L’exercice commença aussitôt que je leur en donnai le feu vert. Les élèves se levèrent discrètement pour aller chercher les ingrédients qui n’étaient préalablement pas disposés sur leur espace de travail. Le calme général qui régnait n’était pas sans rappeler celui qui était incessamment présent lors de mes cours habituels mais je notais tout de même qu’il était plus agréable de travailler et d’enseigner à un nombre restreint d’élèves motivés. Aujourd’hui, je comptais me montrer un peu plus clémente quant aux échecs potentiels ; je serais également plus présente pour encadrer les plus jeunes du groupe du début à la fin de la session alors que j’avais pourtant pris l’habitude de laisser tout le monde agir en toute autonomie. Cela s’expliquait par la complexité de la potion qui n’était pas des plus simples à réaliser pour les personnes qui n’étaient pas encore en cinquième année et je préférais, par conséquent, leur éviter des catastrophes. D’une autre part, bien que le restant de la liste soit talentueux, il ne fallait pas omettre le fait qu’ils manipulaient tout de même des ingrédients qui leur étaient inconnus et qui nécessitaient la plus grande des délicatesses dans leur manipulation dans le but d’optimiser les effets de leurs propriétés magiques.
Je faisais de temps à autre le tour des tables pour vérifier que tout se passait bien et avant tout pour Williams et Hastings. Je ne pensais pas reprendre leurs erreurs à chaque étape de la recette pour les laisser apprendre d’elles-mêmes mais ma vigilance n’en serait pour autant pas défaillante au moindre problème réel et pouvant causer des dommages. Mains sur les hanches, j’observai attentivement leurs travaux en me posant la question de savoir qui parviendrait à parfaire le plus cette concoction.

Malheureusement et bien trop rapidement à mon goût, le chaudron de miss Hastings rencontra de sérieuses complications. La texture qui y reposait était bleu marine et son épaisseur traduisait parfaitement l’échec total de l’exercice. Une odeur étrange semblable à de la terre émanait de la surface mais elle n’était pas suffisamment désagréable pour nous donner l’envie de nous boucher les voies respiratoires. Je n’attendis pas plus longtemps pour rejoindre la jeune fille, fronçant légèrement des sourcils tout en m’emparant de certains instruments pour empêcher la texture lourde et consistante de continuer à se développer au-delà du volume que pouvait contenir le chaudron.

« Ca ne va pas du tout. On dirait bien que vous avez mal coupé la livèche et que vous n’avez pas assez écrasé les crochets de serpent, miss, déclarais-je calmement sans m’agacer, ce qui changeait de mes reproches habituels. Je vous laisse recommencer mais prenez le temps de bien hacher et écraser vos ingrédients, c’est important. »

Suite à cela, un rapide coup de baguette magique me permit de faire disparaître totalement le contenu qui aurait certainement tué celui ou celle qui la humerait bien trop longtemps. La légère fumée qui lui était caractéristique s’évapora d’ailleurs en même temps que le reste et l’endroit retrouva l’habituelle odeur humide qui était propre aux donjons de l’école. Quant au chaudron de Hastings, il était aussi propre qu’au début de la séance pratique.

Je jetai ensuite un coup d’œil au travail de Felicia Williams qui n’était pas non plus un franc succès mais qui s’avérait meilleur que celui de sa camarade. Je ne m’étais pas attendue à ce qu’elles réussissent du premier coup mais je devais avouer que Williams n’était pas loin du résultat attendu.

« Chauffez-la un peu plus en reprenant les étapes six et sept. Cela devrait harmoniser votre mixture. Quoi qu’il en soit, c’est assez prometteur, miss Williams. »

Je lui attribuai un fin sourire avant de diriger mes pas vers les autres élèves. En l’occurrence, les deux quatrième année n’étaient pas les seules à avoir rencontré des difficultés même si, dans l’ensemble, le résultat global n’était pas aussi laborieux que ce dont je m’étais attendue au départ. Perrin O’Riordàn et Hadley Lewis n’étaient pourtant pas loin du bon précipité recherché mais ils avaient sans nul doute mal réalisé certaines étapes. Devant la couleur violette que prenait celle du jeune Gryffondor en plus de dégager une forte odeur de thé trop infusé rappelant celle de crochets de serpent mal dosé dans un chaudron mijotant, mon constat fut sans appel.

« Vous avez versé trop de crochets de serpent dans votre chaudron alors qu’il n’en fallait que la moitié. Rattrapez cela en répétant les étapes sept et huit mais en remuant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, d’accord ? » Dis-je, toujours loin de la sévérité dont j’étais capable de faire preuve.

J’avais oublié la remarque naïve qu’il avait sortie tout à l’heure à propos de la manière de gérer un conflit d’envergure avec les Mangemorts et il n’était alors question que de résultats.

« Quant à vous, miss Lewis, rien de bien grave à l’horizon. Vous avez sûrement manqué de douceur lors du mélange. Refaites cette étape dans le sens inverse et la potion devrait prendre la fameuse couleur bleu-roi. »

Je terminai mon tour des rangs en allant inspecter Rosewood, Mortensen et Sevenoaks (#test du dé). Je m’attendais, de leur part, l’expression de leur habituel talent en la matière et je ne fus pas déçue de ce qu’ils avaient préparé pour le moment. Les trois chaudrons étaient identiques, mijotaient tranquillement en laissant échapper la bonne effluve et une fumée légèrement teintée de bleu-roi qui correspondait entièrement à l’ensemble de leur concoction. Ils étaient bien partis pour réussir à la perfection la seconde partie de la recette lorsqu’elles seraient suffisamment reposées d’ici quelques minutes.

« Très bien pour vous trois, votre rigueur ne vous fait pas défaut. Continuez ainsi. »

A l’issue de cette inspection, je me tournai à nouveau vers tout le petit groupe en attirant leur attention.

« Pour ceux qui rencontreraient des difficultés lors de la deuxième partie, évitez d’agir sans être sûrs de vous. Je viendrai à vous au moindre débordement et plus particulièrement vous, les filles. »

Mon regard s’attarda quelques secondes sur les deux jeunes quatrième année.

2ème partie:

Les résultats finaux ne se firent pas attendre et cela semblait être pire que lors de la première partie de la recette. Je pouvais le constater grâce aux multiples odeurs étranges et parasites qui offraient un mélange d’effluves assez désagréable et ce fut vers les chaudrons les moins réussis que je précipitai mes pas, en commençant par celui de la jeune Hadley Lewis qui avait jusque-là obtenu un précipité assez moyen qui avait malheureusement viré à l’échec total. C’était étonnant parce qu’elle faisait partie des meilleures élèves de sa promotion. A l’aide de la louche, je remuai avec dégoût la mixture bien trop bleu foncé.

« C’est un échec, miss Lewis. Vous avez dû mal hacher l’un des deux ingrédients finaux. De trop gros morceaux créent un désordre total dans le mélange. Mais vous disposerez d’assez de temps au cours des séances pour vous entraîner et vous améliorer, ne vous en faites pas. »

Il m’était étrange de prendre un ton plus détaché et moins agressif lorsque je commentais une préparation ratée mais il s’agissait d’un programme particulier qui ne me permettait pas de leur en vouloir pour leur manque de précision même si je ne les trouvais pas si compliquées pour des élèves de cinquième année.

D’un coup de baguette, je vidai le contenu du chaudron et m’attardai sur ceux des autres élèves qui avaient rencontré des difficultés. Un autre Evanesco fit rapidement disparaître le fiasco de O’Riordàn dont la potion menaçait de déborder sur les affaires de sa voisine. Ils avaient au moins eu le bon réflexe de reculer.

« Par Merlin, vous veillerez à être un peu plus soigneux dans vos coupes lors des prochaines fois. Vos ingrédients ont sans aucun doute été maltraités au lieu d’être hachés. Ce sont des étapes importantes qui ne doivent pas être précipitées, prenez-en note. » Dis-je, surprise mais en conservant mon calme.

Je trouvais toujours cela assez scandaleux que l’on ne sache pas respecter des consignes strictes à la lettre comme couper des plantes en fines tranches. C’était pourtant évident et il ne s’agissait pas des étapes les plus compliquées quand on savait un minimum manier son matériel. J’inspectai par la suite le chaudron de Spencer Mortensen qui m’avait habituée à de la performance mais qui, pour une raison plutôt étonnante, avait échoué à son tour. Un simple coup d’œil me permit de le mettre en garde contre des confusions qui pouvaient irrémédiablement conduire à des échecs. Il avait malheureusement confondu la valériane hachée avec le cranson. A l’instar de ses camarades, je fis vider son chaudron.

Quant à Wendy Hastings, le résultat n’était pas parfait mais connaissant ses lacunes en pratique, je ne pouvais que l’encourager à continuer de s’améliorer. La prochaine fois serait la bonne. Pour une élève de quatrième année, c’était plus ou moins ce que j’attendais. Mais du côté de Felicia Williams, son résultat optimal m’étira un large sourire. Elle faisait partie des rares réussites et je pouvais sans mal l’honorer d’un compliment :

« Parfait, miss Williams. Vous avez su rectifier vos erreurs et votre potion est parfaite. Je vais l’utiliser pour remplir plusieurs fioles qui nous serviront d’exemples et de réserves à la fois. Dix points pour Poufsouffle pour votre excellente performance ! »

Voilà qui me mit de meilleure humeur et à l’aide de la magie, je fis parvenir jusqu’à moi plusieurs fioles vides qui plongèrent dans le chaudron pour se remplir de la potion gris clair. Je finis mon inspection par la préparation de Rosewood qui fut également un plaisir pour la maîtresse des potions que j’étais. J’attribuai par la même occasion dix points pour Serpentard et répétai les mêmes actions qu’avec Williams, à savoir faire remplir de nouvelles fioles.

La fin de la séance arriva bien vite à son terme après que je ne prenne le temps de leur expliquer rapidement ce qui les attendrait à la prochaine séance. Je pris quelques minutes pour répondre aux dernières interrogations des élèves et je leur procurai deux derniers conseils qui leur seraient utiles pour les potions à venir. Après quoi, je les autorisai à nettoyer tout leur matériel, ranger leurs affaires et à quitter la salle.