Milo & Sinéad

Sinéad avait toujours adoré apprendre lorsque le domaine dans lequel elle effectuait son apprentissage avait un intérêt à ses yeux. Faire ses devoirs ne lui paraissait donc pas spécialement insurmontable, au contraire. Sauf qu’actuellement, elle avait l’impression que s’investir dans sa scolarité au lieu d’aider sa meilleure amie toujours enfermée dans le château était une grosse blague et elle n’avait pas du tout envie de s’intégrer dans le système hypocrite mis en place par le directeur. Son attention en cours ne s’était pas relâchée mais elle prenait moins de temps pour faire ses devoirs, préférant très largement passer tout son temps libre à continuer à peaufiner le planning de rondes de surveillance mis en place par le directeur ou encore préparer les paniers de nourriture qu’elle laissait à sa meilleure amie en suivant pas à pas le planning de ses corvées de la semaine. Elle avait pris un certain rythme et elle avait l’impression que sa meilleure amie allait un petit peu mieux ces derniers temps malgré des conditions de vie toujours aussi difficile. Forcément, elle voulait croire qu’elle était pour quelque chose dans le changement d’humeur de la Serdaigle mais le problème était qu’elle ne pouvait pas franchement savoir si la jeune fille donnait le change pour qu’elle ne s’inquiète pas pour elle ou si elle allait réellement mieux. Bien sûr, la seconde option lui plaisait davantage, mais elle ne pouvait pas se permettre de retourner vivre dans le monde des Bisounours en considérant simplement que tout allait parfaitement bien dans le meilleur des mondes parce que les gens autour d’elle essayaient de le lui faire croire. Evidemment, elle savait que ce n’était pas de la faute des gens si elle voyait les choses de manière un peu trop positive, c’était son propre cerveau qui faisait tout pour la préserver et c’était à elle de lutter contre ça. Elle voulait se montrer disponible et ouverte à la discussion dans le cas où Alaska aurait véritablement besoin d’elle.

Ses devoirs s’étaient donc accumulés d’une manière inquiétante ces derniers jours et elle avait fini par atteindre le point de non-retour qui l’avait poussée à se rendre à la bibliothèque, aujourd’hui. Sinéad n’y allait jamais habituellement, elle aimait faire ses devoirs en restant allongée sur son lit, c’était tout de même bien plus agréable et ça ne mettait nullement à mal sa concentration. Sauf qu’en ce moment, elle était tellement préoccupée par tout ce qu’il se passait au sein de leur école qu’elle ne parvenait pas à se poser et à travailler efficacement pendant plus de dix minutes. Résultat, les projets et devoirs qu’elle avait à rendre n’avançaient pas le moins du monde et elle était sacrément dans la mouise. Sinéad avait donc fini par se dire qu’une ambiance de travail serait peut-être la clé pour lui permettre de se replonger une bonne fois pour toutes dans ses études. Après avoir dû torturer son frère suite à sa piètre tentative de rébellion, la rouge et or avait pleinement confiance qu’il lui fallait faire profil bas si elle ne voulait pas s’attirer davantage d’ennuis. Or, elle ne pouvait pas s’attirer d’ennuis et être de nouveau forcée à torturer son frère, ça ne pouvait pas arriver. Le jeune homme lui avait peut-être pardonné une fois mais elle aurait parfaitement compris qu’il ne le fasse pas une seconde fois compte tenu du traumatisme que ses gestes avaient dû provoquer chez lui. Sinéad s’était donc assise bien sagement à la bibliothèque une fois ses cours de la journée terminés, peinant à trouver une place parmi la masse d’élèves qui s’y trouvaient déjà. A croire que l’arrivée de Blackman au sein de la direction n’avait pas entachée la motivation de certains. Elle avait réussi tant bien que mal à se plonger dans ses bouquins malgré l’atmosphère un peu trop lourde qu’elle avait toujours un peu reproché à ce lieu. Se concentrer avait été un combat de tout instant mais elle y était finalement parvenue, au moins pendant plus que dix minutes, abattant plus de travail qu’elle aurait pu le faire en se posant dans son dortoir comme elle le faisait habituellement. A défaut d’avoir rattrapé son retard, elle avait au moins la satisfaction du devoir accompli.

Peu de temps avant le diner, la jeune fille attrapa toutes ses affaires, reposa les livres qu’elle avait empruntés pour faciliter son avancement et se dirigea vers la sortie, heureuse de pouvoir échapper à cette ambiance bien trop studieuse à son goût. Une fois la porte passée, un soupir de soulagement s’échappa de ses lèvres, elle avait la nette sensation que toute la pression qui s’était posée sur ses épaules durant cette soirée était en train de disparaitre et elle ne pouvait nier que cette sensation n’était pas du tout désagréable. Venir à la bibliothèque avait peut-être été bénéfique à sa scolarité mais ce n’était clairement pas le cas de son moral et elle savait pertinemment qu’elle aurait du mal à y remettre les pieds. En attendant, elle avait juste le temps de reposer ses affaires à son dortoir avant d’aller rejoindre Perrin pour le dîner et elle s’engouffra dans le couloir d’un pas décidé, fière d’elle et heureuse de voir cette journée toucher à sa fin. Elle n’avait pas fait trois pas qu’un jeune garçon blond qu’elle connaissait très bien déboula de nulle part, s’arrêtant à deux pas d’elle, lui faisant comprendre instantanément qu’elle allait devoir changer ses plans pour la soirée. « T’as couru ? T’es tout essoufflé. » Lui fit-elle remarquer après l’avoir observé pendant quelques secondes. Peut-être était-elle complètement à côté de la plaque mais elle avait eu l’impression que Milo était pressé. Elle ne pouvait que compatir, la vie n’était simple pour personne en ce moment et le Poufsouffle avait eu son lot de malheurs ces derniers temps. « Tu voulais me voir ? Ça fait longtemps que je ne t’ai pas croisé, je suis désolée de ne pas avoir cherché à prendre de tes nouvelles après tout ce qu’il s’est passé, je sais que j’aurais dû. » Mais comme beaucoup de choses, ça lui était complètement sorti de la tête, elle était donc bien contente que le jeune homme vienne à sa rencontre, ils allaient pouvoir rattraper le temps perdu et il n’avait pas du tout l’air fâché contre elle, c’était un bon début.

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Milo & Sinéad

Les devoirs étaient le mal incarné pour Sinéad et même si elle avait tendance à être particulièrement impliquée dans scolarité, elle considérait que de devoir écrire des tonnes et des tonnes de lignes sur un sujet qu’elle n’appréciait pas particulièrement et qu’elle allait probablement oublier dans les deux minutes suivantes n’avait pas une grande valeur ajoutée. Finalement, au lieu de retourner parmi les siens à la fin de ses études, peut-être que postuler au ministère de la magie afin de réformer le système éducatif serait une idée judicieuse, en tout cas, ça valait le coup d’y réfléchir, peut-être en parlerait-elle à Perrin la prochaine fois qu’elle le croiserait, son frère était toujours de bon conseil lorsqu’il s’agissait de leur avenir. Enfin, il était aussi possible qu’il souhaite tout simplement la garder auprès de lui et ce serait bien normal. La rouge et or n’imaginait pas un seul instant son avenir sans son jumeau. Il devait rester auprès d’elle quoi qu’il arrive. Peut-être qu’un jour il aurait sa moitié, sa vie de famille et toutes ces choses que l’on faisait lorsqu’on était adulte mais elle estimait que quoi qu’il puisse se passer, elle se devait de conserver la place privilégiée qu’elle avait toujours eu auprès de son frère. Sinéad ne réalisait pas franchement qu’elle se montrait sans doute un peu trop exigeante et qu’un lien aussi fusionnel que le leur ne pouvait pas perdurer à l’âge adulte parce qu’il représenterait très certainement une entrave dans leur vie personnelle mais ça, elle était sans doute trop jeune et trop immature pour le réaliser. Tout ce qu’elle voulait était que rien ne change entre eux, qu’elle reste quoi qu’il arrive numéro un dans le cœur du jeune homme et surtout qu’il la considère comme la personne la plus importante de son entourage. La rouge et or avait conscience qu’elle en demandait beaucoup mais pour elle c’était simplement normal et elle ne reviendrait pas sur cette vision des choses.

En attendant, malgré des moments de procrastination intense durant lesquels elle avait laissé ses pensées divaguer vers l’un ou l’autre de ses amis, la plume en l’air, sans écrire un mot de plus sur le parchemin presque vierge qu’elle avait laissé devant elle, la jeune fille avait tout de même réussi à abattre une sacré quantité de travail et elle était plutôt fière d’elle. Sortir de cet enfer qu’était la bibliothèque allait être une véritable délivrance et elle avait franchement hâte d’en finir. Elle ne comprenait pas comment ses camarades pouvaient considérer ce lieu comme propice au travail et optimal pour la concentration. Certes, il n’y avait pas de bruit et donc pas beaucoup d’autres choix que de se plonger dans le boulot, mais l’atmosphère était pesante et lourde et Sinéad avait l’impression d’étudier chacun de ses gestes afin d’éviter de provoquer le moindre son. Bref, elle préférait encore avoir du mal à se concentrer mais travailler dans un endroit bruyant et plein de vie. Le mieux était même carrément de pouvoir travailler dehors, dans le parc. La rouge et or était faite pour la vie ne plein air et pas pour rester enfermée entre quatre murs. Certes, le château était immense et l’impression d’enfermement était plutôt réduite mais ça ne changeait rien au fait que la jeune fille préférait largement les grands espaces vert à un enfermement déplaisant. Il ne lui manquait plus qu’une tente et le reste de sa famille et son bonheur serait parfait. Encore aujourd’hui, elle se demandait pourquoi elle s’embêtait à étudier alors qu’elle n’envisageait pas de se servir de ces compétences ultérieurement. En plus, ses grands-parents lui avaient déjà appris énormément de choses et elle était certaine qu’ils auraient été de parfaits formateurs, meilleurs que beaucoup de ses professeurs. Sinéad avait toujours eu un profond respect pour le corps enseignant mais l’inutilité de certaines matières lui sautait tout de même aux yeux.

Lorsque retrouva enfin l’air frais du couloir, elle se sentit tout de suite mieux. Libre. Elle allait pouvoir respirer et vaquer à ses occupations sans être obnubilée par un amoncellement de tâches à accomplir. C’était une véritable délivrance pour la jeune fille. En plus, elle entendit peu de temps après quelqu’un arriver vers elle et l’apparition de Milo dans son champ de vision ne pouvait lui faire plus plaisir. Elle adorait ce garçon, il ressemblait énormément à son frère sur bien des points et elle ne pouvait que s’attacher à sa personnalité. Le Poufsouffle était un garçon fondamentalement adorable et elle considérait qu’elle avait de la chance de pouvoir le compter parmi ses amis. « Je t'ai appelé à la Bibliothèque, mais tu ne m'as pas entendu, du coup je t'ai couru après. » Ah oui ? Elle devait vraiment avoir hâte de partir alors pour ne pas avoir entendu son ami l’appeler. En même temps, il était vrai qu’à part rêvasser et rester la tête dans ses bouquins, elle n’avait pas franchement fait attention à ce qui se trouvait autour d’elle. « Tu étais à la bibliothèque ? Toi aussi tu as deux tonnes de travail en retard ? » Demanda-t-elle, désireuse d’apprendra que d’autres élèves étaient dans le même cas qu’elle. Après tout, elle savait que Milo avait énormément subi lors des récents événements alors il était normal qu’il soit un peu dépassé par les événements. Elle savait qu’elle n’aborderait pas franchement le sujet s’il ne le faisait pas parce qu’il devait en avoir marre d’en entendre parler en permanence mais elle était de tout cœur avec lui. « Est-ce que tu as déjà vu une mini serre portative ? » La question la surprit mais passée la seconde de surprise, son regard s’illumina. Non, elle n’avait jamais vu de mini serre portative mais elle trouvait l’idée bien trop cool et elle avait plus que hâte d’en découvrir une. S’il lui posait la question, c’était probablement qu’il en avait une en sa possession. « Non, jamais ! Tu en as une ? Une vraie ? Et ça fonctionne ? Comment ? C’est trop, trop, trop cool ! » Sinéad sautillait, surexcitée par la nouvelle. Si on lui avait annoncé que Blackman était parti et qu’ils allaient retrouver leur liberté, elle aurait probablement eu la même réaction. A croire qu’un rien suffisait à la rendre heureuse.

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