« Cauchemar en cuisine »

Inconsciemment, Octavia caressait le revers de sa main gauche, où l'inscription NM semblait maintenant inscrite depuis toujours. Noël, Octavia l'avait vécu comme la routine du moment. Se lever, se débarbouiller à l'eau glacée, avaler une tranche de pain sèche, exécuter sa corvée du matin, avaler un potage à l'eau où des aliments non-identifiés flottaient dedans, exécuter sa corvée de l'après-midi, s'effondrer sur sa couchette jusqu'au repas du soir et puis extinction des feux. Elle avait maigri, pendant son séjour aux cachots. Elle avait pris des cernes, un teint blanchâtre et ses cheveux cassaient. Elle n'avait pas belle allure, la jeune fille optimiste au sourire ravageur ... Mais elle avait pris en maturité et en caractère. Elle se défend un peu plus maintenant, comme si sa vie en dépendait. Elle rendait les coups, elle osait dire franchement et elle se montrait moins naïve.
Elle n'avait rien dit lorsqu'on l'avait sorti de son enfermement. Elle ne savait pas ce qui allait arriver parce que le chemin n'était pas habituel, alors elle avait commencé à stresser. S'enfonçant les ongles dans la peau pour garder contenance, elle écarquilla les yeux quand elle vit les élèves - non déchus - la rejoindre. Une punition collective avec des élèves auxquels elle n'était pas sensé s'adresser ? En croisant le regard du concierge, elle préféra baisser les yeux, juste au cas où il se rendait compte que peu importe la tâche qu'ils auraient à accomplir, leur compagnie apporterait de la fraîcheur à la routine. « Au travail ! » Poussée dans la cuisine, un bruit sourd qui signifiait que la porte s'était refermée derrière eux, elle leva les yeux vers ses camarades pour les dévisager en priant que ça ne soit pas une bande de sangs-purs extrémistes là pour lui arranger le portrait. Elle n'avait déjà pas fière allure, inutile de s'accorder avec des hématomes. Elle fut heureuse de voir Maël, à qui elle adressa un sourire - elle l'aurait bien prise dans ses bras tellement elle était heureuse, mais elle dût surtout retenir un sanglot dans sa gorge parce que toutes les émotions contenues de ces derniers jours avec Elijah ressortaient à la seule vision de son proche ami. Elle détourna la tête pour ne pas craquer dès les dix premières secondes d'enfermement comme la dernière fois et fixa Noël. Elle le connaissait évidemment de vue, mais dans ses souvenirs, ils ne s'étaient jamais adressés la parole ; elle lui adressa un léger sourire poli. Elle était heureuse de voir Milo. Malgré leurs points de vue divergents sur plein de sujets, elle le considérait vraiment comme un ami. Dommage qu'ils ne pouvaient s'empêcher de se chamailler en permanence. « Qu’est-ce que t’as fait pour te retrouver ici ? » Elle dévisagea le serpentard, et ressemblait un peu à une enfant qu'on venait de prendre sur le fait, mais qui a l'habitude d'être un enfant modèle. C'est vrai qu'elle n'était pas vraiment accoutumée aux punitions et retenues en général, mais subissant énormément de pression pour le moment, elle pouvait péter les plombs un peu aléatoirement, et aussi trop bruyamment. « J'ai dû m'expliquer un peu trop fort dans la bibliothèque avec Elijah, un peu en sens unique .. J'en reviens pas qu'ils m'ont mis avec vous ! Ça me fait trop plaisir, vous pouvez pas savoir ! » Son sourire béat resta scotché une seconde à son visage avant que la porte ne se ré-ouvre dans un grincement.

La nouvelle arrivante voulait déjà repartir, mais cela s'avérait sans succès. Elle se présenta au groupe avec naturel. Octavia était méfiante, mais le fait qu'elle semblait connaître Milo la rassurait un peu. Par contre, elle semblait un peu débarquer sans conscience de tout le calvaire qu'ils vivaient ici pour le moment. Octavia se détendit et resta aux côtés de Maël. Elle resta silencieuse et écouta Milo déblatérer sur leur horri-ible punition du jour. « Je suis tellement content de te voir ... je n'arrive pas à le croire ... Toi ... ici ... dans cet enfer ... Ben .. bienvenue j'ai envie de dire. Pour la cuisine, je ne peux pas vraiment te dire ce qui s'est passé, on vient d'arriver, mais je suppose que c'était pour nous donner une petite leçon .... ils aiment bien innover pour les punitions ... » Piquée au vif, elle campa ses poings sur ses hanches, cherchant ses mots pour exprimer tout ce qu'elle refoulait au fond d'elle. Ce n'était pas lui qui vivait de ces petites leçons. Ce n'était pas sur lui qu'ils innovaient les punitions gentillettes. Octavia se trouva même chance d'atterrir à la cuisine. Ça faisait peut-être beaucoup de vaisselle d'un coup, mais elle préférait l'eau chaude et les assiettes sales à nettoyer les fientes d'oiseaux dans une volière en pleine période de Noël. « Est-ce que le monde extérieur est au courant de ce qu'il se passe ici ? Blackman ? Les mangemorts ? Les nés-moldus oppressés ? Ils doivent déjà organiser la contre-attaque pour nous sortir de là ... ! »

Octavia en rêvait chaque nuit. Une aide extérieure. Des nouvelles du monde extérieur. Est-ce que la cavalerie se mettait en place ? Est-ce qu'ils se rassemblaient pour venir les délivrer ? Les nés-moldus l'espéraient beaucoup, au fond de leur cachot. Elle se rendait compte qu'elle avait un peu parler trop bruyamment de nouveau ; on ne sait jamais s'ils écoutaient leur conversation. Elle devait faire attention à ce qu'elle disait, ils pouvaient revenir à leurs anciennes méthodes de torture d'une minute à l'autre. A son encontre, à ceux de ces camarades. Et Merlin savait qu'il était plus difficile de regarder que de subi ; on pansait ses plaies, mais on oubliait pas, et on se sentait pas impuissant face à cette situation qui s'éternisait.

Cette journée ressemblait à une des trentes autres qu'elle avait vécues depuis l'arrivée de Blackman : une tâche à effectuer, un temps imparti, des camarades dans la même histoire et la torture de fin d'activité. Il ne manquait plus que la torture ... Néanmoins, ses nouveaux camarades de corvée étaient rafraîchissants. Elle avait plaisir à revoir Maël et Milo. Son regard se dirigea vers ce premier, sa lèvre tremblait légèrement. « Ça me fait plaisir de te voir aussi. Pourquoi tu t’es embrouillée avec Elijah encore ? » Elle ne savait pas comment réagir, ni comment l'expliquer, en réalité. Quand il s'agissait d'Elijah, Octavia se mettait à réagir de façon irraisonnable. Il avait beau être resté son meilleur ami durant quatre année, il lui était impossible à présent d'avoir un cerveau fonctionnel en sa présence, et de réagir comme une personne tiers - avec affinités. « Hum. C'est parti du fait qu'il m'a ignoré, alors qu'il avait la possibilité de me soutenir. Tu y crois, toi ?! Je ressemble à rien, je sens le moisi, je dors sur un matelas dégueux, on est traité comme des sous-merdes toute la journée, on récure vos chiottes à la brosse à dents, on se fait torturer pendant que vous bouffez vos desserts, et lui il m'ignore, comme si de rien était. C'est normal, ça ?! » Octavia s'énervait. Octavia ne s'énerve jamais, en général, mais elle sent que son sang s'échauffe. Elle avait des tonnes de choses à dire, mais elle ferma sa bouche. Elle passa devant Maël, elle sentait son cœur hurler, et elle se sentait anéantie, vide, totalement creuse. La situation était une chose. Être ignorée de la sorte par une personne proche - même s'ils n'étaient pas dans leurs meilleures relations, c'était une trahison. L'amitié, c'était justement passer au-dessus de leurs relations actuelles pour affronter une situation difficile, ensemble. Tourner le dos, c'était un geste déloyal. Elle ne lui demandait pas d'être Superman et de la sortir de là ; elle ne demandait pas non plus qu'il prenne de risques pour elle. Elle demandait simplement qu'elle puisse compter sur ses amis. « Je suis vraiment désolée ... Malheureusement, très peu d’informations sortent d’ici. Nous savons que Blackman a pris le pouvoir, et qu’il y a des Mangemorts dans l’enceinte du château, que comme partout dans le pays, les Né-Moldus subissent des discriminations… Je devine que des choses inquiétantes, graves se passent dans les non-dits des courriers des élèves avec qui je corresponds. Mais nous n’avons pas idée de la gravité, ni de vision précise de votre situation. Je vis côté moldu, je ne suis sûrement pas la mieux informée... Mais ceci dit, si des choses s’organisent, c’est plutôt bon signe que je ne sois pas au courant, si le moindre sorcier de Londres est sur le coup, les Mangemorts aussi. » Elle poussa un soupir, mais se tût pour refouler ses inquiétudes et la peur déchirante des événements futurs.

Elle avait besoin de s'occuper les mains, pour se vider la tête. Arrêter de réfléchir, arrêter de penser. Elle avait déjà retourné tout dans tous les sens. Elle ne faisait que tout retourner dans tous les sens. Enfermée dans son cachot, impuissante face à cette situation, elle s'efforçait de trouver un peu d'originalité dans le coin de sa tête pour les sortir de là. Penser comme une moldue. Chercher la faille dans leur mode de fonctionnement. Chercher un plan pour se sortir de là. « Genre ça vous choque vraiment pas ? Soi-disant que personne ne peut entrer ou sortir de l'école et là que quelqu'un qu'on connaît pas débarque comme ça, ça vous semble normal ? Sérieusement ? » Octavia sentait déjà le rouge qui lui montait aux joues. Choquée ? Non, c'était pas le mot qu'elle emploierait. Elle était choquée quand elle voyait une fillette de onze ans se faire fouetter sans ménagement et tenir ses larmes. Elle était choquée quand elle voyait une bande de pro-Blackman cracher sur un né-moldu sans raison. Elle s'interrogeait seulement sur sa présence ici. Mais pour elle, l'idée était bien en place : elle ne repartirait pas de Poudlard comme elle en était venue, si ce n'était que pour transmettre un message à l'extérieur du monde. « Le prenez pas personnellement, hein, mais ...mais elle est peut-être de leur côté, elle est peut-être là pour nous espionner ou tous nous achever. Qu'est-ce qu'on en sait, sérieux ? On va pas lui faire confiance juste parce qu'elle a l'air sympa, c'est suicidaire ! Quand bien même elle le serait vraiment, un Impero par les temps qui courent, ça doit pas être totalement impossible, hein. » Il n'avait pas tort, Octavia ne s'était pas méfiée d'elle une seule seconde. Voir qu'elle connaissait Milo était suffisant pour baisser la garde. « Je ne le prends pas mal, j'apprécie l’instinct de conservation. Je pourrais être n’importe qui. Je peux être la personne la plus fiable, j’ai la même sensibilité que tout le monde au veritaserum ou à l’impero… Si j’étais vous, j’y réfléchirai à deux fois avant de me dévoiler une information. Je suis la première étonnée de cette « invitation » à Poudlard. Je doute que cela soit sans arrières pensées. Je suis née moldue, je soigne les moldus autant que les sorciers… et ce n’est un secret pour personne. Il y a des herboristes avec un bien meilleur pedigree sur l'échelle de fréquentabilité selon la direction de Poudlard. Excepté Milo, personne ne me connait, vous n’avez donc aucune raison de me faire confiance et j’en ai bien conscience. Mais si vous décidez de prendre ce risque, je saurais le prendre aussi et faire de mon possible pour vous aider. Si tant est que je le puisse... Et si vraiment, tu crains que je vous ""achève"" tes camarades et toi, je me contenterais de nettoyer et de ranger ce qui ne ressemble pas à un couteau ». Être informée qu'elle était une née-moldue suffisait maintenant à la rallier à sa condition, et à lui faire confiance. « Et tu crois qu'ils vont te laisser repartir ? Je veux dire, tu viens de nous dire que vous ne savez pas grand chose de ce qu'il se passe ici. Si on te révèle tout, tu vas pouvoir le faire savoir aux aurors et ils pourront peut-être agir en conséquence ... Blackman n'est pas complètement idiot, il ne va pas se laisser avoir si facilement. » Milo devait peser ses mots. Les propos de Noël étaient peut-être un peu fort, mais ils leur suffisaient d'être à l'écoute de leur conversation pour connaître sa position, et savoir que les punitions reçues n'étaient pas assez fortes pour lui faire plier sa volonté et taire sa loyauté envers ses plus proches amis. « Ils ont assez de moyens pour nous torturer, nous faire parler et nous achever en interne que pour prendre le soin de faire venir une herboriste née-moldue de l'extérieur. Leur plan va plus loin que ça ... J'en ai déjà des frissons d'horreur ! » Son cerveau se remit à tourner à mille à l'heure, essayant de tracer les lignes d'un puzzle immense dont elle ne connaissait ni le modèle, ni une partie des pièces.

Elle jeta un coup d'oeil à Liu Xi qui s'activait à la tâche pénible qu'on leur avait donnée. La jeune fille chercha à son tour dans les armoires des accessoires de ménage qui seraient utiles - gants, brosses, éponges propres - et trouva le nécessaire dans un seau, sous le grand évier, elle commençait à avoir l'habitude. « Bon, faut qu'on s'actionne dans ce grand bordel et qu'on travaille en équipe. Ça parait impossible, comme ça, mais il y a moyen de terminer si on est bien organisé ... Je vais commencer par m'occuper de vider tous les restes dans les poubelles .. » et récupérer ce qui est encore mangeable dans mes poches pour les autres en bas. Alors qu'elle enfilait ses gants, la jeune fille déroula un sac poubelle d'une main, et s'empara d'un panier en osier de l'autre pour partir à l'attaque. Elle observait la pièce à la recherche des trucs les plus immondes à décoller des plats, embarquant tantôt un cupcake intact dans son panier, raclant tantôt des restes de purée, légumes et os de poulet dans la poubelle. A elle, en tout cas, après son opération, la pièce sera déjà un peu moins crade. Elle était prise de nausées avec ces relents de nourriture qui lui donnait envie de s'arracher les narines, surtout quand elle versa un bol entier d'une soupe avec des morceaux qui semblaient vivre et s'y mouvoir. Une expérience forte qui la rapprochait de sa demi-sœur, en un sens ..

Liu Xi écouta les paroles de Milo et Octavia avec attention, chaque mot se gravant profondément dans son cerveau. Elle en avait le tournis. Elle tenta de ne rien laisser paraître, mais son visage blanchit de rage, ses mains se mirent légèrement à trembler. Elle attrapa une éponge pour se donner une contenance et mettre cette montée de haine à profit, dans le récurage d’un fond de casserole par exemple. Quel genre de personne affamait des enfants, des adolescents ? Elle se doutait bien que la situation n’était pas joyeuse, mais de là à priver de nourriture des jeunes, dont on a la responsabilité en tant qu’adulte? Ça dépassait l’entendement. Mais il fallait bien qu’elle entende, et qu’elle garde son calme. Surtout, ne pas exploser. Engranger froidement les informations et encaisser, c’était le mieux à faire. Elle reprit le fil de sa pensée, toujours occupée à gratter le fond des casseroles : privation de nourriture, humiliation, exploitation, torture. Carrément torture… Elle comprenait mieux les craintes de certains, les mots couverts. Mais une partie d’elle ne voulait pas y croire. C’était tellement à l’opposée de ses propres valeurs, de son besoin de soigner et de se mettre au service des gens… Ayant repris un peu contenance, elle répondit enfin à Milo :

« - Oui, Je comprends maintenant pourquoi les avertissement ne fonctionnent pas bien, et j’ai du mal, dans de telles circonstances à t'en vouloir. Mais tant que possible reste prudent : s’il t’arrive quelque chose de plus grave, tu ne seras plus très utile à tes amis. Je te fais confiance.»

Que pouvait-elle dire d’autre? Elle était venue à Poudlard en connaissant les risques, elle avait répondu aux courriers, et elle n’hésiterait pas à s’engager encore plus maintenant qu’elle savait. Comment ignorer cela et comment lui dire de fermer les yeux… « Non, ils ne m’ont pas laissé ma baguette, sinon crois-moi : tout serait déjà niquel et qu’on serait en train de boire le thé… Ils me l’ont laissé un peu et puis finalement, ils m’ont gentiment demandé de leur laisser.» Elle partait du principe qu’il valait mieux ne pas faire de vague paraître aussi lisse et inoffensive qu’une moldue à leurs yeux. Aussi insignifiante qu’un vermicelle. La provocation n’était pas une option.

Milo, Octavia et le petit malin, tous semblaient inquiets et ou au moins dubitatifs quant aux intentions réelles des Mangemorts… Mais pas méfiants vis-à-vis d’elle. Il semblait avoir apaisé un peu leur camarade, à défaut de l’avoir convaincu.
« Pourquoi je suis venue ? Que penses-tu que j’aurais envoyé comme signal en refusant de venir ? Je ne pouvais pas m’opposer aussi frontalement! Ne t’inquiète pas pour moi Milo : j’ai pris mes dispositions, et j’ai longuement étudié mes options. Ce n’est pas parce que je suis venue avec un sac à dos que je suis une parfaite touriste – elle essaya de plaisanter, mais le cœur n’y était vraiment pas vraiment- Je ne sais pas ce que ce directeur attend de moi. Mais je crois qu’il essaye de me jauger : je n’ai pas de dossier à Poudlard, je ne suis pas très active dans la communauté sorcière à Londres… Il veut sûrement voir qui je suis…ce qui me donne l’occasion de voir ce qu’il se trame ici : c’est le revers de la médaille. Et j’essaierais tant que possible de lui montrer ma nature de petite créature insignifiante et docile. On verra bien où ça nous mène. Mais je ne pouvais pas attendre sagement chez moi en me disant que c’est le problème de quelqu’un d’autre. »

En fait, elle commençait à avoir une idée plus précise de ce que voulait Blackman : lui montrer que son petit ordre de gros connards n’hésiterait pas un seul instant à faire payer à ses charmants étudiants tout mouvement de révolte. Elle ne craignait pas de se mettre en danger, elle avait laissé des courriers à Lincoln pour qu’il les transmette à des amis, à ses parents si elle devait rester ici trop longtemps... Mais agir en sachant qu’elle ne serait pas celle qui paierait le prix le plus fort lui donnait des crampes d’estomac, bien qu’elle n’en dit mot à Milo. Elle se sentit soudain complètement inutile et impuissante. Elle soupira… Non, il n’était pas question de ça maintenant, une fois dehors, elle trouverait des solutions. Pour l’instant. Elle parvint à chasser l’angoisse grandissante, mais pas cette rage sourde, au fond de son ventre.

« Peut-être qu’il s’imaginait que j’en savais plus, finalement? Tout ça me débecte. Y a-t-il des adultes à qui vous pouvez faire confiance ici ? Ou l’ensemble des personnes censée être responsable, vous protéger, vous enseigner ou tout simplement se comporter comme des humains respectables, ont-elles renoncé ? »

Peut-être que les élèves ne voudraient pas lui donner de nom, ce n’était pas prudent, mais elle serait rassurée de savoir qu’à l’intérieur, des mains pouvaient se tendre pour eux. Elle ne voulait pas croire que tout le personnel était acquis à la cause des Mangemorts. Elle continua de nettoyer la vaisselle qu’elle avait fait tremper, y mettant toute sa hargne : c’était plutôt efficace. Elle rinça le tout et laissa reposer sur le rebord de l’évier. Les autres s’étaient également activés, à cinq ce n’était peut-être pas impossible d’arriver à bout de tout ce bordel.

« On commence à y voir un peu plus clair. » dit-elle autant pour encourager le groupe qu’elle-même.

Elle observa discrètement Octavia récupérer de la nourriture. Comment une telle situation était-elle possible ? Elle arrêta de travailler un instant pour fouiller dans son sac. Son cerveau semblait de nouveau oxygéné et capable de penser : elle utilisait aussi ce sac pour partir en randonnée et elle avait toujours sur elle deux barres énergétiques pouvant remplacer un repas en cas de coup dur. « C'est franchement mauvais, mais ça se conservera longtemps même dans un environnement humide » dit-elle en tendant les barres énergétiques à Octavia.

Puis, elle attrapa un balai. Au boulot ma grande.