir Lennox ? Il peut peut-être t’aider, non…? J’ai jamais testé ses somnifères mais les philtres de paix sont efficaces et gustativement corrects. C'est pas de la haute gastronomie mais ça passe. » Je feins d’être un grand connaisseur et hoche la tête d’un air entendu. J’essaye de ne pas virer vraiment dans le sérieux mais c’est compliqué. Je ne sais pas ce qui lui arrive mais elle ne peut pas rester comme ça… Quand on finit par lâcher, ça fait des dégâts… J’ai aucun mal à repenser aux nuits sans sommeil et à l’angoisse constante de l’an dernier, à la connerie que j’ai fait de vouloir être inébranlable pour qu’il puisse se reposer sur moi et à la noyade pure et simple qui m’a attendu à l’arrivée… « Sinon, j’imagine que MacDougall doit bien avoir des plantes qui ont des effets un peu pareils. Je sais pas ce que donne la médecine version hippie par contre. » Milo doit bien avoir un avis sur la question et des conseils à donner, j’imagine ? Mais bon, je n’ai pas forcément envie d’aller le trouver juste pour savoir si une camomille est aussi efficace qu’une fiole de Goutte du Mort-Vivant… Manque de chance, mais sans grande surprise, son regard finit par se planter dans le mien. Je le soutiens sans ciller, bien conscient qu’elle va me retourner ma question… « Et toi ? Ça n’a pas l’air d’aller des masses non plus. » Je hausse les épaules. J’ouvre la bouche pour prétendre que ça va mais je la referme sans avoir lâché un son. Qu’est-ce que je risque de toute façon ? On ne se connait pas. Ma vie a sûrement aussi peu d’impact sur elle que la sienne sur moi. Si j’aborde le sujet avec Tracy ou Milo, c’est le meilleur moyen de culpabiliser… Je sais que mon départ les affecte alors j’évite le sujet. Je fais comme si tout allait bien, tout le temps, mais dans le fond c’est pas le cas. Plus les jours passent et moins ça l’est, même… « Y’a des chances pour que j’ai mes ASPICs. » Je me rends bien compte que, dit comme ça, c’est juste débile. Je devrais être content d’avoir mon diplôme. Ça prouve que je suis pas aussi stupide que j’en ai l’air, que je suis capable de réussir quelque chose, même si c’est juste une dissertation en Histoire de la Magie… « J’ai pas envie de partir, en vrai. C’est con, je vais avoir vingt ans en septembre prochain, limite on allait finir par me prendre pour un prof… Mais j’aime bien la vie d’ici. » J’ai pas envie de partir, non. Et tous les bons côtés que je trouve à mon départ prochain n’en sont même pas vraiment, c’est juste pour éviter de m’ouvrir les veines avec mon énoncé d’ASPIC que j’en trouve. Me donner bonne conscience, m’encourager, tout ça… Mais ça marche absolument pas…
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Message(#) Sujet: Re: La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] EmptyDim 27 Mai - 20:10


La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé

Décidément cette journée était inattendue. En se réveillant ce matin suite à ses angoisses nocturnes, l’optimisme de Prudence lui avait fait dire que tout irait en s’améliorant, comme à chaque fois. Ce qui n’avait finalement clairement pas été le cas. À chaque fois qu’elle avait cru trouver le réconfort ou du moins une solution de repli à tous ses problèmes, elle s’était sentie tomber encore plus bas. C’était ce qui était censé arriver lorsque l’on tirait trop longtemps sur la corde, après tout. Malgré ce qu’elle semblait penser, elle n’était pas infaillible, loin de là, et toutes ses tentatives pour remonter la pente s’étaient retrouvées soldées par un échec. Face à ses propres démons, la brune avait finalement capitulé et opté pour la solitude afin de laisser colère et tristesse la submerger en paix. Et au moment où elle croyait avoir trouvé l’endroit parfait pour ça, le hasard lui apportait une solution improbable sous la forme d’un grand brun de la maison Poufsouffle au prénom difficilement prononçable. À aucun moment elle n’aurait cru que se retrouver nez-à-nez avec ce garçon l’aiderait à verbaliser ce qu’elle avait sur le cœur – elle qui avait déjà du mal à se confier à ses amis ! – et pourtant c’était ce qui allait arriver. Parfois il fallait essayer de ne pas toujours chercher une raison aux choses qui se présentaient à nous et juste accepter ce qu’elles étaient prêtes à nous offrir.
Comme pour illustrer leur discussion météorologique, un puissant éclair zébra le ciel, illuminant partiellement le couloir de la tour dans lequel les deux élèves s’étaient trouvés. Le tonnerre mit quelques secondes à se faire entendre, preuve que l’orage n’était vraiment pas loin, pour ne pas dire tout près. Bien, ils allaient être au cœur de la tempête pour les prochaines heures c’en était certain. Remarque, cela semblait coller avec leur humeur mutuelle. Encore un autre côté ironique propre au monde magique ; les sorciers étaient capables de faire pousser des plantes sans eau ni soleil, de figer les choses dans le temps, voire de remonter ce dernier. Toutefois, aucun mage aussi puissant soit-il ne s’était penché sur un sortilège qui permettrait de contrôler la météo et ses caprices afin de lui faire faire ce qu’il voulait. Bien entendu, ce genre de magie n’était pas des plus utiles – enfin pas moins que le sortilège Folloreille au final – mais cela pourrait servir dans les moments comme celui-ci. Au lieu de ça, Prudence et Rioghbhardan se retrouvaient là, vautrés dans un couloir sombre à subir les conséquences des aléas du climat. Qui sait, si le temps s’était montré plus clément, peut-être serait-elle en train de faire le tour du parc pour la troisième fois en ce moment ? Peut-être qu’elle aurait réussi à trouver la paix en contemplant l’étendue sombre et froide du lac, cherchant de toutes ses forces à déceler un remous causé par un Strangulot ? Peut-être – et même sûrement – qu’elle n’aurait jamais été amenée à croiser son camarade, et donc que cette discussion n’aurait jamais eu lieu. Ah, les aléas de la vie !
Le rire de Rioghbhardan résonna dans le couloir vide, couvrant pendant quelques instants le bruit incessant de la pluie et faisant naître un petit sourire d’excuse sur les lèvres de la jeune fille. Il fallait vraiment qu’elle apprenne à tourner sept fois sa baguette dans sa poche avant de prendre la parole… Sa franchise finirait certainement par lui causer des problèmes, un jour. Bien que pour le moment sa boutade semblait plutôt avoir eu l’effet inverse. Reportant son attention sur le Poufsouffle, Prue nota qu’il semblait tout aussi désemparé qu’elle à propos du mauvais temps. Était-il un amoureux du grand air et de l’aventure, tout comme la Gryffondor ? Ou bien cherchait-il plutôt à fuir quelque chose aux seins des murs du château ? Deux questions bien trop personnelles pour être posées, du moins à ce stade de la discussion. Certes Prudence était connue pour être quelqu’un qui aimait aller droit au but et saisir l’hippogriffe par le bec lorsque l’occasion se présentait, toutefois elle n’était pas du genre à fouiner dans la vie personnelle de ses camarades afin de satisfaire une curiosité malsaine. Si quelqu’un souhaitait se confier il le faisait de lui-même et surtout à son propre rythme. Elle n’irait pas chercher l’information si la situation ne s’y prêtait pas. Elle n’était certainement pas la personne la plus douce et empathique de Grande-Bretagne mais la jeune fille savait comprendre lorsque le bon moment se présentait pour demander quelque chose, ou du moins comment formuler sa question pour ne pas paraître trop intrusive. Là, en l’occurrence, les deux adolescents étaient encore au stade d’apprivoisement mutuel, utilisant l’humour afin de prendre leur marque par rapport à cette situation impromptue.
 
« C’est vrai que tu te défends bien, lança-t-elle en battant exagérément des cils à l’attention de Dan, après tout tu as réussi à monter tout en haut de cette tour, bon nombre aurait abandonné ! »
 
Bon nombre, pffff, comme si foule de garçons m’avaient déjà poursuivie pour mes charmes, qui croirait ça… pensa Prue en essayant de réprimer le léger rosissement qu’elle sentait pointer sur ses joues. Par Merlin, pourquoi fallait-il qu’elle soit aussi facilement trahie par ses émotions ? Que ce soit la joie, l’impatience, la colère ou la honte, on lisait en elle comme dans un livre ouvert. Non pas qu’elle soit gênée à l’idée de n’avoir jamais intrigué quelqu’un sur le plan sentimental mais elle n’avait pas non plus envie de passer pour une gamine qui rougissait à tout va ! Déjà qu’elle n’avait pas forcément renvoyé la meilleure image d’elle-même comme première impression à Rioghbhardan…
Ce dernier répondit brièvement à sa poignée de main en reprenant le terme qu’elle avait employé pour se décrire. Désastre en potion, c’est clair que ce qualificatif lui allait comme un gant. Surtout vu le T que Burgess risquait de lui attribuer lorsqu’elle n’aurait rien à lui rendre lors du prochain cours… Pourquoi le Choixpeau magique lui avait-il accordé de tels crétins comme condisciples chez les Gryffondor ?! Avait-il confondu « bravoure » et « bêtise », ou quelque chose dans le genre ? Prudence se posait parfois sérieusement la question.
Le souvenir douloureux de son fameux devoir se fit encore plus présent tandis qu’elle racontait le récit des mésaventures qu’il l’avaient conduite ici à Rioghbhardan. Ce dernier l’écouta sans piper mot, ce qui était fort appréciable car la brune ne savait pas si elle aurait pu lâcher tout ce qu’elle avait sur le cœur s’il l’avait interrompue. Certes se livrer se montra finalement plus facile que ce qu’elle aurait pu croire, néanmoins cela ne restait pas une partie de plaisir. Après tout, se confier c’était aussi prendre le risque de baisser sa garde et de se faire frapper encore plus fort par l’adversaire. Bien entendu, Dan n’avait rien d’un ennemi à ce moment précis, au contraire même, l’intérêt qu’il mettait à suivre tout ce que lui confiait Prudence le classait plutôt dans la case des « alliés » mais cela restait néanmoins une possibilité. Elle n’aimait pas paraître faible devant les autres, c’était un fait. Et c’était exactement son ressenti à ce moment précis : elle se sentait faible. Faible parce qu’elle n’arrivait pas à dormir, faible parce que les images de l’an dernier lui revenaient sans cesse à l’esprit, faible parce qu’elle n’avait que quinze ans face à un adulte, faible parce qu’elle avait besoin de se cacher derrière l’humour… Oui, à ce moment précis Prudence se sentait plus fragile que jamais jusqu’alors.
 
« Non » avoua-t-elle alors que Dan évoquait l’infirmier de Poudlard, pour être honnête l’idée ne lui avait même pas effleuré l’esprit « c’est vrai que c’est la chose la plus logique à faire, il a certainement déjà eu affaire à des insomnies avant moi. C’est juste… Difficile d’admettre qu’on a besoin d’aide, je pense. »
 
Si Prudence aurait aimé trouver une boutade pour ne pas paraître encore plus vulnérable c’était raté. Après tout, à quoi bon maintenant. Tant pis s’il la prenait pour une pauvre petite souris effrayée envoyée par erreur chez les lions, le mal était fait désormais. Quel dommage décidément qu’elle soit si nulle en potions, sinon elle aurait pu tenter de concocter d’elle-même un philtre de paix. Néanmoins la mixture concernait le programme des cinquièmes années à Poudlard, rendant la tâche quasi impossible pour elle qui avait déjà du mal à réussir une potion de troisième année sans créer de catastrophe.
L’image de leur professeur de botanique en proie aux effets de plantes peu recommandables par les bonnes convenances lui fit esquisser un sourire. Encore quelque chose qui ne lui serait jamais venu à l'idée d’elle-même, preuve qu’elle n’était pas si futée que ça finalement. L’école regorgeait certes de sorciers de premier cycle mais comptait également des enseignants qui étaient en quelque sorte des spécialistes dans leur domaine. Maintenant que Rioghbhardan le disait, il était clair qu’elle aurait pu commencer par leur demander de l’aide pour retrouver le sommeil. Pas besoin d’évoquer ses cauchemars, ses angoisses ni même ses reviviscences après tout, il ne s’agissait pas là d’une entrevue avec la cellule de soutien. Une fois le sommeil revenu, la brune était certaine que tout lui paraîtrait plus simple. Le traitement du syndrome de stress post-traumatique viendrait plus tard.
 
« Tu as raison, je devrais leur envoyer un hibou ou aller parler avec McDougall à la fin d’un cours, je ne dois pas être la seule élève qui ne dort pas sur ses deux oreilles depuis… elle se reprit rapidement, pas la peine d’étaler toutes ses lamentations non plus, enfin à l’approche des examens. »
 
À son tour maintenant d’écouter ce qui avait amené son camarade à fuir le reste du château afin d’errer dans les couloirs les plus lugubres à la place. Dan sembla hésiter, s’apprêtant à parler pour finalement s’interrompre aussitôt. Prue respecta son silence, attendant de voir si oui ou non il voudrait bien se livrer. Après tout, elle avait osé prendre le risque de se dévoiler, à voir s’il jugeait bon d’en faire de même, elle ne pourrait pas le forcer. Finalement le Poufsouffle finit par prendre la parole d’une voix grave et triste. Prudence l’écouta attentivement en retenant machinalement sa respiration comme lorsqu’elle allait observer les créatures magiques avec son frère et qu’elle ne voulait pas les effrayer. Comme si elle risquait d’interrompre à tout moment l’aveu de son compagnon d’infortune du jour.
 
« Je comprends ce que tu veux dire, dit-elle après quelques instants de blanc, c’est difficile de partir d’un endroit où on se sent chez soi et en sécurité. »
 
Elle ne savait rien de la vie de Rioghbhardan mais s’il ne voulait pas quitter Poudlard c’était certainement parce qu’il avait des attaches ici, des personnes sur qui compter mais qui comptaient également sur lui. Choses qui ne l’attendaient pas forcément en dehors de l’enceinte de l’école. Du moins, c’est ce qu’il devait penser.
 
« Tu sais où tu iras après ? Peut-être qu’il y a un moyen de garder ce qui est cher pour toi ici proche de toi même si tu n’es plus élève à Poudlard ? »
 
Prue se tût momentanément, réfléchissant à la façon de formuler les choses. C’était difficile de se projeter à la place de Dan et d’imaginer ce qu’elle aimerait qu’on lui dise afin de lui remonter le moral dans cette situation.
 
« Même si ta scolarité s’arrête à Poudlard, ça ne veut pas dire que tout ce que tu as construit ici s’arrête également. Il n’y a pas un avant et un après, tu ne vas pas tout perdre et recommencer à zéro. Pendant toutes tes années ici tu as probablement vécu des choses qui ont forgé la personne que tu es devenu, et ce n’est pas parce que tu vas quitter le château que tout ça va disparaître. Tout ce qui s’est passé ici et même ce que tu laisseras derrière toi va continuer de t’accompagner pour la suite et t’aider, c’est certain ! renchérit-elle en essayant de trouver les bons mots pour illustrer sa pensée, même si bien sûr c’est facile à dire. »
 
Laissant de nouveau un moment de silence, Prudence expira doucement. Elle n’avait jamais été la plus douée pour cerner ce qui tourmentait ses pairs, et encore moins pour ordonner correctement sa pensée et réussir à exprimer son ressenti. Néanmoins elle pensait avoir fait de son mieux cette fois-ci et espérait que ses paroles pourraient aider un peu Dan.

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Message(#) Sujet: Re: La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] EmptyMer 6 Juin - 15:24


la pluie tombe toujours
plus fort sur un toit percé
Prudence & Rioghbhardan

Il y a une certaine légèreté dans ce couloir, c’est bizarre. Pas désagréable, en revanche, bien au contraire. Cette fille que je n’ai jamais vraiment vue de ma vie (j’ai dû la croiser, je ne me fais pas d’illusions mais elle ne m’a pas marqué) éloigne un peu les nuages sombres de mon quotidien. Je peux souffler un instant au milieu de nulle part. Elle ne me rappelle rien. Quand mes yeux se posent sur elle, je n’ai pas à penser à ce que je vais devoir quitter. Parce qu’elle n’a aucune place et aucune emprise sur ma vie. Et à ce moment précis, il n’y a rien de plus rassurant que ça. On peut avoir une conversation idiote qui ne soit pas pleine de sous-entendus douloureux. Rien. Juste des mots stupides pour essayer de briser une glace qui fond à vue d’oeil. « C’est vrai que tu te défends bien. » Elle bat des cils avec une exagération amusante qui me fait afficher un air plus prétentieux encore. Il n’y a rien de plus faux au monde, évidemment, mais quelle importance ? Elle sait sûrement autant que moi que c’est rien d’autre qu’une plaisanterie quelconque de toute façon. « après tout tu as réussi à monter tout en haut de cette tour, bon nombre aurait abandonné ! » Je retiens un rire idiot mais l’air qui a dû se peindre sur mon visage ne trompe personne. Je ne l’ai pas fait exprès, pour être honnête. J’ai avancé un peu au hasard sans vraiment chercher à savoir où j’allais. Et, finalement, j’allais là. Un couloir déserté par l’humanité toute entière sauf elle, avec rien d’autres à faire que de partager un sol poussiéreux pour bavasser quelques minutes. Et, finalement, c’est pas si mal que ça. J’aime bien ce que le hasard a décidé de m’offrir pour la journée. « Aucune tour ne me fait peur quand il y a une jolie fille qui attend en haut. » Le compliment n’est pas complètement faux. Elle est mignonne. Pour une gamine. Probablement que si elle avait été dans ma classe quelques années plus tôt, je me serais fait un devoir de lui faire comprendre qu’elle était tout à fait à mon goût, avec toute la lourdeur indifférente qui me caractérisait alors. Bon, niveau lourdeur, je pense pas avoir beaucoup perdu, mais je fais ce que je peux pour l’entretenir ! Il faut dire que le jeu s’est essoufflé de lui-même. Il faut croire que j’ai finalement bien mieux à faire que de dragouiller toutes les filles qui passent dans les couloirs. Et il faut bien admettre que ça ne me manque pas vraiment. Je ne sais pas ce qu’il en sera l’an prochain, je ne peux rien promettre, rien prédire, évidemment, mais depuis deux ans, je vis correctement ce changement de passes-temps.

Avec une lenteur affolante, on s’éloigne des sentiers battus, des sujets innocents. Finis les rires et les plaisanteries rassurantes. Si on est restés ici, tous les deux, au lieu d’avoir rejoint nos amis ou au moins nos maisons, ça n’est pas pour rien. Il y a quelque chose qui cloche. Et si je n’ai aucun mal à entrevoir mon problème, j’ignore encore le sien. Dans le fond, je m’en fiche un peu, je ne suis pas du genre à harceler les gens pour qu’ils se confient. Si jamais elle ne veut rien dire, je ne la forcerai à rien. On reprendra notre conversation comme si rien ne s’était passé. Cependant, elle ne met pas longtemps avant de prendre le chemin des confidence. Des nuits foireuses et des problèmes de devoirs à rendre. Ça va, ça pourrait être pire. Il n’y a rien qui n’est pas potentiellement arrangeable. Si elle se débrouille bien et va frapper à une porte professorale, il y a de fortes chances que tout rentre dans l’ordre dans les jours à venir. « Non. » Je fronce légèrement les sourcils en l’entendant mais ne dis rien pour autant. Comment ça « non » ? C’est pourtant le premier endroit où il faudrait se rendre en cas de pépin, non ? Oh, je sais bien que Lennox n’est pas la personne qui donne le plus envie de passer entre ses mains (j’ai toujours peur d’y laisser un os ou deux) mais je n’ai jamais eu à me plaindre de son travail. Tout a toujours été fait en un temps record et le plus parfaitement possible. Que ce soit après les coups de fouet ou la lettre de Vayne l’an dernier ou celle de Rosenberg et les cognards cette année… S’il est un peu flippant, je comprends pourquoi ils l’ont engagé lui. « C’est vrai que c’est la chose la plus logique à faire, il a certainement déjà eu affaire à des insomnies avant moi. » Je me contente de hocher la tête. Je me souviens avoir foutu la main sur un somnifère l’an dernier, au moment de ce rituel foireux… Mais j’ai du mal à me souvenir où je l’avais trouvé. Est-ce que, ça aussi, je l’avais récupéré dans la réserve de Burgess avant qu’elle me surprenne ou bien est-ce que c’est elle qui me l’avait donné en voyant le bordel que c’était dans ma vie à ce moment-là ? C’est flou… J’ai tendance à croire que je suis pas assez con pour prendre plus que ce dont j’ai réellement besoin dans un endroit interdit… Enfin, toujours est-il que Milo avait parfaitement bien dormi, ce soir-là, alors peut-être qu’elle pourrait rajouter la prof de Potions à la liste des potentielles aides. Même si elle n’a pas l’air de la porter dans son coeur. Personne ne porte Burgess dans son coeur de toute façon ! « C’est juste… Difficile d’admettre qu’on a besoin d’aide, je pense. » Je ne peux que l’approuver, évidemment. C’est pas le genre de choses que je fais très souvent, ça… Il n’y a qu’à voir la fin de l’année dernière et le début de celle-ci. J’arrêtais pas de me répéter que ça passerait tout seul, que j’étais assez grand pour faire face à mes problèmes sans avoir à chouiner sur le divan de quelqu’un… Je ne sais pas si c’est vrai. Seulement que ça a fini par passer un peu. C’est pas rare que les hurlements de la gamine me réveille en sursaut ou que mon seul reflet dans le miroir de la salle de bain me file la nausée. J’ai juste appris à faire avec, en réalité. J’y pense moins. Je pense pas que ça disparaitra un jour, de toute façon, et l’aide de tous les psys du monde n’y changeraient rien. Mais j’imagine que ça aurait été plus vite si j’avais pas été aussi buté, que j’arriverai mieux à gérer tout ça. Que la culpabilité commencerait à disparaître un peu. Ce serait bien… Ce serait vraiment bien… « Tu viens de le faire, pourtant. » Mon ton n’a rien de moqueur, bien au contraire, il se veut plus encourageant qu’autre chose. C’est sûrement plus facile de se confier à quelqu’un qu’on ne connait pas, qui s’en fout de nous et qui n’ira pas répéter quoi que ce soit mais tant pis, j’imagine qu’elle pourrait le refaire avec quelqu’un d’autre. « Tu as raison, je devrais leur envoyer un hibou ou aller parler avec McDougall à la fin d’un cours, je ne dois pas être la seule élève qui ne dort pas sur ses deux oreilles depuis… » Malgré moi, mon coeur se serre. La phrase en suspens qui fait écho à trop de souvenirs pour me laisser indifférent. Je ne sais pourtant pas exactement à quoi elle fait référence… Elle n’a rien dit. Ça fait un an. Plus d’un an même… Peut-être qu’il s’agit seulement de problèmes d’adolescente, comme une rupture ou des embrouilles avec sa meilleure amie. Mais je n’y crois qu’à moitié. « Enfin à l’approche des examens. » À l’approche des examens… Oui… Évidemment… Quoi d’autre ? « Y’a a sûrement beaucoup plus qu’on le croit, c’est clair… Mais, en tout cas, tu devrais pas laisser traîner. Je suis sûr qu’ils t’arrangeraient ça en un rien de temps et que, dès ce soir, tu dormirais comme un bébé ! » Pour son devoir, en revanche, pas de solutions miracles, il va falloir qu’elle s’y remette…

Puis, forcément, la question m’est retournée. Qu’est-ce que je fais là…? Qu’est-ce que je fuis…? Tout. Difficile de l’expliquer. Les souvenirs, l’avenir qui m’attend, les gens, ceux que je retrouverais après… Tout. Absolument tout. Rien ne me va. Je n’ai pas envie de partir d’ici mais pas non plus de renoncer à ce qui se dessine ailleurs. J’ai pas envie d’abandonner mes amis ici mais j’ai hâte de revoir ma famille, dans le fond. J’aimerais tout avoir. Que Poudlard soit un externat, qu’il y ait moyen de tous les voir chaque soir, chaque week-end… Ce serait bien, non ? J’irais en cours le plus normalement du monde avant d’aller chercher mon copain à la sortie des siens et on passerait une heure ou deux à refaire le monde avant de rentrer chacun chez nous le plus normalement du monde et de recommencer le lendemain. Ça aurait été bien. Ça aurait été mieux. Mais non… Je finis par me lancer. C’est affreusement maladroit. J’ai du mal à m’expliquer sans savoir l’impression de passer pour un con. « Je comprends ce que tu veux dire, c’est difficile de partir d’un endroit où on se sent chez soi et en sécurité. » Je hoche la tête une nouvelle fois. C’est bizarre de se sentir en sécurité à Poudlard. On a failli mourir plus d’une fois… Je ne connais pas d’endroits au monde où j’ai failli y rester aussi souvent et, pourtant, je n’ai qu’à rejoindre mon dortoir pour oublier que ma vie est en danger. Ces quelques mètres carrés qui ont fini par nous appartenir totalement me renvoient sans mal l’image d’un vrai foyer. Je ne connais nulle place qui me semble être plus la mienne que là. Même à Lucan, alors que c’est censé être chez moi depuis douze ans, c’est moins évident. Je sais pertinemment que c’est pas tant le lieu qui me fait dire que c’est ma maison, c’est sa présence. On pourrait être dans une cabane pourrie au fond des bois que ce serait chez moi pareil pour un peu qu’il soit là. Et c’est ça que j’ai pas envie de perdre en partant. L’impression d’appartenir à un endroit, à quelqu’un. De savoir qu’il y a une place pour moi quelque part dans le monde… Et si, avec le temps, ça finissait par ne plus être aussi évident ? C’est un risque à prendre, je le sais bien, mais plus les jours passent et moins je m’en sens capable. « Tu sais où tu iras après ? Peut-être qu’il y a un moyen de garder ce qui est cher pour toi ici proche de toi même si tu n’es plus élève à Poudlard ? » La question ne s’est jamais posée. Là d’où je viens. Là où le peu de vie que j’ai hors de ces murs m’attend. Qu’importe si je vais à l’Université à Londres, je m’en fiche, je transplanerai tous les matins s’il le faut… « Chez mes parents…? » Maintenant que je le dis, je ne suis plus certain que ça soit le sens de sa question. Tant pis. « J’ai toujours eu un peu de mal à trouver ma place dans ma famille. On est huit enfants, on vit pas dans un palace, alors c’est parfois un peu le bordel… Et puis on nous voit un peu comme un tout, tu vois le genre ? C’est « les enfants », « les garçons », tout le temps… Là, j’ai ma vie à moi et une place bien définie. Pas besoin de batailler pour la trouver. Je suis pas certain de pouvoir garder ça en dehors. » Enfin, si, en partant. Mais je suis pas certain de pouvoir vivre tout seul pour l’instant. Je suis pas convaincu de pouvoir m’assumer comme un grand… Pour le reste, je me fais pas trop d’illusions, je sais qu’il y a moyen de garder contacts avec mes proches et tout… Même si ce sera différent et plus difficile. « Même si ta scolarité s’arrête à Poudlard, ça ne veut pas dire que tout ce que tu as construit ici s’arrête également. Il n’y a pas un avant et un après, tu ne vas pas tout perdre et recommencer à zéro. Pendant toutes tes années ici tu as probablement vécu des choses qui ont forgé la personne que tu es devenu, et ce n’est pas parce que tu vas quitter le château que tout ça va disparaître. Tout ce qui s’est passé ici et même ce que tu laisseras derrière toi va continuer de t’accompagner pour la suite et t’aider, c’est certain ! » Je ne vois pas vraiment les choses de cette façon là mais apprécie néanmoins sa tentative. Il y a eu un avant et un après pour mon entrée à Poudlard. Il était question de tout reprendre à zéro, parce que je connaissais rien ni personne ; et je pense sincèrement qu’il y aura un avant et un après pour ma sortie, parce qu’il va falloir tout reprendre là où je l’ai laissé y’a huit ans. Me refaire des amis, me réhabituer à une vie sans magie ou presque, me refaire une place dans une famille qui vient correctement sans moi. Alors forcément ce sera moins tranché mais la rupture est là. Je ne prétends pas que « tout » disparaîtra mais une grande partie de ce qui constituait mon existence ici ne sera plus que des souvenirs. Les lieux, les cours, les gens… C’est tout mon quotidien qui va encore une fois voler en éclats. « Même si bien sûr c’est facile à dire. » Un rire aussi amusé qu’attristé m’échappe discrètement alors que je hoche la tête. C’est clair que c’est plus facile à dire qu’à faire ! « Tu as déjà pensé à ce que tu voudrais faire en sortant de là, toi ? » J’ai bien conscience qu’elle a le temps de voir mais, tout ce que je veux, c’est virer le sujet loin de moi et de ce à quoi il me renvoie, alors je pense que toute tentative est bonne à prendre. Même la plus lamentable d’entre elles…
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Message(#) Sujet: Re: La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] EmptyMar 12 Juin - 23:46


La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé

Alors que l’orage et la noirceur semblaient gagner en puissance sur Poudlard, l’ambiance devenait, au contraire, plus cordiale et agréable dans ce fameux couloir au sommet d’une des nombreuses tours du château. Encore plus paradoxalement, c’était lorsque Prudence s’attendait le moins à trouver une présence rassurante que cette dernière pointait le bout de son nez. Pourquoi fallait-il que la vie soit toujours si ironique, si aigre-douce ? Peut-être que si la jeune Gryffondor avait été amenée à rencontrer Rioghbhardan dans d’autres circonstances, tout ce semblant d’intimité, cette espèce de bulle hors du temps qui semblait s’être créée entre eux n’aurait jamais eu lieu. Peut-être même qu’ils auraient continué leur chemin respectif comme ils l’avaient si bien fait jusqu’alors sans se poser plus de questions que celles qui les torturaient déjà.  
En entendant ses boutades, le Poufsouffle parut amusé et les traits de son visage se détendirent un peu plus avant qu’il ne renchérisse sur le même ton goguenard et faussement concupiscent dont il avait déjà usé plus tôt. Au fur et à mesure que leur mascarade se poursuivait, l’atmosphère semblait s’être réchauffée même si le couloir était tout aussi froid et lugubre qu’avant l’arrivée de Rioghbhardan. Parfois deux âmes en peine valaient mieux qu’une. Comme quoi le hasard avait bien fait de le mener en haut de cette tour, même si la présence de Prudence n’y était strictement pour rien au bout du compte !
 
« C’est bon à savoir, dit-elle d’une voix énamourée qui sonnait faux, Poudlard manque d’hommes courageux et virils comme toi ! »
 
La brune lui adressa un petit sourire en coin qui fit plisser ses yeux bleus. Bien qu’elle n’ait pas encore l’œil aguerri en matière de garçons, Prudence ne pouvait nier que le Poufsouffle était plutôt un bel homme avec ses cheveux bruns, sa mâchoire carrée et son petit regard rieur. Le fait qu’il soit plus âgé faisait émaner de lui quelque chose de différent de ses camarades de classe habituels, une sorte de sagesse peut-être ? Ou bien était-ce la maturité, l’expérience de vie ? Prue n’aurait su le dire, néanmoins ce petit quelque chose rendait Rioghbhardan bien différent des personnes avec qui elle avait l’habitude de discuter en ce moment.
Tandis que la conversation prenait un tournant plus sérieux, Prudence sentit ses vieux démons revenir à la charge alors qu’elle s’entendait répondre à Dan. Son cœur se mit à battre brutalement, elle senti ses mains devenir moites et humides alors que sa respiration s’accélérait également tandis que des flashs de l’an passé lui revenaient en tête. À chaque fois c’était la même chose ; elle croyait être plus forte que ses souvenirs, plus forte que sa honte mais elle se trompait. Son esprit finissait toujours par l’emporter sur son corps, la laissant épuisée, à bout, tremblante et le regard hanté par les fantômes du passé. Lors de ces moments de flottement, la jeune fille aurait préféré recevoir un mauvais sort plutôt que de revivre tout ça, comme si la douleur était la solution la plus simple pour apaiser ses maux. L’aider à se sentir punie pour tout ce qui s’était passé et qu’elle n’avait pas pu empêcher, faire ressortir toutes ces émotions à l’aide de la souffrance. Bien entendu, ce n’était pas le genre de chose que l’on confiait à ses amis ; Lena se remettait encore difficilement de son année aux cachots, réussissant péniblement à donner l’illusion qu’elle allait de l’avant, et Bonnie n’était pas du genre à parler de Blackman. Inutile de mettre ses camarades mal à l’aise à cause de son propre ressenti, surtout lorsque ces dernières avaient probablement bien plus souffert qu’elle de tout ce qui s’était passé. Le problème était là, aussi ; tout comme elle l’avait dit à Rioghbhardan, il était difficile pour tout le monde d’appeler à l’aide lorsque l’on se sentait dépassé et impuissant face à la tournure que prenaient les événement. Néanmoins, c’était encore plus dur de le faire lorsqu’on avait l’impression que toutes nos émotions et nos problèmes n’étaient pas légitimes vis-à-vis de ceux des autres. Non pas que Prudence ait envie de passer pour la martyr qui peinait à porter toute la misère du monde sur ses épaules ; elle avait juste bien trop honte de se montrer aussi faible alors qu’elle n’avait en rien souffert directement de la dictature qui avait pris place au château au cours de l’année dernière.
La réponse de Dan la frappa de plein fouet et elle soutint un moment son regard, hébétée. En effet, inconsciemment elle s’était ouverte à lui bien plus qu’avec quiconque depuis le début de ses petits soucis et il l’avait juste écouté attentivement, cherchant le moyen le plus simple et le plus efficace de lui venir en aide. En soi il ne lui devait rien, et pourtant il s’était montré, sans le savoir, d’un soutien non négligeable à ce moment précis. Parler était la première étape dans l’acceptation d’une situation difficile à gérer et il avait fallu que l’oreille attentive dont elle avait eu tant besoin prenne la forme d’un élève de septième année un brin torturé qui avait décidé tout comme elle d’errer dans les couloirs et de lui offrir ses friandises. Aussi simple que ça.
 
« Tu as raison, il faut que je règle ce problème avant qu’il ne prenne trop d’ampleur, concéda-t-elle en parlant à la fois de ses insomnies mais aussi de son état de stress permanent, je ne peux pas laisser ma vie être gâchée par tout ça. Je ne peux pas me laisser être atteinte par ce genre de choses. »
 
Ce serait donner raison à Blackman et à tous ceux qui pensaient comme lui, pensa-t-elle durement. Peut-être que Dan la prendrait pour une folle à prendre ses problèmes de sommeil avec tant d’amertume mais ce n’était pas vraiment important. Au pire il n’avait pas été dupe et avait bien compris qu’elle souffrait depuis le passage de Blackman au château et il la prendrait pour une fragile égoïste, au mieux il penserait simplement qu’elle accordait bien trop d’importance à la qualité de son sommeil et la laisserait au bon soin de Lennox – tout en lui envoyant un hibou express pour lui suggérer une évaluation psychiatrique au passage ! – Prue retint un petit rire jaune ; inutile de passer pour encore plus folle qu’elle n’était.
 
« Dès que j’ai cinq minutes je passerai voir Lennox, reprit-elle en se tournant vers Rioghbhardan, ce serait bête de me planter lors des examens parce que je me serais endormie sur ma copie, pas sûre qu’ils acceptent la bave et les ronflements de Gryffondor comme réponse ici. »
 
En venir de nouveau à l’humour lui permettait de se sentir légèrement moins vulnérable et moins mise à nue devant le Poufsouffle au beau milieu de ce couloir sombre et froid. Étrangement, vider un peu son sac lui avait donné la sensation de poser son fardeau pendant quelques instants, comme si chaque nouvelle inspiration était plus facile à prendre, moins douloureuse. Toutefois le revers de la médaille était cette horrible sensation d’impuissance et de fragilité qui lui tiraillait le ventre tout en faisant écho avec la honte qu’elle ressentait en permanence depuis la rentrée. Cette crainte constante d’être jugée aussi durement qu’elle ne l’était déjà par elle-même la hantait en permanence et l’empêcha de soutenir le regard de son interlocuteur, la faisant paraître encore plus à la dérive.
La conversation s’enchaîna ensuite sur les soucis qui avaient conduits Rioghbhardan à se retrouver là en cette horrible journée de printemps et, tout comme le jeune homme un peu plus tôt, Prudence écouta attentivement chaque réponse qu’il voulu bien lui donner. Ses réponses étaient hésitantes et sa silhouette se crispa alors qu’il se laissait aller et vida à son tour son sac. Tout en tendant l’oreille, Prue hocha doucement la tête en écoutant Dan lui raconter comment était sa vie en dehors de Poudlard. En effet, se retrouver seul et capable de se construire lorsque l’on venait d’une sorte d’unité où il était difficile de s’individualiser pouvait être clairement salvateur, surtout à l’adolescence. Et en même temps savoir que quoiqu’il se passe on retrouvera toujours un foyer où la vie continue d’avancer était aussi un élément rassurant, encore plus lorsque l’on voyait à quel point tout pouvait basculer du jour au lendemain, combien la vie que tous menait ici pouvait changer du tout au tout en un coup de baguette. En réfléchissant bien, Prue pouvait imaginer à quel point l’idée de perdre cette nouvelle identité pouvait faire peur au brun, surtout s’il était parvenu à trouver un équilibre convenable au sein du château.
 
« Je vois le truc oui, dit-elle en fronçant le nez, difficile de se sentir exister en tant qu’individu… Même si c’est rassurant de faire partie de quelque chose, de savoir où on finira toujours par pouvoir atterrir, en contrepartie ça rend notre propre vision de nous-même complètement imprécise. »
 
Difficile en effet d’établir sa place au sein d’une famille aussi grande tout en réussissant à garder une place d’individualité propre. Prudence pouvait comprendre ce qui tourmentait son camarade ; avoir le sentiment presque euphorisant d’enfin exister, d’enfin comprendre qui on était et pourquoi on vivait pendant plusieurs années pour finalement se heurter à la réalité et devoir quitter le cocon rassurant qu’était Poudlard afin de repartir au milieu du chaos et de l’inconnu, là où l’on était qu’une ombre imprécise.
 
« C’est vrai que c’est difficile après avoir bâti sa vie ici de s’imaginer devoir continuer autrement une fois dehors, avoua-t-elle en triturant un pan de sa robe de sorcier, on vit aux côtés de gens qui finissent par s’apparenter à une famille, on évolue en même temps qu’eux, on découvre la vie, on se bat contre ce qu’on considère injuste, malheureusement pour nous parfois au sens propre, et du jour au lendemain on nous annonce que cette routine est terminée et qu’il faut aller de l’avant, tout laisser avancer sans nous… Mais au final c’est pas vraiment vrai ; certes Poudlard continuera d’accueillir des sorciers à former, et son lot de désastres, ça c’est certain. Mais les gens qui t’ont épaulé ici, qui t’ont aidé à trouver ta place auront toujours autant besoin de toi que toi d’eux pour avancer. Et ce sentiment d’appartenir à quelque chose que tu as créé ici, avec eux, perdurera aussi, c’est juste que le décor, si on peut dire, sera différent. Même s’il faudra recommencer en partie ailleurs, et que ce sera dur, ce que tu as trouvé ici, tu le garderas avec toi pour toujours. »
 
Prudence haussa les épaules, réalisant que sa tirade pouvait paraître un peu naïve et niaise, néanmoins c’était ce qu’elle pensait réellement, quitte à se répéter. Elle était certaine qu’aussi importants qu’étaient les gens que Rioghbhardan ne voulaient pas quitter, il devait l’être tout autant à leurs yeux.
Le rire triste et la question de Dan lui firent froncer brièvement les sourcils. Ce qu’elle voulait faire après Poudlard ?
 
« J’ai toujours voulu être magico-zoologiste, commença-t-elle avec un petit sourire nostalgique, ma mère était reporter pour les bestiaires et les manuels avant d’être blessée et de devoir arrêter après la Seconde Guerre des Sorciers, et mon frère travaille dans une réserve en ce moment. J’ai un bon contact avec les créatures magiques, et je m’étais jamais vraiment posée la question. »
 
La brune se stoppa quelques secondes, le sourire figé sur les lèvres. Elle avait été honnête avec Dan depuis le début de leur conversation, ce n’était pas le moment de changer ça.
 
« Mais depuis Blackman, j’ai réfléchi. Je ne veux plus laisser ce genre de choses arriver. Me sentir impuissante, inutile, assister à de telles horreurs, c’est pas possible. J’ai toujours été un brin naïve, tu sais, à imaginer que le bien triomphait et qu’à grands renforts de paroles on arrivait à raisonner le plus intolérant des sorciers. Bah j’avais tort et ça m’a frappée de plein fouet. Savoir que pour autant de personnes, le statut du sang est une raison valable pour envoyer des enfants aux cachots, les torturer et les priver de magie, dit-elle en frissonnant et en réprimant un haut-le-cœur, ça m’a retournée. J’aimerais ne plus jamais avoir à me sentir impuissante face à ce genre de choses, alors j’ai pensé… Pourquoi pas Auror, ou quelque chose du genre. »
 
De nouveau, Prudence haussa les épaules, les joues un peu rosies de s’être tant mise à nue. Elle savait qu’aux yeux de son interlocuteur, elle pouvait aisément passer pour une enfant ayant la tête pleine de rêves et d’idéaux, mais au bout du compte est-ce que cela importait réellement ?

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Message(#) Sujet: Re: La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] EmptySam 7 Juil - 22:09


la pluie tombe toujours
plus fort sur un toit percé
Prudence & Rioghbhardan

C’est un peu étrange de me dire que l’un des derniers souvenirs marquants de ma scolarité sera celui-ci : une discussion poussiéreuse avec une élève inconnue. Il se passe toujours des choses bizarres à Poudlard, c’est jamais vraiment comme on l’attend. Il aurait pu se passer tout un tas de choses sur ce chemin, j’aurais pu rencontrer un professeur qui m’aurait bassiné avec la nécessité de réviser mes ASPICs ou faire un bout de chemin avec Tracy en taisant soigneusement ce qui ne va pas… J’aurais pu plein de choses mais c’est m’asseoir à même le sol avec une Gryffondor esseulée qui a été choisi dans le lot. Très bien. Je n’ai pas grand chose à reprocher à cette idée. La compagnie est agréable, du moins pour l’instant. On plaisante comme deux idiots, on cherche à faire connaissance sans trop se dévoiler pour autant. Mais elle me fait oublier le temps triste et pesant et je crois que j’en attendais pas tant. « C’est bon à savoir. Poudlard manque d’hommes courageux et virils comme toi ! » Sa voix de gamine amoureuse et son regard amusé achèvent de me détendre totalement et je me laisse aller contre le mur de pierre. « Je passe ma vie à le dire mais personne semble vouloir le croire ! » En réalité, je doute clairement qu’on puisse envier mon courage. Je fuis le danger comme la peste et suis bien plus lâche que je ne l’ai jamais supposé. Mais c’est comme tout, on s’y fait… Enfin… Moi je m’y fais. Les autres, j’en sais rien… Est-ce que la petite Joanne voit les choses de la même manière, elle ? Probablement pas. Si ça n’aurait rien changé pour sa séquestration, ça lui aurait au moins évité la torture… Je balaye maladroitement les souvenirs et la culpabilité. C’est pas le moment. C’est trop tard. Je sais bien que m’en vouloir encore et toujours n’arrangera rien mais c’est plus fort que moi. J’aurais aimé que les choses soient différentes. Mais d’un autre côté, je crois que si elles l’avaient été, jamais ma vie n’aurait pris le tour qu’elle a emprunté. C’est l’isolement et mes conneries qui lui ont donné tous les trucs incroyables qui ont suivi. La présence Milo, l’amitié de Tracy, la confiance de Daniela… Si je m’étais contenté d’être un brave soldat prêt à tomber pour défendre son école, je n’aurais jamais rien connu de tout cela et j’en ai malheureusement trop conscience pour le regretter pleinement. Alors je m’en veux de l’avoir fait et m’en veux d’en apprécier pleinement les conséquences. On dit souvent qu’on récolte ce que l’on sème mais il faut croire que les graines que j’ai plantées n’étaient finalement pas celles annoncées sur le paquet…

Finalement, elle en vient à se confier. Je l’écoute sans broncher, comprenant que trop bien ce qu’elle me raconte. Les nuits sans sommeil, les craintes, les cauchemars… La peur de s’endormir mais également de se réveiller, ne pas avoir envie de supporter les horreurs qui se tiennent derrière ses paupières closes mais pas non plus celle d’affronter une énième journée… Oui, je la comprends… Et c’est un peu gênant de me rendre compte que pour elle aussi, si j’en crois le silence qui ponctue ses phrases comme l’aveu d’un traumatisme trop grand pour le nommer, tout ça a continué après notre libération. Ça a été tellement pire après… Avant, c’était l’instinct de survie, l’utilité que Milo m’avait donné sans même le savoir. Je pouvais pas me laisser aller à aller mal, il en allait de nous deux. Et puis après… Après c’était que moi, c’était moins important et tout m’est retombé dessus brutalement. Mais ça n’est pas tellement le sujet. Elle prétend avoir du mal à demander de l’aide et je ne peux que lui faire remarquer qu’elle l’a fait facilement avec moi. Elle se fige une seconde et me fixe sans ciller. Je lui offre un sourire que j’espère rassurant. Qu’elle voie le bon côté : elle est capable d’aller frapper à une porte qui peut faire quelque chose pour elle. Oh, s’il n’y a que ça pour lui faire plaisir, je veux bien aller voir Lennox pour lui expliquer le problème et essayer de lui dégoter un somnifère mais j’imagine que ça va au-delà de la simple insomnie… À tort peut-être ? « Tu as raison, il faut que je règle ce problème avant qu’il ne prenne trop d’ampleur. je ne peux pas laisser ma vie être gâchée par tout ça. Je ne peux pas me laisser être atteinte par ce genre de choses. » Je me contente de hocher la tête alors qu’elle reprend. « Dès que j’ai cinq minutes je passerai voir Lennox, ce serait bête de me planter lors des examens parce que je me serais endormie sur ma copie, pas sûre qu’ils acceptent la bave et les ronflements de Gryffondor comme réponse ici. » Sa plaisanterie me fait sourire. Elle a raison, d’autant plus qu’ils ne font pas de cadeaux, même en dehors de BUSEs et des ASPICs, je suis bien placé pour le savoir ! Je me souviendrai sûrement toute ma vie de cette lettre affreuse qui m’annonçait que j’étais trop nul pour passer en cinquième année et qu’il m’était vivement conseillé de redoubler la quatrième. Comme si j’avais eu le choix ! « Alors comme ça, en plus d’être une catastrophe en potion, tu joues les escargots bruyants quand tu dors ? C’est vendeur comme portrait ! » Je marche volontiers dans son jeu pour rendre à notre conversation la légèreté qu’elle avait. Si elle n’a pas envie de continuer à s’épancher, je ne l’y forcerai pas. Elle recommencera si le coeur lui en dit, j’imagine qu’elle a compris, à présent, que j’étais prêt à jouer les oreilles attentives. J’ai toujours été doué pour écouter, pour recueillir les confidences des pauvres filles qui passaient quelques heures en ma compagnie. Alors si mon expérience peut servir une noble cause, j’en suis ravi.

Manque de chance, arrêter de parler d’elle implique commencer à parler de moi. Je ne suis pas certain d’en avoir envie. Je ne suis pas du genre à m’ouvrir à la première personne qui passe. J’apprends la confiance tant bien que mal et autant dire que je ne suis pas encore très doué. Tracy connait tout de mes tracas actuels mais ne sait finalement rien de ma vie alors que Milo sait tout de ma vie mais rien de ce que je peux réellement vivre en ce moment. Les autres, ils ne savent juste rien. Rien sur rien. Et ça me va. Mais d’un autre côté… Elle s’en fout, de moi, cette fille. Elle n’a aucun avis sur mon existence ni aucun intérêt à me ménager. Et puis, j’ai envie d’être honnête, rien qu’une seconde, d’avouer clairement que je n’ai pas très envie de rentrer. Arrêter de faire semblant d’être enthousiaste pour la suite alors que j’aimerais qu’elle n’arrive jamais. « Je vois le truc oui, difficile de se sentir exister en tant qu’individu… Même si c’est rassurant de faire partie de quelque chose, de savoir où on finira toujours par pouvoir atterrir, en contrepartie ça rend notre propre vision de nous-même complètement imprécise. » J’ai l’impression d’être en pleine thérapie et je ne suis finalement pas certain d’apprécier beaucoup ça. J’ai donné, avec les psys, après la mort de mon père. J’ai pas spécialement envie de recommencer. C’est pas pour rien que je vais pas voir Avril et compagnie. Savoir qu’elle est de retour pour ça me met mal à l’aise. Je l’ai clairement évité ces derniers mois alors qu’avant, elle faisait partie des personnes que j’appréciais le plus à Poudlard. Je regarde les doigts de la Gryffondor torturer le tissus de sa robe. La discussion me dérange mais je ne l’empêche pas de reprendre pour autant. « C’est vrai que c’est difficile après avoir bâti sa vie ici de s’imaginer devoir continuer autrement une fois dehors, on vit aux côtés de gens qui finissent par s’apparenter à une famille, on évolue en même temps qu’eux, on découvre la vie, on se bat contre ce qu’on considère injuste, malheureusement pour nous parfois au sens propre, et du jour au lendemain on nous annonce que cette routine est terminée et qu’il faut aller de l’avant, tout laisser avancer sans nous… Mais au final c’est pas vraiment vrai ; certes Poudlard continuera d’accueillir des sorciers à former, et son lot de désastres, ça c’est certain. Mais les gens qui t’ont épaulé ici, qui t’ont aidé à trouver ta place auront toujours autant besoin de toi que toi d’eux pour avancer. Et ce sentiment d’appartenir à quelque chose que tu as créé ici, avec eux, perdurera aussi, c’est juste que le décor, si on peut dire, sera différent. Même s’il faudra recommencer en partie ailleurs, et que ce sera dur, ce que tu as trouvé ici, tu le garderas avec toi pour toujours. » C’est beaucoup trop profond pour moi. Et je crois qu’il y a trop d’images pour me parler vraiment. Et, bêtement, ça me donne presque l’impression que mes problèmes m’échappent. Pas dans le sens où je m’en sens libéré mais un peu comme après la torture de la gamine, quand tout le monde débattait sur ma vie sans se soucier une seule seconde de ce que je pouvais bien en penser. « Ouais… T’as probablement raison… » Mais je me suis déjà refermé et attrape machinalement une dragée surprise dans le paquet.

Je tente le tout pour le tout et reprends la conversation comme si de rien n’était, l’interrogeant sur elle plutôt que de la laisser disserter sur moi. Je ne suis pas convaincu de ce que ça peut donner mais j’ai pas vraiment de plan B. Et je ne me vois pas me lever et partir, là, comme ça, sans un mot de plus. Je n’ai pas vraiment envie de la renvoyer à sa solitude, pas alors qu’elle est parvenue à s’ouvrir un peu, elle qui prétend avoir tant de mal. « J’ai toujours voulu être magico-zoologiste, ma mère était reporter pour les bestiaires et les manuels avant d’être blessée et de devoir arrêter après la Seconde Guerre des Sorciers, et mon frère travaille dans une réserve en ce moment. J’ai un bon contact avec les créatures magiques, et je m’étais jamais vraiment posée la question. » J’envie un peu les gens qui ont toujours eu une idée de leur voie. Qu’importe s’ils ne sont pas arrivés au bout, juste le fait qu’ils aient su, à un moment donné, ce qu’ils pourraient éventuellement faire me suffit. Parce que ça n’a jamais été mon cas. Je voyais seulement mon avenir comme la continuité des mauvais choix de mon adolescence, aucun vrai job, juste une suite de transactions honteuses et dégradantes. Mais, si j’en crois le passé de sa dernière phrase, elle a fini par envisager autre chose. « Mais depuis Blackman, j’ai réfléchi. » Un imperceptible frisson me court dans le dos aux souvenirs que son nom réveille. « Je ne veux plus laisser ce genre de choses arriver. Me sentir impuissante, inutile, assister à de telles horreurs, c’est pas possible. J’ai toujours été un brin naïve, tu sais, à imaginer que le bien triomphait et qu’à grands renforts de paroles on arrivait à raisonner le plus intolérant des sorciers. Bah j’avais tort et ça m’a frappée de plein fouet. Savoir que pour autant de personnes, le statut du sang est une raison valable pour envoyer des enfants aux cachots, les torturer et les priver de magie, ça m’a retournée. » Ça a retourné tout le monde, je crois… Une grande partie de l’école en tout cas. Parler ne sert pas à grand chose, quelque soit le niveau. Les préjugés ont la vie dure, je ne suis pas convaincu que lutter contre soit d’une quelconque utilité. Il y aura toujours quelqu’un pour les faire renaître de leurs cendres. « J’aimerais ne plus jamais avoir à me sentir impuissante face à ce genre de choses, alors j’ai pensé… Pourquoi pas Auror, ou quelque chose du genre. » C’est une vocation qu’on retrouve souvent, je crois. L’un des jobs qui font rêver les sorciers comme un moldu voudrait être avocat. C’est pas forcément un mal. On sait mieux que quiconque qu’on en a besoin. « Poudlard manque d’élèves courageux et engagés comme toi. » Ce n’est rien d’autre qu’un rappel à sa plaisanterie de tout à l’heure, quand bien même cela n’a plus grand chose d’une blague à présent. « J’espère sincèrement que tu y arriveras. »
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Message(#) Sujet: Re: La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] EmptyJeu 19 Juil - 16:10


La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé

Un éclair illumina momentanément le couloir tandis qu’un coup de tonnerre lointain se faisait entendre quelques secondes plus tard. Bien que la pluie soit toujours aussi importante, l’orage semblait s’éloigner petit à petit de Poudlard et se diriger à l’exacte opposée de Pré-au-Lard. De son côté le vent soufflait toujours sur le château, raisonnant dans les couloirs de pierres telle une plainte sourde et rauque qui hérissait l’échine de Prudence. Cette soirée lui permettait de constater qu’elle était définitivement de ceux qui aimaient le soleil et les températures estivales et préféraient rester bien à l’abri des murs de Poudlard en cas de tempête. Au moins la compagnie impromptue de Rioghbhardan semblait apporter un peu de chaleur et de lumière dans ce couloir désert et froid. La voix du jeune homme couvrait le cri du vent et Prue ne put s’empêcher de s’esclaffer doucement en entendant son ton faussement plaintif.
   
 
« C’est que tu ne le dis pas aux bonnes personnes, continua-t-elle en prenant un air sérieux, j’ai tout de suite vu le potentiel ! »
 
Leurs multiples tirades sonnaient toujours aussi faux néanmoins l’ambiance au sein du couloir semblait s’être considérablement allégée alors que les deux élèves se détendaient. Bien entendu Prudence n’avait aucune idée du genre de garçon que pouvait bien être Rioghbhardan dans la vie de tous les jours, toutefois rien ne l’empêchait de rebondir sur ses plaisanteries. Après tout, ils ne se devaient rien et leurs badineries n’avaient aucun but précis si ce n’est détendre l’atmosphère, ce qui semblait décidément bien fonctionner.
Tandis que la voix de Prudence raisonnait dans le long couloir désert, la jeune fille sentit la rancœur qu’elle éprouvait envers elle-même depuis de nombreux mois devenir moins pesante au fur et à mesure qu’elle se confiait. Certes discuter avec un inconnu ne règlerait pas tous ses problèmes, cependant vider une bonne fois pour toute ce qu’elle avait sur le cœur lui permettait de se sentir plus légère et d’aborder le problème avec un œil neuf. Elle n’avait jamais osé avoir ce genre de discussion avec Bonnie ou Robrecht, même si tous deux n’avaient pas bien vécus non plus les évènements de l’an passé. Et le fait de n’avoir aucun lien, aucune accroche avec Rioghbhardan lui permettait de se livrer avec plus de facilité. Elle n’aurait pas aimé attiser la pitié de ses amis ou encore leurs craintes, alors qu’avec lui cela semblait plus simple ; s’inquiéterait-il vraiment du sort d’une Gryffondor de quatrième année une fois de retour dans son dortoir, ses propres soucis occupants ses pensées ? Probablement que non. Même si beaucoup d’élèves semblaient avoir repris le cours normal de leur existence à Poudlard, le traumatisme causé par Blackman et ses acolytes était encore bien présent et il n’était pas toujours facile d’aborder le sujet avec ses condisciples. En même temps, comment Prue pouvait-elle bien raconter ses cauchemars et ses angoisses à son amie Lena qui avait-elle même vécu l’enfer en passant toute son année dans les cachots de l’école vêtue de guenilles, torturée dès le moindre signe de rébellion et occupée à réaliser des tâches plus ingrates les unes que les autres ? Le mal-être de la Serdaigle était totalement justifié là où le sien n’était dû qu’à la honte et aux remords, et le fait de parler de tout ça devant elle relevait presque du sadisme ! Non, pour le moment Prudence ne se sentait pas capable d’assumer ses inquiétudes et ses peurs devant ses amis, jugeant la déchirure encore trop récente et trop fraîche pour venir en rajouter une couche.
Une fois encore l’humour parvint à dérider les deux jeunes sorciers et Rioghbhardan esquissa un petit sourire ; ce terrain leur semblait à tous deux plus familier et plus agréable et Dan continua même dans cette voie. Ils avaient été sérieux l’espace de quelque minutes mais retrouver la sureté et la légèreté de la plaisanterie n’était pas désagréable non plus.
 
« J’avoue que je ne sais pas bien me vendre, dit-elle en grimaçant, en fait je t’ai menti c’est à cause de ça que je suis en haut de cette tour ; mes compatriotes ne supportaient plus le bruit et la bave dans tous les coins de la salle commune alors j’ai été radié. Je veux pas te faire peur mais… Tu parles à une paria ! »
 
La Gryffondor poussa un soupir volontairement exagéré et roula des yeux pour ajouter encore plus de drame à son discours. Se confier lui avait fait réellement fait du bien toutefois elle ne voyait pas quoi ajouter pour le moment sachant qu’elle s’était déjà bien mise à nue et qu’elle préférait utiliser ses quelques minutes de répit pour se reconstituer un blindage protecteur sous couvert d’humour. Même si Rioghbhardan avait été une oreille plus qu’attentive et bienvenue en cette sombre soirée – elle lui en était d’ailleurs extrêmement reconnaissante – Prue préférait préserver le peu de dignité qui lui restait pour le moment. Après tout, il l’avait quand même trouvé vautrée dans un couloir à broyer du noir et à se lamenter sur son sort, et elle devait bien avoir mangé la moitié de son paquet de dragées surprises à l’heure actuelle… Sans le savoir il avait joué un rôle important pour elle ce soir-là et elle espérait fortement parvenir à lui renvoyer l’ascenseur ou du moins à lui faire comprendre que sa présence avait été utile et réconfortante, mais bon c’était plutôt difficile à faire sans tomber dans le pathos et Prue préféra rester silencieuse tout en laissant son regard s’égarer quelques instants sur le mur de pierres qui se trouvait face à eux. Parfois le silence se suffisait à lui-même.
Ce fut ensuite au tour de Rioghbhardan de parler un peu de ce qui le tourmentait et bien que Prudence ne soit pas la personne la plus qualifiée pour tenter d’aider les autres à se sortir de leur torpeur, elle tenta malgré tout de l’aider à y voir plus clair dans son futur. Manque de chance, sa tentative ne sembla pas particulièrement bien fonctionner et le jeune homme se contenta d’éluder le sujet en piochant au passage dans le paquet de dragées surprises. Même sans être la plus compétente en la matière il n’était pas difficile pour Prue de constater qu’elle n’avait pas réussi à faire mouche et que Dan semblait peu enclin à poursuivre dans cette voie. Elle hésita un moment à relancer le sujet puis préféra se raviser. Après tout, s’il n’avait pas envie d’en parler plus que ça elle n’allait clairement pas insister, son but n’était pas de le mettre mal à l’aise ou pire, en colère. À la place la Gryffondor préféra jeter un coup d’œil vers la fenêtre contre laquelle la pluie ne faisait que tomber et poussa un petit soupir dépité.
 
« Sale temps, vraiment, lança-t-elle pour changer de sujet et éviter que le malaise ne perdue plus longtemps, ça n’a pas l’air de vouloir se calmer. »
 
Alors que le bruit du vent se faisait plus sourd, la conversation s’orienta ensuite sur les ambitions post-Poudlard de Prudence et une fois encore la brune préféra ouvrir les valves et évacuer une bonne fois pour toute ce qu’elle avait sur le cœur. Décidément tout était plus simple lorsque la crainte d’être jugée s’envolait et que les répercussions de ses paroles ne lui importaient guère. Dan pouvait bien se moquer après tout, au final qu’est-ce que cela pouvait bien lui faire ? Elle ne changerait pas d’avis pour autant. Encore une fois il l’écouta parler sans l’interrompre tandis qu’elle lui décrivait son ressenti suite à l’an dernier et l’impact que cela avait eu sur ses ambitions futures. Peut-être qu’elle était toujours aussi naïve et qu’elle espérait pouvoir faire la différence néanmoins Prudence savait qu’elle ne pouvait se contenter de rester sagement assise dans un coin alors que ce genre de choses continuait de se produire. Elle ne pouvait pas aller s’enfermer dans une réserve de créatures magiques, aussi extraordinaires soient-elles, en Grèce ou ailleurs et ignorer tous ces évènements. La jeune fille ne savait pas grand chose sur ce que serait sa vie, cependant elle était bien certaine d’une chose : elle voulait pouvoir dire qu’elle avait essayé. Essayé de lutter contre toutes ces injustices et contre cette intolérance qui rongeaient encore le monde des sorciers, essayé de réduire à néant toutes les idées reçues et le statut qu’on accordait encore selon la pureté du sang. Essayé de lutter contre toutes ces choses que chaque parcelle de son corps haïssait au plus haut point et qui existait encore de façon trop importante en Grande-Bretagne. Et même si au bout du compte elle ne faisait pas la différence, que sa participation ne servait pas autant qu’elle l’aurait souhaité, elle pourrait être fière de dire qu’elle avait tout de même participé afin de rendre le monde dans lequel ils vivaient plus sûr et meilleur.
Finalement Rioghbardan ne se moqua pas du tout d’elle suite à sa tirade et ses paroles d’encouragement eurent plutôt pour effet de colorer à nouveau ses joues. Dissimulant tant bien que mal sa gêne, Prue tritura à nouveau sa robe de sorcier avant de se décider à soutenir le regard du Poufsouffle. À ce moment précis, alors qu’elle nageait en plein dans le doute et l’incertitude quant à sa place à Poudlard et ailleurs, ses paroles étaient plus que les bienvenues et mirent du baume au cœur à Prudence ; peut-être qu’il ne la trouvait pas si ridicule que ça, après tout.
 
« Merci ! dit-elle avec un sourire et les joues toujours rosies, j’espère aussi sincèrement que tout ira bien de ton côté. »
 
Afin de ne pas relancer de malaise, Prudence préféra pocher immédiatement une dragée dans le paquet de Riogbhardan et la porta à sa bouche en souriant. Mieux valait ne pas orienter la conversation dans cette direction vu le malaise que ses dernières paroles semblaient avoir causé à son interlocuteur.
 
« Voyons voir si j’ai de la chance ! »
 
Au moment où la dragée entra en contact avec sa langue elle su que ce n’était pas le cas ; le goût était immonde et tenace et la jeune fille du se retenir pour ne pas tout recracher au sol. Tout en grimaçant, elle se força à mâchonner le plus rapidement possible et à avaler le bonbon avant que la saveur poubelle n’imprègne complètement sa bouche.

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Message(#) Sujet: Re: La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] EmptySam 11 Aoû - 16:03


la pluie tombe toujours
plus fort sur un toit percé
Prudence & Rioghbhardan

C’est facile de rire de tout et de rien quand les choses ne vont pas aussi bien qu’on l’aimerait. C’est une mauvaise habitude qu’on prend rapidement, je crois. Déconner plutôt que d’affronter. C’est à mon niveau. Ça a toujours été à mon niveau. Mais ça n’a jamais été très efficace. Cet après-midi, je ne sais pas trop. J’imagine que ça le sera un temps, celui qu’on passera ensemble, et puis tout redeviendra exactement comme avant que je m’installe dans ce couloir désert avec cette fille que je ne connais pas le moins du monde. Enfin qu’importe. Ça ne m’empêche pas de profiter comme il se doit de se moment de détente. Prudence s’esclaffe, ce qui me tire un nouveau sourire. Cette rencontre, inattendue, est plaisante. J’ai l’impression que ça fait un bail que je n’ai plus vraiment rencontré quelqu’un ici. Oh, je ne me fais pas d’illusion, probablement que je n’y mets pas vraiment du mien non plus. Depuis un an, j’ai tendance à faire comme si je n’existais pas vraiment dans ces couloirs. Il y a les gens que j’apprécie et vers lesquels je vais le plus naturellement du monde et puis… Il y a les autres, que j’ai la fâcheuse manie d’éviter. « C’est que tu ne le dis pas aux bonnes personnes, j’ai tout de suite vu le potentiel ! » Son sérieux contraste si violemment avec ce qu’elle raconte que, l’espace d’une seconde, j’oublie de rire. Si elle savait ! Elle doit probablement savoir, de toute façon. Tout le château sait… Mais elle ne semble pas m’en tenir rigueur, c’est toujours ça. Ou du moins, elle le cache merveilleusement bien ! « Heureusement que le destin t’a mise sur mon chemin alors ! » Et dans le fond, même sans plaisanter, je pense qu’il y a une part de vrai là-dedans. Cette inconnue sortie de nulle part fait office de bouffée d’oxygène et je crois que je lui en suis reconnaissant, en fin de compte. Elle me vide un peu la tête, cette petite. Ça fait du bien de se poser à côté de quelqu’un sans craindre que ça aborde finalement un sujet désagréable ni sentir sur soi le poids des craintes de l’avenir. Elle, elle s’en fout. Ma vie, elle la connait pas. Cette rencontre sera aussi brève que superficielle, j’imagine. Au pire, on se recroisera une fois avant le grand départ, on se dira bonjour de loin en repensant à cette conversation et chacun reprendra son chemin sans un mot de plus. On est pas amis, on est rien. Et jamais ce mot-là n’a été aussi rassurant qu’aujourd’hui.

Aux plaisanteries succèdent les confidences. Je me retrouve rapidement à l’écouter m’expliquer à demi-mots ce qui ne va pas. Elle reste assez vague, secrète peut-être. J’imagine qu’elle n’a pas vraiment envie de s’épancher sur une épaule dont elle ne sait rien, dans le fond, et je la comprends parfaitement. Je suis pareil alors difficile de lui en vouloir. Néanmoins, elle se tire de l’exercice avec brio et je me laisse aller à tenter la convaincre discrètement de demander de l’aide. Je ne sais pas si elle le fera, en réalité, peut-être pas, mais elle le devrait je crois. Je suis très très mal placé pour dire ça, évidemment, mais qu’importe. C’est triste de voir des jeunes se débrouiller tant bien que mal avec leurs problèmes sans accepter les mains qui seraient susceptibles de se tendre. Surtout que Poudlard regorge de gens qui ne demanderaient qu’à aider. Les profs, le personnel, nos préfets, n’importe qui finalement… Enfin, je ne sais rien de ses préfets à elle, mais je sais pertinemment qu’une partie des autres fait son job correctement. Mais elle délaisse assez vite le ton dramatique qu’a emprunté notre conversation pour retrouver la facilité de la plaisanterie. Je la suis sans broncher, pas forcément mécontent de retrouver un terrain connu. Elle sait, de toute façon, qu’elle peut reprendre ses confidences si l’envie l’en prend, je ne lui refuserai pas quelques instants de plus. En attendant, je l’imagine bien laisser des traces de bave sur son passage, inonder les coussins de sa salle commune si par malheur elle s’endort sur l’un d’entre eux, le tout agrémenter d’un boucan monstre. Et dire qu’elle avait l’air d’une demoiselle classe et distinguée ! Enfin, je dis ça mais j’en sais rien. Si ça se trouve, elle a les pires manières du monde, la gamine ! « J’avoue que je ne sais pas bien me vendre. » Pour toute réponse, elle obtient l’ombre d’un rire. C’est le moins qu’on puisse dire ! Mais ça lui va bien, en vrai. Et puis, on sait au moins à quoi s’attendre ! « en fait je t’ai menti c’est à cause de ça que je suis en haut de cette tour ; mes compatriotes ne supportaient plus le bruit et la bave dans tous les coins de la salle commune alors j’ai été radiée. » J’affiche soudainement un air aussi choqué qu’exagéré. Comme les Gryffondor sont cruels ! Si ça se savait, ça serait pas bon pour leur image ! Pauvre petite lionne délaissée ! C’est pas chez nous qu’on ferait un truc comme ça ! Enfin… J’en sais rien. On peut pas dire que l’image que j’ai de ma propre maison soit incroyable. C’est qu’elle a été bien entachée par les quelques erreurs que le Choixpeau nous a refourguées… « Je veux pas te faire peur mais… Tu parles à une paria ! » Je hausse les épaules dans un geste que j’espère détaché mais en vrai, ça me renvoie sans trop de mal à l’an dernier. J’imagine que j’aurais pu lui balancer exactement la même phrase sans la moindre plaisanterie derrière. Et même si ça s’est un peu calmé ces derniers mois, je ne sais pas trop ce qu’il en est vraiment. Enfin, qu’importe. « Je devrais pouvoir faire avec. Tu te doutes bien qu’un gars aussi courageux n’a peur de rien. » Après tout, c’est elle qui me l’a trouvé, ce prétendu courage !

Et puis sans trop savoir pourquoi, je verse dans les confidences à mon tour. C’est idiot. Ça ne me ressemble pas vraiment. Je n’aime pas être cette petite chose qui s’épanche auprès de la première personne qui passe, trop fragile pour supporter ce que la vie lui impose. Je ne pense même pas l’être, en règle générale. Je me confie, comme tout le monde, mais je ne vais pas chercher conseils idiots et réconfort inexistant auprès de n’importe qui. Et quand bien même cette Prudence est une fille tout à fait charmante, elle n’en reste pas moins n’importe qui et me conforte dans mes habitudes. Je l’écoute sans réussir à me sentir concerné par ce qu’elle raconte. Pourtant, c’est censé être de ma vie qu’elle parle comme si elle en connaissait la moindre seconde, comme si elle avait déjà tout connu, tout vécu, qu’elle pouvait prêcher la bonne parole avec toute l’expertise du monde. Je n’aime pas ça. C’est bête, n’est-ce pas ? Je ne sais pas ce que j’attendais en réalité. Qu’elle se contente d’écouter ? Qu’elle me tapote vaguement le bras en mode « courage » sans rien dire de tout cela ? Peut-être. Raté, en tout cas. Si je n’ai pas voulu finir entre les mains des psys que l’école met à notre disposition, ça n’est pas pour profiter d’une thérapie de couloir ! Et elle semble le comprendre sans que je n’ai à dire quoi que ce soit de particulier sur le sujet. Mon regard se perd dans la contemplation du mur qui nous fait face alors que l’atmosphère se ralourdit d’un coup. Je viens peut-être de tout gâcher. Ça ne me fait pas autant de peine que ça le devrait, si c’est le cas. C’est qu’une conversation inattendue qui prendra fin bientôt et qui n’aura très certainement jamais de suite. Qu’importe comment elle se finit, je suppose. « Sale temps, vraiment, ça n’a pas l’air de vouloir se calmer. » Je hoche vaguement la tête avec un « hmm » distrait en guise de réponse. Je le trouve de circonstance, ce temps. À nous voir, tous les deux, abandonnés ici… Oui, définitivement, ce temps de merde colle bien à la journée. À toute la fin de cette année… Je retiens un soupir et me redresse légèrement. « Si ça continue comme ça encore quelques jours, on pourra peut-être échapper aux cours en extérieur… » Ce qui signifierait juste faire une croix sur quelques heures de vol puisque même avec un déluge incroyable, MacDougall serait sûrement ravie de nous faire rejoindre l’abri de sa serre… S’il y a bien un cours que je ne regretterai pas l’an prochain, c’est celui-là ! Je ne sais toujours pas ce que je fous en Botanique, après huit ans à suivre chaque leçon avec une attention mise à mal par mon désintérêt total…

On reprend maladroitement notre conversation, comme si le blanc lourd et étouffant n’avait jamais vraiment existé. C’est bizarre, je trouve. De s’acharner à faire vivre cet après-midi pourrie pour en tirer quelque chose de correct. Je ne sais pas vraiment comment elle est dans la vraie vie, cette fille, mais je sais pertinemment que je me serais normalement contenté de passer devant elle sans m’arrêter. Au mieux, je lui aurais dit poliment bonjour avant de continuer mon chemin mais je pense plutôt que je l’aurais royalement ignorée avant de tracer comme si je ne l’avais jamais aperçue. Mais non. Voilà que je me retrouve assis par terre à parler de tout et de rien avec elle. Sans mal, sans crainte de jugement, sans rien. Juste une conversation banalement bienvenue au milieu de nulle part. Ses joues se colorent à mon semblant d’encouragements, ce qui me tire un sourire des plus sincères. « Merci ! » Je ne sais pas trop à quoi elle s’attendait mais, qu’elle se rassure, je ne suis pas du genre à casser les rêves des gens. Je ne ferai pas partie des gens qui tenteraient de la dissuader de devenir Auror. Peut-être que ça devient trivial comme espoir d’avenir, de nos jours, mais il faut croiser les doigts pour qu’une bonne partie de ceux qui l’envisagent finisse par y arriver. On en a besoin. Peut-être pas forcément aujourd’hui mais ça reviendra. Je me contente juste de croiser les doigts pour que Tracy et Milo soient loin lorsque le mal reviendra. C’est peut-être un peu égoïste mais qu’importe. Je retrouverai certainement facilement mes habitudes antéblackman… Chacun sa merde quoi. Mes proches en sécurité, le reste m’importera probablement peu. « J’espère aussi sincèrement que tout ira bien de ton côté. » Je ne sais même pas encore exactement ce qu’il en sera « de mon côté ». Ni ce que je vais faire après Poudlard, ni même comment ça va se passer. J’ai pas très envie d’y arriver. J’ai sûrement un peu trop peur de ce qui m’attend. Le changement, l’absence, le manque, les doutes… Plus les jours passent, plus ça m’angoisse. Je lui rends son sourire sans y croire vraiment et lâche un « je l’espère » difficile à cerner. Heureusement, elle ne semble pas m’en tenir particulièrement rigueur et plonge dans ce qu’il reste du paquet de dragées. « Voyons voir si j’ai de la chance ! » Elle porte une dragée à sa bouche et il ne suffit que d’un croc ou je ne sais quoi pour que l’odeur n’arrive légèrement jusqu’à moi. Sa tête change et, sans la moindre méchanceté, je me mets à ricaner bêtement. Ça me rappelle notre soirée, avec Danni, et je retrouve maladroitement des chemins connus. « Je sais pas qui de ton air ou du fumet est le plus parlant. » Sur quoi je ris de plus belle et fouille dans mon sac abandonné à côté de moi pour lui tendre une bouteille d’eau, histoire d’essayer de virer le goût ignoble de cette dragée. « Tu veux que je t’en cherche une au savon pour te nettoyer la bouche ? » Mon sourire se veut aussi moqueur que compatissant et j'imagine que le mélange doit être assez perturbant... Qu'importe, en attendant, je fais ce que je peux pour lui venir en aide à cette pauvre petite ! Enfin... Presque.
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Message(#) Sujet: Re: La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé [ft. Rioghbhardan] EmptyLun 20 Aoû - 19:38


La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé

La conversation continuait de raisonner dans le couloir désert, les boutades s’enchaînant tandis que les deux adolescents se détendaient. Faire tomber les masques l’espace d’un après-midi, abaisser les remparts et laisser sortir ce que l’on avait sur le cœur sans se soucier des qu’en-dira-t-on et autres répercussions… C’était plutôt agréable, finalement. Sûrement que le fait que Rioghbhardan reste un total étranger aux yeux de Prudence y était pour quelque chose cependant elle ne risquait pas de s’en plaindre. Il y avait quelque chose de léger à plaisanter avec lui, vautrés là dans ce recoin poussiéreux d’une des tours ; comme si pendant quelques instants l’on pouvait s’autoriser à être honnête avec les autres, mais surtout avec soi-même. 
La Gryffondor ne nota pas l’impact que sa phrase sembla avoir sur son interlocuteur, profitant de l’instant de silence qui suivit pour réajuster sa position. Elle n’avait pas l’habitude de rester aussi longtemps assise sur le sol dur et froid et ses articulations se faisaient un malin plaisir de le lui rappeler. Prudence se redressa brièvement histoire de faire craquer ses genoux ainsi que ses chevilles avant de se rassoir le plus confortablement qu’il était possible contre le mur de pierres. La voix de Rioghbhardan s’éleva alors tandis qu’il répondait à sa plaisanterie, l’air un peu plus sérieux que quelques minutes plus tôt.
 
« Et inversement ! » lui glissa-t-elle avec un petit clin d’œil.
 
Peut-être était-ce parce qu’il était plus âgé, ou alors parce qu’il avait vécu sans doute plus de choses qu’elle dans sa vie mais il émanait du Poufsouffle quelque chose qu’elle ne parvenait pas à nommer. Quelque chose qui lui donnait envie de poursuivre cette discussion pour voir où tout cela les mènerait, même s’ils ne seraient plus jamais amenés à se reparler d’ici la fin de l’année. Quelque chose qui l’encourageait à abaisser sa garde le temps d’une rencontre afin de laisser aller tout ce qu’elle avait sur le cœur une bonne fois pour toute. Quelque chose qui lui confirma bien qu’il n’était jamais bon d’écouter les racontars qui circulaient dans le château à propos des uns et des autres. Si Prudence avait été le genre de filles à se délecter des ragots susurrés dans un coin de la salle commune ou au détour d’un couloir, elle se serait probablement enfuie, plantant là Rioghbhardan et son paquet de dragées. Elle aurait alors certainement été persuadée d’avoir fait le bon choix, se fiant aux bruits de couloirs qui avaient don d’amplifier la réalité, en fuyant cette personne qu’elle ne connaissait pourtant pas. Si Prudence avait été ce genre de filles, elle serait passée à côté de quelque chose, ça elle pouvait en être certaine.
Une fois que les plaisanteries eurent fini de détendre l’atmosphère, une discussion un peu plus sérieuse prit place au sommet de la tour. S’entendre dire ce qui la tourmentait à voix haute fit à Prudence l’effet d’une libération : c’était comme déposer un sac devenu bien trop lourd après des heures de marche intensive. Certes seulement aborder le problème ne le résoudrait pas toutefois la jeune fille se sentait bien mieux maintenant qu’une partie de ses angoisses venait d’être avouée. Pas une seule fois Dan ne l’interrompit, la laissant tenter de mettre des mots sur ce qui la tourmentait avant de prendre la parole à son tour. Ses conseils étaient certainement les premières choses auxquelles elle aurait dû penser par elle-même, cependant lorsque l’on se retrouvait ensevelie sous des problèmes qui ne cessaient de croître jusqu’à finir par nous étouffer, la moindre solution semblait inatteignable. Ses soucis en potion n’avaient jamais été une véritable honte ni un secret pour quiconque partageait les cachots avec elle, toutefois la peur de l’échec s’était montrée d’autant plus féroce depuis qu’elle avait un projet de carrière. Si elle écopait d’une note inférieur à l’Effort exceptionnel en potions lors de ses BUSEs l’an prochain, elle ne serait certainement pas autorisée à poursuivre cette matière et tous ses espoirs d’intégrer le Ministère et le bureau des Aurors seraient réduits à néant. Ainsi, en plus de devoir supporter la culpabilité de ne pas avoir plus aidé ses camarades l’an passé, qui lui tiraillait les entrailles à la seconde où elle ouvrait les yeux le matin et jusqu’à ce qu’elle parvienne enfin à trouver le sommeil, elle devrait également affronter la honte d’avoir échoué à nouveau. Échouer à vouloir participer à rendre la communauté sorcière plus sûre et meilleure. Échouer à vouloir aider les autres et les protéger. Mais surtout échouer à vouloir s’aider soi-même en trouvant un sens à sa vie. La suite de la conversation revint sur un terrain qu’elle maîtrisait mieux et elle se laissa aller à la plaisanterie, acceptant la trêve que cela lui offrait. Elle avait admis beaucoup de chose en peu de temps et changer un peu de registre en utilisant des taquineries lui permettait de souffler un peu.
 
« C’est vrai que pour être venu à bout de cette tour et m’y dénicher, commença-t-elle sur le ton de l’humour, tu dois forcément être capable d’affronter un brin de bave en plus ! »
 
Prudence pouffa silencieusement, imaginant l’espace d’une seconde un preux sorcier venu la délivrer de sa tour sombre et sale et découvrant l’endroit recouvert de bave, rappelant le mucus des veracrasses… Le spectacle en dérouterait carrément plus d’un !
 
« C’est dur parfois, enchaîna-t-elle sans vraiment se rendre compte qu’elle parlait à voix haute, de vivres avec ses remords, et de savoir où on doit aller, d’être sûr de ne pas se tromper... Pourtant je suis pas du genre à me poser trente-six milles questions d’habitude, mais là je sais pas. »
 
Elle haussa les épaules suite à ce deuxième aveu, un peu gênée d’avoir parlé pour rien dire. Dan finirait sûrement par la prendre pour une gonzesse stupide qui se pleurait sur les chaussures à force d’entendre ses simagrées ! Enfin pour le moment il ne semblait pas offusqué, c’était l’essentiel…
Lorsque se fut au tour du Poufsouffle de se confier Prudence fit de son mieux pour écouter son mal-être en fronçant le nez. Elle pouvait imaginer à quel point la peur de l’inconnue pouvait être forte, même si le grand saut dans le monde des adultes était encore loin pour elle. La brune tenta maladroitement d’exprimer ses idées en espérant remonter le moral de son camarade et l’aider au moins autant qu’il ne l’avait fait cependant cela ne sembla pas fonctionner. Peu encline à vouloir mettre de nouveau les pieds dans le plat, Prudence se contenta de se taire pendant plusieurs secondes, un peu gênée d’avoir manqué à sa tâche. Encore une fois, elle ne parvenait pas à aider correctement ceux dans le besoin, manquant de tact, manquant de discernement et peut-être d’autres choses encore. Certes il ne s’agissait pas de ses camarades nés-moldus traînés dans les cachots et torturés au moindre signe de résistance, mais il s’agissait tout de même de quelqu’un dans le besoin qu’elle n’était pas parvenue à aider. Comme souvent. Comme bien trop souvent.
Peu sûre d’elle mais voulant à tous prix éviter le silence gênant la jeune fille balança rapidement quelque chose traitant de la météo, espérant que Dan ne se soit pas trop braqué. Ce dernier renchérit sans trop d’entrain et elle se retint de grimacer : elle avait complètement raté en voulant lui remonter le moral, c’était clair et net. Même pour elle qui n’était pas la plus douée pour interpréter les émotions des autres. Super, bravo Prudence, encore une belle performance ! pensa-t-elle amèrement en laissant son regard traîner vers la fenêtre.
 
« Sûrement, sauf s’ils veulent qu’on finisse embourbés. »
 
Wow, continue comme ça c’est encore mieux ! dit une petite voix dans sa tête et Prue se donna une gifle mentale : mieux valait arrêter là le massacre en parlant de la pluie et du beau temps.
La conversation s’orienta ensuite sur les projets futurs de Prudence après Poudlard et une fois encore, Rioghbhardan l’écouta parler de ses ambitions sans l’interrompre avant de l’encourager. Cela faisait du bien de parler de son avenir avec quelqu’un, ça rendait la chose plus concrète même si rien ne lui garantissait de réussir. Prudence était le genre de personne optimiste et qui ne se laissait pas démonter par un avis négatif toutefois ses espoirs concernant son avenir étaient encore si incertains et si ténus qu’elle se serait probablement effondrée si quelqu’un lui avait dit qu’elle n’en était pas capable. Fort heureusement Dan n’en fit rien et elle put le remercier non sans rosir légèrement, avant de lui retourner un encouragement. Même si elle ne le connaissait ni de Merlin ni de Morgane, la Gryffondor espérait sincèrement qu’il finirait par trouver du positif dans sa vie et qu’il s’acclimaterait, quel que serait son futur. Il n’avait pas l’air d’être un mauvais bougre, bien au contraire, et un peu de calme et de bonheur dans sa vie semblaient clairement mérités.
Si Prudence espéra continuer cette entrevue aussi bénéfique qu’imprévue sur une note positive en piochant dans les sucreries, le hasard en décida tout autrement. La dragée était immonde et le goût pire que tenace, la laissant là décontenancée et la bouche ouverte comme si cela allait l’aider à faire passer l’abominable effluve. Sa déconvenue sembla grandement amuser Rioghbhardan et son rire raisonna un instant dans le couloir alors qu’il lui tendait une bouteille d’eau.
 
« Merci ! s’exclama-t-elle en se jetant sur la boisson, avalant de longues gorgées en espérant faire disparaître le goût des poubelles de sa bouche, je comprends pas pourquoi ils créent des parfums aussi dégueu… Mais j’imagine que le concept marcherait moins bien sans ça ! Oh par Merlin c’est vraiment dégueulasse ! »
 
L’eau était parvenue à atténuer légèrement le goût que Prudence avait en bouche toutefois il était toujours possible de sentir la désagréable odeur de poubelle qui sortait de sa bouche. La brune jeta un coup d’œil au paquet de dragées tout en écoutant la proposition de Dan ;
 
« Je serai prête à prendre n’importe laquelle pour que ça parte ! s’exclama-t-elle en adoptant un air désespéré, je te laisse choisir et je place ma confiance en toi ! Ne reviens pas avec une saveur crotte de nez je t’en prie ! »

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